je suis désolée en avance si ce chapitre contient quelques petites fautes d'inattention, je l'ai relu à la va vite... En tout cas, si vous voyez des fautes dans n'importe lequel de mes chapitres, n'hésitez pas à me le faire savoir dans les reviews pour que je puisse corriger :))
merci à tous ceux qui m'ont souhaité un joyeux anniversaire et qui ont participé au magnifique cadeau réalisé par mon meilleur ami avec vos plus beaux messages, je suis trop heureuse de voir que Mon Ange Gardien vous plaît autant qu'elle me plaît à moi, c'est un honneur, vraiment! Merci à tous pour vos gentils mots, ça m'a touchée en plein coeur! Et bonne lecture :)
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Hermione
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Ginny fronça les sourcils. Un coup de vent fit balayer une mèche de ses cheveux roux devant ses yeux, mais elle ne leva pas la main pour l'enlever.
"Ron ?" demanda Ginny, comme une évidence.
Hermione ferma les yeux une seconde. Elle s'était attendue à ce qu'elle lui demande ça, mais son nom lui donna tout de même un petit coup au cœur.
"Non, c'est… C'est compliqué." soupira Hermione en prenant son visage dans ses mains.
Ginny posa une main affective sur son épaule.
"Qu'est-ce qui est compliqué ?" demanda-t-elle d'un ton encourageant.
Hermione se passa une main dans ses cheveux indisciplinés et les mit résolument derrière ses oreilles, prit une grande inspiration et fixa de nouveau l'eau de la fontaine de la cour pour lui expliquer :
"J'adore Ron. C'est mon meilleur ami… Et un peu plus que ça." dit-elle d'une voix hésitante. "Je ne ressens pas la même chose pour lui qu'avec Harry. Il arrive à me… toucher d'une manière différente, à me faire ressentir des émotions plus fortes, parce qu'il me connait bien."
Ginny hocha la tête, les sourcils froncés.
"L'autre garçon…" dit Hermione sans regarder Ginny, pour ne pas qu'elle voit ses joues rouges. "C'est différent. Complètement différent. Il change d'humeur en permanence, et je ne sais jamais comment il va réagir, ou ce qu'il va faire, il est… imprévisible. C'est le garçon le plus déroutant que je connaisse. Et il est tellement… Ginny, il est tellement énervant."
La rouquine laissa échapper un rire, ne s'attendant visiblement pas à un tel mot pour le décrire.
"Il m'agace comme jamais personne ne l'a fait avant." expliqua Hermione, le regard maintenant lointain. "Harry et Ron me connaissent, mais lui, c'est comme s'il pouvait lire en moi. Il me connait tellement qu'il sait où appuyer pour me faire mal. Et j'ai l'impression qu'on se dispute tout le temps, que je suis toujours en train de peser mes mots quand je lui parle, que j'ai peur qu'il vrille à tout moment…"
"Il a l'air charmant." commenta Ginny. "Pourquoi tu penses que tu l'aimes bien, alors ?"
Hermione soupira une seconde fois et un sourire se dessina sur ses lèvres sans qu'elle puisse l'arrêter.
"Parce que… Avec lui, je ne passe pas mon temps à réfléchir. Je peux me laisser porter. Je laisse de côté tous mes problèmes, toutes les questions qui me passent par la tête en permanence. Avec lui, je suis la vraie moi. Pas l'intello qui aide pour les devoirs, pas la Gryffondor qui doit être courageuse, pas la Hermione parfaite… Juste moi. Et il m'aime bien pour ça, je crois. On passe une bonne partie de notre temps à nous prendre la tête, parce qu'il peut s'avérer être insupportable quand il le souhaite. Mais le reste du temps… On parle, de tout et de rien, et il est tellement cultivé, et drôle, et gentil…"
"C'est contradictoire." dit Ginny avec un sourire. "Tu dis qu'il est insupportable, et en même temps, tu dis qu'il est gentil. Tu dis que tu dois peser tes mots quand tu lui parles, mais que tu ne réfléchis pas quand tu es avec lui. J'ai du mal à te suivre, là."
"Je ne sais pas comment l'expliquer." dit Hermione en haussant les épaules. "Je ne sais même pas comment j'ai fait pour devenir amie avec lui. Ça s'est fait tout doucement. Au début, on se haïssait. Puis, on a appris à se connaître, et un jour, on s'est disputés, et il arrêté de me parler, et… Et je me suis rendue compte à quel point il était important pour moi ce jour-là."
Une ombre de compréhension passa soudain dans le regard noisette de Ginny.
"Oh." dit-elle. "Oh, Hermione… C'est Malefoy, c'est ça ?"
Hermione soupira une troisième fois. À quoi ça servait de le cacher ? C'était évident. Ginny était au courant pour les séances de révisions à la Bibliothèque, et pour leur dispute avant le Bal. Hermione se doutait qu'elle devinerait son identité.
Elle hocha timidement la tête.
"Tu as un crush sur Malefoy ?" répéta Ginny dans un souffle.
"Je sais que ce n'est pas bien…" admit Hermione d'une petite voix honteuse. "J'ai conscience de sa famille, et de ce qu'Harry et Ron pensent de lui, et à juste titre… Il a été odieux avec eux..."
"Mais tu as un crush sur lui." termina Ginny.
Hermione hocha de nouveau la tête. C'était la première fois qu'elle l'admettait à voix haute.
Elles échangèrent un long regard. Hermione était incapable de déchiffrer ce que Ginny pensait vraiment de cette révélation, son visage n'exprimait rien d'autre que de la pure surprise.
"Je ne savais pas du tout…" murmura Ginny après un moment. "Depuis le Bal, j'avais cru comprendre que vos moments à la Bibliothèque étaient terminés pour toujours parce qu'il t'avais blessée de nouveau."
"C'était le cas."
"Mais vous vous êtes réconciliés ?" demanda la rouquine.
"Oui, on peut dire ça…" dit Hermione, qui se souvint le temps d'une brève seconde de hurlements dans une salle de classe.
Il y eut un nouveau petit moment de flottement où Ginny réfléchit en silence, puis elle admit avec un rire :
"En tout cas, on peut dire que tes conversations sur les garçons sont bien plus passionnantes que celles de mes copines."
Hermione émit un petit rire timide. Ses joues étaient maintenant cramoisies, sans aucun doute. Heureusement qu'il n'y avait personne d'autre dans la cour.
"Quand est-ce que tu as réalisé que tu ne le détestais plus comme avant ?" demanda doucement Ginny.
"Je ne sais pas trop." avoua Hermione en fronçant les sourcils. "Je crois que ça s'est fait petit à petit. Au début, je voyais ça comme des séances de révisions un peu bizarres. Et après, avec le temps, j'ai commencé à m'attacher à lui, et j'avais hâte de le retrouver, et puis, j'ai réalisé que je le cherchais du regard tout le temps…"
Ginny hocha la tête. Hermione fut soulagée de ne voir aucune trace de dégoût sur son visage, simplement de la compréhension. Elle continua à parler dans un chuchotement :
"Il m'a dit qu'il m'aimait."
Sa meilleure amie haussa les sourcils, clairement surprise.
"Vraiment ?"
"Oui, un peu avant l'été." dit Hermione, qui ne voulait pas lui dévoiler sa venue à Londres. "Il m'a dit qu'il était tombé amoureux de moi, mais qu'il ne voulait pas que ça change quelque chose à notre amitié. Il pense que je suis amoureuse de Ron, lui aussi…"
Ginny réfléchit quelques secondes en faisant rouler sa langue contre l'intérieur de sa joue.
"Je n'arrive pas à réaliser que le garçon dont tu me parles est le même que celui que je connais." finit-elle par admettre. "Je veux dire, j'ai toujours vu comme Malefoy comme… Le garçon méchant, arrogant, harceleur. Quand tu m'as dit que tu révisais avec lui à la Bibliothèque, j'ai pensé que ça pouvait lui faire du bien d'apprendre à te connaître, pour lui retirer quelques les préjugés qu'il a depuis toujours. Mais je n'aurais jamais pensé que ça puisse aller si loin. J'étais persuadée qu'il gâcherait tout avant."
"Moi aussi." dit Hermione sincèrement. "Je ne sais même pas comment j'en suis arrivée là."
"Tu es amoureuse ?" demanda Ginny, sans aucun jugement dans sa voix.
"Non !" répondit-elle vivement. "Non, pas du tout. C'est juste que… Je le vois différemment. Je pense que c'est juste de l'affection temporaire. Il m'a dit qu'il m'aimait, ça doit être une réaction normale à quelqu'un qui dit ça, non ?"
"Je ne sais pas, on ne m'a jamais dit ça." avoua Ginny. "Je ne sais pas du tout comment je réagirais."
"Les garçons me haïeraient s'ils l'apprennaient…"
Hermione imagina une seconde le visage de Ron, marqué par la peine et la trahison, et elle se prit une seconde fois la tête entre ses mains. Elle ne vit pas l'air interloqué de Ginny.
"Quoi ?"
"Harry et Ron." expliqua Hermione. "Je veux dire, un fils de Mangemort… Ils le détestent depuis toujours…"
Au moment où Hermione allait succomber aux sanglots qui menaçaient d'éclater au fond de sa gorge en pensant à cette éventualité, Ginny prit Hermione par les épaules pour la mettre face à elle, et plongea son regard résolument dans le sien :
"Hermione, Harry et Ron t'aiment. Bien plus que tu ne le penses. Ils ne te haïront jamais."
"Ils arrêteraient de me parler, c'est certain." murmura Hermione. Elle sentit les larmes couler le long de ses joues, mais ne fit rien pour les essuyer. "Ginny, j'ai fait quelque chose de grave. J'ai trahi leur confiance."
"Tu as parfaitement le droit de parler avec qui tu veux." dit Ginny d'un ton ferme. "Si tu ne veux pas le dire à Harry et Ron, c'est ton choix. Mais ne culpabilise pas pour ça. Si tu ressens de… L'affection pour Malefoy, c'est qu'il n'est sûrement pas aussi mauvais qu'on ne le pense."
Hermione observa le visage déterminé de Ginny à travers ses larmes.
"Vraiment ?" sanglota-t-elle.
"Bien sûr, Mione."
La rouquine lâcha l'épaule gauche d'Hermione pour lui essuyer ses larmes avec ses doigts.
"Alors, tu ne m'en veux pas ?" glapit timidement Hermione.
Ginny roula des yeux.
"Bien sûr que non, je ne t'en veux pas. Je ne t'en voudrais jamais pour ça. Si tu estimes que Malefoy mérite d'être apprécié, alors je te soutiens. Tu as toujours soutenu mes choix, non ?"
"Oui, mais tu sors avec un Serdaigle parfaitement respectable." objecta Hermione avec un rire étranglé.
"C'est pas faux." dit Ginny. "Mais si je sortais avec quelqu'un que mes frères désapprouveraient, tu me soutiendrais."
Hermione hocha la tête immédiatement, sans une ombre d'hésitation.
"Même si c'est Donaghan Tremlett ?" demanda Ginny avec un sourire.
"Surtout si c'est Donaghan Tremlett." affirma Hermione avec un petit rire.
"Alors, c'est tout ce qui compte."
Ginny se pencha vers Hermione pour la serrer dans ses bras. C'était une habitude qui commençait à se développer chez les proches d'Hermione, et elle accueillit l'étreinte avec plaisir. Celle-là n'avait rien à voir avec celles de Ron, Drago ou d'Harry. Elle parvint à calmer les sanglots d'Hermione en quelques secondes seulement.
Ginny avait la même odeur que son frère, celle du Terrier, mais aussi celle de son parfum floral qu'elle mettait tous les jours. Hermione l'inspira plusieurs fois, en sentant le soulagement se répandre dans ses muscles. Ce secret pesait sur sa conscience depuis des mois, cela faisait un bien fou de le partager à quelqu'un.
Ginny se détacha doucement d'elle et la regarda dans les yeux. Cette fois-ci, ses traits étaient plus stricts. Elle ressemblait un peu à sa mère, à ce moment-là.
"Mione… Je suis contente pour toi, vraiment. Mais je dois te prévenir, en tant que meilleure amie. Fais attention à toi, s'il te plaît. Il ne faut pas oublier… Qui il est."
Hermione déglutit difficilement et ravala les larmes qui menaçaient de couler de nouveau.
"Je ne l'oublie pas."
Elle ne l'avait jamais oublié. Elle y pensait tous les jours, depuis que Drago s'était installé à sa table reculée, presque un an auparavant.
"Si tu me dis que Malefoy est en pleine rédemption, je veux bien te croire." poursuivit gravement Ginny. "Mais son père… Mione, il est beaucoup trop mauvais pour être pardonné. Il a fait des choses beaucoup trop graves. C'est un Mangemort. Il faut que tu sois sûre que son fils ne suive pas le même chemin que lui. Parce que si tu tombes amoureuse de lui, et qu'il se tourne vers les mêmes ténèbres que sa famille, ça va te briser le cœur. Littéralement."
Hermione acquiesça. Ses propos portaient une lourde signification. Ginny était bien placée pour parler de Lucius Malefoy, car c'était à cause de lui qu'elle s'était faite possédée par Voldemort, deux ans auparavant, et le fait qu'elle puisse accorder sa confiance envers son fils était un geste qu'Hermione considérait comme une immense preuve d'amitié. Elle ne savait pas si elle serait si tolérante si les rôles étaient inversés, et pour ça, elle était très reconnaissante.
Ginny garda ses mains sur les épaules d'Hermione et serra ses doigts contre elle, comme pour sceller ses mots. Puis, elle retrouva son sourire espiègle :
"Je dois admettre que je ne suis pas étonnée."
Hermione eut une petite exclamation étranglée :
"Tu veux dire que tu l'avais deviné ?"
"Non, bien sûr que non." dit Ginny en remettant sa longue chevelure rousse sur son autre épaule en parlant. "Comment aurais-je pu deviner un truc pareil ? Non, je veux dire que je ne suis pas étonnée que vous vous entendiez si bien."
"C'est vrai ?" demanda Hermione, pleine d'espoir.
"C'est évident." affirma sa meilleure amie. "Derrière ses préjugés, je suis sûre que vous avez plein de points communs. Et tu le pousses vers le haut. Je te l'ai déjà dit quand tu m'as dit que vous vous voyiez à la Bibliothèque, je pense que c'est une bonne chose. Ça lui fait réaliser tous les mensonges que sa famille lui a instruit pendant toute son enfance. Il a dû probablement réaliser à quel point tu étais brillante, et que tu n'avais rien à voir avec les descriptions atroces des Nés-Moldus de ses parents. Ce n'est pas étonnant qu'il soit tombé amoureux de toi."
Hermione fronça les sourcils sans répondre. Elle avait toujours du mal à réaliser que Drago lui avait confessé ses sentiments, deux mois avant. Mais elle était comblée par cette analyse de Ginny : c'était la première fois que quelqu'un disait quelque chose de positif envers Drago.
"Uh-oh." dit soudain Ginny, un peu plus fort. "La peste est arrivée."
Hermione tourna la tête et aperçut Pansy Parkinson, accompagnée de Blaise Zabini. Ses collants étaient déchirés, mais le froid ne sembla pas la gêner. Elle s'installa sur un banc près de la fontaine et lança à Hermione et Ginny un regard noir, auquel les Gryffondors répondirent instantanément.
"Allons-y." dit Hermione en essuyant ses joues mouillées discrètement. "Je dois retrouver Neville pour notre séance de révisions, de toute manière."
"D'accord, je viens avec toi."
Les yeux de Ginny étaient toujours rivés sur Parkinson, avec qui elle échangeait le regard le plus hostile possible.
Les deux filles se levèrent et quittèrent la cour de Métamorphose. Neville les attendait devant la Bibliothèque, et ils s'installèrent tous les trois à la table habituelle du samedi, au centre de la pièce. Ginny travailla sur sa Métamorphose pendant que Neville et Hermione révisaient les Potions, et en regardant sa meilleure amie travailler, Hermione ne put s'empêcher de se dire que, bien que Ginny était une experte en ragots, elle était aussi une experte pour écouter.
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Hermione n'alla pas à la Bibliothèque ce soir-là, comme si Drago aurait pu deviner sa confession de la matinée rien qu'en la voyant. Elle préféra se réfugier dans la Salle Commune pour faire ses devoirs, puis après avoir rayé sa dernière ligne dans son planning, elle s'installa dans son canapé préféré devant la cheminée pour tricoter.
Harry et Ron arrivèrent une dizaine de minutes plus tard, avec un air maussade sur leurs visages.
"Alors, comment s'est passé l'entraînement ?" demanda Hermione froidement, parce qu'elle n'avait toujours pas digéré leur fuite du petit-déjeuner.
"C'était…" commença Harry avec hésitation.
"Complètement lamentable." acheva Ron en se faisant tomber dans le fauteuil à côté d'Hermione.
Elle l'observa une seconde et nota à quel point il avait l'air désemparé. Elle reposa ses aiguilles sur ses genoux et perdit aussitôt sa froideur.
"C'était seulement la première séance." dit-elle doucement pour le consoler. "Il te faudra forcément du temps pour…"
"Qui a dit que c'était lamentable à cause de moi ?" répliqua sèchement Ron.
Hermione fronça les sourcils, prise au dépourvu.
"Personne." dit-elle. "Je pensais…"
"Tu pensais que je serais forcément nul ?" demanda-t-il avec colère.
"Non, bien sûr que non ! Tu viens de dire toi-même que c'était lamentable, alors j'ai…"
"Je vais me mettre à mes devoirs." coupa-t-il, furieux.
Il se leva et s'éloigna à grands pas vers les dortoirs des garçons. Hermione se mordit la lèvre, ne s'attendant pas du tout à un tel revirement. Elle se tourna vers Harry, qui s'était assis à côté d'elle et avait contemplé cet échange avec perplexité.
"Il était vraiment lamentable ?" chuchota-t-elle.
"Non." répondit Harry, vaillamment.
Hermione haussa les sourcils, et il baissa le regard.
"Bien sûr, il aurait peut-être pu jouer un peu mieux…" marmonna-t-il. "Mais tu l'as dit, ce n'était que la première séance…"
"Il va s'améliorer." dit Hermione, avec le plus de conviction possible.
"Il joue bien." dit Harry, pensif. "C'est simplement le trac. Il stresse tellement que ça l'empêche de montrer son vrai potentiel."
"Qu'est-ce qui l'a fait stresser ?" demanda Hermione en reprenant son tricot. "Angelina ?"
"Fred et George, je suppose." devina Harry avec un haussement d'épaules. "Il a peur qu'ils se moquent de lui. Et les Serpentards, évidemment."
"Les Serpentards ?" s'étonna Hermione. "Ils étaient à l'entraînement ?"
"Ouais." dit Harry en contractant subitement la mâchoire. "Malefoy, Crabbe, Goyle, et même cette peste de Parkinson. Ils n'arrêtaient pas de se moquer de Ron, ça l'a tellement déconcentré qu'il a perdu tous ses moyens."
Hermione pinça les lèvres et se retint de lever les yeux au ciel. "Deuxième condition. Cette règle ne s'applique pas au Quidditch." Drago avait toujours eu le don de respecter ses promesses au mot près, c'était très frustrant. Il le faisait juste pour lui prouver qu'elle n'avait pas eu le dernier mot.
"Je vois." dit-elle simplement.
"Je les déteste tellement !" dit Harry, la voix soudain tremblante de colère. "Toujours là quand il ne faut pas ! Toujours à se moquer, quand ils savent pertinemment que Ron est stressé ! Ils ont gâché tout l'entraînement. Je te jure que je peux encore entendre le rire de hyène de Parkinson, et voir sa tête de bouledogue !" termina-t-il agressivement.
Hermione haussa de nouveau les sourcils, étonnée de voir Harry céder à la colère si vite. Ironiquement, ça lui faisait penser à quelqu'un. Elle n'avait jamais pensé que Parkinson puisse ressembler à un bouledogue, elle la trouvait même très jolie, mais elle préféra se taire.
"Calme toi, Harry…" dit Hermione à la place, en posant une main réconfortante sur le bras de son meilleur ami. "C'est fini, maintenant, ce qui est fait est fait. Et ce n'était qu'un entraînement."
Harry détendit sa mâchoire serrée et laissa échapper une expiration entre ses dents.
"Tu as raison." dit-il, toujours aussi remonté.
Il baissa le regard vers les mains d'Hermione et montra son tricot d'un geste du menton :
"Un nouveau ?"
"Oui, j'ai terminé le chapeau bleu hier soir." dit-elle fièrement, en lui montrant le carré jaune qu'elle essayait de faire. "Je me lance dans des chaussettes, mais j'ai encore du mal à trouver le bon sort pour les mesures…"
Harry hocha la tête, mais ses yeux étaient ailleurs. Hermione continua son tricot pendant qu'il cogitait en silence.
"Je vais aller voir Ron." dit Harry en se levant subitement. "Voir s'il n'est pas en train de se noyer sous la douche, comme Olivier Dubois il y a deux ans..."
Hermione eut un petit rire sans joie et Harry monta les escaliers à toute vitesse. Hermione reprit son tricot, en essayant tant bien que mal de coordonner les aiguilles avec les sortilèges qu'elle lançait. Les conseils de Mrs. Weasley étaient précieux, mais quand elle n'était pas avec elle, c'était bien plus compliqué de tricoter avec la magie. Hermione était sur le point d'abandonner et de reprendre à la manière Moldue, quand le tableau pivota de nouveau, dévoilant Fred et George.
Eux non plus n'étaient pas très contents. Leurs visages étaient fermés, et ils portaient toujours leurs robes de Quidditch sur le dos.
"Oh, salut Mione." dit Fred d'un ton morne en la voyant assise là.
"Bonsoir. Bon entraînement ?" demanda-t-elle, en sachant déjà la réponse.
George s'étala dans le canapé à côté d'elle et posa son bras sur son visage avec un soupir fatigué. Fred, lui, se mit devant la cheminée pour se réchauffer les mains.
"Absolument atroce." répondit-il avec amertume. "Les Serpentards étaient là, ils n'ont pas arrêté de rire et d'humilier Ron. Il a tellement paniqué qu'il a envoyé un Souaffle en plein dans le visage de Katie…"
Hermione eut un petit cri. Harry ne lui avait pas donné ce détail.
"Quoi ?" s'exclama Hermione. "Elle va bien ?"
"Pas vraiment." dit George, exaspéré. "Elle a saigné du nez et Fred a eu la brillante idée de lui donner des graines de Sanguinole à la place de l'antidote…"
"Hé ! Ce n'est pas de ma faute si les deux sont de la même couleur !" s'écria Fred en se tournant vers George avec consternation.
"Enfin bref, on vient de l'emmener à l'infirmerie." grommela George en ignorant son frère. "Je crois qu'elle va y passer la nuit, elle était vraiment dans un sale état…"
"Vos inventions peuvent être vraiment dangereuses." commenta Hermione en fronçant le nez. "Vous les donnez à des premières années alors que vous n'êtes même pas sûrs que l'antidote fonctionne, ça pourrait vite tourner au désastre !"
"Oui, on sait, Madame la Préfète." dit Fred en s'asseyant dans le fauteuil que Ron occupait juste avant.
Hermione grogna en entendant l'appellation et recommença ses mailles avec colère. Le bruit de cliquetis des aiguilles intrigua George qui releva la tête pour l'observer :
"Qu'est-ce que tu fais ?"
"Je tricote, à l'évidence." maugréa Hermione.
"Et depuis quand est-ce que tu tricotes ?" demanda Fred avec surprise.
"Depuis la fin de l'été. Votre mère m'a appris." expliqua-t-elle. Puis, elle ajouta plus doucement : "C'est pour les elfes."
"Les elfes ?!" répéta George, ahuri.
"Oh non, Mione, ne me dis pas que c'est toi qui laisse des mouchoirs en tissu partout dans la Salle Commune ?!" demanda Fred.
Hermione sentit la même irritation à l'égard des jumeaux qu'avec Ron quand il critiquait son tricot. Elle fusilla Fred du regard :
"Ce ne sont pas des mouchoirs, ce sont des chapeaux." corrigea-t-elle sèchement.
"Tu continues tes histoires de S.A.P.E. ou je sais pas quoi ?" s'indigna Fred, les yeux écarquillés. "Mais, Hermione, tu sais bien qu'ils ne vont jamais prendre des bouts de tissu, ils se feraient libérés sur le champ !"
"C'est justement pour ça que je le fais !" contesta Hermione d'une voix forte.
Plusieurs élèves qui jouaient aux cartes un peu plus loin se tournèrent vers les éclats de voix.
"Ils ne se feront jamais avoir, Mione !" continua George. "Combien de fois faudra-t-il te le dire ? Les elfes ne veulent pas être libérés !"
Hermione reposa brutalement ses aiguilles sur ses genoux une seconde fois, ignorant la piqûre à sa cuisse au passage.
"Je ne vous demande pas d'adhérer à ce que je fais, simplement de respecter mes convictions !" dit-elle férocement.
George eut un petit sourire :
"C'est donnant donnant, Mione. On ne te demande pas d'adhérer aux farces et attrapes, simplement de respecter notre travail."
"Ce n'est pas un travail, c'est juste un hobby…"
"... Comme le tricot ?" termina Fred d'un ton amusé.
Hermione expira fort de frustration. Les deux jumeaux la regardaient avec cet air moqueur qu'elle ne supportait pas. Elle prit donc ses affaires et se leva furieusement.
"Je vais me coucher." annonça-t-elle froidement.
Quand elle partit, elle entendit clairement un rire derrière elle, et pressa le pas.
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Hermione était tellement furieuse contre Fred et George qu'elle ne réussit pas à dormir convenablement. Elle se retourna plusieurs fois pendant la nuit, et quand elle dû se rendre à l'évidence qu'elle n'arriverait pas à retrouver le sommeil, elle alla dans la Salle Commune. Elle ne fit même pas attention à ne pas faire de bruit dans le dortoir : elle se fichait éperdument de réveiller Lavande, désormais.
Elle lut un peu, puis Ginny arriva un peu après, et elles prirent un petit-déjeuner très matinal. La Grande Salle était pratiquement vide. Hermione réalisa à quel point elle avait pris l'habitude d'observer Drago en biais, parce que quand il n'était pas là, elle s'ennuyait profondément. Elle trempait pareussement sa brioche dans son café quand Ginny lui demanda d'un ton léger :
"Qu'est-ce que tu vas faire, aujourd'hui ?"
"Faire mes devoirs." répondit Hermione du tac au tac. "Il faut absolument que je sois en avance pour ne pas me faire surprendre par le travail supplémentaire des BUSES. Je vais terminer mon essai d'Astronomie, relire le chapitre d'Histoire de la Magie, et si j'ai le temps, je peux même prendre de l'avance sur demain et commencer à apprendre le cours de Botanique sur les effets et les usages du Dictame..."
Ginny fit une grimace :
"Merlin, je n'ai pas hâte d'être à l'année prochaine." marmonna-t-elle. "Et où vas-tu faire tout ça ?"
Hermione sentit ses joues rougir légèrement.
"Euh… À la Bibliothèque."
Ginny hocha la tête mais ne dit rien de plus. Elle n'avait pas reparlé de ce que lui avait dit Hermione la veille, à son grand soulagement. Ginny ne paraissait pas particulièrement désapprobatrice, elle continuait de boire son jus de citrouille sans montrer quoique ce soit sur son visage.
"Et toi ?" demanda Hermione pour changer de sujet. "Qu'est-ce que tu vas faire ?"
"Quidditch." répondit la rouquine. "Je comptais sur le fait que mon frère repousse tout au lendemain pour qu'il travaille toute la journée et que je sois tranquille."
"Tu ne vas donc jamais leur dire que tu voles en secret depuis tout ce temps ?" demanda Hermione avec un petit rire.
"Je suppose que leur dire maintenant ne serait pas trop grave." dit Ginny en haussant les épaules. "J'y ai réfléchi, et je pense que leur cacher des trucs n'est pas vraiment une bonne idée. Je m'en fiche pas mal de ce qu'ils pensent, maintenant."
Hermione était secrètement impressionnée par la facilité de Ginny à ne pas se soucier de ce que pensaient les gens autour d'elle. Hermione était constamment terrifiée à l'idée que quelqu'un apprenne son secret.
Mais il fallait dire que son secret à elle était un peu plus scandaleux que ceux de Ginny.
Luna Lovegood arriva à cet instant à la table des Gryffondors et lança un "bonjour" de sa voix flottante. Hermione ne put s'empêcher de crisper sa main contre sa tasse de café sans le vouloir. Elle n'arrivait pas vraiment à l'expliquer, mais cette fille avait un don pour l'agacer.
"Bonjour Luna !" dit Ginny chaleureusement. "Qu'est-ce que tu vas faire de beau, aujourd'hui ?"
Luna enjamba le banc et se mit à gauche de Ginny, pile en face d'Hermione. Son regard scrutateur se posa automatiquement sur la brune.
"Je vais dire bonjour aux Sombrals." répondit-elle, comme si c'était une activité tout à fait normale à faire un samedi.
"Il n'y a pas de Sombrals à Poudlard." répliqua Hermione sans pouvoir s'en empêcher.
Luna détailla Hermione de ses gros yeux bleus clairs, d'une manière si pénétrante qu'elle tressaillit un peu.
"Bien sûr que si." répondit-elle. "Ils sont à l'orée de la Forêt Interdite. Peut-être que tu ne peux pas les voir."
"Oui, ça doit être ça." répondit Hermione ironiquement.
Luna fronça les sourcils et se servit à manger. Chacun de ses gestes étaient atrocement lents. Rien que pour se verser du lait dans son bol, Hermione compta quarante secondes, ce qui était extrêmement long pour un geste si simple. Le temps que Luna referme la bouteille de lait, qu'elle se serve des céréales et qu'elle plonge sa cuillère dedans, Hermione avait déjà terminé son café.
Hermione n'avait jamais aimé les gens lents. Rien qu'en la regardant, elle piétinait déjà sous la table, avide de bouger.
"Je vais à la Bibliothèque." annonça-t-elle en se levant d'un bond.
Le temps de traverser la Grande Salle, Hermione se fit la réflexion que les accès de colère d'Harry étaient sûrement contagieux, parce qu'elle venait de s'énerver sans raison particulière. Peut-être que le comportement de Luna était vraiment exaspérant. Ou peut-être n'avait-elle pas assez dormi cette nuit…
Elle était en train d'échafauder des théories sur son état quand elle tourna dans le couloir, et percuta quelqu'un de plein fouet. Elle eut un hoquet de surprise et recula de quelques pas, un peu sonnée.
Hermione n'eut pas besoin de lever la tête pour reconnaître qui c'était : l'odeur mentholée de ses vêtements était reconnaissable n'importe où. Alors, quand elle leva les yeux, elle ne fut pas surprise de les plonger dans des prunelles grises.
Drago était clairement choqué, ne s'attendant certainement pas à se faire percuter de la sorte dès le matin. Il avait levé ses deux mains instinctivement, comme pour la retenir, mais s'était brutalement arrêté dans son geste. Il jeta un coup d'œil vers Parkinson, qui marchait à côté de lui et jaugeait Hermione d'un air mauvais.
Le visage surpris de Drago se transforma aussitôt en une fausse grimace :
"Regarde où tu vas…"
Hermione observa les lèvres du garçon, s'attendant à une insulte, mais rien ne vint. Le mot semblait coincé dans sa gorge. Hermione fronça les sourcils. Elle s'était attendue à voir Malefoy, pas Drago.
Ses yeux se voilèrent, et il la contourna pour entrer dans la Grande Salle. Zabini et Nott n'avaient pas eu l'air de faire attention à l'échange, mais Parkinson, elle, regardait toujours Hermione avec une haine peu dissimulée. Puis, elle tourna la tête et suivit Drago dans la Grande Salle.
Hermione resta plantée là quelques secondes, trop surprise pour avancer. Drago était censé l'insulter. Redevenir Malefoy devant les autres, pour garder l'illusion. Mais il n'avait pas réussi.
Elle ne savait pas vraiment si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle.
Hermione observa les alentours pour voir si quelqu'un avait entendu, mais elle était en plein milieu du passage et personne ne s'était arrêté. Elle se dirigea donc vers la Bibliothèque, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.
Elle s'installa sans réfléchir à la table reculée. Même si la Bibliothèque était vide, aller à une autre table n'était même plus imaginable désormais. Elle sortit ses affaires d'Astronomie et se mit à travailler, et heureusement, elle fut tellement concentrée qu'elle en oublia l'incident qui venait de se produire. Là, dans son havre de paix, Hermione était loin de la réalité. Elle travailla sans s'arrêter, sans même quitter le texte des yeux en buvant des gorgées de thé à la cannelle à intervalles réguliers.
Quand Drago arriva derrière elle, elle sursauta tellement fort qu'elle renversa la moitié de son thé sur son parchemin.
"Granger." salua-t-il avec un hochement de tête.
Il s'installa en face d'elle pendant qu'Hermione murmurait un "Tergeo" pour nettoyer les tâches sur le papier. Elle regarda Drago sortir ses affaires.
"Tu étais censé m'insulter." dit-elle de but en blanc.
Drago arrêta de fouiller dans son sac et la regarda d'un air interloqué.
"T'insulter pour te dire bonjour ?" demanda-t-il sans comprendre.
"Non, tout à l'heure !" dit la brune en levant les yeux au ciel. "Devant la Grande Salle ! Tu aurais dû m'insulter, on avait convenu de ça…"
Drago comprit à quoi elle faisait référence et il fronça les sourcils, comme si cette simple idée ne lui était jamais venue à l'esprit.
"Excuse-moi, je ne m'attendais pas à ce que tu me fonces littéralement dessus à 9h du matin." dit-il avec une pointe d'ironie dans la voix.
"Je ne l'ai pas fait exprès." répliqua Hermione. "Et si j'avais fait ça il y a deux ans, tu m'aurais insultée jusqu'à en perdre le souffle !"
"Probablement…" dit Drago, toujours perplexe.
Il s'assit sur sa chaise en la regardant avec une profonde incompréhension sur ses traits.
"Tu avais dit que tu m'insulterais !" rappela-t-elle. "Au lieu d'Harry ! Pour que les gens voient qu'on se déteste toujours !"
"Les gens savent qu'on se déteste toujours, Granger." dit Drago en fronçant encore plus les sourcils. "Ce n'est pas parce que je ne t'insulte pas une fois que les gens vont comprendre qu'on est devenus amis."
Hermione soupira bruyamment. Il avait sûrement raison, mais elle avait trouvé sa réaction étrange, et elle n'avait pas du tout aimé le regard de Parkinson. Comme si le fait que Drago ne l'ait pas insultée était de sa faute !
"D'accord, très bien." dit Hermione en reprenant sa plume.
Pendant plusieurs secondes, on entendit que le bruit de sa plume gratter rageusement contre le papier.
Puis, soudainement, Drago demanda :
"Insomnie, hier ?"
Ce fut au tour d'Hermione d'être perplexe.
"Quoi ?"
"Tu as fait une insomnie, hier soir ?" demanda Drago très sérieusement. "Tu es toujours irritée quand tu es fatiguée."
"Oh." dit-elle. Elle était toujours surprise qu'il arrive à percevoir son humeur en quelques secondes. Il la connaissait bien plus qu'elle ne le croyait. "Euh, oui."
"À cause des BUSES ?" demanda-t-il, soucieux.
"Non, pas vraiment… Je me suis un peu pris la tête avec Fred et George, hier soir." admit-elle en détournant le regard.
Drago haussa les sourcils.
"Ils sont contre Potter, eux aussi ?"
"Non, pas du tout… C'était stupide. N'en parlons plus."
Drago n'insista pas, bien qu'il avait l'air troublé. Hermione but une gorgée de thé et fut sur le point de retourner à son essai quand elle entendit Drago l'appeler doucement :
"Granger ?"
"Quoi ?"
"Tu sais que c'était il y a plus de trois heures ?"
"Quoi donc ?"
"Quand tu m'as bousculé devant la Grande Salle." expliqua-t-il, une lueur d'inquiétude dans ses yeux grisâtres. "C'était il y a plus de trois heures."
Hermione ne put s'empêcher d'afficher sa surprise.
"Quoi ?!" piailla-t-elle.
"Il est 12h30." dit Drago très lentement, comme s'il craignait sa réaction en apprenant l'heure. "Tu es là depuis 9h ?"
"Il est déjà 12h30 ?!" demanda-t-elle en même temps que lui.
Hermione n'en croyait pas ses oreilles, les heures avaient défilé tellement vite ! Elle regarda son essai et réalisa qu'elle avait rédigé bien plus que demandé, le bout du parchemin tombait presque du rebord de la table.
"Oh… Je n'ai… Je n'ai pas vu le temps passer." dit-elle piteusement.
"Granger… Ces BUSES, je crois qu'elles commencent vraiment à te faire perdre la tête." dit Drago avec inquiétude.
Hermione ne répondit rien, et se remit à écrire sur Galileo Galilei, l'astronome qui avait découvert la lune de Io. Drago se mit à travailler aussi, tout en jetant des coups d'œil furtifs dans sa direction, comme s'il avait soudain peur qu'elle s'évanouisse en plein milieu de la table.
Quelques temps après, Drago s'éclaircit la gorge :
"Tu devrais aller manger." conseilla-t-il doucement.
Hermione secoua la tête. Elle était en train de lire un paragraphe très intéressant sur Lisette de Lapin pour le cours d'Histoire de la Magie.
"Non, non, je veux vraiment terminer ça…"
Drago ouvrit la bouche pour contester, mais dû réaliser que ça ne servait à rien d'essayer de la convaincre, parce qu'il ne dit rien et continua de travailler.
Au bout d'un moment, Hermione leva la tête de son cours et vit que Drago se frottait les yeux de fatigue.
"Tu peux aller manger, toi, si tu veux."
Drago leva la tête vers elle. Il était à la fois surpris et inquiet.
"Granger, ça fait une heure que je t'ai dit ça." dit-il lentement. "Le déjeuner est terminé depuis longtemps. Tu es sûre que tu vas bien ?"
"Quelle heure est-il ?" demanda Hermione, surprise par la vitesse à laquelle le temps passait. Elle avait l'impression qu'il venait de lui dire d'aller manger…
"14h."
"Oh."
"Tu devrais faire une pause." dit Drago. "Tu me fais peur."
"Tu ne fais pas de pause non plus." pointa-t-elle en se servant un autre thé.
"Je ne suis pas là depuis cinq heures." dit-il avec un rire. "Sérieusement, Granger, tu peux être vraiment flippante quand tu travailles."
"Je suis simplement très concentrée." dit-elle amèrement.
Elle retourna à sa lecture et Drago fit claquer sa langue pour montrer sa réprobation. Hermione l'ignora.
"Je dois y aller." annonça soudain Drago en se levant.
"Quoi ? Où ça ?" demanda-t-elle, surprise.
"Ce sont les essais d'Attrapeur de Quidditch des Serpentards aujourd'hui."
Hermione n'en avait aucune idée. Elle regarda l'heure et vit avec stupéfaction qu'il était 15h40.
"Hum… À quelle heure ?" demanda-t-elle.
"Dans vingt minutes." répondit-il en mettant sa cape.
"Tu es venu à la Bibliothèque alors que tu as tes essais de Quidditch aujourd'hui ?" demanda-t-elle, surprise.
"Oui." dit-il, comme une évidence. "Pourquoi ?"
"Je ne sais pas, je pensais que tu t'entraînerais avant…"
Drago s'esclaffa méchamment.
"Non, je ne suis pas Weasley, moi."
"D'ailleurs, en parlant de Ron… Harry m'a dit que tu étais venu hier, à l'entraînement…" commença avec Hermione sur un ton de reproche.
"Hé-hé, Granger, c'était dans mes conditions." coupa Drago en mettant ses mains devant lui, comme pour clore ce sujet avant même qu'Hermione ait pu en parler. "Je reviens ce soir pour terminer mon essai de Potions. Je t'en supplie, Granger, sors un peu. Va manger un truc, prends l'air, peu importe, mais ne reste pas enfermée dans cette Bibliothèque toute l'après-midi, tu m'inquiètes vraiment."
Hermione hocha la tête, bien qu'elle n'avait nullement l'intention de ressortir de là tant qu'elle n'avait pas fini ses devoirs. Il se retourna, et juste avant qu'il ne s'engouffre dans les étagères, elle lui lança :
"Bonne chance !"
Il se tourna vers elle, un petit sourire fier accroché aux lèvres :
"Je n'ai pas besoin de chance, j'ai déjà du talent." dit-il, avec ce ton arrogant qu'il prenait toujours pour se vanter.
Elle leva les yeux au ciel et il s'éloigna en riant.
Pendant l'absence de Drago, Hermione termina de lire son chapitre d'Histoire de la Magie, prit des notes, termina son explication sur la manière de tenir un Botruc (parce qu'elle avait le pressentiment que Ron et Harry ne le ferait jamais), puis commença à apprendre son cours sur les usages du Dictame. Ce fut à ce moment qu'il revint. Cette fois-ci, elle reconnut ses pas.
"Tu n'es pas sortie de l'après-midi, c'est ça ?" devina-t-il, l'air très mécontent.
"Comment se sont passés les essais ?" demanda-t-elle innocemment.
Il soupira, et s'assit en face d'elle avec un air désapprobateur sur ses traits.
"Je suis pris." dit-il.
"Oh, félicitations !"
Drago fit semblant d'être désinteressé, mais Hermione put clairement voir un sourire fier s'étaler sur ses lèvres le temps d'une seconde.
"Ce n'était pas vraiment une surprise, on était deux à se présenter, avec une troisième année qui était à deux doigts de faire un malaise à cause du stress. Montague aurait eu tort de ne pas me prendre."
"Est-ce que toute votre équipe est déjà sélectionnée ?" demanda Hermione en se servant un nouveau thé.
"Non, il manque deux Poursuiveurs et les deux Batteurs. Les essais des Batteurs commençaient à peine quand je suis parti."
"Tu ne voulais pas voir la suite ?" demanda Hermione, étonnée.
Drago haussa les épaules.
"Non, je préfère être avec toi."
Hermione sentit aussitôt les rougeurs habituelles brûler ses joues. Elle but une gorgée de thé, et ne put s'empêcher de sourire dans sa tasse, avant de s'insulter mentalement d'idiote et de retourner à ses devoirs.
"Il te reste beaucoup de choses à faire ?" demanda-t-il en observant ses parchemins.
"Non, je prends de l'avance." expliqua-t-elle en lui montrant son manuel de Botanique. "J'étudie les effets du Dictame, comme ça, je serai prête pour la prochaine leçon."
"Merlin, Granger." répondit-il en levant les yeux au ciel.
Il sortit son essai de Potions déjà bien entamé. Hermione s'attarda une seconde sur les bagues qui ornaient ses doigts. Elle avait déjà vu celle en argent avec un écusson dessus, mais elle n'avait jamais remarqué celle qu'il avait sur son majeur gauche. Elle essaya de la déchiffrer sans y arriver, et détourna vite le regard avant qu'il ne remarque ce qu'elle était en train de faire.
Quand Hermione termina sa Botanique, Drago était toujours en train d'écrire son essai de Potions. Elle fut surprise de la vitesse à laquelle il écrivait, mais elle n'arrivait pas à lire ce qu'il écrivait. Elle rangea son manuel, ses notes, et réfléchit à ce qu'elle pourrait faire quand la voix traînante de Drago retentit :
"Tu as enfin terminé ?"
Elle se tourna vers lui : il écrivait toujours sans la regarder. Elle était incapable de faire ça, parler et écrire en même temps.
"Oui." répondit-elle. "Mais j'attends que tu aies terminé."
Il sourit très légèrement. Elle était sûre qu'il était content de cette petite attention.
"D'accord, je pense avoir terminé avant le dîner."
Hermione arqua un sourcil. Vu où il en était, elle doutait fort qu'il réussisse à terminer avant de manger. Elle ne dit rien cependant, et décida plutôt de sortir ses aiguilles pour continuer sa chaussette jaune. Elle était dans un piteux état : à cause de sa petite dispute avec les jumeaux la veille, Hermione s'était un peu défoulée sur son tricot, qui n'avait visiblement pas apprécié. Elle posa la laine sur ses genoux et pointa sa baguette dessus en s'entraînant au geste sans parler.
Très vite lassée, ses yeux se dirigèrent plutôt vers la main de Drago qui écrivait. Sa plume de paon allait tellement vite qu'elle en devenait floue. Hermione pencha un peu la tête sur le côté pour pouvoir lire quelques lignes. Drago était en train de décrire les effets reposants de la poudre de pierre de lune dans les Philtres de Paix.
"Arrête d'essayer de corriger mon essai, Granger." marmonna Drago en écrivant.
Hermione se redressa sur sa chaise, outrée.
"Je n'essayais pas de corriger ton essai !" contesta-t-elle, bien que c'était exactement ce qu'elle était en train de faire.
"Bien sûr. Alors, rien trouvé ?"
Elle fit la moue.
"Non." admit-elle. "Pas de ce que je vois, en tout cas."
"Même si je te faisais relire tout, tu ne trouverais rien." affirma-t-il avec un sourire dissimulé. "Je croyais t'avoir déjà prouvé que j'étais plus fort en Potions que toi ?"
Hermione se mordit l'intérieur de la joue en se rappelant de ce souvenir douloureux. Les examens de troisième année, où Drago l'avait battu à plate couture et l'avait obligée à abandonner l'Étude de Moldus.
"Je suis encore persuadée que tu avais triché." objecta-t-elle.
"Tu sais très bien que non." dit-il avec son sourire en coin habituel. "Je suis simplement meilleur que toi dans cette matière. Reconnais-le, Granger."
"N'importe quoi. Tu es juste favorisé par Rogue."
"Ah oui, vraiment ?" répondit-il sur un ton de défi. "Alors, tu as bien écrit que la pierre de lune peut aussi servir en tant que tranquillisant dans les potions paralysantes ?"
Hermione ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux.
"Non, tu dis n'importe quoi."
"Nous verrons cela." répondit-il sournoisement.
Et il retourna à son écriture. Hermione n'avait aucune idée de s'il avait vraiment écrit ça, ou si c'était un coup de bluff. Elle n'avait jamais entendu un tel usage pour la pierre de lune. Si ça avait été le cas, elle l'aurait sûrement lu quelque part… Et Drago était rusé. Elle était sûre qu'il était capable d'inventer ça pour la déstabiliser. En plus, Rogue ne se priverait pas de lui enlever des points si elle écrivait quelque chose de faux sur son essai.
Hermione décida qu'il mentait et retourna à son tricot, toujours posé sur ses genoux. Quand Molly Weasley l'avait fait devant elle, ça lui avait paru comme une activité très facile à faire. Mais Hermione était trop perfectionniste, et elle voyait bien que son mouvement de baguette n'était pas assez précis. Elle s'entraîna donc plusieurs fois, puis, elle prononça d'une voix claire : "Lanam Nere Macula". Aussitôt, le bout de laine s'enroula tout seul autour de son aiguille et Hermione regarda le processus de couture avec attention, veillant à ce qu'il corresponde bien au patron d'une chaussette.
Alerté par le bruit du sort, Drago releva la tête.
"Qu'est-ce que tu fais ?" demanda-t-il en scrutant le bout de fil.
"Je tricote." répondit-elle sans lâcher les aiguilles des yeux.
"Pourquoi faire ?"
"Pour la S.A.L.E." expliqua-t-elle.
"... Tu as peur que les elfes attrapent froid ?" demanda-t-il sarcastiquement.
"Non, je les dispose un peu partout dans la Salle Commune pour qu'ils se fassent libérer." répondit-elle en levant la tête.
Elle analysa sa réaction, s'attendant à ce qu'il éclate de rire, ou la dissuade aussitôt, comme Fred, George, Ron et Harry. À la place, il écarquilla légèrement les yeux.
"Et ça marche ?" demanda-t-il après plusieurs secondes.
Hermione fut tellement prise de court par cette question qu'elle bredouilla :
"Euh, oui, je crois…. Trois chapeaux que j'ai fait ont disparu."
Il hocha la tête, puis se remit à écrire. Quand Hermione baissa de nouveau le regard, toutes ses mailles s'étaient emmêlées.
"Oh, non !" glapit-elle.
Elle essaya de corriger mais sa chaussette avait maintenant un gros nœud à la cheville. Elle essaya de le retirer avec sa baguette, mais ce fut pire, alors elle l'enleva à la main.
"Fini." annonça soudain Drago en rangeant son essai.
"Quoi, déjà ?"
"Je t'ai dit que je le finirai avant de dîner." répondit-il d'un ton hautain.
"Tu as bâclé la fin."
Il sourit comme si elle lui avait fait un compliment.
"On verra bien."
Hermione roula des yeux face à son arrogance et fut sur le point de ranger son tricot dans son sac quand Drago le pointa du doigt.
"Montre-moi ?"
"Oh, euh… J'ai un peu raté…" dit-elle timidement.
Il haussa les épaules.
"Je peux voir quand même ?"
Hermione lui montra la petite chaussette toute emmêlée. Drago n'esquissa pas le moindre sourire moqueur et se contenta de l'observer attentivement. Puis, il dit simplement :
"C'est une jolie chaussette."
En se séparant pour aller dîner, Hermione se fit la réflexion que Drago était la seule personne qui ne s'était pas moqué de son tricot depuis qu'elle avait commencé.
"Maman ne fait pas comme ça."
Hermione regarda Ginny d'un air blasé.
"J'imagine que non, en effet." répliqua-t-elle froidement.
Elle reposa sa chaussette jaune avec un soupir. Elle s'était encore emmêlée à cause d'un sort raté et Hermione était extrêmement frustrée de ne pas réussir à tricoter correctement. Ginny contempla son travail, la bouche pincée pour s'empêcher de rire, et proposa doucement :
"Pourquoi tu ne le fais pas à la manière Moldue ? Tu avais l'air d'y arriver bien mieux."
Elle avait raison. Hermione avait vu sa mère tricoter depuis qu'elle était enfant, elle savait exactement les mouvements à faire. Elle avait réussi à tricoter plusieurs vêtements sans magie, elle était définitivement plus efficace quand elle n'utilisait pas sa baguette. Mais le simple fait de ne pas s'en servir la rendait anxieuse. Pourquoi n'y arrivais-t-elle pas ? C'était pourtant un sort facile, et elle était censée être douée en magie…
Elle détestait remettre en cause sa magie. Elle détestait ne pas exceller dans ce domaine, parce qu'elle avait toujours l'impression de donner raison aux insultes qu'elle entendait depuis sa première année. Qu'elle n'était qu'une Moldue, à qui on avait donné une baguette mais qui ne savait pas l'utiliser. Qu'elle n'était pas une vraie sorcière.
Ginny dû percevoir son débat intérieur parce qu'elle s'approcha de sa meilleure amie avec un sourire réconfortant :
"On a tous des choses qu'on préfère faire façon Moldue." chuchota-t-elle, pour ne pas que les élèves assis à côté d'eux puissent entendre. "Moi, par exemple, je nettoie toujours mon balai à la main, parce que je suis incapable de le faire avec un sort. Tu es déjà excellente partout, Hermione. Tu peux tricoter façon Moldue."
Hermione sourit et rangea sa baguette dans sa poche. Dès qu'elle reprit les aiguilles dans ses mains, ses gestes furent plus fluides. Sa chaussette retrouva une forme décente en moins de dix minutes.
"Tu penses qu'ils vont terminer avant l'aube ?" demanda Ginny avec un rire.
Elle pointa du doigt Harry et Ron, assis à une table plus loin dans la Salle Commune. Ron écrivait paresseusement sur un parchemin, et Harry se frottait les yeux en bâillant.
"Ça leur apprendra." dit Hermione en tournant la tête. "Ce n'est pas faute de les avoir prévenus."
Elle continua de tricoter tandis que Ginny les regardait discrètement par-dessus son magazine de mode.
"Ron te regarde." dit-elle d'une voix claironnante.
Hermione soupira et tâcha de garder le regard résolument fixé sur son tricot.
"Il espère peut-être que si je vois ses cernes, j'aurais pitié de lui, et je ferais ses devoirs à sa place." grommela-t-elle.
Ginny ricana et retourna à son magazine de mode.
"Oh, cette robe est splendide." s'exclama-t-elle en tournant la page.
Elle la montra à Hermione, qui préférait plutôt celle à côté. Elles s'amusèrent alors à choisir leur vêtement préféré de chaque page et imaginer dans quel contexte elles pourraient porter ça. Quand Ginny proposa une robe de mariée en dentelle pour son mariage avec le bassiste des Bizarr' Sisters, Hermione rit si fort que Pattenrond déguerpit de ses genoux, offusqué.
À 23h30, les garçons étaient toujours en train de faire leurs devoirs. Ron bâillait si fort qu'Hermione craignait qu'il se disloque la mâchoire. Elle termina ses chaussettes (l'une légèrement plus petite que l'autre), qu'elle cacha habilement sous un morceau de parchemin chiffonné dans l'espoir qu'un elfe s'en empare par inadvertance. Puis, elle se dirigea vers la table de travail d'Harry et Ron :
"Vous avez bientôt fini ?" demanda-t-elle, sa phrase coupée par un bâillement.
"Non." répliqua Ron sèchement.
Hermione posa ses yeux quelques secondes sur son devoir et plissa les lèvres :
"La plus grande lune de Jupiter, c'est Ganymède, pas Callisto." dit-elle en montrant une ligne par-dessus son épaule. "Et c'est sur Io qu'il y a les volcans."
"Merci." dit-il avec mauvaise humeur en rayant férocement les deux lignes en question.
"Désolée, je voulais seulement…" commença-t-elle.
"Bon, écoute, si tu es simplement venue pour critiquer…"
Soudain, un mouvement par la fenêtre fit sursauter Hermione. Elle aperçut un hibou posé sur le rebord. Au début, elle crut que c'était Ébène, et son cœur loupa un battement. Mais cet hibou n'avait pas le plumage noir de celui de Drago, il était plutôt marron.
"Ron…" dit Hermione, en se rappelant lentement où elle avait vu cet oiseau.
"Je n'ai pas le temps d'écouter un sermon, d'accord, Hermione ?" continua Ron, qui n'avait fait attention à la fenêtre à côté de lui. "Je suis jusqu'au cou dans…"
"Mais non, ce n'est pas ça… Regardez !"
Les deux garçons se tournèrent vers la fenêtre.
"Ça ne serait pas Hermès ?" demanda Hermione, stupéfaite.
"Mais si, ma parole, c'est lui !" dit Ron à voix basse en posant sa plume. "Je me demande bien pourquoi Percy m'écrit…"
Il laissa entrer Hermès qui se posa sur le devoir de Ron, en étalant toute l'encre fraîche dessus au passage. Il tendit sa patte à laquelle un parchemin était accroché, et Ron analysa l'adresse écrite dessus.
"C'est bien l'écriture de Percy." dit-il, abasourdi.
"Ouvre-la !" dit Hermione avec impatience.
Harry approuva d'un signe de tête. Ron déplia la lettre et commença à lire en silence. Au début, son visage était toujours marqué par l'incrédulité de recevoir une lettre de son grand frère, mais au fur et à mesure de sa lecture, il se renfrogna. À la fin, il était rouge de colère et paraissait dégoûté.
Il tendit la lettre à Hermione et Harry qui la lurent en même temps, penchés l'un vers l'autre.
.
Cher Ron,
Je viens d'apprendre (du ministre de la Magie en personne, qui le tient de ton nouveau professeur, Dolores Ombrage) que tu viens d'être nommé préfet à Poudlard.
J'ai été très agréablement surpris d'entendre cette nouvelle et je dois commencer par t'adresser toutes mes félicitations. J'avoue que j'ai toujours eu peur de te voir prendre ce que l'on pourrait appeler la "voie de Fred et George" plutôt que de suivre mes traces, aussi peux-tu facilement imaginer mon soulagement quand j'ai su que tu avais cessé de mépriser l'autorité et décidé d'endosser de véritables responsabilités.
Mais je veux faire plus que t'exprimer de simples félicitations, Ron, je souhaite également t'offrir quelques conseils et c'est la raison pour laquelle je t'envoie cette lettre le soir plutôt que par le courrier du matin. J'espère que tu pourras la lire loin des regards indiscrets et des questions embarrassantes.
D'après ce que le Ministre a laissé échapper en m'annonçant que tu avais été nommé préfet, je conclus que tu vois toujours très souvent Harry Potter. Je dois t'avertir ; Ron, que rien ne peut menacer davantage ton insigne de préfet qu'une fraternisation prolongée avec ce garçon. Je sais, bien sûr, que tu seras surpris de lire ces lignes – tu me diras sans doute que Potter a toujours été le chouchou de Dumbledore – mais j'estime de mon devoir de te prévenir que Dumbledore ne sera peut-être plus très longtemps en poste à Poudlard et que les personnes qui comptent aujourd'hui ont une façon très différente – et probablement beaucoup plus juste – de juger le comportement de Potter. Je n'en dirai pas plus pour l'instant mais si tu prends la peine de lire La Gazette du sorcier demain, tu auras une assez bonne idée de la direction dans laquelle souffle le vent – et on verra si tu reconnais la marque de ton serviteur !
Sérieusement, Ron, il ne faut pas que tu sois mis dans le même sac que Potter, cela pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour ton avenir et je parle également de ta vie après l'école. Comme tu dois déjà le savoir, puisque notre père l'a accompagné au tribunal, Potter a été convoqué cet été à une audience disciplinaire devant le Magenmagot au complet et il n'en est pas sorti sans dommages. Si tu veux mon avis, il n'a réussi à échapper aux mailles du filet que grâce à des finasseries juridiques et nombre de personnes avec lesquelles je me suis entretenu restent convaincues de sa culpabilité.
Peut-être as-tu peur de rompre les liens avec Potter – je sais qu'il n'est pas très équilibré et qu'il lui arrive, autant que je le sache, d'être violent – mais si tu as quelque souci que ce soit à ce sujet, ou si tu as remarqué dans son comportement quelque chose d'inquiétant, je te conjure d'aller en parler à Dolores Ombrage, une femme véritablement charmante qui ne sera que trop heureuse de te conseiller, tu peux m'en croire.
Voilà qui m'amène au deuxième conseil que je voulais te donner. Comme je te l'ai laissé entendre, les jours de Dumbledore à Poudlard pourraient bien être comptés. Ce n'est pas à lui que tu dois manifester ta fidélité, Ron, mais à l'école et au ministère. Je regrette infiniment d'apprendre que, jusqu'à présent, le professeur Ombrage ne rencontre guère de coopération de la part des autres professeurs dans ses efforts pour mettre en œuvre les changements que le Ministère désire si ardemment introduire à Poudlard (bien que sa tâche puisse être facilitée à compter de la semaine prochaine – là encore, tu en sauras plus en lisant La Gazette du sorcier demain !). Je te dirai simplement ceci : un élève qui montre sa volonté d'aider le professeur Ombrage aujourd'hui pourrait se retrouver en bonne position pour devenir Préfet-En-Chef dans deux ans !
Je regrette de ne pas avoir pu te voir davantage cet été. Critiquer nos parents me chagrine profondément, mais j'ai bien peur qu'il me soit impossible de vivre plus longtemps sous leur toit tant qu'ils continueront à fréquenter la redoutable bande qui tourne autour de Dumbledore. (Si tu écris à maman, tu peux lui dire qu'un certain Sturgis Podmore, qui est un grand ami de Dumbledore, a été récemment envoyé à Azkaban pour avoir tenté de cambrioler le ministère. Voilà qui l'aidera peut-être à ouvrir les yeux sur le genre de délinquants qu'ils côtoient.) Je m'estime pour ma part très heureux d'avoir échappé à la honte d'être associé à de tels personnages – le ministre ne saurait être plus aimable avec moi – et j'espère vraiment, Ron, que tu ne laisseras pas les liens familiaux te dissimuler la nature erronée des croyances et des actions de nos parents. Je souhaite sincèrement qu'avec le temps, ils comprennent à quel point ils se sont trompés et je serai bien entendu tout disposé à accepter leurs excuses lorsque ce jour viendra.
Réfléchis très attentivement, s'il te plaît, à ce que je t'ai dit, particulièrement en ce qui concerne Harry Potter, et reçois à nouveau mes très sincères félicitations pour ta nomination au poste de préfet.
Ton frère,
Percy
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Hermione laissa échapper plusieurs exclamations de choc en lisant ces mots. On aurait dit une lettre venue d'un employé du Ministère, et non pas de Percy, qu'elle connaissait bien. Elle regarda Harry et fut surprise de ne voir aucune expression particulière sur son visage. Quand il termina sa lecture, il leva les yeux vers Ron :
"Bon, eh bien…" dit-il sur le ton de la plaisanterie. "Si tu veux… euh… comment dit-il déjà ?" Il regarda la lettre de Percy. "Ah oui, c'est ça… "rompre les liens" avec moi, je te promets que je ne deviendrai pas violent."
"Rends-moi ça." demanda Ron, la main tendue. "C'est vraiment…" dit-il d'une voix saccadée tandis qu'il déchirait en deux la lettre de Percy – le plus grand – il la déchira en quatre – crétin – il la déchira en huit – du monde."
Il jeta les morceaux de parchemin dans le feu. Son visage avait pris une teinte rougeâtre soutenue, et il évitait de regarder Harry.
"Allez, viens, il faut finir ça avant l'aube." dit Ron en se penchant vers l'essai pour la Professeure Sinistra.
Elle ne savait pas si c'était sa voix accablée, ses traces de fatigue ou sa gêne après avoir lu la lettre de Percy, mais Hermione ressentit un pincement au coeur, et tendit la main avec un sourire :
"Allez, donne." dit-elle.
"Quoi ?" s'étonna Ron.
"Donnez-moi vos devoirs, je vais les regarder et les corriger." soupira-t-elle.
"Sérieux ? Oh, Hermione, tu nous sauves la vie !" s'écria Ron. "Qu'est-ce que je pourrais…"
"Tu pourrais dire par exemple : "Nous promettons de ne plus jamais accumuler un tel retard dans nos devoirs."" répondit-elle, en tendant les deux mains pour prendre leurs copies.
"Merci mille fois, Hermione." dit Harry d'une petite voix.
Hermione corrigea leurs deux essais et ajouta quelques informations supplémentaires dans les marges pour compléter leurs paragraphes sur chacune des lunes de Jupiter. Tandis que la Salle se vidait, Hermione levait fréquemment la tête vers Harry, qui n'avait pas bougé de son fauteuil et contemplait le feu, pensif. Hermione savait qu'il pensait à Percy. Parce que, même s'il avait utilisé un ton amusé, elle pouvait deviner son mal-être en réalisant que Percy Weasley pouvait le considérer comme le fabulateur que décrivait la Gazette des Sorciers.
Il était plus de minuit quand Hermione termina de corriger leurs devoirs. La Salle Commune était vide, et le feu projetait une lumière tamisée autour d'eux.
"Tiens, écris ça." dit Hermione en redonnant à Ron son parchemin raturé. "Ensuite, tu ajouteras la conclusion que j'ai rédigée pour toi."
Le visage de Ron s'étira dans un sourire soulagé, bien loin de son expression dégoûtée après la lettre de Percy.
"Hermione, tu es vraiment la personne la plus extraordinaire que j'aie jamais rencontrée." dit-il d'une voix faible. "Et si jamais je me montrais à nouveau grossier avec toi…"
"… je saurais que tu as retrouvé ton état normal." acheva Hermione avec un sourire. "Harry, ce que tu as écrit est très bien à part la fin. Tu as sans doute mal entendu ce que disait le professeur Sinistra, le satellite de Jupiter qu'on appelle Europe est recouvert de glace, pas de garces… Harry ?"
Elle leva la tête quand elle n'entendit pas de réponse et fut surprise de le voir agenouillé par terre, la bouche ouverte, face au feu.
"Euh… Harry ?" appela Ron d'une voix hésitante. "Qu'est-ce que tu fais par terre ?"
"Je viens de voir la tête de Sirius dans le feu." répondit Harry très calmement.
"La tête de Sirius ?" répéta Hermione, surprise. "Tu veux dire comme le jour où il a voulu te parler pendant le Tournoi des Trois Sorciers ? Mais il ne pourrait plus faire ça maintenant, ce serait trop… Sirius !"
Elle sursauta quand elle vit, en effet, la tête de Sirius entre les flammes. Il était reconnaissable, malgré l'étrangeté de l'endroit où il se trouvait : ses cheveux mi-longs encadraient son visage souriant, sans prêter attention au feu qui léchait ses joues.
"Je commençais à craindre que vous n'alliez vous coucher avant que les autres soient partis." dit-il, comme si c'était une conversation tout à fait banale. "J'ai vérifié toutes les heures…"
"Tu veux dire que, toutes les heures, tu as passé la tête dans le feu ?" s'étonna Harry en riant à moitié.
"Juste quelques secondes pour voir si la voie était libre." dit Sirius sans perdre son sourire espiègle.
"Et si on t'avait surpris ?" dit Hermione d'une voix angoissée.
"Je crois qu'il y a une fille de première année, d'après sa tête, qui a dû m'apercevoir tout à l'heure, mais ne t'inquiète pas !" dit Sirius précipitamment en voyant Hermione plaquer une main contre sa bouche. "J'étais déjà parti quand elle a voulu regarder de plus près. Elle a sans doute pensé que j'étais une bûche avec une drôle de forme ou quelque chose comme ça."
"Mais Sirius, c'est un risque énorme…" commença Hermione.
"On dirait Molly." répliqua Sirius, toujours rieur. "C'était la seule façon de répondre à la lettre de Harry sans recourir à un code."
"Quoi ?" s'étonna Hermione en tournant vivement la tête vers Harry. "Tu ne nous avais pas dit que tu avais écrit à Sirius !" dit-elle d'un ton accusateur.
"J'avais oublié." dit Harry. Quand il tourna la tête vers elle et croisa son regard, il s'écria : "Ne me regarde pas comme ça, Hermione ! Il était impossible que quiconque y découvre la moindre information, pas vrai, Sirius ?"
"En effet, elle était très bien." affirma son parrain. "Mais il faut qu'on se dépêche au cas où quelqu'un viendrait nous déranger… Ta cicatrice."
Ce fut au tour de Ron d'être surpris.
"Quoi ? Qu'est-ce que…?"
"On te racontera plus tard." promit Hermione. "Continue, Sirius."
"Je sais que ce n'est pas drôle quand ça fait mal, mais nous pensons qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Elle est restée douloureuse toute l'année dernière, non ?"
"Oui, et Dumbledore a dit que ça arrivait chaque fois que Voldemort éprouvait une très forte émotion." répondit Harry, indifférent aux grimaces de Ron et d'Hermione en entendant ce nom tant redouté. "Alors peut-être que le soir où j'avais cette retenue, il était très en colère ou je ne sais quoi…"
"Maintenant qu'il est de retour, la douleur reviendra plus souvent." dit Sirius, qui avait froncé les sourcils.
"Alors, tu penses que ça n'a rien à voir avec le fait qu'Ombrage m'ait touché ?" demanda Harry.
"J'en doute." répondit Sirius. "Je la connais de réputation et je suis sûr que ce n'est pas une Mangemort."
"Elle est suffisamment ignoble pour en être une." dit sombrement Harry.
Hermione et Ron approuvèrent d'un vigoureux hochement de tête. À leur surprise, le parrain d'Harry retrouva son sourire, malgré la gravité du sujet :
"Oui, mais le monde ne se divise pas entre braves gens et Mangemorts. Je sais bien qu'elle est épouvantable, vous devriez entendre Remus quand il en parle."
"Lupin la connaît ?" demanda avidement Harry.
"Non, mais il y a deux ans, elle a rédigé quelques textes de loi anti-loups-garous qui lui interdisent pratiquement de trouver du travail."
Une vague de protestation monta dans l'estomac d'Hermione, qui ne put s'empêcher de répliquer :
"Qu'est-ce qu'elle a contre les loups-garous ?"
"J'imagine qu'elle en a peur." répondit Sirius en tournant sa tête vers elle. "Apparemment, elle déteste les hybrides. L'année dernière, elle a fait campagne pour qu'on recense les êtres de l'eau et qu'on les marque. Vous vous rendez compte ? Perdre son temps et son énergie à persécuter les êtres de l'eau alors que des immondices comme Kreattur ne sont pas inquiétées ?"
"Sirius !" s'exclama Hermione, outrée. "Si vous faisiez quelques efforts avec Kreattur, je suis sûre qu'il réagirait favorablement. Vous êtes le dernier membre de la famille qui lui reste et le professeur Dumbledore a dit…"
"Alors, comment se passent les cours d'Ombrage ?" interrompit Sirius en se tournant de nouveau vers les garçons. "Elle vous apprend à tuer les hybrides ?"
Hermione rumina dans son coin, indignée qu'ils puissent tous être aussi insensibles au sort de ces pauvres elfes.
"Oh non." répondit Harry. "Elle ne veut pas que nous fassions de la magie !"
"On passe notre temps à lire ce stupide manuel." maugréa Ron.
"Oui, ce n'est pas étonnant." répondit Sirius, en pleine réflexion. "D'après nos informations au sein du Ministère, Fudge ne veut pas qu'on vous entraîne au combat."
"Qu'on nous entraîne au combat !" répéta Harry, incrédule. "Qu'est-ce qu'il croit ? Qu'on veut devenir une armée ?"
"C'est exactement ce qu'il pense." dit Sirius. "Ou plutôt, il pense que c'est Dumbledore qui essaye de former sa propre armée pour s'emparer du Ministère de la Magie."
Il y eut un moment de silence, où Hermione considéra ces paroles. C'était stupide, évidemment. Mais quelque chose dans cette théorie retenait son attention…
"C'est la chose la plus idiote que j'aie jamais entendue." décréta Ron. "Même Luna Lovegood ne dit pas des trucs pareils."
"Alors, on nous empêche d'apprendre la Défense Contre les Forces du Mal parce que Fudge a peur qu'on utilise des sortilèges contre le Ministère ?" demanda Hermione avec colère.
"En effet." répondit Sirius. "Fudge pense que Dumbledore ne reculera devant rien pour prendre le pouvoir. Il devient chaque jour un peu plus paranoïaque. Il finira par monter une machination pour faire arrêter Dumbledore, c'est une question de jours."
"Est-ce que tu sais s'il va y avoir quelque chose sur Dumbledore dans La Gazette du Sorcier de demain ?" demanda Harry. "Percy, le frère de Ron, prétend que oui…"
"Je ne sais pas." dit Sirius, en perdant soudain son sourire. "Je n'ai vu aucun membre de l'Ordre pendant le week-end, ils étaient tous trop occupés. Il n'y avait plus que Kreattur et moi…"
"Alors, tu n'as pas eu de nouvelles de Hagrid non plus ?" demanda Harry avec espoir.
Hermione se pencha encore plus vers la cheminée pour entendre la réponse. L'absence du garde-chasse était plus douloureux à chaque jour qui passait.
"Ah…" dit Sirius. "Je crois qu'il aurait déjà dû revenir, personne ne sait très bien ce qui lui est arrivé." En voyant leurs trois mines paniquées, il s'empressa d'ajouter : "Mais Dumbledore n'est pas inquiet, alors ne vous mettez pas dans tous vos états. Je suis sûr que Hagrid va très bien."
"Mais s'il aurait déjà dû revenir…" dit Hermione d'une petite voix anxieuse.
"Madame Maxime était avec lui, nous avons eu un contact avec elle et elle nous a dit qu'ils étaient rentrés séparément, mais rien ne laisse penser qu'il ait pu être blessé ou… Bref, rien n'indique qu'il ne soit pas en pleine forme."
En voyant qu'Harry, Ron et Hermione n'étaient toujours pas convaincus, Sirius poussa un soupir :
"Écoutez, ne posez pas trop de questions sur Hagrid. Vous ne pourriez qu'attirer l'attention sur le fait qu'il n'est pas encore revenu et je sais que Dumbledore veut éviter ça. Hagrid est un dur, il s'en sortira très bien."
Hermione était trop angoissée pour répondre. Ces nouvelles d'Hagrid n'étaient pas des plus réjouissantes, au contraire, elles étaient même très préoccupantes. Probablement pour leur remonter le moral, Sirius demanda d'un ton enjoué :
"À quel moment aura lieu votre prochaine sortie à Pré-au-Lard ? Je me disais qu'on pourrait faire comme pour la gare de King's Cross, personne n'a remarqué le chien…"
"NON !" s'écrièrent Harry et Hermione d'une même voix. "Sirius, tu n'as pas lu La Gazette du sorcier ?"
"Ah oui, ce petit article…." répondit-il avec un sourire. "Ils essayent toujours de deviner où je me trouve. En fait, ils n'en ont pas la moindre idée…"
"Cette fois, c'est différent." affirma Harry d'une voix ferme. "Dans le train, Malefoy a fait une allusion… et on a tout de suite pensé qu'il savait que le chien, c'était toi. Son père était sur le quai, Sirius, tu connais Lucius Malefoy, alors, quoi que tu fasses, ne viens pas ici. Si Drago Malefoy te reconnaît…"
Hermione se mordit inconsciemment la lèvre en pensant à tout ce que Drago savait, maintenant.
"D'accord, d'accord, j'ai compris." répondit Sirius, visiblement mécontent. "C'était juste une idée, je pensais que ça vous ferait plaisir qu'on se retrouve."
"Bien sûr que ça nous ferait plaisir mais je ne veux pas qu'on te renvoie à Azkaban !" dit Harry avec ardeur.
Il y eut un silence pendant lequel Sirius, la tête au milieu des flammes, observa Harry. Un pli s'était dessiné entre ses yeux enfoncés dans leurs orbites.
"Tu ne ressembles pas autant à ton père que je le pensais." marmonna-t-il enfin, avec une nette froideur dans la voix. "Pour James, c'était justement le risque qui était amusant."
"Écoute… " dit Harry, mais Sirius l'interrompit :
"Bon, je ferais bien d'y aller. J'entends Kreattur qui descend l'escalier. Je t'écrirai pour t'indiquer le moment où je pourrai revenir te parler dans le feu, d'accord ? Si tu acceptes d'affronter un tel risque…"
Il y eut un petit pop ! et les flammes s'élevèrent à nouveau à l'endroit où la tête de Sirius s'était trouvée un instant auparavant. Hermione et Ron échangèrent un regard inquiet, puis dévièrent sur Harry, qui regardait toujours les flammes, les sourcils froncés.
Hermione avait toujours adoré Sirius. Et elle savait qu'Harry le voyait comme la figure paternelle qu'il n'avait jamais eue. Mais elle ne put s'empêcher, à cet instant, de le trouver un peu égoïste.
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Drago
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Le lundi matin, Drago était tranquillement en train de manger son petit-déjeuner quand un cri perçant à sa gauche le fit sursauter.
C'était Théo. Et ses yeux étaient révulsés, fixés sur la une du journal de la Gazette des Sorciers.
"Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda Drago, paniqué par cette réaction.
Une série de titres lui vint à l'esprit, tous aussi terrifiants les uns que les autres. "Le Seigneur des Ténèbres frappe de nouveau", "Théodore Nott Sr nommé Ministre de la Magie", ou encore "Narcissa Malefoy retrouvée morte dans son Manoir."
Pour toute réponse, Théo étala le journal sur la table pour qu'il puisse apercevoir le titre. En voyant la photo de Dolorès Ombrage, vêtue de son intemporel cardigan rose et ses boucles anglaises qui encadraient son visage rond, avec comme titre "LE MINISTÈRE VEUT RÉFORMER L'ÉDUCATION, DOLORÈS OMBRAGE NOMMÉE GRANDE INQUISITRICE.", Drago et Blaise lâchèrent simultanément un immense soupir de soulagement.
"Est-ce que vous vous rendez compte ?!" glapit Théo, qui n'avait pas remarqué leurs réactions. "C'est un scandale ! Cette bonne femme est en train de prendre le contrôle de Poudlard, exactement comme je l'avais prédit !"
"Ouais, c'est…" commença Blaise, mais Théo avait déjà ouvert le journal, et lisait l'article.
Drago observa ses expressions faciales défiler le long de sa lecture, passant de l'outrage, à l'indignation, à la colère, à l'exaspération, au dégoût, et finalement, à la surprise :
"Drago." appela Théo plus doucement, les yeux toujours posés sur les lignes du journal. "Ton père est cité."
Cela réussit à arracher Drago de sa gorgée de café.
"Quoi ? Qu'est-ce qu'il dit ?"
Théo se mit à lire, d'une voix assez feutrée pour que seuls Blaise et Drago puissent entendre :
"Je me sens beaucoup plus tranquille, maintenant que je sais que Dumbledore est soumis à une évaluation juste et objective de la façon dont il exerce ses fonctions, nous a ainsi déclaré Lucius Malefoy, quarante et un ans, que nous avons pu joindre hier dans son Manoir du Wiltshire. Nombre de parents d'élèves soucieux des intérêts de leurs enfants se sont inquiétés de certaines décisions excentriques de Dumbledore au cours de ces dernières années. Aujourd'hui, nous sommes heureux de savoir que le Ministère surveille la situation de près."
Théo ne se gêna pour lever gravement les yeux à la fin de la phrase.
"Les décisions excentriques de Dumbledore…" marmonna-t-il. "C'était une raison pour nous ramener la deuxième plus grande Mage Noire de tous les temps à Poudlard…?"
Il continua son article en silence, le visage caché par l'immense journal. Pansy arriva à ce moment-là, et s'assit en face d'eux en leur lançant un vague "bonjour".
"Merlin." commença Blaise. "Pansy, tu es…"
Drago jeta un coup d'œil et comprit tout de suite de quoi voulait parler Blaise. Pansy avait le teint cireux, les yeux injectés de sang, et des cernes violets. Mais pour une fois, elle ne paraissait pas particulièrement soucieuse de son physique : elle était en train de griffonner sur un carnet à toute vitesse.
"Qu'est-ce que tu fais ?" demanda Drago.
"J'écris mon rêve." répondit-elle, de manière très factuelle.
Drago vérifia que Théo était toujours caché derrière son journal et trop préoccupé par son article pour se moquer de Pansy.
"Pourquoi faire ?" demanda Blaise avec un sourire.
Pansy posa brièvement ses yeux sur lui avec un air blasé :
"Tu n'as pas fait les devoirs ?" demanda-t-elle.
"En Divination ? Bien sûr que non." répondit Blaise avec un haussement d'épaules. "Qu'est-ce qu'il fallait faire ?"
"Tenir un journal de rêves !" s'exclama Pansy en montrant son carnet.
"Oh." répondit simplement Blaise, absolument pas affecté par son manque de travail. "Et tu le fais tous les jours ?"
"Je tiens un journal de mes rêves depuis des années." corrigea Pansy avec un geste dédaigneux de la main. "Mais depuis que Professeure Trelawney a demandé à ce qu'on en tienne un, je les note tous les matins. Certains seront peut-être prémonitoires…"
Elle se lança alors dans une grande explication sur l'étude des rêves, que Drago écouta à moitié. Théo était toujours en train de lire son article. Seul Blaise l'écoutait en hochant la tête, et en posant des questions de temps en temps.
"Le seul problème…" dit Pansy avec un soupir accablé après sa longue explication. "C'est que je n'ai rien aujourd'hui."
"Tu ne te souviens pas de ton rêve ?" demanda Blaise.
"Non, j'ai fait une insomnie." dit Pansy, ce qui expliquait son teint. "Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je crois que j'étais tellement pressée d'écrire mon rêve dans mon journal que ça m'a empêché de trouver le sommeil."
"Tu as dormi avec Daphné ?" demanda Drago.
"Non, elle m'a demandé de la laisser seule pour le moment…" dit Pansy piteusement. Blaise se redressa sur le banc, alerte. "Donc… J'ai dormi toute seule."
Drago pinça les lèvres sans rien dire. Les trois garçons savaient très bien que Pansy avait du mal à dormir seule. Dès que c'était le cas, elle faisait des insomnies, et Drago était sûr que ça n'avait rien à voir avec son journal de rêves. Blaise dû comprendre sa détresse, parce qu'il changea habilement de sujet :
"Et de quoi as-tu rêvé, hier ?"
Pansy retrouva son sourire et ouvrit son journal avec excitation.
"Alors… J'ai rêvé que je me faisais mordre par un écureuil." dit-elle, très sérieusement.
"Cela symboliserait ton envie de voler des noisettes, c'est ça ?" intervint Théo, toujours derrière son journal.
"Tais-toi." intima Pansy. "J'ai recherché dans l'Oracle des rêves, et il est écrit que si l'on rêve d'un écureuil agressif, cela veut dire que je dois "me méfier d'une personne trop curieuse.""
"Théo." devina Blaise immédiatement.
"Quoi ?" demanda l'intéressé, qui n'avait pas suivi.
"Rien."
"Peut-être." dit Pansy. "C'est sûrement un rêve prémonitoire, j'en fais très souvent aux alentours de la pleine Lune…"
Elle partit dans ses propres réflexions, les sourcils froncés.
"En tout cas, je suis bien content de sécher la Divination." annonça Blaise. "Je ne me souviens pas d'un seul rêve que j'ai pu faire en depuis au moins trois mois..."
"Il va falloir que t'en inventes un, alors." dit soudainement Théo, en reposant le journal sur la table. Son visage avait revêtu une expression solennelle. "Parce qu'Ombrage va passer dans les classes pour inspecter les professeurs à partir d'aujourd'hui."
Blaise arqua un sourcil :
"Vraiment ?"
Théo hocha la tête gravement.
"Je peux prendre les horoscopes ?" demanda Pansy d'un ton léger, complètement insensible à la conversation et au ton grave de Théo.
Théo resta indigné pendant toute la matinée. Il passa le cours de Potions à murmurer à l'oreille de Drago toutes les réformes qu'Ombrage serait capable de mettre en place si elle remplaçait un jour Dumbledore, et continua son discours tout le long du déjeuner. Drago fut vite lassé, et cessa de l'écouter bien vite.
Blaise, lui, avait été obligé de ressortir son vieux livre de Divination qu'il n'avait pas ouvert depuis la troisième année.
"Inventez un rêve pour moi s'il vous plaît." demanda-t-il, sur le chemin vers la classe. "Je suis en panne d'inspiration. Idéalement un rêve catastrophique, où ma vie menace de s'arrêter brutalement."
Pansy lui lança un regard courroucé.
"Accident de Quidditch." proposa Drago.
"Déjà fait." dit Blaise en consultant ce qu'il avait écrit. "30m de hauteur."
"Ton mariage avec Rusard." tenta Théo.
Blaise fit une mine écoeurée.
"Non, hors de question."
"Ombrage, inquisitrice de Poudlard ?" proposa Théo, le visage beaucoup plus sombre. "Parce que c'est vraiment un cauchemar éveillé."
Les trois autres levèrent les yeux au ciel.
Blaise et Pansy finirent par partir de leur côté, tandis que Théo et Drago se dirigèrent vers la classe d'Arithmancie. Ce fut la seule matière assez difficile pour que Théo oublie enfin ces histoires d'inquisitrice. Il passa l'heure à griffonner des formules sur son parchemin, tandis que Drago lisait paresseusement le diagramme. Il n'avait pas besoin de travailler maintenant, parce qu'il le ferait sûrement ce week-end, avec Granger, à la Bibliothèque.
En parlant d'elle, il se tourna subtilement sur sa gauche pour l'observer. Le pupitre double qu'elle occupait seule était recouvert de livres, encriers et parchemins. Ses doigts étaient tachés de noir et ses yeux chocolat analysait le diagramme à une vitesse impressionnante.
Drago retourna à son exercice, et il aurait pu jurer qu'il sentait son regard sur lui de temps en temps. Il refoula l'envie de sourire, et fit semblant de ne pas remarquer.
Le dernier cours de la journée était Défense Contre les Forces du Mal. Drago n'avait jamais particulièrement aimé cette matière, elle lui rappelait une certaine chambre secrète sous son Manoir. Mais cette année, il devait admettre que ces cours avaient pris une nouvelle ampleur qu'il n'aurait jamais espéré : voir Granger se rebeller.
C'était un spectacle passionnant, et complètement inédit. Jamais, en cinq ans, il n'avait vu Granger répondre à un professeur que quelque manière qu'il soit. Même quand Rogue était clairement en train de défavoriser les Gryffondors, elle n'avait jamais osé contester. Mais pour Ombrage, c'était différent. Elle était furieuse contre elle. Et cette journée n'échappa pas à la règle.
Elle leva la main dès qu'Ombrage commença son cours.
"Qu'y a t-il cette fois, Miss Granger ?" demanda la professeure.
Granger avait levé la main, mais au lieu de l'interroger devant tout le monde, Ombrage avait préféré s'approcher de son pupitre pour que personne ne puisse entendre sa remarque. Drago dû se pencher subtilement sur sa gauche pour écouter :
"J'ai déjà lu le chapitre deux." dit Granger d'une voix ferme.
Ombrage la fixa de ses petits yeux perçants.
"Dans ce cas, passez donc au chapitre trois." dit-elle, toujours dans un murmure.
"Celui-là aussi, je l'ai lu. En fait, j'ai lu tout le livre." répondit Granger.
Drago fut étonné de voir qu'elle ne rougissait même pas. En fait, elle semblait parfaitement calme, déterminée. Il pouvait voir danser la fameuse flamme de "courage" des maudits Gryffondors dans ses prunelles et ne put que l'admirer.
"Très bien, dans ce cas, vous devriez pouvoir me répéter ce qu'Eskivdur dit des contre-maléfices au chapitre quinze." demanda Ombrage, persuadée de l'avoir piégée.
"Il dit que le terme de contre-maléfice est impropre." répondit Granger du tac au tac. "Et que les gens donnent le nom de "contre-maléfice" à leurs propres maléfices pour les rendre plus acceptables."
Ombrage haussa les sourcils, clairement impressionnée par une telle définition. Drago était sûr que Granger avait appris le bouquin par cœur pendant sa journée interminable de la veille, à la Bibliothèque.
"Mais je ne suis pas d'accord." poursuivit Granger, toujours aussi audacieuse.
"Vous n'êtes pas d'accord ?" répéta Ombrage, surprise.
"Non." répondit la Gryffondor. "Mr Eskivdur n'aime pas les maléfices, mais moi, je pense qu'ils peuvent se révéler très utiles lorsqu'on les utilise pour se défendre."
Drago entendit distinctement l'exclamation étouffée et pleine d'admiration de Théo, à côté de Blaise.
"Ah vraiment, voyez-vous cela ?" répliqua Ombrage d'un ton cynique. Elle avait oublié de murmurer. Maintenant, toute la classe regardait la confrontation entre les deux. "Eh bien, je crains que ce soit l'opinion de Mr Eskivdur et non la vôtre qui importe dans cette classe, Miss Granger."
"Mais…"
"Ça suffit." coupa sèchement la professeure. Elle retourna derrière son bureau, la lèvre retroussée sur ses dents dans une mine sévère. "Miss Granger, je retire cinq points à la Maison Gryffondor."
Plusieurs murmures indignés se firent entendre dans la classe, y compris celui de Théo qui passa inaperçu. Même Drago eut envie de contester, mais comme il ne pouvait pas le faire, il serra simplement sa plume dans son poing pour défouler sa frustration.
"Et pourquoi ?" intervint Potter d'une voix brusque.
Drago vit Granger lui donner un coup dans la côte, comme pour l'avertir de se taire.
"Pour avoir perturbé mon cours avec des interruptions intempestives." répondit Ombrage de sa voix doucereuse. "Je suis ici pour vous apprendre à utiliser une méthode approuvée par le Ministère, et qui ne nécessite aucunement que les élèves donnent leur opinion sur des sujets auxquels ils ne comprennent pas grand-chose. Vos professeurs précédents vous ont peut-être accordé une plus grande licence, mais comme aucun d'entre eux n'aurait passé avec succès l'épreuve de l'inspection, à part le professeur Quirrell qui, au moins, s'était limité à l'étude de sujets adaptés à l'âge de ses élèves…"
"Ah oui, ça, c'était un grand professeur, Quirrell !" l'interrompit Potter d'une voix forte. "Son seul petit défaut, c'est qu'il avait Lord Voldemort collé à l'arrière de la tête."
Drago sentit les veines de son cou pulser en entendant ce nom interdit. C'était l'une des premières fois qu'il l'entendait à voix haute. Sa plume qu'il avait serré dans son poing se déchira et tomba sur le pupitre.
Le silence qui suivit cette phrase fut long, assourdissant. Tout le monde retenait son souffle.
"Je crois qu'une autre semaine de retenue vous ferait le plus grand bien, Mr Potter." dit Ombrage d'une voix onctueuse.
Granger ferma les yeux quelques secondes, le visage barré par l'angoisse. Même Weasley, qui avait observé cet échange avec la bouche entrouverte comme un idiot, soupira de désolation. Potter, lui, resta impassible. Drago ne comprenait pas vraiment pourquoi l'annonce d'une semaine de retenue supplémentaire était si grave. Après tout, ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas mérité.
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Blaise, Théo, Crabbe, Goyle et Drago allèrent dîner assez tôt. Drago ne mangea pas grand chose, et passa plutôt le repas à observer Granger de biais. Elle était seule avec Weasley, avec qui elle parlait à voix basse, visiblement inquiète par quelque chose. Potter était probablement en retenue avec Ombrage, une perspective qui semblait effrayer considérablement les Gryffondors pour une raison qui échappait à Drago.
Pansy arriva une vingtaine de minutes plus tard. Elle avait toujours un teint trop pâle, mais cette fois-ci, ce n'était pas de la fatigue : elle semblait particulièrement remontée. Elle frappa la table avec son journal de rêves, si fort que Crabbe renversa sa sauce sur tout le devant de son uniforme.
"Tu as raison, Théo, je la déteste !" s'exclama Pansy en s'asseyant lourdement.
Le garçon leva la tête avec empressement.
"Ombrage ?" demanda-t-il avec une pointe de soulagement dans son timbre de voix.
"Oui !"
"À cause de ce qu'elle a fait à Potter ?" continua Théo, plein d'espoir.
Pansy fronça ses sourcils noirs parfaitement épilés.
"Hein ? Non, pas du tout, je m'en fous de Potter." dit-elle, et les épaules de Théo tombèrent de déception. "Non, elle est venue inspecter Professeure Trelawney, tout à l'heure !"
"Et ?" demanda Drago.
"Elle l'a humiliée devant tout le monde." expliqua Blaise. "C'était vraiment pas beau à voir."
"Humilier ? Comment ?" demanda Théo.
"Elle lui a demandé de faire une prédiction en direct, devant toute la classe." dit Blaise en secouant la tête, comme si cette scène lui rappelait un moment de malaise intense.
"C'était irrespectueux !" gronda Pansy, furieuse. "Le Troisième Oeil ne peut pas fonctionner sur commande, tout le monde sait ça ! Ombrage savait très bien qu'elle n'allait rien pouvoir dire, c'était déloyal, et en faisant ça, elle a insulté tout son arbre généalogique au passage ! Comme si elle n'était pas une vraie voyante, alors qu'elle descend de Cassandra Trelawney, probablement la voyante la plus connue de tous les temps ! Je déteste cette Ombrage !"
Théo parut à la fois révolté que Pansy puisse défendre la professeure de Divination avec tant d'entrain, et à la fois heureux d'avoir quelqu'un qui partageait son mépris pour Ombrage. Juste avant qu'il se lance dans un énième discours sur le danger que pouvait apporter cette dame, Drago demanda :
"Au fait, Blaise, tu ne m'as pas dit comment se sont passées les essais de Quidditch ?"
Pansy et Théo se tournèrent vers lui, avides aussi de connaître la réponse. Blaise trempa sa cuillère dans sa soupe, la porta à ses lèvres, but une gorgée, la reposa dans le bol et répondit très calmement :
"Je n'y suis pas allé."
"Quoi ?" s'étonna Drago. "Mais, tu m'as dit que tu allais t'inscrire en tant que Poursuiveur !"
"Ça fait des années que tu veux intégrer l'équipe !" renchérit Pansy, elle aussi surprise par cette réponse.
Blaise se contenta d'hausser les épaules.
"Tu n'y es même pas allé ?" continua le blond, outré. "Et toutes ces conneries, cet été, sur le fait de trouver des techniques, de perfectionner ton jeu, de jouer agressif ?"
Blaise haussa de nouveau les épaules, désintéressé.
"Mais pourquoi ?" demanda Théo, qui ne participait pourtant jamais à ce genre de conversations. "Tu m'as dit cet été que tu rêvais d'intégrer l'équipe !"
"Disons simplement que j'ai… Changé d'avis." répondit Blaise évasivement.
Drago fronça les sourcils, ne sachant que faire de cette réponse. Il y eut un moment de flottement, où Pansy et Théo affichaient la même tête stupéfaite que lui.
"Et puis…" continua Blaise, d'une voix beaucoup plus forte. "Je n'allais certainement pas m'inscrire dans une équipe où ils sont Batteurs."
Il désigna Crabbe et Goyle à côté de lui, et Théo ricana.
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Hermione
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Le lendemain, Hermione pensa qu'Harry avait enfin appris la leçon. Que s'énerver contre Ombrage ne lui donnait que des retenues douloureuses.
Mais malheureusement, Harry était un garçon buté, et colérique. Il écopa d'une nouvelle soirée de retenue à cause d'un commentaire pendant l'inspection de la professeure Gobe-Planche.
"Harry !" s'écria Hermione dès que la classe fut terminée. "Il faut que tu arrêtes de la provoquer, elle ne va jamais s'arrêter de te donner des retenues !"
"C'est Malefoy, il m'a énervé !" s'emporta Harry en remontant furieusement vers le Château.
"Je sais bien, Harry, je sais qu'il peut être agaçant…" admit Hermione, bien qu'Harry ne devait pas réaliser la profondeur de ses propos. "Mais tu dois arrêter de répliquer, elle n'attend que ça, et ça n'aide pas ta main !"
Elle montra du doigt le dos de la main d'Harry, couverte d'entailles rougeâtres.
"Je le sais bien, Hermione !" cracha-t-il.
Hermione s'arrêta presque en entendant le ton d'Harry. Elle comprenait qu'il soit énervé, mais le fait qu'il se déchaîne sur Ron ou elle était vraiment pénible.
Ils arrivèrent dans la Salle Commune et Harry se changea rapidement avant d'aller dans le bureau d'Ombrage. Il passa devant la table qu'elle partageait avec Ron et leur fit un geste rapide de la main en guise d'au revoir. Hermione remarqua qu'il avait emporté un foulard avec lui, et eut un léger haut-le-cœur en comprenant son utilité.
"Il faut faire quelque chose." annonça-t-elle à Ron après le départ d'Harry. "Pour cette Ombrage. Ça ne peut plus durer."
Ron approuva d'un hochement de tête.
"Il faut convaincre Harry." décréta-t-elle. "Il faut qu'il en parle à quelqu'un. Je suis sûre que si McGonagall l'apprenait…"
"Il ne voudra jamais." marmonna Ron avec chagrin. "La dernière fois, il m'a dit qu'il ne voulait pas lui donner la satisfaction de l'avoir atteint. Tu connais Harry, il aura l'impression de montrer ses faiblesses, de se rendre…"
"Alors, qu'est-ce qu'on peut faire ?" pressa Hermione avec un soupir.
Ron fronça le nez en réfléchissant. Après plusieurs secondes, il dit dans un chuchotement :
"Il faut lui faire changer de perspective. Il la hait tellement, il pense qu'en lui répondant comme ça, il a la main sur elle, alors que c'est le contraire. C'est lui qui se fait massacrer la main tous les soirs, pas elle. Si on lui trouve un autre moyen de se venger, sans qu'il prenne de retenues au passage… Je pense que ça pourrait lui donner la satisfaction qu'il recherche."
Hermione arrondit légèrement les yeux en entendant un plan aussi ingénieux de la part de Ron. Il avait l'air d'y avoir beaucoup réfléchi, elle pouvait voir à quel point il était inquiet pour Harry. Elle hocha la tête :
"Tu as raison. C'est exactement ce qu'on devrait faire…"
"Je vais demander conseil à Fred et George." dit Ron en se levant de sa chaise. "Voir s'ils auraient une idée de comment se venger…"
Hermione le regarda parcourir la Salle Commune en quelques enjambées pour retrouver ses frères, qui jouaient à une partie de Bataille Explosive près de la cheminée.
Quelque chose dans la phrase de Ron avait retenu son attention. Ce désir de vengeance. Hermione y avait déjà pensé aussi, quand elle avait surpris la coupure sur la main d'Harry. Elle savait qu'Harry avait besoin de faire payer Ombrage, et elle comprenait totalement pourquoi. Mais comment faire ? Comment se venger d'une femme qui prend de plus en plus le pouvoir dans l'école ?
La volonté d'aller voir McGonagall dans le dos d'Harry était tentante, mais Hermione savait qu'elle n'en était pas capable. Il le verrait comme une trahison, et elle avait déjà subi les effets de leurs ignorances en troisième année pour la même raison. Il fallait qu'elle trouve une solution toute seule, une solution qui aiderait Harry à décharger sa colère…
Elle cogita toute la soirée. Elle n'alla pas à la Bibliothèque, trop préoccupée pour le faire. Pendant le dîner, elle grignota sans prêter attention aux conversations autour d'elle, puis elle tricota sur son canapé de prédilection, la tête toujours ailleurs. Elle pensait à Harry, quelques étages plus bas, qui serrait les dents pour ne pas montrer qu'il avait mal pendant que la plume d'Ombrage lui charcutait doucement et inlassablement la main, et eut un frisson.
Elle haïssait ce sentiment. Elle détestait se sentir inutile, impuissante. Elle ne savait pas comment aider Harry, et ça la rendait folle.
"Hermione ? Où tu vas ?" demanda Ron, surpris de la voir se lever brutalement du canapé.
"Il faut que je sorte." dit-elle. "Je deviens folle, ici. Il faut que je… Que je trouve quelque chose."
En la voyant se diriger vers le tableau de la Grosse Dame, Ron s'écria :
"Mione, il est presque 11h du soir !"
"Je dirais que je suis en ronde de préfète !" dit-elle par-dessus son épaule, en sortant de la pièce.
Elle se retrouva dans le couloir vide du septième étage, sans savoir où aller. Elle avait désespérément envie de faire quelque chose, d'aider Harry. Elle voulait aller dans le bureau d'Ombrage et lui supplier d'échanger leurs places, mais elle savait d'avance que ça serait inutile. Et Ombrage n'hésiterait pas à la coller, elle aussi.
Elle tourna en rond quelques instants, sans savoir quoi faire. D'habitude, quand elle devait trouver une solution, elle se réfugiait à la Bibliothèque, mais elle réalisa avec horreur qu'elle ne trouverait rien là-bas, parce que la réponse n'était pas dans les livres. En plus, la Bibliothèque rimait maintenant avec Drago, et lui demander conseil était hors de question.
Elle connaissait déjà sa réponse, et l'entendre répéter encore et encore qu'Harry était stupide n'allait pas l'aider.
Hermione descendit les escaliers lentement. Si elle ne trouvait pas de moyen d'aider Harry, au moins, elle pouvait lui soigner ses blessures. Sa main était entaillée profondément, et n'avait pas le temps de cicatriser avant que la blessure ne s'ouvre de nouveau chaque soir. Hermione décida de trouver de l'Essence de Dictame pour l'apaiser un peu, et se dirigea donc vers les cachots.
Elle arriva là-bas sans rencontrer personne, mis à part quelques fantômes qui ne faisaient pas attention à elle. Elle arriva dans le couloir humide et sortit sa baguette sans bruit pour illuminer le chemin devant elle. Au milieu du couloir, elle s'en voulut de ne pas avoir pris la cape d'invisibilité d'Harry : elle avait été tellement pressée de sortir de la pièce qu'elle en avait oublié l'essentiel.
Hermione arriva devant la réserve de Rogue et resta devant à regarder la porte. Son coeur martelait sa cage thoracique et elle sentait ses joues brûler dans le noir. Elle n'avait, techniquement, enfreint le règlement scolaire que très peu de fois. Elle avait déjà volé dans la réserve de Rogue en deuxième année, pour prendre les ingrédients du Polynectar. Elle avait vu Drago le faire aussi, mais elle avait été bien trop alcoolisée pour réaliser ce qu'il faisait vraiment.
Cette fois-ci, elle était seule. Et elle avait peur de se faire attraper.
Mais aider Harry était plus important que ça.
Elle s'approcha précautionneusement de la porte, pointa sa baguette sur le verrou et murmura :
"Alohomora."
Elle entendit le "clic" de la serrure et elle ouvrit la porte tout doucement. Il n'y avait aucun bruit dans le couloir, donc chacun de ses gestes résonnait contre les murs arrondis des cachots. Elle ouvrit la porte suffisamment grande pour apercevoir les étagères, où étaient posés des centaines de bocaux, et inspecta chacun d'entre eux pour trouver l'Essence de Dictame.
Elle finit par la voir, une petite fiole de potion verdâtre, tout en haut de la réserve. Elle pointa sa baguette dessus, et récita :
"Accio."
La fiole vola jusqu'à sa paume ouverte. Elle l'inspecta quelques secondes, quand un bruit de porte derrière elle la fit sursauter.
Hermione tourna sur ses talons, la respiration coupée, et tomba nez à nez avec un garçon. Au début, elle ne parvint pas à distinguer qui c'était, à cause de l'obscurité.
"Granger ?" appela-t-il dans la pénombre, les sourcils froncés. "Qu'est-ce que tu fous ici ?"
Hermione leva doucement sa baguette, éclairant une seconde le visage perplexe du garçon en face d'elle.
Théodore Nott.
