tw : scènes de violence (coupe du monde de quidditch)

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Drago


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Blaise, Théo et Drago restèrent figés sur place, malgré les dizaines de personnes qui couraient en contresens.

"Des Mangemorts." murmura Théo, la voix tremblante.

Ils regardèrent les hommes masqués avancer, et soudain, l'un d'eux pointa sa baguette sur les tentes et les aspergèrent de flammes. Les unes après les autres, elles prirent feu, redoublant d'intensité les hurlements et les pleurs. Les autres Mangemorts suivirent le mouvement et s'empressèrent de détruire le plus de tentes possibles, d'où s'échappaient des sorciers apeurés.

Soudain, alors que les Mangemorts avaient déjà traversé la moitié du pré, un homme sortit de chez lui, en pyjama, suivi de sa femme et de leurs deux enfants.

Du peu qu'il pouvait les voir, Drago comprit tout de suite que c'étaient des Moldus. Ils regardaient le spectacle devant eux avec des yeux ronds. Mais avant qu'ils n'aient pu faire quoique ce soit, hurler ou partir en courant, un Mangemort agita sa baguette et ils furent soudain projetés dans les airs, tous les quatre. Drago pouvait entendre les rires gras des hommes masqués tandis qu'ils s'amusaient à les faire tourner, ignorant leurs cris paniqués.

"Quelle horreur." souffla Blaise.

Les Mangemorts, qui portaient tous des sortes de capuches pointues, faisaient maintenant tourner les Moldus dans tous les sens. La femme fut retournée la tête en bas et sa chemise de nuit tomba, révélant ses sous-vêtements qu'elle essaya vainement de cacher. Les Mangemorts continuaient d'avancer, les Moldus suspendus dans les airs comme des poupées inanimées au-dessus d'eux.

Soudain, Théo bougea, comme s'il venait de se réanimer :

"Putain, il y a mon père !"

Il prit la manche du t-shirt de Blaise pour le tirer en arrière. Drago n'avait aucune idée de comment Théo avait pu reconnaître son père dans l'amas de sorciers aux capuches pointues. Lui-même aurait été incapable de reconnaître son père là-dedans. Il crut tout de suite Théo cependant, et se retourna vivement pour fuir cette scène d'horreur. Les trois garçons s'enfuirent à toute vitesse à travers le pré.

Mais le père de Théo avait dû transplaner, parce que soudain, il fut juste à côté d'eux, et empoigna Théo par le bras qui lâcha un glapissement terrorisé.

"Ah, te voilà, Théodore." dit-il d'une voix douce, à travers son masque. "Alors, tu profites des festivités sans venir dire bonjour à ton père ?"

Il avait un rire goguenard, et son haleine était chargée d'alcool. Théo ne réussit pas à répondre, trop apeuré pour oser le faire. Son visage était devenu livide et il regardait son père avec des yeux agrandis par la peur.

Le père de Théo resserra davantage ses doigts sur l'épaule de son fils qui gémit de douleur :

"Tu veux venir avec moi, fils ? Venir torturer des Moldus, comme ils le méritent, montrer un peu que tu mérites de porter ce nom ?" dit-il de sa voix sifflante, comme un serpent.

"NON !"

Blaise, qui était le plus courageux des trois, s'interposa entre les deux et arracha le bras du père de Théo de sa prise. Il lança au Mangemort un regard noir, plein de colère et de défi, et murmura :

"Il ne viendra pas avec vous."

Le Mangemort eut un rire mauvais, le genre de rire sans joie qui glaçait le sang. Drago vit alors qu'il était en train de prendre sa baguette dans sa main. Mais avant qu'il ne puisse la pointer sur l'un des trois garçons, Blaise hurla :

"Théo ! Drago ! COURREZ !"

Drago obéit, retrouvant soudain l'usage de ses jambes alors paralysées par la peur. Il prit le poignet de Théo et partit en arrière à toute vitesse, échappant de peu à un jet rouge qu'avait jeté le Mangemort, qui frôla ses cheveux. Il courut de toutes ses forces, toujours en tenant Théo par le bras. Il pouvait entendre la respiration saccadée de Blaise à côté de lui, qui courait encore plus vite. Très vite, ils atteignèrent le bout du pré, ils sautèrent par-dessus la barrière et continuèrent leur course effrénée.

Quand ils furent arrivés à la lisière des bois, ils n'entendaient presque plus les détonations des baguettes que produisaient les Mangemorts, derrière eux. Drago se retourna, essoufflé, mais ne vit rien d'autre que de l'obscurité et des gens qui criaient.

La lune éclaira un peu les visages de Blaise et de Théo, qui tremblaient tous les deux. Théo était toujours aussi livide, il était plié en deux et toussait tant il était essoufflé. Blaise se tenait les côtes et ils prirent tous les trois une bonne minute pour se remettre de leurs émotions.

"Mon père était là-bas, aussi." dit soudain Drago. "Il a laissé entendre qu'il planifiait de faire ça. Mon père est un Mangemort, comme le tien, Théo."

Drago était étourdi, perdu. Il n'aurait jamais pensé voir son père faire ça. Il savait que c'était un sorcier adepte de magie noire, mais il n'aurait jamais pensé qu'il puisse vraiment la pratiquer de la sorte. En repensant à ces Moldus salement utilisés et les rires moqueurs, Drago faillit vomir.

Puis, il se souvint de quelque chose, et son cœur tomba brutalement dans son ventre. Granger. Son père l'avait vue au match, il l'avait même jaugée avec dégoût. Pouvait-il la viser elle, ce soir ? Pouvait-il être aussi atroce ?

"Venez, il faut qu'on aille dans les bois, pour ne pas qu'ils nous retrouvent." dit Blaise en continuant à avancer dans la forêt.

Théo le suivit, mais Drago n'avança pas :

"Allez-y, je vous retrouverai."

"Quoi ? Non ! On reste ensemble, Dray !" ordonna Blaise.

"Je serai là dans cinq minutes, je dois juste vérifier quelque chose. Allez-y !" pressa-t-il.

Blaise et Théo avancèrent à contre-coeur dans l'obscurité. Le cœur de Drago battait la chamade. Il avait un point de côté et il n'arrivait plus à respirer correctement à cause de la panique. Il devait absolument prévenir Granger du danger, il fallait qu'elle aille se cacher. Il était persuadé que Potter et Weasley l'entraîneraient avec eux, en oubliant sa nature, et il ne voulait pas imaginer que son père puisse la repérer et l'attaquer de la même manière qu'il avait attaqué les Moldus. Cette idée le terrifiait.

Il n'avait aucune idée d'où elle pouvait être, il n'avait pas vu les Weasley et Potter depuis la fin du match. Il marcha hasardeusement entre les tentes encore debout, sans savoir quoi faire. Peut-être étaient-ils déjà repartis chez eux après le match, sans dormir sur place ?

Sa théorie tomba à l'eau quand il aperçut un rouquin dans la foule. Il s'arrêta et plissa les yeux : c'était trois Weasley, mais pas de Granger en vue. Ils tenaient la Weaslette par la main et l'emmenaient avec eux pour la protéger des Mangemorts.

"George !" hurla l'un des deux jumeaux. "Où sont les autres ? Ron, Hermione et Harry ?"

Drago tendit l'oreille :

"Je sais pas, derrière nous je crois… Viens, on va les chercher. Ginny, ça va ?"

La Weaslette hocha la tête, même si elle paraissait sous le choc. Ils regardèrent autour d'eux dans l'espoir d'apercevoir un des leurs, mais quand ils ne trouvèrent personne, l'un des jumeaux prit sa décision :

"Allons dans les bois, on pourra les retrouver plus facilement là-bas."

Et ils s'éloignèrent, disparaissant dans l'obscurité. Drago pouvait entendre les centaines de voix apeurées s'élever autour de lui. Il continua de chercher Granger dans la foule, et plus les minutes s'écoulaient, plus il paniquait. Il connaissait bien Granger maintenant à force de l'observer pour l'embêter, et il savait qu'elle s'était probablement joint aux combats pour se battre contre les Mangemorts. Weasley et Potter ne l'avaient pas protégée. Peut-être était-elle déjà ensorcelée, balancée dans tous les sens par les Mangemorts pour l'amusement, impuissante, peut-être même était-elle…

Soudain, il la vit. Elle courait, sa baguette pointée devant elle comme une arme. Elle n'avait pas l'air aussi paniquée que Weaslette, juste très concentrée. En la voyant aussi loin des Mangemorts, il eut un soupir de soulagement qui détendit ses épaules crispées par l'angoisse. Elle allait bien.

Au moment où ils allaient entrer à la lisière des bois, Weasley fit alors la seule chose dans laquelle il était doué : se ridiculiser. Il se prit une racine d'arbres dans les jambes et tomba en avant. Granger s'arrêta dans sa course et se prit Potter de plein fouet, qui n'avait pas anticipé qu'elle allait freiner.

"Ron, où es-tu ?" demanda-t-elle d'une voix inquiète. "Lumos !"

"J'ai trébuché sur une racine d'arbre", grommela Weasley.

Elle éclaira le chemin en face d'eux et trouva Weasley qui se relevait péniblement. Drago alla à leur rencontre, bien qu'il n'avait aucune idée de comment leur parler sans montrer qu'il s'inquiétait vraiment pour Granger :

"Avec des pieds de cette taille, c'est difficile de faire autrement." dit-il de sa voix la plus calme possible.

Granger se retourna subitement vers lui. Il pouvait voir qu'elle avait peur, c'était écrit sur son visage, et sa main qui tenait sa baguette tremblait légèrement.

"Vas te faire foutre, Malefoy." cracha Weasley.

Drago ne fit même pas attention à lui. Il réfléchissait à une tactique pour les prévenir de s'échapper sans réellement leur donner de conseils. Il savait que Weasley et Potter étaient faciles à berner, mais il avait peur que Granger comprenne ses intentions.

Il décida d'énerver Weasley et Potter. C'était la seule solution qu'il avait pour ne pas paraître trop gentil, et comme ça, ça lui permettait de les mettre en garde.

"Surveille un peu ton langage, Weasley." lâcha Drago. "Vous feriez peut-être mieux de vous dépêcher. J'imagine que vous n'avez pas envie qu'elle se fasse repérer."

Il fit un signe de la tête vers Granger, qui le regardait mal, même s'il y avait une lueur de peur dans ses yeux. Weasley se tourna stupidement vers elle, comme s'il venait de se rendre compte qu'elle était en danger. Comment pouvait-il être aussi lent ? Il avait l'impression de parler avec Crabbe et Goyle qui ne comprenaient rien.

Il y eut un bruit derrière Drago, comme une explosion qui lui donna la chair de poule. Ils se rapprochaient, bientôt, ils seraient là, et ils allaient attaquer Granger. Il faisait tout pour paraître détaché, mais il était sûr que Granger avait compris son raisonnement, vu comment elle le scrutait.

"Qu'est ce que tu veux dire ?" demanda-t-elle, butée.

"Granger, je te signale qu'ils sont décidés à s'en prendre aux Moldus." répondit-il en la fixant. "Tu as envie de montrer ta culotte en te promenant dans les airs ? Si c'est ça que tu veux, tu n'as qu'à rester où tu es... Ils viennent par ici et je suis sûr que ça nous ferait tous bien rire."

En réalité, rien ne lui faisait plus peur que ça. Il s'imaginait Granger être projetée dans les airs comme cette famille de Moldus et cette pensée lui donnait des hauts-le-cœur. Elle arqua un sourcil, et il fut persuadé qu'elle allait prononcer son éternelle phrase "et qu'est-ce que ça peut te faire ?" Elle fut coupée par Potter :

"Hermione est une sorcière."

Drago dût se retenir de ne pas pincer l'arête de son nez. Ils étaient vraiment stupides. Cette discussion était inutile et leur permettait de faire avancer les Mangemorts encore plus près d'eux.

"Pense ce que tu voudras, Potter." dit Drago entre ses dents. "Si tu crois qu'ils ne sont pas capables de repérer une Sang-de-Bourbe, restez donc ici, tous les trois."

Il espérait que son ton était suffisamment menaçant pour leur faire peur.

"Fais attention à ce que tu dis !" s'exclama Weasley.

Drago misa toutes ses chances sur Granger. Il espérait que derrière son ton moqueur, elle pouvait percevoir la vraie panique qu'il ressentait. À chaque explosion, son cœur battait encore plus vite, encore plus fort, il essayait de lui faire comprendre à travers ses yeux, la suppliant de s'échapper avant qu'elle ne se fasse attraper. Il murmurait presque "cours, cours !", et il put voir qu'elle comprenait. Elle resserra sa prise sur sa baguette, mais ne bougea pas.

Nouvelle explosion, encore plus proche cette fois-ci. Drago feigna un rire, essayant de ne pas faire transparaître la peur dans sa voix :

"J'imagine que ton père vous a dit de vous cacher ? Qu'est-ce qu'il fabrique ? Il essaye d'aider les Moldus ?"

"Et tes parents, où sont-ils ?" lança Potter. "Là-bas, avec une cagoule sur la tête, probablement ?"

Il ressentit une petite pique dans le cœur en entendant ça, parce que c'était vrai. Son père était là-bas.

"Si c'était vrai, tu penses bien que je ne te le dirais pas, Potter, tu t'en doutes ?"

Il jeta un dernier regard implorant à Granger, et elle réagit enfin :

"Bon, ça suffit." dit Granger. "Allons rejoindre les autres."

Ça y est, elle avait compris. Drago ferma les yeux quelques secondes, soulagé de voir qu'elle allait se cacher. Weasley lui lança alors un regard suspicieux. Avait-il été trop gentil ? Pour être sûr, Drago insista :

"Tu ferais mieux d'aller cacher tes cheveux ébouriffés, Granger."

"Venez." répéta-t-elle en se tournant vers ses deux amis.

Juste avant de s'aventurer dans les bois, elle tourna la tête une dernière fois vers lui. Elle avait l'air partagée, troublée par son comportement. Il lui fit un léger signe de tête, espérant qu'elle comprenne qu'il avait vraiment peur pour elle, et elle disparut dans la pénombre.

Drago tourna tout de suite les talons pour retrouver Théo et Blaise, qui étaient partis dans une autre direction. Il marcha hasardeusement entre les arbres, et il croisa des gens qui pleuraient sur son passage, des enfants qui se cachaient derrière leurs parents, et des filles paniquées qui gémissaient de peur. Enfin, il vit la silhouette de Blaise au loin, dépassant tout le monde de plusieurs centimètres :

"Blaise, Théo !"

Ils étaient assis au pied d'un immense arbre, seuls. Blaise lui fit un léger signe de tête, visiblement soulagé de le revoir. Drago s'assis à côté d'eux, contre le tronc d'arbre. L'ambiance des chamallows fondants au milieu des chants et des danses était très lointaine, comme si ça s'était passé il y a des heures. Drago tentait tant bien que mal de calmer ses respirations encore saccadées. Il se demandait où s'était caché Granger. Avait-elle compris son stratagème pour la faire partir, ou avait-elle pensé qu'il avait juste été méchant ?

Théo ne parlait pas, il jouait distraitement avec les brindilles au pied de l'arbre, le menton calé sur ses jambes repliées contre lui. Il avait été secoué par l'apparition soudaine de son père, c'était évident. Les drapeaux de l'Irlande qu'ils s'étaient peints sur le visage étaient maintenant tout pâles et coulaient un peu.

Drago, lui, avait été tellement focalisé sur le fait de partir et de protéger Théo et Granger qu'il n'avait pas encore pesé le fait que son père faisait partie des Mangemorts. Pourtant, il en était persuadé. Des milliers de questions lui traversèrent alors l'esprit : Est-ce que sa mère était au courant ? Avait-il prévu ça depuis plusieurs mois ? Ressentait-il de quelconque remords pour ces pauvres Moldus ?

Il savait que son père était un suprémaciste des statuts du sang, mais de là à torturer ces pauvres gens… Drago ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils ne l'avaient pas mérité du tout.

Soudain, il y eut une petite détonation qui les firent tous les trois sursauter. Théo se couvrit la tête avec ses bras, Blaise pointa sa baguette vers l'endroit du bruit, et Drago regarda vers le ciel, là où une soudaine lumière verte était apparue. Au début, elle l'aveugla trop pour qu'il puisse voir ce que c'était, mais quand ses yeux s'habituèrent à l'éclat, il distingua clairement une énorme tête de mort, qui se détachait du ciel noir. Un serpent sortait de sa bouche et s'enroulait autour du crâne, produisant une légère fumée verdâtre autour de l'illumination.

"C'est la Marque des Ténèbres !" hurla Théo.

Drago avait déjà entendu parler de ce symbole, le signe du Seigneur des Ténèbres. Il ouvrit la bouche de stupéfaction, mais il n'eut pas le temps de la détailler de nouveau, parce que Blaise lui tira violemment la manche de son t-shirt. Il s'était relevé et peinait à tenir Théo, qui était plus livide que jamais.

"Viens, Dray, on retourne à la tente. Viens !"

Drago se leva et aida Théo à s'appuyer sur lui pour marcher. Ils marchèrent lentement entre les arbres. L'étrange tête de mort diffusait une lumière verte qui éclairait le chemin devant eux. Quand ils passèrent devant le pré, il n'y avait plus aucun Mangemort, ils devaient tous avoir transplaner pour ne pas se faire attraper par les représentants du Ministère. Il y avait encore des flammes qui brûlaient les restes de tentes et de stands à certains endroits.

Drago, Blaise et Théo trouvèrent leur tente, et heureusement, elle était intacte. Ils entrèrent à l'intérieur et eurent tous les trois un frisson, mais Drago était incapable de dire si c'était de froid, ou de peur. Ils s'asseyèrent dans l'immense canapé et Théo parut enfin retrouver des couleurs. Ils restèrent de longues minutes à frissonner dans un silence complet.

"Thé ?" proposa Blaise.

Il n'attendit pas de réponse et s'empressa de faire chauffer la bouilloire.

"Je vais allumer un feu." dit Théo d'une petite voix.

Théo s'approcha de la cheminée et examina le paquet d'allumettes qui était posé à côté. Ils ne pouvaient pas faire de magie avant leur dix-sept ans, donc Drago fut contraint de regarder Théo essayer d'allumer un feu comme un moldu, pendant une dizaine de minutes avant d'enfin réussir à produire une flamme digne de ce nom. Il la jeta dans le bois qui s'embrasa.

Blaise apporta trois tasses de thé et Drago but la sienne, malgré le fait qu'elle était brûlante. En observant les flammes danser devant lui, il osa enfin parler de sa voix enrouée :

"Je n'aurais jamais pensé que mon père puisse faire ça."

Théo lui tapota sympathiquement l'épaule :

"On ne sait pas s'il était là-dedans, Drago."

"Si. Il m'a laissé entendre, avant de partir… Il a dit "ils vont le regretter". Il avait prévu son coup."

Il y eut un silence, et Blaise finit par murmurer :

"La marque des Ténèbres… Ça veut dire que Vous-Savez-Qui est de retour, c'est ça ?"

"Seuls les Mangemorts peuvent lancer ce sort." expliqua Théo après avoir pris une gorgée de thé. "Peut-être qu'ils l'ont fait pour faire peur, ou peut-être qu'il est vraiment de retour. C'est impossible de vraiment le savoir. En tout cas, la marque a un mauvais présage. S'il est de retour… Ça veut dire qu'il faudra se rallier à lui."

Drago eut un frisson :

"Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"Nos deux pères sont des partisans de Tu-Sais-Qui. Ton père est un Mangemort, Drago. S'il est de retour, ta famille sera obligée de le suivre."

Il y eut un long silence où Drago fixait la cheminée, absent. Puis, Blaise termina la conversation :

"Non. De toute façon, il n'est pas de retour, c'était sûrement un des Mangemorts qui s'est laissé emporter et qui a fait ça juste pour faire peur. On va dormir un peu, et tout ira mieux demain, d'accord ?"

Théo et Drago hochèrent la tête.

"Ouais, t'as raison."

"On va se coucher." approuva Théo.

Et même s'il n'y avait six chambres dans cette immense tente, Drago, Blaise et Théo s'endormirent tous les trois dans le canapé.

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Hermione


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"Écoutez-moi, maintenant, il est très tard et si jamais Molly apprend ce qui s'est passé, elle va se faire un sang d'encre." dit Arthur. "Nous allons dormir quelques heures et nous essayerons d'attraper un Portoloin demain matin de bonne heure pour rentrer à la maison."

Hermione hocha la tête et se leva du banc, encore tremblante. Elle se tourna vers Ginny, avec qui elle partageait la deuxième tente juste à côté, et dans un geste machinal, elles se prirent la main.

"Bonne nuit tout le monde." dit Ginny dans un murmure.

Tout le monde marmonna une réponse et Hermione et Ginny allèrent retrouver leur tente. Il y avait deux chambres dedans, mais elles n'eurent même pas besoin de parler pour savoir qu'elles allaient dormir dans le même lit. Ginny prit son sac, sans quitter la main d'Hermione, et ce ne fut qu'une fois qu'elles étaient toutes les deux couchées dans le même lit qu'elles se lâchèrent, comme si maintenant, elles étaient en sécurité.

"Dire qu'il y a quelques heures, on était au match." dit Ginny dans un chuchotement. "Tu te rends compte ? J'ai l'impression que ça fait des jours. Il s'est passé tellement de choses depuis."

"Où étiez-vous ?" demanda Hermione à voix basse, elle aussi. "On vous a perdus en courant."

"Fred a continué sa route sans s'arrêter, il pensait que vous étiez juste derrière nous, et quand on s'est aperçus que vous n'étiez plus là, impossible de vous retrouver dans la foule."

Ginny bougea et se tourna vers Hermione. Ses grands yeux noisettes dépassaient à peine du sac de couchage dans lequel elle était allongée, et une mèche de cheveux rousse flamboyante barrait un peu son visage.

"Tu as entendu celui qui a fait ça ?" demanda-t-elle, intriguée.

"Oui." dit Hermione en se rappelant avec un frisson de la voix de l'homme qui avait crié pour créer la Marque des Ténèbres.

"Et tu n'as rien vu ?"

"Non, il faisait trop nuit, on arrivait à rien voir du tout. Il était caché par les arbres."

Elles se turent pendant un instant, mais aucune des deux n'avaient les yeux fermés. À travers la toile de la tente, Hermione pouvait entendre des bruits de pas de gens qui éteignaient les feux.

"Il s'est passé quelque chose d'autre." confessa Hermione dans un murmure. "Quelque chose de… Bizarre."

"Quoi ?" demanda Ginny, avide de savoir.

"Drago Malefoy était là, à côté de la lisière des bois."

"Oui, Ron a dit que vous l'avez croisé, et que son père devait probablement faire partie des Mangemorts qui ont attaqué les pauvres Moldus."

"Il était… Je sais pas, on aurait dit qu'il voulait me faire comprendre quelque chose."

"Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"Il n'était pas comme d'habitude. Enfin, il était toujours aussi acerbe, mais c'était comme s'il cachait quelque chose derrière, comme s'il voulait me prévenir du danger que je courrais."

"Peut-être qu'il était vraiment inquiet pour toi, parce qu'il sait ce que son père est capable de faire." devina Ginny.

"Peut-être…" dit Hermione évasivement, en fixant la toile de la tente derrière Ginny.

"Est-ce que Ron et Harry ont dit quelque chose ?"

"Non, ils n'ont pas remarqué. Ils ont simplement cru qu'il voulait se moquer de nous. Je suis la seule à avoir vu qu'il avait l'air… Je sais pas, troublé ? Anxieux ?"

Elle croisa le regard interloqué de Ginny et secoua la tête :

"Je me fais sûrement des films. La fatigue et l'angoisse doivent me jouer des tours. Dormons un peu, on en reparlera demain." dit Hermione.

Ginny approuva et se blottit dans son sac de couchage.

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Drago


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Ils n'avaient à peine dormi quand les premiers rayons du soleil percèrent la tente fine. Le feu de la cheminée était éteint et n'avait plus que quelques braises noires. Drago se leva légèrement et vit Blaise et Théo qui étaient tous les deux allongés à côté de lui, dans le canapé. Théo serrait contre lui un oreiller, et Blaise était étendu de tout son long, une jambe sur Drago et l'autre qui dépassait du canapé, avec un bras sur les yeux. Quand Drago bougea, les deux se réveillèrent :

"Il est quelle heure ?" grommela Blaise.

"Je sais pas, tôt. Je pense qu'on devrait rentrer."

Les deux garçons furent d'accord et ensemble, ils rangèrent leurs affaires et sortirent dans le camping. Ce dernier n'avait plus rien à avoir avec celui de la veille, il était jonché de bouts de tentes brûlés, de banderoles irlandaises déchirées et un léger film de poussière volait au-dessus du sol. Ils laissèrent la tente sur place et se dépêchèrent d'atteindre le point de rendez-vous des Portoloins. Drago n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, mais il savait qu'il était très tôt, parce que le soleil était à peine levé à l'horizon.

Ils firent la queue et donnèrent leur destination à l'un des sorciers qui géraient les retours, qui leur tendit un vieux journal tout froissé :

"Vous partirez à 6h17, dans 3 minutes !"

Théo, Blaise et Drago s'agrippèrent au journal, et soudain, sans aucun préambule, ils se firent projetés en avant. Drago ferma les yeux, s'accrochant coûte que coûte au journal. Quand ils arrivèrent sur la terre ferme, aucun des trois n'était tombé.

Blaise et Théo dirent au revoir à Drago pour retourner au Manoir de Blaise tandis que Drago prenait le chemin en sens inverse. Au loin, il pouvait apercevoir les formes de sa propre maison se détacher du ciel rosé. Il marcha le long du chemin broussailleux pour arriver devant le portail noir, qu'il traversa comme s'il était invisible.

Quand il ouvrit la porte d'entrée, il entendit sa mère pousser un cri depuis la salle de réception. Elle arriva en courant dans le hall et en le voyant, elle soupira de soulagement.

"Il va bien, il va bien !" cria-t-elle.

Quand elle s'approcha de lui, il vit qu'elle avait les yeux rouges et que son visage était strié de larmes. Elle fit alors quelque chose qu'elle ne faisait que très rarement : elle le prit dans ses bras. Le temps d'une seconde, il se fit projeter contre sa mère, avant qu'elle ne le relâche :

"Oh, Drago, j'ai eu tellement peur… J'ai essayé de revenir, mais tous les Portoloins vers là-bas étaient interdits, et je ne pouvais pas transplaner… Tu vas bien ?"

Elle caressa ses cheveux et il grimaça de douleur : il avait une coupure, juste sous la racine de ses cheveux, qu'il s'était fait la veille. Il n'avait aucun souvenir de comment il s'était fait ça, peut-être à cause d'une branche d'arbre lorsqu'ils avaient couru.

En voyant cette blessure, le visage inquiet de Narcissa se transforma en un masque de colère.

"LUCIUS !" hurla-t-elle.

Le père de Drago arriva dans le hall à son tour. Comparé à la veille, il était beaucoup moins confiant. Son dos était un peu voûté et il n'osait pas regarder sa femme, ni Drago.

"Viens. Ici." siffla Narcissa entre ses dents serrées.

Lucius s'approcha, penaud, et regarda à peine la coupure que Drago avait au front.

"Tu m'as dit qu'il allait bien, tu m'as dit qu'il était en sécurité." dit-elle, sa voix tremblante de colère.

"Je… Narcissa, chérie… Tout va bien, c'est simplement une petite coupure, rien de grave…"

"Rien de grave ? RIEN DE GRAVE ? LUCIUS ! TU AS ATTAQUÉ DES MOLDUS AU BEAU MILIEU D'UN PRÉ ! DEVANT TOUT LE MONDE ! ET TU L'AS FAIT DEVANT NOTRE FILS, QUI ÉTAIT LÀ, APEURÉ, QUI A DÛ COURIR POUR SE CACHER DE SON PROPRE PÈRE !" explosa Narcissa, les yeux exorbités par la colère.

Drago avait rarement vu sa mère aussi furieuse. D'habitude, c'était Lucius qui faisait ce genre de crise, et Drago y était tellement habitué qu'il ne flanchait même pas. Par contre, quand sa mère était dans cet état, c'était deux fois plus impressionnant que Lucius. Ce dernier se recroquevilla légèrement, et même si la colère de Narcissa n'était pas dirigée vers lui, Drago eut la même réaction. Elle continua, toujours en hurlant mais en prenant soin de détacher chaque mot :

"TU AS PENSÉ À LUI ? AU DANGER DANS LEQUEL TU AS MIS DRAGO ? TU N'AURAIS PAS PU TE RETENIR DE FAIRE LE MALIN ?"

"Mais, ma chérie…" coupa Lucius, toujours aussi piteux. "Il ne risquait rien, c'était les Moldus que nous attaquions, pas les Sangs-Purs, je n'aurais jamais pu infliger la moindre chose à Drago, tu le sais bien…"

"AH OUI ?" demanda Narcissa.

Elle s'en alla rapidement et revint dans le hall, ses yeux sombres brûlants de haine. Elle jeta un journal dans les mains de Lucius qui le rattrapa au vol. C'était la Gazette du Sorcier, et sur la couverture, il y avait la photo de la tête de mort que Drago avait vu dans le ciel, la veille. Le titre était "Scènes de terreur lors de la Coupe du Monde de Quidditch."

"J'ai tout lu, Lucius. Tout. Tu n'en avais rien à faire de la sûreté de Drago, il aurait pu se trouver sur votre chemin que vous ne l'auriez même pas remarqué. Renverser des Moldus la tête en bas, vraiment, Lucius ? Tu n'avais rien d'autre de mieux à faire que ça ?"

Lucius ne répondit rien, visiblement pris de court par la colère de Narcissa. Drago avait du mal à se dire que l'homme qui avait attaqué ces Moldus et détruit le pré la veille se tenait maintenant en face de lui, tout penaud.

La mère de Drago prit soudain son fils par le bras et l'emmena dans une autre pièce. Lucius ne les suivit pas. Elle ouvrit une porte, qui menait vers le bureau de Narcissa : une grande pièce avec des bibliothèques un peu partout et un large bureau. Dans le coin, il y avait deux fauteuils l'un en face de l'autre. Elle s'assit dans l'un d'eux, et Drago prit place en face d'elle. Elle se massa les tempes silencieusement, puis, appela d'une voix perçante :

"CHUBBY !"

L'elfe de maison se matérialisa instantanément.

"Oui, maîtresse ?"

"Apporte moi un kit de soins médicaux et deux tasses de thé. Et vite."

Chubby acquiesça et disparut, puis revint une trentaine de secondes plus tard, avec un plateau, qu'il posa sur la petite table entre eux deux, puis disparut de nouveau.

"Mère, ça va, c'est juste une…"

Elle l'interrompit d'un geste de la main et ouvrit le kit. Elle en sortit plusieurs instruments que Drago ne connaissait pas et se pencha pour soigner sa petite coupure au front. En réalité, ce n'était vraiment pas grand-chose, mais sa mère paraissait tellement inquiète qu'il la laissa le soigner sans broncher. Elle appliqua une potion un peu gluante dessus, puis mit un bandage qu'il pouvait facilement couvrir avec ses cheveux.

"Bon, maintenant…" dit-elle en prenant une petite tasse de thé. "Tu vas me raconter exactement tout ce qu'il s'est passé, s'il te plaît."

Drago lui raconta alors tout. Il ne laissa aucun détail de côté, surtout le moment où ils avaient vu le père de Théo. Quand elle entendit ça, Narcissa ouvrit grand les yeux, mais le laissa continuer. Évidemment, il ne dit rien sur le moment où il avait parlé à Granger, Potter et Weasley, préférant lui dire qu'il était resté avec Blaise et Théo pendant tout ce temps-là. Quand il eut fini, elle lui demanda :

"Pourquoi est-ce que Théo et son père ne se parlent plus ? Théo vit chez Blaise, en ce moment, c'est ça ?"

"Je ne peux pas te le dire, ça, Mère. Je suis désolé." dit Drago.

Elle haussa les sourcils :

"Tu peux tout me dire, Drago. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il s'est fait viré de chez lui ?"

"Désolé." répéta Drago. "J'ai promis à Théo de ne rien dire."

Elle plissa les lèvres, mais n'insista pas.

"En tout cas, s'il a besoin, il peut toujours vivre au Manoir. Il le sait, n'est-ce pas ?"

"C'est gentil, je lui dirai."

Narcissa posa alors sa tasse de thé sur le plateau et posa ses deux mains sur ses genoux :

"Je pense que tu devrais aller voir Pansy. Elle est très inquiète pour toi."

"Quoi ?" demanda-t-il, pris au dépourvu. "Comment tu sais ça ?"

"C'est elle qui est venue m'apporter le journal." dit sa mère. "Elle avait l'air vraiment effrayée, tu devrais aller la voir pour la rassurer."

Drago se leva aussitôt et sortit du bureau. Il traversa de nouveau le couloir, le hall vide, et ouvrit la porte de la cour arrière. Il marcha jusqu'à la fontaine, mais Pansy n'était pas là, alors il continua son chemin vers la haie du fond, passa dans l'ouverture et se retrouva dans le jardin de sa meilleure amie. Le soleil s'était levé à présent, mais le ciel était encore rosé.

Il la vit avant qu'elle ne le voit. Elle était assise sur le palier de sa porte, les jambes repliées contre elle dans la même position que Théo la veille, lorsqu'ils s'étaient réfugiés dans les bois. Quand elle leva la tête, Drago put voir une expression de soulagement détendre immédiatement ses traits. Elle se leva et traversa le jardin en courant pour le rejoindre, et se réfugia dans ses bras :

"Oh, Drago ! Oh, j'ai eu tellement peur, tellement peur…"

"Tout va bien, on va bien. Blaise et Théo sont rentrés aussi."

"Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Viens, rentre, mon père n'est pas là."

Drago la suivit jusqu'à l'intérieur de chez elle. Elle lui proposa un thé, un café, à manger, et même si l'estomac de Drago criait famine, il refusa, trop nauséeux pour accepter :

"Franchement, Pans… Je crois que j'ai juste envie de dormir."

Drago n'avait pratiquement pas fermé l'œil de la nuit. Pansy hocha la tête et ils se dirigèrent vers sa chambre. Le lit était entièrement fait, et Drago se demanda si elle avait réussi à dormir, elle aussi. Elle souleva la couette pour que Drago puisse s'y glisser, puis fit la même chose. Il ressentit alors tout de suite un sentiment de sécurité qu'il n'avait pas ressenti depuis plusieurs jours.

Pansy se blottit contre lui et lui caressa doucement les cheveux. Drago voulut lui raconter ce qu'il s'était passé, mais il fut soudain trop épuisé pour pouvoir le faire. Elle ne demanda rien, bien heureusement. Elle passait simplement sa main sur ses cheveux, encore et encore, dans un mouvement doux et réconfortant qui poussa vite Drago aux portes du sommeil.

"Qu'est-ce que tu as, là ?" demanda-t-elle dans un murmure en sentant son bandage, sur son front.

Drago n'entendit même pas sa question, parce qu'il s'était déjà endormi.

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Le reste du mois d'août ne fut pas plus joyeux. Drago avait fini par expliquer, avec l'aide de Blaise et de Théo, toute l'histoire de la Coupe du Monde de Quidditch à Pansy. Malgré le fait qu'il avait revu son père, Théo s'était vite remis de l'événement. Drago, lui, avait décidé de ne plus y penser. Il voulait mettre ça derrière lui et ranger ce moment de peur dans une case "passé".

Mais ses parents n'aidaient pas. Dès que Drago venait au Manoir, ses deux parents s'ignoraient, causant une atmosphère particulièrement pesante. Narcissa n'avait toujours pas digéré ce que Lucius avait fait, et ce dernier avait l'air de vouloir se faire le plus petit possible dans l'espoir de ne plus subir la colère de sa femme. Alors, ils s'ignoraient, ne se parlaient même plus, au grand désarroi de Drago qui ne savait plus où se mettre.

Alors, il passa tout son temps avec Pansy. Du matin au soir, jusqu'au moment d'aller se coucher, ils étaient tous les deux, parfois avec Blaise et Théo. Quand le père de Pansy n'était pas là, ils dormaient ensemble chez elle, et elle était même venue dans sa chambre à lui un soir ou deux. Drago savait que c'était formellement interdit dans les règles établies par les Malefoy, mais pour une fois, il s'en fichait éperdument. En plus, ses parents avaient d'autres problèmes que de vérifier si les appartements de Drago n'étaient pas occupés par quelqu'un d'autre.

Très vite, Drago dû repartir pour Poudlard. Il prépara sa malle soigneusement la veille, enferma Ébène dans sa cage et transplana avec sa mère jusqu'à King's Cross. Son père, à qui il n'avait pas échangé un mot pendant le reste de l'été, n'était pas venu l'accompagner.

Narcissa et Drago rejoignirent Pansy, Blaise et Théo, qui attendaient tous les trois devant la plateforme 9 ¾. Une fois arrivés devant le Poudlard Express, Narcissa déposa un baiser sur le front de Drago :

"Envoie moi des lettres, d'accord ?"

"Une toutes les semaines, comme d'habitude, Mère." promit Drago.

Elle eut un petit sourire, puis se tourna vers les trois amis de Drago. Elle sembla hésiter un instant, puis leur fit tous les trois une rapide étreinte, ce qui étonna tout le monde. Drago remarqua que celle qu'elle avait fait à Théo dura plus longtemps que les autres :

"Passez une bonne année. Et aucun de vous ne s'inscrit à ce Tournoi, c'est bien clair ? Je ne supporterais pas de devoir m'inquiéter pour l'un de vous. Allez, faites un bon voyage."

Ils trainèrent leurs valises sur le quai, montèrent dans le train et entrèrent dans le compartiment vide habituel. Ils furent vite rejoints par Crabbe et Goyle :

"Salut les gars !" s'exclama Goyle.

Comme d'habitude, Drago fut le seul à leur répondre :

"Salut. Bon été ?"

"Super." dit Crabbe en s'asseyant sur l'une des banquettes. "Vous avez vu ce qu'il s'est passé à la Coupe du Monde ? Sacré truc, hein ?"

"Ouais, on a vu ça." dit Théo avec un rire ironique.

Malgré leurs habituelles stupidités, Crabbe et Goyle semblèrent comprendre la certaine tension que ce sujet avait apporté dans le compartiment, et ne parlèrent plus de ça. Le train démarra, et pendant longtemps, il n'y eut qu'un long silence. Théo prit son livre et s'allongea sur la banquette pour pouvoir le lire à son aise, comme à chaque voyage dans le Poudlard Express. Drago et Blaise se partagèrent la dernière revue de Quidditch, Attrapeur-Hebdo, et Pansy se plongea dans son propre magazine.

Pendant longtemps, personne ne coupa le silence, chacun plongé dans sa lecture. Crabbe et Goyle s'étaient endormis l'un contre l'autre sur un bout de la banquette de Drago. Soudain, Théo s'exclama, faisant sursauter tout le monde :

"Pansy, qu'est-ce que tu lis ?"

Drago se tourna vers Pansy, et surtout le magazine qu'elle tenait dans ses mains. Elle lisait souvent des revues comme Sorcière-Hebdo, ou de fashion, mais celui-ci, Drago ne l'avait jamais vu. Il s'appelait "Boule de cristal" et la photo de couverture représentait des cartes de tarot qui se superposaient les unes sur les autres.

"Mon magazine ?" dit Pansy, surprise par cette intervention.

"C'est un magazine de Divination ?" demanda Théo.

"Oui ?"

"Quoi ? Mais comment tu peux croire à ces trucs de merde ?" demanda-t-il, estomaqué.

Pansy fut aussitôt offensée.

"Pardon ? Est-ce que moi, je te fais des remarques sur tes lectures ?"

Elle montra du menton le livre qu'il tenait dans ses mains. Drago savait qu'elle faisait allusion aux lectures moldues de Théo, mais comme Crabbe et Goyle étaient là, elle ne les cita pas. Théo ne parut pas décontenancé pour autant :

"Je lis un livre sur Adalbert Lasornette, pour ton information. Et ça ne change rien au fait que tu lis un magazine de Divination."

"Et alors ? J'adore la Divination, c'est ma deuxième matière préférée."

"Quoi ?!" s'exclama Théo en se relevant brutalement. "Tu veux dire que tu crois à ce genre de choses ?"

"Croire ? Je n'ai pas besoin d'y croire, puisque c'est totalement vrai."

Drago avait rarement vu Théo aussi indigné depuis qu'il le connaissait. Ses yeux semblaient sur le point de sortir de leurs orbites tant il était consterné d'entendre ça.

"Mais Pansy… C'est un ramassis de conneries, tu le sais bien ? Tu ne peux pas vraiment croire en ça ?"

"Si !" insista Pansy. "Tout est vrai là-dedans, les horoscopes sont toujours très précis. Je lis le vôtre tous les mois."

"Tu connais nos signes ?" intervint Blaise, impressionné.

Pansy leva les yeux au ciel :

"Evidemment que je connais vos signes ! Drago est Gémeaux, Théo tu es Vierge, et Blaise tu es Scorpion, comme moi."

"Et nous ?" demanda Crabbe en se désignant, lui et Goyle.

Pansy les ignora royalement.

"Je ne savais pas que tu étais intéressée par ça…" dit Théo, scandalisé.

"Tiens, je te lis ton horoscope." dit-elle avec un sourire espiègle. "Vierge : Pour ce mois de rentrée, vous mettrez les bouchées doubles en termes de travail. Vous ne compterez pas vos heures, malgré votre fatigue. Essayez de vous reposer un peu ! Santé : Vous êtes en bonne forme, exceptée cette petite toux de 3 jours, du 18 au 21 septembre. Amour : Célibataires, attendez-vous à de la folie ce mois-ci ! Peut-être que la personne que vous avez en vue fera un pas vers vous ? Vous le découvrirez le 30 septembre."

Pansy releva la tête pendant que Théo éclatait de rire :

"Mais Pans', c'est n'importe quoi !"

"Pourtant, ça te décrit parfaitement bien."

Pansy et Théo se disputèrent sur la légitimité de la Divination sur tout le trajet.

Théo voulait convaincre Pansy que la Divination n'était pas avérée, et Pansy énumérait des preuves "infaillibles" pour contredire ce qu'il avançait. Drago et Blaise n'intervinrent pas, parce qu'ils savaient que trop bien qu'il ne fallait surtout pas déranger leur débat sans fin.

Vers la moitié du voyage, Drago n'en pouvait plus de les écouter débattre, alors il réveilla Crabbe et Goyle qui sursautèrent.

"Venez, on va aller embêter Potter." dit-il avec un petit sourire narquois.

Blaise poussa un soupir :

"Quoi ? T'en as pas marre, Drago ? Chaque année c'est la même chose, tu ne veux pas laisser Potter tranquille, pour une fois ?"

"Les traditions sont les traditions, Blaise."

Il ignora l'exaspération de son meilleur ami et sortit dans le couloir, flanqué par Crabbe et Goyle qui avaient l'air très heureux de servir à quelque chose. Il se dirigea vers le compartiment que Potter, Weasley et Granger utilisaient le plus souvent. Ils étaient bien là, il pouvait les voir à travers la vitre.

S'il était tout à fait honnête avec lui-même, se moquer de Weasley et Potter n'était qu'un prétexte, désormais. Il ne ressentait plus vraiment ce besoin d'aller les embêter. La vraie raison de sa venue, c'était parce qu'il voulait la voir, elle. Il savait qu'elle n'oserait pas lui lâcher ses piques habituelles en présence de ses deux acolytes, mais il avait tout de même envie de la voir.

Et c'était aussi pour vérifier qu'elle allait bien. Même s'il ne l'admettrait à personne au monde.