Drago


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Le 31 Août, Drago était en train de préparer ses bagages dans sa chambre, au Manoir. Il avait entassé ses livres, ses vêtements, son kit de potions, son télescope et ses deux uniformes, et essayait de fermer la malle de toutes ses forces quand il entendit un bruit de martèlement. Il se tourna vers sa fenêtre et vit un grand hibou marron, qui tapait son bec contre la vitre.

Il abandonna sa malle et se précipita pour laisser entrer l'oiseau. Quand il vit l'imposante silhouette de l'hibou, il comprit avec un pincement au cœur que ce n'était pas Granger, mais une lettre de l'école.

L'hibou déposa la lettre sur le lit de Drago, attendit son paiement, puis s'envola de nouveau. Drago observa la lettre écrite à l'encre verte émeraude : "Drago Malefoy, dans ses appartements du Manoir des Malefoy, Hardwick Road, Wiltshire."

Il fronça les sourcils : il avait déjà reçu ses résultats scolaires en début d'été, qui avaient tous été très bons, sauf pour l'Histoire de la Magie, l'Astronomie et l'Arithmancie. Il en avait même parlé à Granger, qui s'était vantée d'avoir reçu des Optimals partout.

Il ouvrit la lettre et trouva deux parchemins, les habituels qu'ils recevaient pour annoncer le jour de la rentrée et la liste des fournitures scolaires. Il les lut en diagonale sans comprendre : normalement, ils recevaient ces lettres bien plus tôt pendant l'été. Pourquoi annoncer la rentrée la veille ?

Un troisième parchemin s'échappa alors de ceux qu'il tenait dans les mains. Drago se pencha pour le ramasser et reconnut l'écriture de Rogue. Tout de suite, ses poils se hérissèrent.

Cher Drago Malefoy,

Pour vous féliciter de cette année réussie, et en raison de votre popularité auprès des élèves de votre Maison, nous vous informons que vous êtes officiellement nommé Préfet des Serpentards, en compagnie de Miss. Pansy Parkinson.

Nous espérons que vous prendrez ce rôle symbolique à cœur, et que vous succéderez à vos prédécesseurs en accomplissant toutes les tâches qui vous seront demandées avec sérieux et respect.

Ci-joint votre insigne de Préfet, que vous devrez accrocher à votre robe obligatoirement. Lorsque vous embarquerez dans le Poudlard Express le jour de la rentrée, merci de vous rendre dans le compartiment réservé aux préfets à l'avant du train, pour votre première réunion entre Préfets de Maisons.

Félicitations,

Avec mes salutations distinguées,

Professeur Severus Rogue, Directeur de la Maison des Serpentards.

Drago contempla le parchemin avec stupéfaction. Il avait complètement oublié que les préfets étaient nommés pendant l'été avant la cinquième année. Il décrocha l'insigne et l'observa : elle était divisée en quatre cases, deux vertes et deux noires, par dessus lesquelles un grand serpent argenté ondulait très légèrement. Un grand "P" était incrusté dessus.

Drago n'avait jamais été particulièrement studieux, pas autant que Granger du moins, mais il ne put s'empêcher de ressentir une vague de fierté. En plus, il était sûr et certain que Granger était la préfète de Gryffondor, avec ce satané Potter. Les réunions et les rondes étaient donc un nouveau prétexte pour la voir, ce qui était encore plus réjouissant.

Il garda l'insigne dans la main, rangea la lettre dans sa poche, et descendit les escaliers du Manoir à toute vitesse pour le montrer à sa mère. Il la trouva dans la véranda, en train d'inspecter les feuilles de plantes trop brunes pour les couper. Quand il entra aussi hâtivement, Narcissa fit les gros yeux :

"Merlin, Drago ! Tu vas tout renverser…"

Il ne répondit rien et lui montra simplement l'insigne, qui brillait dans le creux de sa main. Sa mère la regarda, puis sourit quand elle comprit.

"Oh, Drago, je suis très fière de toi." dit-elle.

Drago n'avait jamais vraiment réussi à arracher une réaction authentique de sa mère : elle était toujours calme et posée, pour respecter les manières des Sang-Purs qui ne laissaient jamais entrevoir la moindre émotion trop intense. Cependant, elle s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras, ce qui était assez rare. Drago répondit à l'étreinte de sa mère brièvement.

"J'ai été moi-même préfète, tu sais." dit-elle en se détachant de son fils.

"C'est vrai ?"

"Oui. Je pense même qu'il existe toujours un ou deux trophées, que j'avais reçu pour me féliciter de mon attitude." dit Narcissa avec un sourire fier. "Si tu parviens à rester aussi responsable que depuis ta première année, je suis sûre que tu en auras aussi."

Drago sourit, et dans un flash, il se vit : évanoui dans le canapé de la Salle Commune complètement ivre, ou en train de coucher avec Pansy dans son lit du dortoir, ou en train de tenir la main de Granger sur leur banc. Il hocha la tête en pensant intérieurement qu'il était probablement le garçon le moins responsable des Serpentards, pendant que sa mère lui tapotait gentiment la joue.

"Va le dire à ton père, il doit être dans son bureau." conseilla-t-elle. "Ça lui fera plaisir d'entendre une si bonne nouvelle."

Drago obéit à contrecœur. Il sortit de la véranda sous le regard tendre de Narcissa et retourna dans les escaliers du Manoir pour monter jusqu'aux appartements de son père. Il essaya de se persuader qu'il faisait ça pour sa mère, pour lui faire plaisir, pour faire semblant que leur famille était normale. Mais au fond de lui, il savait que c'était faux.

Drago détestait cette sensation. Il se détestait de vouloir encore impressionner son père, d'espérer entrevoir de la fierté dans ses yeux gris. Il avait autant peur de lui que de volonté de le rendre fier.

Pour arrêter ce dilemme intérieur, Drago Occluda.

Il toqua trois fois à la porte du bureau et la voix irritée de son père lui répondit un "entrez !" sec. Drago ouvrit la porte, et vit Lucius, assis derrière son bureau, penché sur plusieurs parchemins raturés.

Drago n'avait pas beaucoup vu Lucius cet été, excepté pour les repas du soir. Son père lui avait à peine adressé la parole, trop occupé dans son bureau, et pensif pendant les dîners. Il ne lui avait même pas demandé ses résultats de fin d'année, une coutume qu'il avait pourtant fait chaque année précédente.

Quand il vit Drago rentrer, Lucius lui jeta un coup d'œil furtif.

"Ah, Drago, c'est toi." marmonna-t-il. "Je pensais que c'était cet abruti d'elfe, même pas capable de chauffer de l'eau convenablement…"

Sa voix était teintée de fatigue et de colère refoulée. Drago savait mieux que personne qu'il ne fallait surtout pas déranger son père quand il était de cette humeur, parce que chaque personne qui se présentait à lui devenait aussitôt une cible pour déverser sa rancœur. Il se dépêcha donc de lui expliquer sa présence :

"Mère voulait que je vous montre ce que j'ai reçu par courrier."

Il lui présenta l'insigne et Lucius mit plusieurs secondes à lever la tête de nouveau pour regarder. Quand il le vit, ses traits restèrent aussi contractés.

"Préfet ?" demanda-t-il froidement.

Drago hocha timidement la tête.

"Et bien, évidemment que tu l'es." répondit Lucius, qui plissa les lèvres de dégoût. "Ce vieux Dumbledore, gâté, sénile, fou, a au moins l'obligence de reconnaître que mon fils mérite d'être préfet ! Avec tout l'argent que j'ai donné à cette maudite école !"

"En fait, c'est une initiative de Rogue, je crois." contredit Drago.

Lucius leva la tête vers son fils pour lui jeter un regard noir.

"Ah, c'est Rogue. Bien sûr. Un ami de la famille. C'est évident qu'il a le bon sens de te nommer préfet, il connaît les valeurs des Malefoy. Mais je pense toujours que tu aurais été bien mieux à Durmstrang, là-bas, tu aurais appris les vraies fondations de tout sorcier qui se respecte. Enfin, du moins, avant que cet idiot de Karkaroff s'enfuie comme le lâche qu'il est !

Mais il sera bien retrouvé, n'en doute pas !" continua Lucius, d'une voix beaucoup plus forte.

Drago se demanda si son père lui parlait réellement, ou s'il pensait être de nouveau seul dans la pièce. Il continua sa tirade un long moment, sans le regarder, et en parlant de choses que Drago ne comprenait pas du tout.

Drago risqua alors un regard discret vers les parchemins de son père : c'était des listes de noms. Certains avaient été entourés, comme ceux de "Saul Funestar", "Broderick Moroz" ou "Sturgis Podmore". Mais avant qu'il puisse déchiffrer ce que ça voulait dire, Lucius leva brutalement la tête vers Drago, qui détourna le regard et fit semblant d'avoir écouté son père tout le long.

Lucius se leva de sa chaise et fit les cent pas dans son immense bureau, visiblement troublé par quelque chose.

"Mais Dumbledore a forcément donné le rôle de préfet à son précieux Potter." marmonna-t-il d'une voix absente. "Je suis prêt à parier qu'il l'a nommé préfet… Après qu'il ait failli se faire expulser, juste pour humilier le Ministère… Maudit Dumbledore…"

"Potter a failli se faire expulser ?" demanda Drago, tellement surpris qu'il ne put s'empêcher de poser la question.

"Oui, après avoir utilisé la magie dans son village de Moldus." expliqua Lucius, en crachant le dernier mot comme s'il portait malheur. Il ne regardait toujours pas Drago et faisait les cent pas continuellement devant la grande cheminée en granit.

"Mais il a réussi à s'en sortir ? Il va retourner à Poudlard ?" demanda Drago.

Ce n'était visiblement pas la bonne chose à dire. Lucius s'arrêta soudain de marcher et regarda son fils avec colère :

"Évidemment qu'il a "réussi", sinon je n'aurais pas dit "failli", Drago. Et ce n'est pas vraiment une réussite, c'est plutôt un coup monté de la part de Dumbledore, une énième ruse… Une réussite… Tu penses que Potter qui retourne à Poudlard est une réussite, Drago ?"

Drago secoua la tête, et Lucius le congédia d'un revers de la main. Il n'avait visiblement pas apprécié sa réaction, s'attendant peut-être à des centaines de questions, ou de l'admiration.

Drago se retrouva donc dehors, le cœur serré par l'absence de félicitations de son père.

Il décida donc de se rendre chez Blaise. Il était sûr de recevoir plus d'affection là-bas que de la part de ses deux parents. Il sortit donc, toujours avec son insigne dans la main, et fit le chemin jusqu'au Manoir de Blaise.

Il avait tellement pris ce chemin qu'il le connaissait par cœur, jusqu'à chaque buisson sur la place du village, chaque tournure de route. Drago pensa à Granger. Il s'imaginait sa réaction en voyant la lettre de préfète, et ne put s'empêcher de sourire en la visualisant, les bras en l'air, les larmes aux yeux, en train d'hurler de joie. Il espérait que Weasley ne lui gâcherait pas trop ce moment.

Drago traversa le rez-de-chaussée du Manoir de son meilleur ami et trouva Théo et Blaise, en train de lire dans le jardin. Pansy était allongée par terre à côté, en train de se limer les ongles au soleil.

"Hey Dray !" lança Blaise en le voyant arriver. "Jus de pomme ?"

Il lui tendit un verre de jus de pomme frais, que Drago prit volontiers. Théo et Pansy lui lancèrent des "bonjour" sans le regarder, tous les deux concentrés dans leur tâche. Drago s'assit en face d'eux et sirota son jus en contemplant le jardin fleuri, essayant de trouver un moyen de leur annoncer la nouvelle.

"Pansy, ça fait longtemps que tu n'es pas allée chez toi ?" demanda soudain Drago en essayant de dissimuler son sourire.

Elle leva la tête vers lui, un sourcil arqué.

"J'y étais ce matin. J'ai fini mes valises, si c'est ce que tu insinues."

"Et tu n'aurais pas reçu une lettre, par hasard ?" continua-t-il.

En entendant ça, Théo leva enfin la tête de son livre pour écouter l'échange. Pansy fit non de la tête.

"Alors… Un hibou t'attend à ta fenêtre." répondit Drago avec un sourire.

"Quoi ? Comment tu peux savoir ça ?"

"Tu parles de la lettre de fournitures ?" demanda Blaise, les sourcils froncés.

"Entre autres…"

Il déplia alors sa main à cet instant, leur montrant son insigne à tous les trois. Pansy s'exclama, Blaise éclata de rire et Théo écarquilla les yeux.

"On est préfets ?!" demanda Pansy, visiblement contrariée.

"Il faut croire que oui." dit-il avec un petit rire.

Il lui tendit la lettre de Rogue, que Pansy prit avec hâte pour en lire le contenu. Quand elle tomba sur son nom, elle maugréa :

"Mais je ne voulais pas être préfète, moi !" dit-elle d'une voix plaintive.

"Pourquoi ?"

"Mon père va être ravi." dit Pansy avec une moue déçue. "Et les préfets doivent empêcher d'organiser des fêtes, pas les organiser."

"Oui, mais pense à tout ce que tu pourras faire en tant que préfète." contredit Blaise avec un sourire rusé. "Au lieu de réprimander les élèves qui traînent dans les couloirs, tu pourras les inviter à venir. Tu pourras faire passer des messages. Et surtout, tu pourras punir ceux qu'on aime pas !"

En entendant ça, le visage de Pansy s'éclaircit soudain :

"C'est vrai ! Tu as raison !"

"La question est : comment avez-vous pu être préfets, tous les deux ?" continua Blaise, qui riait toujours.

"Je te signale que nous sommes les deux plus populaires de Serpentard." dit Pansy avec un air snob, une parfaite copie du dédain de Narcissa. "De l'école entière, même !"

"Peut-être, mais vous êtes ivres morts toutes les semaines." objecta Blaise.

"Et alors ? Toi aussi." dit Pansy d'un ton accusateur.

Blaise leva les mains en l'air, comme pour se rendre, toujours sans quitter son sourire en coin :

"Mais je ne suis pas celui qui doit accrocher son insigne sur sa robe, si ?"

Drago ricana aussi. C'était vrai que Rogue n'avait pas choisi les élèves les plus exemplaires de la promotion. Pansy fut sur le point de répliquer, quand Théo ferma son livre dans un bruit sec. Blaise, Pansy et Drago se tournèrent vers lui. Son visage était marqué par une profonde contrariété.

"Je monte dans ma chambre." les informa-t-il sèchement. "Félicitations à vous, les préfets."

Et il s'échappa avant que l'un d'eux puisse dire quoi que ce soit. Drago remarqua que les épaules de Théo tremblaient un peu, juste avant qu'il ne rentre dans le Manoir et disparaisse de leur vue.

"Quoi ? C'était quoi, ça ?" demanda Drago d'un ton irrité. "C'est ça, sa réaction ? "Félicitations à vous, préfets" ? Même mon père a été plus expressif que ça !"

Contrairement à ce qu'il aurait pu penser, Pansy n'approuva pas ses propos. Elle regarda l'entrée où Théo avait disparu en se mordant la lèvre. Blaise avait perdu son sourire en coin.

"Oh…" dit Pansy doucement. "Je n'avais pas pensé à ça…"

"Pensé à quoi ?" demanda Drago, agacé par la tournure des événements.

"Drago." dit gravement Blaise. "Théo veut être préfet depuis la nuit des temps. Tu le sais bien, non ?"

Et en une seconde, Drago comprit enfin pourquoi Théo avait fait cette tête en voyant son insigne.

Depuis qu'il l'avait reçu, il n'avait pas pensé une seule fois à Théo, alors qu'il savait pertinemment qu'il voulait être préfet. Il avait toujours fait des recherches pour le devenir, il en parlait depuis la troisième année. Drago ressentit une petite pique de honte à l'idée d'avoir pu blesser son meilleur ami sans même le réaliser.

"Oh." dit-il, incapable de trouver quelque chose de censé à dire après avoir réagi aussi mal.

"Il doit probablement se dire qu'il le mérite mieux que nous." dit Pansy d'une petite voix.

Drago ne sut que répondre. D'un côté, son égo de Serpentard en voulait égoïstement à Théo de ne pas avoir sauté de joie en entendant cette nouvelle. Il s'était attendu à des félicitations beaucoup plus chaleureuses. Mais de l'autre côté, il comprenait pourquoi Théo était déçu. Il voulait être préfet depuis toujours, alors que Drago avait carrément oublié l'existence de ce poste.

Partagé, il préféra ne rien dire, pour ne pas aggraver la situation. Pansy baissa tristement le regard, peinée pour Théo. Pendant quelques secondes, personne ne parla, avant que Blaise ne se lève :

"Je vais aller le voir."

Ni Pansy ou Drago n'objecta. Drago savait que Blaise était la meilleure personne pour consoler quelqu'un, surtout Théo. Blaise prit le même chemin que lui et disparut à son tour. Seuls Pansy et Drago restèrent dehors, mais étrangement, toute la fierté que Drago avait ressenti en lisant la lettre s'était évaporée.

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Hermione


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"Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Préfète ! Oh mon Dieu !" hurla Hermione, seule dans la chambre du Square Grimmaurd.

La lettre manuscrite de McGonagall lui annonçant son rôle de préfète tomba sur le lit, pendant qu'Hermione sautait littéralement de joie. Elle dansa plusieurs secondes, savourant cette sensation de bonheur intense qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps, les bras en l'air et des larmes de joie aux yeux. Pattenrond, qui passait par là pour comprendre pourquoi sa maîtresse était soudain si enjouée, se fit emporter dans la danse improvisée d'Hermione qui le serra dans ses bras en criant de joie.

Quand elle reposa le pauvre Pattenrond, Hermione prit l'insigne dans sa main : il était rouge et or, avec un lion doré dessus qui rugissait sans bruit. La lettre "P" brillait au centre du blason.

Elle voulut hurler de bonheur dans les couloirs de Square Grimmaurd, mais se rappela soudainement elle était. Elle sortit donc "calmement" de sa chambre (en trépignant) et entra dans celle des garçons (essoufflée). Harry, Ron et les jumeaux regardaient tous la main d'Harry. Quand elle vit qu'Harry tenait le même insigne qu'elle, elle hurla sans pouvoir se contrôler :

"Je le savais ! Moi aussi, Harry, moi aussi !"

Elle montra son insigne et sa lettre à son meilleur ami, prête à lui courir dans les bras, mais le visage épouvanté d'Harry l'arrêta net dans sa marche.

"Non, non !" s'écria-t-il en donnant son insigne à Ron, qui se tenait à sa gauche. "C'est Ron, pas moi."

"Quoi ?" demanda Hermione sans comprendre.

"C'est Ron qui est préfet, pas moi." expliqua Harry d'un ton paniqué.

Hermione fut tellement surprise par ce retournement de situation qu'elle mit du temps à comprendre ce qu'il voulait dire.

"Ron ? Tu es sûr ?" demanda-t-elle, avant de réaliser son erreur une seconde trop tard. "Je veux dire…"

Elle se tourna vers Ron, dont le visage s'était brutalement fermé, comme si elle venait de l'insulter. Hermione ressentit un profond embarras lui écraser la cage thoracique.

"C'est à moi que la lettre est adressée." dit-il, le plus sèchement possible.

"Je…" balbutia Hermione, très gênée par sa maladresse. "Je… Eh ben dis donc ! Wouaooo ! Bravo, Ron ! C'est vraiment…"

"Inattendu." conclut George en hochant la tête.

"Oh non !" dit Hermione, qui sentait les rougeurs lui monter aux joues. "Non, ce n'est pas… Ron a fait beaucoup de… il est très…"

Elle ne put terminer sa phrase, parce que Mrs. Weasley entra dans la pièce à cet instant avec une grande pile de linge.

"Ginny m'a dit que les listes de livres étaient enfin arrivées." dit-elle, sans faire attention à ce qu'ils disaient. "Vous n'aurez qu'à me les donner, j'irai faire un tour sur le Chemin de Traverse cet après-midi et je prendrai vos livres pendant que vous préparerez vos valises. Ron, il faut que je t'achète d'autres pyjamas, les tiens sont trop courts d'au moins quinze centimètres. C'est fou ce que tu grandis vite… Quelle couleur tu voudrais ?"

Ron ouvrit la bouche pour répondre, mais George fut plus rapide :

"En rouge et or, pour aller avec son insigne."

"Aller avec quoi ?" demanda Mrs. Weasley d'un air absent, focalisée sur la paire de chaussette violette qu'elle pliait.

"Son insigne." répéta Fred lentement. "Son magnifique insigne tout neuf et tout brillant de préfet."

"Son… Mais… Ron, tu n'es pas…" marmonna Mrs. Weasley, toujours trop concentrée sur les pyjamas de Ron pour écouter ce que venait de lui annoncer son fils.

Quand elle leva enfin la tête et vit l'insigne dans la main de Ron, elle laissa échapper un cri perçant de surprise.

"Oh ! Je n'arrive pas à le croire ! Je n'arrive pas à le croire ! Oh, Ron, c'est tellement merveilleux ! Un préfet ! Tout le monde l'a été dans la famille !"

"Et Fred et moi, on est quoi ? Des voisins de palier ?" s'indigna George.

Molly ne fit pas attention à George et se précipita sur son plus jeune fils pour le prendre dans ses bras. En étreignant sa mère, le visage irrité de Ron se détendit quelque peu.

"Quand ton père saura ça !" continua-t-elle, folle de joie. "Oh, Ron, je suis si fière de toi, quelle fabuleuse nouvelle, tu deviendras peut-être préfet-en-chef, comme Bill et Percy, c'est le premier pas ! Oh, quelle joie au milieu de tous ces soucis, je suis enchantée, oh, Ronnie…"

Hermione avait rarement vu la mère Weasley donner autant d'affection à l'un de ses enfants aussi passionnément, et il était vrai que dans cette maison sombre et maussade, ça faisait beaucoup de bien de voir une scène aussi émouvante.

Quand elle le couvrit de baisers, cependant, Ron devint soudain tout rouge.

"Maman, calme-toi…" dit-il doucement, en essayant de s'échapper de sa prise.

"Alors, qu'est-ce que ça va être ?" demanda Mrs. Weasley, la voix chargée d'émotions, une fois qu'elle eut lâché Ron. "On avait offert un hibou à Percy mais tu en as déjà un…"

"Que… Qu'est-ce que tu veux dire ?" demanda Ron, abasourdi.

"Il faut bien te récompenser !" dit sa mère avec douceur. "Tu veux des nouvelles tenues de soirée ?"

"On lui en a déjà acheté." grommela Fred.

"Ou un chaudron neuf ?" proposa-t-elle. "Le tien est tout rouillé, il faut dire qu'il date du temps de Charlie. Ou peut-être un autre rat ? Tu as toujours aimé Croûtard…"

"Maman ?" dit Ron, plein d'espoir. "Est-ce que je pourrais avoir un nouveau balai ?"

Hermione s'était attendue à une telle demande, Ron avait toujours aimé les balais, comme Harry. Elle regarda anxieusement la mère de famille, dont les traits s'affaissèrent un peu.

"Pas un vraiment beau !" s'empressa d'ajouter Ron. "Simplement un neuf, pour changer…"

Mrs. Weasley sourit faiblement.

"Bien sûr que tu l'auras… Bon, je ferais bien de me dépêcher si je dois aussi acheter un balai. À tout à l'heure, vous tous… Le petit Ronnie, préfet ! Et n'oubliez pas de faire vos bagages… Préfet… Oh, j'en suis toute retournée !"

Elle embrassa une dernière fois son fils (qui dû se pencher pour arriver à sa hauteur), renifla, et quitta la pièce. Fred et George échangèrent un regard.

"J'espère que tu ne seras pas fâché si on s'abstient de t'embrasser, Ron ?" demanda Fred d'un ton faussement inquiet.

"On peut remplacer ça par une révérence si tu préfères…" continua George.

"Ça suffit." répliqua Ron, toujours un peu rosé.

"Sinon, quoi ?" demanda Fred sur un ton de défi. "Tu vas nous donner une retenue ?"

"J'aimerais beaucoup qu'il essaye." dit George avec un rire.

"Il pourrait très bien, si vous ne faites pas attention à vous !" dit Hermione, qui voulait défendre Ron.

Fred et George éclatèrent d'un rire sonore. Ron grogna :

"Laisse tomber, Hermione."

Visiblement, il était toujours fâché.

"Il va falloir qu'on surveille nos conduites, George !" dit Fred en faisant semblant de trembler de peur. "Avec ces deux-là pour nous surveiller…"

Il pointa du doigt Hermione et Ron avec un rire.

"Oui, j'ai bien peur que la belle époque où on se fichait du règlement soit terminée…" continua George.

Dans un dernier éclat de rire, les jumeaux transplanèrent en même temps dans un "crac !" sonore.

"Ah, ces deux-là !" s'écria Hermione avec colère. "Ne fais pas attention à eux, Ron, ils sont juste jaloux…"

"Je ne crois pas…" répondit Ron. "Ils ont toujours dit qu'il n'y a que les imbéciles qui deviennent préfets… N'empêche," ajouta-t-il d'un ton plus joyeux, "ils n'ont jamais eu de balais neufs, eux ! J'aimerais bien pouvoir le choisir avec Maman… Elle n'aura pas les moyens d'acheter un Nimbus mais il y a le nouveau Brossdur qui vient de sortir, ce serait super… Oui, je vais aller lui dire que je voudrais un Brossdur, comme ça, elle saura quoi prendre…"

Et il sortit de la pièce à toute allure, un sourire aux lèvres.

Hermione se tourna alors vers Harry, et fut surprise de le voir aussi contrarié que Ron. Il détourna aussitôt le regard, mais Hermione n'eut aucune difficulté à comprendre ce qu'il ressentait. Lui aussi devait être un peu jaloux de Ron. Après tout, il plaçait Dumbledore suffisamment haut dans son estime, et voir qu'il ne faisait pas partie des élèves qui représentaient l'école devait être un peu douloureux.

"Harry ?" appela-t-elle doucement.

Ce dernier se mit soudain à ranger sa valise avec une attention qu'il n'avait jamais portée à ses affaires jusqu'à maintenant.

"Bravo, Hermione." dit-il, d'un ton si faussement appuyé qu'elle ne reconnut pas son timbre de voix. "Merveilleux. Préfète, c'est formidable."

"Merci…" répondit-elle.

Hermione pinça les lèvres. Elle connaissait Harry par cœur, et elle savait qu'il avait besoin d'être un peu seul, à cet instant. Elle chercha autour d'elle pour trouver un prétexte pour sortir de la pièce :

"Harry… pourrais-je t'emprunter Hedwige pour prévenir mes parents ? Ils seront vraiment contents… Au moins, préfète, ils comprennent ce que ça signifie."

"Bien sûr, pas de problème." dit-il, toujours de sa voix étranglée, et toujours sans la regarder. "Prends-la !"

Hermione se dirigea vers l'armoire où était perchée Hedwige et lui proposa son bras. La chouette d'Harry s'envola grâcieusement pour se poser et Hermione sortit de la chambre prestement.

Quand elle retourna dans la sienne, Ginny était assise sur son lit, et rangeait elle aussi ses pyjamas rayés.

"Hey Mione !" salua-t-elle. "Pourquoi as-tu Hedwige ?"

En croisant le regard étonné de sa meilleure amie, Hermione réalisa que Ginny était la seule personne de cette maison à pouvoir être sincèrement heureuse pour elle.

"J'ai été nommée préfète !" s'exclama Hermione.

Ginny se leva aussitôt, un bas de pyjama dans les mains. Un vrai et grand sourire sincère éclaircit aussitôt son visage :

"Oh ! J'en étais sûre ! Oh, Hermione, je suis trop contente pour toi, tu voulais tellement être préfète !"

Elles se prirent dans les bras de toute leur force. Hedwige fut perturbée par ce choc et alla plutôt se poser sur le rebord du bureau, tandis que les deux filles sautillaient de joie, toujours enlacées :

"Oh, je suis tellement heureuse !" s'écria Hermione. "Et avec Ron, en plus !"

"Ron ?!" répéta Ginny , en s'éloignant suffisamment d'Hermione pour pouvoir la regarder.

"Oui, mais ne lui fais surtout pas de commentaire, il a mal pris quand j'ai cru que c'était l'insigne d'Harry…"

"D'accord, je tâcherai de ne pas le faire." dit Ginny en hochant la tête, comme si elle comprenait parfaitement la réaction de son frère. "Il l'a annoncé à Maman ?"

"Oui, et elle va justement au Chemin de Traverse pour lui acheter un cadeau de félicitations, un nouveau balai…"

En entendant ça, Ginny fit une petite moue boudeuse.

"La chance ! Moi, je n'ai même pas de balai… Mais si Maman va au Chemin de Traverse, je vais vite lui demander de me prendre des gants, les miens sont troués… Bravo, Hermione, c'est une trop bonne nouvelle !"

Ginny serra une dernière fois les mains d'Hermione, et fila hors de la chambre. Hermione en profita pour se mettre derrière le petit bureau, où Hedwige attendait patiemment sa lettre à envoyer.

Hermione fouilla dans l'un des tiroirs et trouva un rouleau de vieux parchemin, une plume un peu cassée, et un pot avec un fond d'encre bleu marine. Elle y trempa la plume, prête à écrire la bonne nouvelle à ses parents, quand elle s'arrêta, la plume suspendue au-dessus du papier.

Et si, au lieu d'écrire "cher Maman et Papa", elle écrivait "cher Drago" ?

Personne ne le remarquerait. Elle pourrait faire croire qu'elle envoyait une lettre à ses parents, et l'envoyer à Drago. Ils lui faisaient tous confiance, ici. Et elle ne dévoilerait rien de confidentiel, elle lui donnerait simplement des nouvelles…

Un plan se dessina dans sa tête sans qu'elle le contrôle. Le problème avec le fait que son cerveau fusait, c'était que parfois, il allait trop vite. Elle pourrait lui envoyer une lettre sans que personne ne le sache, elle pourrait lui décrire ce qu'elle vivait. Elle s'imaginait déjà recevoir une lettre de lui cette nuit, découvrir ce qu'il avait fait de son mois d'Août, revoir son écriture…

Hermione tourna la tête, et elle croisa alors le regard orangé et inquisiteur d'Hedwige.

Aussitôt, son plan mental disparut.

Comment pouvait-elle imaginer que la chouette d'Harry porterait une lettre à Drago Malefoy, son ennemi juré ? Et si quelqu'un découvrait qu'Hermione Granger, la meilleure amie d'Harry Potter, envoyait des lettres à Drago Malefoy, le fils d'un Mangemort, en cachette, avec Hedwige ?

La culpabilité remonta dans sa gorge automatiquement et elle toussa pour essayer de la chasser. Comment pouvait-elle penser à ça ?

Pendant les quelques secondes où elle avait laissé son esprit vagabonder dans des imaginations scandaleuses, la plume avait goutté et tâché le papier. Hermione le retourna, et s'empressa d'écrire une longue lettre à ses parents, en essayant tant bien que mal de repousser Drago le plus loin possible dans son esprit.

Quand elle termina, elle avait utilisé la moitié du rouleau de parchemin. Elle attacha la lettre à la patte d'Hedwige et lui donna l'adresse de ses parents. La chouette hulula cordialement, et prit son envol à travers la fenêtre ouverte.

Hermione termina de ranger méthodiquement sa valise, en mettant les objets les plus précieux sur le dessus pour ne pas qu'ils s'abîment (son insigne de préfète, par exemple), et en essayant de caser tous ses livres. Sa malle se ferma aisément.

Vers 18h, Mrs. Weasley revint du Chemin de Traverse avec un nouveau balai pour Ron, une paire de gants mauve pour Ginny, et le reste de leurs fournitures scolaires. Heureusement, le nouveau cadeau de Ron sembla éclipser de sa mémoire tous les événements de la journée, y compris la réaction d'Hermione quand elle avait découvert qu'il était préfet.

Quand ils descendirent tous pour dîner, Hermione fut profondément touchée par la pancarte qu'avait accroché Mrs. Weasley :

"FÉLICITATIONS À RON ET À HERMIONE LES NOUVEAUX PRÉFETS."

"J'ai pensé que nous pourrions remplacer le dîner habituel par une petite fête." annonça Mrs. Weasley avec un sourire.

Hermione n'était que trop ravie par cette idée : elle n'avait certainement pas envie de passer sa dernière soirée dans la même ambiance maussade du mois d'Août.

Tout le monde se prêta donc au jeu, et chaque invité la félicitèrent chaleureusement :

"Félicitations, Hermione !" lui dit Sirius, avant de l'embrasser affectueusement sur la joue. "Je t'avais prévenu que tu étais la meilleure sorcière de ta génération, dès que je t'ai vue !"

Hermione acquiesça timidement en se souvenant des tendres paroles de Sirius lorsqu'elle avait réussi à le libérer, le soir où ils avaient appris la vérité sur le fameux Sirius Black, un an auparavant.

"Encore toutes mes félicitations, Hermione." dit tendrement Mrs. Weasley en la prenant dans ses bras. "Je dois dire que j'étais surprise par Ron, moi qui pensait qu'il filait du mauvais coton, comme ses deux frères aînés…" (Elle lança un regard peu amène aux jumeaux, qui discutaient avec Mondingus Fletcher un peu plus loin) "Mais je n'ai jamais douté de toi !" continua-t-elle en revenant sur Hermione. "Tes parents peuvent être fiers de t'avoir comme fille."

Hermione la remercia, sentant l'émotion l'envahir en entendant ces mots.

À cet instant, Mr. Weasley leva sa coupe de champagne :

"À Ron et Hermione, les nouveaux préfets de Gryffondor !"

Tout le monde but et applaudit. Hermione ne savait pas qui était le plus rouge des deux, elle ou Ron, mais en tout cas, elle n'arrivait plus à s'arrêter de sourire.

"Je n'ai jamais été préfète." dit Tonks joyeusement, arborant ce soir-là une coupe de cheveux rouge vif. "Le directeur de ma Maison disait que je manquais de certaines qualités indispensables."

"Par exemple ?" demanda Ginny.

"Par exemple… La capacité de me conduire convenablement." dit Tonks avec un sourire malicieux.

Harry et Ginny éclatèrent de rire. Hermione but une longue gorgée de Bièraubeurre, mais le goût lui rappela une soirée particulièrement éméchée, et elle s'étrangla à moitié sur la boisson caramélisée.

"Et toi, Sirius ?" demanda Ginny, qui tapait dans le dos d'Hermione pour faire passer sa gorgée de travers.

Ce dernier éclata de rire bruyamment :

"Personne n'aurait songé à me nommer préfet, je passais trop de temps en retenue avec James ! C'était Lupin, le bon élève, c'est lui qui a eu l'insigne."

"Dumbledore espérait peut-être que je parviendrais à exercer un certain contrôle sur mes meilleurs amis." dit Lupin avec un soupir. "Est-il besoin de préciser que j'ai lamentablement échoué ?"

Tout le monde rit en entendant ça. Quand Hermione alla vers le buffet pour se servir, Lupin en profita pour s'approcher d'elle, une coupe de champagne à la main, qu'il leva pour lui porter honneur :

"Félicitations, Hermione." lui dit-il, avec un petit sourire. "Je n'ai pas été ton professeur pendant très longtemps, mais j'étais sûre que tu serais brillante, dès le départ. Dumbledore et Professeur McGonagall ont eu raison de te choisir en tant que préfète."

"Merci beaucoup, Profess-... Remus." se corrigea-t-elle avec un sourire d'excuse.

"Tu dois probablement savoir à quel point le rôle de préfet est bénéfique pour les recherches de carrières, après Poudlard." dit Lupin, très sérieusement. "Est-ce que tu sais déjà ce que tu envisagerais de faire ?"

"Je souhaiterais travailler au Ministère." lui répondit Hermione très franchement.

Lupin haussa les sourcils, ne s'attendant visiblement pas à une réponse si précise et rapide.

"Vraiment ? Malgré tout ce qu'il s'y passe en ce moment ?" demanda-t-il, curieux.

"Justement, j'aimerais croire que je pourrais l'améliorer." dit Hermione, maintenant portée par la conversation, tant et si bien qu'elle parlait de plus en plus vite pour expliquer son point de vue : "Je pense que le Ministère ne place pas assez d'importance dans des sujets pourtant capitaux du monde des sorciers, notamment la défense pour les créatures considérées injustement comme "inférieures"."

"Vraiment ?" dit Lupin, très intéressé. "Et quelles créatures en particulier aimerais-tu aider ?"

"Les elfes de maison, Monsieur." répondit fièrement Hermione.

"Les elfes de maison ?" répéta Lupin sans cacher son étonnement.

"Tout à fait." affirma Hermione avec détermination. "Je pense qu'ils sont maltraités, et qu'ils méritent des droits. Vous comprenez, c'est le même genre d'absurdité que la ségrégation à l'égard des loups-garous. Tout cela vient de cette détestable manie qu'ont les sorciers de croire qu'ils sont supérieurs à toutes les autres créatures…"

Lupin écouta son discours avec attention, sans émettre le moindre jugement, ce qui était assez plaisant après toutes les remarques négatives sur la S.A.L.E. Elle lui parla de son association, et des idées qu'elle avait mis en place pour les aider.

"Je ne sais pas si les elfes de Poudlard sont les premiers à souffrir des maltraitances causées par les sorciers." dit Lupin, une fois qu'elle eut terminé de lui expliquer sa volonté de les libérer.

Il tourna la tête et observa Kreattur, qui était recroquevillé sous la table, et regardait chaque convive avec un regard plein de rancune.

Ce fut à ce moment précis qu'Hermione eut une idée.

Le reste de la soirée se passa remarquablement bien. Même Harry avait décoléré et semblait maintenant plus tranquille à l'idée que Ron soit nommé préfet. En même temps, il était difficile d'en vouloir à Ron, quand ce dernier avait l'air si heureux d'avoir reçu un balai tout neuf, dont il vantait les mérites à chaque personne qu'il croisait. Hermione l'écouta parler de chaque qualité que son nouveau Brossdur possédait en essayant de comprendre le charabia qu'il lui décrivait. Sans savoir pourquoi, elle souriait en l'écoutant parler si passionnément.

La soirée se termina dans une ambiance beaucoup plus plaisante que les derniers soirs. Tout le monde alla se coucher vers 22h, car il fallait se lever tôt le lendemain.

Hermione mit en pyjama et fit sa toilette. Mais quand elle se dirigea vers la chambre qu'elle partageait avec Ginny, elle entendit soudain des reniflements provenant de l'étage du dessous.

Elle descendit les escaliers sur la pointe des pieds, et pencha la tête pour voir qui faisait ce bruit-là. Quand elle aperçut Molly Weasley, seule à la grande table de la cuisine, en train de pleurer, son cœur fit un bond dans sa poitrine, et Hermione se hâta de descendre pour la rejoindre.

"Mrs. Weasley ? Est-ce que tout va bien ?" demanda-t-elle à voix basse quand elle arriva dans la cuisine.

"Oh, Hermione, je suis désolée, c'est stupide, vraiment stupide !" dit Mrs. Weasley, en s'essuyant les yeux avec une serviette. "Je viens de tomber sur un Épouvantard, et oh, c'était affreux, affreux…"

La mère de famille se moucha et Hermione réalisa pourquoi elle était si désemparée. Elle se doutait que son Épouvantard devait être lié à ses enfants. Son cœur se serra douloureusement.

"Voulez-vous un peu de thé ?" proposa Hermione.

"Oh… Oui, volontiers. Merci." accepta la mère de Ron d'une petite voix.

Hermione s'affaira pour préparer deux tasses de thé : étant donné que la maison était entièrement sorcière, il était difficile de faire chauffer de l'eau sans magie, alors ce fut Mrs. Weasley qui chauffa l'eau avec sa baguette. Hermione fit tremper deux sachets de thé à la cannelle et donna la deuxième tasse à Molly.

"Tu dois penser que je suis une idiote." marmonna-t-elle quand Hermione s'assit à côté d'elle. "Pleurer pour un Épouvantard…"

"Je ne vous prendrais jamais pour une idiote, Mrs. Weasley." répondit-t-elle sincèrement. "C'est une période difficile… Mais mon père dit tout le temps qu'un thé répare tous les soucis."

"Ton père est un homme de bon conseil, alors." dit Mrs. Weasley avec un petit sourire.

Elles prirent toutes les deux une gorgée. Dès qu'elle sentit le goût de la cannelle, Hermione sentit les effets familiers du réconfort se déverser en elle, et elle soupira de plaisir. Elles burent leur thé en silence, et Molly parvint à se calmer.

"Merci, Hermione." dit-elle avec un soupir soulagé. "Je me sens déjà un peu mieux. Oh, c'est vraiment stupide de me mettre dans tous mes états pour ça… C'est juste qu'avec Percy qui est parti, je…"

Un sanglot l'empêcha de continuer et elle prit une nouvelle gorgée de thé pour éviter de fondre en larmes de nouveau.

"C'est une excellente nouvelle, en tout cas, cette élection de préfets." poursuivit Mrs. Weasley en montrant la banderole au-dessus d'elles, probablement pour changer de sujet. "Nous sommes tous très fiers de vous. Et c'était un excellent moyen de nous changer les idées, tu ne penses pas ?"

"J'ai trouvé que cette petite fête était en effet une très bonne dernière soirée avant de retourner à Poudlard." confirma Hermione, et Mrs. Weasley hocha la tête tristement. "Au fait, Mrs. Weasley… Je voulais vous demander quelque chose, mais j'ai peur de mal choisir mon moment…"

"Au contraire, Hermione, si tu réussis à me faire oublier cet horrible Epouvantard, je t'en serais très reconnaissante." assura la mère de Ron.

"Alors voilà… Je souhaiterais commencer une nouvelle activité, et je voulais savoir si vous pouviez m'apprendre." dit Hermione d'une voix mal assurée.

"Une activité ?" répéta Mrs. Weasley en fronçant les sourcils. "Oh… Je ne sais pas faire grand chose, tu sais…"

Hermione n'était pas d'accord : elle trouvait que Mrs. Weasley excellait dans beaucoup de domaines, et qu'elle avait tendance à se sous-estimer.

"J'aimerais apprendre à tricoter." annonça Hermione.

En entendant ça, les yeux rougis de Molly s'illuminèrent d'un coup. Ses traits affaissés par la tristesse s'étirèrent tout de suite dans un grand sourire excité.

"Tricoter ? Oh, mais quelle excellente idée, Hermione ! Je peux t'apprendre ça, bien sûr !" s'exclama-t-elle.

Elle se leva précipitamment et alla fouiller dans une boîte qui se trouvait là. Quand elle retourna à la table, elle tenait trois rouleaux de laine rose pâle et deux paires d'aiguilles.

"J'ai toujours voulu apprendre à mes enfants à tricoter, mais ils ont tous refusé." expliqua Mrs. Weasley, en plaçant chaque pelote de laine dans un ordre précis sur la table. "Ginny a essayé, mais elle n'a jamais réussi à faire quoique ce soit, et s'est vite lassée..."

Elle lui tendit deux aiguilles qu'Hermione prit entre ses doigts.

"Le tricot est extrêmement simple, quand on sait le faire par magie." expliqua Mrs. Weasley en se rasseyant, d'un ton soudain plus enjoué. "Tu ne peux pas l'utiliser maintenant, mais je peux te montrer comment faire." Elle prit sa baguette et la pointa sur la première pelote de laine : "La formule que tu dois utiliser est "Lanam Nere Macula"".

En disant le sort, elle fit un cercle compliqué avec sa baguette, comme si elle voulait enrouler quelque chose avec. Aussitôt, le bout du fil de laine de la pelote se détacha et s'accrocha aux deux aiguilles, qui bougèrent toutes seules. Au bout de quelques secondes seulement, une rangée de laine se forma dans les airs.

Hermione regarda, subjuguée. Même si elle était à Poudlard depuis cinq ans, elle n'arrivait toujours pas à s'habituer véritablement à la magie. Mrs. Weasley tourna sa baguette plusieurs fois pendant de longues secondes, comme pour corriger la trajectoire du fil, avant de la reposer sur la table. La laine continuait de se tricoter elle-même.

"C'est tout ?" s'exclama Hermione.

"C'est tout." confirma la mère de Ron. "Il faut simplement utiliser cette formule, et dessiner la forme souhaitée avec sa baguette. Par exemple, ici, je fais des gants."

Effectivement, plus Hermione observait les mailles s'enchaîner, plus elle devina la forme du gant.

Mrs. Weasley lui montra le geste à faire avec sa baguette, qu'Hermione reproduisit sans dire la formule magique. Puis, Molly lui montra comment tricoter façon moldue.

"Pour bien comprendre comment le tricot magique fonctionne, il faut comprendre comment le faire sans magie." expliqua ensuite Mrs. Weasley "Tiens, je vais te montrer…"

Mrs. Weasley montra alors à Hermione chaque étape du tricot moldu. Elle lui expliqua les différentes techniques, comment faire des mailles, imaginer des patrons... Elle faisait des gestes très lents et expliquait chacun de ses gestes avec des mots précis. Puis, elle invita Hermione à essayer. Au début, toute la laine s'emmêla et elle fit de gros noeuds, mais grâce aux nombreux conseils de Mrs. Weasley, Hermione finit par réussir un rang de mailles parfaites.

"Bravo Hermione, tu as réussi !" félicita Mrs. Weasley une heure plus tard, quand Hermione réussit à faire un carré de couleur rose pâle, avec tout de même quelques imperfections ici et là.

"Merci, Mrs. Weasley. Ma mère va être ravie, elle a toujours adoré tricoter, mais je n'ai jamais eu la patience. Je pourrais lui envoyer un bonnet par hibou, une fois que je me serais amélioré !"

En réalité, Hermione avait pour projet de tricoter des petits vêtements pour les elfes de maison, pour les libérer. Mais elle préféra ne rien dire à Mrs. Weasley, qui n'approuverait sûrement pas ces méthodes un peu radicales.

"Oh, Merlin, Hermione, tu as vu l'heure ?!" s'exclama soudain Molly en regardant l'énorme horloge de la cuisine. "Il faut vite qu'on aille dormir, demain est un grand jour, surtout pour toi ! Allez, au lit !" dit-elle en se levant.

Hermione débarrassa les deux tasses, souhaita une bonne nuit à Mrs. Weasley, et alla se coucher. Mais au moment où elle sortit de la cuisine, la voix de la mère de Ron résonna un peu dans la cuisine :

"Hermione ?"

La concernée se retourna. Molly se tenait dans l'embrasure de la porte de la cuisine plongée dans le noir.

"Oui, Mrs. Weasley ?"

"Merci encore de m'avoir changé les idées." dit la mère de famille, dont les yeux n'étaient plus rouges. "Et merci d'être venue, cet été. Tu as réussi à nous remonter le moral quand ça semblait impossible."

"Avec plaisir, Mrs. Weasley."

Et Hermione partit se coucher. Quand elle s'allongea dans son lit à côté de Ginny qui dorlait profondément, Hermione sourit en regardant le plafond. Son coeur était rempli : elle avait la douce impression d'avoir passé quelques heures en compagnie de sa propre mère.

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Le lendemain, le chaos habituel de la maison de jour de rentrée se fit retentir au Square Grimmaurd. Tout le monde courait, cherchait quelque chose, et criait dans tous les sens. Hermione mit du temps à capturer Pattenrond, qui ne voulait plus subir de transplanage. Il n'arrêtait pas de se tortiller dans ses bras, en feulant dès qu'il voyait la cage posée sur le lit.

"Pattenrond, nous y allons à pied !" s'impatienta Hermione. Mais son chat refusait d'écouter.

Quand Hedwige tapota son bec contre le carreau de la vitre, Hermione lâcha Pattenrond qui s'enfuit sous le lit. Elle ouvrit à la chouette d'Harry et lut rapidement la lettre de ses parents, qui la félicitaient pour son nouveau rôle de préfète, et lui souhaitait une bonne rentrée.

"Qu'est-ce qu'il se passe ici ?" demanda Ginny en entrant dans la chambre.

"Pattenrond refuse d'entrer." expliqua hâtivement Hermione, en rangeant la lettre dans son sac de voyage. "Je crois qu'il a peur de transplaner…"

Ginny s'accroupit pour chercher Pattenrond sous le lit. Hermione l'entendit murmurer des paroles rassurantes, et comme par magie, elle se redressa deux secondes plus tard avec un Pattenrond bien plus détendu dans les bras. Quand elle le passa à Hermione, le chat se tortilla nerveusement de nouveau.

"Pattenrond !" cria Hermione quand il la griffa au bras. "Ginny, je crois que mon chat te préfère à moi."

Ginny eut un petit rire, caressa le museau du chat agacé, puis proposa à Hermione :

"Tu veux que je descende ta malle en bas ?"

"Oh, oui, ça m'aiderait beaucoup !" dit Hermione, qui essayait vainement de porter Pattenrond et Hedwige sur deux bras différents.

Elles sortirent de la chambre, Ginny avec sa valise et celle d'Hermione, et Hermione avec les animaux. Ginny porta les malles jusqu'au palier des escaliers, mais pile à cet instant, les deux valises marrons de Fred et George surgirent au-dessus de leur tête : elles étaient visiblement ensorcelées pour descendre toutes seules.

L'une d'entre elles frappa alors violemment le crâne de Ginny, qui tomba en avant et dégringola toutes les marches de l'escalier dans un grand bruit.

"GINNY ! Mon Dieu, tu vas bien ?!" hurla Hermione du haut des escaliers.

Pattenrond se débattait avec encore plus d'ardeur, effrayé par la tournure calamiteuse des événements.

"Ça va, ça va…" marmonna Ginny en se massant le crâne.

Réveillée par le bruit de la chute, le portrait de la mère de Sirius commença à hurler dans tout le rez de chaussée :

"SATANÉS TRAÎTRES À VOS SANGS, SANGS DE BOURBE, IMMONDICES !"

"Merlin, Ginny !" s'écria Mrs. Weasley, alertée par le bruit. "Tu es tombée ? ET POURQUOI CES VALISES VOLENT-ELLES ? NE ME DIS PAS QUE TES FRÈRES LES ONT ENSORCELÉES ! FRED, GEORGE !"

Ginny se leva péniblement tandis qu'Hermione descendait précipitamment les escaliers, Pattenrond toujours dans ses bras et Hedwige posée sur son épaule. Quand Ginny leva le bras, révélant sa manche tâchée de sang, Pattenrond cessa tout de suite de se débattre pour observer la rouquine de ses gros yeux jaunes.

"Ce n'est pas vrai ! FRED ! GEORGE ! DESCENDEZ IMMÉDIATEMENT !" hurla Mrs. Weasley, aussi bien de colère que pour couvrir les insultes du tableau derrière elle. "Utiliser la magie sans cesse, comme ça ! C'est dangereux ! Ma pauvre chérie, ça va ?" ajouta-t-elle plus doucement à l'adresse de sa fille. Quand Ginny hocha la tête avec une grimace de douleur, Molly pointa sa baguette sur son bras : "Conferrumino pellis."

Hermione essaya de ne pas se rappeler d'où elle avait entendu cette incantation. Deux fois.

"Nolite sanguine." continua Mrs. Weasley. "Récurvite. Deflate."

Ginny cessa de se masser le crâne et remercia sa mère, mais Mrs. Weasley ne l'entendit pas, parce qu'elle appelait Fred et George en hurlant du bas des escaliers, et que la mère de Sirius hurlait toujours à plein poumons.

À cet instant, Maugrey fit alors apparition sur le pas de la porte, et s'approcha d'un pas claudicant.

"Molly. Sturgis Podmore n'est toujours pas arrivé, il manque quelqu'un pour l'escorte." dit-il, en ignorant les hurlements autour d'eux.

Mrs. Weasley se tourna à peine vers lui, trop débordée pour se concentrer sur la conversation :

"Quoi ? Mais Alastor, nous devons absolument y aller, il est déjà 10h… FREDERICK ET GEORGE WEASLEY, DESCENDEZ IMMÉDIATEMENT !"

"Nous ne pourrons pas y aller tant que l'escorte n'est pas complète." continua Fol'Oeil d'un ton ferme. "Je vais contacter Kingsley pour lui demander si je peux avoir quelqu'un d'autre de l'Ordre…"

"Oui, oui, faites ça…" répondit Molly distraitement. "Merlin, GEORGE !"

Fred et George venaient de transplaner à côté d'eux, bousculant Maugrey qui quitta la pièce en grommelant.

"Ginny, tu vas bien ?!" s'exclama Fred en voyant l'état de sa sœur. "On est désolés, on avait prévu qu'elles passent au-dessus de toi…"

"VOUS AURIEZ PU LA TUER !" hurla Mrs. Weasley à ses fils, qui se turent instantanément. "LE FAIT DE POUVOIR UTILISER LA MAGIE NE VOUS DONNE PAS LE DROIT DE L'UTILISER QUAND BON VOUS SEMBLE ! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE DE CE QUI AURAIT PU ARRIVER À GINNY ?!"

Hermione remonta les marches, un mal de tête commençant à lui taper les tempes à cause du bruit du rez-de-chaussée. Elle se rendit dans la chambre d'Harry, qui finissait de se préparer. Dès qu'elle entra, Hedwige quitta son épaule pour aller dans sa cage, affolée.

"Mes parents viennent de me renvoyer Hedwige." dit-elle à Harry. "Tu es prêt ?"

"Presque." répondit-il en remettant ses lunettes sur son nez. "Ginny va bien ?"

"Mrs. Weasley l'a rafistolée." dit Hermione en essayant de contrôler son chat, qui la griffait pour s'échapper de nouveau. "Mais maintenant, c'est Fol Œil qui dit qu'on ne pourra pas partir tant que Sturgis Podmore ne sera pas revenu, sinon il manquera un membre à l'escorte."

"L'escorte ?" répéta Harry, surpris. "Il faut vraiment une escorte pour aller à King's Cross ?"

"C'est à toi qu'il faut une escorte." rectifia Hermione.

"Et pourquoi ?" demanda Harry, un peu agacé. "Je croyais que Voldemort devait se faire discret. Tu penses qu'il va surgir de derrière une poubelle pour essayer de me tuer ?"

Hermione ne put s'empêcher de réprimer un frisson en l'entendant prononcer son nom. Elle ne s'était jamais vraiment habituée à l'entendre. Elle regarda sa montre, qui affichait 10h05.

"Je n'en sais rien, je te répète simplement ce qu'a dit Fol Œil." dit-elle. "Mais si on ne part pas tout de suite, on est sûrs de rater le train…"

"Est-ce que vous allez vous décider à descendre, là-haut ?!" cria Mrs. Weasley, ce qui fit sursauter Hermione.

Elle s'empressa de retourner dans sa chambre, et enferma Pattenrond dans sa cage malgré ses protestations.

"On y va à pied, Pattenrond, pas en transplanage !" lui expliqua-t-elle pour la dixième fois.

Il feula méchamment. Hermione prit son sac de voyage, sa valise et la cage et descendit les escaliers, suivie par Harry, qui était tout aussi chargé.

"Harry, tu viens avec moi." dit Mrs. Weasley quand ils arrivèrent en bas, en essayant de couvrir les hurlements de la mère de Sirius (SANG-DE-BOURBE ! VERMINES ! CRÉATURES INFÂMES !") "Laisse ta valise et ta chouette, Alastor s'occupera des bagages… Oh, pour l'amour du ciel, Sirius, Dumbledore a dit non !"

Hermione se tourna et vit un gros chien noir, au poil décoiffé et aussi gros qu'un loup, se faufiler entre les bagages pour atteindre l'entrée. La mère Weasley lâcha un gros soupir fatigué :

"Non mais vraiment… Oh, et puis après tout, fais comme tu voudras !"

Elle ouvrit la porte et sortit, accompagnée d'Harry et Sirius, qui remuait joyeusement la queue. Hermione le suspectait d'être déçu qu'Harry s'en aille à Poudlard, il allait probablement regretter sa présence dans cette grande maison sombre.

"Ron, Hermione, attendez cinq minutes, et rejoignez Arthur dehors." aboya Maugrey en consultant son énorme montre à gousset accrochée à son manteau marron.

Ron et Hermione hochèrent la tête et attendirent dans l'entrée. Mrs. Black continuait de hurler des insultes, mais plus personne n'y faisait attention. Pattenrond miaulait toujours, et Ron ne cessait de lui jeter des coups d'œil irrités.

"Allez-y !" lança Fol'Oeil après cinq minutes, à la manière d'un départ de course.

Hermione laissa sa malle, mais prit la cage de Pattenrond, à qui elle avait promis un voyage à pied. Arthur les attendait sur le trottoir d'en face. Après avoir vérifié qu'ils avaient tout, ils se dirigèrent tous les trois à la gare de King's Cross à pied, ce qui prit une vingtaine de minutes, pendant lesquelles Hermione fut interrogée sur chaque objet moldu qu'ils croisèrent sur la route.

Quand ils entrèrent dans la gare, les battements du cœur d'Hermione s'accélèrent soudain. Cela faisait plus d'un mois qu'elle n'avait pas vu Drago. Elle avait été tellement préoccupée par la préparation et le déplacement d'Harry qu'elle n'avait pas réalisé qu'elle allait le revoir. Elle n'avait pas pensé à lui depuis l'audience d'Harry, si elle oubliait sa folle seconde de la veille où elle avait voulu lui écrire une lettre.

Avait-il grandi ? Sera-t-il plus bronzé ? Différent ?

Comme à chaque fois qu'elle s'autorisait à penser à lui, une vague de culpabilité remonta dans sa gorge. Elle ravala ses questions et regarda plutôt Ron à côté d'elle pour se remettre les idées en place.

Ils traversèrent la plateforme 9 ¾ un par un. Hermione passa après Ron en fermant les yeux. Comme si, malgré les années, elle avait toujours cette peur que le passage se referme.

Mais elle le traversa bel et bien. Quand elle rouvrit les yeux, Hermione vit l'immense locomotive d'un rouge flamboyant, devant lequel des centaines d'élèves disaient au revoir à leurs parents dans un joyeux brouhaha. Ils rejoignirent Harry, Mrs. Weasley, Tonks et Patmol. Maugrey était déjà là, en train de décharger le chariot de bagages, un béret marron sur le crâne pour cacher son oeil magique.

"Tout s'est bien passé ?" demanda-t-il en les voyant arriver.

"Parfait !" répondit Arthur avec un sourire poli.

Harry jouait avec Sirius, Mrs. et Mr. Weasley parlaient avec Maugrey, Tonks racontait une histoire à Ron…

Hermione profita donc du fait que tout le monde était occupé pour jeter un coup d'œil autour d'elle.

Elle ne mit pas de temps à le trouver. Comme si ses yeux étaient aimantés à lui.

Drago était derrière elle, à quelques mètres, le visage complètement fermé, et le regard posé sur le train. Sa mâchoire était contractée, Hermione pouvait voir les muscles tendus de son cou. Il était entouré de ses deux parents : Sa mère, à sa gauche, observait la foule, les lèvres retroussées dans son expression de dégoût habituelle. Son père, à sa droite, avait sa main posée sur l'épaule de Drago, et lui parlait à l'oreille.

En les voyant de la sorte, Hermione eut soudain peur qu'en l'espace d'un été, les parents de Drago aient réussi à le faire redevenir "Malefoy", le garçon méchant, arrogant et plein de préjugés qu'elle haïssait. Quand elle le voyait comme ça, aussi fermé, elle ne reconnaissait pas son Drago, celui avec qui elle avait passé une après-midi dans le Londres moldu, et des dizaines de soirées à la Bibliothèque.

Jusqu'à ce qu'il tourne la tête, et qu'il croise son regard.

Cela dura une dixième de seconde, et ses yeux s'accrochèrent à peine aux siens, comme s'il avait balayé la foule du regard sans la voir. Pourtant, le courant électrique familier passa entre eux, frappant Hermione de plein fouet. Elle n'avait pas ressenti cette adrénaline depuis qu'elle l'avait vu arriver à Hampstead Park, un mois auparavant.

Fred, George et Ginny arrivèrent à ce moment-là, accompagnés par Lupin qui semblait préoccupé. Hermione retourna la tête et se concentra sur la conversation.

"Pas d'ennuis ?" demanda Maugrey.

"Aucun." répondit Lupin.

"Je vais quand même parler de Sturgis à Dumbledore." dit Maugrey, tandis que tout le monde se disait au revoir. "C'est la deuxième fois en une semaine qu'il nous fait faux bond. Bientôt, on ne pourra pas plus compter sur lui que sur Mondingus…"

"Bon, prenez soin de vous." dit Lupin en serrant la main de chacun d'entre eux.

"Ouais, garde la tête basse et les yeux ouverts." dit Fol'Oeil en prenant la main d'Harry un peu brusquement. "Et n'oubliez pas, vous tous, faites bien attention à ce que vous écrivez dans vos lettres. Si vous avez un doute, n'écrivez rien du tout."

Tonks éloigna doucement Hermione et Ginny du groupe pour les serrer dans ses bras :

"J'ai été très contente de vous connaître. On se reverra sûrement un de ces jours."

Hermione lui rendit son étreinte avec ferveur. Tonks avait ensoleillé l'été d'Hermione. Sans elle, elle aurait probablement déprimé pendant le long mois à Square Grimmaurd.

"Merci, Tonks." murmura-t-elle. "Pour tout."

"Oui, merci, Tonks." renchérit Ginny. "Tu vas nous manquer."

Pour toute réponse, les cheveux gris de Tonks prirent une teinte rose pâle et elle leur fit un grand sourire malicieux.

Un coup de sifflet retentit alors, annonçant le départ imminent du train. Mrs. Weasley fit des câlins à chacun des enfants avec précipitation, sans vérifier qui elle embrassait. Patmol se hissa pour poser ses pattes avant sur les épaules d'Harry, à la manière d'un câlin.

"Pour l'amour du ciel !" chuchota Molly en poussant Harry pour qu'il rentre dans le train. "Conduis-toi comme un chien, Sirius !"

Ron prit la malle d'Hermione et tout le monde monta dans le wagon. Juste avant qu'il ne parte, ils passèrent leur tête par la fenêtre pour leur faire des grands gestes d'au revoir :

"À plus tard ! Vous allez nous manquer !"

Hermione tourna alors subtilement la tête et vit Drago, au bout du quai, qui montait dans le train aussi.

Ses yeux étaient fixés sur Sirius.

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Drago


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Lucius n'avait pas accompagné Drago à la gare de King's Cross depuis la première année. Ce fut donc très surprenant quand il arriva dans le Hall du Manoir, entièrement vêtu d'un costume noir, et sa canne à la main. Drago Occluda dès qu'il l'aperçut.

"Où vas-tu ?" demanda Narcissa, aussi surprise que son fils de voir Lucius arriver.

"À King's Cross, évidemment, quelle question." répondit-il froidement. "Je dois absolument voir Potter. Je voudrais voir l'escorte qu'ils ont mis en place pour l'accompagner, peut-être qu'il y aura des noms intéressants, que je pourrais transmettre au…"

"Et pour dire au revoir à ton fils." coupa sèchement Narcissa.

Lucius jeta un coup d'œil à Drago, comme s'il venait seulement de se rendre compte qu'il était là aussi.

"Oui, naturellement, oui…" dit-il distraitement, en revêtant ses gants. "Dépêchons-nous. Chunky !"

"Qui diable est Chunky ?" demanda Narcissa d'un ton impatient.

"Notre elfe de maison !"

"Son nom est Chubby." corrigea-t-elle.

"Peu importe, qu'il vienne, c'est tout !" gronda Lucius d'une voix impatiente.

L'elfe se matéralisa devant eux, dans un "POP !" sonore.

"Accompagne-nous à la gare." dit Lucius sans regarder Chubby. "Et porte les bagages."

"Je peux le faire." affirma Drago, qui tenait déjà sa malle.

Lucius le regarda comme si c'était l'idée la plus stupide qu'il soit.

"Il faut toujours montrer ses richesses, Drago. Et faire venir son elfe est un signe de noblesse, de l'aristocratie. Que diraient les gens s'ils te voyaient porter tes propres valises ?"

Drago ne répondit rien, de peur de faire survenir une crise de colère de la part de son père. Il donna sa malle, la cage d'Ébène et son sac de voyage à Chubby qui peina à tout porter, et Narcissa lui jeta un sort de Désillusion pour éviter que les Moldus de la gare ne le voient.

Drago marcha ensuite jusqu'au bout de l'allée du Manoir, et transplana avec sa mère. La gare était bondée. Lucius se fraya un chemin, ignorant les regards curieux des voyageurs qui regardaient sa canne et sa cape avec insistance. Drago baissa le regard pour ne pas voir les Moldus, bien qu'il en avait vu cet été. Ils traversèrent ensuite la plateforme 9 3⁄4, chacun leur tour. Chubby fut le dernier, complètement essoufflé par le poids des bagages de Drago.

Drago n'arrêta pas d'Occluder quand il arriva sur le quai du Poudlard Express. Il évita de regarder la foule, de peur de la voir. Il serait incapable de détacher son regard d'elle sinon. Il avait attendu ce jour avec tellement d'impatience qu'il n'arrivait pas à croire qu'il était enfin arrivé. S'il n'était pas en train d'Occluder, il était sûr que tout son corps serait en alerte, et qu'il aurait la chair de poule de savoir qu'ils étaient si proches l'un de l'autre.

Ils se mirent tous les trois à côté du train et Lucius observa chaque personne autour de lui à la manière d'un serpent qui chasse une proie.

"Cherchez Potter." siffla-t-il. "Il faut absolument le trouver."

Drago faillit siffler une plainte étranglée. C'était justement ce qu'il évitait de faire. S'il trouvait Potter, il la trouverait elle. Il préféra donc regarder la façade du train et compter le nombre de boulons enfoncés dans le métal pour éviter de jeter un regard vers la foule.

"Il est là." dit Lucius après un temps, en montrant quelque chose devant eux. "Satané Potter, tout souriant…"

Drago ne tourna pas la tête. Il compta de nouveau les boulons en contractant si fort la mâchoire que ça lui faisait mal aux dents.

"Pansy est là, Drago." dit doucement Narcissa.

Drago tourna la tête vers le mur de la plateforme 9 ¾. Pansy venait de la traverser. Elle époussetait sa robe, tandis que Blaise arrivait derrière elle, en tenant un gros chariot avec trois malles dedans. Théo fut le dernier à passer.

Drago croisa le regard de Blaise, qui s'approcha de lui en faisant des gestes de la main à Pansy et Théo pour leur montrer où il était.

Drago sourit en voyant ses trois meilleurs amis arriver.

Puis, soudain, il regarda Théo, et se souvint avec horreur de l'ordre donné par Lucius. "Je veux que tu arrêtes d'être ami avec lui."

Il jeta un regard apeuré en direction de son père, mais heureusement, il regardait toujours Potter. Drago se retourna et fit les gros yeux en direction de Blaise, puis fit dévier son regard vers Théo. Blaise comprit et s'arrêta. Il avait l'air blessé. Il jeta un coup d'œil vers Lucius, plissa les lèvres, et fit demi-tour.

Pansy et Théo froncèrent les sourcils, regardèrent le père de Drago, et comprirent à leur tour.

Pansy suivit Blaise sans protester.

Mais Théo resta planté là, au milieu de tous les élèves qui couraient autour de lui.

Il regardait Drago avec une expression meurtrie sur le visage, qui aurait pu lui faire monter les larmes s'il n'Occludait pas. Puis, il fit demi-tour à son tour, et suivit Pansy et Blaise qui avaient avancé vers l'avant du train. Il ne savait pas si c'était son imagination, mais Drago eut l'impression que les épaules de Théo étaient beaucoup plus voûtées que d'habitude.

Théo n'avait toujours pas digéré le fait que Drago était préfet. Il ne lui avait pas adressé la parole depuis la veille. Blaise leur avait pourtant assuré avoir essayé de le réconforter, mais Théo était toujours vexé. Ce qu'il venait de se passer ne devait pas aider.

Drago regarda donc ses trois amis monter dans le train, impuissant.

Il tourna la tête vers le wagon rouge, en essayant d'ignorer la boule désagréable dans sa gorge qui l'empêchait d'avaler sa salive. Quand Lucius posa une main paternelle sur son épaule, il réprima un frisson et Occluda de nouveau pour vider son esprit.

"Drago." murmura Lucius dans son oreille. "Il faut impérativement que tu observes Potter, cette année. Rapporte-moi tout par lettre. Chaque information est capitale, tu comprends ? Agis discrètement, sans te faire remarquer par Dumbledore. Et surtout, range toi du côté de Dolores Ombrage. Elle vient du Ministère…"

Le flot de paroles et de conseils de son père continua sans que Drago écoute vraiment. Son regard fut alors tout de suite attiré par le groupe devant eux.

Et ce fut à ce moment-là qu'il la vit.

Le temps d'une infime seconde, il la discerna au milieu de la foule. Il pourrait la reconnaître entre mille. Elle le regardait déjà, de profil, la tête tournée, ses cheveux frisés tombant en cascades derrière ses épaules, ses yeux chocolats braqués sur lui, et aussitôt, le ventre de Drago se crispa, de délicieux frissons parcoururent ses bras, et il eut un coup de chaud, qui dévora son cou et ses joues.

Rien qu'en le regardant, elle arrivait à briser son Occlumancie.

Il détourna les yeux rapidement, prétextant scanner la foule sans la voir. Lucius continuait de parler dans son oreille :

" - décrédibiliser Potter forcément,, mais tu seras protégé, c'était une Serpentard et elle connaît les valeurs de notre famille…"

Elle était plus bronzée, d'habitude, après l'été. Ils n'avaient pas de jardin, au Terrier ? Pourquoi était-elle si pâle ? Et pourquoi avait-elle l'air si anxieuse ? Pourquoi l'avait-elle regardé avec autant d'insistance ? Aurait-elle essayé de lui faire passer un message ?

Pour être sûr, il regarda de nouveau dans sa direction, mais elle était maintenant de dos. Elle disait au revoir à l'escorte de Potter, dont Lupin faisait partie. C'était étrange de le revoir. Il était toujours aussi miséreux, dans son costume marron trop grand et miteux. Une étrange femme était là aussi : elle avait des cheveux gris et bouclés, et Drago fut stupéfait de la voir faire un câlin à Granger. Qui était cette femme ? Un énième membre des Weasley ?

Drago remarqua alors un tas de poils noirs remuer dans tous les sens, aux pieds de Potter. Il était énorme. Au début, Drago crut que c'était la créature dont Pansy parlait souvent, le Sinistros, cette espèce de mauvais présage qui annonçait une mort imminente si on l'apercevait. Mais la bête n'avait pas les yeux jaunes, et ne semblait pas particulièrement sinistre : au contraire, il jappait joyeusement en jouant avec Potter.

Depuis quand Potter avait-il un chien ?! Pourquoi n'était-il jamais venu ? Allait-il monter avec lui dans le train ? Drago était à peu près certain qu'il était interdit d'avoir un chien à Poudlard, seuls les chats étaient autorisés. Et en plus, il était encore plus gros que sa valise.

Et pourquoi tous les gens autour de Potter se fichaient éperdument de la présence de ce chien à côté d'eux ? On aurait dit un loup.

"Ce chien est énorme." dit Narcissa à cet instant, les lèvres plus retroussées que jamais dans un visage clairement désapprobateur. "Je n'imagine pas la quantité de ménage que cette pauvre femme doit avoir tous les jours."

"Je ne pense pas qu'elle fait le ménage, ma chérie." dit Lucius avec un rire narquois. "Savais-tu que les Weasley vivaient dans une porcherie ?"

"Quelle horreur !"

Plus Drago observait le chien, plus il le trouvait… Étrange. Il avait presque un comportement d'humain. Sans compter sa taille impressionnante, il avait des manières qu'un chien n'avait pas du tout. Il était bien trop… Distingué.

Le coup de sifflet du départ retentit et Drago arrêta de regarder le chien bizarre pour regarder Granger. Quelque part dans son esprit, une grande étagère de bibliothèque tremblait, mais Drago réussit à ne pas s'y engouffrer grâce à la prise ferme de Lucius sur son épaule qui lui rappelait avec qui il était.

Au moment où Drago voulut se tourner pour dire au revoir à ses parents, le chien fit alors quelque chose qui les stoppèrent tous les trois : il se redressa sur les pattes arrières pour entourer Potter de ses pattes avant. Au début, Drago crut qu'il essayait de le faire tomber par terre pour l'attaquer, mais en fait, c'était comme s'il lui faisait un câlin d'au revoir. Drago haussa les sourcils.

"Très étrange, ce chien." commenta Lucius, les sourcils froncés. "Très étrange…"

"Vite, Drago, tu vas rater le train." pressa Narcissa.

Elle arracha la malle du pauvre Chubby, la cage d'Ébène, et passa la bandoulière de son sac sur l'épaule de son fils.

"Passe une excellente année, Drago." dit Narcissa affectueusement. "On se voit à Noël, d'accord ? Et n'oublie pas de m'envoyer des lettres. Amuse-toi bien."

Drago hocha la tête et fit un sourire à sa mère. L'au revoir de son père fut radicalement différent :

"Travaille bien, Fils. Rend-nous fiers."

Il serra sa poigne contre son épaule et Drago évita de le regarder dans les yeux pour lui répondre un vague "merci". Juste avant de monter dans le train, il jeta un dernier coup d'œil à ce chien qui l'intriguait beaucoup. Était-ce son imagination, ou faisait-il un geste avec sa patte pour dire au revoir ?

Drago secoua la tête et monta dans le train.

Comme il était tout à l'arrière, il dû marcher sur toute la longueur pour atteindre l'avant du train, où se tenait la "première réunion officielle des préfets". Quand il arriva, Pansy l'attendait à l'entrée.

"Ah, te voilà enfin !" dit-elle en levant les yeux au ciel. "Je t'attends depuis dix minutes ! La réunion a commencé. Où est ton badge ?"

Drago soupira :

"Putain, j'ai oublié de mettre ce maudit badge… Attends…"

Il fouilla dans son sac de voyage et le trouva au fond. Il l'accrocha, et Pansy vérifia son apparence, les lèvres pincées.

"Arrête, Merlin, tu ressembles à ma mère !" se lamenta Drago en voyant les yeux inquisiteurs de sa meilleure amie.

"Pardon, pardon. Allez, viens."

Drago ouvrit la porte du compartiment des préfets, déjà exaspéré.

"Ah, les Serpentards, vous voilà !" dit une Serdaigle de septième année, probablement la Préfète-En-Chef. "Vous êtes en retard. Prenez place, ici."

La septième année leur montrèrent les deux chaises vides restantes. Pendant que Pansy prenait place, Drago regarda le reste des préfets.

Et quand il vit une fille brune aux cheveux bouclés, aux joues roses et aux yeux chocolat, il ne put s'empêcher de sourire.