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"Tu es prête pour ça ?" demanda Ang en enroulant mes cheveux autour du fer à friser qu'elle maniait avec bien plus d'expertise que je ne pourrais jamais espérer en posséder.
"Mon Dieu, non."
Pourquoi le bal devait-il se dérouler sur deux jours ? En fait, j'avais l'impression que c'était beaucoup plus long car toutes les conversations de l'école avaient porté sur le match, le bal et, bien sûr, le concours du bal. Inutile de dire que l'inclusion de votre serviteur avait fait jaser beaucoup de monde. Jessica Stanley était furieuse que j'aie 'pris sa place', et le fait que l'ex et l'actuelle petite amie d'Edward fassent partie de la même assemblée était aussi un sujet de discussion. Argh.
Sans parler du fait que je n'avais pas réalisé que j'aurais besoin d'une autre robe à porter au match pour pouvoir m'asseoir dans une stupide décapotable et me pavaner autour du terrain à la mi-temps. La mère d'Edward m'avait mis le grappin dessus lors d'un de nos dîners chez elle et Ali l'avait soutenue.
Les deux dernières semaines avaient été plutôt géniales. La mère d'Edward, ayant appris qu'Ali et moi étions généralement seules pour dîner, avait insisté pour nous recevoir chez elle. Elle nous aurait volontiers nourries tous les soirs, mais je savais que nous devions nous occuper de la maison pendant quelques jours au moins. Edward nous conduisait chez lui après l'école plusieurs soirs par semaine et nous y faisions nos devoirs. Elizabeth était une femme incroyablement gentille, Ali et elle étaient devenues des amies très proches. Elles s'étaient liguées contre moi pour la deuxième robe et j'avais passé un autre samedi à faire du shopping, cette fois avec elles.
Au moins, cette robe était simple. Elle était de couleur prune, et c'était une robe fourreau, couvrant tout le haut à l'exception des bras. Le bas était orné de quelques volants qui s'entrecroisaient juste au-dessous de mes genoux. Je portais le pendentif en forme de livre d'Edward, qui se détachait joliment sur le violet, ainsi que deux bracelets en argent qui avaient appartenu à ma mère.
"J'adore cette robe. Elle te va à ravir."
Je ris quand elle lâcha une mèche et en rassembla une autre pour la boucler. "Merci. Je n'ai pas eu grand-chose à voir avec son choix."
"La petite fashionista s'en est occupée, hein ?"
Bien sûr. "Et la mère d'Edward. Je me suis surtout tenue à l'écart pendant qu'elles décidaient de ce que je porterais."
"Comme si ça te dérangeait."
Je souris à ce souvenir. Cela ne m'avait pas dérangée du tout. "C'était le genre de journée que nous aurions eu avec notre mère," murmurai-je.
Ang posa le fer à friser et me serra doucement dans ses bras. "Je sais que je ne pense pas à mon père. Je ne pense plus souvent à l'absence de mon père mais quand Ben est venu me chercher pour notre premier rendez-vous officiel, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que mon père aurait adoré être là pour lui faire le discours des pères disant que je devais rentrer à l'heure et dans l'état dans lequel j'étais partie… ce genre de choses."
Je savais qu'Ang avait compris. "Oui, sa présence m'a manqué, mais en même temps, c'était un moment doux-amer, parce qu'Elizabeth est vraiment gentille, et Ali et elle sont si mignonnes ensemble." Je soupirai et secouai la tête. "Ali était si jeune quand maman est morte. Elle ne se souvient pas très bien d'elle. La voir se lier à Elizabeth a été vraiment génial d'un côté, et de l'autre..." je haussai les épaules.
"Tu es triste qu'elle ait ce lien avec quelqu'un d'autre que ta mère."
"Oui, ce qui est idiot. Alice a besoin de moments comme ça. Bon sang, quand elle se préparera pour les bals, qui aura-t-elle ?"
"Toi. Tu reviendras pour l'aider. Rose aussi, à condition qu'elle ne soit pas à l'autre bout de la planète après l'université. Et moi, bien sûr." Ang sourit et recommença à me boucler les cheveux. "De plus, c'est dans plusieurs années. Je sais que tu ne serais guère d'accord mais peut-être que ton père commencera enfin à sortir avec quelqu'un à un moment donné."
Hein ?! J'y avais pensé, bien sûr. Et la vérité était que mon père était absent si souvent qu'il aurait pu avoir une petite amie et nous ne l'aurions probablement jamais su. Je ne lui reprochais pas son bonheur mais je devais admettre que ce serait bizarre.
"Peut-être. Je sais juste que ce temps passé avec Elizabeth a été très bénéfique pour elle. Et pour moi aussi, d'ailleurs."
J'aimais avoir quelques soirées de répit, sans avoir à m'occuper d'Ali, à préparer le dîner, à faire la lessive, etc.
"Tu peux être une gamine. Qui n'aimerait pas ça ? Sans parler du fait de passer du temps avec ton petit ami sexy," me dit Ang en me taquinant.
Je sentis mes joues s'échauffer, parce que oui, elle avait raison. Nous devions garder les choses assez calmes parce qu'on ne savait jamais quand Ali ou Elizabeth pouvaient entrer mais nous avions certainement eu des séances d'embrassades assez chaudes en faisant nos "devoirs" dans la chambre d'Edward. Nous devions garder la porte ouverte, c'était donc un risque mais c'était un risque qui valait la peine d'être pris.
"Le dîner chez Edward a beaucoup d'avantages," dis-je, ce qui fit rire Angela.
"Personnellement j'adore les avantages."
Elle posa le fer à friser et ramena une partie de mes cheveux en arrière de façon à ce que quelques boucles encadrent mon visage et que le reste retombe dans mon dos.
"Maintenant, un peu de maquillage."
Je restai patiemment assise pendant qu'elle traçait une ligne sur mes yeux puis les ombrait avec un fard à paupières. Elle ajouta un peu de blush et un rouge à lèvres prune assorti à ma robe.
Angela prit du recul et m'étudia. "Parfait."
Je me regardai dans le miroir et je dus admettre que j'avais l'air plutôt bien. Parfaite, c'était peut-être un peu exagéré mais j'avais l'air d'avoir ma place dans la cour du bal.
"Merci, Ang ! Tu as fait du bon travail."
Elle secoua la tête. "Tu me donnes un bon canevas sur lequel travailler, Bella. Nous ferions mieux de nous dépêcher. Tu ne veux pas que ton homme soit coincé avec la bête dans sa voiture."
Angela était la meilleure amie qu'une fille puisse avoir. Je l'aimais pour plus de raisons que je ne pouvais en compter mais je devais admettre que j'adorais sa haine pour sa cousine. La plus grande partie de cette haine provenait de la façon dont elle me traitait. Angela avait toujours assuré mes arrières.
"Ouais, on ne peut pas avoir ça."
Heureusement, Tanya avait gardé ses distances depuis la rencontre chez JC Penney. Et moi, je l'ignorais la plupart du temps. De temps en temps, elle nous jetait un coup d'œil à Edward et moi lorsque nous étions blottis l'un contre l'autre à la cafétéria mais il n'avait jamais semblé le remarquer, et j'avais fini par ne plus y faire attention. Je me moquais bien de ce que Tanya pensait de moi.
"Personne ne t'arrivera à la cheville ce soir." Ang me serra à nouveau dans ses bras. "Je sais que je t'ai dit que nous étions impliquées dans des activités scolaires et autres, mais ça a incroyablement bien fonctionné, évidemment, et j'adore jouer avec tes cheveux et que ce soit vu par quelqu'un d'autre que nous."
Cela me fit rire. Les coiffures élaborées qu'elle m'avait faites au fil des ans, et que personne n'avait jamais vues parce que nous ne faisions que dormir chez l'une ou l'autre, avaient été un véritable gâchis. Au moins, maintenant, j'allais pouvoir montrer son travail.
Un autre coup d'œil dans le miroir m'assura qu'elle avait fait du bon travail. "J'adore, vraiment. Merci, Ang."
"Tu peux me remercier en surpassant ma cuntzen*. Souris et salue comme si tu étais une princesse ce soir. Et souviens-toi que tu as le prince à tes côtés."
C'est ce que je fis. C'était génial, non ?
Ang sourit. "C'est exactement ce que je veux voir. Vas-y, Bells."
J'allais le faire. Peut-être, juste peut-être, cela allait être amusant.
Je détestais ne pas pouvoir assister à toute la première mi-temps. Nous devions nous retrouver au début du deuxième quart-temps pour monter dans nos véhicules et - dans le cas de Maggie Stern, Tanya et moi-même - attendre que nos gars sortent du terrain et nous rejoignent. Maggie était la Reine du Bal, elle monta donc en premier avec Ben. Tanya était avec Mike Newton. D'une certaine manière, c'était une bonne chose que j'aie été choisie, sinon elle aurait fini avec Edward, ce qui était inacceptable. Elle n'était pas digne d'être à ses côtés.
Ang avait apporté une couverture de sa voiture pour que je puisse m'asseoir, ne voulant pas que je salisse ma robe sur les gradins. J'étais très reconnaissante de sa prévenance. Elle pouvait porter un jeans et un T-shirt, ainsi que la veste de Ben. Elle avait de la chance.
"Allez Ben ! Allez Edward !" cria-t-elle.
Oui, la transformation de ma meilleure amie était impressionnante. Elle n'était plus habillée en noir pour les matchs. Elle portait les couleurs de l'école et se donnait à fond pour apprendre le football. Ben la soutenait également. Il lui faisait répéter les lignes pour la pièce et l'emmenait dans divers endroits pour qu'elle puisse dessiner et travailler sur son art. Ils semblaient opposés mais d'une manière ou d'une autre, ils s'accordaient.
Nous étions même allés voir leur match à l'extérieur vendredi soir dernier. C'était amusant parce qu'Angela avait conduit et que les garçons avaient pris le bus mais ils étaient rentrés avec nous. Edward et moi avions pu passer du bon temps sur la banquette arrière. Nous n'avions rien fait de trop démonstratif mais nous nous étions embrassés furtivement et j'avais mis ma jambe sur la sienne, et il m'avait un peu caressé la cuisse. Ensuite, nous étions allés au restaurant et nous étions restés ensemble pour une sorte de double rendez-vous. C'était très amusant.
Le match était sans but et il était temps pour moi d'aller rejoindre le reste de la troupe, quand tout à coup Edward se mit à courir librement et Ben lui lança le ballon. Il entra dans la zone d'en-but, et Ang et moi applaudîmes à tout rompre car nous menions 7-0. Notre équipe était invaincue jusqu'à présent et nous voulions vraiment gagner ce match car c'était le match du Bal. Personne ne voulait qu'une ombre plane sur le bal s'ils perdaient.
"Nos mecs sont géniaux !" cria Angela, faisant rire tout le monde autour de nous. Nos blousons, et oui, je portais celui d'Edward par-dessus ma robe pour l'instant, montraient clairement pour qui nous étions là.
Je regardai encore une minute avant de descendre pour retrouver le reste des gars et des filles. Eric était en train de nous organiser avec d'autres membres du comité du bal.
"Regarde-toi ! Ma fille ! Tu es magnifique !" Il me serra dans ses bras. "Je peux te garder cette veste si tu veux."
Je ricanai devant la quête sans fin d'Eric pour me voler la veste d'Edward. "Je peux la garder à côté de moi dans la voiture. J'en aurai besoin pour me réchauffer."
"Je t'en prie ! Comme si ton beau mec n'allait pas le faire tout seul. Espèce de salope chanceuse !"
Il avait raison. J'étais sacrément chanceuse. "Il va être tout en sueur."
Les applaudissements fusèrent de notre côté du stade et je sus que nous avions encore marqué. Excellent.
"Il n'y a rien de mal à transpirer un peu, bébé. C'est une bonne lubrification."
Ma mâchoire se décrocha mais avant que je puisse répondre, il était parti, conduisant les couples à leur voiture, distribuant des écharpes et des fleurs. J'en profitai pour jeter un coup d'œil à Tanya, qui portait une robe argentée brillante, qui allait sans aucun doute refléter les lumières autour du terrain. Elle semblait un peu trop formelle à mon goût mais c'était Tanya.
Eric revint vers moi. "Voilà, ma belle." Il passa l'écharpe de princesse du Bal par-dessus ma tête, en prenant soin de ne pas décoiffer mes cheveux. "Et des roses pour ma meilleure amie."
Je ris en les prenant. "Merci, Eric."
"Attention, Yorkie. C'est ma meilleure amie." Edward sourit en trottinant jusqu'à nous.
"J'ai eu son cœur en premier," déclara Eric en jetant ses mains sur les siennes. "Si seulement elle était un garçon..."
"Dieu merci, elle ne l'est pas." Edward me regarda de haut en bas, ce qui me fit chaud au cœur. "Tu es magnifique, ma chérie." Il se pencha en avant et effleura mes lèvres. "Je te montrerais bien à quel point je te trouve belle mais je ne veux pas te couvrir de sueur."
"Je ne pense pas que cela me dérangerait," réussis-je à dire, parce que de près, Edward dans sa tenue, tout chaud et en sueur, était une chose de toute beauté.
Il gloussa en remettant son écharpe. "Plus tard, c'est promis."
Il me prit la main et m'aida à monter dans la décapotable rouge. Je m'assis avec précaution sur le siège, priant pour ne pas tomber. Si c'était le cas, avec Tanya dans la voiture derrière moi, elle encouragerait probablement son chauffeur à m'écraser.
Edward s'assit à côté de moi et me regarda d'un air dubitatif. "On dirait que tu vas tomber si je ne te retiens pas."
C'était une excuse comme une autre, non ? "C'est possible."
Il passa son bras autour de ma taille. "Je ne peux pas prendre de risques avec toi. Je vais devoir te faire transpirer un peu."
Vu ce que je ressentais en ce moment, l'excitation qui m'envahissait à son contact et à sa beauté, il pouvait me faire transpirer autant qu'il le voulait. "Ça ne me dérange pas."
"Ça ne te dérange pas, n'est-ce pas ?" demanda-t-il, juste au moment où une voix agaçante perçait l'air.
"Oh ! Mike ! Tu es tout en sueur ! Ne t'avise pas d'en tacher ma robe. Elle a coûté cinq cents dollars !"
Les yeux verts d'Edward rencontrèrent les miens et ils scintillaient d'amusement. " Tellement exigeante," marmonna-t-il, ce qui me fit pouffer de rire.
Je veux dire, qui diable a dépensé autant d'argent pour une robe destinée à la petite parade de la veille du bal ? Dieu seul sait combien sa robe pour le bal avait coûté. C'était ridicule.
"Eh bien, heureusement que tu es avec moi maintenant," lui dis-je en appuyant ma tête contre son épaule. Un Edward en sueur était un Edward sexy et je voulais être près de lui.
"J'ai beaucoup de chance d'être avec toi." Il me serra plus fort.
"Je suis vraiment heureux que tu sois ici avec moi ce soir."
Et malgré l'air frais, je me sentais si chaude à l'intérieur. C'était incroyable à quel point Edward pouvait me faire sentir bien. Je retirai ma tête de son épaule, heureuse qu'il ait abandonné les protections pour la balade, et je l'embrassai plus longuement. C'était une bonne chose qu'il tienne ma taille, parce que notre voiture commença à bouger et je n'étais pas prête.
Sa main se resserra sur moi et il se retira avec un sourire. "Attention, mec ! Tu as une cargaison précieuse ici."
Notre chauffeur, Randy, rit. "Désolé. Il faut qu'on te sorte de là pour que tu puisses y retourner. Tu as fait un sacré match."
"Oui, ton touchdown était génial."
"Lequel ?" demanda-t-il, l'air si fier de lui.
Bon sang de bonsoir. J'avais raté un touchdown d'Edward. "Le premier est le seul que j'ai vu. J'ai dû partir tôt pour venir ici."
"Je sais, chérie. Tout va bien." Il embrassa ma tempe. "Je suis content que tu sois là avec moi pour ça."
"Moi aussi."
Et je l'étais. C'était une expérience. Les voitures roulaient lentement sur la piste et je souris lorsque nous nous approchâmes de l'endroit où nous nous étions embrassés. Etait-ce seulement il y a quelques semaines ?
"Pourquoi souris-tu ?" demanda Edward en faisant un signe de la main et en souriant aux gens qui nous encourageaient.
"C'est l'endroit où je t'ai embrassé pour éviter Emmett."
Il sourit. "C'est ce que tu as fait. Je suppose que nous devrions le rejouer, puisque c'est notre endroit et tout ça."
Et sur ce, il déposa un doux baiser sur mes lèvres. J'entendis vaguement des applaudissements mais je me moquais de savoir si c'était pour nous ou pour quelqu'un d'autre. Edward m'embrassait, et c'était tout ce qui comptait.
Nous finîmes par nous séparer et Edward toucha ma joue. "J'adore cet endroit."
Mon cœur battit un peu plus vite à ce mot, ce qui était idiot car ce n'était pas pour mo, mais tout de même. "Je l'aime aussi." Si je ne faisais pas attention, je pourrais aimer bien plus que ça. Ce garçon serait si facile à aimer.
Notre voiture finit le tour, et dès que nous fûmes sortis du stade, nous nous arrêtâmes. Edward m'aida à descendre prit la veste que j'avais dans la voiture à côté de nous et la mit autour de mes épaules.
"Tu vas avoir froid," me dit-il en prenant mes mains et en les frottant entre les siennes.
Comme si c'était possible ? "Pas après ce baiser."
Il sourit et m'embrassa à nouveau rapidement. "Ça va te permettre de tenir jusqu'à la fin du match, mais je te promets de te réchauffer après."
Bon sang. Ce mec. "Je compte sur toi pour ça." Et je l'embrassai à nouveau. "Va botter des fesses pour moi."
"Ça marche." Il serra mes mains une dernière fois avant de les relâcher. "A plus tard, ma belle."
Il jeta quelques coups d'œil en arrière en trottinant vers son équipe, m'envoyant un petit signe de la main. Il me faisait vraiment me sentir belle. Tout cela semblait bien réel. J'en étais presque sûre. Et j'étais déterminée à en avoir le cœur net ce week-end. Il était temps.
…
Mot inventé : mi comtesse mi cousine
