un chapitre entièrement du point de vue de Drago cette fois!
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Drago
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"Drago… Quand je t'ai dit d'aller parler à Pansy pour vous réconcilier, je ne voulais pas dire : rentre par effraction chez elle au beau milieu de la nuit."
"Peu importe, on va mieux maintenant, c'est le principal. Ok ?" grinça Drago.
Théo secoua la tête avec un soupir et retourna à sa lecture. Drago avait essayé de leur expliquer plusieurs fois comment il s'était réconcilié avec Pansy, mais sans révéler qu'ils avaient couché ensemble, et Théo avait du mal à comprendre comment ça s'était fait. Drago décida de jeter l'éponge et de ne pas en reparler.
Blaise, qui trépignait sa chaise et qui avait visiblement hâte de dire quelque chose, explosa alors :
"J'ai les billets ! La Coupe du Monde, ma mère nous en a pris !"
Il se désigna lui-même et Théo avec un grand sourire éclatant. Drago sourit à son tour :
"Génial ! Vous avez des bonnes places ?"
Blaise lui tendit les deux petits coupons qu'il avait dans sa poche :
"Rang 412 A ? Ça veut dire que vous êtes en haut, non ? Vous devez être dans la même colonne que moi !" s'exclama Drago en analysant les places.
"Tu seras où, toi ?" demanda Blaise.
Drago fut soudain un peu gêné. Il ne leur avait pas encore dit ce que son père lui avait annoncé le matin-même.
"Euh… Dans la tribune officielle."
"Ouah, génial ! Tu vas avoir une vue incroyable. Tu vas même peut-être voir Krum à la fin du match !"
Drago fut soulagé. Heureusement que Blaise était la personne la moins jalouse de la planète, il n'avait l'air de ressentir aucune rancœur à l'idée que Drago puisse profiter d'une meilleure place que lui. Si les rôles étaient inversés, Drago serait probablement en train de mourir d'avidité.
Théo, lui, ne fit pas non plus de commentaire sur le placement de Drago, mais pour une fois, montrait un certain intérêt pour le Quidditch. Il demanda des précisions sur les équipes à Drago et Blaise, qui avaient suivi toute la compétition depuis le début de l'été.
Il devait être 16h quand Pansy arriva à son tour dans le jardin de Blaise. Elle portait un débardeur noir tout simple et sa peau pâle avait légèrement rougi par endroits à cause du soleil.
"Salut vous trois." dit-elle en prenant place sur l'une des chaises. "Vous parlez de quoi ?"
"De la Coupe du Monde de demain."
Ses lèvres se plissèrent dans une grimace d'ennui :
"Encore ?!"
"On a des places !" dit Blaise, surexcité. "Et tu peux venir aussi, ma mère en a d'autres."
"Non, merci."
"Roh, allez Pans' !" s'exclama Drago. "C'est un évènement historique, ça n'arrive pratiquement jamais…"
"C'est tous les quatre ans, Drago." dit-elle avec un petit rire.
"Mais celle-là est historique, Krum…"
"Tu dis ça tous les quatre ans !" coupa Pansy. "Je n'ai pas envie de venir. En plus, Daphné m'a invitée à dormir chez elle demain soir."
"Bon, et bien tant pis pour toi." intervint Blaise. "Tu le regretteras !"
"Je ne pense pas." dit Pansy qui remontait son pantalon pour exposer ses jambes au soleil.
"Où est-ce tu vas dormir, Drago ?" demanda Théo.
Il fronça les sourcils. Son père n'avait pas parlé de ça.
"Aucune idée."
"Tu peux venir dans notre tente, si tu veux." proposa Blaise. "De toute façon, on est que deux dedans alors qu'elle doit contenir au moins 6 chambres. On a réservé une parcelle dans l'un des campings les plus proches du stade."
"Ok, j'en parlerai avec mon père. On se retrouvera au Portoloin ?"
Les deux garçons acquiescèrent et Pansy demanda :
"Blaise, comment t'as fait pour avoir toutes ces places ?"
"Mon nouveau beau-père, apparemment. Je crois qu'il travaille au service des Sports du Ministre de la Magie."
"Il est gentil ?" demanda Pansy.
Blaise haussa les épaules :
"Je sais pas, je l'ai jamais rencontré."
Ils continuèrent de prendre le soleil dans le jardin de Blaise en parlant de Quidditch, au grand regret de Pansy. L'après-midi s'écoula trop rapidement, et Drago fut bientôt contraint de rentrer chez lui. Son père dînait au Manoir ce soir-là, et il n'avait pas l'intention d'arriver en retard et de se faire engueuler. Pansy proposa de le raccompagner pour rentrer aussi et ils prirent tous les deux le chemin principal du village après avoir salué Blaise et Théo.
Drago fit exprès de marcher le plus lentement possible pour avoir plus de temps avec Pansy. Elle lui avait tellement manqué pendant la période floue où ils s'étaient ignorés qu'il ne voulait plus gâcher la moindre minute en sa compagnie. Il n'y avait plus aucune tension, plus aucune gêne, c'était comme si tout était comme avant.
Enfin, presque comme avant.
"Tu viens dormir chez moi, ce soir ?" demanda-t-elle.
"Dormir chez elle" était devenu leur nouveau nom de code pour dire qu'ils allaient coucher ensemble. Depuis qu'ils s'étaient réconciliés, ils ne l'avaient fait que deux fois, et même si Drago était assez content de leur nouvel arrangement, il dû secouer la tête :
"Non, désolé. Je dois dormir chez moi ce soir pour aller au Portoloin demain matin."
"Ok."
Elle fuma sur le chemin jusqu'à chez elle, où Drago la raccompagna. Il lui fit un petit baiser sur le front en guise d'au revoir, même s'ils allaient se revoir après le dîner, dans le jardin du Manoir. Puis, il rentra chez lui, et quand il ouvrit la porte, une délicieuse odeur de citron lui parvint. Sa mère entra dans le hall à ce moment-là :
"Ah, Drago, te voilà. Ton père ne va pas tarder. Chubby a préparé une tarte au citron pour le dessert."
Drago prit place à la table à manger qui était, comme d'habitude, parfaitement bien décorée. Lucius arriva après une dizaine de minutes. Très étrangement, il avait un grand sourire :
"Bonsoir !" dit-il d'une voix enjouée.
Drago dû se retenir d'écarquiller les yeux. Il pouvait compter les fois où son père était de bonne humeur comme ça sur les doigts de sa main. Narcissa parut surprise aussi, mais ne fit pas de commentaire. Le père de Drago s'assit en bout de table et frappa ses mains :
"Excités pour la Coupe du Monde ?" demanda Lucius.
Chubby l'elfe de maison lui servit un grand verre de vin rouge.
"Oui." dit Drago qui n'arrivait pas à cacher son excitation. "J'en ai parlé à Blaise et Théo, ils viennent aussi. Est-ce que je pourrais dormir dans leur tente, le soir ?"
"Si tu veux." dit sa mère. "Tant que tu rentres assez tôt le lendemain. Il va y avoir beaucoup de trafic pour retrouver les Portoloins, et je ne veux pas que tu te fasses prendre dans la cohue."
"Vous ne dormez pas là-bas, vous ?" demanda Drago.
"Non, moi, je prendrai le premier Portoloin après le match." dit Narcissa.
Drago savait que sa mère n'avait pas très envie d'y aller, mais qu'elle y était un peu obligée par son père qui voulait la présenter aux hauts membres de la société sorcière.
"J'ai entendu dire que les organisateurs de la Coupe du Monde étaient des Moldus." dit la mère de Drago en levant la tête vers Lucius. "C'est vrai ?"
"Oui." répondit son père, à la grande surprise de Drago. "Une décision complètement absurde du Ministre, encore une fois. Mais ils vont le regretter. Ça, je peux vous le garantir."
Il avait prononcé cette phrase avec un petit rire, et Drago et Narcissa levèrent la tête en même temps, sans comprendre.
"Quoi ?" demanda Narcissa après un petit moment de silence.
Lucius rayonnait.
"Disons simplement qu'ils vont le regretter." répondit-il évasivement.
Drago eut un frisson dans le dos. Il ne savait pas ce que son père avait prévu, mais il eut tout de même un mauvais pressentiment. Le fait de voir son père si heureux ne présageait rien de bon. Narcissa arqua un sourcil, mais n'insista pas.
Drago finit de manger et la tarte au citron arriva dans un silence pesant. Narcissa coupa une part pour lui, et probablement pour redémarrer une conversation plus chaleureuse, elle demanda :
"Tu t'es entraîné avec Blaise, cette après-midi ?"
"Non, il faisait trop chaud. Peut-être après la Coupe du Monde. Il faut absolument qu'on gagne la Coupe des Quatre Maisons, cette année."
"Il n'y aura pas de Coupe." dit subitement Lucius.
Drago se tourna vers lui, interloqué :
"Quoi ? Comment ça ?"
"Poudlard organise un événement intéressant." dit Lucius qui avait serré ses deux poings sous son menton. "C'est le Ministre qui m'en a parlé. Le Tournoi des Trois Sorciers. Tu en as déjà entendu parler, Drago ?"
Narcissa poussa un petit cri de surprise en entendant le nom, que Lucius ignora. Ses yeux gris étaient plongés dans ceux de son fils, et il ne cilla pas. Drago fit "non" de la tête.
"Un Tournoi qui rassemble trois écoles de sorciers, avec des épreuves plus difficiles les unes que les autres." expliqua Lucius d'un ton doucereux. "Chaque école met en jeu un de ses élèves, qui doit réussir les trois épreuves. Celui qui arrive premier gagne la gloire et une bonne quantité d'argent. Cette année, c'est Poudlard qui reçoit les deux autres écoles, Beauxbâtons et Durmstrang. Ça n'avait pas été mis en place depuis plus de 200 ans."
"Et à juste titre !" s'égosilla Narcissa, outrée. "Des enfants sont morts dans cette compétition ! C'était censé être interdit, comment Dumbledore a-t-il pu autoriser ça ?"
"Je ne sais pas." avoua Lucius. "Peut-être que c'est Durmstrang qui a proposé l'idée. En tout cas, je la trouve excellente, et Drago, je pense que tu pourrais gagner."
"Quoi ?" s'écria Narcissa. "Drago ne participera pas à ce tournoi. Il en est strictement hors de question."
"Pourquoi ?" dit Lucius, toute trace de bonne humeur soudain disparue. "Il serait parfait dedans ! Athlétique, populaire, et ça pourrait nous donner une bonne image…"
"Lucius, n'as-tu pas entendu ce que je viens de te dire ? Des enfants sont morts, là-dedans. Les épreuves sont beaucoup trop dangereuses."
"Mais Drago y arriverait sans problème…"
"J'ai dit : non."
La voix sèche et glacée de Narcissa résonna dans la salle à manger. Elle était furieuse maintenant, et même Lucius se tassa un peu sur sa chaise en croisant son regard.
Drago eut la bonne idée de sortir de table à ce moment-là avant qu'une énième dispute n'éclate, et partit rejoindre Pansy dans le jardin. Elle était déjà là, allongée à côté de la fontaine.
"Déjà là ?" demanda Drago en s'allongeant à son tour.
"Je m'ennuyais. Mon père n'est pas là, alors j'ai mangé toute seule et je suis venue ici. On voit bien les étoiles ce soir."
Drago observa les milliers de petites lumières au-dessus de lui.
"Tant mieux, ça veut dire que le ciel sera dégagé demain, pour le match."
"J'espère que ça ne va pas durer longtemps. La dernière finale n'avait pas duré cinq jours ?"
Drago hocha la tête et Pansy soupira :
"Qu'est-ce que je vais faire si vous restez là-bas cinq jours ? Je vais m'ennuyer, moi." gémit-elle.
"Tu n'as qu'à venir avec nous."
"Et passer des heures assise sur un siège trop petit devant des balais qui volent ? Non merci."
Elle retourna son attention sur les étoiles et Drago se souvint subitement de ce que lui avait dit son père concernant le Tournoi des Trois Sorciers. Il lui raconta tout ce qu'il savait, et à la fin de son récit, Pansy eut la même réaction que sa mère :
"Quoi ? Mais c'est horrible, c'est super dangereux. Il va y avoir des morts !"
"Mais non, je suis sûr que ça sera mieux contrôlé qu'il y a deux cents ans." contredit Drago.
Elle se tourna vers lui :
"Oh non, ne me dis pas que tu penses vraiment t'inscrire ?"
Drago haussa les épaules :
"Je ne sais pas, on verra bien."
"Pfff. Ta mère a raison, tu sais. Qu'est-ce que tu penses que ça sera, les épreuves ?"
Ils firent des théories sur les trois épreuves, plus farfelues les unes que les autres. Ils finirent leur soirée à se tordre de rire dans l'herbe, puis cherchèrent la constellation de Drago parmi les étoiles (ce fut évidemment Pansy qui la trouva en première), puis elle faillit s'endormir, donc ils se levèrent et partirent se coucher chacun de leur côté.
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Le lendemain, Drago se réveilla de bonne heure, trop excité à l'idée d'aller à la Coupe du Monde de Quidditch pour continuer à dormir. Il s'habilla rapidement et descendit les marches de l'escalier à toute vitesse, avala son petit-déjeuner et attendit ses parents en tapant du pied frénétiquement, devant la porte d'entrée.
Sa mère arriva la première dans le hall, vêtue d'une longue cape sombre.
"Bonjour Drago." dit-elle en arrivant. "Tu as fait ton sac ?"
"Oui, tout est prêt. On peut y aller ? Blaise et Théo sont presque au Portoloin."
"Nous n'allons pas tarder."
Lucius traversa le hall sans un "bonjour", pour se rendre dans la salle à manger. Drago soupira, son impatience mise à rude épreuve. Ses parents ne comprenaient donc pas à quel point il avait hâte ? Il regarda son père prendre place à la table pour manger quelque chose avant de partir, sans prendre en compte les tapotements de pied de Drago sur le sol.
Chubby apporta un café et un petit-déjeuner à Lucius, et il commença à lire le journal. Sur la couverture, Drago pouvait voir Cornelius Fudge, le Ministre de la Magie, qui serrait la main d'un homme au visage sévère, que Drago ne connaissait pas. Le titre du jour était "Finale de la Coupe du Monde de Quidditch : "tout est prêt"."
Lucius émit un grognement :
"Pfff. Une bande d'incapables. Des Moldus… On aura tout vu. Ce Ministère a touché le fond. Heureusement que les vrais représentants du monde des sorciers savent où sont leurs convictions. Ils vont voir, ces satanés Moldus. Ils vont voir à quel point ils sont utiles et respectés, quand ils supplieront pour leurs vies ce soir."
Drago était le seul à avoir entendu ça, parce qu'il était le seul dans la pièce, derrière son père. Il ne savait même pas si les phrases de Lucius avaient pour but d'être entendues, tellement il ruminait. Pourtant, Drago entendit, et il se figea. Que voulait-il dire, par les vrais représentants ? Voulait-il parler de lui ? "Supplieront pour leurs vies ?"
Il regarda son père manger, les yeux dans le vide. Il ressassait les paroles que son père venait de prononcer, et ce qu'il avait dit pendant le dîner de la veille. Drago avait un mauvais pressentiment, et quand c'était le cas, il avait souvent raison.
Pris d'une impulsion, il quitta la salle à manger doucement et retourna dans le hall. Il était vide, Drago pouvait entendre la voix de sa mère parler à l'elfe de maison derrière une porte fermée. Drago saisit sa chance et ouvrit la porte qui menait aux cachots le plus silencieusement possible. Il avait besoin de savoir, de voir si ses doutes étaient fondés. Il descendit rapidement les marches et traversa les cachots en ignorant le frisson dans sa nuque. Il arriva devant le mur et tapa la combinaison sur le boîtier dissimulé.
La chambre secrète de son père s'ouvrit devant lui. La pièce était encore plus vide que la dernière fois qu'il était venu, mais Drago savait déjà où il voulait aller. Il ne porta aucune attention aux objets qui traînaient et se dirigea tout droit vers le mur en face de lui. Il y avait un cadre, et Drago savait qu'il contenait le masque de Mangemort de son père.
Mais le masque n'était plus là.
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Le Portoloin qui devait les emmener à la Coupe du Monde n'était pas très loin du Manoir. Lucius, Narcissa et Drago arrivèrent au point de rendez-vous et retrouvèrent tout de suite Théo et Blaise, qui attendaient leur arrivée à côté d'un arbre.
"Bonjour les garçons." dit Narcissa en les voyant.
"Bonjour Mr. et Mrs. Malefoy." dirent les garçons d'une même voix.
Théo et Blaise étaient habillés tout en vert et portaient tous les deux un drapeau irlandais.
"Je vois que vous avez déjà vos préférences." dit Lucius.
"Je croyais que tu n'étais pas un grand fan de Quidditch, Théo ?" commenta Narcissa.
"Avec celui-là, aucune chance de m'échapper." dit-il en désignant Blaise du doigt.
Narcissa eut un petit rire et se tourna vers Blaise, que Drago n'avait jamais vu aussi joyeux depuis des années :
"Blaise, ta mère sera là aussi ?"
"Non, elle est en voyage."
"Quel dommage. J'aurais aimé qu'elle soit là pour m'accompagner."
Ils arrivèrent devant le Portoloin, qui était un pot de fleur fissuré. Lucius consulta sa montre :
"Il ne reste que cinq minutes avant que le Portoloin ne se déclenche. Pansy ne vient pas ?"
"Non." répondit Drago.
Il vit sa mère relever la tête vers lui avec un froncement de sourcils, mais l'ignora. Il n'avait pas envie de subir un questionnaire maintenant, surtout quand la situation était aussi tordue.
Lucius regarda autour de lui :
"Théodore, ton père n'est pas là ?"
Il y eut un petit silence gêné où les trois garçons évitèrent soudain de se regarder. Puis, Théo répondit d'une petite voix :
"Euh, non. Pas aujourd'hui."
Lucius s'apprêta à poser plus de questions, mais soudain, le pot de fleur commença à trembler et Drago eut à peine le temps de le toucher du bout des doigts qu'il fut projeté en avant violemment.
Il tourna de longues secondes en sentant le corps de Blaise s'entrechoquer avec le sien de temps à autre, puis, ils retrouvèrent brutalement la terre ferme. Heureusement, il avait atterri avec un peu plus de dignité que Théo qui tomba en avant et dû se rattraper au tonneau qui servait de guichet d'accueil.
"Arrivée de dix heures douze en provenance de la place du village de Hardwick, Wiltshire."
Lucius, qui n'avait même bronché après le voyage, jeta lui-même le vase dans la grande boîte de Portoloins usés et s'approcha tout près du visage du sorcier qui venait de parler :
"Etait-ce vraiment nécessaire, Perkins ? N'aurait-il pas mieux fallu que nous transplanions ?"
"Désolé, Lucius, c'est les règles. Il ne faut pas se faire trop voir, tu comprends, avec les Moldus…"
Lucius retroussa les lèvres. Drago savait que son père n'aimait pas les Portoloins, considérant qu'ils étaient "trop moldus" pour des sorciers. Pourtant, c'était l'opposé, aucun Moldu n'aurait su comment se servir d'un Portoloin.
Narcissa ne dit pas un mot, mais regarda d'un air dégoûté l'accoutrement de Perkins qui conduisait les arrivants vers leur tente. Il portait un pantalon extrêmement large retenu par une ceinture, et une écharpe, malgré le temps très ensoleillé. Il avait clairement essayé de s'habiller comme un Moldu sans y arriver.
"Voyons, Malefoy…" dit Perkins en cherchant le nom dans la liste.
"Nous n'avons pas de tente." siffla Lucius.
Drago pouvait sentir que son père n'aimait pas trop ce Perkins. Heureusement, ce dernier ne sembla pas remarquer la froideur de sa voix et afficha un air de surprise polie :
"Oh ! Vous ne restez pas dormir ?"
"Non. Moi et ma femme rentrerons après le match." il attrapa soudain Drago par l'épaule et serra sa prise sur lui sans quitter Perkins des yeux : "Mon fils… Drago. Il dormira ici, dans la tente de ses amis."
Perkins se tourna vers Théo et Blaise avec un sourire :
"Très bien, c'est à quel nom ?"
"Zabini."
"Zabini…" dit l'homme en consultant sa liste aux derniers noms. "Ah ! Vous voilà. Une tente pour une nuit, c'est bien cela ? Deuxième pré, juste à côté de l'entrée. Vous pourrez retrouver Mrs. Wilson, à l'entrée."
"Merci."
Le petit groupe se dirigea vers le pré indiqué. Dès que Drago fut suffisamment près de l'entrée du pré aux tentes, il vit que la personne qui allait les accueillir était vraiment moldue. Elle portait une robe à carreaux et des bottes, une tenue que sa mère n'aurait jamais porté même si elle y avait été contrainte de force. Narcissa ouvrit grand les yeux, écoeurée par la femme en face d'elle, et Lucius empêcha Drago d'en voir plus que ça. Il ne voulait jamais que Drago voit les Moldus, comme s'il pouvait être contaminé.
"Votre emplacement est là-bas." dit la femme, sans que Drago puisse la voir. "Attendez, je vais vous y emmener…"
"Pas la peine." cracha Lucius.
Il regarda la femme de haut en bas du regard le plus mauvais possible et conduisit Drago à l'entrée du pré. Il ne put même pas se retourner pour observer la réaction de la femme moldue.
Blaise et Théo marchaient devant, et vers le milieu du pré, Lucius lâcha enfin sa prise de l'épaule de Drago :
"Nous allons vous laisser là, il y a beaucoup de gens que je dois voir. Installez-vous dans la tente et baladez-vous, faites ce que vous voulez, en tout cas, Drago, ne sois pas en retard. Nous t'attendrons avec ta mère à l'entrée du stade."
"D'accord !"
Tandis que Lucius faisait demi-tour, Narcissa s'approcha soudain de Drago et lui fourra quelque chose dans la main. Il comprit que c'était une bourse remplie d'argent. Elle lui fit un rapide clin d'œil, dit au revoir aux trois garçons, et suivit Lucius qui était déjà au bout du pré.
Théo, Blaise et Drago marchèrent le long des tentes, qui étaient toutes très colorées. Certaines étaient toutes simples, pour imiter celles des Moldus, et d'autres étaient beaucoup plus impressionnantes. Blaise s'arrêta soudain à l'emplacement et regarda la tente orange qui était déjà dressée sur leur emplacement :
"Voilà !"
"C'est celle-là ?" demanda Théo. "Mais ! Il y a une cheminée !"
"Bah oui, il y a une cheminée. On va mourir de froid sinon." dit Blaise qui commençait à entrer dans la tente.
"Mais les tentes moldues n'ont pas de cheminée !" protesta Théo.
Blaise et Drago lui firent un drôle de regard, mais il persista :
"On est censés pas se faire reconnaître par les Moldus, une cheminée sur une tente c'est…"
"Théo, je pense que les Moldus qui gèrent les campings vont comprendre bien assez tôt qu'il y a un truc qui cloche. Tu as vu la tente à quatre étages qu'on a vu passer ?" dit Blaise.
Pendant qu'ils se chamaillaient, Drago inspecta l'intérieur de la tente, qui était immense. Il y avait des étages qui menaient vers d'autres chambres, et un grand séjour avec un canapé énorme en face d'une antre de cheminée. Drago posa son sac sur le premier lit qu'il vit et prit une pomme verte pour grignoter avant d'aller se promener. Puis, une fois que Blaise et Théo s'étaient installés à leur tour, ils sortirent de la tente.
Les tentes à l'effigie de l'Irlande était toutes alignées dans des rangs verts pétants. Drago pouvait voir les trèfles à perte de vue. Ils se baladèrent entre les tentes et chantèrent quelques chants de supporters avec eux, puis allèrent du côté de la Bulgarie. Là-bas, les tentes étaient rouges, moins tape à l'œil, mais abordaient toutes des posters de Viktor Krum. Même si Drago était un fervent supporter de l'Irlande, il ne pouvait s'empêcher d'être impressionné par l'Attrapeur, dont il était un grand fan. Il avait suivi tous ses exploits pendant la Coupe du Monde et avait hâte de le voir jouer en vrai.
Ils ne rentrèrent pas à la tente et préférèrent se balader toute la journée tant il y avait de choses à voir. Quand la nuit commença à tomber et qu'ils frémissaient d'excitation, des vendeurs ambulants commencèrent à se balader un peu partout. Drago profita de l'argent que sa mère lui avait donné pour acheter une grande banderole de l'Irlande, des Multiplettes, une figurine de Troy et une photo dédicacée de Viktor Krum.
"Il n'a pas l'air de bonne humeur." commenta Théo en regardant la tête renfrognée de Krum.
"Il est concentré, c'est tout." dit Drago qui rangea sa nouvelle photo dans son sac.
Théo leva les yeux au ciel en riant. Lui et Blaise s'étaient arrêtés à un stand de maquillage pour avoir des drapeaux de l'Irlande sur les deux joues, qui brillaient dans la nuit. L'encre étant magique, ils n'avaient aucune idée de quand le maquillage allait partir, et Drago priait pour qu'ils gardent ça jusqu'à la fin de l'été juste pour pouvoir se moquer d'eux.
Après avoir dégusté de délicieuses saucisses grillées à un stand de nourriture, il fut l'heure de se rendre au stade. Drago, Théo et Blaise marchèrent gaiement sur le chemin éclairé par des centaines de lanternes. Théo lut à haute voix le programme qu'il avait acheté un peu plus tôt jusqu'à ce qu'ils arrivent devant le stade. Drago repéra son père à l'entrée, qui dépassait tout le monde et dont les longs cheveux blonds virevoltaient légèrement à cause de la brise.
Il montra ses nouveaux achats à sa mère en montant les escaliers. Au bout d'un moment, Théo et Blaise s'arrêtèrent à leur rang, où deux sièges vides les attendaient au milieu du gradin.
"À tout à l'heure, Dray !" lança Blaise avec un grand sourire.
Tandis qu'ils se glissaient dans le gradin, Drago les regarda partir avec un léger pincement au cœur. Il aurait aimé les suivre et regarder le match avec eux, quitte à s'asseoir dans les gradins et pas dans la tribune officielle. Lucius continua de marcher jusqu'en haut, ouvrit la porte de la tribune et Drago entendit une voix à l'intérieur clamer :
"Ah, voilà Lucius !"
Drago et Narcissa suivirent Lucius tant bien que mal. Le Ministère de la Magie, Cornelius Fudge, se tenait debout devant eux et leur fit un sourire amical en serrant la main du père de Drago.
"Ah, Fudge." dit Lucius d'un ton mielleux qui ne lui ressemblait pas. "Comment allez-vous ? Je crois que vous ne connaissez pas mon épouse, Narcissa, et mon fils, Drago ?"
Cornelius Fudge s'inclina devant Narcissa et serra la main de Drago. Puis, il commença à présenter plusieurs personnes autour d'eux, et le regard de Drago se déplaça machinalement vers les autres spectateurs.
Ce fut là qu'il la vit. Hermione Granger. Il ne pensait tellement pas la voir à cet instant qu'il crut un instant qu'il avait rêvé. Mais non, c'était bien elle, ses cheveux ébouriffés reconnaissables entre mille. Elle ne le regardait pas, et il se rendit compte qu'elle avait en fait les yeux fixés sur la mère de Drago à sa droite, et qui la détaillait sans gêne.
Il ne vit qu'à ce moment-là les personnes qui l'accompagnait :
"Vous connaissez Arthur Weasley, j'imagine ?" continua Fudge.
Tout le clan des Weasley était là, et prenait un gradin entier rien que pour eux. Les seuls non-rouquins qui s'étaient retrouvés là-dedans étaient Granger, et Potter. Ce dernier jaugea Drago d'un œil mauvais, mais Drago était tellement focalisé sur Granger qu'il n'y fit pas attention. Il n'écoutait même plus la conversation autour de lui.
Soudain, elle tourna légèrement la tête vers lui et ses yeux chocolat croisèrent les siens, et ce regard lui donna comme un coup de jus. Elle était à la fois curieuse et méprisante. Il pouvait dire qu'elle ne s'attendait pas à le voir non plus.
Granger tourna encore une fois la tête, cette fois-ci, vers le père de Drago. Ce dernier la regardait avec dégoût, et Drago fut surpris de voir qu'elle soutenait son regard. Lui-même ne l'avait jamais fait, de peur de se faire hurler dessus. Mais elle n'avait pas l'air d'avoir peur du tout, elle s'était même mise toute droite contre sa chaise et attendait presque que Lucius fasse un commentaire pour répliquer.
Son père continua alors à marcher et Drago le suivit, tout déboussolé. Il s'assit sur les chaises réservées, entre son père et sa mère. Il ne cessait de regarder discrètement les Weasley, qui étaient juste devant lui, un peu sur le côté. Qu'est-ce que Granger foutait là ? Il savait que Potter passait la plupart de ses étés chez les Weasley parce qu'il n'avait pas de famille, mais Granger n'était-elle pas supposée avoir des parents ? Est-ce qu'elle avait dormi là-bas tout l'été ?
Elle était maintenant penchée sur le programme, le même qu'avait acheté Théo avant de venir. Ils se ressemblaient tellement que c'en était drôle. Elle avait l'air de raconter à Potter ce qui allait se passer pendant le match. Elle était pour l'Irlande, elle avait des trèfles verts qui décoraient ses cheveux, tout comme Weaslette, qui était assise à sa gauche. Drago savait que Granger s'entendait bien avec Potter et Weasley, mais il n'aurait jamais pensé qu'elle puisse être assez proche de sa famille pour passer l'été avec eux.
Weaslette et elle parlèrent jusqu'à ce que le match commence. Puis, la voix amplifiée de Ludo Verpey résonna dans tout le stade et elles se turent pour profiter du spectacle des mascottes. Si Drago inclinait la tête légèrement vers la gauche, il pouvait faire croire qu'il regardait le terrain, mais en réalité, il regardait Granger. C'était très dangereux de faire ça, parce que ses parents étaient à côté et que s'ils surprenaient ses observations, il pouvait avoir des ennuis. Mais il n'arrivait pas à se détacher d'elle, comme s'il était aimanté pour revenir vers elle.
Il devinait qu'elle avait le vertige juste en voyant ses yeux. Elle évitait de regarder en bas et n'avait pas l'air très à l'aise, assise sur son siège en hauteur. Il remarqua aussi qu'elle n'arrêtait pas de jeter des coups d'oeil rapides vers une elfe de maison qui était assise sur le même gradin que Drago. Il se demanda si c'était la première fois qu'elle en voyait un pour être aussi intriguée.
Drago ne vit aucune des mascottes qui dansèrent sur le terrain pour présenter les équipes. Il était plus amusé à voir les réactions de Granger se peindre sur son visage à chaque fois. L'émerveillement, la surprise, l'agacement de voir Potter et Weasley se faire hypnotiser par les Vélanes qui dansaient devant eux.
Puis, le match commença. Drago tournait de temps à autre la tête pour voir les actions du match, mais il était sans cesse attiré par la vision de Granger qui regardait le terrain. C'était plus satisfaisant de voir ce qu'il se passait à travers elle. Quand quelqu'un réalisait une figure particulièrement difficile, il pouvait voir le profil de Granger s'étirer de surprise, et quand un joueur se prenait un Cognard, elle grimaçait de douleur. Elle était tellement focalisée que ça fit rire Drago.
"C'est lequel, ton joueur préféré ?" demanda Narcissa en se penchant à l'oreille de son fils.
Elle avait du mal à distinguer les joueurs d'aussi loin. Drago lui tendit ses Multiplettes qu'elle mit devant ses yeux pendant que Drago lui expliquait :
"J'aime bien Troy, le Poursuiveur. Mais mon préféré, c'est Viktor Krum, l'Attrapeur bulgare."
Il guidait les Multiplettes vers les joueurs qu'il citait pour sa mère, qui lui posait des questions de temps en temps. Il vit que Granger aussi avait des Multiplettes, qu'elle avait appris à régler plus rapidement que Potter, qui devait avoir loupé la moitié des actions.
Il pouvait voir qu'elle ne connaissait rien au Quidditch. C'était évident, même Pansy était plus calée qu'elle. Pourtant, plus le match avançait, plus Granger était prise dans l'adrénaline du match. Elle avait cessé de regarder dans ses Multiplettes et criait de joie quand les Irlandais marquaient, les poings en l'air. Parfois même, sans s'en rendre compte, elle se levait légèrement de son siège en applaudissant, portée par les clameurs des supporters.
Son visage était tellement facile à lire que Drago pouvait deviner ce qu'il se passait sur le terrain sans le voir. C'était passionnant.
"Belle feinte !" remarqua Lucius.
Entendre la voix de son père ramena brutalement Drago à la réalité. Il n'avait même pas vu ce qu'il s'était passé, mais Krum remontait maintenant pendant que l'Attrapeur des Irlandais, Lynch, était étendu sur le sol. Granger avait les deux mains devant sa bouche dans une expression de choc.
"Feinte de Wronski ?" devina Drago en voyant Krum inspecter le terrain en quête du Vif d'Or. La feinte de Wronski était une technique de Quidditch particulièrement difficile à réaliser, mais très efficace.
"Le pauvre, il doit être complètement sonné." dit Narcissa qui regardait le pauvre Attrapeur blessé par terre.
Le match reprit, et Drago ne se rendait même pas compte que son regard déviait vers Granger. Elle riait, criait, s'agitait, s'ébahissait, contestait, sautillait. Weaslette, à côté d'elle, était aussi impliquée qu'elle. Drago n'entendait que d'une oreille les commentaires de Ludo Verpey sur le match.
"Ils vont s'écraser !" hurla Granger, terrifiée.
Drago regarda le terrain et vit alors que Krum et Lynch fonçaient en piqué. Drago vit la petite balle scintillante du Vif d'Or près du sol, avant que Lynch ne heurte la terre et roule sur lui-même, faisant voler une quantité impressionnante de terre avec lui qui brouilla la vue de Drago.
Granger inspectait le terrain, bouche-bée, à moitié levée de son siège. Krum remonta alors, le Vif d'Or serré dans son poing, le nez en sang.
"L'Irlande a gagné !" hurla Verpey, estomaqué.
Drago aurait été incapable de redire ce qu'il s'était passé du match qu'il attendait le plus depuis le début de l'été, pourtant, il avait rarement été aussi heureux. Il regarda Granger exploser de joie et prendre Weaslette dans ses bras en criant. Pour une fille qui ne connaissait rien au Quidditch, elle s'était soudain transformée en une véritable supportrice.
Elle prit tous les Weasley dans les bras, et termina par Ron, ce qui effaça tout de suite le sourire du visage de Drago. Il vit les deux se prendre dans les bras et éclater de rire, et son ventre se contracta douloureusement.
"Tu dois être ravi, Drago !" s'exclama Narcissa en lui rendant ses Multiplettes.
Ses joues étaient légèrement rosies par l'excitation, mais elle était sagement assise sur son fauteuil. Drago ébaucha un sourire :
"Le scénario parfait, l'Irlande gagne et Krum fait une des figures les plus impressionnantes. J'ai hâte d'entendre le ressenti de Blaise !"
Elle sourit et passa sa tête devant Drago pour dire quelque chose à Lucius. Derrière sa mère, Drago pouvait apercevoir Granger qui était penchée par-dessus la balustrade et observait Krum d'un air inquiet. Il n'y avait que Granger pour s'inquiéter du sort d'un joueur bulgare pendant que le côté vert du stade hurlait de joie.
Soudain, la cabine officielle fut illuminée de toutes parts pendant que les joueurs venaient serrer la main des ministres. Blaise avait raison, il allait pouvoir voir Krum ! Il se dévissa le cou dans l'espoir de le voir rentrer. Les joueurs bulgares arrivèrent en file devant les Ministres de la Magie anglais et bulgare, Krum dernier de la file. Il avait des grosses blessures au visage, dont deux yeux au beurre noir enflés. Il tenait toujours le Vif d'Or serré dans son poing. Le voir d'aussi près était exaltant, il avait tellement vu sa photo dans ses magazines de Quidditch. Il était exactement comme il l'avait imaginé.
Ensuite, les Irlandais firent leurs entrées, acclamés par des milliers de spectateurs, et reçurent une énorme coupe qu'ils levèrent en triomphe au-dessus de leur tête. Granger n'arrêtait pas d'applaudir.
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"T'as vu cette feinte ?!" hurla Blaise dès que Drago les retrouvèrent à la sortie du stade. "Et cette remontée de Krum, avec le nez en sang et tout ! C'était un match exceptionnel ! Et tu l'as vu, non ? Tu l'as vu dans la cabine officielle, non ? Il était comment ?"
"Il est comme ça depuis deux heures." lui dit Théo d'un air faussement ennuyé.
Blaise ne fit pas attention à Théo et continua de commenter le match minute par minute. Drago était un peu honteux de ne pas avoir tout suivi comme lui, après avoir passé son temps à observer Granger en biais. Mais de toute façon, Blaise n'attendait pas vraiment de réponse, il était tellement surexcité qu'il déblatait ses paroles dans un flot continu sans prendre en compte les interventions des autres :
"Et Lynch, cet idiot ! C'était clairement une feinte ! Heureusement que Troy a géré niveau buts, il était vraiment exceptionnel, il enchaînait les passes de Souafle, j'avais carrément du mal à suivre, et tu as vu quand…"
"Je vais vous laisser là." dit Narcissa qui s'arrêta brutalement à une intersection. "Je vais rentrer. Amusez-vous bien, les garçons."
"Père ne vient pas avec toi ?" demanda Drago, étonné de voir sa mère partir seule.
"Je ne sais pas où il est, et pour être honnête, si je dois encore serrer la main d'un seul autre sorcier ce soir, je pense que je vais exploser. Si vous le voyez, dites-lui que je suis rentrée et que je l'attends au Manoir."
"D'accord Mère, bonne soirée !"
"Au revoir Mrs. Malefoy !" dirent en chœur Blaise et Théo.
"On va s'asseoir dans le pré ?" proposa Théo.
Les supporters de l'Irlande n'avaient pas fini de célébrer la fin du match. Tous les fans sautaient, dansaient, mangeaient et surtout, parlaient encore du match qu'ils venaient de voir dans un brouhaha énorme. Drago, Théo et Blaise trouvèrent une place dans un pré où la fête continuait de battre à son plein. Drago n'arrêtait pas de sourire, ses joues lui faisaient presque mal. Blaise continuait de parler du match, Drago l'avait jamais rarement vu aussi agité.
"Ça ne te donne pas envie de devenir Poursuiveur des Serpentards, Blaise ?" proposa Théo.
Blaise haussa les épaules, un petit sourire dessiné sur ses lèvres :
"J'sais pas… Pourquoi pas…"
"Il n'y aura pas de Quidditch cette année." répondit tristement Drago.
"Quoi ?! Mais pourquoi ?"
Drago leur raconta tout ce qu'il savait sur le Tournoi des Trois Sorciers qui devait prendre place à Poudlard, tout comme il l'avait fait à Pansy la veille. Leurs réactions furent mitigées, Blaise était intrigué, et Théo réagit de la même manière que Pansy :
"C'est trop dangereux." dit-il d'un ton catégorique. "J'ai lu des choses sur ce tournoi, comme quoi des gens étaient morts dedans. Les épreuves sont beaucoup trop difficiles pour des étudiants."
Pendant qu'ils parlaient de tout ça, Théo sortit de ses poches deux gros paquets de marshmallows avec un sourire. Ils allèrent s'asseoir à côté d'un feu de camp qui avait été allumé par des supporters et plantèrent leurs guimauves sur des branches pour les faire griller. Drago trouvait cette activité très moldue, mis à part le fait que les marshmallows étaient magiques et changeaient de goût à chaque bouchée : vanille, chocolat, fraise, caramel, banane…
Bien qu'il faisait nuit noire, aucun des trois garçons n'avait envie d'aller se coucher. Les festivités continuaient et il y avait maintenant des feux d'artifice verts qui explosaient au-dessus d'eux et déversaient des pluies de pièces d'or et de trèfles. Les supporters chantaient toujours, et l'air des musiques étaient imprimés dans la tête de Drago tant il les avait entendus à tue-tête.
"Il est quelle heure, à votre avis ?" demanda Théo au bout d'un moment.
Ils étaient tous les trois allongés dans l'herbe, le feu crépitant toujours au milieu d'eux trois. Blaise hocha les épaules :
"Aucune idée. 2h ou 3h du matin."
"Les Moldus des campings ont dû comprendre, maintenant." dit Théo en brûlant en même temps la broche qu'il tenait dans les braises du feu. La guimauve lui fondit entre les doigts qu'il frotta contre son pantalon avec une plainte.
En effet, il était maintenant clair que le camping fêtait un événement particulier, les sorciers ne se cachaient même plus et certains pratiquaient même la magie en plein milieu du pré.
"Ton père n'avait pas l'air ravi de les voir." commenta Blaise.
"Non." répondit Drago. "Comme d'habitude, il peste sans arrêt contre le Ministère pour avoir organisé ça comme ça. Vous connaissez mon père."
Les deux garçons acquiescèrent, bien au courant du tempérament de Lucius et de ses pensées extrêmes. Drago se rappela soudain du masque qui avait disparu de la chambre secrète de son père, dans le sous-sol du Manoir, et des paroles pleines de sous-entendus qu'il avait laissé échapper le matin-même, au petit-déjeuner.
Il fronça les sourcils et commença à raconter :
"Ça me rappelle… Mon père a dit un truc étrange ce matin, comme quoi…"
Sa phrase fut soudain interrompue par un hurlement de terreur. Drago tourna la tête et vit une foule de fans irlandais courir dans la direction opposée. Certains criaient, d'autres tiraient leurs enfants de force pour les éloigner. Dans l'obscurité, il fut difficile de voir ce qu'ils fuyaient. Théo jeta sa broche dans le feu et se releva rapidement :
"Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi tout le monde crie ?"
Drago et Blaise se levèrent à leur tour. Dans la pénombre, tout au bout du pré, ils pouvaient apercevoir des silhouettes s'approcher de plus en plus. Les bruits de leurs pas unis résonnaient contre le sol du pré comme une marche funèbre. Ils tenaient des torches, et quand ils furent à quelques mètres d'eux, ils distinguèrent enfin leurs visages. Enfin, ce n'était pas vraiment leurs visages, parce qu'ils étaient recouverts d'un masque argenté à la bouche cousue.
Drago ressentit un frisson de panique remonter désagréablement le long de son dos.
Son père était là.
