Le chapitre tant attendu du Bal est là!

J'espère que vous aimerez autant que j'ai aimé l'écrire, j'ai passé énormément de temps dessus donc j'espère qu'il sera à la hauteur de vos espérances et je vous souhaite à tous une excellente lecture 3 Mettez la musique du Ball en loop, posez vous dans votre fauteuil préféré avec un petit thé à la cannelle et profitez du spectacle!

tw : émetophobie quand Drago sort de la Grande Salle

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Drago


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Il le savait déjà.

Peut-être l'avait-il su toute sa vie.

En tout cas, ce fut à cet instant précis que cette réalité le frappa.

Il était amoureux d'Hermione Granger.

Parce que rien qu'en la voyant, il sentait son coeur devenir plus léger, son pouls s'accélérer, et il mourrait d'envie de la toucher, d'effleurer sa peau, de complimenter sa robe et de voir son sourire. Elle était tellement belle qu'il aurait été incapable de s'arracher de sa vision, même si sa vie en dépendait.

Elle descendit les marches tout doucement, une par une, les yeux fixés sur quelque chose en bas que Drago ne pouvait pas voir. Elle avait l'air d'une princesse tout droit sortie des contes de fées que sa mère lui lisait quand il était petit. Sa robe bleue flottait autour d'elle à chacun de ses pas. Ses lèvres esquissèrent un petit sourire, et ses joues prirent une teinte rosée qui lui allait mieux que n'importe quel maquillage qu'elle aurait pu mettre.

Même Pansy était à court de mots. Elle regardait Granger descendre avec des yeux ronds, sciée, incapable de parler. Elle avait critiqué chaque personne de cette entrée mais n'arrivait pas à dire un seul truc méchant à l'adresse de Granger. Elle était parfaite.

Il la regarda descendre au ralenti, savourant ces quelques instants de sensation exquise qu'il ressentait. Comme si, pendant une demi-seconde, c'était lui son cavalier. C'était lui qui pouvait lui prendre la main et l'embrasser, lui accrocher un bracelet de fleurs, l'écouter parler et la faire danser toute la soirée. Comme s'il était l'heureux élu sur lequel elle posait les yeux à cet instant. Comme si les battements frénétiques de son cœur étaient justifiés.

Jusqu'à ce qu'elle arrive en bas. Et que tout le monde pousse un cri collectif de surprise, y compris Pansy. Que le bras de sa meilleure amie se tende contre lui. Et qu'il pose son regard sur le cavalier de Granger.

Krum.

Viktor Krum.

Le joueur international de Quidditch.

L'idole de Blaise.

L'élève de Durmstrang.

De 18 ans.

Et quand elle leva sa main pour que Krum puisse l'effleurer de sa bouche, comme Drago en avait rêvé lui-même, la sensation exquise se transforma en une colère noire.

La jalousie. Comme la colère, mais plus rapide, celle qui montait à la tête comme une traînée de goudron noire qui l'empêchait de voir correctement. Il serra les poings, contracta la mâchoire, mais rien n'empêcha l'envie puissante de frapper quelque chose. Ou plutôt, frapper le visage de Krum.

Il lui dit quelque chose et le rose des joues de Granger s'intensifia. Elle sourit et bredouilla une réponse en souriant, et les deux souriaient, comme des parfaits idiots, et Drago avait envie de…

"Drago ?"

La voix de Pansy s'infiltra en lui comme si elle était à dix mètres, alors qu'elle était juste à côté de lui.

"Quoi ?"

"Tu as vu ça ? Granger, avec Krum !"

Il se rendit compte qu'il s'accrochait à Pansy un peu trop fort. Il desserra sa main et vit qu'il avait laissé des marques sur sa peau blafarde.

"Ouais." dit-il amèrement.

"Ça, je ne l'avais pas vu venir." concéda-t-elle, surprise.

"Moi non plus." siffla-t-il entre ses dents.

Il observa Krum glisser un bracelet de roses sur le poignet de Granger, et il compta les longues secondes pendant lesquelles Krum effleurait sa peau. Qui avait besoin de 11 secondes pour accrocher un putain de bracelet ?

Quelqu'un se mit devant son champ de vision et il jura intérieurement de ne plus pouvoir les voir. Il se retourna et vit le visage de Blaise : il était complètement choqué, la bouche grande ouverte et les yeux révulsés, mais Drago savait que ce n'était pas pour la même personne que lui.

"Krum ! Avec Granger !" s'exclama-t-il. "Avec la Sang-de-Bourbe ! Je croyais qu'il… Je veux dire… C'est…"

"C'est la nouvelle de l'année !" compléta Pansy.

Weaslette s'était approchée d'eux et discutait gaiement. Elle était accompagnée de Londubat qui avait l'air si peu à l'aise dans sa tenue que ça aurait pu faire rire Drago s'il arrivait à respirer correctement. Ses yeux ne cessaient de s'accrocher à Granger, malgré le bras de Pansy qui essayait de le tirer en avant.

"Viens Drago, je veux aller voir Tracey."

Drago la suivit sans regarder où elle allait. Il se perdit dans la foule d'élèves et ne put apercevoir que des fragments de Granger entre deux personnes, ou l'éclat de sa robe bleue pastel. Pansy échangeait des murmures et des gloussements avec ses copines.

"Oh, Drago, regarde, une station photo !" s'écria-t-elle après quelques minutes.

Avant qu'il ne puisse tourner la tête, Pansy l'emmena dans la direction indiquée. Il se retrouva dehors, dans le froid, et Pansy tirait tellement fort sur sa manche que sa robe allait probablement se déchirer.

"On peut en faire une, tous les deux ?" supplia-t-elle, et il se reconcentra sur elle plutôt que la fille aux cheveux bizarres et à la robe bleue quelques mètres plus loin.

"Oui, si ça te fait plaisir."

Pansy fit un cri de joie et l'emmena devant la caméra. Drago se força à sourire et passa son bras sur la taille de Pansy, tandis qu'elle s'appuyait sur lui en riant. Le flash s'illumina et Pansy alla récupérer les photos rapidement.

"Regarde comme on est beaux !"

Il jeta un coup d'œil aux photos mouvantes et dû reconnaître qu'ils étaient très beaux. De là, on aurait dit un couple. Ça lui fit un peu peur.

"Viens, on rentre, je meurs de froid." dit Pansy en le tirant de nouveau sur sa manche.

Drago avait du mal à croire qu'elle avait froid : Pansy n'avait jamais froid, même quand elle sortait sans collants. Il était persuadé qu'elle voulait rentrer pour saisir le plus de potins possibles à l'intérieur.

Pansy s'engouffra dans la foule en saluant une dizaine de personnes avec des faux sourires. Elle complimenta des robes qu'elle venait de décrire comme immondes à l'oreille de Drago, et s'extasia beaucoup trop exagérément à des choses pas si intéressantes.

Et pendant ce temps, Drago cherchait Granger. Il ne la trouvait pas, ni Krum, ce qui le mettait dans un état de stress rarement rivalisé.

Au bout de ce qui sembla être une bonne heure de parlotte inutile, ils entendirent la voix de McGonagall réclamer les Champions. Drago réalisa à cet instant que Granger faisait partie de la danse d'ouverture du Bal, puisqu'elle accompagnait Krum.

Les portes de la Grande Salle s'ouvrirent alors et tous les élèves se déversèrent à l'intérieur dans un concert d'exclamations en voyant la décoration. Pourtant, Drago n'y fit même pas attention. Il cherchait Granger, et le fait de ne pas la voir était vraiment frustrant.

Pansy le tira une dernière fois sur sa manche, ce qui avait le don de l'irriter encore plus, et le lâcha enfin quand ils furent assis. Les quatre tables habituelles avaient été remplacées par des centaines de petites tables rondes, et Drago se retrouva donc en compagnie de Pansy, Blaise, Théo, Daphné, Tracey, Crabbe, Goyle et Millicent.

Enfin, il trouva Granger. Même s'il était toujours énervé contre elle, il ne pouvait pas s'empêcher de la regarder. D'habitude, son dos était plus courbé, là, elle levait la tête et se tenait droite. Elle avait l'air nerveuse, elle regardait la piste de danse, et Drago se dit qu'elle n'avait peut-être jamais dansé jusqu'à présent, et qu'elle allait probablement se faire humilier devant tout le monde.

Quelques années plus tôt, cette pensée l'aurait rendu euphorique. Là, il était terrifié pour elle. Il ressentait tellement de choses à la fois : de la jalousie, de la surprise, de l'adoration et de la peur, qu'il devait serrer son poing pour tenter de se canaliser.

De la musique s'éleva alors. La valse. Les élèves applaudirent pendant que les Champions entraient sur la piste couple par couple. D'abord, ce furent Diggory et Cho Chang, puis Fleur Delacour et son cavalier. En troisième, ce furent Krum et Granger. Drago l'observa marcher sur la piste comme si elle glissait. Ils se positionnèrent face à face et se saluèrent, et Granger éclata de rire.

Puis, Krum se rapprocha d'elle et posa sa main sur sa hanche, et Drago crut défaillir. Il avait appris la valse toute sa vie, il s'était entraîné des centaines de fois, mais il ne se souvenait pas à quel point les deux danseurs étaient proches. Un peu plus, et ils allaient s'embrasser devant tout le monde.

Les couples de Champions commencèrent à tournoyer et Drago continua de fixer Granger. Il fallait croire qu'elle avait appris à danser, parce que tous ses gestes étaient parfaitement maîtrisés et harmonieux. Elle suivait les pas, tenait bien sa tête, tournait aux bons moments, en rythme avec la musique, et Drago était hypnotisé par elle.

Puis, Krum souleva Granger avec ses deux mains, la fit tournoyer, et la reposa délicatement, et elle rit nerveusement.

À cet instant, la moitié de la Grande Salle se leva pour aller rejoindre les danseurs. Drago avait momentanément oublié qu'il y avait d'autres personnes dans la salle. Pansy se leva subitement et tendit sa main à Drago qui la prit sans réfléchir. Il n'avait pas réalisé que la paume de sa main saignait à cause de ses ongles qu'il avait enfoncés dans sa peau en regardant Granger danser.

Pansy se mit au bord de la piste et salua Drago, qui fit de même. Puis, ils se rapprochèrent et attendirent que la musique redémarre pour entamer la danse. Danser avec Pansy était machinal, il n'avait dansé qu'avec elle toute sa vie et il la connaissait par cœur, il anticipait tous ses mouvements. Il posa donc sa main sur sa taille et elle se laissa guider par ses pas, ses yeux plongés dans les siens.

Pansy était très jolie, aussi. Il pouvait voir les efforts qu'elle avait déployés pour sa préparation, maintenant qu'il était si près d'elle. Il reconnaissait les effets de plusieurs sortilèges sur son visage : ses lèvres étaient légèrement plus pulpeuses, la texture de sa peau plus brillante, ses joues plus tirées en arrière. Elle avait appliqué plusieurs potions sur ses cheveux, les rendant plus brillants, plus longs, plus dociles, et il pouvait sentir les effluves d'un parfum qu'il ne reconnaissait pas et qui camouflait l'odeur de tabac froid.

Elle était jolie, mais différente. La Pansy qu'il connaissait avait une frange et un carré raide, elle avait du rouge à lèvres noir en permanence, et surtout, elle ne sentait pas cette odeur de potion chimique. Il ne ressentait pas la série de frissons sur son bras en la tenant, il ne sentait pas son cœur battre plus fort en la regardant, il ne se noyait pas dans son regard en dansant.

Il savait qu'il ne ressentait rien pour Pansy. Depuis toujours.

Il n'avait pas compris que c'était parce que son cœur était déjà pris par quelqu'un d'autre.

Comme par hasard, il entendit le rire de Granger éclater un peu plus loin. Il ne détacha pas son regard de Pansy pour se tourner vers elle, même si c'était extrêmement difficile. À chaque fois qu'un couple l'effleurait, il se demandait si c'était elle. Quand il hissait Pansy dans les airs, il essayait d'entendre le rire de Granger à côté de lui. Ses mains tremblaient.

Théo dansait avec Tracey Davis, et Blaise dansait avec Daphné. Ce dernier avait posé ses mains un peu plus bas que ce qu'il fallait, et lui faisait un sourire enjôleur. Après la troisième boucle de la valse, Pansy rompit leur contact visuel et tourna la tête pour observer les autres couples. Parfois, elle faisait des commentaires moqueurs sur certains danseurs en ricanant. Au bout d'un moment, elle commenta :

"Dis donc, Weasley n'a pas l'air ravi du nouveau cavalier de Granger."

Drago tourna la tête brusquement. Weasley était assis à l'une des tables rondes, à côté d'une jumelle Patil. Il avait un air maussade et fixait Granger. Sa tenue de soirée était affreuse, il ressemblait à un épouvantail.

"Granger a gardé le secret, alors." analysa Pansy. "Elle n'a pas dû dire aux autres avec qui elle y allait. Je me demande comment elle a pu se faire inviter par Viktor Krum. Tu penses qu'elle lui a donné un philtre d'amour ?"

Drago haussa les épaules pour feigner un désintérêt. Il jeta un coup d'œil à Granger, et surtout à Krum, qui avait un air d'extase sur le visage. Il donnait l'impression d'avoir été contaminé par elle, mais Drago doutait que ça soit à cause d'une potion. Parfois, ils échangeaient quelques phrases à voix basse et riaient. Drago aurait pu donner une grosse partie de son coffre à Gringotts pour entendre ce qu'ils disaient.

La danse se termina et tout le monde applaudit. Dumbledore annonça le début du repas et Drago retourna s'asseoir à la table, cette fois sans se faire tirer par Pansy. Ils prirent place autour de la table et Drago commanda le premier truc qu'il vit sur la carte.

Il se demanda ce que Granger pensait de cette charge de travail supplémentaire infligée aux elfes de maison, mais elle s'en fichait éperdument. Elle était assise juste derrière Théo, à côté de Krum, de sorte qu'il avait une vue parfaite sur elle et son putain de sourire qu'elle adressait à son cavalier. Elle n'avait pas l'air de penser à la S.A.L.E du tout.

Pansy, Théo et Tracey commencèrent à discuter tous les trois, et Blaise et Daphné se penchèrent l'un sur l'autre pour murmurer entre eux. Personne ne faisait attention à Drago, qui mit au moins cinq minutes à se rendre compte que son assiette était arrivée. Il piqua dedans sans appétit, essayant de ne pas lever la tête trop fréquemment vers Granger.

Cette dernière apprenait maintenant à Krum à prononcer son prénom. Il pouvait l'entendre décomposer les syllabes de son prénom à répétitions, ce qui était complètement con parce qu'"Hermione" était un prénom très simple et facile à prononcer. Krum le massacrait à chaque fois et Granger l'encourageait doucement. Comme s'il méritait un putain d'Optimal pour réussir à prononcer un prénom !

Elle mangeait à peine, trop envoûtée par sa conversation. Et lui, il mangeait à peine, trop envoûté par ce qu'il voyait. Il la regardait parler ou hocher la tête et sentait son ventre se contracter. Weasley était assis à côté d'eux et les jaugeait d'un regard mauvais. Fais la queue, Weaslaid, pensa Drago amèrement.

Tous les gens autour de lui parlaient, mangeaient et riaient, et il ne comprenait pas comment les autres pouvaient continuer à vivre leur vie normalement. Il n'arrivait pas à porter son attention sur quelque chose d'autre. Son esprit n'était focalisé que sur le couple en face de lui. Comment Krum avait-il invité Granger ? Avait-elle répondu oui tout de suite, ou avait-elle d'abord rougi ? Avait-elle fait ça par vengeance, ou par véritable affection pour lui ? Ressentait-elle quelque chose pour lui ? Où avait-elle acheté cette putain de robe ?

"Hé, Blaise." appela Drago. "Tu aurais cette bouteille de Bièraubeurre ?"

Blaise hocha la tête et lui tendit la grosse bouteille de fausse Bièraubeurre. Rien qu'en passant le goulot sous son nez, il pouvait sentir les effluves trop fortes du Whisky Pur Feu. D'habitude, il n'aimait pas trop boire ça, mais là, il pencha la tête en arrière pour en prendre une grosse gorgée. Blaise haussa les sourcils mais retourna rapidement à sa conversation avec Daphné.

Il avait pensé que la jalousie partirait après le coup de surprise. Il avait tort. Elle affluait en lui comme si elle se mêlait à son sang, envoyant une dose à chaque battement de cœur. Ses mains tremblaient toujours de colère. Il n'arrivait pas à se calmer, malgré l'alcool. Mais il était autant ébloui que jaloux.

Parfois, il se perdait dans la contemplation de la fille de la table d'en face, la manière qu'elle cachait son sourire lorsqu'elle riait avec sa main, probablement un vestige de son complexe des dents. La manière dont elle se penchait quand elle écoutait quelqu'un parler, ou comment elle faisait glisser la fourchette entre ses lèvres quand elle prenait une bouchée d'un plat qu'elle trouvait bon.

Elle était différente aussi, comme Pansy. Elle n'avait aucun sortilège sur le visage, mais Drago pouvait noter les différences, même de loin. Ses cheveux étaient le plus choquants. Ils étaient raides, attachés dans un chignon travaillé qui ne lui ressemblait pas du tout. Il préférait ses cheveux lâchés, qu'elle glissait derrière son oreille, même s'ils avaient la fâcheuse habitude de revenir devant son visage en permanence. Quelqu'un l'avait maquillée, accentuant ses traits à certains endroits, comme ses joues qui n'avaient pas leur couleur naturelle.

Elle était magnifique, mais elle n'était pas… elle. Ce n'était pas de cette Granger qu'il était tombé amoureux, il était tombé pour la fille de la Bibliothèque, la fille qui parlait trop vite, qui oubliait ses thés et avait toujours une réplique acerbe à lui lancer d'un ton fier. Il était tombé pour la fille fiévreuse, avec ses cheveux qui partaient dans tous les sens, et la voix haut perchée.

Et voir cette réplique trop apprêtée de cette fille lui avait fait réaliser.

Soudain, elle se leva pour suivre Krum sur la piste de danse. Il la suivit du regard, sa robe bleue volant derrière elle, et même s'il essayait, il n'arrivait pas à essayer de se concentrer sur autre chose. Le groupe qui animait le Bal avait recommencé à jouer, alors Granger et Krum avaient recommencé à danser, et Drago buvait une gorgée de whisky à chaque fois que Krum la frôlait.

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Hermione


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Hermione entra dans la Grande Salle en rang, derrière Fleur Delacour. Elle serrait le bras de Viktor un peu trop fort, mais il ne donnait pas l'impression de le remarquer. Ils marchèrent jusqu'à la piste de danse, et Hermione fixa un point droit devant elle pour ne pas se faire perturber par les autres élèves autour. Les deux seules personnes qu'elle put entrevoir furent Fred et George, qui avaient la bouche grande ouverte et ne paraissaient pas croire à ce qu'ils voyaient. Hermione dût se contenir pour ne pas rire.

Ils arrivèrent enfin devant la piste de danse et ils durent attendre que les élèves soient tous entrés pour commencer la danse. Ses mains étaient moites, et elle avait de plus en plus de mal à respirer. Viktor lui serra le bras dans un geste réconfortant :

"Ne t'inquiètes pas." dit-il doucement. "Je te guiderrrai."

Hermione hocha timidement la tête, et de la musique s'éleva alors, avec une salve d'applaudissements. Hermione vit qu'un groupe de musiciens s'étaient installés sur la scène, et reconnut le groupe des Bizzar' Sisters dont Ginny parlait tout le temps. Elle n'eut pas le temps d'observer la réaction de la rouquine, cependant, parce que Fleur Delacour et son cavalier s'étaient élancés devant eux et qu'elle devait entrer sur la scène d'une seconde à l'autre.

Sa respiration se coupa quand elle se fit emporter par Viktor au centre. Elle pouvait entendre les murmures des autres élèves par-dessus la musique, ce qui l'angoissait encore plus. Elle ne sentait plus ses jambes, alors qu'elle devait les utiliser d'ici peu. Viktor se pencha alors légèrement pour lui demander avec un sourire :

"Strrressée ?"

Son ton était tellement ironique qu'Hermione éclata de rire, ce qui la détendit un peu. Viktor s'approcha alors d'elle et posa sa main gauche sur sa taille. Hermione prit une grande inspiration, et commença les pas que Fred et George lui avaient appris dans la Salle Commune.

Elle fut surprise de voir à quel point elle s'en souvenait. Elle ne marcha pas sur les pieds de Viktor et se souvint de chaque boucle. En plus, la poigne du garçon était encore plus ferme que celle de Fred, alors elle n'avait qu'à suivre ses mouvements. Hermione n'avait même pas l'impression de se ridiculiser. Quand il la porta et la fit tournoyer, il lui fit un petit clin d'œil pour la faire rire.

Au bout de la seconde boucle, elle avait totalement oublié sa peur. Elle avait même oublié les autres élèves dans la salle, jusqu'à ce que d'autres couples se joignent à la danse. Les Champions n'étaient plus le centre de l'attention. Elle n'aurait jamais cru que ça puisse être aussi rapide.

Ils continuèrent tout de même de danser. Viktor lui faisait des blagues pour la détendre, et ça marchait parce qu'à chaque rire, ses épaules se relaxaient. Elle finit par détacher son regard de Viktor pour étudier les autres couples qui dansaient autour d'eux. Harry et Parvati étaient à côté d'eux, et si Parvati était à l'aise, Harry était un peu raide et évitait de la regarder trop longtemps. Neville, à sa grande surprise, se révéla être un excellent danseur, il faisait tournoyer Ginny sans effort et attirait tous les regards sur eux.

"Tu es splendide, Herrrmion." dit Viktor. "Je suis le plus heurrreux des cavaliers, ce soirrr."

"Merci Viktor." répondit Hermione, priant pour ne pas qu'il voit ses rougissements sous la lumière du ciel étoilé de la Grande Salle. "Je dois t'avouer… Je n'aurais jamais pensé que tu puisses m'inviter."

"Pourrrquoi ?" demanda le bulgare avec un froncement de sourcils. "Tu es la plus belle fille de Poudlarrrd."

"Loin de là. Je veux dire, tu as des dizaines de filles qui viennent te voir à la Bibliothèque tous les jours. Je pensais que tu serais intéressé par l'une d'entre elles." avoua Hermione.

Il roula des yeux pour montrer son mépris envers son propre fan-club.

"Jamais de la vie." dit-il fermement. "Elles ne m'intérrressent pas. En fait, je venais à la Bibliothèque juste pourrr te regarrrder étudier, Herrrmion." ajouta-t-il, soudain plus timidement. "Je venais tous les jourrrs pour venirrr te parrrler, mais je n'ai jamais osé le fairrre."

Maintenant, il pouvait définitivement voir les joues rougies d'Hermione. Elle dû détourner le regard pour ne pas montrer sa gêne et répondit tout doucement :

"Oh. Je… Je n'aurais jamais pensé ça. Ça me touche énormément, Viktor."

Il eut un petit sourire et empoigna ses hanches à ce moment-là pour la hisser dans les airs. Il tourna sur lui-même et la fit atterrir sur ses deux pieds en douceur. La musique se termina dans une dernière note, et ils arrêtèrent de danser. Hermione n'était même pas essoufflée.

Viktor prit sa main et effleura ses phalanges dans un baiser galant, puis ils allèrent retrouver leurs places aux tables rondes. Hermione repérait Harry, mais pas Ron, qu'elle n'avait toujours pas aperçu depuis le début de la soirée.

Viktor lui tira une chaise et l'invita à s'asseoir, et à ce moment-là, Fred et George apparurent soudainement à côté d'elles. Ils profitèrent du fait que l'attention de Viktor était sur un ami à lui de Durmstrang pour s'exclamer doucement :

"HERMIONE ! MERLIN, KRUM ! VIKTOR KRUM !" dit George.

"BRAVO ! BRAVO, BIEN JOUÉ ! SCANDALEUX ! IMPRÉVISIBLE ! ET TU AS PARFAITEMENT RÉUSSI LA DANSE ! FANTASTIQUE !" s'écria Fred, d'une voix étrangement très aiguë.

Elle n'avait jamais vu les jumeaux aussi surexcités. Ils n'arrêtaient pas de pointer du doigt Krum, qui parlait avec un de ses amis de Durmstrang à côté. Ils retournèrent s'asseoir à leur table avant qu'Hermione n'ait pu répondre.

Viktor lui tendit un menu et Hermione commanda le canard laqué. Puis, elle se lança dans une conversation passionnante avec Viktor, qui lui parla de Durmstrang, de son apprentissage et de sa famille. Il avait une petite sœur, Elena, qui voulait devenir joueuse de Quidditch, comme lui. Elle lui parla de ses parents, de son goût pour la lecture, de Poudlard.

Son canard laqué disparut alors qu'elle n'avait même pas réalisé qu'elle avait commencé à manger. Elle mangea sa part de tarte au citron givrée en écoutant Viktor, et le repas se termina, si vite qu'elle n'avait pas l'impression de l'avoir commencé.

Les Bizzar' Sisters reprirent leur musique et Hermione se leva pour continuer à danser. Elle avait envie de dépenser son énergie, parce qu'elle ressentait toujours l'adrénaline du stress. Ce n'était pas la même valse, elle était un peu rythmique que l'ancienne, mais Viktor la guidait si bien qu'elle n'avait pas besoin de se concentrer sur les mouvements de ses pieds. Ils continuèrent leur conversation et enchaînèrent les musiques.

Elle remarqua que Viktor avait l'air de moins en moins stressé, lui aussi. Pour un joueur de Quidditch international, Hermione pensait qu'il était habitué à ce genre d'attention sur lui, mais il fallait croire que non. À force de parler, il devint de moins en moins crispé et plus à l'aise avec elle. Sous le ciel étoilé, elle pouvait voir ses cicatrices blanches plus clairement. Il en avait une sur le menton qu'elle n'avait pas remarqué jusque-là.

À la fin d'un morceau, Fred s'approcha d'eux avec un sourire fier. Viktor se détacha d'Hermione doucement.

"Est-ce que je peux te l'emprunter ?" demanda Fred à l'adresse de Viktor. "Elle me doit une danse."

"Bien sûrrr." répondit Viktor en saluant Hermione. "Je vais cherrrcher des boissons, d'accorrrd ?"

Hermione acquiesça et Viktor s'éloigna de la piste de danse. Fred prit sa place et salua exagérément Hermione, avec une ribambelle de révérences et de gestes de la main.

"Auriez-vous l'extrême amabilité de m'accorder cette danse, mademoiselle ?"

"Mais je vous en prie." répondit la brunette avec un sourire. "Après tout, c'est toi qui m'a tout appris."

La valse commença de nouveau et Fred posa sa main sur sa taille pour l'entraîner avec lui.

"Grand coup de maître, Hermione." commenta Fred d'un ton fier. "Tu avais raison, c'était spectaculaire. On aurait jamais pu deviner que c'était Viktor Krum. Je veux dire, Viktor Krum ! Le joueur de Quidditch le plus connu du monde !"

Hermione avait l'impression d'avoir entendu cette phrase une centaine de fois depuis l'été. Elle hocha la tête :

"Oui, c'était assez… Angoissant."

"Tu as assuré. L'élève a dépassé le maître." affirma Fred. "Tu as vu la tête de Ron ? Il était complètement sidéré. Excellente vengeance."

Hermione sourit en entendant toutes ces louanges. Elle avait peur de s'être ridiculisée.

"J'en suis ravie. Angelina aime la soirée ?"

"Oui, elle est partie se repoudrer le nez." répondit-il. Puis, il sembla s'apercevoir de quelque chose : "Attends une minute. Comment tu savais que j'étais Fred, et pas George ?"

"Je sais vous différencier depuis ma première année." répondit Hermione. "C'est facile, quand on fait un peu attention."

"J'ai toujours cru que tu misais sur la chance à chaque fois." admit Fred avec un haussement de sourcils.

"Non, jamais." dit-elle avec une fausse pointe d'arrogance. "Je suis simplement très perspicace."

"Ça, c'est sûr." répondit Fred avec un sourire, puis il la porta une dernière fois et lui envoya un sourire complice. "Perspicace, en plus d'être une excellente danseuse. Krum doit être fier de t'avoir comme cavalière, Mione."

Il lui prit la main pour lui embrasser les phalanges, tout comme Krum, mais avec un air malicieux très Fred Weasley, avant de repartir s'asseoir à sa table.

Viktor n'était toujours pas revenu, il devait probablement y avoir une file d'attente devant le bar. Hermione alla donc s'asseoir sur la chaise vide à côté d'Harry, et soupira de bonheur quand elle reposa enfin ses jambes après avoir tant dansé.

"Il fait chaud, non ?" demanda Hermione en s'éventant avec sa main. Son maquillage devait avoir coulé. "Viktor est allé chercher à boire."

"Viktor ?" lança Ron froidement. "Tu ne l'appelles pas encore Vicky ?"

Hermione se tourna vers lui, elle ne l'avait même pas reconnu avant de s'asseoir. Probablement à cause de la robe hideuse qu'il portait, d'une couleur verdâtre délavée et surmontée d'un col blanc qui entourait sa tête. Il avait l'air de très mauvaise humeur.

"Qu'est-ce qui t'arrive ?" demanda-t-elle, surprise par sa question.

"Si tu ne le sais pas, ne compte pas sur moi pour te le dire." asséna-t-il sèchement.

Elle n'avait aucune idée de ce dont il voulait parler. Hermione jeta un coup d'œil à Harry qui haussa les épaules. Peut-être que Padma avait refusé de danser avec lui ?

"Ron, qu'est-ce que…?"

"Il est à Durmstrang !" explosa-t-il. "C'est un adversaire de Harry ! Un adversaire de Poudlard ! Tu... tu es… Tu es en train de fraterniser avec l'ennemi, voilà ce que tu fais !"

Hermione n'en croyait pas ses oreilles.

"Pardon ?" dit-elle après un moment de stupeur. "L'ennemi ! Non mais vraiment ! Qui est-ce qui était tout excité quand il est arrivé ici ? Qui est-ce qui voulait un autographe ? Qui est-ce qui a une figurine de lui dans son dortoir ?"

Les oreilles de Ron devinrent rouges. Il était vraiment jaloux ?

"J'imagine qu'il t'a demandé de l'accompagner au Bal quand vous étiez tous les deux à la Bibliothèque ?" demanda-t-il, sur un ton toujours aussi dur.

"Exactement. Et alors ?"

"Comment ça s'est passé ?" continua-t-il, et sa voix montait en crescendo. "Tu as essayé de lui vendre un badge sale, c'est ça ?"

"Pas du tout !" réfuta Hermione. "Si tu veux vraiment le savoir, il... il a dit qu'il venait tous les jours à la Bibliothèque pour essayer de me parler, mais qu'il n'avait jamais osé !"

Cette phrase énerva Ron encore plus.

"Oui, bien sûr, c'est ce qu'il t'a raconté." dit Ron en détournant les yeux des siens. Il regardait au-dessus de l'épaule d'Hermione.

Cette dernière commençait à perdre patience. Elle ne voulait pas causer une scène devant Harry, mais elle était trop irritée par le comportement ingrat de Ron pour se laisser faire.

"Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"Évident, non ?" dit Ron. "C'est un élève de Karkaroff, d'accord ? Il sait très bien qui sont tes amis et il essaye tout simplement de se rapprocher de Harry. Il veut obtenir des informations, ou trouver l'occasion de lui jeter un mauvais sort…"

Hermione ouvrit la bouche de stupeur, mais sa surprise se transforma soudain en colère, rendant sa voix tremblante :

"Je te signale qu'il ne m'a pas demandé la moindre chose au sujet de Harry, pas la moindre…"

Elle regarda Harry pour vérifier qu'il ne partageait pas la même opinion que Ron. Elle n'aurait jamais imaginé que venir au Bal avec Viktor puisse être une source de conflits avec Harry sur le Tournoi. Heureusement, Harry était aussi surpris qu'elle par l'attitude de Ron. Le rouquin surenchérit alors, le teint maintenant rouge de colère :

"Alors, il espère tout simplement que tu vas l'aider à résoudre l'énigme de l'œuf ! J'imagine que vous avez parlé de choses et d'autres pendant ces charmantes petites séances à la bibliothèque…"

"Il ne me viendrait jamais à l'idée de l'aider en quoi que ce soit !" s'insurgea Hermione. "Jamais ! Comment peux-tu dire une chose pareille ! Je veux que ce soit Harry qui gagne le tournoi et il le sait très bien, n'est-ce pas, Harry ?"

Harry ouvrit la bouche pour répondre mais Ron l'interrompit.

"Tu as une drôle de façon de le montrer."

Son ton cruel blessait énormément Hermione. Ses insinuations étaient vraiment injustes.

"Ce tournoi a pour but de rencontrer des sorciers d'autres pays et de nouer des liens d'amitié avec eux !"

"Non, ce n'est pas ça du tout !" s'écria Ron. "Il s'agit de gagner, rien d'autre !"

Il avait crié cette dernière phrase, si fort que des élèves commençaient à écouter leur échange. Hermione savait qu'elle devait être rouge de honte et de colère, mais l'indignation qu'elle ressentait à l'égard de Ron était si forte qu'elle n'arrivait pas à décolorer.

"Ron." intervint doucement Harry. "Ça m'est égal qu'Hermione soit venue au bal avec Krum."

Hermione ressentit une vague d'affection pour son meilleur ami.

"Tu ferais bien de rejoindre Vicky, il va se demander où tu es passée." dit Ron sèchement avant de se tourner résolument, presque dos à elle, comme un enfant.

"Arrête de l'appeler Vicky !" hurla Hermione en se levant d'un bond.

Elle se fraya un chemin pour s'éloigner le plus vite possible de Ron. Il l'avait beaucoup énervée depuis quelques temps, mais il venait de battre tous les records. Elle était furieuse. Elle passait une excellente soirée, elle avait ri pour la première fois depuis longtemps, et Ron avait réussi à tout gâcher !

Hermione voulait taper du pied pour condenser sa rage. C'était tellement injuste ! S'il était jaloux, pourquoi ne l'avait-il pas invitée en premier lieu ? Il n'avait même pas pensé à le faire, et maintenant, il voulait se venger !

Elle chercha Ginny du regard pour lui raconter -ou plutôt hurler pour déverser sa colère-, mais elle était en train de danser avec George et elle ne voulait pas la déranger. Elle tourna sur elle-même dans l'espoir de trouver Viktor, mais il avait disparu, et il y avait trop d'élèves autour d'elle pour apercevoir quelque chose.

Fulminante, Hermione décida d'aller se rafraîchir dans la salle de bains. Son mascara avait dû couler à cause des larmes de fureur qu'elle n'avait pas réussi à retenir. Elle fit demi-tour brusquement et emprunta la porte de la Grande Salle.

.

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Drago


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La danse de Granger et Krum dura une éternité. Ils enchainèrent les musiques sans s'arrêter, en discutant, en riant, et Drago était contraint de les regarder pendant que la déchirure de son cœur se creusait au fur et à mesure des secondes.

Drago continuait de boire, et la brûlure de l'alcool finit par s'estomper. Il sentit les premiers effets de la boisson le calmer un peu, juste un peu. La jalousie continuait de traverser ses veines comme un poison acide, mais il n'avait plus de mal à respirer. Pansy était en train de déguster une glace au citron à côté de lui, mais Drago était incapable d'avaler la moindre chose, à part le whisky.

Avait-elle enchanté sa robe pour qu'elle vole autour d'elle ? C'était forcément magique, parce qu'elle se déplaçait beaucoup trop élégamment pour que ce soit naturel. Où avait-elle appris à danser comme ça ? Avait-elle déjà dansé avec Krum avant ?

Drago repensa à ce que Pansy avait dit lors de la danse d'ouverture. "Je me demande comment elle a pu se faire inviter par Viktor Krum." Granger n'avait jamais parlé à Krum, elle avait passé son temps à le critiquer, lui et son fan-club de la Bibliothèque. Elle ne lui avait jamais adressé le moindre regard. Lorsqu'ils étaient cachés à leur table derrière les étagères, Krum n'aurait jamais pu…

Drago déglutit avec difficulté, douloureusement, lorsqu'il réalisa. Ils avaient forcément sympathisé à la Bibliothèque, lorsque Granger avait changé de table. Krum avait dû profiter d'une soirée où il n'y avait personne pour aller lui parler et l'inviter au Bal. Un soir où Drago n'avait pas été là, parce qu'il avait décidé d'arrêter de lui parler et de l'envoyer balader.

Pourquoi, déjà ? Il avait oublié.

Parce qu'en la voyant là, en train de danser, il n'avait plus aucune raison valable en tête. Il avait oublié la lettre de son père, oublié la menace qui pesait sur lui, oublié son statut de sang, oublié toutes les raisons.

Merlin s'était vengé. Drago avait voulu s'éloigner d'elle, alors il lui mettait son erreur devant les yeux. C'était la pire vengeance possible.

Granger et Krum s'éloignèrent l'un de l'autre quand l'un des jumeaux Weasley vint à leur rencontre. Contrairement à Ron Weasley, ce jumeau était bien mieux habillé. Sa robe de soirée était visiblement d'occasion, comme tout ce qui appartenait aux Weasley, mais elle avait le mérite d'être de meilleur goût. Il s'approcha avec un sourire, parla quelques secondes avec Krum et ce dernier s'éloigna pour les laisser danser ensemble.

Drago ressentit une nouvelle vague de jalousie, mais beaucoup moins acide que la dernière. Granger et le jumeau étaient clairement amis. Ses mains ne se baladaient pas sur elle plus que nécessaire. Granger avait l'air contente de danser avec lui.

"Drago ?"

Le blond se tourna vers Blaise. Il ne l'avait pas vu se lever, il se tenait maintenant devant lui avec un sourire aux lèvres.

"M'autorises-tu à emprunter ta cavalière pour cette danse ?"

Il fit un geste vers Pansy, qui souriait. Drago faillit lever les yeux au ciel. Blaise n'avait pas perdu ses manières italiennes de gentleman, il n'y avait que lui pour demander l'autorisation à quelqu'un de lui prêter sa cavalière. Surtout Pansy.

"Bien sûr que tu peux." répondit-il en haussant les épaules.

Pansy se mit debout en une seconde et attrapa la main de Blaise. Ils s'éloignèrent tous les deux et Drago les observa atteindre la piste de danse. Blaise se pencha vers Pansy dans une révérence galante. Un peu plus loin, Théo dansait maintenant avec Millicent Bulstrode. Il se débrouillait bien, du moins, assez bien pour quelqu'un qui avait détesté ses cours de danse lorsqu'il était enfant.

Drago se tourna vers le reste de la table. Il ne restait plus que Crabbe et Goyle, et Daphné Greengrass qui regardait Pansy et Blaise avec un air indéchiffrable sur ses traits. Drago savait qu'il était censé lui proposer une danse, comme il était coutume de s'échanger les cavalières, mais il n'avait aucune envie de danser avec Daphné Greengrass, alors il faisait semblant de ne pas la voir.

"Non, ce n'est pas ça du tout ! Il s'agit de gagner, c'est tout !"

La voix de Weasley résonna à côté de Drago et il se tourna pour essayer de le retrouver. Il était assis à la table d'à côté, avec Potter et -son estomac tressauta en la voyant- Granger. Drago n'avait pas vu qu'elle avait arrêté de danser avec le jumeau Weasley. Elle n'avait plus l'air contente, désormais : ses yeux étaient révulsés de colère.

Drago regarda leur échange silencieux avec attention. Ils étaient clairement en train de se disputer, et Granger avait l'air de se battre contre ses larmes. Elle regardait le rouquin avec une expression qui ressemblait à celle qu'elle avait eu lorsqu'elle avait insulté Drago, quelques semaines plus tôt. Drago se demanda comment Weasley pouvait lui tenir tête alors qu'elle paraissait sur le point de lui foutre une gifle.

Potter, qui était au milieu des deux et vraisemblablement mal à l'aise, chuchota quelque chose à l'adresse de Weasley que Drago n'entendit pas. On aurait dit qu'il prenait la défense de Granger, ce qui était assez surprenant.

"Tu ferais bien de rejoindre Vicky." asséna sèchement Weasley en regardant Granger avec dégoût. "Il va se demander où tu es passée."

"Arrête de l'appeler Vicky !" hurla Granger en se levant comme une furie.

Elle se réfugia dans la foule, faisant voler sa robe bleue autour d'elle, avant de disparaître subitement. Drago n'avait pas réalisé qu'il s'était levé en même temps qu'elle. Il se dirigea automatiquement à l'endroit où elle était partie, sans réfléchir. Il chercha un éclat bleu entre les danseurs, sans la trouver.

Il chercha Krum. Il voulait savoir si elle s'était réfugiée vers lui pour lui raconter. Étaient-ils assez proches pour se confier comme ça ? Ils ne se connaissaient depuis moins d'un mois, elle n'irait probablement pas vers lui. Il chercha Weaslette, mais elle était en train de danser et n'avait pas remarqué la dispute entre Granger et son frère.

Soudain, un éclair bleu passa à la droite de Drago, et il eut juste le temps de tourner la tête pour apercevoir Granger s'enfuir par les portes de la Grande Salle. Ses pieds avancèrent tout seul pour la suivre. Il poussa les élèves devant lui pour accéder encore plus rapidement vers la sortie, et se retrouva à l'entrée de la salle.

Quelques filles pleuraient sur les escaliers menant aux étages supérieurs, mais aucune d'entre elles ne portaient de robe bleue. Drago continua d'avancer vers les portes menant au dehors, mais il n'y avait plus personne dans la cour. Il retourna à l'intérieur, et emprunta le premier couloir qu'il vit. Il allait vite, bien trop vite pour quelqu'un qui n'avait aucune idée de ce qu'il faisait. Comme si tous ses gestes étaient impulsifs et calculés en même temps.

Il faillit faire demi-tour quand il entendit une sorte de sanglot étranglé, dans le couloir à sa droite. Il reconnut Granger tout de suite, et courut presque pour la rejoindre. En tournant, il la vit enfin. Elle était dos à lui et remontait le long du couloir, probablement pour atteindre la salle de bains.

En la voyant s'éloigner de plus en plus, Drago réalisa à quel point elle lui manquait. Il avait désespérément envie de lui parler. D'entendre sa voix, même lorsqu'elle était haut perchée et insupportable. Il avait envie qu'elle le regarde. Ça faisait trop longtemps qu'il n'avait pas plongé son regard dans le sien.

Il continua d'avancer. C'était probablement l'alcool qui le guidait, mais il se laissa porter. Il arriva à la hauteur de Granger en quelques enjambées et lui attrapa le bras par derrière. Elle se tourna vers lui et ses yeux s'agrandirent en le voyant. Elle lâcha un hoquet de surprise.

"Malefoy, qu'est-ce que tu…" bégaya-t-elle.

Il serra sa prise sur son bras et l'emmena dans la première pièce qu'il vit à sa gauche : une salle de classe, miraculeusement ouverte. Il entra à l'intérieur sans la lâcher et il fut ravi de constater qu'elle n'essayait pas de se dérober. Une fois à l'intérieur de la classe, il enleva sa main à contrecœur. Il ferma la porte et se mit devant elle.

"C'est quoi ce bordel, Granger ?" lâcha-t-il brutalement.

C'était l'alcool qui parlait pour lui, même s'il ne lui faisait dire que la vérité. Il se passa une main dans les cheveux. Granger passa de la stupeur à l'exaspération et croisa ses bras sur sa poitrine :

"Je te demande pardon ?"

"Avec Viktor Krum ? Sérieusement ? Tu n'aurais pas pu choisir quelqu'un d'autre ?"

Il avait conscience qu'il faisait exploser sa colère, mais il avait besoin de lui dire. Granger fronça les sourcils, outrée :

"Pardon ?" répéta-t-elle.

"Tu sais quel âge il a ?" continua Drago sans contrôler son flot de paroles. "Il a 3 ans de plus que toi ! Et il vient de Durmstrang ! Qu'est-ce que tu fous avec lui ?"

"J'ai parfaitement le droit de venir au Bal avec qui je veux !" s'énerva-t-elle.

"Granger, c'est un joueur international de Quidditch ! Il a un fan-club à la Bibliothèque, tu t'en es plaint pendant des semaines toi-même ! Comment peux-tu sérieusement penser qu'il puisse avoir le moindre intérêt pour toi ? Il t'as clairement invitée pour autre chose !"

Elle avait les yeux ronds, maintenant, et la bouche grande ouverte de surprise. Elle contemplait Drago comme s'il était devenu complètement fou, ce qu'il était probablement devenu, d'ailleurs. Il n'arrêtait pas de se passer la main dans les cheveux et commença à faire les cent pas devant elle pour éviter de la regarder. Elle était tellement énervante !

"Tu es censée être super intelligente, non ?" continua-t-il sans la regarder. "La Miss-Je-Sais-Tout de Poudlard, et tu tombes dans le panneau ? Tu penses sincèrement que tu lui plais ?"

"Que je plaise à Viktor ou non, qu'est-ce que ça peut te faire ?" dit-elle avec ardeur pour l'interrompre. "Ça ne te concerne absolument pas !"

"Parce que tu penses sincèrement que je vais rester là et ne rien faire ?" reprit-il, même si ça n'avait aucun sens et qu'il le savait. "Que j'allais te regarder danser avec Krum ?"

"C'est toi qui a arrêté de me parler ! C'est toi qui a coupé les ponts, en disant qu'on avait "jamais été amis", que "tu me détestais toujours autant", que j'étais "une putain de Gryffondor qui ne pouvait pas comprendre", que "tu ne voulais pas te faire voir avec une Sang-de-Bourbe !"" hurla-t-elle.

Le fait qu'elle répète ses propres phrases était atrocement douloureux. Comme si elle les avait retenues par cœur, alors qu'il n'en avait pas pensé un mot. Drago continua ses cent pas pour tenter d'éliminer l'alcool qui embrumait sa tête et le faisait parler trop vite.

"Je ne pensais pas que ça voulait dire que tu allais te réfugier dans les bras de Viktor Krum !" aboya-t-il. "Combien de temps a-t-il fallu pour qu'il vienne à ta table, à la Bibliothèque ? Ce mec est dangereux, Granger ! Il fait partie du camp opposé !"

"Oh mon Dieu, arrête, on dirait Ron !" coupa-t-elle, exaspérée.

Cette phrase arrêta tout de suite Drago. La colère piquait sa peau partout, et sa tête tournait. Il se tourna vers elle : des mèches rebelles s'étaient échappées de son chignon. Ses yeux chocolat lançaient des éclairs, tout comme à Weasley quelques minutes auparavant. Elle était furieuse, et putain, tant mieux, parce que lui aussi.

"Alors, c'est pour ça que tu t'engueulais avec lui ? Parce qu'il est jaloux de Krum ?" lâcha-t-il amèrement.

"Ce ne sont pas tes affaires ! Ma discussion avec Ron était privée, tu n'étais pas censé l'entendre !"

"Oh, arrête Granger, la moitié de la Grande Salle a entendu."

Les joues de Granger commencèrent à rougir, mais elle était toujours aussi énervée.

"Vous êtes stupides, tous les deux. Mes fréquentations ne vous concernent pas, et encore moins à toi. Je ne te dois rien. J'ai pensé pouvoir être ton amie, mais tu es le garçon le plus insupportable qu'il m'a été donné de connaître, et tu m'as très bien fait comprendre que tu ne voulais plus rien avoir à faire avec moi non plus !"

Même à travers la rage que Drago éprouvait, il ne put s'empêcher de ressentir une pointe de satisfaction. Granger était là, elle lui parlait, au lieu d'être en train de danser avec Krum ou Weasley. Elle n'était pas partie en courant à la minute où il l'avait emmenée dans la salle de classe. Ça devait vouloir dire qu'elle tenait un tant soit peu à lui, non ?

Elle fulminait, tapait presque du pied tant elle était indignée. Et Drago adorait ça. Il adorait le fait qu'elle éprouve la même chose que lui à cet instant, il adorait s'engueuler avec elle et ressentir cette dose d'adrénaline qui lui avait tant manqué. Il adorait qu'elle lui porte de l'intérêt, même si c'était de la haine, et qu'elle lui adresse enfin la parole.

"Et pour ton information…" continua Granger. "Viktor est poli, courtois, et intéressant. Je passe une excellente soirée en sa compagnie, et je suis ravie d'être sa cavalière. Pas parce que c'est un joueur de Quidditch, et encore moins parce que c'est un élève de Durmstrang, mais parce que c'est un garçon captivant. Rien à voir avec toi, qui peut s'avérer être un profond abruti quand il le veut."

Elle ponctua sa phrase par un claquement de langue narquois.

"Mes intentions étaient claires, Granger." reprit-il d'une voix dure. "Contrairement à lui. Je ne t'ai jamais déçue, parce que j'ai été clair dès le début. Je ne peux pas être ami avec toi. Lui, il veut paraître parfait à tes yeux, pour te détruire après, c'est évident."

Granger secoua la tête vigoureusement.

"N'importe quoi. Tu n'en sais rien. Tu ne lui as jamais parlé !"

"Je n'ai pas besoin de lui parler pour savoir ce qu'il a derrière la tête. Il veut clairement quelque chose en retour !" s'exclama Drago.

"Et alors ? Quand bien même, qu'est-ce qui te fait dire que je ne suis pas intéressée par lui ?" coupa Granger.

Le sang de Drago se glaça en entendant ça. Il s'approcha d'elle d'un pas et lui lança le regard le plus menaçant possible en sifflant entre ses dents :

"Ne dis pas ça."

"Alors, admets-le." dit-elle, soudain dans un murmure.

Elle n'était pas intimidée par son attitude, elle le regardait tranquillement, sans sourciller. Ça lui faisait penser à Blaise.

"Admettre quoi ?" demanda-t-il.

Ils étaient beaucoup trop proches. Leur proximité l'étourdissait. Il avait envie de continuer à hurler d'un bout à l'autre de la pièce, c'était plus sûr que quand elle était si près de lui.

"Que tu es jaloux." dit-elle.

Il l'était. Il était incontestablement jaloux. Il secoua la tête tout de même :

"Pas du tout."

"Si tu n'es pas jaloux, pourquoi tu réagis comme ça, alors ?"

"Je…"

"Ron est jaloux. C'est évident." continua-t-elle, et sa voix était étrangement douce. "Je le sais, Harry le sait, même lui le sait. Il est jaloux parce que quelqu'un d'autre m'a invitée, et que j'ai accepté. Mais toi, Drago ? Pourquoi es-tu jaloux ? Je croyais que tu me haïssais ?"

Elle se rapprocha encore un peu plus de lui. Ses yeux étaient pleins de défi, et ça le décontenançait tellement qu'il ne trouvait plus ses mots. Le fait qu'elle porte cette robe n'aidait pas. Il ne savait plus s'il voulait continuer à hurler, ou s'il voulait l'embrasser. Il regarda ses lèvres et voulut se pencher pour les atteindre et faire éclater la tension autour d'eux qui était devenu soudain oppressante.

Elle attendait une réponse, les bras toujours croisés, le regard provocateur, et tout son corps émanant d'une chaleur qu'il sentait de là où il se tenait. Ses joues étaient rouges et brûlantes. Elle n'avait jamais eu l'air aussi fiévreuse qu'à cet instant. Drago avait envie de la serrer contre lui pour sentir sa peau contre la sienne.

"Je ne suis pas jaloux, Granger." asséna-t-il sans conviction.

Ils n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et toute la colère de Drago s'était évaporée sans qu'il le remarque. Il ne ressentait plus la rage, seulement l'adrénaline. Il se demanda un instant si ce n'était pas elle qui allait l'embrasser d'une seconde à l'autre, elle faisait dévier son regard sur ses lèvres, elle aussi. Il baissa dangereusement sa tête, se pencha vers elle…

Une odeur sucrée s'empara alors de lui. Les cheveux de Granger. Il inspira et écarquilla les yeux en la reconnaissant. C'était l'odeur de l'Amortentia, que Théo lui avait fait sentir en troisième année. La fraise. Malgré la laque qu'elle avait appliqué sur ses cheveux, l'odeur était reconnaissable entre mille : c'était exactement la même saveur que celle de la potion. Intoxicante.

Une preuve.

Preuve qu'il était éperdument amoureux d'elle.

Il recula de quelques pas sous l'impact de cette réalisation. Ce qu'il avait senti dans l'Amortentia, c'était son odeur à elle ? Les livres à la Bibliothèque… Les thés à la cannelle… Pourquoi ne l'avait-il jamais réalisé ?

Il devait être très confus, parce que Granger le regardait bizarrement. Il prit soudain peur. Il savait ce qu'il ressentait pour elle, mais l'Amortentia, ça rendait ça concret. Réel. Ce n'était pas une passade. C'était vrai.

Il recula encore un peu, ouvrit la porte et s'enfuit sans un regard en arrière.

.

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Hermione


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Hermione retourna dans la Grande Salle encore plus chamboulée que quand elle en était sortie. Elle avait l'impression d'avoir rêvé ces derniers instants. Elle avait probablement halluciné, Drago Malefoy n'aurait jamais fait ça. Il n'aurait jamais prononcé ces mots. Il n'aurait jamais été jaloux…

"Herrrmion !"

Hermione releva la tête et rejoignit Krum au milieu de la Grande Salle toujours bondée. Il tenait deux Bièraubeurres dans les mains.

"Je te cherrrchais parrrtout ! Où étais-tu passée ?" demanda-t-il, les sourcils froncés.

Elle prit la Bièraubeurre de sa main et but une longue gorgée d'une traite. Puis, elle s'essuya la bouche d'une manière peu raffinée et regarda Krum, qui avait l'air surpris.

"Juste aux toilettes." mentit-elle avec un sourire. "Merci pour la Bièraubeurre, je mourrais de soif. Toute cette danse m'a épuisée !"

Elle but de nouveau une gorgée. Heureusement, Krum ne fit pas de commentaire sur son changement d'attitude radical et but dans la sienne à son tour.

Krum débuta une conversation, celle qu'ils avaient laissé avant que Fred n'arrive pour danser avec elle, mais Hermione avait du mal à suivre. Son esprit ne cessait de revenir vers sa dispute avec Malefoy. Ça s'était passé si vite qu'elle avait du mal à réaliser que s'était vraiment arrivé. Pourquoi avait-il été jaloux ? Et pourquoi s'était-il approché aussi près d'elle ?

Elle continuait de siroter en faisant semblant d'écouter Viktor, alors que sa tête était toujours là-bas, dans la salle de classe. Au bout d'un moment, le bulgare lui proposa de continuer à danser, et Hermione remarqua à ce moment-là que la musique des Bizarr' Sisters avait changé de registre. Maintenant, c'était du rock. Ginny était au centre de la piste, juste sous la scène, à danser avec George.

Hermione accepta et posa sa Bièraubeurre sur la table avant de se laisser porter par Viktor. Elle remarqua que Ron et Harry n'étaient plus là, mais surtout, que Drago n'était toujours pas revenu dans la Grande Salle. Elle avait beau le chercher vers les tables, il était introuvable. Elle se demanda ce qu'il pouvait bien faire.

Elle se retrouva au centre de la piste de danse, entourée de danseurs bien trop enthousiastes à son goût. Viktor commença à danser devant elle, et elle suivit le mouvement, fit semblant de sourire, mais Hermione était bien trop préoccupée pour s'investir davantage dedans.

C'était ironique. Elle s'était disputée avec Ron et Drago parce qu'elle avait voulu leur montrer qu'elle aimait le fait d'être allée au Bal avec Viktor, alors que maintenant, elle ne savait plus du tout pourquoi elle avait accepté. En l'espace d'une semaine, elle avait appris que quatre garçons avaient un intérêt pour elle. Et Hermione n'était certainement pas habituée à susciter autant d'intérêt.

À chaque nouvelle musique, Hermione pouvait discerner un hurlement strident de Ginny, ou des cris comme "c'est ma préférée !". Pourtant, on aurait dit que c'était toujours la même chanson en boucle. Hermione avait mal aux jambes, et elle commençait à sentir un mal de tête lui cogner les tempes.

Au bout de ce qu'il sembla être la quatre-centième chanson préférée de Ginny, Hermione parvint à glisser un regard entre les danseurs, et vit Drago. Il s'était rassis à sa table, à côté de Crabbe et Goyle. Il buvait au goulot d'une bouteille, et Hermione eut le pressentiment que ce n'était pas de la Bièraubeurre dedans.

Il la fixait, sans aucune expression sur le visage. Le Drago qui avait hurlé dans la salle de classe était loin, très loin.

"Tu danses trrrop bien, Herrrmion." lui dit Krum en se penchant vers elle avec un sourire.

"Oh, merci. Tu te débrouilles très bien aussi."

Il sourit chaleureusement au compliment. Hermione n'avait pas du tout l'impression de bien danser. Elle avait largement préféré leur danse improvisée dans la Salle Commune des Gryffondors, quand Fred et George lui avaient appris à danser le rock et qu'ils avaient hurlé de rire pendant des heures.

Finalement, enfin, le groupe performa leur dernière musique, plus assourdissante que jamais, avant de se retirer de la scène sous une salve d'applaudissements. Hermione ne sentait plus ses jambes, elle avait l'impression que sa robe était collée à son corps tant elle transpirait, et son mal de tête s'était définitivement empiré.

Tous les élèves se dirigèrent vers la sortie, laissant derrière eux une Grande Salle méconnaissable, remplie de bouteilles vides et de vêtements froissés et éparpillés. Ginny, qui était écarlate d'avoir tant dansé, sortit de la piste de danse accrochée au bras de Neville.

"Je te rrracompagne vers la sortie." proposa galamment Viktor.

Elle hocha la tête et le suivit. Il posa sa main sur le bas de son dos, comme pour la guider. Elle sentit des petits frissons lui parcourir le dos, à l'endroit où il avait posé sa main, mais elle ne savait pas si c'était de plaisir ou d'embarras.

Drago avait disparu. Elle le chercha du regard en sortant de la Grande Salle, parmi la foule qui se disait tous au revoir avant de retourner dans leurs dortoirs. Elle trouva Théodore Nott, qui embrassait la joue de Millicent Bulstrode avec un sourire, mais Drago n'était pas à côté d'eux.

"J'ai passé une excellente soirée, Herrrmion." dit Krum, ce qui la ramena à la réalité.

"Moi aussi. Merci beaucoup de m'avoir invitée, je me suis bien amusée."

"Avec plaisirrr. On se rrreverrra, à la Bibliothèque, c'est d'accorrrd ?" demanda Viktor.

Elle pensa amèrement qu'elle préférerait être à la Bibliothèque avec un autre garçon, mais elle repoussa rapidement cette idée.

Viktor lui prit la main pour lui déposer un baiser galant sur les phalanges. Quand il se pencha, elle pouvait voir un film de sueur sur sa nuque. Il avait vraiment l'air d'avoir aimé cette soirée, peut-être n'avait-il pas l'habitude de danser comme ça. C'était assez libérateur, quand on avait la tête vide de problèmes.

"D'accord. Merci encore, pour ce soir. À plus tard, Viktor." dit Hermione avec un sourire qu'elle espérait sincère.

Elle se retourna, et croisa alors le regard glacé, grisâtre, dur, de Drago Malefoy, juste à côté d'elle. Hermione ne l'avait pas du tout vu venir, ça la fit presque sursauter. Il avait toujours ce visage de marbre, mais elle pouvait aisément déceler de la colère derrière. Il ne dit rien, alors elle lui tourna le dos et monta les escaliers pour retourner dans son dortoir.

Mais évidemment, sa soirée n'était pas assez compliquée comme ça. Évidemment, elle croisa Ron, et évidemment, il lui jeta un regard noir. Elle escalada rapidement les marches pour mettre le plus de distance entre lui et elle. Elle n'avait absolument pas la force de parler à Ron à cet instant.

Elle était arrivée au second étage quand elle entendit sa voix derrière elle :

"Hermione ! Hermione, attends !"

La concernée accéléra ses pas. Dans son dos, elle pouvait voir le rouquin essayer de la dépasser en sautant les marches deux par deux. Ses stupides talons l'empêchaient de faire ça. Et Harry n'était plus là.

"Hermione ! Arrête-toi, Merlin !" cria Ron dans les escaliers.

Celui qu'elle venait de quitter et que Ron commençait à grimper se détacha soudainement du cinquième étage, et pivota sur la gauche. Elle entendit Ron jurer derrière elle. Elle continua de marcher à toute allure, malgré le fait que ses jambes étaient sur le point de flancher à tout moment.

Elle continua jusqu'à ce qu'elle arrive au portrait de la Grosse Dame, pantelante. Hermione prononça le mot de passe et se retrouva dans la Salle Commune, mais le feu de cheminée avait trop réchauffé l'endroit, ou alors elle avait chaud à cause de l'effort, parce qu'elle eut soudain un coup de chaud. Elle dût s'appuyer sur le rebord du canapé pour prendre de grandes inspirations.

La Salle Commune des Gryffondors était vide. Elle retira ses talons qui lui martelaient les pieds. Elle s'apprêta à monter vers son dortoir quand elle entendit le tableau derrière elle s'ouvrir, et Ron débarquer dans la pièce à toute allure.

"Qu'est-ce que tu fous ?" demanda-t-il, essoufflé comme pas possible. "Tu ne m'as pas entendu hurler après toi dans les escaliers ?"

"Je ne veux pas te parler, Ron." dit-elle sèchement. "Tu as tout gâché !"

Ce n'était pas totalement vrai, mais la vraie personne qui l'avait mis dans cet état n'était pas devant elle, alors elle préféra décharger sa colère sur Ron, égoïstement.

"Je n'ai fait que te dire la vérité, Hermione !" s'emporta Ron. "Ce mec n'est pas net, il cherche clairement à t'amadouer. Ça ne me plaît pas du tout !"

Son visage était rouge de colère et d'effort. Mais elle devait être pareille. Son crâne était sur le point d'exploser, sa vision était même devenue floue. Il fallait absolument qu'elle s'assoit.

"Si ça te ne plaît pas, tu sais ce qu'il faudra faire, à l'avenir !"

Hermione entendit vaguement le bruit du portrait s'ouvrir, mais elle n'y prêta pas la moindre attention. Elle ressentait beaucoup trop d'émotions à cet instant pour ajouter de la gêne dedans.

"Ah ouais ?" répliqua Ron, toujours aussi furieux. "Et qu'est ce qu'il faudra faire ?"

"La prochaine fois qu'il y a un bal, prends ton courage à deux mains et invite-moi avant que quelqu'un d'autre le fasse. Et pas en dernier recours !"

Ron écarquilla les yeux et bredouilla des mots incompréhensibles. Hermione profita de ce moment d'égarement pour récupérer ses chaussures, et monta les escaliers de son dortoir sans se retourner.

.

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Drago


.

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Essayer de se calmer sur son banc habituel n'était pas une très bonne idée. Plusieurs couples avaient échappé à la soirée pour aller se promener dehors, et certains s'embrassaient même sur les bancs autour. Et voir des gens s'embrasser n'était définitivement pas ce que Drago avait envie de voir à cet instant.

Il retourna donc dans la Grande Salle, toujours aussi agité. Il ne savait même plus ce qu'il ressentait. Avant de rentrer dans la salle de classe, il bouillonnait de colère, maintenant il était simplement… bouillonnant. De quoi, il n'en savait rien. Et l'alcool ne l'aidait pas du tout.

Pansy dansait maintenant avec Théo. Elle était en train de lui apprendre une certaine chorégraphie et ils riaient tellement fort tous les deux que le visage de Pansy était tout rouge. Elle n'avait peut-être pas remarqué l'absence de Drago. Blaise était reparti sur la piste avec Daphné et était penché près de son oreille. Leurs quatres verres étaient abandonnés sur la table où Drago se rassit lourdement.

Son regard dévia automatiquement à la recherche de Granger. Elle était là, sur la piste de danse, avec Krum. Rien n'indiquait qu'elle venait de s'engueuler avec son ennemi juré dans une salle de classe. Peut-être avait-elle légèrement l'air moins enjouée qu'au début de la soirée. Plus marquée. Et quelques mèches rebelles s'étaient échappées de sa jolie coiffure. Mais peut-être était-il le seul à remarquer ce genre de détails.

Drago jura entre ses dents. Il n'avait toujours pas digéré ce qu'il s'était passé dans les dernières minutes. C'était son odeur dans l'Amortentia, celle qu'il avait sentie en juin dernier avec Théo. Il ne l'avait pas du tout compris à ce moment-là, parce qu'il avait été trop focalisé sur le fait que ce n'était pas Pansy pour se concentrer réellement sur les senteurs en question. Pourtant, elle n'avait pas cessé de se faire des fichus thés à la cannelle à la Bibliothèque. Comment n'avait-il pu pas le comprendre ?

Et qu'est-ce que ça voulait dire ?

Était-il amoureux d'elle depuis la troisième année ?

Ou avant ?

Est-ce que c'était celle qui lui était destinée ?

Est-ce qu'il la haïssait toujours ?

Toutes les questions qui venaient d'émerger dans son cerveau tournèrent de longues minutes. Drago était au comble du stress, sa jambe s'agitait à cause des tics nerveux, et il n'arrêtait pas de passer une main dans ses cheveux. De temps en temps, il prenait une gorgée du Whisky Pur-Feu que Blaise lui avait passé.

Et il continua de regarder Granger danser pendant tout ce temps-là.

À la fin du Bal, tout le monde applaudit et son groupe d'amis retourna à la table, hilares et essoufflés. Ils parlaient avec enthousiasme du concert qu'avait produit les Bizarr' Sisters et regagnèrent la sortie. Drago, qui n'avait pas écouté une seule des musiques sur la scène, se laissa porter par le groupe. Il se sentait mal : tout l'alcool qu'il avait bu et l'absence de nourriture pesait dans son estomac et menaçait de remonter.

Quand Théo et Pansy arrivèrent dans le hall d'entrée devant la Grande Salle, Drago trouva enfin Granger. Elle était légèrement en arrière, accompagnée par Krum. Quand Drago remarqua que la main du bulgare était posée dans le bas du dos de Granger, il faillit rendre tout le whisky.

Il se rapprocha d'eux en poussant les gens devant lui, assez près pour les entendre parler.

"On se rreverrra à la Bibliothèque, c'est d'accorrrd ?" demanda, plein d'espoir, Krum.

Certainement pas, pensa Drago.

La Bibliothèque, c'était leur truc.

Il espérait qu'elle pensait la même chose à cet instant.

"D'accord. Merci encore, pour ce soir. À plus tard, Viktor." dit Granger avec un sourire fatigué.

Elle se retourna à ce moment-là, et elle se retrouva face à lui. Il n'avait pas anticipé de se retrouver si près. Il fut un instant happé par ses yeux chocolats. Son sourire poli se dissipa et elle lui fit un regard noir, qui le cloua sur place.

Puis elle s'éloigna avant même qu'une pensée cohérente se soit formée dans son esprit.

"Drago, on rentre ?" lui proposa Blaise, qui était arrivé derrière lui.

"Ouais." répondit-il, et sa voix était rauque et étranglée.

Ils retournèrent dans les dortoirs au sous-sol du Château, où l'air était plus glaçial que n'importe où dans le Château. Pour une fois, Drago ne profita pas de la sensation. Il aurait préféré un endroit chaud et confortable pour réfléchir. Ou dehors, sur son banc. Il avait l'impression d'être asphyxié dans cette salle.

Drago décida d'aller se coucher. Il se tourna vers Pansy :

"Pans', on va se coucher ?"

"Je dors avec Daphné ce soir." répondit-elle.

Son ton était tellement froid que Drago haussa les sourcils. Elle ne le regardait pas. Elle était furieuse. Il n'avait probablement pas assez dansé avec elle. Sachant pertinemment qu'il n'arriverait pas à la faire parler avant qu'elle décolère un peu, et qu'il n'avait pas la force de la convaincre ce soir, il abandonna et alla dans le dortoir.

En arrivant dans sa chambre, il ouvrit le tiroir de sa table de nuit et avala le reste de la potion de Sommeil-Sans-Rêve d'une traite. Il ne prit pas la peine de se déshabiller, ou même de fermer les rideaux, il s'allongea dans son lit et écouta les battements de son cœur résonner contre le matelas avant de se faire emporter par l'odeur de coton de la potion.