tw : émétophobie à la fin du chapitre (début du dernier POV de Drago)
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Drago
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Drago était assis à la table reculée de la Bibliothèque depuis déjà près d'une heure. Le dîner était terminé, il n'y avait presque plus personne qui étudiait. Il tapait des doigts le bord de la table sans le réaliser.
Peut-être qu'elle n'allait pas venir ?
Peut-être qu'elle en avait eu marre de réviser à la Bibliothèque après cette semaine de travail acharné avec Potter ? Peut-être avait-elle envie de profiter d'une soirée calme, sans devoirs ?
Ou alors, et cette pensée effrayait énormément Drago… Peut-être avait-elle décidé d'arrêter de venir réviser avec lui ? Peut-être estimait-elle que c'était trop dangereux ? Que Potter et Weasley lui en voudraient ? Peut-être n'avait-elle même pas réalisé qu'elle ne passait plus ses soirées avec lui ?
"Malefoy, tu me dois 10 Gallions !" résonna une voix derrière lui.
Il détestait l'admettre, mais l'entendre arriver dans son dos devait être le moment le plus palpitant de sa semaine. Il cessa tout de suite de tapoter la table avec ses mains, et ne réussit pas à chasser le sourire qui se dessina sur ses lèvres.
"Bonsoir, Granger." répondit-il d'une voix qui ne trahissait pas du tout sa joie.
Granger s'assit en face de lui avec une pile de livres dans ses bras. Elle n'avait pas de sac, elle avait dû le déposer dans son dortoir avant de redescendre, après le dîner. Il ne restait que deux heures avant la fermeture de la Bibliothèque.
"Tu me dois 10 Gallions." répéta-t-elle, fière d'elle.
Elle posa ses livres sur la table et Drago savait qu'elle les rangeait par ordre de lecture sans s'en rendre compte, probablement par ordre des cours qui allaient venir.
"Et pourquoi je te devrais 10 Gallions ?"
"Parce qu'Harry a gagné." répondit-elle, comme si c'était évident.
Drago se pencha en arrière sur sa chaise et croisa les bras sur sa poitrine.
"Il a gagné la première épreuve, et il est ex-aequo avec Krum." corrigea-t-il. "Le pari tenait pour tout le Tournoi, Granger. Et, en plus, c'était 5 Gallions."
"Alors, je change à 10."
"Ce n'est pas très juste." dit-il avec un sourire en coin.
"Pourquoi, tu as peur de payer trop cher quand il gagnera tout le Tournoi ?" demanda-t-elle malicieusement.
Drago ricana. Si elle savait comme son coffre débordait à Gringotts, et que 10 Gallions représentait qu'une infime partie de sa richesse…
"Pas du tout. Je dis juste que Potter a eu de la chance, tu ne devrais pas parier toutes tes économies sur la chance du débutant."
Elle éclata de rire, un rire soudain, ponctué, comme un "ah !" sonore.
"De débutant ? Il a fait le meilleur temps !"
"Oh Granger… Tu ne vas pas oser me dire qu'il a réussi ça tout seul ?"
"Qu'est-ce que tu veux dire ?" demanda-t-elle, faussement surprise.
"Tu l'as aidé."
"Pas du tout."
Encore une fois, il pouvait détecter ce qu'elle pensait juste en observant son visage. Il pouvait voir que ses lèvres menaçaient de s'étirer dans un sourire coupable, qu'elle essayait vainement de cacher en baissant la tête sur ses livres.
"Arrête, Granger. Admets au moins que tu as révisé avec lui. Je vous ai vu, l'autre jour."
"Pour ton information, je m'entraînais à lancer Accio, et il s'avère qu'il en avait besoin aussi, donc je l'ai invité à se joindre à moi." expliqua-t-elle d'une voix beaucoup trop fluette pour être sincère.
"Tu sais lancer Accio depuis la première année." dit Drago, imperturbable. "Et je n'ai jamais vu Potter passer autant de temps dans cet endroit depuis que nous sommes à Poudlard. Tu peux balancer ce genre de baratin à Weasley ou Londubat, mais pas à moi, Granger."
Son ton était plein de défi, et elle y répondit avec autant de vigueur :
"Tu dis n'importe quoi, Malefoy. Et puis, depuis quand tu penses que je suis aussi brillante que ça ? Tu as toujours dit que je ne méritais pas la première place du classement."
Drago émit un nouveau rire moqueur.
"Je n'ai pas dit le contraire, je dis juste que tu es définitivement plus douée que Potter. C'est flagrant. Après, concernant le classement, je suis toujours persuadé que tu triches."
Granger haussa les sourcils et il se retint de rire. Il ne pensait pas vraiment qu'elle trichait, il suffisait de compter son nombre d'heures à la Bibliothèque pour se rendre compte que cette fille était la plus studieuse de Poudlard, mais voir sa réaction à ce genre de théorie était tellement drôle qu'il ne se lassait pas de lui dire.
"Que je triche ?" répéta-t-elle. "Mais voyons."
Elle faisait semblant de ne pas être intéressée, mais il pouvait voir que ça piquait sa curiosité. Elle fouilla dans son sac quelques secondes et dénicha son intemporelle tasse de thé verte. Elle posa un sachet dedans et rajouta de l'eau brûlante.
"Oui, comme l'année dernière, avec ton petit Retourneur de Temps…" (elle tiqua très légèrement en entendant ça) "Le fait que tu sois née dans une famille de Moldus est une preuve suffisamment plausible pour dire que tu triches."
"Je pense que toi et tes amis n'êtes juste pas capables de comprendre comment une Née-moldue peut vous battre."
Cette fois-ci, le sourire arrogant de Drago disparut. Elle avait raison, et elle n'avait même pas tressailli en disant ça, elle en était persuadée. Elle faisait tourner le sachet de thé dans sa tasse en observant Drago, qui ne savait pas trop quoi dire pour répliquer.
"Tu vois ?" dit-elle après plusieurs secondes de silence. "Je sais qu'au fond de toi, tu sais que je ne triche pas. Tu ne comprends simplement pas comment je fais. Et d'ailleurs, je suis aussi persuadée que tu as eu un peu peur, ne serait-ce qu'un petit peu, pour Harry, hier."
"Non, pas du tout." mentit-il.
"Arrête. Je suis sûre que quand tu as vu ce dragon, tu as eu peur pour ton ennemi. Au fond de toi, je sais que tu tiens suffisamment à lui pour espérer qu'il ne meure pas."
"C'est faux." dit-il, légèrement troublé qu'elle puisse deviner des sentiments si enfouis. "Je savais qu'il ne mourrait pas, parce que je savais qu'il serait aidé par toi, que tu avais probablement trouvé un plan pour le sortir de là."
Granger ne fit pas de commentaire, même si elle souriait toujours, et ouvrit le premier livre de sa pile. De là où il se tenait, il ne pouvait pas voir quelle matière elle voulait travailler. Il fit semblant de lire le livre qu'il avait apporté lui aussi, et dont il venait seulement de poser les yeux dessus depuis qu'il était entré dans la Bibliothèque. Mais il n'avait même pas lu la première ligne du chapitre avant que Granger ne l'interrompt :
"Tu révises l'Astronomie ? Sérieusement ?"
"Oui, pourquoi ?" demanda Drago.
"Tu n'as pas besoin, on étudie ta constellation !" dit-elle avec un rire.
"Ce n'est pas trop mon truc."
Granger fronça les sourcils.
"Tu n'arrives pas à voir ta constellation ?" demanda-t-elle.
Un peu gêné, il retourna sur sa carte astrale avec un rire sarcastique.
"Si, j'y arrive parfaitement…"
"Ah oui ? Alors, montre la moi sur la carte ?"
Drago contempla l'étendue des étoiles sur sa carte astrale et réalisa qu'il était incapable de le faire.
"Je… J'ai du mal à voir, elle est à l'envers."
Granger leva les yeux au ciel et tira la carte vers elle pour la placer au centre de la table.
"Pourquoi as-tu autant de mal à dire que tu ne comprends pas quelque chose, Malefoy ?"
Elle posa son doigt sur un amas d'étoiles à droite de la carte :
"Ça, c'est la Petite Ourse. Si tu suis à partir de la seconde étoile de la branche, tu trouveras le haut de la Draconis."
Elle lui montra ce qu'il cherchait et Drago ne put que dire piteusement :
"Ah. Merci."
Granger lui rendit sa carte et ajouta :
"Je pensais que de toutes les matières, tu n'aurais pas besoin de réviser l'Astronomie, cette semaine. Tu n'avais pas cours d'Astronomie, avant Poudlard ?"
"Non. Du moins, pas avec un professeur. Pansy m'apprenait. Elle a toujours été douée pour l'Astronomie." expliqua-t-il.
"Et elle n'a t'as jamais montré la tienne ?"
Drago faillit rire en entendant ça. Elle avait dû lui pointer du doigt une bonne centaine de fois, il était simplement trop nul pour la visualiser.
"Si, mais je n'ai jamais retenu sa forme."
"Si j'avais une constellation à mon nom, je la connaîtrais par coeur." dit Granger. "J'aurais envie de tout savoir dessus."
"Pansy pense pareil. C'est pour ça qu'elle s'évertue à me la montrer à chaque fois."
Il pensa soudain à quelque chose et se sentit obligé de lui faire savoir. Il n'était pas habitué à faire ce genre de chose, alors il prit du temps pour refaire la phrase dans sa tête plusieurs fois, pendant que Granger lisait son livre. Ses cheveux étaient retenus par une pince dorée et il fixa ça jusqu'à ce qu'il se lance d'une voix peu assurée :
"D'ailleurs… Granger, en parlant de Pansy…"
Elle leva la tête et ses yeux se plissèrent en voyant l'embarras de Drago.
"Oui ?"
"Je voulais te dire…" il toussota, dans l'espoir de dissiper sa gêne, sans succès. "Je suis désolé pour ce qu'elle t'a dit, la dernière fois, pendant le cours d'Astronomie."
"De quoi tu parles ?" demanda Granger, sincèrement perdue.
"Quand elle a lu l'article de Skeeter devant toi, qu'elle s'est moquée de tes dents."
Granger ne cacha pas sa surprise.
"Rien de ce que je n'avais jamais entendu avant." dit-elle.
"Je sais. Je voulais simplement m'excuser, c'était pas gentil de te balancer ça."
Granger était tellement étonnée qu'elle faillit corner son livre sans s'en rendre compte tant elle se pencha dessus :
"Depuis quand Drago Malefoy s'excuse-t-il d'une action qu'il n'a même pas commise ?"
"Depuis maintenant." avoua-t-il.
"Tu sais que tu m'as dit des choses bien plus horribles qu'une citation de ce maudit article ?"
Il avala difficilement sa salive. Pourquoi avait-il voulu parler de ça ?
"Ouais, je sais, je voulais juste… Je sais pas, je pensais que ça serait la bonne chose à faire, je ne recommencerai plus si ça te dérange !"
Il croisa de nouveau ses bras contre sa poitrine.
"Pourquoi est-ce que tu te refermes dès que je fais la moindre remarque ?" dit-elle avec un soupir. "Merci, Drago. C'est très gentil de t'excuser, même si ce n'est qu'au nom de Parkinson."
Il hocha la tête et ils ne parlèrent plus pendant longtemps. Drago abandonna rapidement l'Astronomie, c'était définitivement une matière qu'il n'aimait pas et lire le nom des constellations lui donnait mal à la tête.
Quand un élève de la Bibliothèque fit crisser sa chaise en reculant, Drago cessa de lire son livre de Potions et réalisa qu'il était l'heure de fermeture. Il pouvait entendre les claquements des talons de Madame Pince inspecter les rayons.
"Granger, ça va fermer."
Elle émergea de sa lecture, les traits encore marqués par la concentration.
"Oh d'accord."
Comme d'habitude, elle avait oublié son thé et le but froid. Il devait être trop infusé, elle fit une légère grimace en le buvant.
Drago était en train de ranger ses affaires quand elle toussota légèrement. Cette fois, c'était elle qui était gênée, elle avait les joues roses et évitait de le regarder.
"Hm, je voulais te dire… Comme tu t'es excusé tout à l'heure, il y a quelque chose que je voulais te dire depuis longtemps, mais je n'ai jamais trop… trouvé le moment… ou le courage…"
Elle marmonnait plus qu'elle ne parlait, il pouvait à peine entendre ce qu'elle disait.
"Quoi, Granger ?" pressa-t-il.
Il avait peur que Madame Pince les voient tous les deux assis à la même table.
"Euh oui, en fait… Je voulais simplement te remercier."
Drago arqua un sourcil, attendant qu'elle continue.
"Cet été." dit-elle d'une voix aiguë. "Quand les Mangemorts sont arrivés à la Coupe du Monde, et qu'on t'a croisé à l'entrée du bois, tu as suggéré que j'aille me cacher, et même si tu l'as déguisé avec ton dédain habituel, je sais que c'était pour dissimuler un vrai conseil, alors… Merci. Tu m'as aidée à réaliser que j'étais vraiment en danger et que je devais faire attention."
Il fut tellement choqué de ses mots qu'il ne répondit, d'abord, rien. L'entendre parler de ça lui rappelait un souvenir qu'il avait tenté d'éloigner le plus possible. Il pouvait presque encore sentir l'odeur de toile brûlée dans l'air, les cris qui perçaient de part et d'autre d'eux, le visage teinté d'inquiétude de Granger en face de lui, son propre cœur qui fracassait ses côtes tant il avait eu peur pour elle.
Il secoua la tête très légèrement. Granger avait maintenant les joues rouges, mais elle affrontait son regard. Il n'aurait jamais pensé qu'elle puisse lui parler de ça à cet instant. Depuis quand ce remerciement lui trottait-il dans la tête ?
"Oh. Et bien… Je suppose que je n'avais pas envie de perdre mon ennemie jurée, même si elle peut-être insupportable, quand elle le veut." dit-il dans un souffle.
Elle sourit, le visage brûlant, ramassa ses livres et déguerpit.
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Hermione
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Retrouver ses deux amis étaient comme une bouffée d'air frais. Ron et Harry étaient réconciliés, ils pouvaient enfin être ensemble comme avant. Ils mangeaient ensemble, s'asseyaient ensemble en cours, passaient leur temps libre ensemble, et Hermione savourait. Une fois perdue, elle se rendit compte à quel point cette amitié lui était importante, et elle ne voulait plus jamais qu'ils se disputent de la sorte.
Avec la première tâche du Tournoi terminée, Hermione avait perdu l'angoisse quotidienne qui la tenaillait depuis des semaines. Elle n'avait plus une once de stress, et Harry non plus. Il riait de nouveau, ce qui détendait enfin son visage qui était crispé depuis trop longtemps. Le fait d'avoir Ron lui avait redonné le moral. Et Hermione aussi, parce que si Harry et Ron étaient heureux, alors elle l'était aussi.
Mais avoir retrouvé ses deux amis voulait aussi dire qu'elle passait moins de soirées à la Bibliothèque, et ses séances avec Drago étaient considérablement plus rares qu'avant. Au début, elle n'y faisait pas trop attention, jusqu'à ce qu'elle réalise assez vite qu'elle aimait bien passer du temps avec lui. Elle pensait que c'était qu'une simple distraction aux disputes d'Harry et Ron, alors qu'en réalité, elle avait hâte de se rendre à la table reculée.
Discuter avec Malefoy était différent, captivant. Quand ils discutaient, ils étaient rarement d'accord, et souvent leur discussion partait dans des débats, ou des répliques cinglantes qui stimulaient Hermione bien plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle adorait parler avec Harry et Ron, mais c'était différent, parce qu'avec Malefoy, elle n'avait pas peur de dire ce qu'elle pensait, et c'était… libérateur.
Elle n'alla pas beaucoup à la Bibliothèque pendant la fin du mois de Novembre. Malefoy venait à chaque fois qu'elle s'asseyait à leur table, cependant. Ils ne parlaient pas beaucoup, mais c'était toujours plaisant de lever la tête et de le regarder lire, presque apaisant.
Le mois de Décembre arriva, faisant tomber les quelques degrés qui restaient sur les thermomètres et apportant une nouvelle couche de neige épaisse aux alentours du Château.
La vie à Poudlard reprit son cours normal : Harry et Ron ne révisaient toujours pas, Neville excellait en cours de Botanique, Ginny et elle prenaient tous leurs petits-déjeuners ensemble, quelques élèves continuaient de citer l'article de Skeeter à Harry, Krum s'asseyait toujours à sa table de la Bibliothèque, et Hermione raconta toutes les aventures d'Harry à ses parents et à Danny dans des longues lettres.
Le premier jeudi du mois, Hermione était en train de prendre son petit-déjeuner avec Ginny dans la Grande Salle. Cette dernière était en train de réviser le Maléfice du Saucisson qu'elle était censée savoir lancer pendant son cours de la matinée. Elle lisait la définition encore et encore en soupirant :
"Je n'y arrive pas ! C'est la seule fois où je n'arrive pas à jeter un sort en Sortilèges, et tu vas voir que Flitwick va me faire pratiquer devant toute la classe !"
"Ginny, relax. Une fois que t'as le geste, tu y arriveras. Essaie encore une fois." l'encouragea Hermione en mangeant son porridge.
La rouquine soupira, prit sa baguette en bois d'if et la pointa sur le pichet de jus de citrouille en face d'elle :
"Petrificus Totalus !"
Puis, elle inspecta le pichet.
"Il est exactement pareil." se lamenta-t-elle. "Comment est-ce que je suis censée savoir si j'ai réussi à pétrifier un objet inanimé ?"
"Je suis sûre que ce pichet est encore plus figé qu'avant." dit Hermione avec l'ombre d'un sourire.
Ginny se replongea dans sa lecture et Hermione mangea tranquillement le reste de son porridge. À la fin de sa lecture, Ginny soupira une nouvelle fois :
"Je vais me ridiculiser."
"Pourquoi tu vas te ridiculiser ?" demanda Fred, qui venait d'arriver, suivi de George, Harry, Ron et Neville.
"Parce que je n'arrive pas à lancer le Maléfice du Saucisson, et que j'ai cours de Sortilèges dans 20 minutes ! Si seulement je pouvais l'essayer sur quelqu'un de vivant…"
Toutes les têtes autour de Ginny se levèrent brutalement et chacun d'entre eux parlèrent d'une même voix : "pas moi !". Ginny regarda Neville, le seul qui n'avait pas pensé à le dire, avec un air de supplice.
"Ah non !" s'écria le garçon avec une voix paniquée. "J'ai déjà donné, moi. Vous vous souvenez, en première année ?"
"Allez Neville, s'il te plaît ! J'en ai besoin pour aujourd'hui… Je te revaudrai ça…"
"Désolé Gin'." dit Neville avec un ferme hochement de tête.
Ginny se tourna successivement vers Ron, Fred et George.
"Pourquoi nous ?" s'exclama Fred.
"Parce que vous êtes mes frères ?" proposa Ginny.
"Hors de question. Je viens de me réveiller." dit Fred en étalant du beurre sur sa tartine.
"Sans moi." dit Ron fermement.
"S'il vous plaît !" supplia Ginny. "J'ai toujours réussi en cours de Sortilèges, je ne veux pas que Flitwick sache que je n'arrive pas ce sort… Je vous revaudrai ça, je vous le promets !"
"Désolé Gin." dit Fred.
"Je vous achèterai des Crèmes Canari !" ajouta Ginny à l'adresse de Fred et George. "Je convaincrai des premières années de servir de cobayes pour vos inventions…"
Ils paraissaient hésitants, mais continuèrent de refuser. Ginny abattit sa dernière carte :
"Vous avez promis à maman de m'aider !"
"On a promis de t'éloigner des mauvais garçons et de ne pas te faire défigurer le visage pendant un duel de baguettes, pas de servir de statues !" contesta Fred.
"S'il vous plaît…"
"Bon, d'accord." concéda George, à la surprise générale. "Je suis d'accord. Après tout, c'est vrai que nous avons juré à maman de t'aider, de te soutenir dans les moments difficiles, de toujours être là pour toi quand tu auras besoin…"
Il avait prononcé ces mots d'un ton dramatique qui fit éclater de rire Harry, Hermione et Ron, et fit froncer les sourcils de Ginny.
"Ok, alors tu acceptes ?"
Pour prouver sa bonne foi, George se leva du banc et se mit au milieu de l'allée, attirant les regards des autres élèves.
"Vas-y, balance ça."
Ginny n'hésita pas. Elle prit tout de suite sa baguette, la pointa sur son frère et lança :
"Petrificus Totalus !"
Le sortilège sortit aussitôt de sa baguette et alla s'éclater contre George, qui se figea instantanément de la tête aux pieds, les jambes et les bras serrés. Il n'eut même pas le temps d'écarquiller les yeux. Au moment où il se balança légèrement en arrière, Ron le rattrapa au dernier moment d'une main et l'accompagna vers le sol.
"Voilà, je t'avais dit que tu y arriverais Ginny !" s'écria Hermione. "Parfaitement bien exécuté !"
"Oui, il faut croire que j'ai compris." répondit-elle, fière d'elle.
George était toujours inanimé sur le sol. Hermione s'apprêtait à lui lancer le contre-sort quand Fred proposa :
"On ne le laisserait pas un peu là ?"
Tout le monde accepta d'un vigoureux hochement de tête et continuèrent de manger. S'il avait pu parler, George aurait sans doute émis une faible plainte, mais ses lèvres étaient aussi scellées que son corps.
Les hiboux s'engouffrèrent tous par les fenêtres en même temps. Harry chercha du regard Coquecigrue, l'hibou de Ron, dans l'espoir de voir une réponse de Sirius, mais il était encore beaucoup trop tôt pour ça. Hermione, cependant, reçut une lettre de ses parents, accompagnée de celle de Danny. Elle l'intercepta et remarqua que Malefoy, de l'autre côté de la salle, avait lui aussi reçu une lettre de sa famille, comme chaque semaine.
Il s'en empara tout de suite et la lut en buvant son café. Hermione pouvait voir Pansy Parkinson se pencher vers lui pour lire la lettre en même temps que lui.
Hermione déroula sa lettre et lut des nouvelles de ses parents et de Danny avec un sourire. Danny lui demanda de transmettre ses félicitations à Harry, mais elle ne le fit pas, parce qu'elle n'avait jamais vraiment parlé de Danny à Harry et Ron.
Quand elle finit sa lecture, elle retourna à la conversation qui avait lieu à la table des Gryffondors :
"-petite démonstration de nos Crèmes Canari aux élèves, pour essayer d'en vendre un peu plus." finit Fred.
"Ce soir ? D'accord." dit Ron en haussant les épaules. "Je n'en achèterai pas, mais ça sera toujours drôle de voir des premières années se transformer en canaris."
"Et toi, Hermione, tu accepteras de nous acheter une ou deux crèmes ?" demanda Fred d'un ton narquois.
"Certainement pas. Et en plus, je ne serai pas là ce soir, je dois réviser mon cours de Métamorphose à la Bibliothèque pour cet essai à rendre avant les vacances."
"Parfait, personne pour nous embêter avec le règlement scolaire ! Hein, Georgie ?"
Fred se tourna vers sa gauche, avant de se rappeler qu'il était toujours immobilisé par terre.
"Oh, pardon Georgie." dit Fred avec un sourire machiavélique sur son visage. "Je ne t'avais pas vu."
Hermione prit sa baguette et la pointa sur George :
"Finite Incantatem."
George se releva douloureusement sous les éclats de rire des Gryffindors, et même des Poufsouffles à côté. Il était renfrogné et ne regarda même pas Ginny quand il lui annonça :
"C'était la dernière fois que je t'aidais pour tes devoirs."
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Drago
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Le jeudi soir, après leur cours de Métamorphose et un dîner rapide, Drago n'eut pas de mal à s'éloigner de ses amis. Avec le temps, ils s'étaient habitués aux escapades de Drago et ne lui demandaient même plus où il allait. Pansy alla dehors fumer une cigarette dans la neige en compagnie de Blaise et Théo, et Drago prit la direction de la Bibliothèque après avoir vérifié qu'ils ne faisaient plus attention à lui.
Elle était déjà assise à la table, son thé déjà prêt et oublié à côté d'elle. Quand il arriva, elle leva la tête et lui fit un petit sourire.
"Bonsoir." dit-elle.
"Bonsoir Granger. Déjà là ? Potter et Weaslaid t'ont enfin lâché la grappe ?"
Le visage amical de Granger s'affaissa légèrement.
"Ils ne m'ont pas lâchée la grappe, je passe simplement du temps avec eux. Tu es jaloux, Malefoy ?"
"Pas le moins du monde." affirma-t-il en prenant place en face d'elle. "Je dis simplement qu'ils ont l'air de se reparler, c'est tout."
Granger sourit très légèrement et balaya son parchemin de la main pour enlever les résidus de gomme dans un geste automatique :
"Oui, on peut dire ça. Depuis la première tâche, ils se reparlent."
"Ils ont enfin ouvert leurs esprits trop fermés pour s'ouvrir à la possibilité que l'autre puisse avoir raison ?" railla Drago.
Granger arqua un sourcil immédiatement :
"Tu es bien placé pour parler d'esprit fermé. Tu es la personne la plus têtue que je connaisse."
Drago décida d'ignorer cette dernière phrase.
"Alors, Weasley et Potter se reparlent, donc tu passes toutes leurs journées avec eux maintenant, c'est ça ?"
"C'est ça." dit-elle d'un ton décidé. "Ça te pose un problème ?"
"Non." répliqua-t-il. "Pas du tout. Ça m'étonnait simplement de ne plus te voir autant travailler à la Bibliothèque. Tu dois avoir des semaines et des semaines de retard sur ton planning, maintenant. Tu as fini l'essai de Botanique pour mardi ?"
Elle écarquilla grand les yeux et chercha tout de suite son planning sur la table, qu'elle apportait à chaque fois et qu'elle refusait de montrer à Drago. Il était caché sous un parchemin, elle le tira et lut rapidement quelques lignes.
"On a pas d'essai en Botanique." dit-elle en fronçant les sourcils.
"Non, j'ai inventé." dit-il, juste pour savourer la peur se dessiner sur son visage.
Granger remit son planning sur la table avec un soupir :
"Ha-ha-ha-ha. Très drôle. À ta place, je commencerai plutôt à réviser le cours d'Arithmancie pour les examens, ce n'est pas moi qui ait du mal à lire une charte."
"Les examens ? Granger, nous sommes en décembre."
Elle haussa les épaules et se reconcentra sur son essai. Il savait déjà lequel c'était : celui de McGonagall, à rendre avant les vacances. Elle l'avait terminé en avance, comme d'habitude. Il pouvait distinguer quelques illustrations qu'elle avait ajoutées pour expliquer la théorie du sortilège d'Evanesco.
Drago préféra avancer sur le programme de Potions plutôt que d'écouter Granger et d'étudier l'Arithmancie. Il avait pour but de finir le programme de cinquième et sixième année en avance, en partie pour dépasser Théo et Granger l'année prochaine, mais aussi parce que les autres matières ne l'intéressaient pas. De toute façon, il savait déjà qu'il se spécialiserait dans les Potions après Poudlard, il n'avait pas besoin d'avoir des excellentes notes dans les autres matières.
Ils travaillèrent en silence, comme d'habitude. Pour une fois, Granger n'avait pas oublié son thé, elle le buvait de temps en temps sans quitter le texte des yeux. Puis, une heure avant la fermeture de la Bibliothèque, elle rangea ses parchemins. Drago remarqua qu'elle avait deux essais de Métamorphose :
"Pourquoi tu as deux parchemins différents pour le même devoir ?" demanda-t-il.
Étrangement, elle rougit un peu.
"Euh… Je corrige celui de Ron."
"Tu fais ça à chaque fois ?" demanda-t-il avec un rire moqueur. "Corriger les essais de Potter et Weasley ?"
"Non, bien sûr que non. Uniquement dans les matières où ils ont du mal."
Drago ne se gêna pas pour éclater de rire, ignorant le regard noir qu'elle lui lança.
"Oh, Granger, je t'en prie, donne moi une matière où Ron Weasley n'a pas du mal. Juste une seule."
Elle réfléchit, il pouvait voir qu'elle ne trouvait pas. Ses lèvres se pincèrent et elle ne répondit pas à la question :
"J'ai parfaitement le droit de corriger le devoir de mes amis. J'ai le temps, je ne vois pas pourquoi je ne les aiderait pas."
"Alors, fais les payer, au moins."
Elle plissa les yeux.
"Pardon ?"
"Théo fait ça. Il fait les devoirs des autres, en échange d'argent."
"C'est vrai ?!" demanda-t-elle, surprise.
"Ouais. Il le fait pour Crabbe et Goyle depuis au moins deux ans. Autant te dire qu'ils en ont besoin. Théo fait trois essais à chaque fois." répondit-il d'un ton blasé.
"Et ils payent combien ?"
"Aucune idée. 10 Gallions le parchemin, je crois ?"
Drago haussa les épaules, alors que Granger était toujours aussi effarée. Visiblement, elle était à la fois impressionnée par la quantité de travail de Théo et de sa place dans le classement, mais à la fois dégoûtée d'une telle pratique. Elle alternait entre les deux derrière ses yeux voilés.
Elle finit par opter :
"Je trouve ça malhonnête. S'il veut aider ses amis, il ne devrait pas leur faire payer pour autant."
"Crabbe et Goyle ne sont pas les amis de Théo. Il n'y a que moi qui m'entend bien avec eux."
Drago avait la faculté de se dévoiler beaucoup plus à Granger qu'aux autres, comme s'il n'arrivait pas à contrôler son flot de paroles. Il n'avait aucune idée de comment la conversation avait pu passer à Weasley et arriver à ses amis, mais en tout cas, la curiosité malsaine de Granger avait pris le dessus :
"Et Parkinson aussi ? Il lui fait ?"
"Non." dit-il, même s'il n'en était pas sûr. "Elle ne le paye pas, du moins."
"Pourquoi Nott demanderait-il de l'argent à Crabbe et Goyle ?" enchaîna Granger, perplexe. "Il n'en a pas besoin, il doit être excessivement riche, non ?"
Drago ne préféra pas répondre. Les problèmes d'argent de Théo ne le concernait que lui, il n'aurait pas aimé qu'il en fasse part à Granger. Après tout, personne à Poudlard mis à part Blaise, Pansy et lui savaient que Théo avait été rayé de la lignée familiale.
"Tu devrais faire ça pour Weasley, tu peux être sûr qu'il ne te demandera plus rien."
"Tais-toi." lâcha-t-elle brutalement pour l'empêcher de continuer de parler de la pauvreté des Weasley. "Je ne ferai jamais ça."
Elle enroula les deux essais, puis sortit de son sac son carnet de l'association des elfes de maison et le livre qu'elle lisait souvent sur les créatures magiques inférieures. Elle commença à lire, mais il pouvait voir qu'elle n'était plus aussi enjouée qu'avant. Elle avait même l'air un peu triste.
Drago la regardait souvent, incapable de détecter ce qui n'allait pas. Un instant elle était taquine, l'autre elle était toute renfermée. Il n'aimait pas trop ça, il avait l'impression de l'avoir blessée, ça l'empêchait de se concentrer.
Quand elle soupira, un long soupir plein de désespoir, il se jeta à l'eau :
"Quoi ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?"
Il essaya de se refaire leur conversation dans sa tête. Était-ce la remarque sur le fait que Weasley était pauvre ? Pourtant, ce n'était pas nouveau, il devait faire référence aux coffres vides de Gringotts des Weasley au moins une fois par semaine.
"Non." dit-elle sans lever la tête. "C'est juste que… Laisse tomber."
Maintenant sûr que ce n'était pas de sa faute, Drago était soudain plus intéressé.
"Qu'est ce qu'il se passe, Granger ? Tu n'as eu qu'un Efforts Exceptionnels dans une matière ? Londubat a annulé votre dernière séance de révision ? Un professeur ne t'a pas donné de points depuis plus de deux jours ?"
"Non, rien de tout ça. Laisse-moi tranquille." lâcha-t-elle.
Trop tard, elle avait piqué sa curiosité. Il n'allait pas arrêter de lui demander ce qui n'allait pas. Peut-être que si elle relevait la tête de son stupide livre, il pourrait le lire sur son visage.
"Granger ? Hého ?" appela-t-il plusieurs fois. "Granger ? Tu vas m'expliquer ?"
"Rien !" s'énerva-t-elle.
"Attention, tu vas finir par faire trop de bruit et te faire virer de la Bibliothèque." conseilla-t-il, plus pour la taquiner qu'une véritable menace. "Tu ferais mieux de me dire tout de suite, sinon…"
"Qu'est-ce que ça peut te faire ?" coupa-t-elle en levant la tête.
"Rien. Je préfère juste avoir quelqu'un d'aimable à cette table, pas ce gnome de jardin."
"La seule personne qui n'est pas aimable à cette table, Malefoy, c'est toi, depuis toujours." répliqua-t-elle. "Et puis, je ne peux pas te dire ce qui ne va pas, parce que tu vas te moquer de moi, comme d'habitude."
"Non, ce n'est pas du tout mon style."
Elle leva les yeux au ciel et replongea dans son livre. Elle était vraiment perturbée par quelque chose pour ne pas sourire en entendant ça. Il essaya de prendre le carnet de son association mais elle lui tapa le dos de la main pour qu'il interrompe son geste.
"Aoutch ! Ok, Granger, dis moi ce qui ne va pas ou tu ne sortiras pas de cet endroit. De toute façon, je vais me moquer de toi, ce n'est qu'une question de minutes, alors, balance."
Elle fut partagée, puis se résigna :
"C'est juste que… La S.A.L.E ne marche pas autant que je le voulais, c'est tout."
"Quoi ? Comment ça ?"
"J'espérais que plus de gens soient plus investis dans le projet." expliqua-t-elle en montrant du doigt le livre qu'elle lisait. "J'ai l'impression d'être la seule qui est véritablement révoltée par le traitement des elfes de maison ! Personne n'y fait attention !"
Il eut envie de lui dire qu'elle était bel et bien la seule, mais la moquerie n'arrivait soudainement plus à passer sa bouche. La voir aussi troublée l'empêchait d'être railleur, il ne savait pas quoi dire, alors il dit simplement :
"Oh."
"Je sais bien que des personnes ont adhéré, mais aucun d'eux ne montre le moindre intérêt dedans. Je commence à perdre ma motivation." finit-elle en se mordant la lèvre.
Elle montra du doigt son carnet, ouvert à la page des noms. Il pouvait apercevoir Potter, Weasley, Ginny Weasley, Londubat, et quelques autres noms qu'il ne connaissait pas vraiment. La page n'était même pas remplie en entier.
"Voilà, tu peux te moquer de moi, maintenant. De mon association pathétique dont tout le monde se fiche." dit-elle en buvant son thé, prête à recevoir les répliques sarcastiques de Malefoy qu'elle attendait.
Il réfléchit, mais ne trouva rien. En réalité, il était un peu peiné pour elle, parce qu'il pouvait voir tous les efforts qu'elle faisait et ça n'avait pas marché. La voir abandonner était tellement soudain et inattendu que ça le prenait de court.
"Tu as essayé de faire… des actions ? Pour revendiquer ta cause ?" proposa-t-il.
Son ton sérieux étonna Granger, qui se redressa sur sa chaise. Elle jaugea si c'était une tentative de se moquer d'elle en le regardant suspicieusement :
"Qu'est-ce que tu veux dire ?"
"Je veux dire, tu as essayé de rallier des gens à ta cause en leur montrant, plutôt qu'en leur expliquant ? La moitié des élèves de Poudlard n'ont jamais vu un elfe de maison de leur vie, si quelqu'un travaillait pour moi sans se voir, j'aurais du mal à me rendre compte de ses conditions de vie."
"J'ai demandé à Fred et George de m'emmener dans les cuisines de Poudlard, mais ils refusent que j'y aille, parce qu'ils ont peur que je commence une rébellion chez les elfes et qu'ils refusent de leur donner à manger."
"Et ? Ce n'est pas ce que tu veux ?"
Granger était perplexe. Elle réfléchissait, alors Drago continua :
"Quand tu as commencé ton association, tu voulais accorder plus de droits aux elfes de maison. On s'en fout des adhérents, le plus important, c'est que tu réussisses ce que tu avais entreprit dès le départ. Va dans les cuisines, va parler aux elfes, et tu décideras d'un plan d'action à partir de là."
Soudain, Granger sembla légèrement plus convaincue qu'au début de la conversation. Il n'avait aucune idée de comment il avait pu l'inciter à faire un truc pareil, il n'était même pas d'accord avec ses principes à la base. Mais la voir hocher frénétiquement la tête, déterminée, suffisait à lui balayer ses propres convictions.
"Tu as raison ! Merci, Drago !"
Elle rangea ses affaires à toute vitesse et se leva.
"Je rentre. Je vais réfléchir à ce que tu m'as dit. Merci !"
Et elle s'en alla, et Drago ressentit une étrange sensation dans le ventre, comme lorsqu'il regardait Pansy ouvrir un cadeau qu'elle attendait depuis longtemps, ou qu'il donnait une bonne nouvelle à sa mère. De la reconnaissance.
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Drago
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Le dernier cours du vendredi était Potions, partagé avec les Gryffondors. C'était incontestablement la matière préférée de Drago, parce qu'elle combinait : un sujet qu'il aimait, un professeur qu'il appréciait, et le fait de pouvoir regarder Granger couper les ingrédients de sa potion comme si sa vie en dépendait, ce qui le faisait toujours rire.
Il était en train de mélanger le contenu bleu de sa potion paralysante qu'il était censé rendre à la fin du cours. Granger découpait des racines de fleur impatiemment, en jetant des regards sur les autres chaudrons de la classe pour vérifier qu'elle n'était pas en retard. À côté d'elle, Weasley discutait avec Seamus Finnigan, et Drago pouvait voir que ça irritait considérablement Granger que son ami parle pendant qu'elle travaillait. Pourtant, elle ne protesta pas.
Il était tellement amusé par cette vision qu'il ne remarqua pas le coup de coude de Pansy dans ses côtes, jusqu'à ce qu'elle le fasse plus fort et qu'il lâche une plainte étranglée.
"Hé !"
"Désolé, tu ne m'écoutais pas." dit Pansy dans un murmure. "Je voulais te prévenir qu'il y aura une fête, ce soir, à la Salle Commune."
"Il y a une fête tous les soirs à la Salle Commune, je ne vois pas pourquoi tu devrais me prévenir de celle-là ?" demanda Drago d'une voix ennuyée.
"Parce qu'apparemment, celle-là va être énorme. Tu ne veux pas rater ça."
Il considéra l'offre. Il n'était pas particulièrement fan des fêtes, mais si ça lui permettait de ne pas penser à ses problèmes en buvant et en éteignant son esprit avec une musique beaucoup trop forte, pourquoi pas. En plus, il avait simulé beaucoup trop de maux de tête ces derniers temps pour lâcher encore une fois Pansy.
"D'accord, j'y serai."
"Cool." dit-elle avec un sourire. "Même Théo a accepté de venir, il m'a promis de prendre au moins un shot."
"C'est juste parce que cette Maïa sera là, c'est sûr." dit-il d'un ton moqueur.
"Ouais, mais peu importe, tant qu'il est là."
Il finit d'ajouter les derniers ingrédients de sa potion qui prit la même teinte que celle indiquée dans le manuel. Au moment où il la termina, Rogue passa à côté de lui dans le rang et inspecta sa potion :
"Vous avez ajouté des tiges de menthe, c'est ça ?" demanda le professeur de sa voix gutturale en humant la potion.
"C'est ça, j'ai lu dans un livre qu'elle pouvait avoir des propriétés paralysantes si on l'ajoutait aux racines de valérianes…" commença à expliquer Drago.
"Excellent, Mr. Malefoy, excellent." dit le professeur. "Optimal pour cette potion, la meilleure note de la classe."
Il nota quelque chose dans son cahier pendant que la poitrine de Drago se gonflait de fierté.
"Mr. Zabini, votre potion est trop violette, vous avez oublié de la tourner dans le sens inverse des aiguilles d'une montre." indiqua Rogue en regardant les autres chaudrons. "Et Mr. Crabbe, votre chaudron a fondu. Allez en chercher un autre au fond de la salle."
Drago croisa le regard furieux de Granger, juste derrière Rogue. Elle devait avoir entendu le compliment, et la meilleure note de la classe. Il afficha un rictus fier et elle s'empressa de finir sa potion dans des gestes précipités.
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Une fois le dîner terminé, Pansy essayait tant bien que mal de traîner ses trois amis jusqu'à la Salle Commune des Serpentards pour rejoindre la fête qui avait déjà commencé, mais Théo et Blaise voulaient digérer leurs plats, et Drago observait discrètement Granger.
Il voulait voir si elle allait à la Bibliothèque ce soir, ou si elle rentrait avec Weasley. Et effectivement, quand elle se leva, elle continua de marcher avec le rouquin, et elle n'avait pas de sacs, ni de livres dans les bras.
"J'arrive, Pansy." informa Drago.
Pansy jubilait. Ou alors, elle avait désespérément besoin de sa nicotine, parce qu'elle trépignait sur place. Finalement, après une dizaine de minutes, n'y tenant plus, elle les força à se lever, et ils la suivirent jusqu'aux cachots avec des soupirs las.
Quand ils entrèrent dans la Salle Commune, Drago comprit pourquoi Pansy avait insisté sur l'envergure de cette fête. La Salle Commune des Serpentards était pleine à craquer, pleine d'élèves d'autres Maisons, ce qui donnait un florilège de couleurs vertes, jaunes et bleues partout où Drago regardait. Il n'y avait aucun Gryffondor, bien entendu.
La musique était encore plus forte que d'habitude, plus fracassante, comme si quelqu'un tapait sur un objet en métal en boucle. Des fumées de cigarettes et d'autres odeurs étranges flottaient au-dessus des élèves, rendant l'atmosphère encore plus étouffante que d'habitude.
Daphné Greengrass était déjà là, au milieu d'un groupe d'élèves de quatrième année. Elle avait mit ses cheveux raides derrière ses oreilles dans une coiffure "décontractée", même si Drago savait qu'elle avait dû passer des heures entières devant son miroir et une quantité impressionnante de potion Lissenplis.
"Venez, ici !" les appela-t-elle dès qu'ils entrèrent.
Blaise avait un grand sourire et s'avança d'abord vers elle, champion de la sociabilité qu'il était, alors que Théo était plus timide. Ils s'assirent par terre autour d'une table basse, parce qu'il n'y avait plus de place dans les canapés. À côté d'eux, les danseurs se déchainaient sur la musique.
Pansy et Daphné parlèrent à voix basse très vite, comme si elles n'avaient pas déjà passé la journée ensemble, et Blaise se tourna vers Drago et Théo :
"Vous buvez quoi ?"
Drago haussa les épaules : il prenait toujours la première bouteille qu'il voyait. Théo demanda, un peu hésitant :
"Je peux avoir une Bièraubeurre ?"
Blaise écarquilla les yeux. Il aurait pu avoir la même réaction si Théo venait d'insulter tout son arbre généalogique.
"Théo, il est hors de question que tu boives de la Bièraubeurre, tu n'as pas 11 ans." dit-il dans un murmure, comme s'il avait peur que les autres élèves puissent entendre un tel outrage. "Je vais te chercher quelque chose, reste là."
Blaise se leva et se faufila habilement entre les danseurs pour rejoindre la table des boissons. Drago se fit la réflexion que Blaise pouvait réellement changer de visage en fonction de la situation dans laquelle il se trouvait : lorsqu'il était entouré d'autres personnes, il n'avait aucun mal à sourire et à discuter, si bien qu'il ne savait pas s'il aimait vraiment ça ou pas.
Théo, lui, était clairement mal à l'aise. Il n'arrêtait pas de changer de position et de regarder tout le monde autour de lui avec insistance. En plus, il ne savait pas quoi faire de ses mains.
"Arrête, on va finir par croire que tu détestes les fêtes." se moqua Drago.
"Mais c'est le cas !" s'exclama Théo, qui n'avait pas saisi le sarcasme. "Je déteste ça, la musique est trop forte, et ça sent mauvais."
Pansy avait déjà une cigarette à la main, d'où s'échappait une fumée grise qu'elle leur soufflait dessus sans s'en rendre compte :
"Non, Théo !" coupa-t-elle depuis l'autre côté de la table basse. "Tu as dit que tu resterais jusqu'au bout !"
"Je n'ai jamais dit ça." répondit Théo. "J'ai promis que je prendrais un shot. Après ça, je vais aller lire dans mon dortoir."
Drago et Pansy levèrent les yeux au ciel en même temps.
"Tu es trop coincé, Nott." dit Drago. "Où est ta Maïa ?"
Théo fronça les sourcils sous ses boucles châtains qui tombaient sur son front.
"Pourquoi est-ce que tu me poses cette question ?"
"Bah je sais pas, elle est mignonne, non ? Tu ne veux pas aller discuter avec elle, et… tu sais ?" pressa Drago.
"N'importe quoi." répondit Théo qui avait un peu rosi. "Je l'aide pour ses devoirs, ça n'a rien à voir avec…"
"Voilà vos boissons !" déclara Blaise en se rasseyant.
Il tendit un verre pour Pansy, pour Théo et pour Drago, puis ils trinquèrent avec Daphné qui buvait déjà.
Drago prit une gorgée de son verre et apprécia le goût très fort de la pomme verte sur sa langue.
"C'est quoi, Blaise ?" demanda-t-il à son meilleur ami.
"C'est de la liqueur de pomme, je me suis dit que tu aimerais bien. Théo, je t'ai pris de l'hydromel à la cerise, et Pans', c'est ton préféré, du whisky à la vanille."
Drago reprit une gorgée de la liqueur et fut surpris de constater que l'alcool pouvait être bon. Il n'avait jamais vraiment ressenti de goût auparavant, juste un liquide fort qui lui brûlait la gorge. Celle-ci était définitivement forte, mais au moins, il profitait de la saveur.
Théo apprécia la sienne aussi. Probablement pour être plus à l'aise, il finit son verre un peu trop vite et partit se resservir.
Après plusieurs cigarettes et un verre terminé pour Drago qui sentait déjà les premiers effets de l'alcool lui faire tourner la tête, quelqu'un dans le groupe proposa un Action ou Vérité et tout le monde accepta. Drago s'y joignit, plus par obligation qu'autre chose.
Les tours commencèrent et Drago n'écoutait qu'à moitié. Les actions étaient toutes sensiblement les mêmes : boire un shot, embrasser quelqu'un, faire un truc honteux. Théo fut obligé d'avouer à tout le monde qu'il était puceau, Pansy prit trois shots sans sourciller et Blaise dû pointer du doigt la fille la plus belle de la soirée.
Quand ce fut au tour de Drago, il choisit Action, et fut obligé de finir d'une traite son deuxième verre. Le goût acidulé de la pomme verte resta sur sa langue, intoxiquant.
Ce fut au tour de Pansy, encore une fois. Elle était déjà bourrée, c'était évident, elle gloussait comme pas possible.
"Pansy…" lui demanda Tracey Davis. "Action ou Vérité ?"
"Action !" répondit Pansy du tac au tac.
Tracey scanna du regard la pièce. Cette fois-ci, il y avait beaucoup plus de monde pour l'Action ou Vérité. Avant, quand ils jouaient, c'était uniquement avec des élèves de leur année, mais là, il y avait des élèves beaucoup plus âgés, et surtout, beaucoup plus alcoolisées.
Tracey s'arrêta sur un garçon légèrement en retrait, de cinquième année, Léo Hills, à qui Drago n'avait jamais parlé.
"Je te mets au défi… d'embrasser Léo !"
C'était connu que Léo avait un truc pour Pansy. Depuis quelques mois, il cherchait toujours à lui parler, et il ne cachait pas le fait qu'il la trouvait extrêmement jolie. Pansy y avait toujours été indifférente jusque là.
Le garçon se redressa, n'osant pas regarder Pansy. Cette dernière se mit sur ses genoux et jeta un regard à Drago, qui haussa les épaules. Elle n'avait pas besoin de son approbation pour embrasser quelqu'un. Elle arqua un sourcil provocateur, visiblement déçue de son manque de réaction.
"D'accord." dit-elle simplement.
Drago sentait les têtes se tourner vers lui. Ils devaient penser qu'ils étaient en couple. Il n'afficha rien sur son visage, si ce n'était qu'un profond ennui. Il regarda Pansy s'approcher du garçon, qui ne réalisait toujours pas sa chance, se pencher vers lui, et l'embrasser fougueusement.
Les gens autour de la table basse lâchèrent des exclamations de surprise et d'encouragement. Pansy leva la main et la passa dans les cheveux du garçon, sans lâcher sa bouche, se collant de plus en plus à lui au fur et à mesure des secondes qui s'écoulaient.
Drago sentit Théo se raidir à côté de lui.
"Qu'est-ce qu'elle…"
"Laisse-la." conseilla Blaise. "Elle fait ce qu'elle veut."
"Elle ne contrôle même pas ce qu'elle fait, elle est trop bourrée." dit Théo entre ses dents, soudain furieux.
Drago n'était pas de cet avis. Pansy ne faisait jamais rien sans avoir calculé quelque chose. Elle voulait voir ce qu'il ressentait quand elle embrassait quelqu'un devant lui, c'était évident. Elle voulait attiser sa jalousie.
Pourtant, il ne ressentait rien. Il regardait la fille qui partageait son lit depuis des années et à qui il avait dit "je t'aime" quelques semaines auparavant embrasser un garçon, et ça ne lui faisait rien. Pas de colère, pas de jalousie, simplement un instinct naturel de protection qui voulait l'empêcher de faire quelque chose qu'elle pourrait regretter.
Elle se détacha finalement de la bouche de Léo, qui avait des traces de son rouge à lèvre noir sur les lèvres et qui regardait Pansy avec des yeux écarquillés d'ébahissement. Pansy lui fit un grand sourire, un sourire froid, faux, avant de se remettre à sa place.
Elle croisa le regard de Drago, qui ne pouvait rien lui offrir. Il n'était pas celui qu'elle aurait voulu qu'il soit, celui qui fait une scène devant tout le monde pour lui prouver qu'il l'aime et qu'elle lui appartient. Il ne ressentait rien.
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Le lendemain, tous les élèves de la table des Serpentards avaient des têtes horribles. La gueule de bois.
Le seul qui n'en était pas victime était Blaise, par miracle, parce qu'il avait bu autant que les autres. Théo avait passé sa nuit à vomir dans les toilettes du dortoir, et Drago n'avait pas réussi à dormir à cause de lui.
Pansy était la pire. Elle avait passé la nuit avec Daphné et elle souffrait de crampes d'estomac, probablement parce qu'elle n'avait pas assez mangé avant de boire autant de verres de ce whisky immonde à la vanille. Elle n'arrivait même pas à finir son verre de jus de citrouille sans avoir des hauts-le-cœur.
"Allez, finis ton verre, ça te fera du bien." conseilla Blaise.
"Tu parles trop fort." se plaignit Pansy.
Elle avait vraiment une sale tête. Cette vision rappelait à Drago le matin des examens de l'année précédente, quand Blaise et lui souffraient d'une gueule de bois phénoménale et que Pansy leur avait jeté un sort pour les soulager.
"Hé, Pans', tu veux pas jeter ton sort qui enlève la gueule de bois ?" demanda Drago d'une voix enrouée.
Elle leva paresseusement la tête. Ses yeux étaient rouges, ses lèvres étaient encore tachées de rouge à lèvre à quelques endroits et ses cheveux attachés dans un vulgaire chignon d'où dépassaient des mèches noires.
"'Peux pas…" marmonna-t-elle. "J'ai essayé de le lancer à Daphné ce matin, mais je l'ai raté et maintenant, elle a le hoquet depuis deux heures. Elle est à l'infirmerie."
Blaise s'en chargea. Il essaya sur Pansy et Drago, qui ressentit un vague soulagement, même s'il avait toujours mal à la tête. Théo était toujours au lit.
Drago mangea son petit-déjeuner dans un silence entrecoupé par les plaintes de Pansy. Blaise lisait la Gazette des Sorciers à côté de lui, et de temps en temps, Drago regardait quelques titres : "Les Tornades de Tutshill écrasent l'équipe Fierté de Portree d'Écosse", "Une collection impressionnante de 492 mandragores chez ce sorcier dans le Nord de l'Angleterre", ou encore un accident de balai.
Après avoir mangé ses œufs, Drago se sentait un peu mieux. Il reprit un verre de jus de citrouille et observa Pansy qui était toujours dans un piteux état.
"Je crois que je vais aller me recoucher." dit-elle.
"Tu devrais manger un peu." lui conseilla Blaise sans quitter le journal des yeux. "Avoir un estomac rempli."
Heureusement qu'on était samedi, sinon Pansy aurait été obligée de sécher les cours ou d'aller à l'infirmerie. Pendant qu'il écoutait à moitié Pansy raconter quelque chose de la soirée, il remarqua que Granger n'était plus à la table des Gryffondors. Elle devait être à sa séance de révisions avec Londubat, à la Bibliothèque.
Il esquissa un mouvement pour se lever et Pansy lui demanda :
"Tu vas où ?"
"Je vais me recoucher aussi." mentit-il. "Je ne me sens toujours pas bien."
Pansy prit sa tête entre les mains et la hocha légèrement pour montrer qu'elle avait entendu. Drago sortit de la Grande Salle, mais au lieu de prendre le chemin vers les cachots, il se dirigea vers la Bibliothèque.
Il ne savait pas vraiment pourquoi il voulait y aller, mais ses jambes le conduisirent toutes seules. Il n'eut pas besoin de chercher longtemps pour la trouver : elle avait pris une table au centre de la Bibliothèque, et parlait à voix basse avec Neville Londubat. C'était la fin de leur séance : Londubat était en train de fermer le livre de potions. Il l'entendit dire : "merci Hermione !" en se levant.
Drago se mit derrière l'une des immenses étagères. De là, il pouvait faire semblant de chercher un livre, alors qu'en réalité, il observait Granger dans l'espace entre les livres et l'étagère. Il la regarda fermer son manuel et sortir ses parchemins de la S.A.L.E. Elle feuilleta son petit carnet et soupira.
Elle était encore découragée. Il ressentit une piqûre de tristesse pour elle, de la voir si peinée pour son projet. Elle ouvrit la boîte de badges, les compta, écrivit quelque chose dans son carnet, puis se leva pour aller chercher un livre dans le rayon des Créatures Magiques.
Drago agit sans réfléchir. Au moment où Granger s'était suffisamment éloignée de la table, il s'approcha discrètement. La boîte de badges était pleine et sa liste d'adhérents toujours aussi courte. Drago vérifia que personne ne regardait, puis se lança : il déposa deux pièces d'un Gallion dans la boîte et prit un badge qu'il cacha dans sa poche, puis retourna à sa cachette.
Il savait que le prix de l'adhésion était de deux Mornilles, mais il voulait donner plus. De là, il pouvait voir Granger revenir à sa table avec deux volumes de livres. Elle les déposa sur la table, se resservit un thé, puis son regard effleura la boîte de badges.
Il la regarda sursauter et ses yeux s'écarquiller. Elle recompta les badges, deux fois. Puis, elle vit les deux pièces de Gallions et ouvrit la bouche de surprise. Elle les prit dans sa main, vérifia plusieurs fois que c'était bien de l'argent, puis chercha autour d'elle pour essayer de voir qui avait mis ça là.
Drago était trop bien dissimulé par les étagères pour qu'elle puisse l'apercevoir, et Krum n'étant pas là, il n'y avait presque personne dans la Bibliothèque.
Sa surprise fut remplacée par de la joie. Elle sautillait presque sur place, trop heureuse que quelqu'un s'inscrive à la S.A.L.E, et Drago souriait comme un idiot en voyant ça.
