BONNE ANNEE!

NDA 01/01/2024 : Comme promis à mes lecteurs, je vous offre le premier chapitre de ce second tome en ce premier jour de l'année 2024! Puisse-t-elle nous porter chance, pour une fois! Nous allons reprendre le rythme des bouquins et nous enfoncer dans la noirceur de la magie. Certains crieront de joie à la fin de ce chapitre, d'autres me hurleront dessus, j'en ai conscience. Mais avant toute chose, j'espère que ça vous plaira!

Je rappelle que Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, en revanche, je tiens à cette histoire, puisqu'il s'agit d'un self insert réaliste (morbide!) et que j'y met tout mon coeur.

N'hésitez pas à donner votre avis, vos soupçons, tout! J'aime les reviews! Je vous souhaite une excellente lecture, et vous dit à dans un mois! (Sauf pour les lecteurs de la Malédiction de Tom Riddle, qui auront un chapitre le 9)

à bientôt!


Chapitre 1 : Secrets de famille

La chaleur en ce mois d'aout était si étouffante, qu'un silence anormal régnait dans les rues pavillonnaires de Privet Drive. La plupart des voitures étaient sales, garées dans leurs allées, et les pelouses vert émeraude avaient jaunies. La sécheresse était le fléau du quartier qui se voyait interdit d'usage des tuyaux d'arrosage en cette saison caniculaire. Privés de toutes leurs activités favorites, les habitants s'étaient réfugiés à l'ombre de leurs maisons ventilées, et priaient pour que la température veuille bien baisser de quelques degrés.

La seule personne assez folle pour rester dehors était un adolescent allongé sur le dos dans un parterre de fleurs, tout près du numéro 4. Il s'était glissé sous le buisson, de sorte qu'aucun passants ne puisse l'apercevoir, même en marchant sur le trottoir devant l'allée. Le seul risque encouru étant de se faire piquer par les insectes cachés entre les branches. Maigre, et pas très grand pour son âge, le garçon avait les cheveux noirs en bataille et des lunettes rondes sur le nez. Ses affaires délavées et trop amples pour lui étaient usées jusqu'à la plus petite couture de son jean. Et c'était cette apparence négligée qui rendait les passants méfiants à son sujet.

Harry Potter se fichait cependant pas mal de l'opinion des voisins, ou même de sa famille adoptive. Quelque chose s'était produit, à la fin de sa quatrième année à Poudlard. Quelque chose de terrible qui remettait toute sa vie en cause, et qui pourtant, au lieu de lui faire peur, le laissait étonnamment confiant. Il avait survécu à la résurrection du seigneur des ténèbres, y avait participé comme outil, mais pas uniquement.

Harry avait été membre d'un groupe. Non, pas un de ces groupes de musique qui fascinent les jeunes et sont écoutés partout en concert ou dans les clubs. Non. Et pas non plus un groupe d'amis dans lequel on pratique une activité sportive, comme une équipe de Basket-ball, ou de criquet, ou de Quidditch. Bien qu'il fasse partie d'une équipe sportive sur balais dans la maison de Gryffondor, à l'école de sorcellerie.

Non. Il avait fait partie d'un groupe magique dont il ne comprenait pas le sens, mais en sentait encore les effets. Depuis sa seconde rencontre avec Sacha O'Nigay, une élève de Serdaigle devenue amnésique à cause d'un accident de voiture moldue, la magie d'Harry avait évolué, et celle de ses amis aussi. Il ne savait pas à quoi c'était dû, ni comment c'était véritablement arrivé. Toujours est-il qu'un nouveau pouvoir s'était manifesté.

Et si parler le fourchelangue était tabou chez les sorciers, ce nouveau don lui aurait probablement valu une place directe dans l'aile psychiatrique de Sainte-Mangouste, l'hôpital pour sorcier de Londres. Oui, car entendre des voix ce n'était jamais bon. Et Harry ne faisait pas que les entendre. Il leur répondait.

Le garçon savait que les fantômes existaient depuis son entrée à Poudlard. Entre ceux qui déambulaient dans l'école et le professeur Binns qui enseignait l'histoire de la magie, il avait rencontré une floppée d'esprits. Mais tous les morts ne devenaient pas obligatoirement des fantômes. Ça, il le savait par son amie Hermione Granger, qui était la meilleure élève de sa maison, si ce n'est de sa promotion tout entière.

Harry, lui, percevait les autres. Ceux qui n'étaient pas devenus des fantômes, mais erraient, ici et là, entre les limbes et le monde des vivants. Pourquoi ? Il n'en savait trop rien. Mais dès que la nuit tombait, dès que les derniers rayons du soleil disparaissaient derrière la colline, les voix de ces hommes et de ces femmes se faisaient entendre, cherchant la porte de sortie de leur tourmente.

La plupart du temps, il ne faisait que les entendre se lamenter sur leur vie disparue, leur famille en deuil… Mais il arrivait que certains soient visibles, et pas toujours très gentils non plus. Heureusement pour lui, ce pouvoir s'accompagnait d'un allié qu'il n'aurait jamais cru possible. Pour avoir assisté lui-même à son assassinat.

Cédric Diggory.

Le Poufsouffle, mort pour l'avoir protégé dans le cimetière qui avait vu renaitre Voldemort, apparaissait dès la nuit tombée à ses côtés, et le guidait pour éviter les esprits errants, ou pour en aider certains. Harry ne savait pas pourquoi, mais le défunt Poufsouffle était différent des autres esprits errants. Il était en couleur, comme lui, là où les esprits qu'il parvenait à voir, étaient en noir et blancs. Les deux garçons discutaient aussi beaucoup, de Poudlard, de leurs amis, de magie… Et de Sacha.

Car Cédric était son cousin, et les deux étaient redevenus très proches à la suite de l'amnésie de la demoiselle. Là, caché dans son buisson, Harry attendait justement que la nuit tombe pour lui raconter ce qu'il avait appris dans la gazette au sujet de cette dernière. Car Sacha O'Nigay était passée devant le magenmagot pour demander une émancipation loin de sa famille sorcière le 5 aout, et qu'ils venaient de délibérer sur l'affaire.

Harry se souvenait que la pauvre adolescente était dévastée par sa perte. Mais pas uniquement. Elle avait cette maturité qui accompagnait sa perte de magie depuis l'accident, et plus encore, son unique don sorcier, reconnu partout. Sacha était un oracle. Et elle avait essayé de les aider, lui et Cédric, contre Voldemort et ses mangemorts. Mais la pauvre n'avait pas réussi, et en plus d'avoir perdu son cousin, elle avait été très affaiblie par la manœuvre.

En y repensant, Harry aussi, était inquiet pour la jeune fille. Lors du départ de l'école, il l'avait trouvé très bizarre, distante et en même temps, trop lucide. Mais peut-être était-ce parce qu'elle devait attendre une délégation de gobelins pour emporter le corps de son cousin. Ce devait être horrible de devoir s'occuper des funérailles d'un membre de sa famille. Harry vivait chez son oncle et sa tante parce que ses parents avaient été assassinés par Voldemort lorsqu'il n'était qu'un bébé. De fait, il n'avait pas eu à s'occuper de ce genre de choses, mais il se demanda qui s'en était chargé.

Pas Sirius, qui était son parrain, et avait été enfermé à tort à Azkaban à la place d'un autre pendant presque douze ans le soir-même de leur assassinat. Probablement pas Rémus non plus, qui bien que toujours en liberté à ce moment-là, n'était pas du tout aisé financièrement. Harry supposa que, vu le contexte, ce devait être le professeur Dumbledore qui avait pris soin de ses parents.

« Bonsoir Harry. » Fit une voix sur sa droite, au milieu des hortensias.

« Bonsoir Cédric. » Murmura le noiraud en quittant sa contemplation du ciel. Car si Harry entendait et répondait à l'esprit, il demeurait le seul à pouvoir l'entendre. Et il n'avait pas envie d'alerter plus que nécessaire, son oncle ou sa tante, qui n'aimait rien de ce qui touchait à la magie. « J'ai des nouvelles, si tu veux. »

« Le verdict est tombé, ça y est ? » Le visage du bicolore s'éclaira d'espoir. « Alors ? Elle est libre ? » Mais Harry grimaça.

« Non… D'après l'article, l'émancipation a été refusée, car jugée comme un caprice puéril. En revanche, quelqu'un a fait valoir les problèmes de santé et de magie de Sacha devant les jurés. »

« Comment ça ? Ma cousine n'est pas cinglée !» S'énerva Cédric en tapant du poing sur les fleurs. Il les traversa sans causer le moindre dégât si ce n'est une légère brise, surnaturelle pour ces 32 degrés.

« Non. Pire. Ils parlent d'obscuriale en formation. Je ne sais pas ce que c'est, mais qu'elle allait être mise en observation par un ancien membre du projet sainte-mangouste, pour déterminer si elle est un danger pour elle-même et ses proches, ou si elle peut poursuivre l'école. » Cédric était livide, et il jura à plusieurs reprises en gaélique.

« Fait chier… » Cédric se mit ensuite à faire les cents pas autour du garçon, traversant les buissons et parterres de fleurs à sa guise. Au bout d'un petit moment, pendant lequel l'ancien Poufsouffle avait pesté et insulté tous les membres de sa famille, Harry reprit la parole.

« C'est quoi une obscuriale… ? » Cédric cessa d'aller et venir et vint s'asseoir en tailleurs près d'Harry, se prenant la tête entre les mains.

« Comment expliquer ça… » Cédric marqua une pause, se lissant les cheveux en arrière comme le faisait Sacha. Il avait pris, bien malgré lui, ce tic dans la mort. « C'est une sorte de maladie dégénérative de la magie qui touche essentiellement les très jeunes sorciers. On ne sait pas trop d'où ça vient, mais le noyau magique du sorcier devient instable, et des explosions de magies arrivent… L'enfant est malade, mentalement fragile… Et… Il finit par mourir… Généralement en tuant toutes les personnes autour. Et ce qu'il reste, c'est une sorte de spectre magique, qu'on appelle l'obscurus. » Harry fit la grimace.

« Et ça se soigne ? » Cédric secoua négativement la tête. Harry décida qu'il ne pouvait pas laisser son ami – mort – déprimer encore plus. « Non, mais, Sacha ne peut pas en être une, elle est trop grande, et puis, c'est un oracle, donc c'est pour ça qu'elle est instable, c'est tout. »

« Harry… Le fait que cette théorie ait été évoqué signifie que quelqu'un l'a vu subir au moins 5 des symptômes qualificatifs. »

« Et alors ? Je suis sûr que n'importe qui de notre âge peut les cumuler. »

« Instabilité émotionnelle, défaillance magique, trouble de l'humeur, changement drastique de la personnalité, malaises répétitifs sans origines connues… » Cédric ferma les yeux. « C'est dur de cumuler tout ça… Et il y en a d'autres, comme les maux de têtes fréquents, la paranoïa… »

Harry poussa un long soupir désespéré. Pour le coup, Cédric avait raison. C'était difficile de cumuler tous ces symptômes pour une personne, et Sacha en avait plus que seulement 5. Elle avait même démontré un pouvoir qu'il ne connaissait pas. Encore qu'il ne fût pas très sûr de ce qu'il avait vu non plus. Dans ses souvenirs un peu flous après sa sortie du cimetière, il revoyait le faux professeur Maugrey le menacer de sa baguette en expliquant que c'était lui qui avait mis son nom dans la coupe de feu, et la porte avait explosé dans un hurlement aigu. Il avait entendu un autre cri, et le faux Maugrey avait volé à travers la pièce.

Plus qu'à espérer que celui qui s'occupe de sa surveillance soit quelqu'un de bien et l'aide, au lieu de vouloir seulement l'enfermer comme une vulgaire prisonnière. Harry ne pouvait pas savoir que justement, la personne en charge était prête à tout pour sortir Sacha de son environnement et la garder à l'abri des sang-purs et de ce maître tout juste revenu d'entre les morts.

oOoOoOo

Il n'y avait plus de mot pour décrire ce qu'elle ressentait. Aucune langue n'était assez fournie pour lui offrir un moyen de s'exprimer. Ce à quoi elle avait assisté n'était rien de plus qu'un cauchemar supplémentaire, une horreur, une infâmie. Et le pire, dans toute cette situation, c'était que tout, absolument tout, était de sa faute.

Tout ce sang sur les mains ne découlait que d'une seule et unique décision. Celle qu'elle avait prise en défendant Luna Lovegood lors de l'épreuve des dragons pour le tournoi des trois sorciers. Celle de punir les responsables en public au lieu de confier cette tâche à quelqu'un d'autre. Celle de s'exposer finalement telle qu'elle était. Un oracle. Le secret n'en était pas resté un très longtemps. Mais ce choix, cet unique choix avait fait réagir la famille O'Nigay.

La main angulaire et fripée de Paulette se saisit de son visage, pressant ses joues et la soulevant de biais pour l'obliger à la regarder. La vieille sorcière était dangereuse, bien plus qu'elle n'aurait jamais pu le penser. Et si physiquement, la ressemblance entre cette femme et sa propre arrière-grand-mère était plus que visible. Elles n'avaient absolument rien en commun.

« Tu vois, petite garce, ce que tu m'as obligé à faire ? » Demanda Paulette d'une voix rocailleuse.

La main pressa un peu plus les joues, avant de dévier sa nuque, l'obligeant à fixer le corps tremblant au sol d'une vieille dame à l'embonpoint cintré dans une robe de soie bleue couverte de motifs d'oiseaux. La chevelure courte, rousse et bouclée, collait à sa peau blanche comme le lait. Et aux doigts boudinés bien que marqués de longs ongles s'entrechoquaient des bagues en pierre semi-précieuses.

Poupette.

C'était elle. Elle qui était à l'origine de sa protection incroyable contre la magie. Dans chaque bijou en calcédoine, elle avait versé du sang, son sang. Elle avait mis du temps à adapter sa magie à celle de sa petite nièce mais c'était son présent. Pour que même si Sacha était désarmée, personne ne puisse s'en prendre à elle. Une magie puissante, fonctionnant à base de prismes et de runes. Une protection du sang. Du même genre que Lily avait offert à Harry par son sacrifice. Un sort tabou chez les sorciers.

Elle n'avait cependant pas songé au fait que cette protection naturelle contre la magie immunisait aussi contre les sorts de soins. Mais Poupette n'avait pas eu le temps de mieux se préparer. Parce que la personne qu'elle voulait contrer plus que tout, c'était sa propre mère. Cette femme ignoble qui tuait pour le pouvoir, même dans sa propre famille.

« Tu vois ? Tu m'obliges à torturer mon unique fille pour t'atteindre. » Elle grinça des dents. « Maintenant retire cette parure, c'est un ordre. » Une claque retentissante força Sacha à fermer les yeux.

« Non… Ne le fais surtout pas ! » Supplia Poupette en roulant sur le côté, cherchant à atteindre sa baguette.

« Fais la taire, Emmanuel. » Ordonna Paulette. Et l'homme qui correspondait au père de Sacha dans ce monde lança un sort sur la tante qui gisait au sol. La robe de soie muta pour former un bâillon et couvrir la bouche de la sorcière.

Mais si elle était désormais incapable d'articuler un seul mot, Poupette secouait toujours la tête en tremblant. Sacha n'était pas certaine d'avoir compris tout ce qu'il se jouait ici, mais elle n'était pas stupide. La méchante, c'était cette vieille harpie, et la gentille, celle qui avait essayé de la protéger pendant des mois, de tout et de tous. Elle avait déjà la mort de Cédric sur la conscience, parce qu'elle n'avait pas été assez forte pour surpasser la personne qui l'avait bloqué dans les limbes. Elle ne pouvait pas laisser Poupette souffrir pour elle.

« Je vais les enlever… » Finit-elle par dire d'une voix fragile.

La vieille femme, beaucoup trop maigre pour que ce soit un bon signe, étira un sourire carnassier, rendant son visage émacié encore plus effrayant. Et les iris grises promettaient milles tortures.

« Bien. Tu redeviens raisonnable. »

La noiraude déglutit et croisa une dernière fois le regard implorant de la rouquine au sol. Poupette s'égosillait dans son bâillon pour l'en empêcher, et si sa survie dépendait clairement de ces bijoux, celle de la vieille dame aussi. Huit doloris de plusieurs secondes l'avaient touché. Alors que Sacha, elle, n'avait reçu que des coups physiques. D'abord de Marlène, puis des faux parents. Elle pourrait encore tenir. Pas la femme à terre.

La main droite couverte de sang remonta prés de son visage que l'autre avait libéré et retira lentement une boucle pendante. Puis l'autre. Les bijoux furent écartés d'un sort après qu'elle les eu posés à terre. Il ne restait que le pendentif à son cou. Tremblante, elle leva ses deux mains pour venir tirer sur le fermoir et retirer l'objet protecteur. Le collier rejoignit le reste de la parure, plus loin, et Paulette eu l'air satisfait.

« Bien. Maintenant, mes petites filles, faites-la souffrir comme il se doit. » La matriarche O'Nigay se releva et s'écarta du centre de la pièce, rejoignant le canapé de cuir moelleux qu'ils avaient installés dans un coin à leur arrivée ici, s'appuyant sur sa canne vernis jusqu'à sa destination.

Marlène et Catherine approchèrent, baguettes aux poings. Deux éclairs jaunes, et les hurlements stridents de l'héritière de la lune retentirent dans la cave du domaine. Mais personne ne viendrait l'aider. Car personne n'aurait jamais pu deviner ce qu'il se passait dans ce foyer. Et la surveillance du maître des potions ne débuterait pas avant la semaine suivante.

« Vois-tu… Sacha… » Paulette se fichait pas mal qu'elle hurle sa douleur et ne soit pas en état de comprendre un seul mot, ce fait n'en était que plus amusant. « Ma vraie petite fille allait tout révéler à Dumbledore. Sur la mort d'Eglantine Ecbert, cette catin indésirable qui pensait pouvoir me ravir les richesses du clan en épousant mon frère ainé, et en copinant avec le cadet. J'ai tué les trois sans sourciller une seule seconde. Alors Ce n'était pas une gamine de 14 ans qui allait me faire condamner.»

Les hurlements cessèrent. Sacha, face contre terre, haletait. Le cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique, du sang s'écoulait le long de son menton après qu'elle se soit mordu la langue. Cette fois, la vieille femme leva sa propre baguette et la pointa sur la jeune fille à terre. Un sort violet fonça droit sur elle, et d'innombrables petites aiguilles s'enfoncèrent dans ses ongles, la faisant crier de nouveau.

« Je détestais cette enfant. Incapable d'obéir convenablement, d'être celle qu'on lui demandait d'être. J'avais ordonné à sa mère de mieux la contrôler. Je ne voulais pas qu'une fois à Poudlard, elle fasse n'importe quoi. Mais à force, elle a fini par résister à l'impéro. A Résister à la torture et aux sorts de confusions. Elle a pris un portauloin pour Londres, elle voulait tout dévoiler. Mais Henry l'a trouvé avant. » Paulette grimaça, comme en se rappelant d'un goût amer.

« Une obscuriale. Cette petite garce avait développé un obscurus. Et même si Henry l'a tué, la chose à continuer de vivre de sa volonté et s'est enfuit. La suite, tu la connais. Cette chose est rentrée en toi, une simple moldue de bas étage, et tu t'es jetée sous les roues de cette voiture. »

Emmanuel se joignit au cortège de sorts, et de nombreuses coupures apparurent sur les bras nus de la jeune fille à terre. L'homme blond ricana, un véritable sociopathe.

« Tu ressemblais tellement à ma petite fille, mais tu ne te souvenais d'absolument rien. C'était parfait. Pas besoin de monter une histoire pour expliquer le soudain décès de Sacha. Je pensais pouvoir te contrôler, t'avoir à coup de cadeaux comme de nombreuses personnes avant toi. » Tous autour, hochèrent la tête.

« Tu aurais pu être ma nouvelle fille, et tu n'aurais manqué de rien. Argents, vêtements, tout ce que tu désires, tu l'aurais eu. » Affirma Catherine, venant écraser l'une des mains de Sacha avec son talon.

« Allez… Vous faire foutre… » Grogna Sacha, avant de cracher du sang sur le sol de la cave aménagée.

« Oui… C'est ce que tu as dit dans tes derniers courriers. C'était bien ma vaine. Tomber sur un oracle de ta constitution. Tu m'as mené jusqu'au procès sans même savoir un tiers de ce que ma descendante avait vécu. Tu n'aurais pas dû. » Susurra Paulette. « Lorsque j'en aurais fini avec toi, personne ne pourra plus t'aider. Et tu te comporteras enfin comme il se doit. » Levant de nouveau sa baguette, la vieille harpie murmura l'impardonnable avec une joie malsaine. « Endoloris ! »

Mais le sort n'atteignit jamais sa cible.

Le coussin invoqué pour contrer ce dernier explosa dans une envolée de plumes d'oies. Poupette, la main tremblante autour de sa baguette en aubépine, tremblait d'audace. Elle avait réussi à retirer son bâillon et se relever. Toute en sueur, la tante qui rêvait d'aventures et de pirates était déterminée à protéger la jeune fille à terre.

« Toi… Je t'ai laissé ta liberté au lieu de t'obliger à te marier. J'aurais dû savoir qu'à trop céder à tes caprices, tu allais me tourner le dos. »

« C'est vous, mère, qui avait tourné le dos à cette famille. Vous êtes complètement folle à lier ! Vous changez vos enfants et petits-enfants en psychopathes prêts à tout pour cacher vos secrets, vous ne valez pas mieux que le seigneur des ténèbres dont vous critiquiez la montée au pouvoir !» Paulette garda un visage impassible, avant de baisser les yeux sur le pommeau en or de sa canne.

« Oh… Comme tu me déçois… Je savais que tu ne valais rien, mais là, c'est bien pire que ce que je croyais. Henry, tiens ta sœur. »

Le grand sorcier, bien qu'âgé de plus de soixante ans, vint se saisir des bras de Poupette pour les lui maintenir dans le dos, la faisant crier et se débattre.

« Henry, arrête ! Je suis ta sœur ! Tu ne peux pas continuer à obéir à cette folle ! Elle est dangereuse, elle nous enterrera tous ! C'est… »

« Avada Kedavra. » L'éclair vert quitta la baguette en bois de peuplier de Paulette pour foncer jusqu'à la poitrine de sa fille. Poupette écarquilla ses yeux gris identiques à ceux de sa mère et de sa fratrie, et pourtant empreint de douceur, avant de les fermer. Son corps s'écroula comme une pierre dans les bras de son frère ainé. Henry repoussa le cadavre sans un regard pour celle avec qui il avait pourtant grandi.

Sacha hurla.

oOoOoOo

« Avada Kedavra. » Susurra le seigneur des ténèbres en direction du moldu qu'on lui avait apporté.

L'assemblée de mangemorts était au complet. Du moins tous ceux qui étaient en libertés, étaient présents sous leurs capes noires et masques d'argents. Le maître les avait fait venir pour préparer la sortie de leurs camarades dans les prisons d'Azkaban. Severus, par son rôle d'agent double, ne devait pas participer à cette évasion massive, mais il avait pour ordre de fournir de nombreuses potions nutritives et de régénération sanguine, afin que les prisonniers délivrés puissent repartir d'eux même.

À la vue de sa propre situation, entre ses deux « maîtres » il avait été obligé de parler de Sacha O'Nigay à Voldemort, changeant bien entendu, quelque peu, sa version des faits.

Dumbledore lui avait demandé de veiller sur cette élève à cause de sa suspicion en tant qu'Obscuriale, à cause de l'accident et de la perte de magie, puisqu'il avait fait ses classes à sainte mangouste sur ce projet. Et pour satisfaire le vieux fou, il avait bien entendu accepté de protéger l'élève en question et de surveiller son état. Ce qui assurait son bon fond au camp de la lumière, et lui permettait d'accéder aux informations de l'ordre du phénix.

Oui. Severus jouait sur les mots à la perfection. C'était ainsi qu'il était revenu aux côtés du maître. Du fait de sa condition d'espion, il n'avait pas pu le chercher comme il le désirait, mais avait gardé un pied dans la lumière pour toujours avoir accès aux informations qui plairait au seigneur des ténèbres plus tard.

Et bien entendu, il n'avait pas pu revenir immédiatement après sa résurrection malgré l'appel, afin de consolider ses relations avec la lumière. Voldemort avait accepté cette réponse, et un simple doloris lui avait été envoyé. Un rappel qu'il restait aux ordres du mage noir avant toute chose.

La chose à laquelle il ne s'était pas attendu, cependant, c'était l'accord de Voldemort pour protéger Sacha O'Nigay de sa famille. Ou plus précisément, sa demande de faire du zèle à ce sujet. Oui. Voldemort voulait que Severus prouve que la famille O'Nigay était un danger pour l'adolescente, et qu'elle devait à tout prix être placée ailleurs. L'espion avait d'abord pensé que Voldemort désirait s'approprier l'obscurus et prendre le contrôle de Sacha. Mais lorsqu'il lui avait raconté mot pour mot l'audience devant le magenmagot, il avait compris.

Voldemort se fichait éperdument de l'adolescente. Tout ce qu'il voulait, c'était que Paulette O'Nigay tombe en disgrâce. La vieille sorcière et lui avaient de toute évidence, un passif haineux. Il avait même enseigné à Severus - après que celui-ci ait expliqué la situation sur la surveillance prévue avant l'audience - un sortilège traceur capable d'alerter lorsque la personne suivie est torturée, un sort qui passait outre les protections anti magie runique de la demoiselle. Offrir son savoir, le seigneur des ténèbres le faisait rarement. C'était ce qui avait le plus perturbé l'espion.

Severus gardait la pierre qui maintenait la connexion dans la poche de sa robe de sorcier. Il surveillait. Et alors que Nott senior faisait un rapport sur la sécurité de la prison et les sorciers qui faisaient les rondes sur place, quelque chose le fit se tendre. La pierre, un simple fragment de calcaire, lui piquait la cuisse. Ecarquillant les yeux de surprise sous son masque, il vint la récupérer, grimaçant au contact de cette dernière sur ses doigts. Le petit roc pulsait, pétillait, noircissait. Il ignorait ce que signifiait cette réaction, mais il savait.

Ce n'était pas bon.

« Les aurors font des rondes au dernier étage tous les jours pairs, ceux impairs, ce sont les détraqueurs, et… »

« Maître ! » Le coupa Severus en se précipitant vers Voldemort sur son trône de pierre.

Il ne pouvait pas attendre la fin de la réunion, et puisque le sorcier lui avait enseigné le sort en question - posé pendant l'audience - il fallait qu'il soit le premier prévenu. Et avant que Voldemort ne sorte sa baguette pour le punir, il s'était agenouillé pour tendre le morceau de calcaire qui palpitait et noircissait. Le mage noir avait levé sa baguette, mais arrêté son geste.

Les yeux rouges s'assombrirent, et il murmura quelques mots en fourchelangue. La magie quitta la baguette osseuse pour se ficher dans le roc, il devint lentement jaune, puis violet, puis de nouveau noir.

« Part maintenant, Severus. Lucius, prévient ta femme et dis-lui de se hâter, sa protégée est sur le point de mourir. »

« Maître ? » Demanda Lucius, inquiet de voir sa précieuse épouse être mêlée à tout ça. Severus, lui, avait déjà quitté les lieux en transplanant.

« Il est temps de faire payer à cette folle. Lucius, à la fin du mois, je veux Paulette O'Nigay sous terre. » Cette harpie… Il l'avait tellement haï… Elle l'avait humilié des décennies auparavant… Il allait enfin pouvoir lui faire payer son audace.

oOoOoOo

Le domaine O'Nigay.

Severus en avait l'adresse, puisqu'il devait s'y rendre deux jours plus tard. C'était écrit sur le verdict, la première visite aurait lieu le 18 août. L'espion n'avait pas pris la peine de repasser dans sa petite maison à l'impasse du tisseur, ni même de prévenir Dumbledore en se rendant au quartier général de l'ordre du phénix. Il avait transplané dans un coin de campagne proche de sa destination, préparé un patronus pour envoyer l'information au directeur de l'école, puis s'était mis en route. Il s'était attendu à voir une maison fleurie et riche, un endroit disposant d'une allée pour que les calèches volantes puissent atterrir, et de tourelles anciennes.

La vue de la bâtisse fumante lui donna des sueurs froides. Entre deux cerisiers, il marqua l'arrêt. Le domaine ressemblait à une vieille ferme composée de plusieurs masures différemment agencées, et l'aile Est, dont il percevait à peine le toit en ruine, fumait allègrement de noir, comme en proie à un incendie meurtrier. Une onde de choc le fit tressaillir, les barrières magiques de la demeure volèrent en éclat.

Le sorcier n'eut pas le temps de conjurer un bouclier et il s'écrasa deux mètres plus loin, le souffle coupé. Se redressant malgré la douleur - une côte fêlée au moins - il reposa ses yeux noirs sur la maisonnée et reprit sa course, baguette au poing. Il lui fallut quelques minutes avant d'atteindre la zone sinistrée et de marquer l'arrêt de nouveau, se jetant un sort de désillusion pour ne pas être repéré.

Ce qui devait être une cuisine avait explosé par en dessous, des débris de métal et de porcelaine jonchaient le carrelage jaune. De part et d'autre, il y avait d'énormes pics de glace, ces derniers transperçant les murs et se fichant dans le plafond bas. Un trou béant remplaçait la gazinière et dévoilait désormais une entrée souterraine, probablement la cave de la maison. Tout sorciers assez riche pour posséder une maison conservaient généralement une cave et un grenier pour entreposer les secrets de familles.

Les dégâts étaient monstrueux.

Une voix rocailleuse en provenance de ladite cave se fit entendre, la fumée noire provenait du même endroit. Severus se rendit compte qu'il s'agissait de la matriarche de la famille, et un nouveau frisson lui parcouru l'échine.

« La garce s'est échappée, retrouvez là avant que l'imbécile de professeur de Poudlard ne vienne ici. »

« Oui grand-mère… » La voix masculine, il l'avait déjà entendu, le père de Sacha O'Nigay.

« On fait quoi du corps de Poupette ? » Demanda une autre voix.

« Jetez la traitresse aux ordures. »

Une seconde fut suffisante pour qu'il analyse la situation dans son ensemble. Son élève avait dû être torturée et s'était échappée d'une manière inconnue. Quelqu'un dans la famille l'avait aidé à s'enfuir et s'était fait tuer pour ça. Poupette, ça ressemblait à un surnom. La matriarche n'avait cependant aucune peine dans la voix. Cette femme était plus effrayante que le seigneur des ténèbres. Car si c'était un mage noir, tous savaient qu'il était fou. Là, c'était une vieille dame que beaucoup admiraient, et ceux qu'elle traitait comme de la merde, sa propre famille.

Dire qu'ils étaient considérés comme un clan de la lumière, pour s'être opposé à Grindelwald pendant la première guerre sorcière, puis Voldemort…

N'ayant aucun indice sur la destination prise par l'adolescente, il s'éloigna avant de se faire voir par la vieille femme, ignorant les individus qui auraient possiblement eu besoin de soin. Il fallait trouver la fille, et pour ça, rien de mieux que fouiller les affaires de cette dernière. Suivant la piste laissée par les traces de magie, il fut un instant bloqué devant la porte de la chambre. Rien ne pouvait faire penser que Sacha O'Nigay avait été torturée pendant des années.

L'endroit était ridicule et parfaitement décoré. Trop décoré. Un papier peint bleu ciel, une coiffeuse avec un miroir couverte de produits de beautés, une petite porte adjacente menant vers un dressing. Le grand lit double central, avec des voilettes sur le bas, et ce plancher ciré. Tout était tellement parfait, ça semblait avoir été refait récemment. Baguette tendue, il lança toute une paire de sortilège, et l'un d'eux révéla une grande quantité de sang séché entre les lattes du plancher. Le miroir avait vraisemblablement été réparé plusieurs dizaines de fois et du sang s'était fiché dans son cadre.

Suivant cette piste plutôt fraiche, Severus fit quelques pas vers le dressing et ouvrit le plus doucement possible, la porte, afin de ne pas être entendu des sorciers qui allaient et venaient au rez-de-chaussée pour éteindre les flammes de la cave et faire disparaître les stalactites de glace. Pas le temps de faire un pas dans la petite pièce, qu'une chose courte sur pattes l'attaqua, s'agrippant à ses genoux pour le faire tomber.

« Vous ne toucherez plus à miss Sacha ! » La voix, enfantine et enraillée, provenait d'une créature au teint jaune, avec un long nez en trompette et des oreilles tombantes. Maigre sous une tunique irlandaise, un berret vert couvrait le sommet de son crâne. La créature le frappait désormais de ses petits poings.

Un elfe de maison.

Il lui fallut un petit temps pour réussir à maîtriser le serviteur en furie. Mais une fois fait, Severus se releva, époussetant sa robe de sorcier noire, et s'assurant que personne ne venait d'un sort. Se faisant, il se tourna vers son nouveau prisonnier. L'elfe était ficelé dans le couvre-lit et le fusillait du regard, les deux grands yeux globuleux mauve lui promettant moulte souffrance.

« Je ne suis pas là pour faire du mal à ta maîtresse. Je suis professeur à l'école Poudlard, je viens pour l'aider. »

« Personne ne vient jamais pour l'aider. Ils ont tout bloqué, les lettres ne passent pas. » Severus leva un sourcil inquisiteur. La demoiselle ne recevait plus de lettres non plus ? Voilà pourquoi Granger et Weasley se plaignaient autant…

« Et bien je suis là pour l'aider. Je suis le surveillant chargé par le ministère pour m'occuper de son état de sangé magique. »

« Prouvez-le. » Insista l'elfe.

Le potioniste se demanda d'où sortait cette créature capable non seulement de le voir sous ses sortilèges, mais en plus, de douter de tout. Il lui montra la lettre du ministère signée par le directeur du magenmagot en personne ainsi que des jurés. L'elfe cessa de gigoter, le fixant de ses grands yeux et le jaugeant avec attention. Sans même pouvoir y faire quoi que ce soit, il se libéra du couvre-lit ensorcelé et renifla furieusement.

« Vous en avez mis du temps. Sorcier incapable…» L'insulte le laissa quelque peu perplexe, mais il suivit l'elfe après qu'il lui eut fait signe dans le dressing.

Là, au fond de la pièce, sous un étale à chaussure se trouvait une toute petite fente dans le mur. L'elfe passa sa main dessus et dévoila une trappe cachée qu'il souleva d'un claquement de doigt, révélant clairement son nid…Et le corps tremblant de Sacha O'Nigay, couverte de sang.

L'espion laissa échapper une floppée de jurons.