note: petite divergence au canon dans la chronologie des semaines

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Hermione

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Hermione regarda avec stupéfaction Malefoy s'installer sur la table ronde. Il posa une petite pile de parchemins, une plume, un encrier, un manuel, tout ça en ignorant soigneusement le regard outré d'Hermione qui ne réussit pas à prononcer un mot. Elle se demanda même s'il l'avait vue, et s'il n'allait pas sursauter en se rendant compte que la table était occupée.

"Euh…Cette table est prise, Malefoy." dit-elle d'une voix étranglée.

Malefoy ne leva même pas les yeux et répondit d'un ton tranquille :

"J'ai vu ça."

"Alors, pourquoi tu t'assois là ?" demanda-t-elle, stupéfaite.

Il leva finalement ses yeux gris qu'il plongea sans scrupule dans ceux d'Hermione en arquant un sourcil :

"Excuse moi, cette Bibliothèque t'appartient, Granger ?"

"Non, mais…"

"Les fans de Krum ont tout envahi." dit-il sèchement. "C'est la seule table disponible, alors, je m'asseois là."

"Mais ça ne te dérange pas que je sois déjà là ?"

Elle n'avait jamais entendu Malefoy prononcer autant de phrases à la suite sans lui dire quelque chose de méchant, c'était tellement surprenant qu'elle n'éprouva aucune peine à lui dire aussi crûment. Il haussa simplement les épaules :

"Ça dépend, tu comptes me poser encore beaucoup de questions comme ça, ou est-ce que je vais pouvoir commencer à travailler ?"

"Euh, non. Désolée."

Il ne dit plus rien, ouvrit son manuel de Sortilèges et commença à recopier les différentes incantations du programme de l'année. Hermione était tellement ahurie de partager une table avec Drago Malefoy qu'elle resta une bonne minute à fixer le parchemin sur lequel il écrivait, incrédule. Puis elle se rappela de son propre roman et se remit à lire. L'histoire était soudain beaucoup moins intéressante qu'avant, probablement parce que ce qu'il venait de se passer était tellement choquant qu'elle n'arrivait plus à se replonger dans l'intrigue.

Malefoy resta là longtemps. D'ici, personne de la Bibliothèque ne pouvait les apercevoir, ils étaient bien cachés par les étagères de livres dressées tout autour d'eux. Au bout d'une demie-heure, elle parvint enfin à se détendre pleinement. Elle avait eu peur que Malefoy ne change brutalement de comportement et se mette à l'insulter d'un coup. Mais non. Il étudiait silencieusement, en écrivant machinalement toutes les formules magiques les unes après les autres. Parfois, il survolait son manuel du regard, ou tournait les pages pour lire une définition d'un sort en particulier, qu'il écrivait ensuite. C'était une fiche de révisions, réalisa Hermione.

Elle était au milieu d'une phrase descriptive du château d'Edimbourg quand Malefoy se leva subitement et rangea ses affaires. Puis, il s'en alla en tournant les talons, sans prononcer le moindre mot.

Hermione avait l'impression d'avoir rêvé ce moment. Elle se pinça même sous les mailles de son pull en laine pour vérifier qu'elle n'était pas en train de dormir. Peut-être même qu'Harry n'avait pas été sélectionné et qu'elle raconterait son rêve à un Ron et un Harry hilares au petit-déjeuner. Mais elle eût beau se pincer jusqu'à ce que sa peau devienne rouge, Hermione resta fermement assise à la table reculée de la Bibliothèque.

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Krum se rendit à la Bibliothèque tous les soirs de la semaine, amenant avec lui tout son fan-club de filles qui ricanaient et prenaient toutes les tables disponibles. À chaque fois qu'Hermione quittait la Grande Salle et allait étudier, elles étaient déjà là, comme si elles sautaient le repas pour être là avant que Krum n'arrive.

Malefoy vint tous les soirs, lui aussi. Comme le lundi, il s'asseyait en face d'elle peu de temps après son arrivée et ne lui disait pas un mot, ni un "bonjour" ni un "au revoir" quand il repartait d'un coup sans prévenir. Au bout d'une semaine, Hermione était presque un peu habituée à sa présence, même si c'était toujours aussi étrange.

Il n'étudiait jamais la même chose, il changeait de matière tous les soirs. Parfois, elle voyait qu'il bloquait sur un exercice sur lequel il restait longtemps et qui suscitait de nombreuses rayures sur son parchemin. Mais Hermione ne l'aidait pas, même si elle mourrait d'envie de lui donner la réponse à chaque fois.

Le vendredi soir, Harry vint avec elle à la Bibliothèque. Par miracle, ils trouvèrent une table de libre, la seule qui n'était pas encore occupée par des fans de Krum, assises un peu plus loin. Ils furent dérangés par leurs ricanements incessants toute la soirée, mais Harry arrivait à les ignorer.

Malefoy ne vint pas ce soir-là, comme s'il savait déjà qu'elle ne serait pas seule.

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Drago

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"Encore la Bibliothèque ?" demanda Pansy. "Mais je ne t'ai pas vu de la semaine !"

"Ce n'est pas vrai, j'ai passé la soirée avec toi hier." répondit Drago.

"Qu'est-ce que tu fais là-bas ?" demanda-t-elle, suspicieuse.

"Je révise. Mon père m'a foutu une pression monumentale pour que j'ai de bons résultats cette année et je ne compte pas revenir et me faire hurler dessus encore une fois. Bon, l'interrogatoire est fini ? Je peux y aller ?"

Drago venait de mentir effrontément, parce que son père ne lui avait pas fait la moindre remarque sur sa place dans le classement de l'année précédente, mais Pansy y crut et hocha la tête avant de retourner dans sa conversation avec Blaise et Daphné.

Drago tourna les talons et se rendit donc à la Bibliothèque.

Le fait qu'il s'asseyait en face de Granger était nouveau, pourtant, il n'avait toujours pas réalisé qu'il avait osé le faire. La première fois, il s'était dit "et après tout, j'ai le droit de m'asseoir où je veux, non ? Si j'ai envie de m'asseoir avec Granger, je le fais, ça ne veut rien dire." Pourtant, Drago n'arrivait pas à trouver ça normal d'étudier à quelques centimètres d'elle. Ils n'avaient jamais été aussi proches physiquement sans se disputer.

Au début, il se disait que ça ne voulait rien dire, qu'il s'asseyait là uniquement parce qu'il n'avait pas d'autre place. Pourtant, le fait qu'il n'y soit pas allé après avoir vu Potter rentrer avec elle démentissait ses propres réflexions. S'il était tout à fait honnête avec lui-même, il aimait bien ces moments. Il avait même hâte pendant la journée de se retrouver à la Bibliothèque avec elle, même s'ils ne se parlaient jamais. Ce qui l'empêchait d'en profiter pleinement, c'était la peur que ses parents l'apprennent.

Il avait érigé toute une liste d'excuses plausibles au cas où son père ou sa mère seraient mis au courant de ça. Pourtant, une semaine s'écoula et il ne reçut aucune Beuglante des Malefoy. De toute façon, il ne voyait pas comment ils auraient pu être au courant, étant donné que personne ne pouvait les voir à la table du fond de la Bibliothèque, et que s'ils se faisaient remarquer, il y avait peu de chance que l'élève en question aille tout balancer à ses parents. Ça ne l'empêchait pas de regarder anxieusement les hiboux voler dans la Grande Salle tous les matins.

Granger était déjà installée quand il entra dans la Bibliothèque. Elle avait un thé fumant à côté d'elle et était plongée dans la lecture d'un manuel en fronçant les sourcils. Quand il tira la chaise, elle leva la tête vers lui mais ne dit rien, et se replongea dans son manuel. Drago ne pouvait pas voir le titre du livre mais il comprit que ça devait être son option sur les runes, parce que le texte qu'elle avait sous les yeux ne comportait aucune lettre de l'alphabet grec.

Il se mit à travailler silencieusement sur les Potions. C'était sa matière préférée, donc il ne considérait pas vraiment comme ça comme du travail mais plutôt de l'apprentissage optionnel. Il aimait bien lire ça, ça le détendait.

L'heure s'écoula. Dehors, il pleuvait, et les gouttes de pluie qui tombaient sur le toît et les vitres produisaient un son très satisfaisant. De temps en temps, Granger buvait des gorgées de thé, sans lâcher son texte des yeux. Puis, elle ferma son manuel et changea de matière. Elle avait désormais une grande carte du ciel et des étoiles, probablement un cours d'Astronomie.

Drago était en train de lire un paragraphe sur les bienfaits de la plante de la livèche quand Granger brisa le silence instauré entre eux depuis des jours :

"Ton nom vient d'une constellation."

Ce n'était pas une question, plutôt une énonciation d'un fait. Drago leva la tête, pris de court. Granger ne le regardait pas, elle était toujours en train d'étudier la grande carte d'Astronomie.

"Euh… Quoi ?" demanda Drago.

"Ton prénom. Il vient d'une constellation, non ?"

Avant que Drago puisse répondre, elle sortit une pile de livres de son sac qu'elle posa sur la table :

"J'ai fait quelques recherches." dit-elle, le plus sérieusement possible. "Et je me suis rendu compte que la famille des Black utilisait toujours des noms de constellation ou d'étoiles pour nommer leurs descendants. Andromeda, Orion, Cassiopeia, Cygnus et Drago sont des constellations."

"Tu as fait des recherches sur mon prénom ?" demanda Drago, perplexe.

"Oui." dit-elle, comme si c'était une chose évidente à faire un samedi soir. "J'ai appris que ta constellation était celle du Dragon, et que les quatre étoiles de la tête sont situées juste au-dessus de celle d'Hercule, et qu'en septembre, une pluie de météores, les Draconides, illumine la tête de Draco."

"Je…"

"Mais ta maman, Narcissa, c'est ça ? C'est la seule de ta famille qui n'est pas nommée d'après une constellation, ou une étoile, ou une comète. C'est la seule de la famille Black a être nommée d'après une fleur, la Narcissus. Et pourtant, elle a continué la tradition en nommant son fils unique comme une constellation. Pourquoi ?"

"Tu es bien trop curieuse, Granger." dit-il en cachant son étonnement.

Elle fronça les sourcils, comme si cette réponse n'était pas assez satisfaisante.

"Je me suis simplement renseigné là-dessus, c'est tout. Je n'avais jamais réalisé que ton prénom venait d'une constellation, on ne l'a pas encore étudiée en cours d'Astronomie." pesta-t-elle en rangeant ses bouquins.

"Si on ne l'a pas encore vu, pourquoi tu t'intéresses à ça ?"

Elle répondit sans le regarder :

"Je m'avance, c'est tout."

"Tu n'as pas autre chose à faire ?" demanda-t-il, soudain moqueur. "Comme aider Potter à ne pas se faire tuer dans un Tournoi, par exemple ?"

Elle eut un léger frisson en entendant ça, mais fit comme si elle s'en fichait :

"Je le fais aussi. Je suis capable de faire plusieurs choses en même temps, Malefoy."

"Tant mieux pour toi. Ça doit être fatiguant de constamment devoir aider ton célèbre ami qui se fout dans un pétrin pas possible."

"Il ne s'est pas foutu dans le pétrin." corrigea-t-elle méticuleusement. "Quelqu'un a mis son nom dans la Coupe de Feu."

"Oh bien sûr !" s'esclaffa Drago. "C'est ce qu'il t'a dit ?"

"Oui."

"Et tu le crois ?"

Elle finit par lever ses yeux qui lançaient des éclairs :

"Évidemment que je le crois. C'est mon meilleur ami, quand il me dit quelque chose, j'y crois."

"Alors, tu es naïve." asséna-t-il.

"Si le nom de Pansy Parkinson était sorti de la Coupe de Feu, et qu'elle t'avait assurée qu'elle ne s'était jamais inscrite, est-ce que tu la croirais ?" demanda-t-elle sur le champ.

Drago ne réfléchit même pas :

"Non."

"Alors, tu ne dois pas avoir beaucoup confiance en tes amis." dit Granger.

"Si. Je ne suis simplement pas ami avec Potter, à qui il semble arriver toutes sortes de choses extraordinaires sans qu'il le veuille."

"Parce que tu penses vraiment que c'est une chose extraordinaire ? C'est un tournoi très dangereux !" protesta Granger.

Malgré leur débat animé, ils n'élevaient pas la voix, ce qui était assez étrange. D'habitude, ils finissaient toujours par se disputer et Drago subissait une nouvelle crise de colère. Là, il était parfaitement détendu. Peut-être grâce à la pluie qui battait toujours sur les fenêtres.

"Je trouve ça simplement bizarre que de tous les élèves de cette école, ce soit Potter qui ait été sélectionné, c'est tout." asséna-t-il.

"Si tu mettais ta jalousie maladive de côté, tu verrais que ce n'est pas si surprenant."

"Ma jalousie maladive ?!" répéta Drago en riant. "Moi, je suis un jaloux maladif de Potter ? Tu dis n'importe quoi, Granger. Tu ne sais pas quoi inventer pour ton pote, que tu crois aveuglément. Réveille toi Granger, personne n'a mis son nom dans la Coupe de Feu, il l'a fait tout seul, pour avoir l'attention sur lui, comme d'habitude."

"Harry ne ferait jamais ça." répliqua-t-elle, sûre d'elle.

"Pourquoi est-ce que quelqu'un irait mettre son nom, alors ?"

"Parce que Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom veut se venger peut-être ?" lâcha-t-elle brutalement.

Drago perdit aussitôt son sourire. Soudain, il y eut un silence gêné. Il n'avait jamais envisagé que la conversation puisse prendre une tournure aussi obscure. Granger souffla du nez et se pencha de nouveau sur sa carte, visiblement perturbée.

Au bout d'un long moment de silence, Drago déclara alors :

"En tout cas, moi, je suis pour Diggory. J'ai parié avec Blaise et Pansy qu'il allait être choisi."

Il n'avait aucune idée de pourquoi il partageait cette information à Granger. Peut-être pour diffuser ce moment tendu, ou simplement pour l'intéresser suffisamment pour que son regard noir se transforme en lueur intéressée.

"Et tu as parié qu'il va gagner ?" demanda-t-elle.

"Non. Je ne sais pas si je parierais sur lui… Krum est redoutable aussi."

Il se tourna machinalement vers Krum. Il ne pouvait pas vraiment le voir à cause des rayons de bibliothèque, mais il savait qu'il était là, parce qu'il s'asseyait toujours à la même table ces derniers temps.

Quand il se tourna de nouveau vers Granger, ses yeux brillaient de malice. Drago la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle était en train de préparer quelque chose.

"Alors, moi, je te parie que c'est Harry qui va gagner. Je parie… Tu as parié combien, avec Parkinson et Zabini ?"

"10 Gallions."

Elle écarquilla un peu les yeux, surprise par le montant élevé qu'ils avaient mis en jeu. Elle réfléchit et annonça :

"Je te parie 5 Gallions."

"Tu n'as pas assez." répliqua Drago avec un sourire mauvais. "Tes parents sont moldus, tu vas me payer en pouns ou je sais pas quoi."

Contrairement à ce qu'il aurait pensé, elle ne fut pas blessée par cette réflexion, elle haussa simplement les épaules avec son air malicieux. Les coins de sa bouche étaient étirés.

"J'ai bien plus que ça." dit-elle calmement. "Mais si tu as peur de perdre, tu peux refuser."

Il tendit tout de suite la main :

"Non non. Je parie sur Diggory."

"Pas de Krum ?"

"Disons que si c'est Krum ou Delacour, ça sera égalité, et on ne doit rien à l'autre. Deal ?"

Elle accepta et serra sa main dans la sienne. C'était la deuxième fois qu'ils pariaient quelque chose, et c'était la deuxième fois qu'il prenait sa main. Elle était surprenamment chaude et bien plus petite que la main de Drago, pourtant, elle embrassait parfaitement la sienne. Il essaya de montrer que ce contact ne lui faisait rien, alors qu'en vérité, il eut un frisson et serra le poing sous la table.

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Hermione

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Hermione voyait bien qu'Harry était malheureux, mais elle n'avait aucune idée de comment l'aider pour qu'il se sente mieux. Ron et lui étaient toujours fermement décidés à ne plus s'adresser la parole, et elle passait donc tout son temps à jongler entre les deux.

"Je m'en fous qu'il ait mis son nom dans la Coupe ou pas, Hermione." lui disait sèchement Ron pendant le petit-déjeuner. "J'en ai juste marre d'être perçu comme le meilleur ami qui traîne derrière lui comme un petit chien. Si tu veux appeler ça de la jalousie, vas-y, mais je suis sûr que tu réagirais pareil si tu étais à ma place."

"Je m'en fiche pas mal qu'il refuse de me parler." lui assurait Harry à voix basse pendant les cours. "S'il pense que c'est une partie de plaisir de se faire pointer du doigt à chaque fois que je croise quelqu'un, qu'il échange avec moi, rien ne me ferait plus plaisir."

Hermione avait décidé de simplement écouter sans broncher, parce qu'elle avait beau essayer de réconcilier les deux, ça ne servait à rien. Les seules personnes qui ne prenaient pas part à la dispute étaient Neville, Ginny, et Malefoy. Et étonnamment, le dernier était celui avec qui elle passait le plus de temps.

Ron traînait avec Fred et George, et Harry restait avec Seamus et Dean. Alors, quand Hermione était à la Bibliothèque, c'était souvent seule. Et Malefoy la rejoignait à chaque fois. Le fan club de Krum était toujours aux aguets et le regardait étudier, même si ça semblait beaucoup le contrarier, et Malefoy en profitait pour prendre la place libre à sa table.

Le dimanche soir, après le dîner de la Grande Salle, Harry se leva et Hermione lui proposa :

"Tu veux venir avec moi à la Bibliothèque ? Je dois rédiger des messages pour inciter les gens à adhérer à la S.A.L.E…"

"Non merci." répondit aussitôt Harry. "Je vais me coucher tôt."

Hermione devait avouer qu'elle n'était pas particulièrement déçue qu'il ne vienne pas, parce qu'elle savait que Malefoy allait s'installer à la table reculée de la Bibliothèque si Harry ne l'accompagnait pas.

Elle sentit le regard du Serpentard sur elle, mais quand elle tourna la tête vers lui, Malefoy était en pleine conversation avec Pansy Parkinson. Elle sortit de la Grande Salle avec Harry qui lui dit au revoir au pied de l'escalier, et Hermione prit la direction de la Bibliothèque. Quand elle arriva, elle fit un rapide hochement de tête à Mrs. Pince, puis traversa la salle principale pleine de tables occupées. Quand elle passa à côté de lui, Krum leva la tête et lui fit un geste de la main pour la saluer.

Hermione fut si surprise qu'elle vérifia derrière elle pour voir si ça lui était bien adressé. Puis, en voyant qu'il l'avait vraiment saluée elle, elle lui fit un "coucou" de la main. Quand elle continua sa marche, elle subit plusieurs regards enragés des filles qui l'observaient de loin. Elle n'y fit pas attention et continua de zigzaguer dans les rayons pour trouver sa table fétiche du moment.

Elle s'installa, déposa ses listes de la S.A.L.E sur la table, son carnet et sa boîte de badges. Hermione fit exprès de mettre tout de son côté de la table et de ne pas empiéter sur l'espace de Malefoy. Puis, elle alla chercher un exemplaire de "Droits des créatures magiques inférieures". Quand elle retourna à la table, Malefoy y était déjà installé.

"Bonsoir Malefoy."

C'était la première fois qu'elle le saluait. D'habitude, ils ne parlaient pas, excepté la veille. Il arqua un sourcil et dit de sa voix traînante :

"Bonsoir."

Il ne portait pas son uniforme, et était habillé exclusivement en noir, avec un col roulé. Sa peau pâle contrastait avec la couleur de sa tenue et faisait ressortir davantage ses yeux gris, qui détaillaient ses devoirs d'Arithmancie dans un balayement concentré.

Hermione s'installa de nouveau devant lui et commença son travail. Elle écrivit une liste des adhérents de la S.A.L.E jusqu'à maintenant, puis s'appliqua à écrire des sortes de prospectus en parchemin pour inciter les gens à s'inscrire en écrivant les mesures phares qu'elle voulait mettre en place.

"Travail rémunéré", "Droit à des jours de congé et des jours de repos dans la semaine", "Nombre d'heures de travail imposées par un contrat" et "Un recours à la violence interdite en toute circonstances" étaient les premières. Elle les écrivit soigneusement sur le papier, puis chercha de l'inspiration dans la section "elfes de maison" du livre qu'elle avait emprunté en buvant son thé à la menthe, parce qu'elle n'avait plus de sachets de cannelle.

Ce fut probablement le bruit persistant des badges en métal qui s'entrechoquaient dans la boîte qui poussa Malefoy à regarder ce qu'elle faisait. Il ne se gêna pas pour lui demander, stupéfait :

"Qu'est-ce que tu fous, Granger ?"

"Je travaille sur mon association."

"La sale ? C'est quoi, une association de défense contre ton…"

"Chut ! Pas de commentaire sur le nom "sale", Ron a déjà tout épuisé. Désolée."

Malefoy se tut. En réalité, elle avait l'impression qu'il voulait faire une référence à son sang, et elle ne voulait pas entendre parler de ça. Elle continua d'écrire son prospectus, et Malefoy reprit la parole :

"Travail rémunéré ?" lit-il à haute voix. "Nombre d'heures imposées par un contrat ?" C'est quoi ce truc ?"

"C'est la S.A.L.E. Une association que j'ai créée pour la défense des droits des elfes de maison."

Elle savait que ses joues avaient rosi en disant ça, mais elle gardait la tête fièrement relevée pour montrer qu'elle n'avait pas honte de son projet. Malefoy éclata tout de même de rire :

"Quoi ?! Non, tu te fous de ma gueule ?"

"Pas du tout. Je défends ces pauvres créatures magiques qui n'ont pas de droits, et qui sont maltraitées !"

"Mais… C'est dans leur nature !"

"De se faire violenter tous les jours ? De travailler comme des acharnés tous les jours, jour et nuit, sans se faire récompenser d'une quelconque manière ?" rétorqua-t-elle.

"Oui !"

Hermione fit le même regard à Malefoy qu'à Ron.

"Comment réagirais-tu, toi, si on te demandait de faire tout ça ?" demanda-t-elle d'un ton de plus en plus impatient.

"On me le demanderait pas, parce que j'ai eu assez de chance de ne pas être né dans le corps d'un elfe de maison."

Hermione soupira, fatiguée d'avance de ce débat sans fin.

"De toute façon, je ne sais même pas pourquoi je t'en parle. Tu fais partie de ceux qui en ont un, et tu as maltraité Dobby toute ta vie. Tu n'as aucune pitié pour eux."

Il fronça les sourcils :

"Mes parents ont maltraité Dobby, c'est vrai. Mais qu'est-ce qui te fait dire que moi aussi ?"

"Parce que tu es comme eux."

Il parut véritablement blessé par cette phrase :

"Ah bon ? Tu le penses vraiment ?"

"Tu crois à la pureté du sang ou je ne sais pas quoi, et tu participes à l'esclavage des elfes de maison. Si tu étais contre, tu te serais déjà révolté contre ça depuis longtemps, et tu n'aurais pas profité des pauvres conditions des elfes pour ton propre intérêt."

"Si je croyais vraiment à la pureté du sang, tu crois vraiment que je serais assis là ce soir ? Tu penses que mon père l'aurait fait ?"

Hermione s'arrêta subitement de parler en entendant ça et regarda curieusement Malefoy. Il n'avait pas l'air d'avoir anticipé de dire ça et retourna rapidement à son manuel d'Arithmancie. Mais Hermione ne voulait pas laisser une occasion pareille pour lui poser des questions :

"Si tu n'y crois pas, pourquoi est-ce que tu t'entêtes à me le répéter toutes les semaines depuis plus de trois ans, alors ?"

Malefoy soupira et continua de parler en étant toujours penché sur ses formules :

"Parce que, comme pour les elfes de maison, j'ai été éduqué avec ça. Pansy aussi, et Blaise aussi, et Crabbe, Goyle. Si tu avais vécu dans les mêmes conditions que moi, je pense que tu n'aurais pas été surprise de la vie des elfes."

"Et ça ne te gêne pas ? De savoir que tu leur infliges ça ?"

Malefoy soupira une seconde fois :

"Tu es beaucoup trop curieuse, Granger."

"Oui, on me le dit souvent. Ça ne répond pas à la question."

"Non. Parce que pour moi, c'est normal."

"Mais regarde !" pressa Hermione en lui fourrant le livre sous le nez. "Regarde ce qu'ils vivent ! Comment fais-tu pour ne pas ressentir la moindre once d'empathie pour eux ? Regarde comme ils sont traités ! Tu dois le voir tous les jours chez toi ! Tu aimerais être insulté comme ça, forcé de travailler ?"

"Laisse tomber, Granger." dit-il froidement en repoussant le livre. "Je ne suis pas intéressé."

Hermione grommela et retourna à son livre, irritée. Elle n'avait jamais parlé à quelqu'un qui utilisait un elfe, et l'entendre l'animait d'une rage encore plus vive.

Malefoy resta silencieux pendant longtemps, alors Hermione fit de même et lut le peu d'articles qu'elle trouva sur les elfes de maison. Elle écrivait certaines idées sur un parchemin brouillon, pour compléter son prospectus. Soudain, alors que leur endroit de la Bibliothèque était plongé dans le silence, Malefoy souffla bruyamment et posa sa plume.

"Tu as compris le cours de lundi dernier, en Arithmancie ?" demanda-t-il d'une petite voix fébrile.

Hermione avait remarqué qu'il avait du mal avec ce cours. Elle l'avait même remarqué le lundi précédent, parce qu'il n'avait cessé de raturer tout ce qu'il écrivait et de marmonner des paroles inintelligibles à force de ne pas comprendre. Elle continua d'écrire "Possibilité de refuser une demande faite par son employeur" en répondant :

"Évidemment que je l'ai compris."

"Tu peux… Je sais pas, m'aider ?"

Hermione pouvait voir que ça lui coûtait beaucoup de faire une telle requête. Drago Malefoy devait vraiment être au bord de la crise de nerfs pour s'abaisser à demander de l'aide à Hermione Granger, la fille qu'il méprisait. Mais elle ne flancha pas :

"Ok."

"C'est vrai ?"

"Oui, si tu adhéres à la S.A.L.E. C'est deux Mornilles par adhérent, ça te donne le droit à un badge. Et tu peux proposer à d'autres personnes de nous rejoindre comme ça…"

Mais elle fut interrompue par le rire de Malefoy.

"J'ai dit non, Granger."

Malgré son refus, Hermione ne put s'empêcher de sourire. Son rire était contagieux, ce n'était pas le rire mauvais qu'il avait à chaque fois, celui-là était sincère et Hermione ne put s'empêcher de l'imiter.

Il continua d'écrire, ou plutôt de rayer grossièrement les formules qu'il écrivait, jusqu'à trouer son parchemin avec le bout de sa plume. Hermione n'arrivait plus à se concentrer, elle était trop occupée à lorgner sur le travail de Malefoy. Au bout d'un moment, elle ne tint plus :

"Ce n'est pas ça du tout, tu n'as pas la bonne méthode."

"J'ai bien remarqué, ça !" s'énerva Malefoy en jetant sa plume sur le bureau. "Mais je ne comprends rien, ça n'a aucun sens ! Ce manuel de…"

"Hé, hé ! Calme toi, ce n'est pas comme ça que tu vas y arriver !" coupa Hermione.

Malefoy reposa le manuel, interloqué. Hermione prit une grande inspiration et demanda :

"Est-ce que tu sais ce que c'est, l'Arithmancie ?"

Malefoy le prit mal. Il se recula sur son siège et siffla :

"Ok, d'accord, fous toi de ma gueule. Je vois. La Miss-Je-Sais-Tout qui…"

"Malefoy ! Tais-toi et écoute-moi, mon Dieu !"

Cette fois, il écarquilla grand les yeux, et obéit. Hermione reprit son explication :

"L'Arithmancie, c'est comme la Divination, mais avec des nombres. Tu peux prédire l'avenir avec des formules, tu peux anticiper un événement, sauf que comme c'est des mathématiques, c'est ancré."

Elle eut soudain l'image de la boule de cristal de Malefoy qui lui vint à l'esprit, lui qui pleurait, courbé en deux. Mais elle la chassa et continua :

"Les formules que tu vois là, elles servent à titre d'exemple. Quand tu auras compris comment elles fonctionnent, tu pourras créer tes propres suites de nombres. Et après, ça vient tout seul !"

"Ok…" dit Malefoy, à voix basse, comme s'il craignait qu'elle s'énerve encore une fois. "Mais le problème, c'est que je ne comprends rien à ces formules."

"Si, tu les comprends. Tu n'as juste pas compris à quoi elles servent."

Elle poussa sa chaise pour s'approcher de lui et l'aider à écrire. Il sursauta presque en la voyant avancer, mais elle n'y fit pas attention et commença à écrire plusieurs suites de chiffres en lui expliquant à chaque fois à quoi ils renvoyaient. Il l'écouta attentivement, sans la couper une seule fois. Il avait l'air vraiment intéressé, et à la fin, il comprit.

"Voilà, c'est ça." l'encouragea Hermione. "Donc maintenant, prends les exercices à faire pour demain et essaies, et je te dirais si tu as bon ou pas."

Il changea de parchemin et Hermione reprit sa place d'en face. Elle l'entendit gratter sur son papier pendant de longues minutes mais se força à ne pas regarder, pour ne pas le déranger. Il marmonna :

"J'ai l'impression d'être Londubat."

Elle ne comprit pas du tout ce qu'il voulait dire et releva les yeux de son livre sans comprendre :

"Quoi ? Neville n'est pas en Arithmancie."

"Je sais." dit-il. "Je parle de vos petites séances de travail, les samedis. J'ai l'impression d'avoir une tutrice, ou un truc comme ça."

Elle fit les yeux ronds.

"Comment sais-tu que j'aide Neville ?"

Il eut un rictus :

"Oh, Granger. Ça fait depuis la première année que tu le retrouves tous les samedis à la même heure pour travailler, tout le monde l'a remarqué."

Elle fronça les sourcils. Même Ron et Harry ne savaient pas pour ces séances avec Neville. Pas parce qu'elle ne leur avait jamais dit, mais parce qu'ils ne le retenaient pas. Tous les samedis depuis la première année, à chaque fois qu'elle se levait pour aller rejoindre Neville, Ron lui demandait : "Tu vas où ?"

Le fait que Malefoy le sache la décontenançait énormément. Mais elle n'eut pas le temps d'y réfléchir parce que Malefoy poussa son parchemin vers elle avec un air dédaigneux :

"Alors ? J'ai bon ?"

Elle lut les formules dans sa tête. Elle remarqua qu'il avait une très belle écriture, un peu en italique.

"Oui, tout bon."

"Ah, j'ai hâte de voir la tête de Théo demain ! Il n'a rien compris non plus." dit-il en ricanant.

"Alors, tu devrais lui dire de venir aussi." dit-elle sans réfléchir. "Je pourrais l'aider."

Malefoy la regarda avec une tête bizarre :

"Non, c'est déjà assez étrange comme ça."

Il rangea ses affaires en laissant une Hermione dubitative. Puis, il se leva, passa son sac sur l'épaule, et sembla hésiter sur quelque chose à dire en partant. D'habitude, il ne lui disait jamais au revoir, il se contentait simplement de partir sans un mot. Là, il réfléchit, puis lâcha :

"À plus tard, Granger."

Elle le regarda partir et disparaître derrière les rayons de livres. Elle s'était douté qu'il ne lui dirait pas "merci", parce que ça ne lui ressemblait pas du tout. Drago Malefoy ne remerciait jamais personne.

Hermione resta assise à la table, mais elle n'arrivait plus à lire correctement. Toute sa tête était prise par Malefoy, et son comportement étrange de ces derniers jours. Elle se demanda si la relation qu'ils avaient depuis la première année, c'est-à-dire conflictuelle, n'était pas en train de changer.

Peut-être qu'il allait se mettre à ne plus l'insulter, ou Harry, ou Ron, et qu'ils pourraient devenir amis ? Elle l'espérait, parce que pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, il n'avait plus rien d'un garçon arrogant.

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"Mettez vos exercices sur vos pupitres, je vais les corriger pendant que vous travaillerez sur une nouvelle suite de nombres que je vais vous écrire au tableau."

Hermione acquiesça et sortit son devoir d'Arithmancie. Elle jeta un coup d'œil en biais à Malefoy, qui était assis de l'autre côté de l'aile de la classe, mais ce dernier ne fit pas le moindre signe qui aurait pu prouver qu'ils l'avaient fait ensemble la veille. Il sortit son parchemin et le posa à son tour.

Ensuite, Hermione se mit à écrire la suite que la professeure Vector avait mise au tableau pendant qu'elle passait dans les rangs. La professeure ratura quelques endroits du parchemin de Théodore Nott qui grimaça, puis regarda rapidement celui de Malefoy :

"Très bien Malefoy, excellent." commenta-t-elle en continuant sa marche vers le fond de la classe.

Théodore hoqueta :

"Quoi ?! Fais voir ça !"

Il arracha le parchemin des mains de Malefoy et le contempla, éberlué :

"Mais comment t'as réussi à faire tout ça ? T'es censé être nul dans cette matière !"

"Hé ! J'ai travaillé, c'est tout. Tu devrais faire pareil." répondit Malefoy avec un rictus narquois.

Théodore parut extrêmement offensé :

"Travailler… Je fais que ça, de travailler ! Je passe mon temps à lire mon manuel d'Arithmancie, et toi, tu y arrives du jour au lendemain ? Je m'en fous, tu vas tout me réexpliquer. Je t'ai déjà aidé plein de fois, tu m'en dois une."

Il bouda tout le reste du cours, et Hermione avait du mal à ne pas rire comme Malefoy.

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Drago

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"Tu es nul pour expliquer, Drago." dit Théo avec un soupir.

Il froissa en boule le parchemin sur lequel il travaillait.

"C'est toi qui ne comprend rien !" se défendit Drago.

Ils étaient tous les deux assis par terre, à côté de la table basse devant le canapé qu'ils utilisaient souvent dans la Salle Commune, où Pansy et Blaise étaient assis et plongés dans une discussion. Théo avait étalé tous ses livres d'Arithmancie et peinait à comprendre la leçon qu'il tentait d'apprendre, qui était très mal enseignée par Drago.

Il ne pouvait pas avouer que c'était Granger qui l'avait aidé à comprendre, alors il essayait tant bien que mal de lui réexpliquer comme elle l'avait fait, sans succès. Étrangement, quand elle n'était pas avec lui, c'était beaucoup plus difficile de se concentrer et de se rappeler des conseils qu'elle lui donnait.

"Laisse tomber." intervint Pansy avec un sourire moqueur. "Il est nul dans tout ce qui est lecture d'avenir, horoscope, divination…"

"Ce n'est pas de la divination !" riposta Théo, agacé. "C'est des nombres, de la logique, ça n'a rien à voir avec de la prédiction !"

C'était exactement le contraire de ce que lui avait dit Granger, mais Drago ne démentit pas, parce qu'il aurait été incapable de lui expliquer clairement pourquoi.

Daphné s'approcha de leur table à ce moment-là :

"Hey, j'ai entendu dire que vous faisiez un petit pari entre vous sur les champions de Poudlard ?" dit-elle en prenant place à côté de Pansy.

"Ouais ! Tu veux parier aussi ?" proposa Blaise.

"Ok." dit Daphné. "Je parie que Fleur va gagner le Tournoi. 10 Gallions."

Blaise haussa les sourcils :

"Pari risqué, mais d'accord."

"Risqué ? Pourquoi ?" demanda Pansy. "Elle est super forte."

"Pans', Krum et Diggory sont dans la compétition."

"Oui, mais Fleur a du potentiel." dit Daphné avec un sourire. "Quand je lui ai parlé, elle était confiante."

"Tu lui as parlé ?" demanda soudain Blaise, très intéressé. "Elle était comment ? Tu penses que je peux…"

"Oh, Zabini…" dit Pansy en souriant. "Tu ne crois tout de même pas que tu as une chance avec elle ?"

"Oh que si." dit Blaise avec fierté.

"Tu dis ça juste parce qu'elle est blonde, et belle." commenta Daphné.

"En même temps, il ne dirait pas ça si elle était rousse et moche." fit remarquer Théo.

Tout le monde éclata de rire.

"J'aime bien les rousses." commenta Blaise. "Mais Fleur… C'est quelque chose. Tu ne trouves pas, Dray ?"

Le concerné leva la tête en entendant son nom, jeta un regard furtif à Pansy pour voir si elle n'était pas jalouse, et haussa simplement les épaules :

"Ça va. Mais je ne suis pas très blonde."

Pansy releva les épaules en entendant ça, visiblement soulagée. Drago préféra changer de sujet :

"Je ne savais pas que vous aviez prolongé les paris sur les gagnants."

"Normal, tu ne viens pratiquement plus ici les soirs, tu passes ton temps à la Bibliothèque." grinça Pansy.

Il l'ignora et demanda :

"Alors, vous avez parié sur qui ?"

"Moi, Krum." annonça Blaise. "10 Gallions."

"Comme Daphné, Fleur." dit Pansy.

"Ok, alors moi je parie sur Diggory." dit Drago pour la deuxième fois en une semaine. "Personne n'a parié pour Potter ?"

Tout le monde rit une seconde fois :

"Potter ? Autant jeter ses Gallions dans le Lac Noir. Impossible." dit Blaise.

"C'est Diggory, le vrai champion de Poudlard. À bas Potter." déclara Pansy.

Drago se répéta cette phrase plusieurs fois dans la tête.

"On dirait un slogan." dit-il évasivement.

"Ouais, c'est vrai." réalisa Pansy. "Il faudrait l'écrire sur une banderole, et l'accrocher dans la Grande Salle, pour que Potter tombe dessus au petit-déjeuner."

Drago ricana, et pendant que les autres continuaient de discuter, il réfléchit. Il repensa à l'association débile de Granger, la sale, et ses petits badges qu'elle trimballait partout.

"Non… Pas une banderole… J'ai une autre idée."

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Hermione

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Le reste de la semaine fila à toute vitesse, et Hermione passait toutes ses soirées à la Bibliothèque. Harry l'accompagna pendant les heures de déjeuner pour s'entraîner sur les Sortilèges d'Attraction qu'il n'arrivait pas à réaliser. Et le soir, Malefoy s'asseyait à sa table et travaillait avec elle.

Certaines soirées, ils ne se parlaient pas du tout, et d'autres, ils échangeaient quelques phrases. Malefoy se moquait toujours de la S.A.L.E dès qu'elle sortait sa boîte de badges, mais elle s'efforçait de l'ignorer et continuait à travailler.

Le mardi et jeudi, Harry vint avec elle, parce qu'il se sentait seul et qu'il ne voulait pas retourner à la tour de Gryffondor sans elle. Et ces deux soirs-là, Malefoy ne vint pas à la Bibliothèque. Hermione se demandait comment il pouvait savoir qu'elle n'était pas seule sans même rentrer dedans pour vérifier.

Le vendredi après-midi, Harry était particulièrement déprimé. Il était tellement maussade qu'il fut incapable de réaliser le moindre "Accio", et même si Hermione prônait le fait qu'il fallait étudier la théorie pour y arriver, elle savait en son for intérieur qu'il n'y arrivait pas parce qu'il était triste. Elle le savait, parce que quand Ron et Harry l'avaient ignorée l'année précédente, elle avait été beaucoup moins douée en cours. Elle voulait expliquer à Harry que la magie jouait beaucoup sur le moral, mais elle avait peur qu'il le prenne mal et préféra ne rien dire.

Ils mangèrent tous les deux en silence et se rendirent en cours de Potions. Depuis que Ron ne lui parlait plus, Harry semblait souffrir encore plus de ces cours en particulier, alors ce fut à contre-cœur qu'il traversa les cachots vers la classe de Potions.

Au loin, Hermione vit alors le groupe de Serpentards composé de Drago Malefoy, Pansy Parkinson, Blaise Zabini, Théodore Nott, Crabbe et Goyle, et quelques filles qu'Hermione ne connaissait pas.

Ils étaient tous en train de rire et se tournèrent vers eux quand ils s'approchèrent. Hermione vit alors plusieurs badges accrochés à leur robe de sorciers. Dessus, il était écrit en lettres rouges : "Vive Cedric Diggory, le vrai champion de Poudlard !"

Elle sentit Harry se tendre à côté d'elle.

"Ça te plaît, Potter ?" demanda Malefoy de sa voix traînante. "Et ce n'est pas tout, regarde !"

Il appuya sur son badge et le message de soutien envers Cedric fondit pour laisser apparaître un autre message, où il était écrit en lettres vertes : "À bas Potter". Tous les Serpentards firent la même chose, et d'un coup, tous les badges devinrent verts avec le message scintillant, et ils éclatèrent de rire. Hermione remarqua que Théodore Nott était le seul à ne pas avoir de badge : il était adossé contre un mur des cachots et ne participait pas à la conversation, plongé dans un livre.

"Oh, mais c'est très drôle ça." siffla Hermione à l'adresse de Pansy Parkinson qui riait à gorge déployée. "Vraiment très spirituel."

"Tu en veux un, Granger ?" demanda Malefoy en se tournant vers elle. "J'en ai plein. Mais ne me touche pas la main, je viens de la laver et je ne voudrais pas me salir au contact d'une Sang-de-Bourbe."

Hermione haussa les sourcils en fixant Malefoy. Elle repensa aux deux fois où ils s'étaient serrés la main pour parier en secret. Qu'il n'avait pas émis la moindre remarque à ce moment-là qu'elle puisse être "sale". Et que lui-même avait tendu sa main vers elle, pour parier sur Diggory.

En plus, elle était sûre qu'il était en train de faire une référence cachée à son association, ce qui l'énervait encore plus.

D'ailleurs… Elle observa les badges. Ils étaient exactement comme ceux qu'elle avait fabriqués, ceux qui étaient dans sa boîte en métal et qu'elle avait conçu à la Bibliothèque, devant lui. Elle sentit la colère monter en elle : il s'était inspiré de son travail pour faire ça, et se moquer d'Harry ! Et en plus, il l'insultait pour faire rire tout le monde !

Elle voulut lui répliquer quelque chose, quelque chose qui pourrait lui faire aussi mal que ce qu'il lui faisait ressentir à ce moment-là. Hermione fixa ses yeux gris, froids, méchants, réfléchit à ce qu'elle pouvait lui lancer, quand elle fut bousculée par Harry. Elle se tourna vers lui et vit qu'il avait sorti sa baguette magique, qu'il pointait sur Malefoy.

Elle l'avait rarement vu aussi énervé de sa vie.

"Harry !" s'écria-t-elle en lui attrapant férocement le bras.

"Vas-y, Potter." dit Malefoy froidement, sa baguette tendue, lui aussi. "Maugrey n'est pas là pour te protéger, cette fois-ci. Alors, fais-le si tu as quelque chose dans le ventre…"

Hermione ne reconnaissait pas le garçon en face d'elle. Il n'avait rien à voir avec le garçon de la Bibliothèque, qui n'avait jamais élevé la voix, qui ne lui disait rien de méchant. Ce garçon-là était froid, et animé par une colère glaciale qui lui faisait un peu peur.

Ils lancèrent un sort en même temps :

"Furunculus !" cria Harry.

"Dentesaugmento !" cria Malefoy.

Les jets de lumières des deux baguettes s'échappèrent au même moment, rentrèrent en collision l'une avec l'autre et ricochèrent violemment. Hermione vit la lumière rose de Malefoy rebondir et l'atteindre en plein milieu du visage. Tout de suite, elle ressentit alors une profonde douleur, comme si sa gencive s'ouvrait en deux.

Elle gémit de douleur, et put juste apercevoir l'inquiétude se peindre sur les traits de Malefoy avant qu'elle ne ferme les yeux.