très long chapitre aujourd'hui! bonne lecture à tous :))

notes :

- je vous recommande de relire les chapitres 28, 29 et 30 du vrai roman parce que je survole pas mal le canon et je pense que ça peut être un peu déroutant si on se souvient pas de l'intrigue que vit Harry

- le titre est une référence à la série "Hélène et les garçons" :)

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Drago


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Drago était en train de sortir du bureau de Rogue en se massant la tempe distraitement quand il entendit un cri à sa gauche. Malgré la fatigue, la douleur et l'obscurité, il aurait pu reconnaître ce hurlement entre mille.

Granger.

Aussitôt, ses sens se mirent en alerte. Il sortit sa baguette et se mit à courir le long des cachots vers sa voix.

Une centaine de scénarios fusèrent dans son esprit. Granger avait crié, elle avait mal, quelqu'un l'avait blessée. La peur l'écrasa, l'empêchant de respirer correctement. Ses doigts s'agrippaient si fort à sa baguette qu'il aurait presque pu la casser en deux. Il courut dans la pénombre, n'ayant aucune idée de ce qu'il allait voir quand il la trouverait.

Qu'elle aille bien, qu'elle aille bien, faites qu'elle aille bien…

Il se retrouva à la fin du couloir, où la lumière des escaliers éclairait légèrement les murs. Drago vit d'abord Granger, en haut des escaliers, la main à sa nuque. Elle avait l'air d'avoir mal. Il baissa le regard et trouva, contre toute attente, Crabbe et Goyle, dos à lui. La baguette de Goyle laissait échapper un filet de fumée.

Il n'eut pas besoin de plus pour comprendre ce qu'il venait de se passer. Dès qu'il comprit, l'inquiétude qu'il ressentait pour Granger, écrasante, pétrifiante, se transforma en colère. Il la sentit monter le long de sa gorge comme une éruption de lave brûlante.

Drago pointa sa baguette devant lui :

"Expelliarmus !"

Le sort jaillit avant même qu'il termine l'incantation. Sa magie était aussi brûlante que sa rage, elle débordait presque. Ses émotions étaient tellement puissantes que le bout de ses doigts brûlaient, avides de faire du mal.

Drago sentit les deux bâtons de bois atterrir dans sa paume ouverte avec force.

"Qu'est-ce que vous foutez-là ?" hurla-t-il à l'adresse de Crabbe et Goyle, sans même essayer de camoufler sa colère dans sa voix. "Et qu'est-ce que vous avez fait à Granger ?"

Il prit soin de ne pas la regarder. S'il voyait le moindre sang, ou le moindre signe de douleur sur son visage, il n'hésiterait pas à lancer le premier sort qu'il lui viendrait à l'esprit aux deux Serpentards devant lui.

Ils se retournèrent vers lui, et Goyle répondit gauchement :

"On voulait juste lui faire peur."

Goyle n'avait visiblement pas prévu de la toucher avec un sort pareil. C'était tellement rare qu'il arrive à bien viser qu'il devait être étonné d'avoir réussi son coup. Ça rappela à Drago la fois où il avait jeté un sort à Londubat.

Comment avait-il pu être un jour aussi stupide ?

"Lui faire peur ?" répéta-t-il durement, la baguette toujours brandie sur Goyle qui affichait maintenant un air de pure panique sur son visage. "Pourquoi ?"

"C'est ce que tu fais toujours, Drago !" intervint Crabbe d'une voix penaude. "On a pensé que tu aurais aimé qu'on fasse ça…"

"Faire quoi ? Qu'est-ce que vous lui avez fait ?"

Il tourna la tête vers elle. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il voulait la voir, être sûr qu'elle n'était pas blessée. Elle était pâle, troublée, mais une sorte de furie dansait derrière ses pupilles. Elle était furieuse, elle aussi.

"Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?" lui demanda-t-il, à la fois enragé et effrayé par la réponse.

Elle ne répondit pas. À la place, elle croisa son regard brûlant avec celui de Drago, et enleva sa main de sa nuque : elle était couverte de sang.

À l'instant où il le vit, la rage prit le contrôle de son corps. Ce fut elle qui le fit trembler, qui lui brûla le corps comme des vagues. Ce fut elle qui lança un sort qu'il n'avait pas prévu.

Un puissant jet violet heurta Goyle en plein dans la poitrine.

"Qu'est-ce qui vous a pris ?!" hurla Drago, la vision soudain trouble. "Attaquer Granger quand elle est de dos ? Vous êtes vraiment des imbéciles !"

"C'est une Sang-de-Bourbe, elle n'a rien à faire là !" protesta Crabbe en faisant un pas vers Drago.

Du coin de l'œil, il vit Granger tressaillir en entendant l'insulte. Une nouvelle vague de colère ondula sur sa peau.

"Ce n'est pas une raison pour l'attaquer dans le dos !" contesta Drago, les dents serrées.

"Pourtant, c'est tout ce qu'elle mérite !" surenchérit Goyle, bien qu'il avait l'air toujours un peu déconcerté.

Drago serra sa prise sur sa baguette et visa Goyle entre les deux yeux, une liste de sortilèges plus violents les uns que les autres défilant dans son esprit. Il entendit vaguement Granger hurler son nom.

Crabbe et Goyle le regardaient avec des yeux arrondis, tous les deux désarmés. Drago opta pour un sort, et l'incantation roula sur sa langue :

"Lashla…"

Une voix gutturale retentit alors dans le couloir de pierres :

"Qu'est-ce qu'il se passe ici ?" demanda Rogue en s'approchant de la scène.

Drago ne fut pas étonné de l'entendre derrière lui. Il devait avoir entendu les cris depuis son bureau.

Il marcha calmement, sa cape traînant contre le sol. Il dépassa Drago, se mettant entre Crabbe et lui. Il prit une demie-seconde pour analyser la situation : Drago, la baguette pointée vers Crabbe et Goyle, et Granger, en face d'eux.

Rogue s'adressa alors directement à elle :

"Miss Granger, est-ce que je peux savoir ce que vous fabriquez dans les cachots à une heure pareille ?"

Drago avait toujours connu le favoritisme de Rogue à l'égard des Serpentards, mais il fut tout de même choqué par cette demande. De tout le monde, il avait choisi de demander à Granger, celle qui n'avait clairement rien fait.

Granger ne parut pas surprise par cette question et s'approcha un peu plus de Rogue pour lui tendre quelque chose. Elle tenait toujours sa nuque de la main droite.

"Je suis venue récupérer un livre, Professeur. Dans la classe de Potions." dit-elle d'une petite voix.

Rogue analysa le papier de Granger plusieurs secondes, probablement un mot d'autorisation. Drago n'avait toujours pas changé de position, la baguette toujours brandie sur Crabbe et Goyle, dont les regards anxieux alternaient entre Drago, Granger, et Rogue.

"Et pourquoi avez-vous besoin de ce livre à quelques minutes du couvre-feu ?" demanda Rogue de sa voix la plus sévère, en serrant toujours le papier entre ses mains.

"J'en ai besoin pour mes révisions pour le cours de demain, Professeur." expliqua Granger. "Pour la potion de Parnesius."

En dépit de sa fureur, Drago ressentit une pointe de tristesse à l'idée que Granger ait révisé les Potions sans lui, ce soir. Il aurait aimé l'aider à réviser la potion de demain.

"Hm." dit simplement Rogue, cherchant visiblement un prétexte pour la punir. "Et pourquoi vous tenez-vous le cou de cette manière ?"

"Parce que Goyle vient de me jeter un sort, Professeur." dit-elle. "Quand j'étais de dos, et après m'avoir traitée de Sang de..."

Elle ne termina pas sa phrase, visiblement réticente à employer ce mot. Rogue arqua un sourcil, sans la quitter du regard. Il avait l'air de douter de ses propos.

"Montrez-moi." finit-il par ordonner.

"Vous voyez très bien qu'elle a été blessée !" s'énerva Drago, sans quitter les deux Serpentards devant lui du regard. "Il l'a blessée !"

"J'ai le droit d'en juger par moi-même, Mr. Malefoy." dit Rogue d'un ton calme, insensible à la rage de Drago. "Miss Granger ?"

Granger se mit dos à eux et écarta son épaisse tignasse. Ils purent alors tous les quatre apercevoir une longue entaille sanglante à la base de son cou, qui partait de la ligne de ses cheveux jusqu'à son omoplate. Drago grogna entre ses dents, et reposa son regard sur Goyle, en jugeant l'endroit où il pourrait le plus souffrir s'il lui lançait un sort…

"Je vois." interrompit Rogue, absolument pas choqué par la taille de la blessure. "Mr. Malefoy, je vous demanderais d'abaisser votre baguette."

Drago l'ignora.

"Drago. Baissez votre baguette." répéta Rogue dans un sifflement plein de fulmination.

Drago obéit avec réticence. Son regard transperçait toujours les deux garçons en face de lui. La rage le consumait toujours avec autant d'ardeur, et voir les visages confus de Crabbe et Goyle était encore plus énervant.

Rogue ne dit d'abord rien, probablement en train de juger la situation. C'était difficile d'incriminer Granger, ou de laisser Crabbe et Goyle repartir sans punition. Il trancha finalement :

"Mr. Crabbe, Mr. Goyle, vous aurez une retenue de deux heures, dans mon bureau. Vous pourrez nettoyer les chaudrons, vous qui les faites fondre à chaque classe."

Les deux garçons eurent une mine déçue, et se tournèrent, plein d'espoir, vers Drago, espérant sûrement qu'il profite de son statut d'élève préféré de Rogue pour le dissuader de les punir.

Drago n'en fit rien.

"Mr. Malefoy, accompagnez rapidement Miss. Granger à l'infirmerie. Dépêchez-vous." continua Rogue.

Drago hocha la tête et se précipita aux côtés de Granger, sans prendre la peine de feindre un quelconque dégoût. Ils montèrent les escaliers en silence. Toute la fatigue que Drago avait ressenti en sortant du bureau de Rogue s'était évaporée.

Quand ils furent arrivés dans le Hall, à l'abri des oreilles indiscrètes, Granger s'arrêta brutalement :

"Qu'est-ce qui t'as pris ?!"

"M'a pris ?!" répéta Drago avec colère. Sa main qui serrait sa baguette le démangeait toujours. "Ils t'ont blessée !"

"Ce n'était pas une raison pour t'énerver comme ça !"

"Pour quelle autre raison j'aurais pu m'énerver comme ça ? Granger, ils t'ont attaquée de dos ! Tu saignes, Merlin ! Viens, je t'emmène…"

"Je ne veux pas aller à l'infirmerie." dit Granger fermement. "Je vais rentrer à la Salle Commune."

"Hors de question. Je t'emmène à l'infirmerie." ordonna Drago, qui marchait déjà en direction des escaliers.

Mais Granger le regarda avec un regard si noir qu'il fut forcé de s'arrêter.

"J'ai dit non. Pas l'infirmerie." répéta-t-elle, toujours aussi bornée.

"Granger, ta main est pleine de sang !"

"J'ai remarqué !" piailla-t-elle. "Mais je n'irai pas !"

Il soupira. Cette fille était la plus butée qu'il lui ait été de connaître.

"Pourquoi ?" demanda-t-il en se plantant face à elle.

"Je déteste cet endroit." expliqua-t-elle, d'une voix soudain moins assurée. "Je déteste le silence, et l'atmosphère, ça me rappelle…"

Elle ne finit pas sa phrase, mais Drago n'eut aucun mal à la comprendre. Il se souvenait que trop bien de sa figure pétrifiée, inerte et pâle, qui le hantait parfois encore, lui aussi.

"Je-"

"Et en plus, j'ai peur que Madame Pomfresh me demande de rester pour la nuit." continua-t-elle. "Et je veux dormir dans mon dortoir."

"Granger, tu…" commença Drago, avant de se reprendre, de peur qu'elle s'en aille. Il prit une grande inspiration et se passa la main qui ne tenait pas sa baguette sur son visage. Finalement, il trouva un compromis : "Est-ce que tu accepterais au moins d'aller sur le banc pour que j'essaie de te soigner un peu avant de repartir ?"

Granger réfléchit à la proposition, avant d'acquiescer. Alors, au lieu de se diriger vers l'infirmerie, Drago l'emmena dehors, par la porte dissimulée qu'il connaissait bien, et ils s'installèrent sur leur banc.

"Montre-moi." dit-il quand elle prit place à côté de lui.

Elle se tourna dos à lui et enleva sa main de son cou. Tout le haut de sa robe était tâché de sang. Elle prit alors ses cheveux et les attacha avec sa baguette dans un chignon improvisé. Drago fut automatiquement happé par cette vision, avant de se reprendre et de baisser les yeux pour inspecter la blessure.

Quand il vit la grosse coupure, il eut un frisson le long de son propre dos. Quelque part dans son esprit, au milieu d'une étagère poussiéreuse, un souvenir d'un garçon endormi plein de cicatrices ressurgit à la surface.

Drago essaya d'écarter les émotions de colère et de peur qu'il ressentait, et se concentra plutôt sur la blessure devant lui. Il pointa sa baguette sur la nuque de Granger et murmura :

"Conferrumino pellis."

Sa blessure se referma légèrement. Heureusement, elle n'était pas profonde. Il lui jeta un Scourgify pour nettoyer le sang sur son cou et sa main, puis il passa son doigt sur la coupure maintenant recousue. Ce geste n'était pas nécessaire, mais il ne put s'en empêcher. La peau de Granger était aussi brûlante que la sienne.

"C'est la deuxième fois que je te fais ce sort en l'espace de quelques mois." siffla-t-il en rangeant sa baguette.

"Je ne me rappelle plus de la première fois." confessa Granger doucement, en se remettant droite sur le banc.

Pourtant, lui, s'en souvenait très bien. La morsure de Krum était encore vivace dans son esprit.

"Tu es toujours énervé ?" demanda Granger.

Cette question le fit lâcher un petit rire sarcastique.

"Évidemment que je suis énervé, ces deux connards t'ont jetée un sort de nul part, juste parce que tu étais là ! Ils t'ont fait mal ! Je te jure que je pourrais les…"

"Je ne parlais pas de ça." coupa Granger, et Drago s'arrêta brutalement.

"Oh."

Drago se souvint subitement qu'ils se faisaient la tête. Il avait complètement oublié ce détail. Il soupira encore une fois et se passa une main dans les cheveux :

"Non, je ne suis plus énervé. Je ne le suis plus depuis longtemps." admit-il sans la regarder. "Enfin, je l'étais après que Krum m'ait parlé, mais j'ai réussi à me raisonner depuis. Je suis désolé de m'être emporté, c'était stupide."

Granger ne cacha pas son étonnement de le voir s'excuser aussi rapidement. Il comptait le faire depuis le mardi soir, mais il n'avait pas osé de peur de ranimer leur dispute. Il s'était simplement contenté de jeter des regards en biais dans sa direction toute la soirée.

"Je suis désolée aussi." dit-elle, et Drago releva brusquement la tête dans sa direction, surpris par cet aveu inattendu. Elle ne le regardait pas, préférant jouer avec un fil de la manche de sa robe. "Je n'aurais pas dû dire à Viktor que nous étions amis, ce n'était pas une bonne idée. Il ne te reparlera plus de ça."

"Tu lui as demandé de ne pas le faire ?" demanda-t-il.

"Non, je ne l'ai pas vu depuis." dit Granger, et le cœur de Drago fit un petit soubresaut dans sa poitrine. "Mais je lui dirai, sois-en sûr. Ça m'agace qu'il vienne te parler au lieu de me le demander directement !"

Elle lâcha un soupir agacé. Drago, lui, était soudain comblé : que Granger soit énervée contre Krum était une alternative à laquelle il n'avait pas pensé, mais qui lui plaisait énormément.

Ils ne se parlèrent plus pendant quelques minutes, les yeux rivés sur la façade encore allumée du Château. Derrière, l'horizon dessinait l'un des plus beaux couchers de soleil que Drago avait vu de sa vie. Le ciel était rose orangé, et le soleil colorait le Château avec de jolies teintes dorées. C'était une vue magnifique. La rage qu'il avait ressenti à l'égard de Crabbe et Goyle s'évaporait lentement de ses pores. La présence à sa droite arrivait à le calmer.

Drago tourna la tête vers elle. Elle avait toujours les cheveux attachés, les yeux grands ouverts dévorant le spectacle du ciel. La lumière du soleil couchant se reflétait sur son visage, l'illuminant de doré.

Elle brillait, littéralement.

Ce fut donc sûrement à cause de la beauté de ce moment, ou du changement brusque d'émotions, ou tout simplement parce qu'il se retrouvait toujours à se dévoiler quand elle était là, que Drago lui dit soudain :

"Tu te souviens, quand tu m'as demandé si j'étais jaloux de Krum, l'autre jour ?" demanda-t-il, d'une voix beaucoup plus calme.

Granger se tourna vers lui, plongeant ses yeux chocolat dans les siens. Ils étaient plus clairs que d'habitude à cause du soleil, tirant sur le noisette.

"Oui ?" dit-elle.

"Je crois que je le suis, un peu." dit-il maladroitement. "C'est juste que… Je ne l'aime pas trop."

Il avait une liste prête dans sa tête au cas où Granger lui demanderait pourquoi : il était trop vieux, il venait de Durmstrang, il était bizarre, il parlait comme si elle lui appartenait. La véritable raison était bien trop enfouie en lui pour qu'il la révèle.

Pour la première fois de sa vie, Granger ne posa pas plus de questions. Ses joues avaient pris une jolie teinte rosée. Elle hocha timidement la tête et retourna à sa contemplation du soleil. Drago le fit aussi, se sentant soudain libéré de lui avoir dit.

"Pourquoi Crabbe et Goyle m'ont-ils fait ça ?" demanda-t-elle après plusieurs minutes de silence.

"J'en ai aucune idée." dit Drago d'un ton un peu plus échauffé qu'il ne l'aurait voulu en se souvenant de ces deux imbéciles. "Probablement parce qu'ils sont stupides, et qu'ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils voient une née-moldue de Gryffondor devant leur Salle Commune et ils pensent qu'ils ont le droit de t'attaquer dans le dos. Et tu sais ce qui m'énerve le plus dans tout ça ?"

"Non ?" dit Granger en tournant curieusement la tête vers lui.

"C'est que j'aurais pu faire la même chose." admit-il avec difficulté. "Jusqu'à l'année dernière, j'étais persuadé que je devais me défendre comme eux, ou mon "territoire"... J'aurais pu te blesser exactement de la même manière, pour aucune raison. Juste pour… Prouver quelque chose."

Il baissa la tête pour regarder le sol sous ses pieds, trop honteux pour oser affronter le regard de Granger. À sa grande surprise, elle répondit de la même voix égale :

"Peut-être. Mais la différence, c'est que tu as arrêté de penser comme ça. Tu n'es plus le Malefoy méchant qui s'énerve pour un rien. Tu as réussi à voir au-dessus de tout ça. De sortir de tes préjugés."

Drago lâcha un petit rire sans joie entre ses dents serrées. Granger et son éternel optimisme…

Elle continua doucement :

"Qu'aurait dit le Malefoy de deuxième année s'il te voyait assis à côté de moi sur un banc ?"

"Il aurait probablement pensé que je suis devenu complètement fou." avoua Drago.

"Et que dit le Drago d'aujourd'hui ?" demanda Granger, la voix soudain pleine d'appréhension.

"Qu'il a sacrément de la chance." répondit-il en se tournant vers elle.

Un sourire illumina le visage baigné de soleil d'Hermione. Elle était tellement belle quand elle souriait, Drago en eut le souffle coupé.

Ils se retournèrent vers le soleil et Drago repensa à cette question. Que dirait le Drago de deuxième année ?

Le soleil descendait de plus en plus, jusqu'à épouser la fine ligne de l'horizon doré. Les quelques derniers rayons illuminaient toujours le visage de Granger, et Drago n'arrivait pas à s'empêcher de jeter des coups d'œil vers elle.

"Drago ?" demanda-t-elle après plusieurs minutes, les sourcils légèrement froncés par la concentration.

"Hmm ?"

"Tu étais avec Rogue, non ? Ce soir."

"Tu es trop curieuse, Granger." dit-il, un sourire amusé étirant ses lèvres sans qu'il le veuille.

"Oui, mais ça ne répond pas à ma question." dit-elle de sa voix pointilleuse qu'elle prenait quand elle participait en classe.

Il soupira, pour ce qu'il sembla être la dixième fois ce soir.

"Oui." finit-il par dire. "J'étais bien avec Rogue."

"Pourquoi ?"

"J'ai des cours particuliers avec lui."

"Des cours particuliers ?" répéta-t-elle, les sourcils haussés par la surprise. "Oh. De quoi ?"

"D'Alchimie."

"Ce n'est pas avant la sixième année." riposta Granger, comme si elle essayait de déceler s'il mentait.

"Il m'entraîne, pour que je sois préparé." mentit Drago. "Je lui ai dit que c'était ce que je voulais faire plus tard, alors il me donne des conseils."

"Je vois." dit-elle, bien qu'elle n'était pas complètement dupe.

"Quoi, tu es étonnée que je puisse être tellement fort en Potions que je prends des cours supplémentaires ?" demanda-t-il, faussement outragé.

"Non, pas du tout." admit-elle. "Mais je dois t'avouer que j'avais imaginé plein de théories, et qu'aucune n'était sur de l'Alchimie."

"Quelles théories ?" questionna Drago, plein de curiosité.

L'idée que Granger puisse se poser des questions sur lui et théoriser sur son absence lui donnait une joie sans nom. C'était difficile de cacher son sourire en l'entendant dire ça.

"Que tu organisais des fêtes…" énonça Granger, un peu plus rosée. "Que tu t'étais inscrit à une activité extra-scolaire…"

Drago ricana en entendant ça :

"Oui, je ne venais pas à la Bibliothèque parce que je voulais mettre en pratique ma passion secrète pour les échecs." ironisa-t-il.

"... Que tu avais des séances de révisions avec quelqu'un d'autre…" continua-t-elle.

"Non, je ne suis fidèle qu'à toi, Granger."

"... Ou que tu voyais une fille." dit-elle pour conclure, plus rouge que jamais.

"Une fille ?"

"Oui, que tu sortais avec une fille, quoi." dit-elle en tirant distraitement sur la manche de son cardigan.

"Qui ça ?" demanda-t-il, amusé.

"J'en sais rien !" s'exclama Granger, en faisant attention à ne pas le regarder et avec des rougeurs plus marquées que jamais. "Une fille de Beauxbâtons, ou je ne sais pas qui…"

"Ce n'est pas le cas." dit-il, et contre toute attente, Granger parut… rassurée ?

"En tout cas, je préfère que ça soit Rogue." dit-elle pour changer de sujet. "Bien que je ne l'apprécie pas du tout. Tu te rends compte qu'il n'a enlevé aucun point à Serpentard, ce soir ?"

"Il a poussé sa limite de punition à son maximum." répondit Drago, lui aussi consterné par le comportement de Rogue. "Et seulement deux heures de retenue ? Jeter un sort dans le dos de quelqu'un dans un couloir mérite bien plus."

Granger confirma d'un hochement de tête, visiblement heureuse que Drago partage son point de vue.

Le soleil se cacha finalement, et le parc de Poudlard devint beaucoup plus sombre. Au moment où le ciel cessa de projeter de jolies couleurs dorées, des nuages l'envahirent et une fine pluie commença à tomber sur eux. Drago et Granger furent obligés de retourner au Château.

En retournant dans le Hall, Granger se dirigea automatiquement vers les escaliers menant à sa Salle Commune. Juste avant qu'elle ne monte, Drago lui demanda :

"Je peux voir l'entaille, pour être sûr de l'avoir bien nettoyée ?"

Elle accepta. En réalité, c'était une excuse pour étirer les précieuses dernières secondes qu'il passait avec elle. Il voulait l'entendre lui poser des questions encore toute la nuit.

Granger se plaça devant lui et il constata que la blessure s'était bien refermée.

"N'oublie pas d'appliquer de l'Essence de Dictame rapidement." conseilla-t-il, juste avant qu'elle ne remette ses cheveux devant.

"Compte sur moi. Bonne nuit, Drago !"

"Bonne nuit Granger." dit-il, et elle s'éloigna de nouveau vers les marches. "À demain ?"

Elle se tourna une dernière fois vers lui, un sourire aux lèvres. Elle répondit doucement :

"À demain."

Le soir, avant de dormir, il médita pour capturer ce moment avec Granger et l'enfermer dans l'un des plus beaux livres de sa bibliothèque.

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Hermione


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Quand Hermione retourna à la Salle Commune, son livre de Potions toujours dans les mains, elle fut surprise de constater qu'Harry n'était pas là. Elle s'approcha donc de Ron qui discutait avec Fred, George et Ginny, dans un coin de la Salle. Quand elle prit place sur l'un des poufs à côté d'eux, les quatre rouquins lui lancèrent des sourires :

"Ah, te voilà !" dit Ron. "Tu étais à la Bibliothèque ?"

"Oui, mais j'ai eu le malheur de croiser Crabbe et Goyle sur le chemin…" dit Hermione.

Aussitôt, les quatre sourires sincères des Weasley se transformèrent en grimaces crispées.

"Qu'est-ce qu'ils ont fait ?" demanda Ron.

"J'étais dans les cachots, pour aller récupérer un livre de Potions dans la classe." raconta-t-elle en montrant le volume de "Armoise et Asphodèle." "J'étais sur le point de rentrer quand je suis tombée sur Crabbe et Goyle. Ils m'ont demandé ce que je faisais là, sous prétexte que c'était "leur territoire", ou je ne sais quoi…"

En entendant ça, Fred et George levèrent les yeux au ciel dans un geste simultané. Ginny et Ron froncèrent considérablement les sourcils.

"Ils ont dit que cet endroit n'était pas pour les "Sangs-de…" comme moi…" continua-t-elle, refusant de dire ce mot à haute voix.

Fred s'exclama tout de suite :

"Quoi ! Ils ont dit ça ?!"

"Oui… Et ensuite, je me suis retournée, et ils m'ont lancé un sort quand j'étais de dos."

À cette phrase, les quatre Weasley se levèrent d'un coup, outrés.

"Pardon ?! Hermione, tu dois le reporter, c'est très grave !" dit Ginny d'une voix forte.

"C'est déjà fait." continua Hermione, et ils se rassirent, peu rassurés pour autant. "Rogue est arrivé."

Ron eut une grimace.

"J'imagine qu'il n'a pas beaucoup aidé." devina-t-il.

"Il m'a demandé ce que je faisais là, et comme j'avais un mot d'autorisation de Madame Pince, il n'a pas réussi à trouver une raison pour me punir. Donc, il a donné deux heures de retenue à Crabbe et Goyle."

"C'est tout ?" demanda George, estomaqué.

"Oui." soupira Hermione. "Même pas de points en moins."

"Rogue n'a vraiment honte de rien. C'est clairement du favoritisme. Tu devrais te plaindre à McGonagall." objecta Ginny, clairement furieuse.

"Malefoy était avec eux ?" demanda George.

Hermione, qui avait pris soin de ne pas mentionner la présence de Drago, hésita à leur dire la vérité. Sous le regard suspicieux de Ginny, elle fut contrainte d'avouer :

"Il est arrivé juste après, et Rogue lui a demandé de m'accompagner à l'infirmerie."

"Comme si tu n'avais pas déjà assez souffert !" dit Ron avec un rire sans joie.

"Oh, non, il n'était pas… aussi infect que d'habitude." contredit Hermione, se sentant obligée de le défendre un minimum. "Il avait l'air étonné du comportement de Crabbe et Goyle, d'ailleurs."

"Alors qu'il aurait pu te faire exactement la même chose sans sourciller ! Non, vraiment Mione, tu es tombée dans un guet-apens. Pas une seule personne de bien pour t'aider !" insista George.

Hermione haussa les épaules tristement. Elle ne voulait pas insister sur la gentillesse de Drago, de peur qu'un des garçons se doute de quelque chose. Mais c'était très difficile de laisser passer ce commentaire, quand elle était la seule à connaître l'évolution du Serpentard.

"Ils t'ont fait mal ?" demanda Ron, inquiet.

"À peine. Une simple égratignure." dit-elle pour le rassurer.

Ron hocha la tête. Il ne lui demanda pas de lui montrer la plaie, et elle en fut reconnaissante. En plus, le sortilège de Drago était efficace : tout comme l'entaille sur son bras lors de la deuxième Tâche, elle ne la sentait absolument plus.

Ils discutèrent encore de Crabbe et Goyle, jusqu'à ce que Fred et George soient à court d'insultes à leur attribuer. Puis, les jumeaux et Ginny échafaudèrent un plan pour se venger. Ils optèrent pour une pastille qui faisait vomir dans leur jus de citrouille du matin, bien que la pastille n'était encore qu'un prototype et qu'ils ne connaissaient pas encore les effets exacts qu'elle donnait. Pour une fois, Hermione ne les réprimandèrent pas.

"Au fait, Harry est parti se coucher ?" demanda Hermione une fois que Fred, George et Ginny étaient partis.

"Non, il n'est pas encore rentré." dit Ron, ses joues constellées de tâches de rousseur un peu plissées par l'inquiétude.

"Oh ? Toujours pas ?" demanda Hermione, stupéfaite.

Harry était parti retrouver Ludo Verpey et les autres champions pour découvrir la teneur de la troisième Tâche qui approchait. Mais il aurait dû être rentré, depuis le temps. Il était parti avant qu'Hermione soit allée à la Bibliothèque.

Pile à cet instant, le tableau de la Grosse Dame pivota et Harry entra. Ses cheveux étaient plus ébouriffés que jamais, et son pantalon était sale au niveau des genoux, comme s'il était tombé. Pourtant, il n'avait pas l'air secoué. Il s'approcha d'eux rapidement, avide de leur raconter ce qui lui était arrivé le plus vite possible.

"J'ai plein de choses à vous dire ! Vous ne devinerez jamais ce qui vient de m'arriver !" dit Harry en s'asseyant à toute vitesse sur le fauteuil disponible.

"Tu es tombé ?" devina Ron en constatant l'état de son pantalon. "Ils t'ont fait passer l'épreuve en avance, ou quoi ?"

"Non, non…" dit Harry en essuyant distraitement ses genoux. "L'épreuve est un labyrinthe." annonça-t-il.

Hermione et Ron eurent deux réactions bien différentes : Hermione sombra tout de suite dans ses réflexions, essayant de trouver une stratégie pour aider Harry à trouver son chemin. Ron, lui, s'exclama : "Génial !"

"Verpey nous l'a montré." expliqua Harry. "Ils font pousser des haies sur le terrain de Quidditch. Apparemment, il y aura des obstacles, et si j'arrive à les passer assez vite et trouver le centre du labyrinthe, je peux gagner !"

"Quelles sortes d'obstacles ?" demanda Hermione, qui dressait déjà une liste mentale des livres à emprunter à la Bibliothèque.

"Je vous le dirai après - le plus important n'est pas l'épreuve, c'est ce qu'il s'est passé après." dit Harry avec une dose de suspense suffisante pour que Ron et Hermione se penchent vers lui, curieux.

"Quoi donc ?"

"Krum m'a demandé s'il pouvait me parler en privé…" commença Harry, déjà plongé dans son histoire.

"Pourquoi ?" interrompit Ron aussitôt.

Harry ne répondit pas tout de suite, et fit dévier ses yeux le temps d'une très brève seconde vers Hermione, qui comprit tout de suite la raison de cette entrevue. Elle ressentit soudain une gêne immense, accompagnée des habituelles rougeurs sur ses joues, et une envie de hurler sur Viktor.

Heureusement, Harry mentit du mieux qu'il put :

"Il voulait juste me parler de l'épreuve."

"Ah bon ?" surenchérit Ron.

"Oui, mais ce n'est pas important." balaya rapidement Harry, au soulagement d'Hermione. "Nous étions donc à la bordure de la forêt, en train de discuter, et vous ne devinerez jamais qui est sorti des bois."

"Hagrid ?" proposa Ron, la réponse la moins surprenante possible.

"Karkaroff ?" proposa Hermione, la réponse la plus logique possible.

"Non. Croupton." révéla Harry, les yeux brillants.

"QUOI ?" lancèrent Ron et Hermione.

"Il était complètement perdu, hagard." expliqua Harry, mâchant ses mots tant il parlait vite. "Il n'avait pas l'air de savoir où il était, et il marmonnait des choses incompréhensibles, on aurait dit qu'il parlait à Percy, comme s'il pensait qu'ils étaient au Ministère…"

Hermione fut très vite plongée dans le récit d'Harry. Pendant qu'il parlait, de nombreuses théories sur l'apparition soudaine de Croupton fusaient dans son esprit. Quand il reporta ce qu'avait dit Croupton sur le Seigneur des Ténèbres, sur le fait qu'il devenait plus puissant, Ron et Hermione eurent le même frisson d'horreur. Et quand Harry leur raconta qu'il avait couru dans le Château pour trouver Dumbledore et que Rogue l'avait arrêté, Hermione eut soudain très chaud.

Si Harry était arrivé au moment où Crabbe et Goyle l'avaient attaquée ? Ou pire, s'il avait croisé Hermione et Drago parler côte à côte sur leur banc ? Elle n'avait jamais imaginé la possibilité qu'ils puissent se faire voir dehors, parce qu'ils y allaient toujours la nuit, à l'abri des regards. Mais ce n'était pas passé loin. Harry aurait pu les voir à n'importe quel moment…

Hermione essaya de placer ces inquiétudes dans un coin de sa tête. Il ne les avait pas croisés, c'était le plus important. Mais elle devait en faire part à Drago rapidement.

Elle écouta l'histoire d'Harry avec attention. Il leur raconta que Krum était Stupéfixé quand il était finalement arrivé avec Dumbledore, et qu'une fois réveillé, il leur avait dit qu'il s'était fait attaquer par Croupton lui-même. Puis, qu'Hagrid était arrivé, et était allé chercher Karkaroff, qui était devenu furieux en voyant Krum tout étourdi. Karkaroff pensait toujours que c'était une nouvelle preuve de corruption du Tournoi.

Hermione ne fut pas étonnée quand Harry raconta la manière dont Hagrid avait attrapé le col du directeur de Durmstrang et l'avait plaqué contre un tronc d'arbre quand Karkaroff avait craché aux pieds de Dumbledore. Hagrid avait toujours placé une foi inconditionnelle envers le directeur, ce n'était pas très surprenant qu'il soit offensé par ce geste odieux.

Puis, Harry termina son histoire par l'allusion de Dumbledore, qui lui avait demandé de ne pas envoyer d'hibou jusqu'à demain. Comme s'il avait deviné qu'Harry et Sirius échangeaient des lettres depuis le début de l'année, pour rapporter tout ce qu'il se passait à Poudlard.

Le reste de la soirée et du début de la nuit fut occupé par les nombreuses théories qu'Harry, Ron et Hermione échangèrent. Ils évoquèrent toutes les possibilités. Hermione était surtout perturbée par la présence de Croupton. Que pouvait-il bien faire dans la Forêt Interdite ? Et où avait-il disparu, le temps qu'Harry aille chercher Dumbledore ?

Elle demanda à son meilleur ami de lui répéter tout le discours de Croupton dans les moindre détails. Harry répéta les phrases à moitié lucides inlassablement, si bien qu'elles furent vite marquées dans le cerveau d'Hermione.

Après son troisième thé, et fatiguée d'avoir échafaudé des hypothèses, Hermione proposa qu'ils écrivent à Sirius demain matin à la première heure, et qu'ils aillent voir Maugrey ensuite, pour avoir plus de réponses. Les garçons acceptèrent et ils allèrent se coucher en traînant des pieds.

Hermione monta dans son dortoir, dont les lumières étaient éteintes depuis longtemps. Pattenrond l'attendait au milieu de son lit, avec un air réprobateur, probablement à cause de l'heure tardive. Hermione s'allongea à côté de lui et le chat se roula contre elle, écrasant à moitié son bras au passage. Dans un murmure, elle lui raconta ce que venait de lui dire Harry, autant pour le tenir au courant que pour se remémorer à voix haute toute la scène.

Elle ne s'endormit que très tard. Elle fut réveillée par l'aube qui perçait les rideaux de son lit à baldaquin. Son livre de Potions l'attendait sur la table de nuit, mais elle n'eut pas le temps de le feuilleter comme elle l'aurait voulu. À la place, elle descendit vers la Salle Commune, les yeux rouges et gonflés, et retrouva Harry et Ron, qui étaient dans le même état fatigué qu'elle. Ils allèrent à la Volière pour envoyer la lettre à Sirius, en continuant leurs théories entrecoupées de bâillements.

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Les jours suivants, Hermione et Harry entrèrent dans la même frénésie que pour les deux épreuves précédentes. Maintenant qu'ils connaissaient le contenu de la troisième tâche, ils s'entraînèrent sans relâche : créatures magiques, sortilèges de défense, sortilèges d'attaque, et sens de l'orientation.

Pour les sortilèges de défense et les créatures qu'Harry était susceptible de croiser dans le labyrinthe, Hermione, Harry et Ron étudièrent à la Bibliothèque. Hermione lui fit une liste qu'elle lui intimait de réviser, et Ron cherchait d'autres sortilèges utiles dans des livres.

Pour les sortilèges d'attaque, ils prenaient leur temps libre pour s'entraîner dans des salles de classe vides. Étant donné qu'Harry n'avait pas besoin de réviser pour les examens de fin d'année, il passait son temps à s'entraîner plutôt à contrer, ou attaquer. Et évidemment, Hermione et Ron servaient de cobayes la plupart du temps.

Ron ne s'était jamais plaint de la quantité de travail supplémentaire que donnait le Tournoi. Pour aider Harry, il était capable de tout. Par contre, il ne se retenait pas de se plaindre dès qu'Harry s'entraînait sur lui.

"C'est la cinquième fois que je me fais pétrifier cette après-midi." grommela-t-il en se massant le dos. "Au tour d'Hermione, maintenant."

Hermione gémit malgré elle. Elle n'était pas non plus une grande fan des entraînements pratiques : elle préférait largement chercher les meilleures techniques dans ses bouquins.

"Je ne peux pas, je suis en train de faire une fiche de révision du sortilège d'Expulsion à Harry…" commença-t-elle depuis le pupitre où elle écrivait.

"Tu peux arrêter d'écrire deux minutes !" se plaignit Ron en prenant place à côté d'elle. "J'ai mal au dos à force de tomber en arrière ! Et en plus, Harry ne lira jamais cette fiche."

Hermione lui lança un regard noir. Harry intervint tout de suite :

"Bien sûr que si, je vais la lire. Et ne vous en faites pas, on peut arrêter, je sais que je vous en demande beaucoup…"

"Mais non !" dit aussitôt Hermione en se levant hâtivement. "Je vais le faire."

Quand elle se plaça devant son meilleur ami, Harry lui fit un petit sourire d'excuse.

"Pour te remercier, je t'achèterais une jolie plume, celle que tu voudras." promit-il.

"Merci, Harry."

"Et moi, alors ?!" s'écria Ron, outré.

"Je t'offrirais ce que tu veux à Honeydukes, la prochaine fois qu'on ira à Pré-Au-Lard. D'accord ?" dit Harry avec un sourire, et Ron parut satisfait de cette réponse.

Bien qu'ils s'entraînaient à chaque fois qu'ils le pouvaient, le trio prenait cette Tâche beaucoup plus calmement que les deux précédentes. Ils trouvaient que comparé aux dragons et au Lac, le labyrinthe était beaucoup plus facile. Harry était d'ailleurs beaucoup plus détendu et n'avait pas l'air de souffrir d'insomnies, contrairement au début d'année.

S'exercer avec Harry voulait aussi dire moins de temps à la Bibliothèque. Et cette nouvelle embêtait Hermione pour deux raisons : la première était son retard pour les révisions des examens. Même si Harry et Ron savaient qu'elle avait besoin de ses heures de travail, elle avait toujours l'impression d'être en retard, et elle détestait ça.

La seconde était le fait qu'elle voyait beaucoup moins Drago.

Comme les fois précédentes, Drago ne fit pas de commentaire. Il devait comprendre l'implication d'Hermione dans les entraînements d'Harry. Pourtant, elle regrettait cette absence plus amèrement encore qu'au mois de Novembre et de Février. Elle avait toujours vu ces moments à la Bibliothèque comme des séances de révisions secrètes. Maintenant, elle se demandait si elle ne les voyait pas différemment.

Elle fit donc exprès de planifier les entraînements d'Harry le lundi et jeudi soir, parce qu'elle savait que Drago ne viendrait pas, et se sentit tout de suite mal de le faire. Elle mettait son envie de voir Drago au-dessus des besoins de son meilleur ami. C'était égoïste. Alors, elle accepta de servir de cobaye pour tous les sorts d'attaque qu'Harry voulait essayer le lendemain.

Le dernier jour de Mai, un jeudi, Harry, Ron et Hermione s'entraînaient pendant la pause déjeuner quand la cloche sonna, indiquant la reprise des cours. Encore toute endolorie d'être tombée tellement de fois, elle dit au revoir aux garçons et se dirigea vers son cours d'Arithmancie. Elle arriva pile à temps pour le début. Elle ne savait pas vraiment si c'était son imagination, mais elle eut l'impression distincte que Drago lui jeta un regard curieux quand elle s'installa à sa place.

Hermione nota tout ce que la Professeure Vector disait, pour être sûre de ne louper aucune information pour les examens. Quand elle rendit les derniers devoirs notés de l'année, Hermione récolta un Optimal prometteur. Théodore Nott reçut un Efforts Exceptionnels et le montra à Drago, tout content. La Gryffondor sourit malgré elle.

Après le cours, elle devait retrouver Harry et Ron devant la classe de Défense Contre les Forces du Mal. Elle était bien trop consciente de Drago, qui marchait juste derrière elle, accompagné par Théodore Nott. Elle pouvait presque sentir son regard transpercer son dos. Elle fut gênée sur tout le chemin jusqu'au troisième étage, se demandant sans cesse si ses cheveux couvraient bien l'entaille que Crabbe et Goyle lui avait fait au cou. Peut-être pouvait-il voir qu'elle n'avait pas encore appliqué d'Essence de Dictame dessus, trop préoccupée par Harry pour s'en souvenir.

Quand elle arriva au troisième étage, cependant, tout son embarras fut dissipé quand elle vit que seul Ron l'attendait devant la classe. Sa bouche était plissée dans une mine soucieuse qui stressa Hermione dès qu'elle le vit.

"Où est Harry ?" demanda-t-elle, à peine fut-elle arrivée à sa hauteur.

Le visage de Ron confirma ses craintes. Il lui était bien arrivé quelque chose, c'était rare qu'il soit aussi sombre et inquiet.

"À l'infirmerie." dit-il, la voix rauque. "Pendant le cours de Divination… Je croyais qu'il dormait… Il faisait tellement chaud dans cette classe de malheur, tout le monde s'était assoupi, moi le premier."

Hermione hocha la tête rapidement, maintenant accrochée à chaque mot que Ron disait.

"Enfin bref… À un moment donné, vers le milieu du cours, Harry s'est mis à hurler. Un long et terrible hurlement, un peu comme lorsque le Détraqueur était entré dans le wagon, tu te souviens ?"

Hermione acquiesça. Comment oublier ? C'était l'un des cris les plus terribles qu'elle ait entendu de sa vie, avec celui que Ron avait poussé en voyant Sirius Black faire irruption dans sa chambre, lorsqu'ils pensaient encore que c'était un tueur en série.

"Il est tombé par terre." continua d'expliquer Ron sombrement. "Il n'arrêtait pas d'hurler "non !" "arrêtez !"... Et ses deux mains étaient plaquées sur son front, sur sa cicatrice. Je me suis mis à côté de lui et j'ai dû le secouer et l'appeler pendant cinq bonnes minutes avant qu'il ne se réveille de sa transe. Trelawney était persuadée qu'il avait une vision, ou je ne sais pas quoi, donc il a dû partir avant qu'il ait pu m'expliquer quoi que ce soit."

Hermione contempla, horrifiée, le visage de Ron, et comprit maintenant pourquoi il était marqué par tant d'inquiétude.

Elle passa le cours de Défense Contre les Forces du Mal à ruminer ce qu'il lui avait raconté. L'angoisse pour son meilleur ami, mêlée à son envie de comprendre étaient tellement ravageantes qu'elle n'écouta pas un mot du cours. De toute façon, les entraînements avec Harry comptaient comme des devoirs, et elle n'avait pas besoin de plus de théories, elle connaissait déjà tout le programme de l'année.

Ils dînèrent silencieusement, toujours sans aucune trace d'Harry. Sur le chemin vers la Salle Commune, Ron et Hermione passèrent par l'infirmerie pour prendre des nouvelles de lui. À leur grande surprise, Madame Pomfresh leur dirent qu'Harry n'était pas à l'infirmerie, et qu'il n'y était pas allé de la journée.

Ron et Hermione allèrent donc à la Salle Commune plus confus qu'avant. Si Harry n'était pas allé à l'infirmerie après le cours de Divination, où pouvait-il être ?

Ils durent attendre une bonne heure avant qu'Harry revienne enfin. Il n'avait pas l'air blessé, mais sa cicatrice paraissait plus rougeoyante, ou alors, l'imagination d'Hermione lui jouait encore des tours.

"Harry, te voilà !" murmura-t-elle en le voyant arriver. "Comment tu te sens ? On ne t'a pas vu à l'infirmerie…"

"Je n'étais pas à l'infirmerie." dit-il dans un chuchotement. "Je suis allé voir Dumbledore."

Comme la Salle était encore pleine d'élèves, Harry leur raconta ce qui lui était arrivé à voix basse. Cette fois-ci, il n'était pas aussi excité que quand il avait raconté sa soirée avec Krum et Croupton. Là, il paraissait fatigué, drainé. Son ton était plus monocorde et il ne cessait de se passer une main sur sa cicatrice sans s'en rendre compte.

Il raconta rapidement sa vision. La scène macabre qu'il avait vu défiler devant ses yeux effraya Hermione, même si le feu de la Salle Commune lui réchauffait la peau et que son odeur préférée embaumait ses narines. Il avait vu le Seigneur des Ténèbres, en train de torturer Peter Pettigrow qui avait failli à sa tâche. Laquelle, cependant, aucun des trois ne le savait.

Puis, Harry raconta le moment qu'il avait passé dans le bureau de Dumbledore. Quand il expliqua la bassine à la substance étrange, Hermione reconnut la description et interrompit son récit pour la première fois :

"Une Pensine ?"

"Oui, exactement." confirma Harry. "Dumbledore avait mal refermé la porte de son armoire, et je l'ai aperçue… Je me suis penché au-dessus, et je suis entré dans son souvenir."

"Entré dans son souvenir ?" répéta Ron, hébété.

Harry leur détailla les trois scènes auxquelles il avait assisté ce soir. Toutes se déroulaient dans une salle de procès, avec Croupton en guise de juge. Il leur expliqua l'ambiance et le déroulé de chaque souvenir. À la fin de son histoire, toute la Salle Commune était vide, et le ciel derrière les fenêtres était noir, tamisant la lumière de la pièce ronde.

Comme la dernière fois, ils échangèrent plusieurs théories, mais ils étaient soit trop fatigués, soit trop impressionnés par la quantité de choses qu'avait rapporté Harry ce soir, parce qu'ils se trouvèrent vite à court d'idées. Pendant que Ron et Harry discutaient de la supposée innocence de Rogue, Hermione réfléchissait à un tout autre sujet…

"Rita Skeeter." murmura-t-elle, à haute voix, sans le vouloir.

"Comment peux-tu te soucier d'elle en ce moment ?" demanda Ron, un peu irrité.

"Je ne m'en soucie pas." répondit Hermione. "Je réfléchis... Tu te souviens de ce qu'elle m'a dit aux Trois Balais ? « Je pourrais te raconter sur Ludo Verpey des choses à te faire dresser les cheveux sur la tête... » C'était de ça dont elle voulait parler, non ? Elle a assisté au procès, elle savait qu'il avait communiqué des informations aux Mangemorts. Et Winky ? Tu te souviens ? « Mr Verpey est un mauvais sorcier. » Mr Croupton devait être furieux qu'il ait été acquitté et il en a sûrement parlé quand il est rentré chez lui."

Les deux garçons changèrent vite de sujet. Pourtant, Hermione était toujours bloquée sur Rita Skeeter… Quelque chose chez cette femme lui donnait un mauvais pressentiment, mais elle n'aurait sû dire quoi…

Ils finirent par aller se coucher. Pattenrond l'attendait encore une fois sur son lit. Elle s'allongea et il se logea dans le creux de son cou, comme très souvent. Mais cette fois-là, elle ne lui raconta pas ce qu'il s'était passé, trop épuisée pour le faire.

Les derniers évènements angoissants, les révisions surchargées qu'elle s'imposait pour les examens, et son manque de sommeil eurent raison d'elle et Hermione s'endormit très rapidement, les sourcils froncés dans son sommeil.

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Drago


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Quand Drago rentra de sa leçon d'Occlumancie le jeudi soir, il vit Pansy, au centre de la Salle Commune, en train de s'adresser à un public de Serpentards qui l'écoutait parler avec attention. Même Léo Hills, qui l'ignorait depuis qu'ils avaient rompu, était intéressé par ce qu'elle racontait.

Drago s'approcha tout de suite du canapé où elle était assise. Ses cheveux noirs étaient coiffés derrière ses oreilles, et elle décrivait la scène qu'elle était en train de raconter avec des grands gestes de la main.

"C'était pile au moment où Professeure Trelawney nous expliquait l'importance des angles des planètes pour l'Astrologie…"

Drago fut étonné de voir que tous ces gens étaient aussi passionnés par la Divination. Puis, il vit que Théo faisait partie de ses auditeurs, et il comprit que son histoire devait être un peu plus croustillante que ça. Il écouta sa meilleure amie raconter son histoire, manifestement surexcitée d'avoir un potin à raconter à autant de personnes devant elle.

"Quand tout à coup, il est tombé par terre, et ça a fait un gros "BOUM" dans la classe. Tout le monde s'est levé pour le regarder…"

"Qui ça, "il" ?" intervint Drago, qui n'avait aucune idée de quoi elle parlait.

Pansy leva la tête vers lui, ne semblant remarquer sa présence qu'à cet instant. Ses yeux sombres brillèrent d'un éclat de joie, et elle répondit avec un grand sourire :

"Potter, bien sûr !"

Drago fut beaucoup plus attentif à la suite de l'histoire.

"Donc, il est tombé par terre." reprit Pansy, sa bouche peinte de noir toujours étirée dans un sourire mystérieux. "Au début, j'ai pensé qu'il s'était simplement endormi et qu'il était tombé de sa chaise. Mais non ! Il s'est mis à hurler, super fort ! Il criait, et il marmonnait des choses comme "Noooon !""

Pansy imita le cri de Potter d'une voix stridente et plusieurs Serpentards éclatèrent de rire, Drago y compris.

"Weasley s'est tout de suite approché de lui pour le réveiller, mais le pauvre Potter était trop plongé dans son cauchemar pour se réveiller. Il se roulait par terre en se cognant la tête. C'était très drôle à voir. Et ensuite, il a enfin ouvert les yeux, mais il a refusé de raconter son rêve."

"Qu'est-ce que tu crois que c'était, Pansy ?" demanda une Serpentard de troisième année, complètement absorbée par l'histoire.

"Je ne sais pas, il est parti à l'infirmerie en disant qu'il avait mal à la tête. Professeure Trelawney nous a dit qu'elle était sûre qu'il avait eu une vision, ou une prédiction. La plupart des voyants refusent de révéler leurs dons au début, pour ne pas effrayer les autres." dit-elle, soudain beaucoup plus sérieuse. C'était difficile de ne pas remarquer l'admiration qu'elle avait pour Trelawney dans sa voix.

Théo leva les yeux au ciel, mais Pansy ne le vit pas. Blaise fit la moue :

"Le seul cours de Divination que je rate, il se passe quelque chose d'intéressant !" se lamenta-t-il.

"Blaise, tu as raté tous les cours de Divination depuis le début de l'année." objecta Pansy, visiblement contrariée.

Blaise lui fit son plus beau sourire.

"C'est vrai."

Les Serpentards passèrent ensuite le reste de la soirée à imaginer ce que Potter avait vu dans son cauchemar. Plusieurs idées firent éclater de rire Drago. Même Théo souriait, alors qu'il détestait quand on se moquait de quelqu'un.

Drago ne resta pas longtemps à la soirée, terrassé par sa séance d'Occlumancie. Théo alla se coucher en même temps que lui, et il boudait sûrement beaucoup moins, parce qu'il lui lança un "bonne nuit !" avant de fermer ses rideaux.

Comme à son habitude, Drago prit du temps pour méditer et trier ses souvenirs. Ce soir-là, il le consacra à ranger la première fois que Granger s'était assise sur le banc avec lui. Cette réminiscence était douce, et il s'endormit en se retenant de sourire.

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Le lendemain, un vendredi, Granger s'assit à leur table de la Bibliothèque après le dîner.

C'était assez rare ces derniers temps, parce que Granger semblait occuper tout son temps libre avec Potter et Weasley. Drago était sûr que Potter lui demandait encore de l'aide pour le Tournoi, ce qui l'agaçait un peu, parce que Granger avait des gros cernes marqués sous les yeux et semblait constamment angoissée.

À cause de ce changement d'emploi du temps, elle n'avait plus le temps d'étudier comme elle le voulait. Avec les examens qui arrivaient à grands pas, son planning de révisions était plus chargé que jamais. Quand elle l'ouvrit le vendredi soir, Drago sursauta en entendant le cahier la réprimander.

"Vous n'avez PAS accompli tous vos objectifs de cette semaine !" cria le planning. "Vous DEVEZ travailler deux fois plus si vous voulez réussir à réviser toutes les leçons dont vous avez besoin !"

Granger referma brutalement le carnet, camouflant sa voix criarde. Elle semblait sur le point de pleurer. Drago s'empressa de la rassurer :

"Relax, Granger, tu n'es pas du tout en retard ! Tu connais tout le programme sur le bout des doigts, tu vas réussir !"

C'était toujours aussi étrange de rassurer Granger sur ce sujet. Les années précédentes, il voulait absolument qu'elle rate pour la dépasser, et aujourd'hui, il voulait qu'elle réussisse plus que tout. Granger le regarda, au bord des larmes.

"Je n'ai pas tout fait… Cette semaine, je devais réviser les Potions, mais je n'ai pas eu le temps…" dit-elle d'un ton larmoyant.

"Ce n'est pas grave, on peut le réviser ensemble ce soir, si tu veux." proposa Drago. "Et tu peux le refaire demain, avec Londubat."

Cette proposition calma Granger. Elle ouvrit le planning et le réarrangea pendant plusieurs minutes, ce qui sembla le satisfaire suffisamment pour qu'il arrête de bramer. Même si Drago commençait à connaître les habitudes de Granger, il était toujours ahuri de voir qu'elle pouvait se faire engueuler par du papier.

"Est-ce que tu veux bien me faire réviser ?" demanda-t-elle, une fois qu'elle eut terminé.

Drago acquiesça. De toute façon, il n'avait rien d'autre à faire ce soir-là. Alors, il prit l'énorme pile de fiches de révisions de Potions de Granger et la fit réviser à voix basse.

Évidemment, elle avait toutes les réponses.

Une fois qu'ils avaient revu toutes les leçons importantes et susceptibles de tomber aux examens, Granger raya une ligne de son planning qui la félicita. Elle parut suffisamment contente d'elle pour que Drago tente une remarque sans qu'elle explose en sanglots :

"Tu as l'air fatiguée."

"Je le suis. Harry a besoin d'aide en ce moment…" commença-t-elle.

"Je sais." coupa-t-il. "Je dis juste que, si tu as besoin de repos, je comprendrai. Tu n'es pas obligée de venir à la Bibliothèque tous les soirs pour me tenir compagnie."

"Te tenir compagnie ?" répéta Granger, amusée. "Depuis quand les rôles se sont-ils inversés ?"

"Tu vois ce que je veux dire." dit Drago. "On est pas obligés d'être ensemble tous les soirs où tu es disponible. Tu as le droit de te reposer. Depuis combien de temps tu n'as pas eu une nuit de sommeil complète ? Ou lu un livre par plaisir ?"

Granger se mordit inconsciemment la lèvre. Puis, elle balaya du regard tous ses cahiers ouverts et secoua la tête :

"Non. Je ne peux pas, je dois réviser. Je prendrai du temps pour moi après les examens." conclut-elle catégoriquement.

Drago n'insista pas.

Il ne restait plus qu'une heure d'ouverture à la Bibliothèque, alors il alla chercher un livre de Potions pour occuper son temps. Avant, quand il n'avait plus rien à faire, il quittait simplement la table sans lui dire au revoir. Maintenant, ça lui était presque impossible. Il voulait passer le plus de temps possible avec elle, même si c'était dans le silence et la concentration.

Quand il retourna à la table ronde, il fut surpris de voir que Granger avait rangé ses affaires, et était maintenant occupée à écrire sur un parchemin vierge.

"Qu'est-ce que tu fais ?" demanda-t-il en s'asseyant.

"Je fais des recherches."

"Pour la S.A.L.E ?"

"Non." dit-elle simplement.

Drago fronça les sourcils. Ça faisait des semaines que Granger n'avait pas avancé sur la S.A..L.E, il pensait que si elle avait du temps, elle le consacrerait à ça. Elle devait avoir une autre lubie, si elle décidait de faire ça plutôt que de réviser. Il se redressa encore plus sur sa chaise pour essayer de lire quelque chose sur son parchemin.

""Sortilège de Désillusion" ? "Potion de Ratatinage" ? "Oreilles à rallonges" ?! Merlin, Granger, qu'est-ce que tu fabriques ?"

"J'élabore des théories." expliqua-t-elle, comme si c'était suffisant.

"Des théories sur quoi ?"

Elle leva la tête promptement, et plongea son regard concentré dans le sien. Elle sembla comprendre qu'elle était obligée de parler, parce que Drago était un garçon insistant. Elle soupira et capitula :

"Des théories sur Rita Skeeter."

"Quoi ?" s'étonna Drago. "Mais pourquoi tu t'acharnes sur cette pauvre femme ?"

"Parce que je ne comprends pas comment elle fait !" s'énerva-t-elle. "À chaque article qu'elle sort, c'est comme si elle était juste à côté ! Alors qu'elle est interdite à Poudlard ! Elle dévoile des secrets confidentiels et j'aimerais comprendre comment elle fait pour les écouter en premier lieu. D'abord Harry, puis Hagrid, puis Viktor et moi…"

"C'est juste une bonne journaliste !" dit Drago, et en voyant le regard furieux que lui lança Granger, il s'empressa de rectifier : "Je ne parle pas de son travail, je dis simplement qu'elle est discrète."

"Elle n'était pas là."

"Peut-être qu'elle a simplement de très bonnes sources ? Des gens qui lui rapportent tout en échange d'argent ?" proposa Drago.

Il pensa à Pansy, qui pourrait lui donner de l'argent pour lui livrer des informations. Granger réfléchit, le visage contracté par les souvenirs.

"Il n'y avait personne autour de moi quand Viktor m'a dit…"

Elle arrêta brutalement sa phrase et Drago sentit une montée de colère en lui.

"T'as dit quoi ?" demanda-t-il, soudain sur les nerfs.

"Rien. Je me prends juste la tête." dit-elle pour conclure la conversation, sentant probablement l'état de Drago. "Tu as sûrement raison, elle doit avoir des sources."

Malgré sa phrase, elle avait toujours l'air pensive. Drago ne comprenait pas pourquoi elle pensait tellement à cette femme. L'article datait d'il y a longtemps maintenant, il ne voyait pas pourquoi elle se prenait la tête avec ça, en plus de tous ses problèmes actuels.

Granger fit semblant de faire autre chose, mais Drago pouvait toujours la voir gribouiller des théories sur les moyens d'écouter de la journaliste. Elle barra à plusieurs reprises quelques mots moldus que Drago ne connaissait pas. Il préférait quand elle était fanatique des elfes de maison, c'était déjà plus logique.

Quelques minutes avant la fermeture de la Bibliothèque, Granger se leva pour retourner à sa Salle Commune. Il la suspectait de s'en aller pour aller aider Potter à s'entraîner pour l'épreuve de fin Juin. Cette habitude n'aidait pas Drago à apprécier Potter, il le trouvait encore plus égoïste qu'avant. Comment ne pouvait-il pas remarquer que sa meilleure amie était épuisée ? Comment pouvait-il lui en demander autant sans remords ?

Quand elle lui dit bonne nuit avec un bâillement, il lui attrapa doucement le poignet. Elle se retourna, surprise.

"Est-ce que tu pourrais demander à Potter de te laisser te reposer un peu, s'il te plaît ?" lui demanda-t-il du ton le plus doux possible.

Elle roula des yeux.

"Je vais très bien." mentit-elle.

Puis elle s'en alla, laissant Drago douter sérieusement de ces propos.

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Le lendemain, un samedi, Drago chercha du regard Granger, comme à son habitude, partout où il allait.

Naturellement, il connaissait déjà son emploi du temps.

Le matin, elle prenait son petit-déjeuner avec Weaslette, et quelques autres amis s'ils étaient réveillés assez tôt pour elle.

Ensuite, elle se rendait à la Bibliothèque pour y retrouver Londubat, avec qui elle passait la matinée à réviser. Généralement, ça se terminait une heure ou deux avant le déjeuner. Parfois, elle restait assise à la table pour continuer ses révisions toute seule.

Le midi, elle mangeait toujours avec Potter et Weasley.

L'après-midi, elle passait généralement quelque temps chez Hagrid. Si elle n'y était pas, elle était avec Potter et Weasley. Parfois, elle se promenait autour du Lac avec Potter. Et de temps en temps, elle restait avec Weaslette. En période d'examens, elle retournait à la Bibliothèque pour réviser quelques heures avant, ou après, le dîner.

Drago fut donc très étonné de la voir, au beau milieu d'un samedi après-midi, dehors avec Viktor Krum.

Il savait qu'ils se voyaient. Il les avait déjà aperçus plusieurs fois tous les deux, sous un arbre du parc, cachés des regards indiscrets (excepté le sien). Parfois, elle discutait avec lui rapidement entre deux cours, ou à la Bibliothèque. Mais ils ne s'étaient jamais "affichés" comme ça, en plein milieu du parc de Poudlard, à la vue de tous.

Ils étaient assis sur un banc, en train de discuter, en mangeant des muffins. Granger portait une jupe noire, plus courte que celle de son uniforme, et n'avait pas mis de collants. Elle devait être réchauffée par le soleil du mois de Juin. Weasley et Potter n'étaient pas là. Krum ne portait pas son habituelle polaire qu'il trimballait partout, cette fois, il portait une sorte de chemiser d'une horrible couleur verdâtre qui fit retrousser le nez de Drago de dégoût.

Il ressentit l'habituelle pique de jalousie lui faire mal au cœur. Mais il ressentait quelque chose d'autre : de la colère. Envers Granger, notamment. Elle était censée être énervée contre lui. Elle avait explicitement dit à Drago que Krum l'agaçait parce qu'il lui avait posé des questions sur leur relation. Pourtant, là, assise sur son banc, les joues rouges et son sourire aux dents raccourcies, elle n'avait pas l'air remontée du tout.

"Dray ? On y va, ou pas ?"

Drago se tourna vers Blaise. Il avait complètement oublié qu'ils marchaient côte à côte. Il s'était arrêté net en les voyant et avait cogité trop longtemps. Blaise le regardait d'un air bizarre.

"On est pas obligés d'y aller, si tu veux." continua le brun.

"Si, si. Désolé, j'ai cru voir quelque chose." mentit Drago en reprenant sa marche.

Ils continuèrent de marcher sur le sentier qui allait plus loin dans le parc de Poudlard. Granger ne l'avait pas vu passer devant elle, ce qui énerva Drago encore plus. Elle était tellement plongée dans sa conversation avec Viktor qu'elle ne remarquait même pas quand il était là. Est-ce que le fait qu'ils s'affichent en public voulait dire qu'ils étaient officiellement ensemble ? À seulement un mois de la fin de l'année ?

Blaise continua sa route sans parler. Cela permit à Drago de se poser les centaines de questions sans réponse dans sa tête sans être dérangé. Peut-être qu'ils s'étaient déjà disputés avant, et qu'ils venaient de se réconcilier ? Peut-être que Krum lui avait donné son muffin pour se faire pardonner ? Drago maugréa quelque chose dans sa barbe. Ce muffin n'avait même pas l'air bon.

"Tu as dit quelque chose ?" demanda Blaise.

"Non, rien." grogna Drago.

"Regarde, on y est." dit-il en montrant du doigt le terrain de Quidditch.

Blaise avait demandé à Drago de l'accompagner pour voir le lieu de la troisième Tâche. Apparemment, Daphné lui aurait dit que ça allait se passer sur le terrain. Et effectivement, quand ils atteignirent les tours emblématiques qui entouraient le terrain de Quidditch, Drago vit une sorte de plante dépasser du pourtour.

"Qu'est-ce que c'est ?" demanda Blaise en s'approchant.

Ils passèrent entre une tour de Serpentard et de Serdaigle pour entrer. Mais ils furent vite stoppés par une immense haie qui se dressait devant eux, d'un vert sapin profond. Drago s'approcha suffisamment pour toucher les épines.

"Tu veux qu'on monte sur une des tours, pour voir d'en haut ?" proposa Blaise.

Avant que Drago ne puisse répondre, Ludo Verpey sortit soudainement des haies, un peu plus loin. Il épousseta son costume trop petit, et quand il aperçut les deux garçons plantés là, il s'approcha avec un air à la fois désapprobateur et fier de lui.

"Enfin, enfin, qu'est-ce que vous faites là, jeunes gens ?" demanda-t-il.

"Nous sommes simplement venus voir le terrain, Monsieur." expliqua Blaise.

Sa politesse naturelle aida Ludo Verpey à sourire davantage, visiblement désireux de parler de sa nouvelle construction.

"Ah oui, je vois… Et bien, comme vous le voyez, notre cher Hagrid est en train de faire pousser des haies, qui devraient mesurer environ six mètres de hauteur d'ici fin Juin. J'étais justement en train de constater l'avancée des travaux. Laissez-moi vous dire que les Champions auront du fil à retordre !"

Il se retourna vers Drago et Blaise et ses yeux, d'habitude rieurs, se plissèrent légèrement.

"Mais je ne devrais pas vous dire ça !" dit-il, soudain plus sérieux. "Vous n'êtes pas des Champions !"

Drago s'approcha de lui et lui tendit sa main.

"Mr. Verpey, permettez-moi de me présenter. Je suis Drago Malefoy, fils de Lucius Malefoy. J'étais dans la tribune officielle lors de la Coupe du Monde de Quidditch."

Verpey lui serra la main.

"Ah, oui, oui… Je vois…" dit-il, bien que Drago avait le sentiment qu'il ne voyait pas du tout qui il était.

Verpey se retourna ensuite naturellement vers Blaise, qui lui serra la main à son tour.

"Blaise Zabini, Monsieur. Serpentard."

"Oh, Serpentard !" s'écria Verpey, soudain plus enthousiaste. "C'était ma Maison également, lors de mes jeunes années à Poudlard ! J'aurais dû m'en douter." ajouta-t-il avec un petit rire.

"Je voulais vous dire que j'ai toujours été un grand fan de vos années de Quidditch, Monsieur." continua Blaise de sa voix mélodieuse. "Vous êtes un Batteur de renom, je suis honoré de pouvoir vous parler enfin."

Cette éloge fit gonfler la poitrine protubérante de Verpey, qui afficha une mine presque vaniteuse.

"Oh, merci du compliment, mon garçon." répondit Verpey, les joues rosies de plaisir. "Je suis flatté que quelqu'un d'aussi jeune puisse admirer mes -nombreuses- victoires."

"Évidemment ! Comment ne peut-on pas apprécier votre coup de batte, surtout lors du match contre les Tabasseurs de Banchory de 78…"

"Mais vous n'étiez même pas né !" s'écria Verpey avec un rire.

Drago perdit le fil de la conversation, peu intéressé par les exploits passés de Verpey. Ils continuèrent de discuter des matchs importants de la carrière de l'ancien joueur de Quidditch, et plus la conversation avançait, plus le visage de Verpey devint rosé. Blaise devait sûrement être en train de l'amadouer pour lui faire dévoiler des informations sur le Tournoi.

Drago retourna à ses préoccupations intérieures. Pourquoi Krum et Granger passaient du temps ensemble ? Et surtout, pourquoi elle ne passait pas son peu de temps libre à la Bibliothèque, au lieu d'aller le voir lui ? Il savait qu'il lui avait demandé de se reposer et de ne pas passer tout son temps à étudier, mais il n'avait pas voulu dire de le passer avec Krum pour autant !

Il eut soudain envie de méditer pour trier ses pensées. Quand sa tête devenait trop encombrée d'interrogations, il aimait prendre du recul, mais il ne pouvait pas le faire en plein milieu du terrain de Quidditch. Du moins, ce qu'il en restait.

Drago écouta d'une seule oreille la discussion à côté de lui. Verpey vantait ses victoires, encouragé par les exclamations de Blaise. Quand Verpey lui demanda s'il jouait au Quidditch, Blaise répondit un "oui" immédiat.

"Quel rôle joues-tu ?"

"Poursuiveur, Monsieur."

"Difficile, ce poste, difficile… Il faut être aussi agile que futé…"

Drago écouta les explications de Verpey. Blaise hochait frénétiquement la tête, faisant l'air d'être profondément intéressé, mais Drago le connaissait suffisamment pour savoir que ce n'était pas le cas. Après plusieurs compliments, Blaise réussit enfin à avoir ce qu'il voulait :

"En tout cas, j'espère que le terrain de Quidditch sera revenu comme avant d'ici l'année prochaine ! Je compte bien m'inscrire à l'équipe de Serpentards, j'espère qu'on pourra rejouer dessus…"

"Oh, oui, sans aucun doute !" affirma Verpey en contemplant les haies autour d'eux. "Il sera remis comme neuf ! Le terrain est simplement le meilleur endroit pour construire le labyrinthe, et ça sera beaucoup plus facile pour le public de pouvoir apercevoir quelque chose ! Bien sûr, il sera difficile d'apercevoir le centre d'en haut, là où ils devront récupérer le trophée du tournoi, sauf si on se place sur la tour la plus au nord, celle des Serpentards…" dit-il en pointant du doigt la tour en question.

Drago nota cette information intérieurement, tout comme Blaise, sûrement.

Blaise finit par proposer un pari sur le Champion à Verpey et ce dernier accepta avec joie. Il était en train de noter sa mise dans son carnet de paris quand une seconde personne enjamba les haies pour ressortir. C'était Hagrid. Il portait un seau d'une taille impressionnante d'une main, et une cage à barreaux vide de l'autre. Son front était trempé de sueur. Quand il aperçut Drago et Blaise de l'autre côté, il lâcha ses deux prises et fonça sur eux :

"Vous ! Qu'est-ce que vous faites là ? Vous n'êtes pas censés être ici !"

"On est simplement venus voir le terrain de Quidditch…" protesta Blaise.

"Du balai ! Et ne vous avisez pas de revenir ici !" gronda le garde-chasse.

"Du calme, Hagrid, ce sont des braves élèves, pas la peine de s'énerver pour si peu… Nous étions simplement en train de discuter…" interrompit Verpey avec un sourire.

Mais Drago et Blaise profitèrent de ce moment de distraction pour sortir, après avoir remercié Verpey de leur voix la plus mielleuse. Quand ils retrouvèrent le sentier vers le Château, Drago vit Blaise noter quelque chose sur son petit carnet.

"Alors, tu as réussi à lui faire parier quelque chose ?" demanda-t-il.

"Évidemment. Cet idiot a parié que Potter allait gagner. J'espère lui tirer 40 Gallions." dit Blaise avec un sourire sournois.

Sur le chemin du retour, Granger et Krum n'étaient plus ensemble sur le banc.

Cela rassura un peu Drago. Maintenant que la colère n'embrouillait plus son jugement, il réalisa qu'ils n'avaient fait que discuter. Il était sûr que Granger lui avait reproché d'avoir parlé à Drago de leur lien, elle n'aurait jamais laissé passer ça. Et s'ils étaient en couple, il aurait été l'un des premiers à le savoir, grâce à Pansy qui savait tout.

Il n'était tout de même pas complètement rassuré en entrant dans la Bibliothèque. À son grand soulagement, Krum était seul à sa table habituelle. Cette fois-ci, il lisait un parchemin rempli de phrases bulgares. Quand Drago passa à côté de lui, il ne se gêna pas pour lui lancer un regard noir, qu'il lui rendit.

Drago ressentit un autre soulagement quand il vit Granger déjà attablée. Elle avait l'air moins fatiguée. Quand il s'assit, elle sourit fièrement :

"J'ai suivi ton conseil, je me suis reposée." dit-elle, comme si elle avait réalisé quelque chose d'extraordinaire.

"Félicitations. Tu ne vois plus flou ?" demanda-t-il, plein d'ironie.

"Je ne voyais pas flou ! Merlin, tu peux vraiment être dramatique parfois. J'ai simplement dormi, et je n'ai pas travaillé de la journée. J'avoue que ça m'a fait du bien." admit-elle avec un sourire.

"Tant mieux."

Drago fut tenté de faire un commentaire sur son entrevue avec Krum, mais il n'en fit rien. Granger était enfin reposée, il ne voulait pas la fatiguer en se disputant de nouveau là-dessus. En plus, il avait peur d'entendre ce qu'elle pourrait dire. Si elle parlait encore une fois de "sentiments" ou de "déclaration", il serait prêt à se lever, voir Krum, et lui proposer de se battre dehors. Il était sûr que Blaise l'épaulerait sans qu'il ait besoin de lui expliquer.

Il fit semblant de lire sa leçon de Botanique, mais en réalité, il était en train de s'imaginer casser la gueule de Krum. Cette image lui réchauffait le cœur. Granger était toujours en train de tester ses théories sur Rita Skeeter, au vu du livre qu'elle lisait : "Techniques de discrétion, un incontournable de l'espionnage sorcier."

Au fur et à mesure, ses pensées dévièrent de Krum et il se contenta simplement d'observer Granger lire. C'était un spectacle toujours aussi stimulant, peu importe le nombre de fois où il le faisait. Ses expressions faciales changeaient très subtilement en fonction de ce qu'elle lisait, et il s'amusait à deviner ce qu'elle pensait tout au long de sa lecture. Il pouvait voir ses pupilles chocolat défiler rapidement sur le texte.

Au bout d'une heure, elle finit par reposer le livre sur l'étagère, et retourna s'asseoir. Puis, elle sortit un long parchemin et sa plus belle plume, et Drago devina qu'elle était en train d'écrire une lettre à ses parents. Il décida de faire de même : ça faisait longtemps qu'il n'avait pas écrit à son père, et sa découverte de la troisième Tâche pourrait sûrement l'intéresser.

Il raconta tout sur Verpey, le terrain de Quidditch, et le principe de la troisième Tâche. Cette dernière avait l'air relativement facile, Drago avait du mal à comprendre ce que Granger pouvait fabriquer avec Potter. Il suffisait simplement de retrouver son chemin et de faire attention aux Scroutts à Pétards d'Hagrid…

Granger ressortit la dernière lettre en date que ses parents lui avait envoyée pour relire quelque chose. Drago observa le papier étrange sur lequel elle recevait toujours ses lettres : il était lisse et très blanc. Du papier moldu. Granger chercha la bonne page et Drago fut soudain intrigué par quelque chose :

"C'est quoi, ce truc ?" demanda-t-il en pointant du doigt un bout de métal qui reliait les pages entre elles.

"Oh, c'est une agrafe." expliqua Granger en lui montrant de plus près. "C'est une sorte de crochet en fer dont se servent les Moldus pour relier plusieurs pages entre elles. Mes parents l'utilisent pour me joindre plusieurs papiers en même temps."

Elle lui montra l'utilité de l'agrafe en tournant les pages rapidement. Sur l'un des papiers, Drago remarqua un changement d'écriture. Juste avant que Granger ne referme sa pile, il inspecta la signature.

"C'est qui, Danny ?" demanda-t-il.

Granger plissa les lèvres et reposa la pile de papiers sur la table un peu trop fort.

"Hmm ?" demanda-t-elle, soudain distraite.

"Qui est Danny ?" répéta Drago.

"Oh, personne." dit-elle, mais elle rougissait.

Elle continua d'écrire et Drago fut incapable de lui poser plus de questions. Pourtant, le nom resta gravé dans sa tête.

Danny. Il n'avait jamais entendu parler d'un "Danny" auparavant. Il se doutait que ce n'était pas un sorcier, parce que sa lettre était attachée à celle des parents de Granger. Ou alors, peut-être avait-elle relié elle-même plusieurs lettres ensemble qui n'avaient rien à voir ?

Danny… Drago devina sans mal qu'il s'agissait en fait d'un "Daniel". Personne ne s'appelait réellement Danny, c'était forcément un diminutif. C'était une longue lettre, visiblement, ils se connaissaient assez bien pour échanger beaucoup de choses.

Quand Granger lui dit au revoir à la fermeture de la Bibliothèque, Drago était toujours plongé dans ses réflexions. Il se rendit à sa Salle Commune sans regarder où il allait. Danny, Danny… Qui pouvait être ce type ?

Il entra et ne fut même pas surpris d'entendre le chahut habituel d'une fête. La musique était tonitruante, et Pansy dansait en buvant son whisky immonde à la vanille, et Blaise embrassait langoureusement Daphné sur l'un des canapés, et Drago se demandait qui pouvait être ce putain de Danny.

Quelqu'un lui mit un verre dans les mains, et Drago le but sans regarder le contenu. C'était immonde, ça lui brûlait la langue, mais il continua à boire, les yeux dans le vide.

Dans une horrible réalisation, Drago imagina la possibilité que Granger puisse avoir un frère, dont il n'avait jamais entendu parler. Peut-être un Moldu, ou un garçon trop jeune pour intégrer Poudlard. Mais ça ne tenait pas debout : l'écriture qu'il avait aperçu était bien trop soignée pour appartenir à un enfant, et il pensait être assez proche de Granger pour connaître suffisamment de choses sur sa vie. Elle n'aurait pas pu lui cacher l'existence d'un frère.

Peut-être un cousin ? Mais alors, pourquoi aurait-elle répondu "personne", quand Drago lui avait demandé qui c'était ? Elle avait clairement fait exprès d'être vague. Mais pourquoi ?

Drago se prit la tête entre les mains, épuisé, sans remarquer qu'il renversa la moitié du contenu de son verre en le faisant.

Pourquoi à chaque fois qu'il se rapprochait de Granger, il avait l'impression qu'elle s'éloignait de lui ?