SURPRISE! Voici mon cadeau de Noël pour vous, le chapitre 52 en avance! J'espère qu'il vous plaira!

Joyeux Noël à tous! Profitez bien de votre famille et de vos amis!

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tw : Pansy souffre de TCA dans ce chapitre (troubles du comportement alimentaire)

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Drago


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"Troll ?! Troll ? TROLL ?!" s'exclama Théo en prenant le papier entre les mains, les yeux révulsés.

"Théo, je-"

"Ça doit être une erreur, ce n'est pas possible…" bégaya Théo, sans faire attention à Drago à côté de lui. "Un Troll ? J'ai jamais eu de Troll de ma vie, c'est…"

"Tu es sûr que ce n'est pas un T comme Théodore ?" tenta Drago.

Les yeux écarquillés de Théo se posèrent une seconde sur le visage de Drago, l'air outré.

"Pourquoi aurait-elle écrit la première lettre de mon prénom sur mon putain de devoir ?!"

"Ok, Théo, calme toi." urgea Drago en voyant les autres élèves se tourner vers eux. "Tu es en train de péter un câble, là. Calme-toi, te mets pas dans tous tes états."

"Tous mes états ?!" répéta Théo, les mains toujours crispées sur son papier. "Je viens de recevoir un Troll, Malefoy, c'est pire que Crabbe et Goyle !"

"Bien, nous allons reprendre la leçon sur la numérologie divinatoire…" reprit Vector, qui n'avait pas entendu les plaintes paniquées de Théo.

Drago fut contraint de se taire et de se tourner vers la professeure. De temps en temps, il jetait un coup d'œil à Théo, qui avait toujours le même visage scandalisé et tenait toujours son parchemin entre ses mains. Il était devenu tout pâle.

Il n'avait aucune idée de ce qu'il devait dire ou faire pour réconforter Théo. Drago adorait la compétition depuis toujours, mais ce n'était rien comparé à la volonté de Théo dans les études. Drago avait abandonné depuis longtemps l'idée de le dépasser dans les notes générales : Théo avait toujours des notes excellentes, frôlant la perfection de Granger. Il était capable de rédiger trois essais différents et de récolter des Optimals sur chacun d'entre eux. Il était toujours en train de lire, ou d'écrire à toute vitesse sur ses parchemins, avec trois pots d'encre entamés autour de lui.

Drago savait pertinemment que Théo était un acharné du travail, et il s'était souvent moqué de lui avec Blaise, en disant qu'il méritait d'être à Poufsouffle. Il avait toujours été comme ça, depuis la première semaine de la première année. Mais c'était la première fois que Drago était confronté à un échec de sa part, et il n'avait aucune idée de comment réagir. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Théo plaçait autant d'importance là-dedans, et s'il était honnête avec lui-même, il trouvait cette réaction légèrement disproportionnée, mais il avait le sentiment que s'il en faisait part à Théo, il serait capable de se refaire métamorphoser en furet.

Il tourna discrètement la tête vers Granger. Elle écrivait la leçon de Vector, mais elle n'avait pas l'air aussi déterminée que d'habitude, et ne cessait de jeter des regards inquiets vers Théo. Elle devait avoir entendu sa note catastrophique. D'habitude, quand elle était meilleure que quelqu'un, elle affichait un petit sourire fier assez agaçant. Pourtant, aujourd'hui, elle semblait presque piteuse.

Drago n'avait jamais compris la compétition farfelue entre les deux, si ce n'est que ça motivait l'un et l'autre. Il n'avait donc aucune idée de pourquoi Granger ne se réjouissait pas de l'échec de Théo.

À la fin du cours, Théo avait les épaules tellement voûtées que son visage disparaissait presque dans son cou. Il rangea tristement ses affaires, sans avoir rien écrit sur son parchemin.

"Hum… Théo ?" appela doucement Drago.

Le garçon ne releva pas la tête, et ne fit pas le moindre signe qu'il venait d'entendre Drago. Ce dernier continua :

"Ça va, mate ?"

"À ton avis ?" demanda sèchement Théo.

Il passa son sac en bandoulière autour de son cou et s'approcha du bureau de la Professeure Vector, le papier toujours serré dans son poing. De loin, Drago vit la professeure secouer plusieurs fois la tête avec un sourire compatissant. Théo revint vers lui quelques secondes plus tard, l'air plus misérable que jamais.

"Alors ?" demanda Drago.

"Elle dit que j'ai pas compris la méthode." grinça-t-il en sortant de la classe, se mêlant à la foule d'élèves des couloirs. "Et qu'il fallait que j'étudie l'Arithmancie avec "onirisme et spiritisme.""

"Qu'est-ce que ça veut dire ?"

"J'en ai aucune idée." dit-il platement.

"Théo… C'est juste une seule mauvaise note, tout le monde en a."

"Tu as déjà eu un Troll ?" demanda Théo froidement en se tournant vers Drago.

"Hmm… Et bien, non, pas vraiment, mais ça pourrait m'arriver…" répondit-il, avec l'impression qu'il se perdait un peu dans ses mots.

"Un Troll." dit Théo, les yeux maintenant rivés sur le sol. "Je ne vaux pas moins que Crabbe et Goyle…"

"Salut les gars !" interrompit Pansy en venant à leur rencontre.

Ils étaient arrivés dans la cour de Métamorphose, l'endroit où ils se rejoignaient toujours après le cours d'Arithmancie et de Divination. Cette fois-ci, Blaise était bien allé en cours, ce qu'il ne faisait pratiquement jamais à cette horaire-là, car il prétendait pouvoir inventer des prédictions et s'en sortir à chaque fois sans aller en cours.

En voyant la tête de Théo, Pansy et Blaise froncèrent les sourcils :

"Qu'est-ce qui t'arrives, Théo ?"

Le concerné grommela quelque chose que personne n'entendit. Drago prit la parole à sa place :

"Il a eu un Troll en Arithmancie."

Pansy et Blaise eurent tous les deux la même réaction : une grimace de surprise. En voyant cela, Théo se lamenta davantage :

"Un Troll ! C'est la honte absolue ! Je ne comprends rien à cette matière ! Et maintenant, ma note va être affichée dans le classement, et je vais descendre d'au moins dix places !"

"Oh, Théo, tu ne crois pas que tu exagères un peu ?" dit Blaise.

"Non, pas du tout !" s'exclama-t-il aussitôt.

Pile à cet instant, Crabbe et Goyle arrivèrent derrière le groupe d'amis. Goyle tenait l'article de journal d'Hagrid dans sa main : Drago avait totalement oublié son existence, trop préoccupé par la note de Théo. En voyant les deux s'approcher, Théo geignit, fit volte-face, et s'enfuit à l'intérieur du Château en une seconde.

"Salut les gars !" salua joyeusement Crabbe, totalement insensible au départ de Théo, ou au soupir agacé de Pansy à cette appellation. "Bien joué pour l'article, ça va bien faire chier Potter ! Comment avez-vous eu l'idée ?"

"On a simplement rencontré Skeeter à Pré-Au-Lard." expliqua Drago. "Elle nous a demandé des infos sur Hagrid."

Ils marchèrent tous les cinq vers le cours de Sortilèges, où Théo était déjà installé. Ce dernier broya du noir pendant tout le cours, et tout le reste de la journée. Aucun d'eux n'osa vraiment lui parler pour le réconforter, et il passa toutes leurs heures de pause avec un livre d'Arithmancie à la main, la bouche tordue par la concentration.

Au début du cours de Soins aux Créatures Magiques, Hagrid n'était pas là. À la place, il y avait une femme aux cheveux gris et au visage impassible qui se tenait devant la porte de la cabane. Drago vit au loin les Gryffondors devant elle, dont Potter qui avait un visage d'incompréhension. Crabbe ricana.

Drago était étonné de voir qu'aucun Gryffondor n'avait lu l'article sur Hagrid de la journée. Il était à la fois soulagé de savoir que Granger n'était pas encore énervée contre lui, et contrarié à l'idée qu'elle puisse le devenir en voyant son garde chasse préféré disparu.

"Par ici, s'il vous plaît." dit la professeure en se dirigeant vers la lisière de la Forêt Interdite.

Ils marchèrent pendant une dizaine de minutes, derrière le groupe de la classe. Drago pouvait entendre les plaintes étouffées de Théo à travers son écharpe qu'il avait serré beaucoup trop fort autour de son cou. Granger était agitée, tendue, jusqu'à ce qu'ils arrivent enfin et qu'elle découvre le sujet du cours : une licorne, qui était accrochée à un arbre. Elle ouvrit grand les yeux et lâcha un "ohhh" admiratif.

La licorne était d'un blanc nacré étincelant, si blanc qu'elle contrastait avec la neige par terre. Ses sabots étaient tous dorés, et elle possédait une longue corne rosée au milieu de son front.

"Les garçons, vous restez en arrière !" prévint la professeure Gobe-Planche lorsqu'ils se furent attroupés autour de l'arbre. Elle tendit les bras pour retenir les garçons, frappant Potter de plein fouet dans la poitrine, ce qui fit rire Crabbe et Goyle.

"Les licornes préfèrent la délicatesse féminine." continua Gobe-Planche. "Les filles, mettez-vous au premier rang, et faîtes attention en l'approchant…"

Les filles se détachèrent du groupe pour s'approcher de la créature, tandis que les garçons restaient en arrière. Blaise dû attraper le bras de Goyle qui n'avait pas compris les instructions et s'était approché de la licorne.

Pansy s'avança avec hâte. Drago avait déjà entendu beaucoup de choses sur les licornes, mais il n'en avait jamais vu (exceptée la licorne morte lors de sa retenue en première année, mais il essayait vraiment d'oublier ce moment), et il devait admettre qu'il trouvait ces créatures particulièrement cools, en son for intérieur. Évidemment, il ne l'aurait jamais avoué à personne.

Pendant que les filles découvraient la licorne, Drago entendit les messes basses de Potter et Weasley à côté de lui :

"Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ?" demanda Potter, soucieux. "Tu crois que c'est un Scroutt qui l'aurait…?"

"Oh, personne ne l'a attaqué, Potter, si c'est ce que tu crois." interrompit Drago, un sourire victorieux sur les lèvres en devinant qu'il faisait référence à Hagrid. "Il a simplement trop honte de montrer son horrible grosse tête."

Il regarda discrètement si Granger était suffisamment loin pour ne pas qu'elle l'entende. Il mourrait d'envie de voir la réaction de Potter et Weasley en voyant le secret de leur demi-géant révélé, mais il ne voulait pas que Granger le surprenne en train de leur montrer l'article.

"Qu'est-ce que tu veux dire ?" demanda Potter, qui devait être décidément le garçon le plus stupide de Poudlard, parce que Drago pensait que c'était évident.

"Tiens." dit-il avec un rire narquois. "Désolé de te l'annoncer, Potter…"

Il observa le groupe de garçons de Gryffondor lire l'article, tout en jetant des coups d'œil vers Granger pour vérifier qu'elle ne voyait pas, mais elle était occupée à caresser le chanfrein de la licorne d'une main peureuse.

À la fin de sa lecture, Potter leva la tête et échangea une phrase à voix basse avec Weasley, avant de s'adresser à Drago avec des yeux noirs de colère :

"Qu'est-ce que ça signifie "tout le monde déteste Hagrid" ? Et qu'est ce que c'est que cette idiotie sur lui (il pointa Crabbe du doigt), qui aurait été mordu par un Veracrasse ? Les Veracrasses n'ont même pas de dent !"

Crabbe continua son ricanement mauvais. Théo et Blaise s'étaient tous les deux éloignés, peu intéressés par l'échange entre Potter et Drago.

"Je pense que ça devrait mettre un terme à la carrière d'enseignant de ce gros imbécile." dit Drago sournoisement. "Un demi-géant... Et moi qui pensais qu'il avait simplement avalé une bouteille de Poussoss quand il était petit... Les parents ne vont pas aimer ça du tout, ils vont avoir peur que leurs enfants se fassent manger…"

Les traits du visage de Potter se contractèrent par la haine :

"Toi, tu…" commença-t-il d'un ton menaçant.

Il s'était approché de lui de quelques pas, et Goyle poussa légèrement Drago pour lui faire face.

"Vous écoutez un peu, là-bas ?" appela Gobe-Planche.

Potter recula avec réticence. La professeure commença à énoncer les propriétés magiques des licornes et Drago écouta la liste en observant Granger sur le côté. Elle s'amusait maintenant à donner du magnolia à la licorne, et riait avec la jumelle Patil lorsqu'elle lui léchait la paume de la main. Elle réussit également à obtenir dix points pour Gryffondor en donnant la composition exacte de la corne de la licorne.

À la fin du cours, Drago resta un peu en retrait et vit Potter tendre l'article à Granger, qui le lut le visage fermé. Toute trace d'amusement s'effaça, remplacée par une inquiétude à l'adresse d'Hagrid. Drago ne comprenait vraiment pas le lien étrange entre Granger et Hagrid. Depuis la première année, elle était vraiment déterminée à l'aider, même lorsqu'il hébergeait un putain de dragon, ou qu'il élevait des hippogriffes beaucoup trop dangereux. Comment une fille aussi sensée que Granger pouvait éprouver de la peine pour ce fou furieux ?

Le dîner fut tendu et silencieux. Théo était toujours aussi grognon après sa note d'Arithmancie et n'avait pas décroché deux mots depuis. Le fait que Pansy et Léo étaient assis à côté de lui et s'embrassaient entre chaque bouchée n'aidait pas. Et quand Goyle lui demanda innocemment s'il pouvait lui faire son essai de Botanique pour le mois prochain, Théo agrippa sa fourchette avec force sans répondre. Drago se demanda même s'il n'allait pas se mettre à pleurer.

Ils regagnèrent la Salle Commune juste après manger. Drago fut tenté de s'éclipser à la Bibliothèque, mais Granger avait apparemment décidé d'aller rendre visite à Hagrid, alors il laissa tomber.

Dans la Salle Commune, il y avait encore une fête. Drago avait décidé de ne plus se demander s'il y aurait une fête ou pas : apparemment, tous les soirs étaient soir de fête désormais. Pansy était toujours celle qui les organisait, et même si parfois les thèmes ou les alcools changeaient, c'était relativement toujours la même ambiance. Drago prit place dans son canapé habituel, entre Daphné et Pansy qui fumait en discutant avec Léo.

"Allez, Théo, viens !" lança Blaise à Théo, qui était en train de prendre place à l'une des tables de révision de la Salle Commune. "Fais pas la gueule et profite de la soirée !"

"Non merci, je dois réviser." grinça Théo.

"L'Arithmancie ?" devina Drago.

Le concerné hocha gravement la tête et posa son manuel sur la table. Blaise insista une seconde fois :

"Détends-toi un peu ! De toute façon, tu ne vas pas comprendre l'exercice maintenant…"

"Je dois le comprendre, parce que j'ai eu la note de Troll, et qu'il faut absolument que je me rattrape." asséna Théo sèchement.

"Théo, ce n'est vraiment pas si grave." dit Pansy en recrachant sa fumée de cigarette. "Je veux dire, tu ne trouves pas que tu es un petit peu… dramatique ?"

Théo leva la tête brusquement, les yeux ronds.

"Dramatique ? Dramatique ?!" répéta-t-il, éberlué.

Avant que Pansy n'ait pu s'expliquer, il prit ses livres férocement dans ses bras, son pot d'encre, sa plume et son sac, et ressortit de la Salle Commune.

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Hermione


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Le mardi soir après le dîner, Hermione s'empressa d'aller à la Bibliothèque avant que Viktor n'y aille à son tour. Ce n'était pas qu'elle l'évitait, pas du tout, c'était simplement qu'elle avait la tête suffisamment trop pour discuter avec lui. Alors, elle entra rapidement, salua Madame Pince, et alla se cacher derrière les grandes étagères à la table qu'elle partageait avec Malefoy.

Il était déjà assis là, en train de lire un gros livre de Potions. Quand il l'entendit arriver derrière lui, il leva doucement la tête pour l'observer s'asseoir. Et quand il ouvrit la bouche pour la saluer, elle le coupa en posant férocement l'article de journal sur la table, qu'elle lut à voix haute :

"La silhouette massive et peu rassurante, le regard cruel, Hagrid a profité de cette autorité nouvellement acquise pour plonger dans la terreur les jeunes gens qui lui sont confiés, en les obligeant notamment à subir les attaques d'une succession de créatures particulièrement horrifiantes."

Il grimaça en face d'elle en l'entendant citer l'article. Il ouvrit de nouveau la bouche, mais Hermione n'avait pas terminé de lire et continua d'une voix bien trop aiguë :

""Pendant que Dumbledore fermait les yeux, plusieurs élèves de Hagrid ont été blessés, parfois même mutilés, en suivant ces cours qui, de l'aveu de certains, sont "proprement effrayants". "J'ai été attaqué par un hippogriffe et mon ami Vincent Crabbe a été mordu par un Veracrasse, nous a déclaré Drago Malefoy, un élève de quatrième année. Tout le monde déteste Hagrid, mais nous avons trop peur pour dire quoi que ce soit.""

Hermione termina sa tirade d'un ton cassant et leva finalement les yeux vers Malefoy, l'incitant silencieusement à s'expliquer. Il avala sa salive avec difficulté et mit les deux mains devant lui, paumes face à elle :

"Écoute, Granger. Ne t'énerve pas."

"C'est déjà le cas." dit-elle sèchement.

"Tu connais Skeeter, elle est prête à tout pour satisfaire ses lecteurs, même quand c'est faux. Je n'ai pratiquement rien dit."

"Pourquoi as-tu parlé à cette horrible femme en premier lieu ?!"

"Pansy est une grande fan ! Elle lit ses articles tous les jours, et son horoscope, c'est son idole ! Et on l'a croisée, complètement par hasard, à Pré-Au-Lard, et elle a demandé des renseignements sur toi, alors j'ai changé de sujet et j'ai parlé d'Hagrid à la place !" déballa Malefoy.

Cette explication atténua la colère d'Hermione, uniquement parce qu'elle fut remplacée par une profonde incompréhension.

"Son idole ? Comment diable peut-on avoir Rita Skeeter comme idole ? Je suis désolée Malefoy, mais je ne comprendrais jamais Pansy Parkinson."

"Quoi ?" demanda-t-il, les sourcils froncés et les mains toujours en l'air. "Je viens de te dire que Skeeter, la journaliste la plus connue du monde des sorciers, m'a demandé des informations sur toi, et tu me parles de Pansy ?"

Hermione balaya ses propos d'un revers de la main :

"Je suis la meilleure amie d'Harry Potter, je savais d'avance que les gens iraient fouiller sur moi pour avoir des choses croustillantes à dire sur Harry."

"Et ça ne t'inquiètes pas ?" demanda Malefoy, scandalisé. "Tout le monde lit la Gazette des Sorciers, Granger ! Si elle venait à ternir ta réputation…"

"Mes parents ne lisent pas les journaux sorciers, et j'en ai rien à faire de ce que dit cette femme." asséna Hermione. "Tu aurais même dû la faire écrire sur moi, au lieu d'Hagrid ! Lui, il en a visiblement quelque chose à faire de ce qu'elle dit dans le journal !"

Malefoy sembla soudain à court de mots. Il posa ses mains sur la table en continuant de fixer Granger comme si elle avait soudainement une tête en plus.

"Granger, est-ce que tu as lu l'article en entier ? Hagrid est un demi-géant !"

"Et alors ?" demanda-t-elle d'un ton impérieux. "C'est une raison pour l'humilier ?"

"... Oui ?" répondit-il, consterné. "Les géants sont des créatures monstrueuses, et féroces, et sauvages !"

"Et Hagrid n'a rien à voir avec ça !" contesta-t-elle immédiatement.

"Peut-être, mais sa famille l'est !" insista Malefoy, qui perdait de plus en plus patience. "Je sais que tu as de la pitié pour les créatures inférieures comme les elfes de maison, mais tu ne peux pas créer des associations pour tous les dégénérés du coin."

"Hagrid n'est pas un dégénéré, et tu le sais très bien." dit-elle en montrant la photo d'Hagrid du doigt, sur le journal. "S'il était dangereux, on le saurait déjà, et il ne serait certainement pas garde-chasse à Poudlard ! J'ai passé des heures entières avec lui, il est parfaitement normal !"

"Il a élevé un dragon illégalement dans sa cabane en bois." énuméra Malefoy en comptant sur ses doigts. "Il a emmené des enfants de onze ans dans la Forêt Interdite pour une retenue. Il s'est fait renvoyer de l'école sans que personne ne sache pourquoi. Il présente des créatures dangereuses en cours, dont un qui a failli m'arracher le bras l'année dernière !"

Hermione roula des yeux en soupirant :

"Il n'a pas failli t'arracher le bras, c'est toi qui l'a contrarié. Je suis sûre que tu sais pertinemment qu'Hagrid n'a jamais rien fait de mal. Il est simplement un peu… excentrique."

"Excentrique ?" répéta Drago avec un rire amer. "Il est complètement fou. Et tu ne l'aimes pas comme professeur, tu me l'as dit la dernière fois, quand tu faisais des recherches ici. Avoue que tu as aimé le cours sur les licornes d'hier !"

Hermione devait admettre que c'était le cas. Elle avait adoré ce cours sur ces créatures intrigantes, mais elle ne l'aurait jamais avoué à Malefoy de peur qu'il utilise ça comme argument. Elle secoua donc la tête :

"Hagrid est un très bon professeur. Et en plus, comment est-ce que tu as pu savoir que c'était un demi-géant ?"

Malefoy écarquilla grand les yeux.

"Quoi ? J'ai simplement dit que je n'aimais pas ses cours, ce n'est pas moi qui ai tout balancé à Skeeter. Comment aurais-je pu savoir qu'il était un géant ? Tu le savais, toi ?!"

Hermione hocha évasivement la tête.

"Merlin, je ne comprendrais jamais votre lien, à tous les deux." souffla Malefoy.

"C'est un ami. Je sais que le concept puisse t'être étranger, mais il est possible d'être ami avec des gens différents. Et ce n'est pas pour ça qu'ils sont "inférieurs" à nous !"

"Si tu le dis, Granger."

"Alors, tu vas t'excuser ?" demanda-t-elle en montrant le journal.

"Certainement pas." trancha-t-il. "Je n'ai pas à m'excuser. Je n'aime pas Hagrid, je le répète depuis le premier jour. Tu ne pourras pas m'empêcher de le détester. Ce n'est pas parce qu'on est devenus "amis" tous les deux que je vais passer mes soirées dans la vieille cabane d'Hagrid, Merlin !"

Hermione voulut rétorquer, mais se rendit compte qu'il avait un peu raison. Elle ne pouvait définitivement pas le forcer à apprécier quelqu'un. Elle serait elle-même incapable de devenir amie avec Pansy Parkinson.

Elle regarda de nouveau le journal. Si Malefoy disait vrai, et qu'il ne savait pas qu'Hagrid était un demi-géant, ce n'était pas lui qui l'avait découvert et rapporté à la journaliste. Elle n'avait aucune idée de comment cette Skeeter avait pu savoir, mais en tout cas, ce n'était pas Malefoy. Il s'était simplement plaint, et Skeeter avait probablement modifié tous ses propos.

"Je ne comprends pas comment tu peux détester Hagrid." dit-elle pour clore la conversation. "Tu n'as visiblement jamais tenté d'être amical avec lui, il est très gentil."

"Et je ne comprends pas comment tu peux l'apprécier. Ça me dépasse depuis le jour où je t'ai vue lui parler pour la première fois. Tout comme Potter, ou Weasley, ou Londubat." admit Malefoy, beaucoup plus calme. "Il faut juste se mettre d'accord sur le fait qu'on ne sera jamais d'accord avec les fréquentations de l'autre."

Hermione haussa les épaules. Elle rangea le journal et Malefoy reprit sa lecture : il était en plein milieu d'un paragraphe sur les effets des potions de vitalité. Il y avait en fait beaucoup de choses sur lesquelles Malefoy et elle ne s'entendraient jamais, et le fait de lire des livres de Potions par plaisir en était définitivement une.

Hermione était en train d'étaler sa cinquantaine de bouquins sur la table quand Malefoy releva la tête, l'air soudain soucieux.

"D'ailleurs…" dit-il, encore plongé dans ses réflexions. "En parlant d'Hagrid…"

"Quoi, encore ?"

"Comment tu as fait, pour l'hippogriffe ?" demanda-t-il.

Hermione ne réussit pas à contenir sa réaction de surprise.

"Qu'est ce que tu veux dire ?" couina-t-elle sans le vouloir.

"Mon père m'a dit qu'il avait été miraculeusement relâché avant son exécution. Ils ne l'ont jamais retrouvé." expliqua Malefoy, les yeux maintenant fendus par la méfiance. "J'ai toujours pensé qu'Hagrid avait réussi à lier ses trois neurones pour libérer son maudit pigeon sans risquer quoi que ce soit, mais…"

Il observa Hermione longuement, en réfléchissant intensément. Elle soutint son regard, mais ne dit rien, de peur de dévoiler quelque chose de suspect.

"C'était toi, n'est-ce pas ?" demanda-t-il finalement. "Je ne sais pas comment, mais c'est toi qui a réussi à libérer l'hippogriffe."

"Qu'est-ce qui te fait dire ça ?" questionna Hermione le plus innocemment possible.

"Tu ne m'aurais jamais parlé si j'avais été la cause d'une exécution injuste d'une pauvre créature en détresse." dit-il.

"Donc tu admets enfin qu'elle était injuste ?"

Malefoy leva les yeux au ciel, même si un petit sourire s'était dessiné sur ses lèvres.

"Admets que tu l'as libéré."

"Admets que c'était injuste."

Malefoy la regarda, et le courant électrique qui la traversait quand il avait cet air de défi lui donna la chair de poule. Leurs regards étaient aussi intenses que leurs mots : Hermione en était presque essoufflée.

"D'accord." finit-il par dire. "J'admets que j'ai un peu exagéré pour faire chier cet imbécile d'Hagrid."

Hermione était très surprise de l'entendre consentir de la sorte.

"Ton tour, Granger." commanda Drago avec l'ombre de son sourire narquois.

Elle hésita, puis se confessa à son tour :

"J'admets que Buck est en liberté grâce à moi." dit-elle doucement.

Ils se regardèrent encore longtemps, leur regard bloqué dans l'autre pendant de longues secondes. La couleur des yeux de Malefoy changeait beaucoup en fonction de la lumière, cette fois-ci, ils étaient bleu océan.

Il finit par détourner le regard avec un petit rire :

"Merlin, Granger, le nombre de choses que tu as dû faire sans que je sois au courant me terrifie."

Hermione sourit fièrement en entendant ça.

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Drago


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Ils ne virent pas Théo pendant 3 jours.

Il assistait toujours aux cours, et il dormait toujours dans le dortoir, mais mis à part ça, Théo était introuvable. Il ne mangeait plus avec eux, et trouvait toujours le moyen d'être déjà au lit quand Blaise et Drago entraient dans le dortoir.

Ils pensaient tous qu'il boudait après que Pansy avait suggéré qu'il était un peu dramatique (ce qui confirmait qu'il l'était), mais il s'avéra qu'il était simplement plongé dans les études. Il n'avait pas digéré son Troll en Arithmancie et semblait déterminé à comprendre cette matière. Alors, il passa tout son temps libre à la Bibliothèque, de l'ouverture jusqu'à la fermeture. Lorsqu'il marchait entre les classes, il avait le nez dans un manuel d'Arithmancie. Et le soir, quand la Bibliothèque était fermée, il s'asseyait sur l'une des tables d'études les plus reculées de la Salle Commune pour travailler.

Ce rythme continua jusqu'au vendredi de la rentrée. Drago n'était pas retourné à la Bibliothèque depuis le mardi, peu désireux d'y rencontrer un Théo acharné.

Le vendredi matin, au petit-déjeuner, Pansy arriva à la table avec un soupir soulagé :

"Oh, parfait, Léo n'est pas encore arrivé."

Elle s'asseya rapidement et empila plusieurs toasts dans son assiette. Blaise leva la tête de la Gazette avec un sourcil arqué et un sourire amusé :

"Quoi ? Tu veux dire que tu ne files pas le parfait amour avec Léo Hills ?"

Pansy se hâta d'étaler du miel sur ses toasts sans regarder Blaise :

"Disons qu'il peut-être… un peu collant."

"Non, tu crois ?" demanda sarcastiquement Blaise. "On n'a absolument rien remarqué."

Drago ricana. Léo et Pansy étaient constamment collés l'un à l'autre, et il ne fallait pas mettre longtemps pour comprendre qui était le plus entreprenant des deux. Pansy soupira lourdement et changea de sujet en balayant la table du regard :

"Toujours pas de Théo ?"

"Non." répondit Blaise. "J'ai réussi à l'intercepter ce matin, après sa douche. Il m'a dit qu'il allait à la Bibliothèque pour réviser. Vous savez qu'il s'est levé à 5h du matin ?"

Drago leva les yeux au ciel, accompagné de Pansy en synchronisation. Blaise voulut continuer à parler, mais s'interrompit dans un grognement étouffé et prit le journal à deux mains pour se cacher derrière. Drago comprit pourquoi : Léo venait d'arriver. Il s'approcha de la table des Serpentards et se mit derrière Pansy, qui ne l'avait pas encore vu.

"Bonjour mon chou à la crème !" dit-il avec un grand sourire.

Pansy sursauta en sentant ses mains sur ses épaules. Elle eut un bref éclair de malaise sur son visage avant de se reprendre et de tenter un pâle sourire :

"Bonjour Léo." dit-elle, sans grand enthousiasme.

Drago se décala pour lui laisser de la place sur le banc, en essayant de toutes ses forces de ne pas éclater de rire après l'avoir entendu appeler Pansy "mon chou à la crème." Léo s'assit, salua Drago et Blaise (qui ne répondit même pas), et commença à parler avec excitation à Pansy qui l'écouta sans rien dire.

Si Théo avait été là, il aurait éclaté de rire en entendant le surnom, lui aussi. Drago regretta son absence. Il avait l'impression de ne pas avoir vu son ami depuis plusieurs semaines.

Il regarda Pansy. C'était la première fois qu'elle était officiellement "en couple". Il l'avait déjà vu embrasser plusieurs garçons, dont quelques-uns avant Poudlard. Mais c'était la première fois qu'elle était dans une "relation", aussi fausse soit-elle. Léo semblait complètement obnubilé par elle, quand il lui parlait, il avait des étoiles dans les yeux. Il lui répétait sans arrêt qu'elle était belle, et drôle, et qu'il était chanceux de l'avoir.

Pourtant, il ne devait pas la connaître assez bien, parce que Drago savait très bien que Pansy détestait les surnoms affectifs. Si quelqu'un l'appelait de la sorte, elle faisait une grimace, et si Drago l'appelait un jour "mon chou à la crème", elle lui jeterait probablement le premier objet au visage. C'était la personne la moins matinale du monde, il lui fallait en moyenne une bonne heure, un bon petit-déjeuner et une cigarette pour être réveillée. Elle ne parlait pas beaucoup, et haïssait les témoignages affectifs en public.

Du moins, c'est ce que Drago pensait. Mais depuis qu'elle avait annoncé être officiellement en couple avec Léo, tout avait changé. Un œil extérieur aurait pu décrété qu'elle avait changé ses habitudes parce qu'elle avait craqué pour Léo. Pourtant, Drago et Blaise savaient très bien qu'elle était ennuyée par lui, et qu'elle restait en couple avec lui pour détourner l'attention de ses vrais sentiments.

"Où est votre pote Théo ?" demanda soudain Léo, sortant Drago de ses pensées. "Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu."

"Occupé à réviser." dit Blaise, toujours dissimulé par le journal.

"Oh." répondit Léo, visiblement surpris à l'idée qu'il puisse travailler à une heure aussi matinale. "Vous n'avez pas cours, ce matin ?"

"Si, de Sortilèges." dit Pansy qui termina son dernier toast rapidement. "D'ailleurs, on va y aller, non ?"

Les deux garçons se levèrent tout de suite. Léo se pencha vers Pansy :

"D'accord, on se voit après, pour déjeuner ?"

C'était le cas tous les jours depuis qu'ils avaient annoncé sortir ensemble, mais Pansy acquiesça quand même et l'embrassa brièvement sur la bouche en guise d'au revoir. Puis, ils sortirent tous les trois de la Grande Salle.

"Où on va ? On a cours que d'en trente minutes." demanda Blaise.

"Fumer. J'en meurs d'envie." répondit Pansy en se dirigeant hâtivement vers la cour de Métamorphose.

C'était vide, tous les élèves étaient encore en train de manger, ou de dormir quelques minutes supplémentaires. Pansy s'alluma une cigarette et s'assit sur le banc à côté de Blaise, qui avait pris son journal avec lui. Drago s'installa à côté d'eux et observa la petite cour. La fontaine au centre, qui arborait de magnifiques sirènes sculptées dans la pierre, n'était plus gelée, et les dernières neiges de l'hiver avaient fondu.

Drago profita de la tranquillité de l'endroit, loin des voix bruyantes de la Grande Salle. Il écouta le clapotis de l'eau de la fontaine, le bruissement des pages du journal de Blaise, et les inspirations de Pansy qui s'entraînaient à former des "O" avec la fumée de sa cigarette.

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Théo se glissa à côté de Drago au début du cours de Potions, le dernier de la journée. Il était vraisemblablement épuisé : des gros cernes lui creusaient le visage et il peinait à garder ses yeux rouges ouverts. Drago n'eut pas le temps de lui parler avant que Rogue entre dans la pièce et fasse taire toutes les conversations.

Pendant que la recette de la potion du jour s'écrivait toute seule sur le tableau noire, Drago jeta un regard à Granger. Ses cheveux étaient attachés, comme souvent quand elle était dans les cachots, probablement à cause de l'humidité. Elle lisait les instructions au fur et à mesure qu'elles étaient écrites, marmonnant ce qu'elle lisait à voix basse sans s'en rendre compte. Potter et Weasley étaient à côté d'elle, et ne prêtaient aucune attention au cours : Potter regardait Rogue avec une lueur de haine dans le regard, et Weasley cherchait la bonne page dans son manuel.

Drago regarda le tableau et reconnut la potion en quelques secondes. Il prépara son chaudron, qu'il partageait avec Théo, qui n'avait toujours pas dit un mot. Pas parce qu'il boudait, mais plus parce qu'il était sur le point de s'endormir debout.

"Je veux cette potion parfaitement réalisée à la fin du cours." dit Rogue, et sa voix grave résonna contre les murs du cachot. "Si elle n'est pas orange, ce n'est même pas la peine de me la présenter, c'est que vous avez raté, et vous aurez la note de Troll d'office. Entendu, Londubat ?"

Crabbe, Goyle et Drago ricanèrent en entendant la pique à l'attention de Londubat, mais Drago sentit Théo se tendre à côté de lui. Entendre la note lui donna un élan d'énergie et il se dépêcha d'allumer le feu sous le chaudron pour commencer la potion.

Ils travaillèrent en silence. Sans se concerter, ils établirent leur rôle : Théo s'occupait de réunir les ingrédients en suivant la recette, et Drago les préparait pour les verser dans la potion. Dès qu'il pouvait, il regardait Granger pour voir si elle suivait sa cadence, et était étonné de voir qu'elle faisait les mêmes étapes que lui au même moment, même sans l'aide de Potter et Weasley.

À sa droite, Pansy et Blaise travaillaient tous les deux sur leur potion. Ou plutôt, Blaise s'occupait de la potion pendant que Pansy le regardait faire sans un mot. Il n'y avait plus aucun bruit dans la classe, mis à part le crépitement des flammes, les pas de Rogue et le bruissement de sa cape sur le sol. À un moment, Londubat fit tomber une fiole par terre qui explosa en mille morceaux, et reçut un avertissement du professeur. Drago vit Granger l'aider à ramasser les morceaux ensuite.

Il devait rester une vingtaine minutes de classe quand Pansy fit un mouvement bizarre à côté de Drago. Il se tourna sur sa droite, pensant qu'elle avait trébuché en voulant s'asseoir sur le tabouret, mais vit avec horreur qu'elle était en fait en train de tomber. Elle s'écroula sur lui, les yeux fermés et la peau blafarde. Il la rattrapa juste avant que sa tête heurte le sol.

"Blaise !" appela Drago mécaniquement.

Blaise se précipita sur eux en voyant l'état de Pansy. Elle avait tourné de l'œil. Il se pencha et prit son visage entre ses deux doigts, et lui tapota gentiment la joue pour qu'elle se réveille :

"Pans' ? Pans' ?" appela-t-il.

"Elle est inconsciente." dit Drago dans un murmure affolé. "Il faut l'emmener à l'infirmerie."

Blaise hocha la tête et passa son bras sous les genoux de la jeune femme, puis l'autre derrière sa nuque, et la hissa dans les airs. Il la pressa contre sa poitrine et ne sembla pas éprouver la moindre difficulté à porter le corps inerte de Pansy. Le visage de Blaise s'était figé dans une panique peu familière.

Rogue, en voyant le remue-ménage qu'ils avaient causé, s'approcha avec une mine soucieuse :

"Zabini ?"

"Elle ne se sent pas bien, monsieur." intervint Théo, dont Drago avait momentanément oublié la présence à sa gauche.

Rogue fit valser son regard entre Blaise, Pansy, Drago, et Théo, avant d'acquiescer discrètement :

"Emmenez-la à l'infirmerie, Zabini. Je veux un rapport sur son état après."

Blaise hocha la tête et n'attendit pas la fin de la phrase de Rogue pour se frayer un chemin entre les pupitres pour quitter la classe. Pansy était toujours inconsciente, à en juger ses yeux fermés. Blaise resserra son emprise sur elle pour que sa tête soit posée contre sa poitrine et sortit précipitamment de la salle.

Drago se retourna automatiquement vers sa potion. Rogue avait continué son chemin entre les rangs, comme s'il ne s'était rien passé. Tous les élèves continuaient de travailler, si bien que Drago se demanda si les gens avaient bien remarqué le départ de Blaise et Pansy. Il se rendit compte qu'il tenait toujours la plume d'Augurey, bien qu'il n'avait aucun souvenir de ce qu'il était censé en faire. Son cœur battait fort contre ses côtes.

"Je l'avais prévenue !" siffla Théo entre ses dents.

Drago se tourna vers lui, surpris. C'était la première fois qu'il l'entendait s'adresser directement à lui depuis mardi dernier.

"De quoi ?"

"Pansy !" dit Théo en écrasant un peu trop violemment les écailles de porc-épic. "Je lui ai dit d'arrêter de boire, mais elle n'a rien voulu entendre, comme d'habitude !"

Théo était vraiment énervé, maintenant. Des petites tâches rouges se formaient sur ses joues et son cou. Drago ne comprenait pas vraiment ce qu'il voulait dire.

"De quoi tu parles ?"

Théo se tourna vers lui, le regard habité par une étincelle de cruauté qui ne lui ressemblait pas du tout.

"Tu vas me dire que tu n'as pas remarqué ? Tu es vraiment aveugle, Drago."

"Pas remarqué quoi ?" pressa Drago.

"Le comportement de Pansy !" cracha-t-il sans se soucier des oreilles indiscrètes autour d'eux. "Depuis qu'elle sort avec ce Léo, c'est comme si elle se fait un pari avec elle-même d'être le plus bourrée possible tous les soirs. Elle dit qu'elle le fait pour se distraire, mais je suis sûr qu'elle veut éviter de lui parler, alors elle se rend malade pour l'éviter !"

"Tu crois vraiment ça ?" demanda Drago, choqué.

"Evidemment ! N'importe qui peut dire qu'elle n'a aucune envie d'être avec lui. Alors, elle boit pour oublier qu'elle est là, avec lui, et le matin, elle se fait son maudit sortilège anti-gueule de bois sur elle-même." dit Théo de son ton désapprobateur. "Sauf qu'elle ne mange plus, et elle dort mal, donc elle devait forcément s'évanouir à un moment donné."

Drago repensa à ces derniers jours en regardant la potion sans la voir. Il avait remarqué que Pansy avait bu plus que d'habitude, mais il avait simplement pensé qu'elle voulait s'amuser et oublier la raison de ses problèmes. Il n'avait pas fait le rapprochement avec Léo. Et elle avait mangé ses toasts ce matin… non?

"J'avais remarqué qu'elle buvait plus qu'avant." constata Drago à voix basse, ce qui lui valut un rire amer de la part de Théo. "Je ne pensais pas que c'était pour cette raison."

"À ton avis, pourquoi est-ce que j'étudie toujours sur les tables de la Salle Commune ? Pour le calme et le silence ?" demanda Théo, acerbe. "Je reste là pour vérifier qu'elle va bien. Et elle ne va pas bien."

Ils continuèrent leur potion, avec beaucoup moins d'entrain. Théo n'arrêtait pas de tourner la tête vers la porte de la classe, comme s'il espérait qu'ils allaient revenir d'une minute à l'autre. Drago repensa à ce qu'il venait de dire et demanda :

"Ça fait longtemps qu'elle ne mange plus ?"

Théo le regarda. Il était toujours en colère, mais une autre émotion marquait son visage : la tristesse ? la peur ?

"Ouais. Elle saute les repas, et ne mange que trois ou quatre bouchées quand elle vient. Elle enchaîne les cafés et les cigarettes. Je suis presque étonné que son corps ne la lâche que maintenant."

La cloche de la fin du cours sonna au moment où Drago tournait une dernière fois la potion. Elle avait un beau teint orangé, mais pas aussi profond que celle de Granger. Rogue n'eut pas d'autre choix que de lui donner une bonne note après l'avoir inspectée, et elle fit un petit sourire fier à Potter et Weasley.

Dès qu'ils furent libérés, Drago et Théo allèrent vers l'infirmerie. Ils eurent du mal à atteindre le premier étage de l'aile droite à cause des escaliers bourdonnants d'élèves qui sortaient de cours en même temps. Quand ils arrivèrent enfin dans le couloir de l'infirmerie, Blaise les attendait devant.

"Elle a repris connaissance juste avant que Pomfresh me vire." dit-il avant même qu'ils n'ouvrent la bouche. "Mais elle n'avait pas l'air en forme. Pomfresh dit qu'elle va devoir passer la nuit ici."

"Elle n'a pas demandé pourquoi elle était comme ça ?" demanda Théo.

"Non. Elle a dit qu'elle devait être épuisée, ou qu'elle avait trop travaillé, et qu'elle avait besoin de repos."

Ils hochèrent la tête. Ils savaient tous les trois que Pansy était fatiguée, mais certainement pas parce qu'elle avait trop travaillé. Drago repensa à sa meilleure amie qui dansait dans la foule, la veille. Depuis quand l'avait-il vue sans un verre à la main ?

Étant donné qu'ils n'avaient pas le droit de revenir dans l'infirmerie avant le lendemain matin, ils décidèrent de se séparer : Théo vers la Bibliothèque, Blaise vers la Salle Commune pour tenir au courant Daphné, et Drago dehors pour se poser sur son banc avant le dîner.

L'air frais lui frappa le visage quand il passa les portes et il apprécia la sensation que ça lui donna, comme un coup de fouet. Il se força à serrer et desserrer les poings pour tenter de déstresser. Il n'avait pas réussi à calmer le rythme frénétique de son cœur depuis que Pansy s'était évanouie à côté de lui.

Il gagna son banc et respira des grandes goulées d'air pour se calmer. Voir Pansy tomber de la sorte lui avait rappelé le moment où Théo était arrivé dans la cheminée de Blaise, et ce souvenir brutal lui donnait des sueurs froides le long de sa colonne vertébrale. Il calma sa respiration en observant la façade du Château, cette vision apaisante qu'il connaissait bien, maintenant.

Il hésitait à aller à la Bibliothèque après le dîner, pour penser à autre chose. Égoïstement, il mourrait d'envie de voir Granger, et de retrouver cette bulle de tranquillité. Mais il trouvait ça injuste pour Pansy, comme si l'idée qu'il pense à autre chose soit une insulte pour elle, alors qu'elle devait dormir seule à l'infirmerie.

Drago était en train de réfléchir à ce qu'il devait faire quand il la vit. Granger. Elle sortait du Château par les grandes portes, le visage caché par son écharpe de Gryffondor. Il pouvait la reconnaître facilement avec ses boucles qui s'échappaient de son chignon. Elle était accompagnée, et quand Drago fit coulisser son regard vers la personne à côté d'elle, son sang se glaça une seconde fois : Viktor Krum.

Il ne portait rien d'autre qu'un pull noir, contrairement à Granger qui ressemblait à un bonhomme de neige tant elle était couverte de couches de vêtements. Krum souriait en la regardant parler. Drago les regarda avancer et fut peiné de constater que Granger ne regarda même pas le banc pour voir s'il était occupé. Ils avancèrent simplement vers le Lac Noir et s'assirent devant la surface plate de l'eau.

Drago se doutait que leur "lien" ne s'était pas soudainement arrêté depuis le Bal. Il se doutait qu'ils se voyaient encore. Mais ça n'empêcha la douleur de les voir ensemble le piquer. Emmener quelqu'un près d'un lac pour discuter, ça ressemblait à un date. Il suffisait que Drago n'aille pas à la Bibliothèque quelques jours pour que cet imbécile de Krum s'empresse de parler à Granger. Il ressentit une vague de haine à l'égard du joueur de Quidditch qui lui brûla la peau comme une traînée de poudre.

Il les regarda discuter, bien trop loin pour distinguer ce qu'ils disaient. Il fut soulagé de voir qu'ils n'étaient pas très proches physiquement, il y avait un écart respectable entre les deux qui insinuait qu'ils n'étaient jamais allés plus loin que discuter. Mais Krum semblait vouloir y remédier : il se rapprochait de plus en plus vers elle sans qu'elle le remarque.

Il se demanda ce qu'elle pensait de lui. Ils n'avaient jamais reparlé de Krum depuis le Bal, et leur dispute dans la salle de classe. L'un comme l'autre avait évité le sujet pour ne pas revenir sur la soudaine jalousie de Drago révélée au grand jour. Drago s'interrogea : est-ce que Granger ressentait quelque chose pour lui, ou lui parlait-elle uniquement par curiosité ? Est-ce qu'ils avaient prévu de se retrouver là ? Est-ce que Weasley était au courant, ou le voyait-elle en secret ?

Il fut tenté de se lever, et d'aller vers eux. De hurler sur Krum, peut-être même le frapper au visage. Blaise lui avait appris à se battre quand ils étaient plus jeunes, il savait parfaitement où viser pour lui faire le plus mal possible. Il imagina le nez cassé de Krum, l'air d'adoration sur le visage de Granger qui serait impressionnée par la force de Drago.

Mais c'était une vision complètement stupide. Granger ne serait jamais contente en voyant ça, elle dirait probablement que la violence ne résout rien. En plus, il n'avait absolument aucune raison d'aller les interrompre. Granger ne lui appartenait pas. Si elle voulait sortir avec Krum, elle en avait parfaitement le droit, même si cette pensée rendait Drago malade. Il fut incapable de détourner le regard d'eux, cependant, malgré tous ses efforts. Il vit Granger sortir une de ses jarres de flammes bleues et la montrer à Krum, en lui expliquant comment elle avait fait pour les mettre dedans, et Krum acquiescer comme si ça l'intéressait, alors que Drago était sûr qu'il n'écoutait pas un mot de ce qu'elle disait.

Après ce qui sembla des heures, Granger finit par se lever. Drago sentit une peur panique le saisir par la gorge en pensant qu'ils allaient s'embrasser, mais heureusement, ils ne firent que se saluer poliment. Krum regagna son stupide navire, et Granger retourna au Château, l'air passablement frigorifiée. Drago prit le même chemin pour aller dîner.

Théo et Blaise n'étaient pas encore là. Drago s'installa à côté de Crabbe et mangea en observant Granger s'asseoir à la table des Gryffondors, entre Weasley et Dean Thomas. Elle discuta avec Weasley, mais elle ne devait pas lui avoir raconté pour Krum, parce qu'ils souriaient. Et Drago était persuadé que Weasley ne sourierait pas s'il avait vu ce que Drago venait d'observer près du Lac. Elle dîna normalement, parfaitement sereine, échangeant quelques phrases avec Londubat, Potter et Weasley. Pour quelqu'un qui ne savait pas mentir, elle était forte pour garder des secrets.

Daphné vint dîner en face de Drago pour lui demander des précisions sur l'état de Pansy, et il fut contraint de se concentrer sur elle plutôt que sur Granger. Blaise et Théo finirent par arriver aussi, Théo soudainement plus enclin à leur parler que les jours précédents. Plusieurs Serpentards s'approchèrent pour demander des nouvelles de Pansy, et Drago fut encore une fois rappelé à quel point sa meilleure amie était populaire.

"Au fait, où est Léo ?" demanda Daphné en cherchant le garçon du regard. "Quelqu'un a pensé à le prévenir ?"

Drago secoua la tête.

"Tracey l'a prévenu." répondit Théo avec un sourire moqueur. "Je l'ai vu devant l'infirmerie, en rentrant de la Bibliothèque. Il attend devant la porte depuis la fin des cours."

Blaise eut un rire railleur. Ce mec était vraiment un pot de colle. Ils continuèrent de parler de Pansy et finirent de dîner. Étant donné que Pansy était celle qui organisait toutes les soirées, il n'y eut aucune fête prévue dans la Salle Commune, ce qui n'était pas arrivé depuis très longtemps. Théo fut ravi de cette nouvelle et s'empressa d'aller étudier là-bas. Blaise alla lire sur un canapé, et Drago alla prendre ses affaires pour se rendre à la Bibliothèque discrètement.

Ni Théo ni Blaise ne le virent sortir de la Salle Commune. Il ne restait que deux heures avant la fermeture de la Bibliothèque, mais Drago était persuadé que Granger s'y trouverait. Généralement, elle y allait le vendredi soir pour lire ou travailler sur la S.A.L.E. Mais Drago était terrifié à l'idée qu'elle se soit assise avec Krum.

Il entra dans la Bibliothèque essoufflé : il avait grimpé les marches trop vite dans sa hâte. Madame Pince lui jeta un regard courroucé et il avança silencieusement entre les tables. Il ressentit une immense vague de soulagement en voyant Krum attablé seul. Il ne savait pas si c'était dans son imagination, mais il eut la vivide impression que le joueur de Quidditch le regardait mal. Il continua son chemin jusqu'au bout de la pièce. Aucune table n'était occupée dans la partie centrale de la Bibliothèque.

En arrivant sous les grandes fenêtres, il tourna à gauche et se retrouva dans le rayon de Sortilèges, puis de Poudlard, puis à la table cachée de la Bibliothèque. Granger y était déjà installée, et son cœur sauta joyeusement dans sa poitrine en la voyant assise là. Elle ne s'était pas assise avec Krum, elle s'était assise là.

Il s'approcha et elle leva prestement la tête. Ils échangèrent un regard, et il hésita à lui dire. Qu'il l'avait vue avec Krum. Il voulut lui demander si elle l'aimait, s'ils sortaient déjà ensemble secrètement. Il voulait analyser son visage qui la trahissait : ses joues rouges qui confirmeraient ses pires craintes. Il voulait savoir ce qu'en pensait Weasley, si elle ressentait quelque chose pour l'un des deux, il voulait tout savoir.

Mais à la place, il lui lança simplement son "Bonsoir, Granger" habituel et prit place en face d'elle.

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Pansy sortit de l'infirmerie le lendemain de sa chute, pendant le déjeuner du samedi. Elle affirma à tout le monde qu'elle allait bien, qu'elle avait simplement eu un malaise à cause de la fatigue, et qu'elle allait beaucoup mieux. Pourtant, Drago était persuadé du contraire. Pansy détestait dormir seule, alors il n'était pas étonné de constater qu'elle n'avait pas l'air d'avoir dormi du tout. Elle était déjà très pâle en temps normal, mais sa peau était maintenant tellement blafarde qu'elle avait la même allure que le Baron Sanglant.

En somme, elle n'avait pas l'air reposée du tout, si bien que Drago craignait qu'elle ne s'évanouisse à nouveau à tout moment.

Léo était devenu insupportable. Il ne cessait de la cajoler, de lui répéter qu'elle allait bien, qu'elle devait manger, et toute sorte de conseils stupides que Drago n'écoutait plus. Blaise semblait sur le poing de lui flanquer son poing dans la figure à chaque fois qu'il parlait à Pansy de sa voix mielleuse. Et Pansy restait silencieuse, humant quelques fois pour montrer qu'elle l'avait entendu.

L'ambiance au déjeuner était donc particulièrement atroce. Drago avait tenté de discuter avec Crabbe et Goyle pour éviter d'entendre Léo, mais il se retrouva très vite à devoir attendre avec impatience la fin du déjeuner.

"Où est Théodore ?" demanda soudain Léo. (Blaise, Drago et Pansy grimacèrent simultanément en entendant son prénom complet que plus personne n'utilisait depuis la deuxième année.) "Il aurait pu venir pour souhaiter un bon rétablissement à Pansy, quand même !"

"Ne t'en fais pas, je le verrai tout à l'heure." dit Pansy.

"Non mais quand même !" insista Léo. "C'est un de tes meilleurs amis, non ? Il devrait être là pour vérifier que tu vas bien."

Blaise, qui ne supportait pas quand quelqu'un parlait mal d'un de ses amis, serra le poing en entendant cette réflexion. Drago repensa à ce que Théo lui avait dit, sur le fait qu'il restait toujours près d'elle pour vérifier qu'elle ne buvait pas trop. Il réalisa que Léo n'avait probablement aucune idée de l'amitié qui unissait les deux.

"Je le verrai tout à l'heure." dit Pansy pour clore la conversation avant que Blaise ne s'énerve. "D'ailleurs, où est-il ?"

"À ton avis ?" railla Blaise. "En train d'étudier, évidemment. Cette satanée Arithmancie."

"Encore ?!" s'exclama Pansy. "Il n'a pas fini ? Il va finir par mieux maîtriser la matière que la professeure, à ce rythme-là."

"Ou délaisser toutes les autres." commenta Blaise. "Je suis persuadé de l'avoir entendu marmonner une formule du cours dans son sommeil, hier soir. Il va devenir taré s'il continue comme ça."

"Il n'a toujours pas compris le cours ?" demanda Drago.

Blaise secoua la tête avec un soupir. Drago pensa à l'acharnement de Théo sur cette matière pendant que Léo commençait une longue explication sur la science de l'Arithmancie, que tout le monde ignora.

Il ne comprenait toujours pas pourquoi Théo était aussi déterminé à comprendre cette matière. À sa place, il l'aurait simplement laissée tomber en privilégiant une autre. Mais Théo avait toujours eu cette envie de surpasser les autres, comme Granger. Alors, Drago prit une décision.

"Je reviens." dit-il en se levant, récoltant les regards surpris des Serpentards.

Il s'éloigna en entendant Léo commenter son départ dans son dos. Il monta les escaliers de la Grande Salle et arriva au premier étage, puis tourna vers l'aile de la Bibliothèque. Quand il entra, Londubat était en train de sortir. Granger était en train de ranger la table qu'ils venaient d'utiliser pour leur séance de travail du samedi.

Il passa à côté d'elle en lui faisant un regard appuyé pour l'inciter à le rejoindre à la table reculée. Il s'installa, et quelques secondes plus tard, Granger arriva à son tour :

"Malefoy ? Qu'est ce que tu fais là aussi tôt ?" demanda-t-elle dans un chuchotement.

Il eut un petit sourire en l'entendant chuchoter, comme s'ils ne parlaient pas à voix haute tous les jours depuis qu'ils s'étaient assis là la première fois.

"Je n'ai pas le droit de venir à la Bibliothèque un samedi après-midi ? Tu as peur que je rejoigne ton groupe d'études ?" dit-il en mimant son chuchotement.

Granger croisa ses bras sur sa poitrine.

"Très drôle. Arrête de te moquer de mes séances de révisions avec Neville, sinon j'arrête de t'aider pour tes devoirs." avertit-elle. "Je vais déjeuner."

"Attends ! Granger, j'ai besoin de toi." dit Drago

Elle haussa les sourcils, clairement surprise par la formulation de sa phrase. De sa vie, Drago Malefoy demandait rarement de l'aide, surtout aussi frontalement. Il précisa :

"Un service, plutôt. S'il te plaît."

Il vit le cerveau de Granger chauffer de là où il était. Elle était vraisemblablement partagée entre son plan originel (et probablement parfaitement planifié à la minute près), et la curiosité. Elle se mordit la lèvre, regarda derrière elle, puis céda :

"Qu'est-ce que tu veux, Malefoy ?"

"Tu as entendu la note au devoir d'Arithmancie de Théo, lundi dernier ?"

Drago s'attendait à ce que Granger affiche un rictus, qu'elle jubile un peu en se souvenant d'avoir battu Théo. En tout cas, c'est ce que lui aurait fait. À la place, les commissures de ses lèvres s'affaissèrent un peu, compatissante.

"Oui… Comment le vit-il ?"

"Euh… Mal. Il n'arrête pas de réviser."

Granger hocha la tête, comme si ce comportement était tout à fait compréhensible.

"Donc, je voulais te demander un service." continua Drago. "J'aimerais que tu m'apprennes tout ce que tu sais sur l'Arithmancie."

"Pourquoi ?" demanda Granger, soudain méfiante. "Pour que tu puisses avoir des meilleures notes que lui et l'humilier davantage ?"

"Quoi ? Non, pas du tout. Théo est un de mes meilleurs amis, je veux l'aider."

"Oh..." dit-elle, visiblement prise de court. "Oh. Je vois."

"Alors, tu veux bien ? Juste m'expliquer la théorie, pour que je puisse lui réexpliquer ensuite. J'apprends vite, promis."

Il voulut ajouter "ça te changera de Londubat", mais il eut le sentiment que se moquer d'un de ses meilleurs amis ne l'aiderait pas vraiment à cet instant. Granger hésita un peu, puis capitula et s'assit en face de Drago.

"Bon, d'accord. Je vais t'aider."

Elle sortit un morceau de parchemin, un pot d'encre, une plume, son manuel d'Arithmancie qu'elle avait déjà dans son sac pour aucune raison, et se pencha pour écrire :

"Commençons par la définition de l'Arithmancie, pour qu'il comprenne ce que ça veut dire…"

Une heure et demie plus tard, Drago s'étira contre le dossier de sa chaise. Il était épuisé, mais au moins, il était sûr de pouvoir aider Théo, maintenant. Granger rangea son manuel et ses chartes qu'elle avait étalé sur la table au fur et à mesure de ses explications.

"Merci." dit-il sincèrement, et elle eut l'air étonnée de ces mots. "Grâce à toi je vais vraiment pouvoir aider Théo, maintenant. Je t'en dois une, Granger."

Elle acquiesça, notant intérieurement sa dette.

"Pas de quoi, Malefoy."

Elle lui fit un petit sourire et tourna les talons pour sortir de la Bibliothèque. Il se rappela soudain de pourquoi la Bibliothèque était aussi vide : une sortie à Pré-Au-Lard était prévue, cette après-midi. Il se demanda si Granger y allait.

Il regarda par la grande fenêtre et comprit qu'il avait visé juste en apercevant Potter et Weasley attendre devant les marches du Château, emmitouflés dans leur cape de Gryffondor. Une dizaine de minutes plus tard, Granger arriva à son tour, elle aussi vêtue de sa cape. Elle prit quelque chose des mains de Potter, qui lui tendait une sorte de sandwich qu'elle mangea en marchant vers le portail. Drago regarda les silhouettes s'éloigner de plus en plus, avant de disparaître.

Il finit par ranger sa plume dans son sac et sortit de la Bibliothèque rapidement, puis descendit les marches du Château jusqu'aux cachots.

Dans la Salle Commune, il n'y avait plus personne, mis à part quelques élèves de première et seconde année, et Théo, dans un coin de la pièce, à une table d'étude. De nombreuses boules de parchemin froissées jonchaient son bureau.

Drago poussa tout sur un coin de la table pour poser son sac, faisant violemment sursauter Théo au passage.

"Oh ! Qu'est-ce que tu fous ?!" s'écria le brun dans un couinement.

"Je vais t'aider." dit Drago en sortant ses propres parchemins.

"Je n'ai pas besoin d'aide." grommela Théo en reprenant ses bouts de papier.

"Tu te souviens, quand j'ai reçu la lettre de mon père ? Quand je l'ai laissée sur le bureau pendant des jours, et que je n'arrivais pas à dormir ?" dit Drago en prenant une chaise pour la placer à côté de Théo.

"Euh… Ouais ?"

"Je te disais que je n'avais pas besoin d'aide non plus, alors que j'en avais besoin. Et tu as fait le choix de ne pas m'écouter et de m'aider quand même. Et ça a marché. Donc, je te remercie en t'aidant à mon tour."

"Comment ?" demanda Théo, mi-suspicieux, mi-intéressé.

"En t'apprenant l'Arithmancie."

Alors, Drago commença. Il reprit les mots de Granger pour expliquer à Théo tout ce qu'il ne comprenait pas. Il réalisa rapidement que Granger avait raison, et que Théo n'avait surtout pas compris la base de la matière. Il lui fit une description de la matière, lui montra des exemples de chartes dans le manuel, lui répéta plusieurs fois que l'Arithmancie était une science divinatoire, et qu'elle n'en était pas moins rationnelle, et Théo comprit enfin.

Ils passèrent une longue heure sur la théorie, que Drago recopiait sur celle que Granger venait de lui faire. Ils firent des exercices ensemble, tous réussis à la perfection par Théo. À chaque fois qu'il avait une bonne réponse, son visage s'illuminait de joie.

"J'ai compris ! J'ai compris !" s'écria-t-il en réussissant une suite de chiffres particulièrement complexe, au bout de deux heures de travail acharné.

Drago le félicita. Il venait de prévoir qu'il allait pleuvoir le lendemain. Drago ne voulut pas couper court à la joie de son meilleur ami en lui rappelant qu'ils étaient au beau milieu de l'Ecosse et qu'il pleuvait donc un jour sur deux.

"Comment t'as réussi à apprendre tout ça ?" demanda Théo.

"J'ai travaillé." mentit Drago.

"Menteur. T'as jamais été capable de m'apprendre ça, même quand t'avais essayé en début d'année. T'as couché avec Vector, ou quoi ?"

Drago grimaça. Il fut tenté, le temps d'une seconde, de tout avouer à Théo. Les entrevues à la Bibliothèque, la nouvelle amitié qu'il avait avec Granger, et même l'attirance qu'il avait pour elle et qui grandissait au fil des jours. Mais il n'en fit rien, peut-être parce qu'il n'avait pas envie que quelqu'un d'autre connaisse ce secret si sacré à ses yeux.

"En tout cas, merci Drago. Tu ne sais pas à quel point je me sens mieux." assura Théo.

Pourtant, il pouvait le voir facilement, comme si un poids énorme venait de quitter ses épaules. Il reçut un sourire de la part de Théo, un sourire sincère, pur. Il était reconnaissant et ce sentiment était étranger pour Drago. Il n'avait jamais aidé quelqu'un sans avoir quelque chose en échange.

Il regarda Théo continuer ses exercices, le visage tendu par la concentration. Il ressentit un sentiment plaisant de devoir accompli. De gratitude. Ça lui parcourut la peau comme une flamme chaude et satisfaisante. Et il comprit un peu mieux, à ce moment-là, pourquoi Granger aidait autant ceux qui ne le méritaient pas.