À nos Amours :

La cinquième guerre des loups

Majaix15


Résumé : Harry aurait espéré ne jamais refaire face à la guerre. Malheureusement, Teddy, son filleul, se retrouve mêlé à une guerre entre meutes qui dépasse le monde fermé des lycanthropes. De son côté, Ayaba a ses propres batailles à mener face à un mal qui ronge les terres de son Nigeria natal. Et dans cette course contre la montre mystérieuse, elle aurait préféré ne jamais être liée à un loup.

Rating : E

Disclamer : Tout l'univers de Harry Potter et ses personnages appartiennent à J.K. Rowling et bien entendu je ne retire aucun avantage financier de l'histoire que j'ai créée à partir de cet univers.

Cette histoire met en scène des relations amoureuses entre deux hommes et entre deux femmes mais ça me semble assez clair au vu des tags utilisés donc toute personne avec de mauvaises intentions peut passer son chemin.

Une partie de l'intrigue se déroule au Nigeria, de ce fait et c'était déjà le cas dans mes anciennes fanfictions je ne tolérerais aucun commentaire déplacé ou raciste à l'égard de tous ces nouveaux personnages. En fait, il faut simplement être une personne décente. Si ce n'est pas le cas, je supprimerai le commentaire sur le champ.

L'histoire traitera des loups-garous et des dynamiques les concernant. Il ne s'agit pas d'un Omegaverse même si certains termes de ce trope seront utilisés.

Bon j'en ai presque fini avec ces avertissements que je n'ai jamais eu à mettre à exécution auparavant parce que tous les lecteurs qui commentent et à qui j'ai répondu sont tout bonnement adorables mais je préférais préciser.

TW : lemon / guerre / sang / mention de mort / meurtre / sexisme / mention de dépression / mention de maltraitance / racisme / mention de religion / mention d'homophobie / original characters

Voici ma deuxième fanfiction longue dans ce fandom. Très différente du premier Drarry que j'ai écrit, cette histoire verra plusieurs intrigues s'entremêler les unes aux autres et le couple formé par ces deux zigotos ne sera pas le seul à être mis en lumière. Il y aura énormément de personnages originaux car un nouveau personnage ne vient jamais sans son lot d'histoires et ses propres aventures. J'espère que vous apprécierez également cette nouvelle génération. Une partie de l'intrigue se déroule au Nigeria et une bonne partie de l'univers magique s'inspire grandement de la mythologie du peuple Yoruba. Je précise que je ne fais pas partie de la communauté yoruba. En effet, pour coller au mieux avec le fait que Poudlard se trouve en Angleterre, j'ai préféré utiliser un pays de l'Afrique anglophone avec un soft power assez important pour avoir accès à des informations. S'il y avait le moindre élément offensant ou des maladresses de ma part, n'hésitez pas à m'écrire. N'hésitez pas à commenter ! J'aime savoir comment est reçu mon travail pour pouvoir améliorer mon écriture et savoir ce que vous pensez !

Pour rendre l'histoire plus lisible, celle-ci sera diviser en deux fanfictions. Celle-ci, La cinquième guerre des loups qui se concentre plus spécifiquement sur l'histoire en Angleterre et les persos d'HP et Le Retour des ombres qui se focalisent plus sur tout l'entourage d'Ayaba et qui se lit en parallèle de celle-ci.

Il existe plusieurs OS que j'ai écrits dans le cadre de défis du discord Potterfictions directement liés à l'univers également.

Je voudrais remercier Akhmaleone et Havirnyrce Vince pour la bêta de ce prologue. Ce sont des auteurs incroyables et j'ai eu de la chance qu'ils aient pris le temps de corriger ce prologue.


Prologue : Deux visions macabres

Le département des mystères n'avait jamais été un lieu que l'on aurait pu qualifier d'agréable. Si cela ne tenait qu'à eux, Hermione et Ron ne seraient jamais retournés dans ces couloirs qui furent le théâtre d'une bataille sanglante qui se solda par la mort de Sirius Black, douze ans plus tôt.

Mais les circonstances exceptionnelles dans lesquelles le monde sorcier était plongé depuis quelques mois empêchaient le couple d'anciens héros de se protéger de leurs visions macabres.

Le département n'avait pas évolué malgré le temps qui s'était écoulé. Des flopées de voix inconnues et de murmures les assaillaient de toutes parts. Le vent et une fraîcheur ténue se mêlaient en un maelstrom perturbé alors que les deux sorciers avançaient dans les couloirs aux tons bleutés où diverses boules de cristal colorées se côtoyaient dans un dédale d'étagères inaccessibles.

La cape d'auror rouge sang de Ron flottait derrière son dos massif. Malgré le pas tranquille, mais ferme, de l'agent d'élite qui se fondait dans la marche plus précautionneuse de la médicomage à ses côtés, jamais le pan de tissu ne cessa de bouger autour de son porteur.

Ils avancèrent jusqu'à atterrir dans la zone des prophéties datant de 2013. Une centaine de sphères magiques rangées dans un ordre éparse leur faisaient face, les narguant presque. Hermione s'avança précautionneusement vers celles-ci en regardant les annotations.

« Mione, tu crois qu'on la retrouvera dans tout ce foutoir ?

— Il n'y a pas dix mille sorciers qui font des prophéties dans ce fichu pays ! Ça ne m'étonnerait pas que celle de Varnham ait un symbole distinctif. L'ex-langue-de-plomb Greengrass avait dit qu'il les avait classées où ?

— En bas des étagères mais… répondit Ron sceptique.

— Bingo ! s'exclama Hermione dans une voix retenue.

— T'es la meilleure !

— Je sais… » répondit-elle pompeuse, faisant sourire son coéquipier qui la rejoignit d'un seul pas.

De ce concentré ensorcelé couleur azur posé sur une étagère en bois de saule s'échappait la voix nasillarde et étouffée de la professeure de divination. Alors que la sorcière aux boucles volages s'apprêtait à la toucher, celle-ci fut arrêté par une barrière magique lui indiquant qu'elle ne pouvait consulter cette prophétie dont elle n'était pas l'un des principaux acteurs.

« Je m'en doutais, je ne suis pas concernée… Essaie de voir si tu peux la consulter toi ! » déclara-t-elle à son mari, à la fois dépitée et soulagée.

Hermione avait vu en étant aux côtés de Harry tout ce qu'une prophétie pouvait impliquer. Et elle avait toujours espéré que jamais, elle ne serait l'actrice de l'une d'entre-elles.

Ron s'exécuta à son tour, sans plus de succès. Les deux sorciers se regardèrent en silence, comprenant qu'un tour à Poudlard s'imposait. Puisqu'il leur était impossible d'accéder à ces mots, vestiges d'un futur encore fugace, il leur faudrait s'adresser directement à la personne à l'origine de la prophétie.


À travers les pins et une étendue de verdure, Poudlard finit par apparaître dans le champ de vision de Hermione. Pour plus de discrétion, Ron et elle avaient décidé de venir en calèche tirée par des sombrals un après-midi de cours pour ne pas perturber ou interpeller outre mesure les élèves.

Cette discussion avec Claire Varnham, la professeure de divination, devait se faire sous le sceau du secret.

La mère de famille soupira en pensant qu'elle n'aurait pas la possibilité de les voir quelques instants. Ses enfants, Rose et Hugo, étaient à l'école depuis plusieurs mois et lui manquaient beaucoup.

Ne pas voir ses enfants aussi souvent qu'elle le désirait était toujours une expérience difficile pour Hermione. Elle ne pensait pas que le manque serait aussi grand et pourtant, elle-même avait été séparée de ses parents. Néanmoins la douleur semblait moins intense à l'époque.

Hermione en vint donc à la conclusion que la jeunesse et les péripéties de l'adolescence rendaient ingrat.

Même si Ron se plaignait moins qu'elle, Hermione savait que l'absence prolongée de ses enfants lui pesait également. Sinon, il ne ferait pas des pieds et des mains pour poser ses congés pendant les vacances scolaires, manquant l'opportunité de progresser dans la hiérarchie. Même si être le chef de la section des crimes de rang cinq était déjà un accomplissement en soi à son âge.

Son mari somnolait, sa tête se balançant avec douceur sur son épaule. Un filet de bave pointa le bout de son nez car Ron n'avait jamais réussi à dormir la bouche close.

Il était vraiment épuisé donc contrairement à son habitude, Hermione ne le secoua pas comme un cocotier et le laissa profiter de la quiétude de cet instant.

Ron n'avait pas cessé d'envoyer des missives aux quatre coins de la Grande-Bretagne. Il méritait un instant de répit.
Hermione espérait qu'elle ne serait pas réquisitionnée longtemps pour cette mission. Travailler avec son mari n'était jamais de bon augure et elle préférait toujours soigner ses patients à Sainte-Mangouste plutôt que de rafistoler un agent d'élite sur le champ de bataille.

Le couple approcha de l'école des sorciers dans laquelle elle n'avait pas mis les pieds depuis l'époque de la Restauration. N'étant pas professeur, Hermione n'avait eu aucune raison de retourner dans ce château imposant qui se dressait avec fierté comme s'il ne s'était jamais écroulé auparavant.

Lorsqu'ils descendirent tous les deux de la calèche, Hermione ne put réprimer un soupçon d'excitation teintée de nostalgie. Poudlard ne semblait pas avoir bougé d'un pouce. Comme ses enfants l'avaient mentionné dans leurs courriers, seuls d'infimes changements parsemaient le bâtiment qui avait évolué tout en conservant son charme ancestral.

Accueillie par un Hagrid bourru et vieillissant, Hermione ne put empêcher un goût doux-amer de nostalgie de se répandre dans sa bouche. Ronald, croisant son regard une fraction de secondes, sembla comprendre les émotions éparses qui la prirent et serra sa main dans la sienne tout en discutant avec le garde-chasse qui les conduisit d'un pas lent vers les portes de leur ancienne maison.

Retrouver les peintures vivantes, les escaliers mouvant au gré du château, les odeurs magiques, les vieux couloirs qui semblaient ruisseler de secrets emplit Hermione d'une émotion indescriptible. Une horde de souvenirs l'assaillit alors qu'elle montait avec rapidité les marches en compagnie de son mari avec qui elle avait passé toute son adolescence entre ses murs. Une fraction de secondes, Hermione pensa à aller dans la bibliothèque qu'elle avait dévorée plus jeune avant de se souvenir de la raison de leur venue.

En croisant le regard de Ron, Hermione se rendit compte qu'elle n'était pas la seule à être touchée par ce retour impromptu.

« Je ne pensais pas que ça te ferait autant d'effet à toi aussi. Tu es déjà revenu pourtant… déclara Hermione.

— Oui mais jamais avec toi… C'était toujours avec d'autres membres de l'équipe. Avec toi, je ne peux m'empêcher de penser que… marmonna Ron les sourcils froncés.

— Tu aurais voulu qu'il soit avec nous ?

— Ouais. Ça fait bizarre, tu sais, de revenir ici, sans Harry… »

Les deux sorciers coupèrent leur discussion à l'instant où ils arrivaient enfin devant la porte de la professeure de divination. Ils auraient aimé passer quelques instants avec la directrice McGonagall, mais celle-ci avait un rendez-vous au Ministère qu'elle avait été incapable de déplacer. Hagrid n'avait pas manqué de les informer d'à quel point la sorcière était navrée de ne pas pouvoir les accueillir. L'ancienne professeure de métamorphose était toujours aussi pointilleuse et cela ne manqua pas de faire sourire Hermione. À l'instar de leur époque, le bureau du professeur de divination était relégué dans la zone la plus dissimulée et difficile d'accès de tout le bâtiment.

Alors qu'elle s'apprêtait à toquer à la porte, son mari l'arrêta avec un regard alarmé avant de la saisir par la taille et de les protéger tous les deux avec un sort d'invisibilisation.

Une fraction de secondes après ce geste impromptu, la porte fut ouverte par deux étudiantes de septième année, dont l'une n'était autre que la fille de Bill et Fleur.

« Je n'arrive toujours pas à comprendre comment t'as pu garder cette matière pour tes ASPIC, déclara Victoire à son amie tout en rattachant sa chevelure blonde avec un élastique aux couleurs de la maison des Aigles.

— Autant utiliser mes talents, non ? répondit une étudiante arborant avec fierté son uniforme à la cravate verte. Je suis juste dégoutée de devoir faire semblant de regarder une boule de cristal pour faire mes prédictions…

— Bof, dans tous les cas c'est pas très fiable ce truc…

— C'est simplement parce que vous ne savez pas où regarder, rétorqua la jeune étudiante noire.

— C'est qui vous ? demanda la jeune sorcière vélane avec une moue.

— Les sorciers aussi bornés que toi. » roula des yeux la jeune femme en rangeant un parchemin dans son sac en cuir. Alors qu'elle s'apprêtait à prendre son smartphone, elle se stoppa dans son geste et fixa son amie.

« Tu n'as pas l'impression d'être observée ?

— Ben non, pourquoi ? Ayaba, si tu continues comme ça, tu finiras comme Varnham un jour… se plaignit son interlocutrice. Dépêche, on va être à la bourre pour le cours de botanique. Londubat va finir par nous tuer à cause de tous nos retards. »

Victoire prit le poignet de son amie et la chevelure blonde et les mèches ébène et émeraude disparurent.

Hermione et Ron reprirent leur souffle alors que l'auror les libérait. Dire qu'ils auraient pu se faire remarquer par deux élèves alors qu'ils avaient spécifié à la professeure que l'entretien était plus que confidentiel ! Pourquoi n'était-elle pas capable de suivre un protocole aussi simple ?

Tout l'agacement que la jeune femme éprouvait pour la divination et ses adeptes lorsqu'elle était étudiante lui revint alors en pleine face et Hermione rouspéta.

« Non mais je rêve !

— Les dangers du métier, répondit Ron avant de toquer à la porte.

— Entrez ! » s'écria une voix cassée derrière la porte.

Le temps avait beau être passé au point que des élèves de différentes maisons aient pu nouer des liens forts, l'ancien bureau de Trelawney n'avait pas perdu de son excentricité, pire, celui semblait avoir une décoration encore plus criarde. La nouvelle professeure, Claire Varnham, venait d'une famille de divinateurs connus et était beaucoup plus compétente que sa prédécesseure d'après les rumeurs. La femme d'une cinquantaine d'années avait sorti plusieurs livres à succès traitant de la divination par les boules magiques et la lecture de cartes.

Qu'importaient toutes ces rumeurs sans véritable fondement, Hermione trouvait toujours le bureau aussi mal agencé. Hermione se demanda même, horripilée, comment il était possible que cette femme porte des lunettes aussi laides que celles de l'ancienne diseuse de bonne aventure. On aurait dit que toutes les divinatrices s'étaient passées le mot pour manquer cruellement de goût.

« Ron et Hermione Weasley-Granger. Nous vous avions prévenu de notre arrivée. Il aurait été plus que nécessaire de suivre les directives données par mon collègue, déclara Hermione, agacée.

— Oh ! J'entends bien mais il est si rare d'avoir des élèves passionnées par ma matière. Il serait inconcevable de ne pas répondre à leurs questions ! répondit simplement Varnham tout en servant de grandes tasses de thé.

— Je l'entends bien, Madame Varnham, mais nous osons espérer que la suite de l'entretien sera confidentielle. » expliqua Ron avec calme.

Ron accepta avec grâce l'assise proposée par la professeure, suivie de près par une Hermione moins courtoise. La diplomatie n'avait jamais été le fort de la sorcière et elle laissa sans peine son mari converser avec la femme tout en observant les lieux.

Hermione savait que son partenaire l'avait déjà fait mais il n'y avait aucun mal à réitérer le geste une deuxième fois. Il ne manquerait plus qu'ils aient été placés sur écoute. Même si Poudlard restait l'un des lieux les plus sûrs du monde sorcier, il fallait qu'ils restent sur le qui-vive.

L'esprit d'Hermione se focalisa à nouveau sur la discussion lorsque Ron traita enfin du sujet de leur venue.

« Suivez-vous l'actualité, Madame Varnham ?

— La Gazette des Sorciers sort tellement d'inepties que je n'en vois pas trop l'intérêt… expliqua son interlocutrice en tripotant un de ses joyaux, distraite.

— Des Cracmols ont mystérieusement disparu. Cela a commencé il y a quelques mois mais le phénomène s'est accentué au point que la Gazette a fini par y consacrer un article.

— Pourquoi s'intéresser à des êtres non-sorciers ? questionna la femme, sceptique.

— Ils font aussi partie de la communauté magique ! s'insurgea Hermione plus qu'outrée face à ce manque typique de considération pour les êtres que la communauté sorcière considérait comme inférieurs.

— Oui mais auparavant, leur disparition laissait plus que de marbre… ajouta Vernham en lorgnant de haut en bas la médicomage. C'est à cause de ce manque de sang-froid que la divination ne s'est sans doute jamais offerte à votre esprit Madame Weasley-Granger…

— Les dernières disparitions concernent des enfants et comme les familles sont à leur recherche, cela commence à grandement inquiéter. » expliqua avec une tranquillité forcée Ron tout en caressant la cuisse de sa femme pour la calmer.

Hermione trouva son geste ridicule mais préféra ne pas ouvrir la bouche. Il souhaitait sans doute éviter une altercation qui n'aurait pas fait avancer leur affaire.

« Je ne vois pas en quoi cela me concerne…

— Il y a cinq ans, vous avez fait une prophétie relative à la disparition de Cracmols lors d'un cours fait aux deuxièmes années. Ce sont d'anciens élèves qui auraient rapporté ce fait, continua Ron

— Je fais énormément de prophéties Monsieur Weasley. Il y a peu de chances que je me souvienne d'une qui date autant…

— À ce qu'il paraît, vous ne l'auriez pas terminé devant vos élèves et aurait mis fin à votre cours précipitamment. Cette prophétie est assez importante pour avoir été conservée dans le Bureau des Mystères, Madame, expliqua Hermione.

— Très peu de mes prophéties ont fini dans le département ces dernières années. Et c'est plutôt une bonne nouvelle si vous voulez mon avis.

— Vous êtes certaine de ne pas vous souvenir, même d'une parcelle de celle-ci ? demanda Ron dépité.

— Pour cette année-là, je ne vois qu'une seule prophétie qui pourraient valoir le coup d'être conservée. Mais ça me surprend car elle ne concernait pas vraiment les sorciers…
— C'est-à-dire ? questionna le couple à l'unisson.
— Maintenant que je me souviens, peut-être qu'elle parlait des Cracmols... Au départ, je pensais qu'elle concernait les Moldus voyez-vous … Je vais... Je vais essayer de la retrouver mais elle ne sera pas aussi fidèle que l'original. Elle risque d'être floue...
— Essayez ! » Demanda Ron prestement, comme s'il craignait que la professeure ne finisse par oublier le sujet de leur échange.

Pour le moment, personne n'avait aucune piste pour retrouver les disparus. Le moindre indice, aussi discutable soit-il, serait d'une grande aide pour le Ministère et le Conseil des Sorciers.

Claire Varnham se rapprocha de sa boule de cristal après avoir assis sur ses jambes son chat noir d'une obésité affolante.
L'énorme boule de poils ronronna tandis que des volutes de magie s'échappèrent des mains de Vernham qui se mit à trembler.
Son visage devint blafard et sa voix, deux fois plus rauque, résonna dans la pièce tandis que Ron préparait la boîte à enregistrement magique dont il aurait besoin pour réécouter l'énoncé.

« Un Alpha ne va pas respecter la loi. Des êtres sans pouvoirs vont disparaitre en nombre pour finir sous sa coupe. Arrêter l'Alpha s'avèrera impossible. Seuls une Alpha, un Beta chevalier et un Gamma issu d'une famille de sang-purs sauront mettre fin à son projet macabre. Dans leur quête... ils... ils... »

Elle s'effondra contre son siège, épuisée. Hermione se précipita vers elle pour s'assurer qu'il ne s'agissait que d'un malaise. Elle prit son poignet entre ses doigts avant de vérifier la respiration de la divinatrice. Enfin elle déclara à Ron :

« C'est bon. Elle s'est juste évanouie. »

Harry avait dit qu'il ne voulait plus se battre. Plus jamais. Ron et Hermione, malgré leur métier respectif, n'avaient aucune envie de se retrouver à nouveau face à des affrontements de grande envergure.
Malheureusement, l'impact de cette prophétie était indéniable. Ils ne connaissaient qu'un seul loup-garou issu d'une famille de sang-purs : Edward Remus Lupin.
Que leur meilleur ami le veuille ou non, son filleul devrait prendre part à une guerre et se battre pour protéger les siens.


« Olodumare, être transcendant, à la fois l'Univers et son point de départ, créateur de toute chose, Dieu du ciel et des êtres suprêmes n'a jamais été capable de communiquer avec ses créations, commença Famuyiwa, assise sur les marches en terre cuite du temple.

— OUI ! C'est pour ça qu'il a fait venir ses enfants sur la Terre ! s'écria un petit garçon au crâne rasé, haut comme trois pommes.

— C'est Obatala et Ododuwa leurs noms ! » s'époumonna une enfant en secouant son ample robe violette.

Famuyiwa prit soin de calmer les ardeurs de la petite qui dans son mouvement répandait du sable sur ses camarades avec son agbada mauve.

« C'est exactement ça. Vous avez bien écouté les histoires de vos parents…

— Moi c'est mon grand-frère qui m'a raconté… spécifia un autre bambin de la troupe.

— Moi ma mamie…

— Très bien. » coupa court Famuyiwa en leur adressant un large sourire.

Les enfants, entre deux et cinq ans, étaient les plus difficiles à gérer surtout lorsqu'il fallait leur transmettre des informations et des connaissances. Cependant, il s'agissait aussi des plus émerveillés et des plus attentifs. La sorcière ne détestait pas ce travail de conteuse qu'elle devait fournir selon un emploi du temps décidé à l'avance par le Conseil des Anciens.

« Comme vous l'avez si bien dit, Olodumare était trop fort, trop éloigné du réel pour pouvoir créer les hommes et s'occuper de leurs affaires. Il envoya donc ses fils Obatala et Ododuwa sur la Terre. Lorsqu'ils arrivèrent avec leur matériel, il n'y avait que de l'eau et une sirène. Son nom était Yemaya, mère du monde et des orishas. Il s'agit de l'esprit de l'Océan.

— C'est une sirène ‽ Demanda une enfant aux locks marrons incroyablement longues.

— Oui, c'est pour ça que toutes les sirènes sont liées à elle mais on s'égare, répondit Famuyiwa. Comme je disais Obatala et Ododuwa n'avaient aucun endroit où poser leurs pieds jusqu'à ce que leur père leur envoie un palmier !

— OH ! s'exclamèrent les enfants en cœur.

— Après plusieurs péripéties, ils finirent par créer les continents, les animaux et pétrirent avec de l'argile le corps des hommes. Puis Olodumare prit tous les gaz et plusieurs étoiles de l'Univers pour en faire une boule d'énergie d'une chaleur incroyable. Il utilisa cette boule de feu pour donner un souffle de vie à tous les êtres vivants sur Terre ! Tous ne reçurent pas la même quantité d'énergie, surtout chez les hommes. Certains eurent donc des pouvoirs magiques ou des capacités spéciales. C'étaient les Grandes-flammes. Les autres ne gagnèrent pas suffisamment de souffle de vie. C'étaient les Petites-flammes. Et tous ces premiers hommes apparurent ici, dans la cité d'Ife.

— Moi j'aurais pas aimé être une Petite-flamme, ils peuvent même pas communiquer avec les orishas ou voir l'avenir ! déclara un petit garçon dont la peau était recouverte de taches blanches.

— Ils sont nés comment les orishas ? demanda une de ses camarades, plus timide.

— Les orishas ont été créés peu de temps après par Olodumare pour qu'ils puissent faire un pont entre lui et nous. Il est beaucoup trop loin dans le ciel pour qu'on puisse lui parler directement. Les orishas sont des Dieux et des Esprits mineurs. Parfois, ils peuvent prendre la forme des hommes ou des animaux pour nous transmettre des messages. Ils sont bons ou mauvais selon les circonstances et représentent des concepts de la vie comme l'amour, la guerre, la sagesse, la force, l'intelligence, le courage, le destin. C'est pour ça qu'Olodumare créa beaucoup d'orishas et que certains de nos ancêtres ont même fini par en devenir ! Mais il y en a vingt principaux qui ont chacun leur temple à Ife. Et chaque orisha choisit dans sa maison, d'avoir un lien spécial avec un être doté de magie qu'il guidera dans l'accomplissement de sa destinée. Est-ce que vous pouvez me donner des noms d'Orishas ?

— Oshun !

— Les Ibeji !

— Orunmila !

— Shango !

— Ah, mais vous en avez des connaissances ! C'est parfait ça ! s'extasia Famuyiwa. Entre vos trois et cinq ans, lors de la fête des Orishas, vous irez dans chaque temple pour la cérémonie et un jour, le prêtre ou la prêtresse principale vous appellera lorsqu'un orisha vous aura choisi. Il ne faudra pas avoir peur ou honte car un orisha ne vous choisit jamais au hasard. Et vous recevrez votre chaîne de divination qui vous permettra de faire des sorts quand vous serez plus grand. Chaque opele est unique et il faut toujours l'avoir sur soi. C'est compris ?

— OUI ! » s'écria l'assemblée avant de s'éparpiller.

Alors qu'elle s'apprêtait à retourner au temple pour travailler, Famuyiwa fut arrêtée par la fillette de sa meilleure amie.

« Tata !

— Ashake ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Maman elle m'a dit de passer au temple après être allée voir mamie. Comme ça je pourrais te voir un peu avant la cérémonie… expliqua le petite fille de cinq ans qui n'avait pas encore été liée à un orisha.

— Et tu as des questions ? » demanda Famuyiwa avec douceur.

Chaque année, depuis qu'elle avait atteint l'âge d'être considérée comme une personne de confiance par les plus jeunes, des enfants venaient la voir, inquiets quant aux futures attributions. Ashake semblait embarrassée et ne cessait de jouer avec les perles que sa grand-mère avait accrochées au bout de ses tresses.

« J'ai peur de ne pas finir chez Oshun et de ne pas être une vraie fille comme Maman… marmonna la petite.

— Comment ça tu ne seras pas une vraie fille si tu n'es pas chez Oshun ! Alors je suis pas une vraie fille si je suis chez Orunmila ? demanda faussement outrée la plus âgée.

— Nan. Je sais qu'il y a que Shango qui prend que des garçons et Oshun que des filles... Mais Oshun est la messagère, et la gardienne du pouvoir et du mystère des filles…Moi je veux ça aussi… Toutes mes cousines sont avec elle en plus… En plus je peux avoir avoir le pouvoir de voir le futur avec elle comme avec Orunmila donc c'est mieux !

— Tu sais que tu peux faire des sorts qui n'ont rien avoir avec ton orisha si tu veux ? Écoute. Quel que soit l'orisha qui te préférera tu te sentiras très bien. Regarde-moi, toutes mes sœurs sont liées à Yemaya et pourtant je suis très bien au Temple d'Orunmila, tu vois ?

— C'est pas pareil ! Orunmila il envoie même des messages aux Petites-flammes…

— C'est vrai… C'est vrai… Mais ce n'est pas si facile que ça pour elles de déchiffrer ces messages ! Les Petites-flammes ne peuvent utiliser que le système de divination compliqué qui s'appelle Ifa ! C'est un code binaire en plus et il y a que quelques prêtres qui savent lire ça, hein ! Ils doivent s'entraîner des années, apprendre des tablettes et des vers compliqués. Alors que nous, même si on doit l'apprendre pour la forme et les examens, on peut utiliser nos pouvoirs magiques directement…

— C'est vraiment pas cool d'être une Petite-flamme… se renfrogna la petite fille.

— Famu ! Ashake ! »

Monifa, la meilleure amie de Famuyiwa, marchait avec tranquillité vers elles, son bébé de six mois accroché à son dos. La femme de vingt-huit ans était moins fatiguée que les semaines précédentes, témoignage des nuits de sommeil qu'elle avait enfin fini par retrouver. Elle portait des lunettes de soleil, sans doute un cadeau de son mari reparti pour affaires.

« Comment ça va, Monifa ? demanda Famuyiwa, ravie de voir son amie happée par sa vie de maman.

— Je respire à nouveau. Quand le petit sera assez grand pour gambader partout, je reprendrais les cours de métamorphose aux enfants, je pense. » déclara-t-elle tout en s'assurant que sa fille n'avait rien laissé derrière elle.

Les deux vieilles amies discutèrent sous le soleil tandis qu'Ashake s'était mise à jouer aux pierres volantes avec la fille d'un restaurateur . Elles planifièrent leur future rencontre pour la semaine d'après, chez l'institutrice. Et alors que Famuyiwa pensait que Monifa allait retourner chez elle, celle-ci s'exclama :

« D'ailleurs ! Tu m'avais pas dit que tu cherchais un mari ! Je croyais qu'après ta dernière péripétie, ça t'intéressais pas trop !

— Pardon ? répondit Famuyiwa perplexe.

— J'ai entendu ta mère demander à ma mère si elle connaissait pas des gars dans son entourage qui cherchait aussi à se caser !

— Oh naan… Tout ton quartier est au courant, j'imagine…

— J'en sais trop rien. En tout cas, j'ai une liste de gars célibataires dans mon répertoire donc si t'as besoin je peux vous mettre en contact, ajouta Monifa.

— Non merci, ça ira, répondit la divinatrice du tac au tac. Je sais pas pourquoi ma mère se monte la tête depuis que j'approche de ma remise des diplômes mais je veux pas me marier, tsss !

— Tu lui as pas encore dit, j'imagine… » tiqua son amie.

Famuyiwa répondit par la négative. Monifa lui souhaita donc bonne chance et du courage avant de partir avec sa progéniture dans son logis. Famuyiwa rentra quant à elle au temple pour faire de la paperasse et s'attarder sur certains sorts qu'elle ne maîtrisait pas encore à la perfection.

Le clair de lune ne fut pas suffisant pour accélérer le départ de Famuyiwa du temple d'Orunmila, l'orisha de la connaissance, de la divination et de la sagesse.
La jeune apprentie appréciait les lieux qu'elle considérait comme sa deuxième maison. Les murs en terre cuite d'un blanc cassé étaient rèches au contact de sa paume mais il émanait d'eux une chaleur réconfortante et familière.

Des effluves de magies s'échappaient de temps à autre des statues à l'effigie du gardien et du protecteur, père des pouvoirs des sorciers divinateurs. Famuyiwa s'avança jusque dans la salle des prophéties. Il s'agissait de la pièce dans laquelle elle n'avait cessé de se perfectionner depuis ses onze ans. À présent, du haut de ses vingt-huit ans, la jeune femme était l'une des érudites qui aurait peut-être l'honneur de devenir une prêtresse officielle et d'initier les plus jeunes. Elle avait hâte d'apprendre aux petits sorcières et sorciers à se servir de leurs pouvoirs. Tellement hâte !
Elle se souvenait encore de ses peurs d'antan après sa cérémonie officielle de liaison des orishas. Elle se rappelait sa terreur à l'instant où elle avait appris qu'elle n'était pas une femme poisson, une sirène comme sa mère, mais qu'elle avait des dons de prêtresse. Orunmila l'avait choisie pour entretenir un lien privilégié avec lui. À présent, Famuyiwa lui en était très reconnaissante.

La salle des prophéties était rectangulaire, comme le temple, mais celle-ci avait, en son centre, un immense tapis circulaire, comme la Terre, sur laquelle des symboles de vie et de mort étaient dessinés, mêlés avec les signes de l' Ifa.
Toutes les sorcières n'utilisaient pas ce système de divination commun avec les Petites-flammes mais il y avait toujours des chapelets, des tablettes et des pierres à disposition.
Famuyiwa se dirigea vers le centre de la pièce après s'être délestée de ses sandales ornées de perles vert et or. La jeune femme portait fièrement la blouse et la jupe longue de son uniforme, au couleur de champs verdoyants parsemés d'or. Sa buba et son iro épousaient ses formes comme s'il s'agissait d'une seconde peau.
La divinatrice lança un salut magique à la statuette, incrustée sur le pilier situé au nord, avant de faire apparaître une flamme et de répandre de l'encens au creux de sa main gauche. Ses iris presque noires luirent à l'invocation de ce sort avant que la jeune femme ne fasse flotter l'éclairage brûlant à quelques mètres du sol.

Famuyiwa avait été appelée. Elle sentait au fond d'elle qu'elle devait partir à la recherche de ces morceaux épars du futur. Cela faisait plusieurs nuits qu'elle ne pouvait dormir de manière correcte.

L'opele bleu nuit qui ornait son cou se réchauffa à l'invocation de sa magie. Sa chaîne divinatoire stabilisa ses sens. Le vent sorcier qu'elle émit la happa alors que des images floues tournoyaient autour d'elle. Elle se focalisa sur les évènements qui se tendaient vers son esprit, qui l'appelaient. Et comme à chaque fois qu'elle tentait de lire dans le futur, Fayumiwa sentit une main ferme d'homme qui attrapa son épaule pour mieux l'ancrer à la période choisie.
Que ce fut la main d'Orunmila ou le fruit de son imagination n'avait aucune importance, elle ouvrit les yeux.

Face à elle, des affrontements sans précédents avaient lieu. Une fumée noire, épaisse, se répandait dans l'atmosphère alors que les Petites-flammes se battaient entre elles sans vergogne. Des véhicules explosaient tandis que des disputes, des attaques à l'arme blanche laissaient s'écrouler des monceaux de cadavres. Des cris et une chasse aux marabouts et aux sorciers étaient déclarés en pleine rue. La ville de Lagos, si vivante, poumon économique insatiable étendu jusqu'à la lagune qui permettait la transition avec le monde magique, était mise à feu et à sang.
L'image disparut pour laisser place à une scène dans un hôpital. Les murs blancs semblaient se resserrer autour de deux jeunes hommes inconscient sur un lit. Une jeune femme, au voile rouge sang, qu'elle ne connaissait pas se précipita à l'intérieur pour serrer les épaules d'une fille en larmes. Sa petite sœur, Omilaye, la suivait de prêt, inquiète. Que pouvait bien faire sa cadette en ses lieux et comment rencontrerait-elle ces individus ?

Cette vision devint floue pour laisser place à une autre : celle de sa cousine Aya, ses cheveux noirs, libre de tout apparat, assise sur le dos d'un loup aux yeux d'or en pleine course au milieu du désert, poursuivis par des ombres.

La sorcière ne comprit pas et elle n'en eut pas le temps. Après cette image étrange, Famuyiwa fut à nouveau projetée dans le monde des vivants.

Elle ouvrit les yeux, hébétée. Il ne restait de son rituel que les odeurs d'encens et de sa propre magie. Comme à son habitude, elle quitta les lieux après un rangement et un nettoyage minutieux. Elle fixa la statue en bronze quelques instants avec la maigre espérance que l'orisha la guiderait avant de se souvenir que même les plus grandes forces de vie laissaient aux êtres vivants une once de maîtrise de leur destin.

Famuyiwa soupira avant de retourner dans les couloirs du temple. Alors que Famuyiwa s'apprêtait à rentrer chez elle, la tête pleine de questions sans réponse, ses pas ralentirent au son de voix familières.

Sa surprise fut grande lorsqu'elle tomba sur sa mère en pleine discussion avec un des membres de la garde royale. Adegoke, l'un des soldats les plus proches de la famille royale, portait encore son uniforme aux reflets argent. Son costume brillait à l'instar des étoiles dans le ciel noir et faisait ressortir sa peau lisse et musclée à peine marquée par les affres du temps. Il s'entretenait avec sa mère qui portait une de ses plus belles tenues. Chose d'autant plus remarquable que la mère de Famuyiwa était toujours tirée à quatre épingles. Jamais aucun cheveu ne dépassait de son foulard gele et si elle s'en détachait, de magnifiques nattes ornaient toujours sa tête.

La jeune femme se demandait ce que les deux parents pouvaient bien faire en ces lieux alors qu'aucun d'eux n'avaient de lien avec Orunmila. Les mots qu'elle surprit ne la rassurèrent guère, augmentant son trouble :

« Je ne comprends pas pourquoi le roi veut attendre pour prévenir les enfants. Cela pourrait être grave si les ombres augmentaient…

— Ayo, je comprends ton questionnement et celui des autres parents… Mais comprends bien qu'on ne sait pas encore si ces traces de Fatumbi finiront vraiment par nous toucher…

— Si les Petites-flammes se rendent compte de sa présence, si elles décident de jouer avec eux, c'est notre monde qui pourrait s'écrouler ! Imagine s'il y avait une chasse aux sorciers !

— Ils n'iraient pas jusque-là ! répondit le soldat avec douceur pour la rassurer

— J'en doute… Ils sont déjà si fragilisés… soupira sa mère avant de se tourner dans sa direction au grand dam de la sorcière. Famuyiwa, qu'est-ce que tu fais encore ici ? »

Obligée de sortir de sa cachette, la jeune femme rejoignit dans un soupir ses deux ainés en prenant soin de vérifier que sa tenue était toujours en place. Sa mère la tuerait autrement. Le quinquagénaire esquissa quant à lui un doux sourire qui illumina son visage fermé et sévère à son arrivée.

« Cela ne m'étonne pas qu'une femme aussi travailleuse soit encore au temple à cette heure. Vous devriez plutôt être fière d'elle Ayo… complimenta Agedoke , admiratif.

— Peut-être bien, mais je ne voudrais pas qu'elle s'écroule de fatigue. Il ne faudrait pas que ça empiète sur ses performances !

— J'ai de grandes chances d'être choisie comme l'un des cinq nouveaux divinateurs, Maman… roula des yeux Famuyiwa tandis que sa mère remettait en place son pendentif légèrement de travers.

— Mais tout le reste de notre famille n'est pas lié à Orunmila… C'est un handicap pour la sélection ! rappela Ayo, soucieuse.

— Quoi qu'il arrive, personne ne pourra nier que votre fille est une excellente sorcière. Et une bonne personne. Ce qui est d'autant plus rare !

— C'est trop de compliments, Monsieur, rougit Famuyiwa.

— Tu sais que tu peux m'appeler Tonton, déclara Agedoke avec un rire bienveillant.

— C'est trop familier ! Tu es quand même un grand homme ! rétorqua gentiment Ayo, faisant sourire le concerné.

— Si ça vous amuse ! Peu importe, Akinola passera sans doute au restaurant dans les prochains jours. Il est beau mon fils, hein ? demanda le soldat à Famuyiwa en lançant un clin d'œil à peine voilé.

— Il n'est pas mal … répondit-elle embarrassée.

— Un magnifique jeune homme et intègre en plus ! Il est à marier ! » déclara sa mère dans un rire.

Oppressée alors que les deux parents se mirent à parler cérémonies de mariage et union future, la jeune femme leur souhaita une bonne nuit avant de rentrer chez elle.

Famuyiwa aurait préféré qu'un hypothétique mariage ne soit jamais mentionné. Elle était fière d'être arrivée là où elle en était. Et même sa mère, pourtant très perfectionniste, n'avait jamais imaginé qu'une de ses filles puisse atteindre un tel niveau de technicité magique. Cependant, pour parfaire son magnifique parcours magique, quoi de mieux qu'une union sous les meilleurs auspices avec un autre grand sorcier ? Sa mère serait aux anges de voir son aînée cocher toutes les cases de la réussite sociale. Malheureusement, Famuyiwa ne se voyait pas avec une bague au doigt.

En quittant le temple, la divinatrice laissa ses yeux et son esprit dériver en observant la Voie Lactée avant de voler au-dessus des champs de mil et de manioc pour atteindre son logis.

Arrivée dans sa chambre, qui donnait sur la cour, elle se pencha à la fenêtre pour mieux humer les odeurs de la nuit et observer le cours d'eau magique qui menait à l'océan. Elle s'assura qu'aucun poisson ne s'était retrouvé bloqué à l'intérieur à cause d'une algue ou d'une mèche d'une de ses cadettes. N'observant rien d'anormal, Famuyiwa soupira de contentement tout en se gorgeant du ronflement de son père quelques pièces plus loin.

Dépêtrée de ses habits, ses cheveux recouverts d'un bonnet en soie et allongée dans son lit, Famuyiwa recommença à se questionner. Sa vision avait-elle un lien avec la discussion étrange qu'elle avait surprise au temple ?

Et avant de trouver le sommeil, l'image la plus singulière revint à son esprit.

Qu'est-ce qu'Aya pouvait bien faire sur le dos d'une de ses créatures européennes en plein milieu du désert ?


Le rythme de publication sera toutes les 3 semaines. L'histoire fera 25 chapitres et 12 ont déjà été écrits. J'étais pas censée commencer la publication aussi tôt mais je suis une personne désespérée par ce récit qui vais tenter de finir comme je peux la dernière histoire que j'écrirais pour le fandom.