tw : - émétophobie (à la fin du paragraphe qui commence par "ce qu'il tenait dans la main")

- légère référence à de la violence physique dans un cauchemar

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Hermione


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"Toujours rien ?" demanda Ginny en s'asseyant à la table des Gryffondors pour le petit-déjeuner, en face d'Hermione.

Hermione secoua la tête et croqua dans sa brioche. Ron ne l'avait toujours pas invitée, et elle avait secrètement pensé qu'il le ferait pendant le week-end. Pire que ça, il n'avait pas du tout parlé du Bal.

Ginny soupira et se servit à manger. Hermione pouvait voir que Ginny tenait vraiment à ce que Ron l'invite, peut-être pouvait-elle voir les sentiments naissants qu'Hermione éprouvait pour lui.

"Et toi ? Quelqu'un ?" demanda Hermione.

"Non." dit Ginny. "Enfin, si, David Flumet m'a proposé, un cinquième année de Poufsouffle. Mais je ne lui ai jamais parlé, et je le trouve un peu bizarre, alors j'ai refusé."

Ginny tartina son morceau de brioche de confiture de fraise avec un air détaché. Hermione n'avait jamais entendu parler de ce David Flumet, elle ne savait même pas à quoi il ressemblait. Elle était étonnée que Ginny ne croule pas sous les invitations, elle était très jolie, et surtout très populaire. Rien que maintenant, plusieurs garçons avaient la tête tournée vers elle.

"Je suis sûre que Ron va se lancer bientôt." dit Ginny d'une voix assurée. "Il doit attendre le dernier moment, comme d'habitude."

"J'espère, parce que sinon, je vais me retrouver comme une idiote."

"Mais non." coupa Ginny. "Si cet abruti de Ronald ne t'invite pas, d'autres le feront. Tu pourrais y aller avec…"

Ginny tourna la tête vers la table des Gryffondors pour inspecter les visages des élèves. Elle chercha plusieurs secondes et s'arrêta à sa gauche :

"Dean ? Il est plutôt mignon."

Hermione haussa des épaules et but une gorgée de café pendant que Ginny se retournait pour trouver d'autres candidats :

"Nathan Conley, le Serdaigle ?"

Hermione regarda dans la direction indiquée et fit "non" de la tête. Il lui rappelait trop Malefoy.

"Je ne vais pas y aller avec un garçon que je ne connais pas." déclara Hermione.

Ginny posa son regard quelques secondes sur la table des Serpentards mais ne dit rien. Hermione ne lui avait pas explicitement raconté la dispute qu'elle avait eue avec Drago Malefoy le week-end précédent, mais elle avait compris qu'il ne fallait plus évoquer son nom.

Ron et Harry arrivèrent dans la Grande Salle à ce moment-là, mettant fin à leur discussion à propos du Bal. Ron s'assit à côté d'Hermione et lui fit un petit sourire fatigué :

"Bien dormi ?" demanda-t-il en se servant un verre de jus de citrouille.

"Très bien." répondit Hermione. "Et toi ?"

"Ça va, mais j'ai fait ce rêve étrange… J'étais à Honeydukes, en train de me servir, quand tout à coup, j'ai entendu un gros "boum" derrière moi, alors je me suis retourné, et j'ai vu Dumbledore, qui m'a dit…"

Hermione écoutait Ron raconter son rêve avec plein d'entrain.

Elle regardait ses tâches de rousseur, sur son nez et ses joues. L'une d'entre elle était située juste sous son œil.

Ses cils étaient très clairs, et quand il fronçait les sourcils en racontant son récit, il y avait des petits plis sur son nez.

Sa bouche était pleine, arquée dans un sourire, parce qu'il riait à moitié. Il riait tout le temps, son visage était constamment animé par la joie.

"C'est fou, non ?" demanda-t-il, ce qui réveilla Hermione de sa transe.

Elle hocha la tête avec un sourire, même si elle n'avait rien écouté. Ron éclata de rire, et ce son déclencha une série de frissons sur les bras d'Hermione. Des frissons agréables, ceux qu'elle ressentait quand Ron riait ou qu'il lui faisait un compliment.

Hermione se concentra de nouveau sur sa nourriture. Devant elle, Ginny la regardait, un sourcil arqué et un petit sourire dessiné dans le coin de ses lèvres, mais Hermione essaya de ne pas y faire attention.

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Hermione regardait les jours défiler bien trop rapidement sur son calendrier. La semaine était passée en une heure, et le Bal se rapprochait de plus en plus. Maintenant, elle était stressée : elle n'avait personne, et Ron n'avait toujours pas fait la moindre tentative d'invitation.

Le fait que tous les élèves parlent de leurs cavaliers et cavalières n'aidait pas. Hermione était sans cesse ramenée sur Terre à chaque fois que quelqu'un faisait une référence au Bal. "Tu savais que Jasper Billay avait invité une Gryffondor ?", "J'ai entendu dire que Dean Thomas irait avec une fille de Beauxbâtons !", "À ce qu'il paraît, les Bizarr' Sisters seront là !"

L'angoisse montait, un peu plus chaque jour, et pour Ginny aussi. Elle non plus n'avait pas trouvé de cavalier, alors qu'elle voulait absolument aller au Bal. La perspective d'y aller toutes les deux devenait de plus en plus probable.

Hermione voyait qu'Harry était stressé, aussi. Ginny avait interdit à Hermione de proposer à Harry de l'inviter elle, ayant peur de paraître trop insistante. Mais Harry avait une autre fille en tête, Hermione l'avait compris quelques mois plus tôt. Cho Chang, une élève de Serdaigle de cinquième année.

Elle pouvait voir qu'Harry la regardait, beaucoup plus que les autres filles. Il avait refusé les demandes des autres, probablement en attendant de trouver le courage pour inviter Cho. Il fallait dire qu'elle était très gentille, Hermione lui avait parlé quelques fois et l'avait toujours trouvée adorable. Elle était très belle, intelligente, et aimait bien le Quidditch. Mais évidemment, Hermione ne l'avait pas dit à Ginny pour ne pas l'attrister.

L'ambiance à Poudlard était plus bourdonnante que jamais. Tout le monde parlait du Bal, bien plus que des épreuves du Tournoi des Champions ou de tout autre sujet. Les filles se faisaient inviter dans des concerts de gloussements tous les jours, et à chaque fois que ça arrivait devant Hermione, elle stressait encore plus. Comment avait-elle pu devenir aussi impliquée dans un événement aussi futile ?

Tous les matins, au petit-déjeuner, Ginny lui demandait "alors ?" et elle secouait la tête d'un air dépité. Ron ne l'avait pas invitée. Elle était pourtant persuadée qu'il ressentait quelque chose pour elle aussi, mais il fallait croire que non. Cette réalisation lui donna un gros coup au moral. Elle pensait que c'était réciproque, qu'il serait assez courageux pour lui avouer. Peut-être qu'elle s'était fait des films.

Une semaine et demie avant la fin du semestre, Hermione était en travailler à la Bibliothèque. Enfin, travailler était un bien grand mot. Elle était déterminée à ne pas retourner à la table reculée qu'elle avait partagé avec Malefoy pour lui montrer qu'elle était toujours furieuse, alors elle s'était assise à sa table habituelle. Les filles qui s'étaient rassemblées autour de Krum étaient toujours aussi pénibles, et bruyantes, malgré les "chuut !" répétés de Madame Pince.

Malefoy révisait de nouveau avec Nott, sur la table à deux où Théodore s'asseyait toujours, à côté du rayon 'Histoire de la Sorcellerie'. Hermione s'asseyait constamment dos à eux, pour ne pas être tentée de jeter des coups d'œil à ce qu'ils faisaient. Elle était sûre que Malefoy révisait l'Arithmancie.

Hermione n'arrivait pas à se concentrer, elle pensait trop au Bal. Elle n'aurait jamais pensé pouvoir ressembler à ce genre de filles qui attendent désespérément l'attention d'un garçon, et pourtant, c'était exactement ce qu'elle était en train de faire. Elle regardait la neige fondre sur l'immense fenêtre devant elle, rêveuse.

Elle eut soudain une idée et tira un parchemin du rouleau posé à côté d'elle, sortit une plume, la trempa dans l'encre et commença à écrire :

Maman,

Je t'écris cette lettre parce que je sais que tu as toujours des bons conseils. Je sais que je vous écris toujours le dimanche, mais j'ai vraiment besoin d'aide et j'espérais que tu saurais m'aider.

Comme je te l'ai dit, un Bal a lieu cette année à Poudlard, le soir de Noël. Évidemment, c'est devenu le sujet principal, ici au Château. Tout le monde parle de ce qu'ils vont porter, quelle musique il y aura, et surtout… des cavaliers. Traditionnellement, ce sont les garçons qui demandent aux filles, et pour le moment, je n'ai reçu aucune invitation. Je sais qu'il est encore tôt, mais j'espérais…

Hermione hésita à écrire la suite et caressa le bout de sa plume blanche contre sa joue, le temps de trouver la phrase adéquate.

Je pensais que Ron m'inviterait. Tu dois t'en douter, parce que je te parle beaucoup de lui, et que je l'aime vraiment beaucoup. Je ne crois pas que je sois amoureuse de lui. Je n'ai jamais été amoureuse, mais je pense que quand on l'est, on le sait, non ?

Comment as-tu su que tu étais amoureuse de papa ?

En tout cas, j'espérais sincèrement qu'il m'inviterait, je pensais qu'il m'aimait bien, lui aussi. Parfois, j'ai l'impression que c'est le cas, et parfois, pas du tout. C'est comme s'il ne me voit pas comme une fille, mais plutôt comme une sœur, alors que je ne partage pas du tout ces sentiments-là. Je ressens ça pour Harry, mais pas pour Ron. Il me donne plus d'émotions… Je ne sais pas comment l'expliquer.

Ma lettre ne doit avoir aucun sens, j'hésite à la jeter dans le feu. Mais je vais te l'envoyer quand même. Tu es la seule personne à qui je peux me confier en étant sûre que tu ne riras pas de moi pour ces futilités.

S'il te plaît, ne montre pas cette lettre à papa, il se moquerait de moi. Je n'ai pas envie de passer mon été à entendre des citations de cette lettre idiote.

Merci d'avance,

Je t'aime,

Hermione.

PS : Comment papa a trouvé les chocolats d'Honeydukes ?

PPS : Merci pour les stylos, je les utilise tous les jours.

Hermione ne relut même pas sa lettre, par peur de la regretter instantanément et la rangea entre deux livres. Puis elle essaya de se concentrer de nouveau, écartant toute pensée portant sur des cheveux roux et des tâches de rousseur.

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Drago


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Arriverait-il un jour à détourner les yeux d'Hermione Granger ?

Non, probablement pas.

Drago était assis à la table de Théo depuis deux heures, mais il n'avait pas du tout avancé sur ses devoirs. En fait, il n'avait pas avancé sur le moindre chapitre depuis qu'il avait dit à Granger d'arrêter de lui parler, comme s'il ne pouvait plus se concentrer quand elle n'était plus là.

Ses yeux étaient attirés par elle comme un aimant, il ne faisait que relever la tête pour l'observer. Elle était assise sur sa table d'avant, celle qu'elle préférait et qui donnait une magnifique vue du parc de Poudlard. Elle était dos à lui, alors il ne pouvait voir que ses cheveux bouclés qui tombaient dans son dos et sur ses épaules, et qu'elle chassait de son visage dans un mouvement de main automatique.

Elle non plus n'arrivait pas à travailler. Il pouvait le deviner en voyant son pied taper frénétiquement contre le pied de la table. Elle était dérangée par quelque chose, mais il n'avait aucune idée de quoi. Parfois, elle soulevait la tête et se mettait à regarder par la fenêtre, peut-être le terrain de Quidditch ?

En tout cas, elle l'ignorait somptueusement. Depuis qu'elle lui avait lancé cette phrase qui ne cessait de lui revenir en tête "Tu es un lâche", elle avait fait comme s'il n'existait plus. Et c'était beaucoup plus difficile à supporter que quand c'était lui qui le faisait. Ne pas avoir son attention était presque douloureux.

Au bout d'un long moment, Théo se redressa sur sa chaise et se balança en arrière pour s'étirer, récoltant un 'tu-tu-tu' désapprobateur de la part de Madame Pince.

"Je n'en peux plus." avoua Théo, lessivé. "J'en suis à mon troisième essai de Métamorphose, je n'ai plus d'idées pour changer les phrases de Goyle pour ne pas qu'elles soient trop copiées."

"Pourquoi tu t'embêtes à le faire pour eux ?" demanda Drago, pour ce qui devait être la centième fois depuis la deuxième année. "Laisse-les se débrouiller, pour une fois !"

"Parce que j'ai besoin d'argent, à ton avis !" s'indigna Théo.

"Arrête de t'en faire pour ça. Tu peux prendre de mon coffre, ou celui de Blaise, ou de Pansy. Tu ne manqueras jamais d'argent, tu le sais, non ?"

"Et si on arrête d'être amis ?" protesta Théo, la voix quelque peu tremblante. "Je ne vais pas garantir mon avenir entier sur une amitié de Poudlard."

"Quoi, tu veux que je te promette qu'on restera amis pour la vie, c'est ça ?" demanda ironiquement Drago, ce qui fit lever les yeux au ciel de Théo.

"Non, abruti. Je dis simplement qu'il me faut un plan. Tu as ta famille, Pansy aussi, et Blaise est ridiculement riche. Moi, je n'ai plus de parents. Je dois avoir de l'argent de côté, une sécurité."

Drago ne répondit rien et regarda Théo se pencher sur son essai. Les trois étaient côtes à côtes et Drago remarqua qu'il s'était même appliqué sur l'écriture, pour que les deux ressemblent aux gribouillis de Crabbe et Goyle.

"Tu t'es fait combien en tout, avec ça ?"

"Je sais pas, je dirais… 200 Gallions ?" dit Théo.

Les yeux de Drago s'écarquillèrent en entendant le nombre.

"200 ?!"

"Ouais." dit Théo. "J'ai étendu mon business, d'autres élèves m'ont demandé de leur faire faire leurs essais. Mais Crabbe et Goyle sont mes clients les plus rentables." ajouta-t-il avec un sourire commercial.

"Mais aucun professeur ne va se rendre compte que ça fait deux ans que Crabbe et Goyle, qui ne savent pratiquement pas écrire leur propre prénom sans se tromper, ramassent des Optimals à chaque fois ?" questionna Drago.

"Si, mais j'ai pensé à tout." dit Théo, comme s'il était content qu'on lui pose la question. "Je leur ai inventé un style d'écriture, et je rajoute des erreurs dans les copies pour ne pas que ça soit suspect. Ils n'ont pas toujours des Optimals. Et puis, aucun professeur ne me reconnaîtrait, mes essais sont toujours parfaits."

Drago dû saluer l'effort. Il n'avait jamais réalisé que faire les devoirs des autres pouvait être aussi sérieux. Théo se replongea finalement dans l'essai de Métamorphose à contre-cœur.

"Tu veux que je t'aide ?" proposa Drago.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait suggéré ça, mais ce n'était pas comme s'il était très productif à cet instant, il ne faisait que jeter des regards en biais à Granger qui prenait soin de faire comme s'il n'était pas là.

"Sérieux ?" s'étonna Théo.

"Bah ouais. J'ai déjà écrit le mien, on peut s'inspirer de ce que j'ai fait pour inventer celui de Goyle."

"Tu ferais ça ? Toi, Drago Malefoy ?" demanda Théo avec un sourire."Où sont passées tes valeurs de Serpentard, ton ambition, ta ruse, ta grossièreté ?"

"Ferme-la." dit Drago avec un sourire. "Je vais t'aider. Mais avant, promets-moi une chose."

Théo releva la tête et croisa le regard de son ami avec un air perplexe sur le visage.

"Quoi ?" demanda-t-il.

"Coupe-toi les cheveux avant janvier. Ça devient vraiment n'importe quoi."

Théo eut un petit sourire timide et se passa une main dans sa tignasse. Déjà que Granger et lui se ressemblaient en étant deux rats de bibliothèque et deux premiers de la classe, maintenant, ils avaient presque la même chevelure.

Ils travaillèrent sur l'essai de Goyle à voix basse pendant une bonne heure. À la fin, il était plus que convainquant : à la fois représentant de la stupidité de Goyle, tout en étant sûr de lui apporter une note correcte. Théo le remercia de nombreuses fois pour son aide et s'excusa pour se rendre aux toilettes.

Au même moment où Théo s'absenta, Granger se leva aussi, probablement pour aller chercher un livre dans un rayon. Drago en profita pour se lever aussi. Il voulait se dégourdir les jambes et aller chercher un livre sur les Potions, bien mérité après tout ce travail.

Il se dirigea vers son aile préférée et passa à côté de la table de Granger. Il sourit légèrement en voyant le thé oublié à côté de son parchemin. Il vérifia autour de lui que personne ne regardait, ce qui n'était pas le cas puisque tout le monde était tourné vers Krum. Drago se risqua à jeter un coup d'œil sur le carnet de la S.A.L.E., pour voir (égoïstement) si Granger avait écrit un commentaire sur le don anonyme.

Il étira son bras pour ouvrir le carnet mais s'arrêta au milieu de son geste, distrait par autre chose sur la table. Entre deux livres, il pouvait voir un morceau de parchemin dépasser, avec l'écriture de Granger dessus. Ce n'était pas un devoir. Drago se demanda si Granger utilisait ce parchemin comme d'un journal intime.

Drago se pencha pour lire la phrase sur le morceau plié :

"Je pensais que Ron m'inviterait. Tu dois t'en douter, parce que je te parle beaucoup de lui, et que je l'aime vraiment beaucoup. Je ne crois pas que je sois amoureuse de lui. Je n'ai jamais été amoureuse, mais je pense que quand on l'est, on le sait, non ?"

Son estomac se retourna brutalement. Il avait l'impression que chaque mot qu'il venait de lire avait apporté un poids supplémentaire sur ses épaules, ou une plaie dans sa peau.

Il retourna à sa table, maudissant sa curiosité. Il n'aurait jamais dû lire cette phrase. Elle était encore plus choquante que la lettre qu'il avait reçue de son père, quelques jours plus tôt.

Il savait que Granger avait des sentiments pour Weasley, c'était évident, ça crevait les yeux. Il suffisait de se concentrer plus de cinq minutes pour voir comment elle le regardait. Quand il lui en avait parlé à la Bibliothèque, elle avait aussitôt bégayé, rougi et changé de sujet.

Drago le savait, mais à chaque fois, il avait choisi de ne pas s'y attarder, probablement pour ne pas ressentir cette déchirure au cœur qu'il ressentait à cet instant.

Pourquoi Weasley ? Il n'avait rien pour plaire. Il n'était même pas un peu stylé, il était pauvre, il n'avait aucune histoire. Il ne faisait que suivre Potter, et faire quelques blagues pourries de temps en temps. Qu'est-ce-que Granger, une fille aussi pragmatique, aussi sérieuse qu'insolente, aussi stimulante que fascinante, voulait foutre avec un garçon aussi fade ?

Le fait que Weasley ne l'ai pas encore invitée ne représentait qu'une faible compensation à la peine qu'il éprouvait. Ce n'était pas la colère familière, ou la peur plus récente, c'était de la tristesse, et il détestait ça. Il ne voulait pas éprouver tant de choses pour une fille qu'il était supposé haïr.

Théo revint à cet instant et s'asseya à la table, face à Drago qui triturait ses mains pour éviter de frapper quelque chose.

"Qu'est-ce que tu penses qu'il fout là, Krum ?" demanda Théo en observant le joueur de Quidditch. "Il est tous les jours à la Bibliothèque."

"Je pensais que Ron m'inviterait."

"'Sais pas." répliqua Drago d'une voix un peu trop dure.

Théo se tourna vers lui et haussa les sourcils. Il devait voir que Drago était troublé.

"Je l'aime vraiment beaucoup."

"Ça va ?" demanda Théo.

"Ouais."

Théo fronça les sourcils en entendant cette réponse, puis les haussa de nouveau, comme s'il abandonnait toute tentative de le réconforter.

"Je ne comprendrais jamais tes sautes d'humeur, Drago." soupira-t-il.

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Drago rumina tout le reste de la semaine. La confession involontaire de Granger lui resta en tête tout le temps, éclipsant tout le reste.

Blaise et Pansy avaient vite compris qu'il ne fallait pas l'embêter, ces derniers temps. Il devait être particulièrement instable depuis le début d'année, ils suspectaient ses trois amis de parler de sa santé mentale dans son dos. Entre la discussion avec Blaise, ses brusques changements d'humeur avec Pansy, et sa demande de prendre un livre moldu de Théo, ses amis ne devaient absolument rien comprendre. Même lui avait du mal à trier ses pensées.

L'émotion qu'il ressentait le plus, c'était la tristesse. Ses séances de révisions avec Granger lui manquait, elles apportaient un semblant de bonheur à ses journées. Maintenant qu'elles étaient terminées, il avait l'impression de vivre une vie monotone et très ennuyante.

La seconde, c'était la jalousie. Les mots qu'avait écrit Granger dansaient devant son esprit, dès qu'il s'assoupissait en classe ou qu'il la regardait depuis la table des Serpentards. Il essayait de détecter, probablement par souhait d'auto-destruction, tout indice qui prouvait qu'elle pouvait être amoureuse de Weasley.

La troisième était la peur. Parce qu'il n'avait pas oublié la lettre de son père, qui était toujours sur le bureau et à laquelle il n'avait pas osé répondre. La menace d'un retour du Seigneur des Ténèbres le plongeait dans une angoisse perpétuelle, accentuée par son désir malsain de parler à Granger. Sa présence lui manquait, même s'il savait pertinemment qu'il avait fait le bon choix en s'éloignant d'elle aussi fermement. Il voulait la protéger.

Le dernier cours de la semaine était celui de Potions, partagé avec les Gryffondors. Il lui était impossible de ne pas regarder Granger et d'essayer d'écouter chaque phrase qu'elle disait à Weasley. Les effluves du chaudron de Granger ne réussissaient pas à masquer ses yeux suppliants à l'adresse du rouquin, qui évidemment, ne remarquait rien.

Il était vraiment stupide.

La soirée du vendredi fut exceptionnelle, dans la Salle Commune des Serpentards. Les élèves voulaient fêter la dernière semaine de cours avant les vacances et le Bal, et la réserve d'alcool sur la table avait triplé. Mais Drago ne vit rien de la soirée, parce qu'il s'appliqua à descendre le plus de verres possibles de cette liqueur à la pomme que Blaise lui avait conseillé.

Et quand il n'arriva plus à les compter, il s'évanouit presque dans le canapé.

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Hermione


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Ma chère Hermione,

Je suis heureuse que tu me demandes des conseils. C'est difficile d'être loin de toi et de ne pas tout savoir sur ta vie à chaque minute.

Pour être tout à fait honnête, j'ai su que ce Bal allait être un problème dès que tu as commencé à en parler. Je sais que ce genre de festivités t'angoisse, alors je vais essayer de t'aider, même si c'est ardu de le faire par écrit.

Je pense que c'est tout à fait normal de ressentir ce que tu ressens. Tu passes par une phase d'adolescence, où tu testes les limites de l'autre, et de l'attirance. Je comprends que ça t'effraie, je me rappelle de cette période comme si c'était hier ! Et ce Bal ne doit pas faciliter la tâche.

Je peux simplement te dire ceci : si tu es aussi focalisée sur Ron, c'est que tu ressens quelque chose pour lui. Je ne sais pas si c'est de l'amour, seule toi pourra en voir les symptômes, mais en tout cas, tu ressens quelque chose pour lui, et cette émotion te dérange, parce que tu ne l'as jamais connue et que tu ne supportes pas de ne pas être en contrôle.

Laisse-toi guider. Lâche les pédales. Peut-être que tu te prendras un mur en pleine face, et ça fait peur, mais au moins, tu auras vécu ça. Ça t'apprendra quelque chose sur toi.

J'ai conscience que ces mots peuvent paraître bien trop insignifiants pour que tu en comprennes le sens maintenant. Le truc, c'est que l'amour, ça ne s'écrit pas, ça se vit.

Je croise les doigts pour que Ron se décide et t'invite, et que tu passes une excellente soirée. Écris-moi pour me le raconter dès que tu peux.

Je t'aime plus que tout au monde,

Maman.

PS : Ton père m'a apporté une tulipe blanche tous les matins, à la fac de médecine, pendant un an. Le jour où il a arrêté, probablement par oubli ou par dépit, j'ai compris que j'étais amoureuse de lui, parce que sa fleur m'a cruellement manqué, ce jour-là.

PPS : Ton père a dévoré toute la boîte de chocolats d'Honeydukes.

Hermione sourit tendrement en voyant l'écriture de sa mère, et ses précieux conseils. Elle la rangea sur sa pile de lettres dans sa table de nuit, tout en haut, pour la relire si besoin.

Elle avait encore la lettre dans la tête quand elle entendit soudain un sanglot, provenant de la salle de bains. Hermione s'approcha précautionneusement et se colla à la porte pour vérifier qu'elle n'avait pas rêvé.

Au bout de plusieurs secondes, elle entendit un nouveau sanglot, et un reniflement.

"Lavande ? C'est toi ?" demanda Hermione.

"Oui." répondit Lavande d'une petite voix depuis la salle de bains.

"Tout va bien ?" continua Hermione, qui n'avait aucune idée de ce qui pouvait la faire pleurer ou comment la consoler.

"Pas vraiment. Tu peux appeler Parvati ?" couina Lavande.

Hermione acquiesça, se rendit compte que Lavande ne pouvait pas la voir, alors elle dit à voix haute : "D'accord !", puis descendit dans la Salle Commune. Il restait encore quelques Gryffondors assis ici et là. Elle trouva Parvati à l'aide de sa longue natte noire dans son dos.

"Parvati, Lavande a besoin de toi !" appela Hermione.

La jeune femme se retourna et hocha gravement la tête, avant de la suivre dans le dortoir. Dès qu'elle fut entrée, elle se précipita sur la porte de la salle de bains :

"Lavande ?" C'est moi, ouvre."

Nouveau sanglot, puis le bruit de la serrure qui clique. Parvati s'engouffra dans l'ouverture de la porte et la referma derrière elle. Hermione ne pouvait entendre que des murmures étouffés.

Hermione retourna vers son lit, ne sachant pas vraiment quoi faire. Lavande pleurait, mais elle n'avait aucune idée de pourquoi. En fait, elle ne savait pas du tout ce qu'il se passait dans la vie de ses colocataires, elles ne s'échangeaient que des phrases amicales de temps en temps et elles n'avaient jamais cherché à inclure Hermione dans leurs conversations plus personnelles.

Elle hésita même à retourner dans la Salle Commune en pyjama en attendant que la crise de larmes soit passée, mais au moment où elle se releva, Parvati sortit de la salle de bains.

"Désolée." dit-elle en se dirigeant vers sa table de nuit pour y récupérer une boîte de mouchoirs. "Elle ne se sent pas bien, le garçon qu'elle aime bien aurait invité quelqu'un d'autre pour le Bal, tu comprends…"

"Oh. Je vois. Dis lui que je suis désolée pour elle."

Parvati la remercia d'un signe de tête et retourna dans la salle de bains. Hermione s'allongea finalement dans son lit et essaya de lire son manuel de Potions pour réviser, mais les pleurs de Lavande l'en empêchèrent.

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Hermione se regarda une dernière fois dans le miroir avant d'aller en cours d'Astronomie. Elle avait mis son nouveau cardigan rouge en laine, et elle le portait uniquement parce que c'était la couleur préférée de Ron, ce qui était complètement idiot. Comme s'il allait l'inviter au Bal parce qu'elle portait du rouge. C'était stupide.

Elle retira le cardigan et le jeta sur son lit.

Puis elle se regarda de nouveau dans le miroir et grimaça en voyant ses cheveux ébouriffés. Avec le vent et l'humidité, c'était encore pire qu'avant, ils avaient gonflé, on aurait dit que sa tête était minuscule. Elle essaya de les rassembler dans un chignon, mais son élastique se cassa. Elle essaya de les tresser, mais Ginny était beaucoup plus douée qu'elle pour ce genre de choses : le résultat était affreux.

Elle finit par les mouiller pour les mettre grossièrement derrière ses oreilles, ce qui était à peu près passable, même si elle se doutait qu'ils seraient bientôt balayés par le vent de la Tour d'Astronomie et que ça ne servirait à rien.

Hermione jeta un dernier coup d'oeil au miroir et tourna pour regarder sa tenue, un simple pantalon blanc et son t-shirt de Gryffondor. Non, quelque chose manquait. Elle remit le cardigan rouge. C'était mieux.

Non ?

Elle enleva le cardigan rouge.

Soudain, Parvati entra dans la chambre et Hermione cessa tout de suite de se contempler dans le miroir. Elles se firent un sourire et Parvati traversa la chambre pour chercher quelque chose sur son bureau.

"Hm, Parvati ?" demanda Hermione d'une voix qu'elle voulait détachée (mais qui échoua).

"Oui ?"

"Il est joli, ce cardigan ?" demanda-t-elle en le remettant sur ses épaules.

Parvati leva la tête du tiroir de son bureau et regarda Hermione depuis l'extrémité de la salle ronde.

"Oui, très joli." dit-elle d'une voix douce. "Il va bien avec tes cheveux."

"C'est tout le problème." grinça Hermione en se tournant encore une fois vers le miroir. "Mes cheveux sont immondes, j'espérais que le cardigan en détournerait l'attention."

Parvati trouva finalement la carte qu'elle cherchait et fit demi-tour vers la porte de la chambre :

"Mais non !" lança-t-elle. "Tes cheveux sont très beaux comme ça."

Hermione ronchonna mais Parvati était déjà dans les escaliers. Hermione jeta un dernier coup d'œil vers le miroir et s'insulta mentalement de se préoccuper autant de son apparence. Elle espérait au moins que Ron remarquerait son nouveau vêtement.

Elle descendit rapidement les escaliers du dortoir pour ne pas enlever une énième fois ce maudit cardigan et trouva Harry et Ron qui l'attendaient en bas.

"C'est pas trop tôt !" se lamenta Ron en la voyant. "Tu as rangé tes livres par ordre alphabétique ou quoi ? Ça fait une heure que t'es là-haut !"

Hermione tenta de ne pas paraître déçue par cette réaction.

"On est même pas en retard, Ron." dit-elle sèchement.

"Ouais, mais il faut monter au moins 500 marches avant d'arriver là-haut, on met au moins 20 minutes à y aller à chaque fois !" continua Ron en enjambant le portrait.

"Joli cardigan, Hermione." dit évasivement Harry, probablement pour faire taire Ron.

"Merci, Harry."

Ron ne la regarda même pas, il continua de marcher en se plaignant du cours d'Astronomie à venir, de Rogue, et des escaliers. Alors, Hermione retira le cardigan et le fourra dans son sac.

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Pour le dernier cours de Potions du trimestre, Rogue avait annoncé un examen. Hermione avait priorisé les révisions de cette matière cette semaine-là, parce qu'elle savait que l'évaluation serait probablement très difficile connaissant Rogue. Et de plus, elle espérait secrètement qu'elle battrait Malefoy dans le classement, ça serait une excellente vengeance.

Elle était donc en train d'essayer de réviser les antidotes dans la Salle Commune des Gryffondors, mais elle était sans cesse déconcentrée par le bruit du château de cartes explosives de Ron à côté d'elle. Dès qu'une carte explosait, faisant voler les constructions du rouquin à chaque fois, Hermione perdait sa ligne, ce qui avait le don de l'énerver au plus haut point.

"Il est vraiment méchant, Rogue." dit Ron entre deux explosions. "Nous coller un examen le dernier jour. Nous gâcher ce qu'il reste du trimestre avec toutes ces révisions."

"Ça n'a pas l'air de trop te déranger." grinça Hermione.

"C'est Noël, Hermione." dit paisiblement Harry.

Elle observa son meilleur ami, qui était assis sur le fauteuil rouge en face d'elle. Il avait mis ses jambes par-dessus l'accoudoir pour que ses chaussettes rouges soient pile en face du feu. Il lisait un livre sur le Quidditch que Ron lui avait offert, elle pouvait discerner des joueurs voler sur la couverture.

"J'aurais pensé que tu ferais quelque chose de plus constructif, Harry, même si tu ne veux pas réviser tes antidotes." répondit Hermione sévèrement.

"Quoi, par exemple ?" demanda Harry.

"L'œuf !" dit-elle en abattant son manuel sur ses genoux.

"Écoute, Hermione, j'ai jusqu'au 24 février pour y penser."

Hermione haussa les sourcils mais ne répondit rien. Elle n'avait pas revu l'œuf depuis le soir où Harry l'avait attrapé de justesse du nid de dragon, elle suspectait qu'il le cachait pour y penser le moins possible.

"Mais il te faudra peut-être des semaines pour découvrir ce que ça veut dire !" continua Hermione, finalement incapable de se contenir. "Tu vas avoir l'air d'un parfait idiot si tout le monde sait en quoi consiste la prochaine tâche sauf toi !"

Elle ne comprenait pas comment il pouvait vivre sa vie tranquillement sans paniquer. Elle avait l'impression qu'elle pensait plus à l'oeuf que lui, alors qu'elle ne participait même pas au Tournoi.

"Laisse-le tranquille Hermione." intervint Ron. "Il a bien mérité de se reposer un peu."

Hermione se retint de ne pas répliquer. Ron l'agaçait beaucoup en ce moment, surtout parce qu'il ne l'avait toujours pas invitée. Heureusement, elle reçut une petite consolation quand la carte qu'il venait de poser en équilibre sur son château explosa entre ses doigts, lui brûlant le visage au passage.

"Bravo Ron, tu es très bien comme ça !" lança George en s'approchant d'eux. "Ça ira à merveille avec ta tenue de soirée !"

Fred s'installa dans le canapé. Il souleva les jambes d'Hermione pour les poser sur ses cuisses, et posa la couverture multicolore de la mère d'Hermione sur eux en un mouvement rapide.

"Ron, on peut t'emprunter Coquecigrue ?" demanda George en s'asseyant au pied du canapé, à côté de Ron et de son château fumant.

"Non, il est déjà en train de porter une lettre. Pourquoi ?"

"Parce que George veut l'inviter au bal." dit Fred, ce qui fit rire Hermione derrière son manuel.

"Parce qu'on veut envoyer une lettre, idiot." continua George.

"À qui vous écrivez comme ça, tous les deux ?" demanda Ron.

"Ne mets pas ton nez dans nos affaires, sinon je te le brûle aussi." dit Fred en pointant sa baguette magique malicieusement. "Alors, vous avez des filles pour vous accompagner au Bal ?" demanda-t-il, probablement pour changer de sujet.

Hermione se redressa légèrement contre le canapé, ayant complètement abandonné sa définition d'antidote.

"Pas encore." dit Ron, et le cœur d'Hermione vacilla légèrement.

"Tu ferais bien de te dépêcher, vieux, sinon il ne restera plus que les moches." dit Fred.

Hermione baissa son manuel suffisamment pour lancer un regard noir au jumeau, qui ne le remarqua pas, ou fit semblant de ne pas le voir.

"Et vous, vous serez avec qui ?" demanda Ron.

"Angelina." dit Fred aussitôt.

"Quoi ? Tu lui as déjà demandé ?"

"Tiens, tu fais bien de me le rappeler." dit Fred avec un sourire en coin. "Oh, Angelina !"

Il se tourna vers la jeune femme, qui était un peu plus loin, en train de discuter avec Alicia Spinnet.

"Quoi ?" demanda-t-elle.

"Tu veux venir avec moi au Bal ?" lança Fred, débordant de sa confiance habituelle.

Angelina sembla hésiter quelques secondes, les yeux légèrement plissés, attendant probablement une blague. Quand elle se rendit compte qu'il était sérieux, elle acquiesça.

"D'accord." dit-elle simplement.

"Et voilà." conclut Fred, comme s'il venait de lui demander l'heure. "Ce n'est pas plus difficile que ça." Il se releva et lança à George : "On ferait peut-être bien de prendre un hibou de l'école, George. Viens…"

En se levant, il reposa les jambes d'Hermione sur le canapé et lui adressa un clin d'œil discret, que personne d'autre ne remarqua. Hermione regarda les jumeaux partir, perplexe. Elle se demanda si Ginny n'avait pas quelque chose à voir là-dedans.

"Il a raison." dit Ron à l'adresse d'Harry. "On devrait peut-être s'en occuper aussi…" (Hermione crispa ses doigts contre la couverture de son manuel.) "...de trouver une fille pour le Bal. Sinon, on va finir avec une paire de trolls."

Hermione laissa échapper une exclamation indignée.

"Une paire de quoi ?!"

"Je préférerais encore me retrouver tout seul que d'y aller avec... disons avec Eloïse Midgen." dit Ron avec un haussement d'épaule.

L'angoisse qui avait monté en Hermione se transforma en stupeur.

"Son acné s'est beaucoup amélioré ces derniers temps. Et elle est très sympathique !" s'indigna-t-elle.

"Elle n'a pas le nez au milieu de la figure." insista Ron, complètement insensible à la réaction d'Hermione.

"Je vois." dit-elle. "Donc, en résumé, tu prendras la plus belle fille que tu trouveras, peu importe sa personnalité ?"

"Oui, c'est à peu près ça." admit Ron.

La gorge d'Hermione se serra. Elle n'avait aucune idée que Ron puisse être aussi immonde. La probabilité qu'ils aillent au Bal ensemble s'évapora à cet instant, parce qu'elle était bien trop dégoûtée pour vouloir y aller avec lui, à présent.

"Je vais me coucher." lâcha Hermione sèchement en fermant son manuel.

Ron ne réagit même pas. Harry leva simplement les yeux de son livre de Quidditch pour lui adresser un signe de tête. Furieuse, elle monta les escaliers du dortoir, et elle sentit ses yeux piquer un peu à cause des larmes qui menaçaient de couler.

Depuis quand était-elle devenue si sensible aux remarques de Ron ?

Au lieu de monter à son étage, elle s'arrêta à la porte du dortoir de Ginny et toqua sans réfléchir.

"Oui ?" cria Ginny à travers la porte.

Hermione entra. Heureusement, Ginny était seule dans son dortoir, et Hermione était reconnaissante de savoir qu'aucune des colocataires de Ginny ne la verrait dans cet état.

Le dortoir de Ginny ressemblait beaucoup à celui d'Hermione, excepté que sa partie était entièrement recouverte de posters bougeants sur les murs : Quidditch, groupes de rock, célébrités… Une radio sorcière était posée sur sa table de nuit, et Ginny baissa le volume de la musique grésillante en voyant Hermione entrer.

"Mione ? Que se passe-t-il ?" demanda-t-elle, soucieuse.

Hermione avait maintenant cédé aux larmes, elles roulaient sur ses joues sans pouvoir les arrêter. Elle s'assit sur le lit de Ginny.

"C'est stupide." soupira-t-elle.

"Quoi donc ?" demanda Ginny.

"Ron."

Elle lui expliqua ce qu'il venait de se passer. Quand elle arriva à l'expression "paire de trolls", Ginny pinça les lèvres, à l'instar d'Hermione quelques minutes plus tôt.

"Quel idiot." dit Ginny à la fin de son récit. "Il n'a vraiment rien compris."

Hermione essuya ses larmes et Ginny se pencha tout de suite vers elle pour la prendre dans ses bras. Quand elle se retrouva dans le cou de sa meilleure amie et qu'elle sentit l'odeur si apaisante des Weasley et du Terrier, Hermione réussit à arrêter de sangloter.

Elles se détachèrent et Ginny lui fit un sourire compatissant.

"Désolée, Mione." dit-elle doucement. "C'est de ma faute, j'ai demandé à Fred et George de le faire réagir discrètement en parlant du Bal. Ils espéraient lui faire comprendre qu'il était temps de t'inviter."

"Ce n'est pas grave, au moins, maintenant, j'ai ce qu'il me fallait."

"Qu'est ce qu'Harry a dit ?" demanda Ginny.

"Rien. Il lisait simplement, il n'a pas réagi."

"Je suis sûre qu'il trouvait que Ronald était un idiot aussi." dit résolument Ginny dans l'espoir de remonter le moral d'Hermione. "Les garçons sont juste stupides."

Hermione confirma d'un hochement de tête. Maintenant qu'elle était sûre de ne pas y aller avec Ron, elle n'avait aucune idée de qui l'accompagnerait au Bal. Elle n'avait reçu aucune invitation. Comme si elle lisait dans ses pensées, Ginny ajouta :

"On ira toutes les deux, et on dansera toute la nuit, et Ron se retrouvera seul et mal habillé, d'accord ?"

Hermione eut un petit rire.

"Merci Ginny."

"Papa m'a donné ça." dit-elle en tapotant sa radio du bout de sa baguette. "J'essaie de la faire marcher depuis tout à l'heure mais elle grésille. Tu veux m'aider ?"

Hermione savait qu'elle faisait ça pour lui changer les idées, mais elle accepta tout de même immédiatement, heureuse de pouvoir penser à autre chose que Ron. Elle se pencha sur la radio en extirpant sa propre baguette de sa poche et aida Ginny à la régler pour pouvoir écouter sa chaîne de rock préférée.

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Drago


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Drago se réveilla à moitié et entrouvrit péniblement les yeux. Il tenait quelque chose dans sa main, mais il n'arrivait pas à déterminer ce que c'était, et il sentait quelque chose contre sa joue. Il ne voyait rien, il dû fermer et rouvrir les yeux plusieurs fois d'affilée pour percevoir ce qui l'entourait.

La première chose qu'il vit fut un plafond vert, sombre, entrecoupé par des grandes poutres en marbre. Il cligna encore une fois des yeux. La Salle Commune ? Il toucha le velours du bout de ses doigts et comprit qu'il était dans le canapé des Serpentards. Il entendit à ce moment-là la musique, qu'il avait tellement absorbée qu'il s'y était habitué jusque là.

Ce qu'il tenait dans la main était une bouteille de liqueur à moitié entamée et qui lui donnait ce mal de tête atroce qui cognait contre ses tempes. Une odeur d'alcool et de sueur agressa son nez. Avait-il vomi ?

Il réalisa que ce qui lui touchait la joue était en fait les cheveux de Pansy. Elle était affalée sur lui mais elle ne dormait pas : il pouvait voir le filet de fumée s'échapper de ses lèvres tachées de noir. Il essaya de se dégager d'elle mais ses muscles étaient trop ankylosés pour s'activer comme il le voulait. Drago n'avait aucune idée de l'heure ou du temps qu'il avait passé à moitié assoupi dans le canapé.

Il n'avait pas bu tant que ça, mais il n'avait rien mangé de la journée, ce qui avait dû contribuer à cet état pathétique dans lequel il se trouvait. Il entendit le rire de Pansy éclater en lui, à la fois si loin et si proche. Il ferma les yeux.

"Il est là."

Drago ouvrit les yeux et vit le doigt de Crabbe le pointer. Blaise arriva derrière lui et il observa Drago avec un air de pitié.

"Viens, Dray. On va te ramener."

Drago voulut protester mais aucun son ne sortait de sa bouche correctement, alors il se laissa faire. Blaise s'approcha de lui pour le soulever du canapé. La bouteille tomba par terre et rebondit plusieurs fois, ce qui produisit un son épouvantable.

"Pansy, tu devrais y aller aussi. Tu es dans un sale état."

C'était Théo qui venait de parler mais Drago avait du mal à le repérer. Tout était devenu flou autour de lui. Il sentit son propre bras se poser sur les épaules de Blaise et il s'appuya dessus pour marcher jusqu'au dortoir.

"J'ai froid." glapit Drago, mais personne ne lui répondit.

Blaise et lui arrivèrent devant le dortoir et il poussa la porte du pied pour l'ouvrir. Drago se jeta presque dans son lit, tout habillé.

"C'est la troisième fois que je te ramasse du canapé, Dray." dit Blaise doucement. "Il faut que t'arrêtes de faire ça. Boire jusqu'à t'évanouir. Ce n'est pas une bonne idée."

La voix de Blaise pénétrait dans son esprit cotonneux comme un hurlement. Drago ferma les yeux et sentit son meilleur ami lui retirer ses chaussures. Puis, Drago se glissa sous la couette et posa sa tête sur l'oreiller qui était frais contre sa joue.

"T'as envie de dégueuler ?" demanda Blaise.

Drago fit "non" de la tête. Il ne parvenait même pas à voir correctement Blaise tant sa vision était floue.

"Ok. Théo est à côté si t'as besoin, et Pansy ne devrait pas tarder. Essaie de dormir. On a l'examen de Rogue demain, en plus."

Drago ferma les yeux, la pièce tournait trop autour de lui. Quand Blaise arrêta de parler, il murmura :

"Je suis malheureux, Blaise."

Il ne savait pas si sa phrase était claire, alors il se concentra une dernière fois sur Blaise pour voir s'il avait saisi ce qu'il venait de dire. Blaise était tourné vers quelqu'un, -Théo?- avec un air perplexe sur son visage.

"Dors, Dray."

Drago tomba, de sommeil ou dans les pommes, il n'aurait su le dire.

Et la raison pour laquelle il buvait surgit dans ses rêves embrumés. C'était Granger, elle était debout et lui souriait en lui tendant la main. Il devait faire un grand effort pour la rejoindre, elle paraissait très loin. Son sourire était doux, accueillant, sa paume tendue vers lui lui donnait envie de la prendre et de courir avec elle. Mais quand il arrivait enfin à la saisir, il ne sentait rien, comme si Granger était en fait un fantôme.

Et alors, son rêve se transforma. Tout était soudain plus sombre, et son champ de vision beaucoup plus réduit. Il ne savait pas où il se trouvait. Granger avait disparu. Il avait froid.

Quelqu'un s'approcha. Il était grand, et encapuchonné, si bien qu'il ne pouvait pas voir son visage, mais il avait la voix de son père.

"Pourquoi penses-tu à ça ?" demanda l'homme, son ton teinté de colère et de sournoiserie. "Tu pensais à elle, n'est-ce pas ? Tu n'as pas honte ?"

L'homme leva la main, Drago pensait voir une baguette, mais non, c'était simplement une longue main blanche, et au moment où elle allait s'abattre sur lui, la capuche de l'homme se leva légèrement, laissant entrevoir les yeux gris de son père.

Drago se réveilla en sursaut, emportant avec lui le bout de couette qui le recouvrait. Son t-shirt était plein de sueur, il lui collait à la peau. C'était la quatrième nuit consécutive où il faisait le même cauchemar, et qu'il en ressortait comme ça.

D'habitude, il ne réveillait personne, mais il fallait croire qu'il avait crié dans son sommeil parce que Pansy était penchée sur lui, les yeux écarquillés :

"Drago ? Ça va ?"

"Non." gémit-il.

"C'est un de tes cauchemars ? Ça a recommencé ?" demanda Pansy.

Sa voix était pâteuse et son haleine chargée d'alcool. Il se demanda si elle ne venait pas de se coucher. Drago se passa une main sur le visage et se rendit compte qu'il était brûlant.

"J'ai crié ?" murmura-t-il. "Théo et Blaise, ils ont…"

"Non, rien." coupa Pansy en montrant les rideaux tirés autour du lit. "Ce sont tes cauchemars ?"

"Oui." céda Drago. "Je crois que j'ai… j'ai rêvé du Seigneur des Ténèbres."

Les yeux noirs de Pansy s'arrondirent encore plus.

"Comment as-tu…." commença-t-elle.

"Je ne sais pas à quoi il ressemble, alors mon esprit de taré me le représente comme mon père, je crois. Mais c'était lui."

"Qu'est-ce qu'il te faisait ?" demanda Pansy dans un souffle.

Drago secoua la tête :

"Je sais plus."

C'était un mensonge, bien évidemment, mais Pansy devait avoir compris qu'il ne voulait pas en parler parce qu'elle n'insista pas.

"Rendors-toi, ça ira mieux demain." dit-elle, moyennement convaincue elle-même.

Drago acquiesça et Pansy se rallongea sur sa partie du lit. Peut-être qu'avec tout l'alcool qu'elle avait ingurgité ce soir, elle ne se souviendrait pas de cette conversation le lendemain matin.

Il serra la couette contre lui parce qu'il ressentait des douloureux frissons de froid remonter le long de sa colonne vertébrale, et essaya de se rendormir, mais les yeux gris et froids de son père étaient toujours braqués sur lui.

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Drago sécha tous les cours de la matinée, trop épuisé pour sortir du lit. Il consentit à sortir que pour aller déjeuner, parce qu'il avait tellement faim que ça lui en donnait mal au ventre. Il enfila un pantalon et une robe de sorcier mal repassée, puis sortit du dortoir. La lumière des fenêtres de la Salle Commune l'aveuglait, alors qu'elle ne projetait que les profondeurs du Lac Noir. Il se frotta les yeux en grognant.

Marcher jusqu'à la Grande Salle fut une épreuve, il tenait à peine debout et n'arrêtait pas de chanceler. Il était vraiment dans un sale état. Il ne se souvenait même plus de la soirée de la veille.

Il arriva aux portes de la Grande Salle et repéra ses amis qui étaient déjà en train de manger. Ils lui avaient laissé sa place habituelle vide, et il s'y assit lourdement avec un grognement en guise de bonjour.

"Bonjour petit rayon de soleil." railla Théo quand il vit Drago s'asseoir. "Tu m'as l'air bien frais et disposé pour l'examen de Potions."

Drago grogna encore une fois : il avait complètement oublié le cours de Potions de cette après-midi. Heureusement, il comptait sur ses nombreuses heures de révisions en compagnie de Granger pour le sauver.

Il se servit un verre d'eau en jetant un coup d'œil vers la table des Gryffondors : Granger était assise, complètement obnubilée par le manuel de Potions en face d'elle qu'elle avait posé contre le pichet de jus. À côté d'elle, Weasley et Potter discutaient sans se préoccuper d'elle. Drago détacha son regard d'elle en réalisant ce qu'il était en train de faire.

Il se servit deux saucisses et sentit soudain plusieurs regards vers lui. Quand il leva la tête, Blaise, Théo et Pansy le regardaient comme s'il était soudain devenu fou.

"Quoi ?" lâcha-t-il d'une voix rauque.

"Ça fait deux fois que je te demande comment tu te sens." dit Pansy, inquiète. "Tu n'entends plus ou quoi ?"

"Désolé. Oui, ça va." mentit-il.

La musique d'hier avait probablement détruit ses tympans.

"Non, ça ne va pas." dit Blaise. "On le voit bien. Quelque chose ne va pas. Tu veux bien nous dire ce qu'il se passe ?"

Drago coupa sa saucisse en soupirant.

"Rien, tout va bien."

"Pourquoi tu nous mens, à nous ?" demanda Théo en se penchant vers lui. "Ça fait trois fois que tu t'évanouis dans le canapé tellement tu bois."

"Je ne bois pas." asséna Drago. "Je ne mange juste pas assez, mais ça va."

"Tu as bu la moitié de la liqueur, hier." dit Pansy d'un ton accusateur.

"Pourquoi êtes-vous tous focalisés sur moi ?!" s'écria Drago. "C'est Pansy qui devrait recevoir des leçons de morale, c'est elle qui se bourre la gueule à chaque soirée !"

"Peut-être, mais moi au moins, je ne m'évanouis pas !" répliqua Pansy, un peu trop fort parce que plusieurs élèves se tournèrent vers elle.

"Dray, dis-nous ce qui ne va pas." dit sagement Blaise. "On pourrait même t'aider, qui sait."

Drago ne répondit rien et mangea sa saucisse pour remplir un peu son ventre.

"C'est à cause de la lettre de ton père, c'est ça ?" tenta Théo dans un murmure.

"Quelle lettre ?" demanda Pansy.

Drago sentit le dernier morceau de saucisse se coincer dans sa gorge en entendant parler de la lettre. Il n'y avait toujours pas répondu, elle pesait comme une menace sur son esprit depuis plus d'une semaine.

Il leva la tête et croisa le regard apaisé de Blaise. Ses yeux caramels et familiers qui le scrutaient avec une once d'inquiétude. Il se décida à leur confesser ses tracas :

"Oui, c'est ça."

"Tu parles de la lettre que tu as reçue sur le retour de…." commença Pansy, mais Théo l'empêcha de continuer d'un geste de la main.

"Depuis que je l'ai reçue… je fais des cauchemars." avoua Drago.

Il se sentit soudain un peu honteux. Il n'aimait pas parler de ses terreurs nocturnes, on aurait dit un enfant qui avait peur du monstre sous son lit. Heureusement, aucun de ses amis ne ricana.

"Quels cauchemars ?" demanda Blaise. "Comme ceux que tu faisais quand tu étais petit ?"

Il acquiesça difficilement. Théo fronça les sourcils et demanda à Blaise :

"Petit ?"

"Quand il était petit, Drago faisait des cauchemars de son père." expliqua Pansy dans un murmure.

Plus personne ne parla. La tension était palpable autour d'eux. Puis, Pansy brisa le silence :

"C'est ça dont tu m'as parlé cette nuit ?"

"Oui. Mais cette nuit, c'était différent." expliqua Drago le plus bas possible. "Je n'ai pas vraiment rêvé de mon père, j'ai rêvé du Seigneur des Ténèbres, mais comme je ne sais pas à quoi il ressemble, je me l'imagine comme mon père. Avec une capuche, comme lors de la Coupe du Monde de Quidditch."

"Et qu'est-ce qu'il te disait ?" demanda Théo.

"Je ne sais plus vraiment." dit Drago, qui ne voulait pas mentionner la présence de Granger dans ses rêves. "Il me reprochait de faire quelque chose, de ne pas être à la hauteur."

"Tu devrais peut-être aller voir Madame Pomfresh." proposa Blaise. "Elle pourrait te donner des potions de Sommeil-Sans-Rêve."

Drago réfléchit à la proposition et se dit que c'était peut-être une bonne idée. Il hocha la tête et continua de manger. Le silence qui s'était installé autour d'eux était assez pesant. Plus personne n'osait mentionner ce que Drago venait de dire.

Ce fut Pansy, encore une fois, qui reparla :

"Oh, j'ai une idée !" s'écria-t-elle.

"Quoi ?"

"Nous sommes justement en train d'étudier la signification des rêves en Divination…"

"Oh non, pas de ça, je t'en supplie !" s'exclama Théo d'un ton exaspéré. "Pour la millième fois, ça ne veut rien dire !"

"Qu'est-ce que tu en sais, tu n'as jamais daigné lire le livre que je t'ai prêté sur la science de…"

"Vas-y Pansy." coupa Blaise. "Parle-nous de la signification des rêves."

Pansy ébaucha un petit sourire et ouvrit son sac pour en sortir le manuel de Divination. Il était rose pâle et sensiblement abîmé sur la tranche, comme si elle l'avait lu plusieurs fois. Quand elle l'ouvrit à la bonne page, Drago remarqua qu'elle avait annoté dessus.

"Voyons… La signification des rêves…" dit-elle en faisant glisser son doigt sur les lignes. "Ah, voilà ! Alors, ton père, il était comment dans ton rêve ?" demanda-t-elle à l'adresse de Drago.

"Il me vendait des glaces, et il sentait la guimauve." dit ironiquement Drago, et Théo éclata de rire.

Pansy, elle, lui jeta un regard noir par-dessus son bouquin.

"Drago, pour que ça marche, il faut que tu sois concentré. La Divination, c'est un art qui implique les deux personnes…"

"Ok, ok !" céda Drago. "Il avait une capuche. Il était menaçant."

"Est-ce qu'il avait un sourire ?" demanda Pansy en lisant la description.

"Je ne sais pas, je ne pouvais pas voir son visage. C'était juste sa voix, et ses yeux."

Il eut un frisson en se rappelant du regard gris qui l'avait réveillé. Pansy fit défiler son doigt sur les lignes du titre "rêver d'une figure paternelle."

"Comment veux-tu retrouver ça ?" intervint Théo. "Ça m'étonnerait que ton manuel parle du Seigneur des Ténèbres."

"Ce n'est pas lui le plus important dans le rêve." expliqua Pansy. "Le fait que Drago représente Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom comme son père prouve qu'il a en réalité peur de lui, c'est ça la symbolique du rêve."

Théo fut sur le point de contester quand Pansy trouva enfin ce qu'elle cherchait. Elle commença à lire d'une voix théâtrale :

"Ce rêve symbolise un désir enfoui et caché qui vous ronge de l'intérieur. Vous sentez une menace qui flotte au-dessus de votre tête et vous empêche de différencier le bien du mal."

Drago déglutit difficilement. Sa Divination de merde commençait sérieusement à l'effrayer, c'était explicitement ce qu'il ressentait à cet instant.

"N'importe quoi." trancha Théo. "La personne qui a écrit ce truc aurait pu écrire n'importe quoi, c'est totalement aléatoire."

Pansy referma son manuel en se lançant dans une explication scientifique sur la véracité de la Divination et les trois garçons autour d'elle se lamentèrent d'une seule voix.

Drago continua de manger. Il n'osait pas regarder l'objet de ses rêves et de ses peurs, assis quelques tables plus loin, de peur que ses amis ne découvrent son secret caché.

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Hermione


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Hermione passa sa première après-midi des vacances, après le cours de Potions, à la Bibliothèque. Elle n'avait pas grand chose à réviser étant donné qu'elle était en avance, alors elle s'installa à la table du centre pour lire un livre.

Le soleil se déclinait déjà derrière la grande fenêtre en face d'elle. C'était le milieu de l'après-midi, et il n'y avait personne à la Bibliothèque, tout le monde était dehors en train de jouer dans la neige, ou en train de profiter de leurs premières heures de vacances.

Les pages du livre d'Hermione défilaient à toute vitesse à mesure que ses yeux dévoraient le texte. Il était assez intéressant, mais elle avait hâte de le terminer pour commencer l'autre livre qui attendait sur sa table de nuit.

Soudain, quelqu'un s'approcha de sa table. Hermione paniqua un peu : et si c'était Malefoy ? Ils ne s'étaient pas parlés depuis leur dispute sur le banc, et depuis, elle sentait son regard sur elle en permanence. Elle s'appliquait à l'ignorer à chaque fois, mais elle ne savait pas du tout comment procéder s'il se mettait à venir lui parler en face.

Elle leva la tête, prête à lui lancer une remarque acerbe, une insulte, une menace, n'importe quoi, mais elle s'étrangla en voyant qui c'était.

Ce n'était pas Malefoy. C'était Krum.

...

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Le nom "David Flumet" est en fait une blague entre moi et ma mère, qui a appelé Sirius Black ainsi parce qu'elle avait oublié son nom... alors je lui ai promis de l'utiliser dans un chapitre :)