j'ai l'impression que vous allez aimer cette fin...

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Hermione


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"Vous voulez m'apprendre à danser ?!" demanda Hermione, effarée.

"Et bien…" commença Fred.

"... Ginny nous a parlé de ton petit stress à l'idée de danser au Bal." continua George.

"Elle a refusé de nous dire avec qui tu y allais. Alors qu'on a insisté, tu peux me croire !" reprit Fred. "Mais on a bien élevé notre petite Ginny, elle est plus forte que nous à ce jeu-là, maintenant."

"On sait juste que ce n'est pas cet imbécile de Ronald, qui d'ailleurs, réussit toujours à être plus idiot chaque jour qui passe. Sérieusement, on ne sait pas pourquoi il ne t'a pas invitée toi, ça crève les yeux que tu en avais envie !"

Hermione sentit ses joues brûler un peu et dû détourner les yeux de ceux de George, soudain embarrassée.

"En tout cas, on sait que tu t'es fait inviter par quelqu'un d'autre, mais que tu stressais à l'idée de devoir danser avec lui."

"On devine donc que c'est quelqu'un de plus âgé. Et né-sorcier." dit George, soudain plongé dans ses réflexions.

"Hé, on a dit pas de devinettes ! Vous êtes là pour danser !" intervint Ginny, et George éclata de rire.

"Ok, ok. Désolé, Hermione." dit Fred. "On est simplement trop curieux."

"Vous ne devinerez jamais qui c'est, de toute façon. Même moi, j'ai du mal à me faire à l'idée." marmonna Hermione.

"Oh, Merlin, ça va être renversant." dit George, surexcité de cette nouvelle information. "C'est un Serpentard ?"

"George !" réprimanda Ginny.

"Ok, ok, désolé." répéta George. "Bon, en tout cas, notre sœur chérie nous a demandé de t'apprendre à danser, et figure toi qu'en plus d'être de brillants inventeurs,"

"De charmants jeunes hommes…" continua Fred d'un ton fier.

"... De négociateurs hors pairs…"

"... De businessmen en devenir…"

"... De fantastiques farceurs…"

"... De jumeaux hilarants…"

"... Nous sommes aussi d'incroyables partenaires de danse." conclut George. "Alors, nous avons naturellement accepté. On peut t'apprendre quelques pas, pour ne pas que tu t'humilies."

"Et qu'est-ce que vous y gagnez ?" demanda Hermione d'une voix méfiante, parce qu'elle connaissait que trop bien les jumeaux Weasley pour savoir qu'ils avaient toujours des idées derrière la tête.

"Rien, mis à part la tête monumentale de Ron quand il te verra arriver. Il est encore persuadé que tu n'as personne, cet imbécile." dit Fred.

"Et vous ne direz à personne que vous m'avez entraînée ? Vous ne vous moquerez pas de moi si je tombe ?" demanda timidement Hermione.

"Enfin, Mione, regarde-nous !" s'exclama George en désignant sa tenue improvisée et sa cravate de travers. "Ne ressemblons-nous pas assez à de parfaits gentlemen pour que tu oses insinuer ça ?"

Hermione se mordit la lèvre, pensive. Si elle mettait sa gêne de côté, elle devait avouer qu'un peu d'aide de la part de deux danseurs pouvait lui être utile. Il valait mieux qu'elle se tape la honte devant trois Weasley que devant l'école entière.

"Bon… D'accord." consentit Hermione, récoltant deux grands sourires de la part des jumeaux.

"Génial !" s'exclama Fred en tapant dans ses mains. "Alors, on commencera par moi, ça te va ? Je connais mieux la danse."

Hermione se sentit soudain très exposée. Elle était en plein milieu de la Salle Commune, en pyjama, chaussettes, et les cheveux dégoulinant encore de sa douche. Fred, lui, était parfaitement à l'aise, comme d'habitude :

"On va t'apprendre la valse traditionnelle, très connue dans le monde des sorciers, c'est celle qu'on danse le plus dans les mariages." expliqua-t-il. "C'est sur cette valse que les Champions vont devoir ouvrir le Bal, donc tu n'auras qu'à rejoindre la piste de danse après l'ouverture."

Ou plutôt l'ouvrir moi-même, pensa Hermione amèrement. Les poils de sa nuque se redressèrent en s'imaginant danser devant tout le monde. Ginny lui lança un regard furtif.

"Tu vas voir, c'est assez simple. Il faut simplement apprendre les pas, puis les répéter en boucle."

Fred tendit les bras et Hermione s'approcha de lui doucement. George s'assit sur le canapé, juste à côté de Ginny. Cette dernière prit sa baguette et tapota sa radio sorcière, qu'Hermione n'avait pas vue et qu'elle avait posée sur le rebord de la cheminée. Une musique mélancolique s'en échappa.

"D'abord, on doit se saluer."

Fred lui fit une révérence en se baissant très bas, et Hermione fit de même. Puis, il lui tendit ses deux mains et Hermione les prit, se rapprochant de lui.

"Regarde tes pieds." conseilla Fred.

Hermione obéit et regarda ses chaussettes. Puis, Fred lâcha sa main gauche et posa sa paume contre la hanche d'Hermione, qui se sentit rougir en pensant que Viktor Krum allait probablement la poser au même endroit dans trois jours. Elle posa sa propre main sur l'épaule du rouquin qui acquiesça.

"D'abord, on tourne." expliqua-t-il.

Il la fit tourner avec lui, elle se sentit projetée sur le côté.

"C'est deux pas à gauche, deux pas à droite. C'est l'homme qui est censé diriger, donc tu n'auras qu'à te laisser faire par ton partenaire. Il faut juste que tu te rappelles qu'après les quatre pas, tu tournes sur toi-même."

Il leva son bras et elle tournoya sur elle-même, se sentant parfaitement idiote. Ses cheveux mouillés projetèrent des petites gouttes sur le pyjama de Fred.

"Parfait !" encouragea Fred, qui l'arrêta dans sa ronde. "Ok, après ça, on recommence. On tourne, deux pas à gauche, deux pas à droite."

Ils s'exécutèrent. Le violon grésillant de la musique partit dans un trémolo plus profond et Fred lui dit par-dessus la musique :

"Et là, tu dois t'éloigner de moi, sans me lâcher la main, et me regarder de loin."

Il la poussa un peu et Hermione recula de quelques pas, s'arrêta, et croisa le regard de Fred de loin, avant qu'il la ramène d'un geste sec.

"Non, tu dois tourner sur toi-même." corrigea Fred en la voyant revenir sur ses pas. "Pas grave, on le refera après. Continue, tourne, puis deux pas sur le côté…"

Hermione suivit ses gestes en fixant leurs chaussettes. Parfois, elle lui marchait malencontreusement sur les pieds, ou s'embrouillait dans ses pas et tournait dans le mauvais sens. Fred était un très bon professeur, cependant, parce qu'il ne faisait aucun commentaire moqueur et l'encourageait à recommencer.

"Ok, et à la fin du quatrième temps…" dit Fred après avoir fait tournoyer Hermione encore une fois. "Là, je dois te porter."

"Me porter ?!" répéta Hermione en s'arrêtant soudain.

"Oui." répondit Fred calmement, comme si c'était un geste qu'il faisait tous les jours. "Donc, deux pas à gauche, deux, trois, quatre…"

Hermione suivit son geste, jusqu'à ce que les deux mains de Fred se posent sur sa taille et la hisse dans les airs. Elle lâcha un petit cri et se retrouva au-dessus de la tête de Fred, le temps de quelques secondes, les yeux fixés sur le plancher. Puis, il tourna sur lui-même et Hermione lâcha un rire étranglé avant qu'il ne la repose par terre et lui sourit, une mèche de cheveux rousse barrant ses yeux marrons.

"Et après, tu recommences tout." dit-il. "Tu vois, ce n'est pas si compliqué."

Hermione n'était pas tout à fait d'accord. Ils recommencèrent la danse deux fois, les mains fermes de Fred la guidaient. La troisième fois, elle ne se trompa dans aucun pas et prit même un peu d'élan avant de se faire projeter dans les airs, ce qui lui valut un compliment de la part de George.

"Génial !" s'exclama Fred. "Tu te débrouilles très bien, tu vois ! Je t'avais dit que c'était facile."

"Tu étais parfaite, Hermione." compléta Ginny avec un sourire.

Hermione n'était pas encore convaincue, mais son stress avait considérablement baissé. Même si elle ne maîtrisait pas tout à fait la valse, le fait de savoir à quoi ça ressemblait était rassurant. Fred s'éloigna d'elle et se passa une main dans les cheveux :

"J'avais oublié à quel point c'était sportif." concéda-t-il. "Je vais devoir m'entraîner avant de danser avec Angelina."

Hermione hocha la tête : la danse et le feu en face d'eux lui avaient donné chaud, elle sentait la sueur perler sur son front et son cou.

"Où est-ce que vous avez appris à danser, au fait ?" demanda Hermione en acceptant le verre d'eau que Fred lui tendait. "Est-ce que ça faisait partie des enseignements des sang-purs pré-Poudlard ?"

Fred ouvrit grand les yeux et éclata de rire, suivis par George et Ginny.

"Quoi ? Non, bien sûr que non. On a pas suivi d'enseignement de danse, où est-ce que tu as entendu ça ?"

"Euh… Je l'ai lu... dans un livre." mentit Hermione.

Fred n'avait toujours pas terminé de rire.

"Non, bien sûr que non. C'est maman qui nous faisait notre éducation avant Poudlard, mais c'était juste les enseignements de base. Pas la danse ! T'entends ça, Georgie ?"

George riait aussi, imaginant probablement sa mère lui apprendre à danser. Ginny ricanait aussi. Hermione avait l'impression d'être exclue d'une blague familiale et ça la mettait un peu mal à l'aise. Quand Fred eut terminé son fou rire, il expliqua à Hermione :

"Non, c'est en fait pire. C'est Tante Muriel qui nous a obligés à l'apprendre, juste avant le mariage d'un de nos cousins éloignés. C'est Bill qui nous a appris les pas."

Ginny eut un petit rire moqueur et George lui donna un coup dans les côtes. Puis, ce dernier se leva :

"Ok, à mon tour. Je dois m'entraîner aussi."

Il se mit à la place de Fred et lui fit une révérence très exagérée, à laquelle Hermione répondit, puis il plaça ses mains aux mêmes endroits que son jumeau un peu plus tôt. Il sentait une douce odeur de vanille qui lui rappelait Mary, son amie de Londres.

"Ginny, lance la musique !" lança George.

Ginny obéit et dodelina de la tête en entendant l'air mélancolique de la radio. Elle caressait distraitement Pattenrond, qui s'était endormi sous les airs calmes de la musique. George commença les pas :

"Maintenant, tu ne dois plus regarder tes pieds, tu dois regarder ton partenaire." dit-il, et Hermione releva la tête. "Tu dois étirer ton cou, et ne jamais lâcher le contact visuel avec ton cavalier."

Hermione tournoya sur elle-même, puis retourna en face de George qui la conduisit à gauche. Il n'était pas pareil que Fred : il était plus doux, plus avenant. Sa main effleurait à peine la hanche d'Hermione, contrairement à Fred qui la tenait fermement pour la guider.

Ils dansèrent sur la musique et Hermione avait mal au cou à force de le tordre pour voir les yeux de George. Elle était surprise de voir à quel point les jumeaux avaient raison : ils étaient des incroyables partenaires de danse, tous les deux. Ils étaient naturellement doués.

"N'oublie pas le dernier pas, tu as tendance à revenir trop vite vers moi." avertit George quand elle recommença la boucle. "Tu tournoies, et après tu reviens, et après on tourne tous les deux, juste avant que je te porte." Puis, dans un murmure : "C'est Olivier Dubois, c'est ça ?"

"Bien plus scandaleux." répondit Hermione, puis elle tourna sur elle-même.

Ils recommencèrent la danse jusqu'à ce qu'Hermione ne sente plus ses pieds. À la fin, elle s'écrasa mollement dans le canapé. La racine de ses cheveux était trempée à cause de l'effort, et George avait retiré sa cravate qui pendait sur ses épaules tant il avait chaud.

"Quelle heure est-il ?" demanda Hermione.

"1h du matin." annonça Ginny. "Je pense que c'est assez pour aujourd'hui. Tu te sens plus confiante ?"

"Je crois." répondit Hermione.

Ginny tapota sa radio, et au lieu de la musique mélancolique qu'ils écoutaient depuis des heures, la station changea et diffusa un air de rock qu'Hermione ne connaissait pas. Les yeux de Ginny s'illuminèrent :

"Shake your head and spin !" s'exclama-t-elle en reconnaissant la musique. "Oh, j'adore celle-là !"

"Et bien, étant donné que les Bizarr' Sisters seront sûrement là, il faut entraîner Hermione au rock aussi !" s'exclama George en se relevant du canapé.

"Quoi ? Non, ça va al…"

Mais elle ne réussit pas à terminer sa phrase, parce que Fred venait de la tirer sans ménagement du canapé.

"Allez, Mione !" s'écria Ginny qui avait monté le volume de la radio. "Lâche-toi !"

Elle s'était levée à son tour, réveillant au passage Pattenrond qui paraissait peu enjoué de la nouvelle musique.

"Avec le rock, c'est facile." dit Fred qui bougeait autour d'elle à toute allure. "Tu as juste à sauter partout, bouger la tête et chanter les paroles super fort, même si tu ne les connais pas !"

Et là, les trois Weasley se lâchèrent : ils commencèrent à sauter partout, comme des fous, martelant le sol avec leurs pieds. Ginny se déhanchait au rythme de la musique assourdissante, qui se répercutait contre les murs de la Salle des Gryffondors dans une cacophonie. Elle remuait la tête, secouant sa longue chevelure rousse dans tous les sens.

Hermione était plantée là, se demandant s'ils n'avaient pas soudain perdu la tête, jusqu'à ce que George lui attrape la main pour la joindre au cercle :

"Vas-y, Mione !"

Alors, elle les imita. Au début, elle se sentait vraiment bête à remuer comme ça. Elle fixait ses pieds qui glissaient timidement par terre. Puis, la musique finit par s'infiltrer en elle, et elle commença à se sentir de mieux en mieux. Elle bougea plus vite, et se retrouva devant Ginny qui lui attrapa les mains et l'emmena dans son rythme effréné.

Hermione ne vit plus le temps passer, elle ne faisait que rire à gorge déployée. Fred et George dansaient passionnément à côté d'elles, les yeux fermés, et Hermione sentait les battements de son cœur frapper sa cage thoracique à la même cadence que la musique, et c'était libérateur. La danse lui vidait la tête, elle ne pensait plus aux pas, plus à son port de tête, elle n'écoutait plus que la musique, se fichant éperdument de ce à quoi elle devait ressembler à cet instant.

La musique s'arrêta, et Hermione fut déçue qu'elle s'arrête si vite. Elle aurait aimé encore danser pendant des heures. Ginny haletait presque tant elle avait dansé, ses cheveux roux d'habitude parfaitement lissés étaient poisseux de sueur. Elle les attacha dans un chignon improvisé.

"Voilà, c'est comme ça qu'on danse le rock." annonça George, les deux mains sur ses genoux pour respirer correctement.

Hermione savait qu'elle devait être écarlate, mais elle n'en avait rien à faire. Elle avait tellement ri que ses côtes lui faisaient mal, c'était la meilleure sensation possible, comme si tout son stress s'était libéré en même temps que la musique. Fred et elle échangèrent un regard et partirent dans un fou rire.

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Le lendemain, Ron arriva à la table du petit-déjeuner après tout le monde. Hermione était en train de parler avec Ginny, mais s'arrêta en voyant son air grognon.

"Mal dormi." marmonna-t-il comme explication.

Harry lui tendit une tasse de café sans rien dire et Ron l'accepta, alors qu'il n'aimait pas ça. Il but une gorgée, grimaça, puis demanda d'une voix fatiguée :

"Au fait, qu'est-ce que vous foutiez en bas, tous les quatre ?" dit-il en désignant Hermione, Ginny et les jumeaux du doigt. "On vous a entendus rire jusqu'à au moins 2h du matin."

"Ah, mon petit frère." dit Fred d'une voix théâtrale. "Nous faisions ce qu'on appelle de l'Art."

Hermione et Ginny étouffèrent un rire en voyant l'air d'incompréhension de Ron.

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Drago


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Drago se fit réveiller le matin de Noël par un cri perçant. Il sortit des torpeurs du sommeil avec difficulté, et se redressa dans son lit, pour trouver la cause du cri : Pansy, qui regardait ses cadeaux au pied du lit.

"Merci Théo ! Il est trop beau !"

Drago se jeta en arrière dans le lit en grognant un son intelligible et se frotta les yeux pour faire partir les dernières traces de sommeil. Il avait pris une gorgée de potion de Sommeil-Sans-Rêve la veille, qui avait bien marché parce qu'il avait dormi toute la nuit sans se réveiller.

Le rêve qu'il avait fait éclata comme une bulle, se dissipant dans les airs. Drago se releva et vit le cadeau que Pansy tenait entre ses deux mains manucurées : un journal violet, incrusté de pierres précieuses. Elle le tenait comme s'il s'agissait d'un trésor inestimable.

"Tu as ouvert le mien ?" demanda Drago d'une voix ensommeillée.

"Non pas encore, j'attendais que tu te réveilles." dit-elle en prenant le paquet bleu, au bord du lit.

Elle le déchira et observa les deux boucles d'oreilles qu'il lui avait offert, enfermées dans un écrin pourpre. Elle savait déjà qu'elle allait recevoir ce cadeau, c'était elle qui lui avait demandé de lui acheter ça, pour aller avec son collier. Elle sourit tout de même et se jeta dans le lit pour lui faire un câlin : elle avait cette odeur de tabac froid accrochée à sa peau.

"Hé, attendez un peu avant de faire ça, il reste mon cadeau." dit Blaise d'une voix faussement sévère, et Pansy lui fit un gros doigt d'honneur.

Elle ouvrit le paquet violet. C'était un paquet de cartes de tarot, et Pansy partit dans des couinements aigües incompréhensibles.

"Merci, merci, merci Blaise ! J'en voulais un exactement comme ça !"

Blaise lui fit un sourire, le genre de sourire qu'il utilisait quand il flirtait avec une fille :

"Et moi, j'ai pas le droit à un câlin ?"

Elle se leva pour lui en faire un. Drago en profita pour se lever et s'étirer un peu. Puis, il ouvrit ses propres cadeaux, en commençant par ceux de ses amis. Blaise lui avait offert un livre de Quidditch, Théo un kit de potions avancée pour s'entraîner, et Pansy un pull bleu gris "qui mettait en valeur ses yeux".

Drago ouvrit le paquet de sa mère, qui contenait une quantité impressionnante de chocolats et de confiseries qu'il aimait, accompagné d'une lettre pour lui souhaiter un joyeux Noël. Il prit soin d'ignorer le paquet que son père lui avait envoyé, parce qu'il n'avait pas envie d'y lire une nouvelle lettre pleine de menaces et ruiner sa bonne humeur festive.

Théo et Blaise ouvrirent leurs cadeaux, puis ils allèrent prendre le petit-déjeuner. Le Château avait été entièrement décoré pour Noël, et il n'avait jamais paru aussi propre. Drago soupçonnait les professeurs d'avoir mis les bouchées doubles pour impressionner les élèves de Durmstrang et Beauxbâtons. Il y avait des stalactites un peu partout, des sapins de toutes les couleurs dans chaque couloir, et des branches de houx étaient entrelacées le long des murs. De temps en temps, une pluie de fausse neige s'abattait sur eux, ce qui faisait pousser un hurlement strident à Théo.

Ils prirent le petit-déjeuner tous les quatre en discutant de leurs cadeaux et, bien entendu, du Bal du soir-même. Pansy avait revêtu une chemise verte affreuse, avec un col blanc bien trop haut, alors Blaise, Drago et Théo passèrent tout le petit-déjeuner à se moquer d'elle.

Granger mangeait avec Weaslette, Potter et Weasley. Elle mangeait ce porridge qu'elle adorait, celui à la cannelle, et Drago se demanda comment il pouvait savoir que c'était son préféré. Il faisait vagabonder son regard sur les autres élèves de Gryffondor, se demandant qui était le cavalier de Granger, la question qu'il se posait en permanence ces derniers jours.

"Avec qui Potter va-t-il aller au Bal ?" demanda soudainement Théo, ramenant Drago à la réalité.

Pansy hocha les épaules, ce qui fit monter les épaulettes en dentelle qui ornaient sa chemise, et que Blaise trouvait particulièrement drôle.

"Parvati Patil je crois. Une Gryffondor." dit-elle. "Et Ron Weasley y va avec sa sœur jumelle, à Serdaigle, Padma."

Drago se demanda pourquoi Pansy hochait les épaules alors qu'elle avait la réponse exacte à la question. Drago risqua, sur un ton qu'il voulait le plus décontracté et désintéressé possible :

"Et Granger ?"

Il sentit le regard de Blaise sur lui qu'il ignora. Pansy lâcha un rire mauvais entre ses dents :

"Personne, je suppose. Qui voudrait l'inviter au Bal ?"

"J'ai entendu Weasley dire qu'elle avait un cavalier."

Encore une fois, il sentit le regard brûlant de Blaise sur sa joue mais il prit soin de ne pas se tourner vers lui, fixant plutôt les lèvres noires de Pansy qui finit de mâcher sa brioche pour répondre :

"Ça devait être un mensonge. Si elle n'y va pas avec Weasley ou Potter, je ne vois pas qui voudrait l'emmener au Bal."

Drago acquiesça, même s'il n'était pas d'accord. Connaissant la personnalité de Granger, si Weasley ne l'avait pas invitée, elle pouvait être capable de préparer une vengeance grandiose. Il sentit son coeur remonter dans sa poitrine en pensant ça, alors il but son verre de jus de citrouille pour le faire redescendre.

"Et Ginny Weasley, avec qui elle y va ?" demanda soudain Blaise, et Pansy fronça les sourcils.

"Elle ne peut pas aller au Bal, elle est en troisième année, non ?"

Blaise fit un petit "ah." et continua de manger.

Après le petit-déjeuner, Pansy leur demanda s'ils pouvaient se balader dans la neige et ils acceptèrent, avec réluctance pour Théo. Évidemment, ils comprirent très vite que la raison pour laquelle Pansy leur avait demandé ça était de pouvoir fumer une cigarette. Ils marchèrent dans la neige, leurs pieds s'enfonçant dans la couche blanche.

"Je rentre." dit Théo qui grelottait.

"Je te suis." dit Pansy en jetant son mégot dans la neige, laissant une grosse trace noire.

"Moi je reste un peu ici. Tu peux m'en passer une, Pans' ?" demanda Drago en pointant du doigt son paquet.

"Moi aussi." dit Blaise instantanément.

Pansy leur tendit deux cigarettes et rentra dans le Château avec Théo. Drago coinça la cigarette entre ses lèvres et Blaise l'alluma avec le bout de sa baguette, comme Pansy le faisait, puis embrasa la sienne de la même manière. Ils s'éloignèrent du Château pour ne pas se faire repérer et allèrent s'asseoir sur un banc.

Drago avait peur que Blaise soit resté pour lui parler de Granger, mais il n'en fit rien, heureusement. Il se contenta d'observer l'horizon silencieusement, perdu dans ses pensées, en tirant sur la cigarette de Pansy de temps en temps. Drago fit de même. La cigarette avait le don de décoincer sa gorge, serrée par l'angoisse. Et même si ce n'était que pour quelques minutes, si ça pouvait le détendre, il prenait.

Quand le mégot devint un tas de cendres entre ses doigts, Drago le jeta dans la neige et essuya le résidus de ses mains sur son pantalon. Blaise était à côté de lui, et même s'ils ne se parlaient pas, Drago apprécia sa compagnie. Le silence était toujours confortable avec Blaise, tout comme avec Pansy. Il était calme, posé, scrutant l'horizon sans le voir, et Drago en fut reconnaissant, ça lui permettait de ne pas tomber dans l'anxiété.

Au bout d'un certain temps, quand les chevilles de Drago étaient complètement gelées par la neige, Blaise se leva et ils rentrèrent dans le Château. Sans rien dire, Blaise posa une main sur le dos de Drago et tapa deux fois dessus, comme un geste de soutien, et Drago sentit toute l'affection qui lui portait dans ce simple geste. Peut-être avait-il vu qu'il était stressé ?

Ils retournèrent dans la Salle Commune, et descendirent aux dortoirs. Blaise ouvrit la porte et tombèrent alors sur une vision étrange : Théo était assis sur une chaise, en face d'eux, torse nu, avec une serviette nouée autour du cou. Drago pouvait voir ses fines cicatrices blanches s'étirer sur son bassin et ses bras, jusqu'à son cou.

"C'est quoi ça ?" demanda Blaise.

Théo leva les yeux au ciel et Pansy revint alors de la salle de bains, avec un flacon de potion en lançant :

"Le voilà !"

Puis, elle regarda les deux garçons, toujours dans le cadre de la porte, et arqua un sourcil.

"Pourquoi vous ne rentrez pas ?" demanda-t-elle.

"C'est quoi ça ?" répéta Blaise.

"Je coupe les cheveux de Théo." répondit naturellement Pansy en se plaçant derrière Théo. "Pour le Bal."

"Et tu as accepté ça ?" demanda Blaise avec une pointe d'amusement à l'adresse de Théo.

"Pas le choix." marmonna-t-il. "Je suis pratiquement ensorcelé par Imperius."

"N'importe quoi !" contesta Pansy. "C'est toi qui m'a dit que tu ne voyais plus rien, je coupe juste quelques centimètres !"

Théo grommela quelque chose. Drago alla s'asseoir sur le rebord de son lit et demanda :

"Et tu laisses Pansy faire ça ?"

"Après cet accident de frange l'année dernière ?" ajouta Blaise.

"Hé !" s'exclama Pansy pour les interrompre en agitant les ciseaux devant elle. "Taisez-vous et laissez-moi me concentrer !"

Elle se pencha sur la nuque de Théo et commença à couper quelques mèches. À chaque fois que les ciseaux claquaient, le garçon fermait les yeux comme si ça lui faisait physiquement mal. Pansy s'affaira sur ses cheveux une vingtaine de minutes, et bientôt, des petits tas de mèches châtains jonchaient le sol.

"Et voilà, fini !" dit Pansy d'un ton fier.

Elle tendit son miroir de poche à Théo qui observa son reflet, le visage crispé par l'angoisse. Quand il vit sa coiffure, ses traits s'affaissèrent :

"Oh. C'est…"

"Bien fait." dit Blaise en observant les cheveux du garçon.

Pansy avait coupé quelques centimètres, et ses mèches bouclées ne tombaient donc plus devant ses yeux ou sur ses oreilles. C'était plus court à certains endroits, et ça dégageait définitivement son visage, tout en conservant l'aspect masse de cheveux bouclés où Théo passait souvent sa main.

"Tu vois ?" dit Pansy avec une pique d'arrogance. "Je t'ai dit que ça serait joli."

"Bravo Pans'." complimenta Drago. "Je ne savais pas que tu savais aussi bien couper les cheveux."

"Merci." dit-elle en appliquant une potion visqueuse sur la chevelure de Théo pour les aplatir un peu. "Je me coiffe tous les jours depuis des années, j'ai appris à le faire toute seule."

Drago admira le talent de sa meilleure amie, dont il n'avait aucune idée. En le voyant s'approcher des cheveux de Théo, elle lui proposa :

"Tu veux que je te le fasse ?"

"Hors de question." asséna Drago, ce qui fit rire Blaise et Théo.

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Hermione


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Hermione était en train de regarder Fred jeter une énorme boule de neige dans le cou de Ron quand elle se rendit compte qu'il était déjà 17h. Elle se leva du banc sur lequel elle était assise dans la cour de Poudlard, et éteignit les flammes bleues de son bocal de confiture qui lui tenaient chaud.

"Je monte, je vais me préparer pour le Bal." annonça-t-elle à l'adresse des garçons.

Harry hocha la tête sans la regarder, trop occupé à viser George pour lui répondre. Ron, cependant, leva la tête pour lui demander d'un air incrédule :

"Tu as besoin de trois heures pour ça ?"

George lui lança une boule de neige à cet instant, qui tomba à l'exact endroit que Fred venait de toucher. Ron fit une plainte étranglée et jeta un projectile à son frère.

"Tu y vas avec qui ?" lui lança-t-il dans son dos, mais elle ne répondit que par un vague signe de la main.

Le fait qu'il soit curieux de savoir qui était son cavalier était un peu flatteur. Seulement un peu. Mais Hermione se refusait d'y placer la moindre importance, encore trop peinée par le fait qu'il ne l'avait pas invitée.

"Attends-moi, Hermione !"

Ginny la rejoignit, dégoulinante de neige fondue.

"On se prépare ensemble ?" proposa Ginny en mettant son bras dans celui d'Hermione.

Hermione fut soulagée : elle avait peur que Ginny ait prévu de se préparer avec ses copines et qu'Hermione soit obligée de se rendre belle seule. Elle approuva d'un signe de tête et elles marchèrent l'une contre l'autre jusqu'à la Salle Commune.

Ginny était en train de l'actualiser sur les dernières rumeurs qu'elle avait entendues le matin-même quand elles se firent arrêter dans leur marche par quelqu'un. Hermione leva les yeux et son cœur fit un bond dans sa poitrine en voyant les yeux noirs de Krum, miraculeusement seul dans un couloir.

"Bonjourrr Herrrmion." dit-il avec un petit sourire. Puis, il salua Ginny d'un mouvement de tête, comme une petite révérence, et Hermione sentit Ginny se raidir légèrement à côté d'elle. "Tu es toujourrrs d'accord pour ce soirrr ?"

Hermione acquiesça un peu trop vite :

"Oui, oui, bien sûr ! Euh… Et toi ?"

Le sourire de Krum s'agrandit. Il respirait la gentillesse.

"Oui, bien sûrrr. J'ai hâte de te voirrr ce soirrr."

Il lui prit la main, celle qui n'était pas déjà occupée par le bras de Ginny, et lui fit un léger baiser sur les phalanges, le genre de baiser qui effleure à peine la peau. Hermione se sentit rougir instantanément.

"Parfait." bredouilla-t-elle, bien consciente des yeux écarquillés de Ginny qui les détaillaient avec attention. "Alors, à ce soir, Viktor."

Il hocha la tête et s'éloigna, probablement pour rejoindre le vaisseau des Durmstrang dehors. Hermione emporta Ginny rapidement pour ne pas qu'elle explose trop près de Krum.

"Merlin ! Hermione, il est complètement amoureux de toi ! Ça crève les yeux !"

"N'importe quoi, on s'est parlé trois fois depuis Septembre." dit Hermione à voix basse. "Et je te rappelle que tu as dit la même chose de Ron cet été, et que ça n'a pas l'air d'être le cas du tout."

"Hermione, tu as vu la manière dont il te regardait ? Il te dévorait du regard, j'étais presque gênée d'être là ! Merlin, il va te faire danser toute la nuit. Peut-être qu'il va t'embrasser !"

Hermione sentit le stress monter en elle en entendant ces mots. Elle n'avait pas du tout pensé à ça.

Ginny invita Hermione dans son dortoir pour se préparer. Hermione apprit qu'aucune de ses colocataires n'avait été invitée par quelqu'un de plus âgé, donc elles étaient toutes rentrées chez elle pour Noël. Ginny utilisa donc le centre du dortoir pour poser les trois couettes des lits par terre, puis jeta toute sa trousse de toilettes, ses potions de coiffure et son maquillage par terre.

"On va s'installer là." dit Ginny d'un ton décidé. "On mettra les robes au dernier moment, j'ai peur de les tâcher si on les met maintenant. Tu veux que je commence par ta coiffure ou ton maquillage ?"

Hermione haussa les épaules, n'ayant aucune idée de ce qu'elle prévoyait de faire. Ginny lança un regard sceptique aux cheveux d'Hermione et décida elle-même :

"Commençons par tes cheveux."

Elle se mit derrière sa tignasse et commença à essayer de les démêler. Puis, elle appliqua une potion, les peigna, les sépara en plusieurs parties, les lissa à l'aide de sa baguette, et plein d'autres choses qu'Hermione ne pouvait pas voir. De toute façon, elle savait que Ginny ferait un meilleur travail qu'elle, alors elle décida de se laisser faire.

Au bout d'un moment, Ginny alla chercher sa radio et mit sa station préférée, qui diffusait des musiques de rock. Ginny les connaissait toutes et chantait même par-dessus les paroles de temps en temps. Parfois, les musiques étaient entrecoupées par des émissions qui parlaient de célébrités qu'Hermione ne connaissait pas du tout.

"Et voilà, fini !" annonça Ginny en lâchant les cheveux d'Hermione.

Cette dernière s'était presque assoupie, relaxée par les caresses de Ginny contre son crâne. Elle ouvrit les yeux et se retrouva face à face avec son reflet du miroir.

"Oh, Ginny !"

Hermione contemplait sa chevelure comme si c'était celle de quelqu'un d'autre. Ses cheveux étaient lisses, légèrement ondulés. Ils n'avaient plus rien à voir avec la masse hirsute qu'elle avait sur la tête en permanence, ils brillaient même d'un éclat impressionnant, probablement grâce à la potion que Ginny lui avait appliquée.

"Regarde, on est presque pareilles !" s'exclama Ginny en se mettant à côté d'elle dans le miroir.

En effet, les cheveux d'Hermione ressemblaient à la longue crinière de Ginny qui tombait parfaitement sur ses épaules. Elle avait toujours été secrètement jalouse de la texture des cheveux de Ginny, elle rêvait d'avoir une chevelure aussi disciplinée qu'elle. Maintenant que c'était fait, elle ne se reconnaissait presque pas dans le miroir.

"Je vais te faire un chignon." décida Ginny. "Comme ça, tu ne les auras pas devant les yeux quand tu danseras avec Viktor."

"Fais ce que tu veux Gin', je te fais confiance."

La rouquine sourit et se remit derrière Hermione pour rassembler ses cheveux. Hermione regardait son travail à travers le miroir, impressionnée par la dextérité de ses doigts experts.

Elle finit par lui faire un chignon bas, juste au-dessus de sa nuque, et qui était joliment décoré par des petites pinces qui rappelaient la couleur de sa robe. Seulement ses deux mèches ondulées de devant entouraient son visage. Hermione fut surprise de voir que quand ses cheveux étaient coiffés, ils étaient étonnamment longs.

La coiffure de Ginny prit moins de temps. Ses cheveux étaient déjà parfaitement peignés, alors il lui suffit de les natter sur les côtés. Puis, elle passa au maquillage : elle alla doucement sur Hermione qui réclamait un visage le plus naturel possible. Ses yeux étaient simplement éclairés par une touche de doré et ses lèvres peignées d'une fine couche de rouge à lèvre rose brillant.

Une fois prêtes, elles enfilèrent leurs robes en faisant attention à ne pas abîmer leurs coiffures. Pour Noël, Ginny lui avait offert une paire de chaussures à petits talons qui allaient avec sa robe, et qui étaient parfaites pour la danse.

Elles se contemplèrent une dernière fois dans le miroir. La vision qu'Hermione renvoyait était irréelle, elle ne s'était jamais trouvée aussi belle. Ginny était magnifique aussi, sa robe verte d'eau contrastant galamment avec ses cheveux roux.

"J'espère qu'il y aura des photographes, je veux absolument garder un souvenir de ça." dit Ginny en montrant leur reflet. "On est trop belles !"

Hermione approuva. Elle voulait envoyer une photo de sa robe à ses parents.

Ginny lui demanda si elle était prête à partir et Hermione fut abasourdie de voir qu'il était presque l'heure du début du Bal. L'après-midi avait filé si vite ! Elle vérifia que sa robe était bien mise et descendit les sept étages avec Ginny.

Hermione se rendit compte qu'elle n'avait aucune idée de quand et où elle devait rejoindre Krum. Viktor. Ils n'avaient pas convenu d'un rendez-vous. Peut-être devait-elle le retrouver que lorsque la danse allait commencer ?

Elles arrivèrent en haut des escaliers, et elles jetèrent un petit coup d'œil vers l'entrée de la Grande Salle. Des centaines d'élèves étaient déjà là, dans un tableau de couleurs variées. Aucun Krum en vue.

"Où est-il ?" demanda-t-elle d'une voix légèrement paniquée en se rabattant sur le mur du couloir.

"Ne t'inquiètes pas, il ne va pas tarder à arriver." la rassura Ginny en regardant la foule. "Il a l'air de n'y avoir aucun élève de Durmstrang. Je me demande où est Neville. Oh, regarde, il y a Harry."

Hermione se décala légèrement pour pouvoir voir. Effectivement, Harry était là, dos à elles, elle pouvait le reconnaître à ses épis noirs indisciplinés. Il était accompagné de Parvati qui avait une jolie robe rose traditionnelle et des filaments dorés dans sa natte noire. Hermione ne voyait pas Ron.

Soudain, les portes d'entrée s'ouvrirent et les élèves de Durmstrang entrèrent dans la pièce. Ils étaient tous habillés d'une robe de soirée rouge sang, et Viktor était en tête. Il la chercha du regard, et Ginny lui fit alors un signe discret de la main pour qu'il les remarque.

"Ginny !" croissa Hermione.

"Quoi ? Faut bien qu'il te voie. Il va se demander si tu n'as pas annulé, sinon." dit la rouquine.

Hermione était à deux doigts d'abandonner. Elle stressait tellement que ses mains tremblaient. Elle se demanda si ce n'était pas mieux qu'elle fasse demi-tour, et qu'elle aille s'enfermer dans la Salle Commune avec un livre et un thé chaud.

Mais quand Viktor la vit et que son visage s'illumina, elle sut au fond d'elle qu'elle était incapable de le laisser tomber. Il serait trop peiné. Il s'approcha du bas des marches et lui fit un sourire rassurant.

"Allez, vas-y !" pressa Ginny en la poussant gentiment dans le dos. "Va le rejoindre. Et lève la tête ! Et ne te prends pas les pieds dans ta robe !"

Hermione obéit. Au début, elle était toute guindée et n'osait pas regarder autre chose que les yeux noirs de Krum, en bas des marches. Puis, au bout de la cinquième marche, elle desserra un peu sa prise sur la rampe et ébaucha un sourire. Elle ignora les regards outrés des autres élèves, se focalisant que sur le regard rassurant de Krum qui l'attendait patiemment.

Elle descendit encore quelques marches avant que Parvati donne un coup de coude à Harry. Il se retourna, et ses yeux s'illuminèrent en la voyant. Il sourit, un vrai sourire sincère et fier, visiblement époustouflé, et ça lui donna un regain de confiance en elle.

Viktor lui fit une révérence une fois qu'elle fut arrivée en bas, et lui prit la main pour déposer le même baiser sur ses phalanges que cette après-midi, effleurant à peine sa peau. Hermione entendit des exclamations de surprise retentirent autour d'eux.

"Herrrmion, tu es splendide." dit-il de sa voix grave.

"Merci Viktor, tu es très élégant aussi." répondit-elle, les joues possiblement écarlates.

"Me perrmets-tu ?"

Hermione mit du temps à comprendre ce qu'il voulait dire, jusqu'à ce qu'il lui pointe du doigt son poignet. Elle lui tendit, et il y accrocha un bracelet de petites roses rouges.

"C'est pourrr aller avec ma tenue." expliqua-t-il en montrant sa robe rouge du doigt.

"Merci Viktor, c'est magnifique." dit-elle en contemplant son poignet.

Elle eut soudain conscience des centaines de regards fixés sur elle et Krum. Parvati avait la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés. Hermione fut reconnaissante envers Ginny de s'approcher à cet instant.

En la voyant arriver, Viktor lui fit une petite révérence, à laquelle Ginny répondit par un timide "salut !". Neville l'accompagnait, et il lui avait aussi offert une couronne de fleurs vertes qu'elle avait accroché sur son poignet et qui allait très bien avec sa robe. Quand il vit le cavalier d'Hermione, il recula presque de stupeur.

"Il y a une station photo, dehors !" s'exclama Ginny. "Ça vous dit qu'on aille faire des photos ?"

Ils acceptèrent et Viktor proposa son bras à Hermione pour qu'elle puisse s'y accrocher. Ils sortirent dans la fraîcheur du parc, où la pelouse abritait une sorte de grotte voûtée, dans laquelle les couples posaient face à un appareil photo sorcier. La grotte était décorée de guirlandes lumineuses et de véritables fées dorées voletaient autour pour éclairer la scène.

"On le fait ?" proposa Ginny à l'adresse d'Hermione, qui acquiesça.

Viktor attendit un peu plus loin tandis que Ginny et Hermione faisaient la queue du photocall. Elles purent observer Fleur Delacour se faire prendre en photo, habillée d'une robe magnifique en satin argenté, accompagnée d'un garçon qui n'avait pas l'air de croire en sa chance. Ginny lui informa dans un murmure qu'il s'agissait de Roger Davies, un élève de Serdaigle.

Quand ce fut leur tour, Hermione avait la chair de poule sur ses bras. Elles se positionnèrent devant l'appareil photo et se serrèrent l'une contre l'autre. Ginny inclina la tête et Hermione sourit de toutes ses dents nouvellement raccourcies. Le flash de l'appareil éclata et Ginny se précipita pour aller chercher les deux photos.

Ginny la montra à Hermione, et elle observa la photo mouvante, éclairée par les éclats des fées lumineuses. Elles étaient toutes les deux souriantes, dodelinant de la tête en boucle. Hermione avait encore du mal à réaliser que les cheveux sur la photo étaient les siens.

"Vous êtes rrresplendissantes." dit Viktor en voyant la photo.

Neville approuva d'un signe de tête timide. Ils s'apprêtaient à rentrer de nouveau quand Ginny s'exclama :

"Hé, vous devriez en prendre une tous les deux aussi !"

Hermione était frigorifiée, mais elle accepta tout de même en voyant l'air ravi de Viktor à cette idée. Ils se mirent devant la caméra, et juste avant que le flash éclate, il passa un bras sur sa taille pour la rapprocher de lui.

"Les champions, merci de vous placer devant les portes de la Grande Salle, s'il vous plaît !" annonça la voix de McGonagall qui retentit à travers la porte. "Le Bal ne va pas tarder à commencer !"

Ginny fourra les photos dans son sac et s'éloigna avec Neville après avoir souhaité "bonne chance" à Hermione. L'angoisse de ces derniers jours semblait exploser dans sa poitrine. Elle allait danser, d'une minute à l'autre, et elle avait l'impression d'avoir oublié toutes les leçons des jumeaux.

Heureusement, la tranquillité de Viktor réussissait à la contenir. Il lui tendit simplement son bras encore une fois, en murmurant :

"Prrrête ?"

Hermione prit une grande inspiration, entrelaça son bras dans celui de Viktor, et acquiesça.

"Allons-y."

.

.


Drago


.

.

Cinq heures. Ça faisait cinq heures que Pansy se préparait avec Daphné. En plus, elle avait promptement viré les garçons de leur propre dortoir pour s'installer, prétextant que sa robe était là et qu'ils ne pouvaient pas le voir tant qu'elle n'était pas prête. Théo avait juste eu le temps de prendre son bouquin avant qu'elle leur claque la porte au nez.

Drago, Blaise et Théo étaient donc retranchés dans la Salle Commune. Pour une fois, elle n'était pas animée par une fête, tout le monde se préparait pour le Bal de ce soir. Les seuls élèves qui étaient là lisaient ou jouaient silencieusement.

Les trois garçons étaient déjà habillés pour le Bal, obligés de se changer dans le dortoir de Daphné et Pansy, ce qui n'avait absolument aucun sens. Drago avait mis le costume que sa mère lui avait mis dans sa valise, il était noir, simple. Blaise portait un costume un peu plus clair, et Théo avait emprunté l'une des tenues de soirée de Blaise, qui était donc un peu trop grande pour lui.

Théo s'était installé pour lire près du feu. Blaise était en train de préparer quelque chose que Drago ne pouvait pas voir, dans un coin de la Salle, et lui, il était plongé dans ses pensées.

Les flammes devant lui étaient verdâtres et reflétaient la couleur de l'eau à travers les fenêtres. Il les regardait danser, se demandant, pour la millième fois, avec qui Granger pouvait-elle aller au Bal.

Ses réflexions se brisèrent brutalement quand Crabbe et Goyle vinrent s'asseoir à côté de lui.

"Salut Drago !"

"Salut les gars." répondit machinalement le blond.

Il mit quelques secondes à réaliser que Goyle était en train de lui tendre un paquet. Il arqua un sourcil et vit Théo lever la tête de son livre.

"C'est un cadeau de Noël." précisa Goyle quand Drago le prit.

Il ne cacha pas sa surprise, Crabbe et Goyle ne lui avaient jamais offert quoique ce soit. Il déballa le petit paquet carré.

"Un Scrutoscope ?" dit Drago en regardant la toupie ronde.

"Oui ! Ça te fait plaisir ?" demanda Goyle.

"Ouais, c'est super." dit Drago, bien qu'il possédait déjà une bonne dizaine de Scrutoscopes chez lui. "Merci les gars."

Il se rendit compte qu'il n'avait rien à leur offrir en retour. Il n'avait pas du tout prévu d'acheter un cadeau pour Crabbe et Goyle. Il était dans une humeur trop festive pour les envoyer balader, alors il s'empara du paquet que sa mère lui avait envoyé le matin-même.

"Tenez, c'est pour vous." dit-il.

Crabbe et Goyle s'extasièrent devant toutes les friandises :

"Merci Drago ! Tu nous connais bien !"

Et ils allèrent s'empiffrer un peu plus loin. Théo avait un sourire sarcastique sur le visage.

"Ta gueule." avertit Drago.

"Alors, on a un amoureux ?" dit-il d'une voix mielleuse.

"Ta gueule Nott." répéta Drago, même s'il souriait un peu.

Blaise revint à ce moment-là, le visage animé d'une malice rare.

"Regarde ce que j'ai fait !" murmura-t-il, fier de lui.

Il lui montra plusieurs bouteilles en verre de Bièraubeurre. Drago haussa les sourcils :

"Tu as volé des bouteilles pour les enfants ?"

"Sens-les." ordonna son meilleur ami.

Drago porta le goulot à ses narines et fut tout de suite agressé par l'odeur de Whisky Pur Feu.

"Je les ai toutes remplacées par des alcools forts, comme ça les profs ne remarqueront rien." expliqua Blaise. "Astucieux, non ?"

Drago acquiesça, avant d'entendre la voix perçante de Pansy depuis le couloir des dortoirs :

"Je suis prêêêêête !"

Drago se força à ne pas lever les yeux au ciel et suivit le gloussement de Pansy jusqu'aux dortoirs, suivi de près par Théo et Blaise. Ils arrivèrent devant la porte du dortoir et Drago l'ouvrit sans ménagement.

Pansy était au centre, à la même place que Théo le matin-même, quand il s'était fait couper les cheveux. Drago avait vu des dizaines de fois Pansy en robe durant les occasions spéciales et les dîners de leurs parents, mais celle-là n'avait rien à voir avec son style habituel. Sa robe était rose, avec de la dentelle un peu partout, et tombait jusqu'à ses pieds. Elle avait coupé sa frange, ses cheveux étaient un peu plus longs, raides et éclatants.

"Wow." dit Théo derrière Drago en la voyant.

"Tu es magnifique, Pansy." dit Blaise.

Pansy sourit aux compliments et tourna sur elle-même, faisant voleter sa robe au passage.

"Merci. Tu aimes bien, Drago ?"

Il hocha la tête plusieurs fois.

"Oui, tu es éblouissante."

Elle parut satisfaite du compliment. C'était si rare de la voir en rose, elle qui s'habillait qu'en noir ou en vert foncé. Ça la rendait plus jeune, comme si ses traits étaient éclairés par la couleur pâle. Sa peau blanche de porcelaine faisait ressortir la couleur de sa robe.

"On y va ?" proposa Drago.

"Où ça ?" demanda Pansy.

Il fronça les sourcils.

"Euh… Au Bal ? Je ne sais pas si tu es au courant, mais un Bal d'Hiver est organisé, c'est dans la Grande Sa…"

"Tu es censé venir me chercher." fit-elle remarquer.

Drago fronça davantage les sourcils.

"Pans', tu es dans mon dortoir."

"Et alors ? Ressors et frappe à la porte."

Drago soupira et se retint de lui faire remarquer qu'il l'avait vue nue pas plus tard que la veille. Il ferma la porte et frappa doucement dessus, et Pansy répondit "Entrez !"

Drago rentra de nouveau et Pansy avait un sourire niais sur le visage.

"Me feriez-vous l'extrême honneur de m'accompagner au Bal, mademoiselle ?" demanda-t-il, plein d'ironie.

Pansy acquiesça et s'approcha de lui. Il se pencha pour lui faire un bisou sur la joue, sa peau était glacée. Puis, il prit son poignet et y accrocha un bracelet de fleurs, des roses blanches, ses préférées.

"Oh, merci Drago." dit-elle sincèrement.

"On est prêts ?" demanda-t-il à l'adresse de tout le monde.

Ils retournèrent dans la Salle Commune et Daphné les attendaient là. Elle avait attaché ses cheveux dans une coiffure compliquée que Drago trouvait franchement laide (et qui ne méritait pas cinq heures de préparation), mais Blaise en fut ravi. Elle portait une robe bleue nuit qui laissait entrevoir un décolleté impressionnant.

Blaise lui accrocha lui aussi un petit bracelet de fleurs, puis lui proposa son bras, et ils allèrent tous ensemble vers la Grande Salle. Pansy tenait fermement le bras de Drago, il ne savait pas si c'était pour prouver qu'ils étaient bien cavaliers, ou si c'était parce qu'elle avait peur de tomber avec ses talons un peu trop hauts.

Crabbe et Goyle se joignirent à leur groupe à mi-chemin, tous les deux vêtus de la même robe de sorciers vertes et trop serrées. Drago vit que Théo devait se retenir de faire un commentaire moqueur.

Ils arrivèrent en haut des marches du cachots et tombèrent sur l'entrée de la Grande Salle. Tous les élèves attendaient que les portes s'ouvrent, et Drago se retrouva face à une foule de couleurs et de textures. Il leva la tête pour essayer de voir la touffe de Granger parmi les élèves, mais il ne la trouva pas.

"La robe de Lavande Brown est horriblement laide." commenta Pansy à voix basse à l'oreille de Drago. "Diggory a mis une jolie couleur, ça lui va bien. Chang n'est pas terrible, j'aurais laissé ses cheveux lâchés, ça lui va beaucoup mieux."

Il la laissa faire une analyse des convives sans vraiment l'écouter. Où était Granger ? Peut-être était-ce une ruse, peut-être n'avait-elle pas de cavalier ?

Ils avancèrent dans l'entrée et Drago repéra Potter, qui n'avait visiblement toujours pas appris à se coiffer. Weasley n'avait pas l'air d'être là. Il scrutait chaque élève avec attention, essayant tant bien que mal de trouver Granger.

Théo était déjà embarrassé, Drago pouvait le voir en un coup d'œil. Il n'arrêtait pas de s'agiter. Heureusement, Tracey Davis s'approcha de lui et ils commencèrent à discuter, ce qui parut détendre un peu le garçon. Plusieurs élèves s'ajoutaient à la foule, et il était de plus en plus difficile de repérer Granger.

Soudain, Pansy lâcha un cri de stupeur à côté de lui. Elle fixait quelque chose, en haut des escaliers, et quand Drago se tourna vers l'endroit en question, son cœur s'arrêta.

Granger était en haut des marches. Et elle était magnifique.

Elle portait une robe bleue pervenche, parfaitement ajustée, épousant ses formes comme si elle avait été faite sur-mesure. Ses cheveux étaient lissés, et coiffés dans un chignon élégant qui n'avait rien à voir avec sa coiffure habituelle. Elle étincelait, littéralement. Il n'arrivait presque pas à se rendre compte que c'était elle, jusqu'à ce qu'elle fasse un sourire, et , il la reconnut.

Elle descendit les marches doucement, comme un ange, et Drago n'arriva pas à détacher le regard d'elle, parce qu'elle était magnifique.

Et ce fut à cet instant précis qu'il réalisa qu'il était amoureux d'Hermione Granger.