Note : dans ce chapitre la situation se retourne haha! Et puis ça permet un effet miroir vis a vis de Lena et son ancienne situation. J'espere que ça vous plait toujours
Les deux semaines étaient passées à une vitesse folle. Lena se trouvait maintenant chez Maggie et Alex, dans leur salon, une tasse de thé à la main, les yeux dans le vide, repensant à la semaine incroyable qu'elle avait passée avec Sam. Elles s'étaient dit au revoir le matin après avoir passé la soirée à s'embrasser et à partager bien plus que ça. Sam s'était sentie prête, mais c'était Lena qui avait été anxieuse à l'idée de sauter si rapidement le pas. Elle lui avait même demandé si Sam était vraiment prête ou si elle se sentait obligée pressée par Lena. Finalement, Andrea n'avait pas tort, encore une fois. En une semaine, tant de choses avaient évolué entre elles, et Lena ressentait désormais un manque de plus en plus grand. Les appels et les visios s'étaient multipliés, mais elles n'avaient pas trouvé de solution pour que Lena se rapproche de Boston pour l'instant. Son travail accaparait tout son temps, et les voyages déjà planifiés l'empêchaient de la retrouver. La deuxième semaine commençait, et le dîner entre amies approchait… Entourée d'Andrea, Alex et Maggie, Lena était pourtant ailleurs. Elle se disait qu'elle aurait pu passer plus de temps au téléphone avec Sam ce soir-là. Elle aurait préféré échanger cette soirée avec Sam, juste toutes les deux.
Lena ? l'interpella Alex après un moment de silence. Ouh ouh, la Terre appelle Lena ! s'amusa-t-elle en lui faisant des signes pour attirer son attention.
Désolée, s'excusa Lena. Tu disais ?
Je te demandais ton avis sur Andrea et Russel... dit Alex avec un sourire malicieux.
Lena jeta un coup d'œil autour d'elles et remarqua qu'Andrea n'était pas là. Cela expliquait probablement la franchise d'Alex. Elle haussa les épaules. Je ne vois pas ce que tu veux que je te dise... répondit-elle, ne sachant pas quoi ajouter.
Tu n'as aucun avis sur eux ? s'étonna Maggie. Je pensais que tu trouvais ça stupide au début qu'ils se mettent ensemble. Et quand elle a commencé à sortir avec lui, tu l'as poussée à continuer. Quand c'est devenu sérieux...
Oui, bon, j'avais un avis avant... Maintenant, elle fait ce qu'elle veut, coupa Lena, agacée. Elle avait bien exprimé son opinion autrefois, mais maintenant, elle se sentait trop mal placée pour en donner une.
Sauf qu'elle panique, ajouta Alex. Elle va tout gâcher. Il faut que tu lui dises toi aussi ce que t'en penses avant qu'elle arrête cette relation bêtement parce que ça devient trop sérieux.
C'est sérieux depuis des mois... Et je doute que mon avis lui importe de toute façon, répondit Lena. Elle savait qu'elle avait beaucoup parlé avec Andrea de sa propre relation avec Sam. Elle avait été dans le déni, jusqu'à ce qu'Andrea l'aide à voir la vérité. Alors, Lena se sentait trop en retrait pour donner son avis sur la situation d'Andrea et Russel.
Alex soupira, voyant que Lena restait ferme. Tu sais, Lena, tu n'es pas obligée de lui dire ce qu'elle doit faire, non plus. Mais être présente pour elle et… L'écouter devrait suffire déjà.
Lena baissa les yeux, perdue dans ses pensées. Elle savait qu'Alex avait raison, mais sa propre situation compliquait les choses. Elle avait souvent donné des conseils à Andrea sur ses relations, mais après tout ce qu'elle avait vécu, elle n'était plus sûre de ce qu'elle pouvait lui dire.
C'est vrai, répondit-elle après un moment de silence. Mais… je ne suis pas vraiment la mieux placée pour lui donner des conseils, non ? J'ai… Elle marqua une pause, cherchant ses mots. Disons que je ne valais pas mieux qu'elle dernièrement...
Mais tu as réussi à avancer, non ? demanda Maggie, son regard posé sur Lena. Lena acquiesça d'un hochement de tête silencieux. Alors, dis-lui juste d'arrêter de paniquer, poursuivit Maggie avec un sourire. Entre ce que lui dit Alex, ce que je peux ajouter, et toi pour compléter, je pense qu'on ne sera pas de trop.
Lena esquissa un sourire en coin. Mais est-ce qu'Andrea a déjà écouté qui que ce soit ? lança-t-elle avec une pointe d'ironie.
Alex haussa un sourcil amusé. Sauf qu'on parle de Russel. Ça fait un moment qu'elle n'a pas eu une vraie relation suivie avec un mec. Le dernier, c'était juste un plan cul… ça ne compte pas.
Lena releva la tête, intriguée. Vous lui en avez souvent parlé ? demanda-t-elle, réalisant qu'elle ignorait la teneur des conversations qu'Andrea avait pu avoir avec Alex et Maggie jusque-là.
Régulièrement. Depuis ta semaine avec Sam, et même un peu avant, elle m'appelle souvent et me parle beaucoup, commença Alex, un ton léger dans la voix. Maggie hocha la tête en signe d'approbation. On sait que c'était compliqué avec Sam, et que tu as souvent fait appel à Andrea pour en discuter. Alex rajouta rapidement en remarquant un éclair de panique dans les yeux de Lena : Mais rassure-toi, elle ne m'a jamais rien révélé. Juste ça.
Lena se détendit légèrement, bien qu'un soupir lui échappa. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas en parler à Alex, mais elle savait qu'elle n'y trouverait pas ce dont elle avait besoin. Alex avait ce côté romantique et compréhensif qui se terminait toujours par un « Mais tu fais ce que tu veux, après tout. » Et Lena, elle, avait eu besoin de quelqu'un qui la pousse vraiment, quelqu'un qui la force à sortir de son hésitation. Si elle avait choisi Alex comme confidente, elle savait qu'elle n'en serait pas là avec Sam aujourd'hui. Même si, en ce moment, le manque cruel de Sam lui était parfois insupportable.
Lena inspira profondément. Ok, je lui parlerai, conclut-elle finalement, bien qu'un soupçon d'hésitation trahisse ses paroles.
Crois-moi, j'assure les arrières d'Alex, je ferai pareil pour toi, conclut Maggie avec un sourire.
Comment ça, tu assures mes arrières ?! s'indigna Alex, les bras croisés. Je sais donner des conseils, quand même !
Tes conseils sont très bons, ce n'est pas la question, répondit Maggie avec douceur. C'est juste que tu es un peu trop… gentille ?
Pourquoi j'ai l'impression que c'est une insulte ? bouda Alex en détournant les yeux.
Ce n'est pas une insulte, reprit Maggie, amusée. C'est juste qu'Andrea a besoin d'être secouée. Si tu lui dis qu'elle devrait ou pourrait faire ceci ou cela… déjà qu'elle a du mal à agir normalement... Alors si c'est présenté comme un simple conseil et non comme un ordre, crois-moi, elle n'en tiendra pas compte.
Alex fronça les sourcils, visiblement vexée, mais Maggie posa une main apaisante sur son bras. Ce n'est pas contre toi, babe. Andrea est juste... compliquée. Elle a besoin qu'on la pousse parfois.
Lena esquissa un sourire amusé en observant leur échange. Elle savait qu'Alex n'était pas du genre à brusquer les gens, et c'était précisément ce qui faisait d'elle une bonne amie. Mais Maggie avait raison. Andrea, avec son caractère bien trempé et sa tendance à tout remettre en question, nécessitait une approche plus directe.
Bon, d'accord, je suis peut-être trop douce avec elle, admit Alex à contrecœur. Mais c'est une technique qui peut marcher.
Bien sûr! Avec des personnes douces et gentilles comme toi. Mais pour Andrea il faut quelqu'un qui puisse la pousser dans ses retranchements. répondit Maggie avec un clin d'œil. Elle se tourna vers Lena. Tu te sens prête ?
Lena haussa les épaules. Je vais essayer de lui parler sans tourner autour du pot pour commencer. Mais franchement, je ne sais pas si elle va m'écouter.
Elle t'écoute plus que tu ne le crois, affirma Alex. Elle ne l'admettra jamais, mais tu as une influence sur elle. Peut-être même plus que nous deux réunies.
Lena secoua légèrement la tête, sceptique. Si tu le dis... Je verrai ce que je peux faire. On verra bien.
Alex sourit enfin, apaisée, et leva sa tasse de thé comme pour sceller l'accord. Alors mission sauver Jackas!
Lena pouffa. Jackas?! Qu'est ce que c'est que ça encore…
Alex la dévisagea. Bah leur nom de couple!
Quoi? Lena la regarda confuse. C'est n'importe quoi…
Sache que tu as le tiens avec Sam, s'amusa Maggie. Nous avons aussi le nôtre : Sanvers.
Lena les regarda ébahie… C'est une blague, souffla-t-elle.
Nope! Et le tien c'est le Luthorias Sourit Alex.
Je comprends pourquoi Andrea a besoin de moi… Vous êtes complètement folle. Termina Lena alors qu'Alex et Maggie riaient.
Malgré le ton léger de la conversation, Lena sentit une pointe de nervosité grandir en elle. Parler à Andrea était une chose, mais gérer ses propres sentiments et le manque de Sam en était une autre. Pourtant, elle savait que ses amies avaient raison. Si Andrea avait pu l'aider à avancer, alors peut-être qu'elle pourrait, elle aussi, mieux l'aider à affronter ses incertitudes.
Andrea arriva avec une grosse demi-heure de retard. Elles avaient décidé de décaler leur rendez-vous du midi pour s'adapter à l'emploi du temps d'Andrea, afin de profiter d'une soirée plus tranquille. Salut les filles ! s'écria Andrea en entrant dans l'appartement, pleine d'énergie. Lena, Maggie et Alex la saluèrent chaleureusement, et Andrea s'installa confortablement dans un fauteuil du salon.
Vous buvez du thé ?! s'étonna Andrea en apercevant le mug de Lena. Allez, place à l'alcool ! ajouta-t-elle en brandissant la bouteille qu'elle avait apportée. Et au fun ! conclut-elle en souriant. Franchement, en vous voyant, on dirait une réunion Tupperware avec des quinquas... Heureusement que je suis là, hein !
Pourquoi on l'invite ? coupa Lena en échangeant un regard avec Maggie et Alex. À chaque fois on se fait insulter...
Oh ça va ! répliqua Andrea, un sourire en coin. Qui aime bien châtie bien.
Tu dois vraiment nous adorer alors... grogna presque Lena, visiblement exaspérée mais amusée.
Andrea éclata de rire en voyant l'air agacé de Lena. Oh, arrête de faire la tête, Luthor ! dit-elle en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. Tu sais bien que je vous adore toutes, à ma manière !
Lena leva les yeux au ciel, un sourire malgré elle se formant sur ses lèvres. Tes "manières" sont pour le moins... originales.
T'es juste jalouse, répondit Andrea en souriant. Parce que je sais comment transformer chaque soirée en un moment inoubliable.
Maggie, qui observait la scène en silence, tourna la tête vers Lena avec un sourire complice. Tu peux avouer qu'on ne s'ennuie pas avec elle, murmura-t-elle.
Lena soupira, mais ne put s'empêcher de sourire à son tour. On verra bien ce que tu nous réserve cette fois, dit-elle en attrapant la bouteille d'alcool qu'Andrea avait posée sur la table. Tu sais au moins choisir, ajouta-t-elle en lisant l'étiquette. Andrea lui répondit avec un clin d'œil.
Alex, plus détendue que jamais, leva son verre. À la soirée ! Et à Andrea, la reine de la fête !
À la soirée ! répétèrent Maggie et Lena, levant leurs verres en écho.
Andrea observa les trois femmes avec un sourire satisfait, avant de prendre une grande gorgée de son propre verre. Bon, assez de bavardages, passons aux choses sérieuses !
Le ton de la conversation changea, et les éclats de rire résonnèrent dans l'appartement, chacune partageant les hauts et les bas de sa semaine. Bien sûr, la semaine que Lena avait passée avec Sam fut rapidement évoquée. Andrea, fidèle à elle-même, se montra particulièrement insistante, mais heureusement, Alex intervint pour calmer ses ardeurs. Lena, elle, se contenta de révéler que leur relation était désormais officielle.
Alors, ça y est ?! lança Andrea avec un large sourire, ses yeux pétillants de malice. Ça a dû être un sacré soulagement pour elle !
Lena lui lança un regard glacial, sachant parfaitement ce qu'Andrea sous-entendait. Cette remarque dépassait les bornes, et une bouffée d'agacement s'empara d'elle. Pourquoi Andrea ne pouvait-elle pas se retenir de parler ? Ses yeux se firent plus perçants. Andrea, arrête de t'imaginer des choses ! rétorqua-t-elle, tâchant de garder un ton ferme tout en détournant subtilement l'attention.
Ce n'était pas qu'elle avait honte. Mais pourquoi ses amies semblaient-elles si avides de détails sur sa vie privée ? Lena se sentait envahie, ses pensées s'embrouillaient. Était-ce vraiment le moment, ou même le lieu, de partager ce genre d'intimité ? Elle n'était pas prête à répondre aux questions que ses amies brûlaient de poser, et encore moins à confirmer ce qu'Andrea semblait vouloir entendre.
Un mensonge lui vint naturellement : On a simplement décidé de rendre les choses plus officielles, c'est tout. Son ton se voulait détendu, mais une certaine crispation transparaissait. Andrea fronça les sourcils, comme si elle hésitait à insister davantage. Alex, elle, changea habilement de sujet, offrant à Lena une bouffée d'air bien méritée.
D'accord, d'accord, intervint Alex en souriant, essayant de détendre l'atmosphère. Mais le plus important, poursuivit-elle, en se tournant vers Lena, c'est : est-ce que tu es heureuse ?
Lena rougit, son regard s'évadant, perdu dans les souvenirs des moments passés avec Sam. C'était une question simple, mais Lena sentait qu'elle n'avait pas de réponse simple. Elle savait qu'elle se sentait bien, plus épanouie que jamais, mais au fond, elle restait préoccupée ne sachant pas vraiment où tout ça allait la mener…
Elle baissa légèrement les yeux, consciente de la tension autour d'elle. Oui, répondit-elle, mais la réponse lui sembla un peu trop timide pour être totalement convaincante.
Lena n'aimait pas être ainsi sous les projecteurs, surtout quand il s'agissait de sa vie privée. Elle n'avait jamais été du genre à exhiber ses sentiments et encore moins à les exposer à ses amies de cette manière. Lena savait qu'elles comprenaient probablement la situation d'une manière qui n'était pas totalement fidèle à la réalité. Elles pensaient que tout allait bien, que Lena et Sam était un couple parfait, mais ce n'était pas aussi simple pour Lena.
Elle soupira discrètement. Tout comme elle avait observé la situation entre Andrea et Russel, elle savait qu'elles projetaient probablement leurs attentes et leurs rêves sur elle et Sam. Elle se forçait à sourire, mais dans le fond, les questions restaient. Ses amies étaient pleines de bonne volonté, mais Lena se rendait compte qu'elles ne pouvaient pas comprendre tout ce qui se passait dans son esprit. Et pour l'instant, elle n'était pas prête à tout leur révéler.
Lena chercha à détourner l'attention d'elle-même se tourna vers Andrea. Et toi, Andrea ? Comment ça se passe avec Russel ? demanda-t-elle, un sourire en coin.
Andrea s'épanouit immédiatement, son visage s'illuminant. Oh, il est génial, Lena, vraiment ! Elle s'affala dans le canapé, les yeux pétillants. Niveau sexe, c'est… Vraiment d'un autre niveau! Il sait exactement comment me combler !
Lena sourit, amusée. Ravie de l'entendre.
Mais alors qu'Andrea semblait se délecter du sujet, ses yeux se firent un peu plus sombres. Un changement subtil, mais palpable, dans son attitude attira l'attention de Maggie et Alex, qui échangèrent un regard rapide. Lena le perçu assez facilement, mais resta silencieuse, Andrea avait la parole facile et elle parlerait d'elle-même sans y être invitée.
Mais… Andrea hésita, son sourire se fanant légèrement. Je ne sais pas… Avec lui, tout roule, vraiment. Mais, quand je pense à tout ce que ça pourrait devenir, je… je ne sais pas si j'ai envie de m'engager plus.
Lena la regarda, l'air un peu perdu. Quoi ? Mais ça s'est toujours bien passé jusqu'ici ? C'est quoi le problème ?
Andrea baissa les yeux un instant, comme pour chercher ses mots. Ce n'est pas que je n'aime pas ce qu'on a, ce qu'on vit. C'est juste… qu'avec le temps, je commence à avoir cette sensation étrange. Elle agita les mains dans un geste incertain. Je ne sais pas… La routine, les sentiments qui se renforcent… Ça devient trop. Sans compter que Russel commence a faire des plans pour qu'on se rapproche l'un de l'autre. Il est prêt à avancer dans la prochaine étape alors que moi je suis très bien là où on en est et que je n'ai pas besoin de plus.
Maggie et Alex, quant à elles, savaient exactement ce que cela signifiait. Elles avaient bien remarqué le malaise d'Andrea. Maggie, surtout, savait qu'Andrea se fermait à l'idée d'un engagement plus profond. Elle était prête à affronter tout ce qui touchait à la dimension physique de sa relation avec Russel, mais dès que cela devenait plus émotionnel, les barrières se levaient.
Lena, quant à elle, semblait ne pas saisir la portée de ce que disait Andrea. Mais… C'est normal, non ? Ce n'est pas juste une aventure, vous avez déjà dépassé ce stade.
Andrea soupira, se pinçant l'arête du nez. C'est ça le problème, Lena. Je sais. Mais je ne suis pas sûre de vouloir tout ça. Elle se tourna vers Maggie et Alex, cherchant un peu de soutien. J'ai l'impression que ça va trop loin, trop vite. J'ai pas envie de me retrouver un matin mariée à un type à la va-vite juste parce que c'est "normal", ou que c'est comme ça qu'on doit faire évoluer une relation.
Alex, qui comprenait parfaitement ce que ressentait Andrea, intervint calmement. C'est normal d'avoir un peu d'appréhension, Andrea. C'est un gros pas, ta relation devient plus sérieuse. Mais tu ne peux pas tout arrêter parce que tu as peur. Tu risquerais de le regretter.
Andrea se mordilla la lèvre, le regard fuyant. Je ne sais pas… Et si ce qu'on a est juste suffisant ? Et si une fois qu'on passe ce cap, ça devient insupportable entre nous ?
Lena, qui ne saisissait pas entièrement le dilemme d'Andrea, haussait les épaules, un peu perdue. Mais qu'en pense Russel exactement ?
Andrea eut un sourire triste, presque résigné. Il veut déménager. Il veut qu'on vive ensemble, pas qu'on se voit deux ou trois fois par mois entre deux portes parce qu'on est loin l'un de l'autre.
Et toi, non? Tu veux garder cette relation comme elle est maintenant ? Lena savait qu'Alex et Maggie en savaient probablement plus qu'elle, mais elle avait du mal à comprendre Andrea. Après tout, elle la poussait elle-même à avancer avec Sam, alors pourquoi se retenait-elle ?
Parce qu'elle est parfaite ! s'exclama Andrea, visiblement agacée. On n'est pas à se marcher dessus, vivre dans la routine. Je n'ai pas à subir un mec avachi sur le canapé ni à laver ses fringues sales !
Tu… Tu as peur du quotidien ?! s'étonna Lena, qui, de son côté, était loin de cette appréhension. Elle, elle voulait se rapprocher de Sam, vivre tout avec elle, même les petites choses comme être juste assises sur le canapé à regarder un film, ou se brosser les dents côte à côte avant de partir au travail. C'était ce genre de moments qu'elle attendait, mais elle avait du mal à saisir pourquoi Andrea semblait si réticente à cela.
Bah quoi ? s'agaca Andrea. Tu ne vas pas me dire que tu as hâte de faire la lessive avec Sam ou de faire les courses avec sa gamine ?!
Si, répondit Lena en haussant les épaules. J'aimerais vivre toutes ces choses avec elles. Elle marqua une pause avant de continuer. C'est l'éloignement qui est pesant… Je t'avoue que je n'arrive pas à te comprendre, mais j'essaie.
N'essaie pas, répondit Andrea d'un ton déçu. Toi, tu as trouvé ton âme sœur, tu as envie d'être tout le temps avec elle… Mais moi, je ne suis pas comme ça.
Tu ne peux pas dire ça ! intervint Alex, qui avait été silencieuse jusque-là. Tu aimes aussi Russel…
Là n'est pas la question ! coupa Andrea, visiblement agacée par la remarque.
Donc quoi, tu n'as pas envie de vivre le quotidien avec un mec ? demanda Maggie. Ça ne tient qu'à toi de ne pas le subir ! Tu peux faire des plans en couple pour éviter ça…
Je ne vais pas voyager toutes les semaines pour fuir une vie de couple… souffla Andrea, consciente qu'elle était capable de le faire, mais frustrée par cette peur irrationnelle qui la bloquait.
Le silence s'installa un instant Andrea se mordillait la lèvre inférieure, visiblement en proie à un dilemme intérieur. Lena la regarda un moment, ses yeux emplis de compréhension, bien qu'elle ne partageait pas la même vision des choses. Elle n'avait jamais eu peur de s'engager, ni de la routine qui pouvait venir avec une relation à long terme.
Tu sais, Andrea, commença Lena, sa voix plus douce, Si tu as des doutes, c'est normal. Mais à un moment donné, tu dois peut-être te demander si tu veux vraiment laisser passer cette chance.
Andrea tourna les yeux vers elle, son expression indéchiffrable. Et si je me retrouve coincée dans une vie où je ne peux plus respirer ? Je sais ce que ça fait, d'avoir l'impression que la routine est une prison.
Alex, plus calme que jamais, se pencha en avant, croisant les bras. Ce n'est pas une prison, Andrea, si tu es avec quelqu'un avec qui tu veux vraiment être. La routine, ce n'est pas l'ennui, c'est la stabilité. Mais oui, ça demande aussi des compromis. Ce n'est pas facile, mais tu dois vraiment savoir ce que tu veux.
Andrea soupira profondément. Elle avait l'air d'être prise dans un tourbillon de pensées contradictoires. Et si je ne suis jamais prête pour tout ça ?
Maggie posa une main rassurante sur son épaule. Tu sais, tu peux y aller par étapes sans avoir besoin de le faire là, tout de suite. Mais tu dois être honnête avec toi-même. Si tu tiens à Russel, si tu vois quelque chose de sérieux avec lui, tu dois te donner la chance de voir où ça peut aller et pour ça il faut te lancer.
Andrea se redressa dans son fauteuil, jetant un regard un peu perdu à ses amies. Ce n'est pas ça… C'est juste… Elle prit une grande inspiration, cherchant ses mots. Je n'ai pas envie que ça change ce qu'on a maintenant. Que tout ça devienne, je ne sais pas… trop. Ou pas assez. Ou même décevant.
La peur fait partie du jeu, répondit Lena avec un sourire léger. Tu le sais aussi bien que moi. Mais tu devrais suivre tes propres conseils et en parler directement à Russel. À moins que tu ne l'aies déjà fait ?
Andrea les regarda tour à tour, puis baissa les yeux sur ses mains entrelacées. Lui dire quoi ? Que la vie de couple et le train-train quotidien me terrifient ? Il va me prendre pour une tarée, souffla-t-elle.
Vu la relation que vous avez… Il sait sûrement que tu n'es déjà pas comme tout le monde, lança Maggie avec un sourire compatissant.
Et honnêtement, après plusieurs mois à te fréquenter, je suis presque certaine qu'il te connaît assez bien pour comprendre comment tu fonctionnes, ajouta Alex, d'un ton calme.
Lena haussa un sourcil, légèrement étonnée. Donc toi, tu me pousses à parler ouvertement à Sam, mais tu n'arrives même pas à aborder des sujets avec Russel ?
Andrea haussa les épaules, exaspérée. Sauf que toi, tu es à fond sur la vie de couple, et Sam a déjà sa petite famille… Vos problèmes sont à des années-lumière des miens.
Lena croisa les bras, un éclat malicieux dans le regard. Tu veux qu'on compare ? Je peux aussi te faire une liste, histoire qu'on soit sur un pied d'égalité ?
Maggie et Alex échangèrent un sourire complice, même si elles n'étaient pas tout à fait sûres de tout comprendre. Elles savaient bien que c'était typique de Lena et Andrea de s'envoyer ce genre de piques.
Andrea poussa un soupir exaspéré, levant les yeux au ciel. Oh, ça va, ce que tu peux être agaçante avec ta fichue mémoire… On n'est pas là pour compter les points.
Lena faisait allusion à leur conversation téléphonique d'il y a quelques jours. Ce jour-là, c'était Lena qui avait pris peur, hésitant à s'ouvrir à Sam. Andrea lui avait alors conseillé de se lancer, d'affronter ses doutes. Pourtant, maintenant, c'était Andrea qui semblait paralysée à l'idée de parler à Russel. Lena, qui la connaissait bien, avait du mal à comprendre : Andrea était d'ordinaire bien plus bavarde qu'elle sur ce genre de sujets.
Maggie, voyant la tension s'installer, posa doucement une main sur l'épaule d'Andrea. Ce n'est pas une compétition, Andrea. Mais on est là pour t'aider à avancer, si tu le veux.
Andrea grogna, mais un sourire finit par poindre sur ses lèvres. Vous êtes insupportables, toutes les trois.
C'est pour ça que tu nous adores, lança Alex avec un clin d'œil, désamorçant l'atmosphère avec légèreté.
Mais Lena ne pouvait s'empêcher de réfléchir à cette peur inhabituelle chez Andrea. Elle, habituellement si directe, paraissait étrangement retenue. Cela ne lui ressemblait pas, et Lena avait l'impression qu'un détail crucial lui échappait. Pourquoi Andrea n'en discutait-elle pas franchement avec Russel ?
Bon, on peut commencer par le début. Déjà, vous êtes compatibles physiquement… ça, tu nous l'as suffisamment expliqué, lança Lena en triant mentalement les informations qu'elle avait accumulées sur Russel et Andrea. Ensuite, au début, vous aviez du mal à ne pas vous voir plus souvent, toujours pour les mêmes raisons, ajouta-t-elle d'un ton plus sérieux. Mais ce qui change, c'est que ça commence à durer. Et ça, c'est nouveau… Au départ, c'était juste un plan régulier, mais visiblement, Russel ne le voit plus comme ça.
Elle marqua une pause, scrutant Andrea qui restait silencieuse, l'air fermé. Andrea ne répondait pas, tripotant nerveusement le bord de sa veste. Cette réaction fit tilt chez Lena. De ton côté, tu as dû sentir qu'il avait changé, non ? demanda Lena doucement. Andrea détourna les yeux, évitant soigneusement de répondre.
Tu l'as vu, reprit Lena, de plus en plus sûre de son intuition. Andrea continuait de fixer un point invisible, mais ses doigts s'agitaient encore plus nerveusement.
Tu as espéré que ça ne change rien… Comme avec Thomas ou Greg, poursuivit Lena, ses mots pesés mais incisifs. Tu voulais profiter jusqu'au dernier moment, sans te poser de questions.
Andrea ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Maggie et Alex échangèrent un regard, captivées par la manière dont Lena dénouait les fils.
Mais cette fois, c'est différent, n'est-ce pas ? continua Lena, sa voix calme mais déterminée. Avec Russel, il y avait quelque chose de plus facile : la distance. Tu as espéré qu'il se lasse, que cette distance rende une séparation plus simple.
L'explication de Lena commençait à prendre tout son sens. Alex hocha imperceptiblement la tête, tandis que Maggie, les bras croisés, observait attentivement Andrea, qui semblait hésiter entre l'agacement et une confession silencieuse.
Sauf qu'il commence à vouloir bouger, à venir chez toi… D'ailleurs, il n'est pas censé venir d'ici la fin de la semaine ? fit remarquer Lena, son ton d'abord curieux avant de basculer dans une réalisation soudaine. Oh ! Mais c'est pour ça que tu paniques ! Ce n'est pas juste parce qu'il vient, mais parce que, entre toi qui va le voir et lui qui se déplace ici, ça ne règle pas le problème tout seul ! Et en plus, il t'as dit tout ça… Qu'il voulait le faire plus souvent, et il a aussi commencé à parler déménagement…
Lena s'interrompit brusquement, les yeux s'écarquillant en comprenant pleinement la situation. Oh.
Elle se tut un instant, son regard passant de l'introspection à l'empathie. Russel semblait vraiment investi, presque amoureux. Andrea, de son côté, paraissait attachée à lui, mais la situation, au lieu de se résoudre d'elle-même comme elle l'avait espéré, avait pris une tournure qu'elle ne contrôlait plus.
C'est la merde, lâcha finalement Andrea avec un soupir exaspéré. Je suis contente qu'il vienne, j'ai vraiment envie de passer ces jours avec lui… Elle marqua une pause, agacée, avant de poursuivre avec une frustration palpable : Sauf qu'il va forcément me relancer sur tout ça. Je ne peux pas lui dire que j'ai envie que ça s'arrête parce que…
Andrea se pinça l'arête du nez, les émotions brouillant sa voix. Parce que je n'ai pas envie que ça s'arrête ! Elle fixa Lena, ses yeux emplis d'un mélange de colère et de confusion. J'aime ce qu'on a. Pourquoi ça ne lui suffit pas à lui aussi ?!
Sa voix trahissait un combat intérieur, entre son désir de préserver ce qu'elle trouvait parfait et sa peur de ce que Russel attendait de plus. Lena, Alex et Maggie échangèrent un regard, comprenant que leur amie se trouvait à un croisement, tiraillée entre ses propres insécurités et les attentes d'une relation qui évoluait.
Lena brisa le silence en premier, son ton posé mais ferme : Andrea, il n'y a rien de mal à aimer ce que vous avez actuellement. Mais tu ne peux pas ignorer ce que Russel ressent, tout comme tu ne peux pas ignorer ce que tu ressens toi-même.
Andrea leva un sourcil, sceptique. Et qu'est-ce que je ressens, Lena, selon toi ?
Lena haussa légèrement les épaules. Une part de toi est heureuse avec lui. Sinon, tu n'aurais pas tenu aussi longtemps. Mais une autre part de toi a peur de perdre ce que tu as construit, ta liberté, ton indépendance. Tu es dans une lutte intérieure, et ça te rend folle parce que tu veux tout garder tel quel.
Alex intervint doucement, voyant qu'Andrea semblait prête à répliquer : Personne ne dit que tu dois tout changer du jour au lendemain. Mais tu sais aussi bien que nous que rester comme ça ne te protégera pas éternellement. Russel évolue aussi. Peut-être que tu as peur de faire le mauvais choix… Mais fuir ne te garantira pas un meilleur résultat.
Andrea croisa les bras, s'appuyant contre le dossier du fauteuil. Elle semblait en colère, mais plus contre elle-même que contre ses amies. Et si je lui dis que je ne peux pas… que je ne veux pas aller plus loin que ce qu'on a déjà, il va partir.
Maggie, qui avait jusque-là écouté en silence, reprit avec une douceur inhabituelle : Peut-être. Mais tu sais quoi, Andrea ? S'il t'aime vraiment, il ne partira pas juste pour ça. Vous pourriez trouver un compromis, quelque chose qui fonctionne pour vous deux.
Andrea semblait réfléchir à ces paroles, mais son expression restait fermée. Lena, voyant son hésitation, ajouta avec un sourire taquin : Et puis, soyons honnêtes. Si Russel est capable de supporter ton sale caractère depuis tout ce temps, il peut sans aucun doute gérer une conversation sur la tournure de votre relation, non ?
Andrea grimaça. Merci, Lena. C'est toujours un plaisir de parler avec toi.
Andrea soupira profondément, laissant retomber sa tête contre le dossier de la chaise. Vous avez peut-être raison. Je dois lui parler. Mais ça ne veut pas dire que j'arrête de flipper.
Bien sûr, c'est normal, dit Alex. Mais cacher ce que tu ressens, c'est pas toi. Alors sois toi, Andrea. Et parle-lui.
Lena hocha doucement la tête. Et souviens-toi, ce n'est pas une faiblesse de demander du temps ou de poser des limites. Si vous tenez l'un à l'autre, vous trouverez une solution.
Andrea resta silencieuse un moment, ses doigts tapotant nerveusement l'accoudoir du fauteuil. Puis, prenant une profonde inspiration, elle releva la tête et planta son regard dans celui de ses trois amies. Très bien. Je lui parlerais. Mais si ça tourne mal, je débarquerais ici… ou chez toi, Lena, et vous devrez me supporter pendant des semaines.
Maggie éclata de rire. Marché conclu. Mais honnêtement, je suis sûre que ça se passera mieux que tu ne le penses.
Un léger sourire étira les lèvres d'Andrea. Pour la première fois depuis le début de la discussion, elle semblait plus détendue.
Elles passèrent ensuite à table. Lena n'aurait pas cru que cette conversation prendrait une telle place dans la soirée, mais au moins, cela lui avait évité de parler de sa propre situation. Une trêve temporaire, sachant qu'avec Andrea, ce sujet finirait inévitablement par revenir.
Le repas touchait à sa fin lorsqu'elles regardèrent ensemble la vidéo de Kara, un moment qui fit planer une douce nostalgie sur la pièce. Mais Andrea, fidèle à elle-même, rompit l'ambiance en relançant brusquement la discussion. Alors, ta semaine avec Sam ? Tu ne nous as toujours rien raconté ! lança-t-elle sans détour.
Je vous ai déjà dit tout ce qu'il y avait à savoir sur notre conversation WhatsApp, déclara Lena d'un ton plat, visiblement peu disposée à s'attarder sur le sujet.
Maggie éclata de rire, se rappelant la capture d'écran que Lena avait partagée dans le groupe. Je n'en reviens toujours pas que tu l'aies harcelée comme ça par message ! dit-elle en riant. C'était quoi, déjà ? "C'est un moment historique", ou quelque chose dans le genre ? Mon dieu, ce que tu peux tomber dans le drama, mais au moins, ça m'a bien fait rire.
Lena grogna. Moi, beaucoup moins. Je te rappelle que mon téléphone a failli planter. Un iPhone dernier cri, même pas six mois d'utilisation ! Andrea, tu es vraiment dans l'abus à me spammer comme ça au point de faire ramer un portable tout neuf.
Andrea roula des yeux avec exaspération. Oh, ça va ! Et c'est moi qui exagère maintenant ?
Un silence suivit, mais Andrea ne tarda pas à relancer la discussion. Donc ?
Lena leva les bras au ciel, faussement agacée. Oh mon dieu, mais lâche-moi un peu ! Je vous ai déjà tout raconté !
Et on est ravies pour toi, intervint Alex, coupant court avant qu'Andrea ne puisse répondre. Lena devina qu'elle tentait surtout d'apaiser la situation avec une pointe de diplomatie.
Andrea ne lâcha pas Lena du regard, un sourire malicieux sur les lèvres. Mais en sept jours, tu veux vraiment me dire que tu n'as pas dépassé le stade des câlins et des baisers… Vraiment ? insista-t-elle, ne cachant pas sa curiosité. Il n'y a vraiment rien eu de plus ?
Lena se mordilla la lèvre, consciente qu'elle ne pouvait plus esquiver la question. Elle garda sa posture défensive, croisant les bras sur sa poitrine. Andrea… murmura-t-elle, d'un ton plus ferme. Non, rien de plus. Elle ajouta, tentant de paraître plus sûre d'elle. Elle ne voulait pas mentir à ses amies, mais Lena préférait garder certains moments pour elle. Elle n'était pas comme Andrea à étaler sa vie intime à tout va.
Alex se tourna vers Andrea avec un léger sourire, essayant de calmer la situation. Andrea, laisse-la tranquille un peu. Tu sais, on n'est pas toutes pareilles. Il y a des choses qu'on n'a pas envie de partager, même avec nos amies proches. Tout le monde n'est pas aussi à l'aise que toi avec ça.
Andrea fronça les sourcils, un brin exaspérée, mais ne relâcha pas la pression. Oh, allez, c'est juste une question. Franchement, il n'y a rien de mal à profiter de la compagnie de la personne qu'on aime, non ? Elle se tourna de nouveau vers Lena. Et toi, t'as vraiment rien partagé de plus avec Sam ?
Lena se força à garder son calme, mais la chaleur dans ses joues était évidente. Elle évita le regard d'Andrea, un peu plus nerveuse qu'elle ne l'aurait voulu. Ce que j'ai fait ou pas fait, c'est… ma vie, Andrea. Elle haussait légèrement les épaules, sa voix devenant plus tranchante. Alors, tu peux arrêter avec ça maintenant.
Maggie observa Lena, puis se tourna vers Andrea, l'air un peu plus sérieuse. Elle posa une main sur le bras d'Andrea, l'empêchant presque de répliquer. Laisse-la respirer un peu, d'accord ?
Andrea, bien qu'un peu contrariée de ne pas obtenir les réponses qu'elle attendait, s'arrêta, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres. D'accord, d'accord… mais je vais te dire, Lena, tu frôles la non-assistance à personne en danger. Souviens-toi.
Lena rougit de plus belle, se souvenant de la conversation téléphonique qu'elle avait eue avec Andrea. Sam avait été abstinente pendant quatorze ans, et leur soirée… Non, ce n'était vraiment ni le lieu ni le moment pour revivre ça.
Andrea se tourna vers Alex et Maggie d'un air taquin. Et vous, alors ? Je suis sûre que vous mourrez d'envie de savoir autant que moi… Mais comme d'habitude, je suis la seule à le dire haut et fort.
Lena roula des yeux, mais un léger sourire passa malgré elle. T'es insupportable, Andrea.
Alex, constatant qu'il valait mieux ne pas insister davantage, fit mine de changer de sujet. Bon, et si on parlait de quelque chose d'autre ? Elle se tourna vers Lena. Ce que tu as fait cette semaine, je suppose que ça ne te dérange pas que ce soit un sujet clos, hein ?
Lena, soulagée par ce changement de conversation, acquiesça. C'est bien ça. Un sujet clos. Elle lança un regard malicieux à Andrea. Et ne le remets pas sur le tapis, toi.
Andrea la fixa un instant, puis éclata de rire, consciente que la bataille n'était pas finie. Oh, on verra bien, Lena. On verra bien…
(...)
Alors que Lena était plongée dans son travail, absorbée par les progrès de son équipe, son portable se mit soudain à sonner. Elle leva les yeux et fronça les sourcils en voyant le nom d'Andrea s'afficher.
Bonsoir, dit-elle en retirant ses lunettes et en s'enfonçant plus profondément dans son fauteuil. Une pause lui ferait le plus grand bien.
Dis-moi que t'es chez toi, répondit Andrea d'un ton qui fit immédiatement tiquer Lena. Il y avait quelque chose qui n'allait pas.
Je suis au bureau, répondit Lena, hésitante. Mais… Elle s'apprêtait à poser une question quand Andrea donna brusquement l'adresse de son bureau a quelqu'un qui devait probablement etre avec elle. Toi, où es-tu ? demanda-t-elle quelques secondes après qu'Andrea ait terminé de parler.
Dans un taxi, j'arrive.
Tu.. N'étais pas censée être avec Russel ce soir ?
Si. J'ai paniqué, souffla Andrea. Il est tout seul chez moi, là.
Quoi ?! s'exclama Lena, déconcertée par la réaction d'Andrea. Mais enfin, ça fait plusieurs jours que tu nous bassines avec tes futures soirées avec lui et là… mais qu'est-ce que tu fais dans un taxi, Andrea ?!
Andrea soupira lourdement, comme si elle cherchait ses mots. C'est compliqué, Lena... je crois que j'ai fait une connerie. Sa voix tremblait légèrement, mais Lena ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain agacement mêlé de préoccupation.
Comment ça ? répéta Lena, cherchant à comprendre. Tu paniquais l'autre jour à propos de votre relation avec Russel et maintenant tu fuis ?
Je sais, c'est… stupide, avoua Andrea, sa voix un peu plus basse. Mais je n'arrivais pas à m'empêcher de penser à tout ça, et… je ne sais pas, j'ai eu besoin de m'échapper.
Lena se redressa dans son fauteuil. Et tu viens me voir, pour… Quoi, exactement ? demanda-t-elle, bien que l'inquiétude pour son amie commençait à remplacer sa frustration.
Andrea hésita un instant avant de répondre, sa voix presque tremblante. J'ai besoin de parler à quelqu'un. Maintenant qu'il est là, c'est… trop réel. Je suis… enfin, ça me perturbe.
Lena ferma les yeux, laissant échapper un soupir. Elle commençait à comprendre. Andrea était perdue, déstabilisée, et, incapable de gérer ses émotions, elle avait fui. D'accord, répondit Lena, plus calmement cette fois. Tu m'expliqueras tout ça en détail quand tu seras là.
Elle raccrocha et se leva de son bureau pour se préparer à recevoir son amie. La situation lui semblait complexe, presque inexplicable. Pourquoi Andrea, qui avait tant désiré la présence de Russel, paniquait-elle à ce point à l'idée de vivre avec lui sous le même toit ?
Tout en préparant des boissons pour leur conversation à venir, Lena ne pouvait s'empêcher de faire le parallèle avec sa propre situation. Elle ressentait un vide, un manque qui devenait de plus en plus difficile à ignorer. Sam lui manquait terriblement. Leur semaine passée ensemble hantait encore chaque recoin de ses pensées, rendant le quotidien pesant. Elles continuaient de se téléphoner, bien sûr, mais l'absence physique de Sam devenait oppressante, presque insupportable.
Lena s'arrêta un instant, les mains posées sur le canapé de son bureau, et inspira profondément. Comment Andrea, qui semblait adorer être proche de Russel, pouvait-elle soudain fuir une telle intimité ? Mais elle savait que ce n'était pas une question de proximité physique. Ce qui terrifiait Andrea, c'était tout ce que cette proximité impliquait : la vulnérabilité, l'engagement, et peut-être la peur de ne pas être à la hauteur.
Lena se redressa et jeta un coup d'œil à l'horloge. Andrea ne tarderait pas à arriver. Elle espérait que cette conversation pourrait aider son amie à mettre des mots sur ses craintes… et, peut-être, à y trouver un semblant de réponse.
Quelques minutes plus tard, Lena alla ouvrir la porte avant même qu'Andrea ne frappe, la trouvant sur le seuil, l'air défait. Ses cheveux étaient ébouriffés, et elle tenait son sac à main d'une manière presque désinvolte.
Entre, dit Lena d'une voix douce, s'effaçant pour la laisser passer. Andrea entra sans un mot et se dirigea directement vers le canapé, où elle s'effondra. Lena referma la porte et s'installa à coté d'elle, un verre d'eau à la main. Tiens, commence par boire ça.
Andrea leva un regard fatigué vers Lena avant de prendre le verre. Elle but une gorgée, puis posa le verre sur la table basse.
Je suis désolée de débarquer comme ça… commença Andrea, mais Lena l'interrompit d'un geste.
Ne t'excuse pas. Tu sais autant que moi que j'ai fait déjà pire. Maintenant, raconte-moi ce qui s'est passé. Pourquoi tu as paniqué ?
Andrea soupira, se frottant les tempes comme pour dissiper un mal de tête. C'était censé être parfait, tu sais ? Il est venu exprès pour moi. J'ai pris ma journée, on l'a passée ensemble, c'était génial. Et ce soir, tout était prêt pour une soirée parfaite… mais là, je ne sais pas, ça m'a frappée.
Qu'est-ce qui t'a frappée ? demanda Lena, le regard attentif.
Andrea hésita, cherchant ses mots. L'idée de… tout ça. Vivre ensemble, partager plus que des moments de passion torride. C'est tellement… concret, Lena. Ce n'est plus juste des dîners ou des escapades. C'est le quotidien, avec tout ce que ça implique. Et si je gâche tout ? Tu sais très bien à quel point je peux tout foutre en l'air dans mes relations…
Lena hocha lentement la tête, le puzzle commençant à s'assembler dans son esprit. Tu te mets trop de pression, Andrea. Russel ne t'a jamais demandé d'être parfaite. Il est là parce qu'il t'aime.
Andrea baissa les yeux, triturant nerveusement un coussin du canapé. Et si ça ne suffit pas ? Si je ne suis pas assez bien pour lui ? Ou pire, si je me lasse, comme à chaque fois… Je ne veux pas qu'il souffre parce que le quotidien devient insupportable pour moi. Il ne comprendrait pas.
Lena se pencha légèrement, posant une main réconfortante sur celle d'Andrea. Andrea, Russel n'est pas Jeremy. Vous êtes adultes cette fois. Et même si je ne le connais pas si bien, il a l'air solide et réfléchi. Tu sais, peut-être que si tu appliquais ton propre conseil – parler ouvertement avec celui que tu aimes – tu serais agréablement surprise de sa réaction.
Le nom de Jeremy fit grimacer Andrea. C'était une blessure qu'elle n'évoquait que rarement, mais Lena savait qu'il était au cœur de bien des peurs d'Andrea. Jeremy avait été son premier grand amour au lycée, un garçon totalement dévoué à elle, au point d'en devenir dépendant. Andrea, habituée à vivre des relations légères, avait apprécié les débuts passionnés avant de s'en désintéresser, comme elle l'avait fait avec tant d'autres. Mais Jeremy n'était pas comme les autres.
Après leur rupture, il n'avait cessé de la harceler pendant des mois, incapable d'accepter la fin. L'année scolaire s'était achevée, mettant enfin le point final tant attendu pour Andrea. Mais pour Jeremy, cela avait été le début d'une descente aux enfers, culminant avec une tentative de suicide ratée qui l'avait conduit à l'hôpital.
Andrea avait été profondément marquée par cette expérience, au point de ne pouvoir garder cela pour elle. Lena avait été la seule à qui elle s'était confiée, scellant leur amitié d'une manière indélébile.
Revenant au présent, Lena serra doucement la main d'Andrea. Ce n'est pas parce que Jeremy a réagi comme il l'a fait que Russel en fera autant. Mais si tu fuis, tu n'auras jamais la chance de découvrir ce que vous pourriez construire ensemble.
Andrea inspira profondément avant de relever les yeux vers Lena. Peut-être… mais tu sais, Andrew, Greg et les autres, ce n'était pas comme lui. Russel est… différent.
Lena fronça les sourcils, intriguée. Comment ça, différent ? Les anciens amants d'Andrea ne l'avaient jamais mise dans cet état, et cette peur qu'elle ressentait maintenant était nouvelle. Lena commençait à comprendre que Russel devait vraiment compter pour Andrea. Pourquoi sinon aurait-elle réagi si intensément à leur relation ?
Andrea hésita, cherchant ses mots. Parce que, avec les autres, j'ai toujours posé mes limites. Mais avec Russel, tout est allé si vite… Tu connais la situation, notre rencontre et tout ça. Bref, je ne lui ai jamais dit, comme je l'avais fait pour tous les autres, que c'était purement pour le plaisir. Quand je l'ai revu à Boston, j'ai voulu lui parler, mais… tu sais, ce n'était pas le moment. Dit-elle avec un sourire en coin qui en disait long. Son regard se fit plus nostalgique avant qu'elle n'enchaine : Et puis, franchement, je ne me voyais pas lui dire ça par message. C'est tellement impersonnel.
Lena haussa un sourcil, sceptique. Ça ne t'a jamais dérangée jusque-là.
Elle scrutait Andrea avec attention. Est-ce qu'Andrea réalisait que Russel comptait bien plus pour elle qu'elle ne voulait l'admettre ? Mais ce qui frappait Lena, c'était à quel point Andrea semblait aveugle à ses propres sentiments alors qu'elle avait toujours su lire en Lena avec une précision déconcertante.
L'ironie de la situation ne lui échappait pas. Andrea, si perspicace quand il s'agissait de deviner les émotions de Lena, était maintenant totalement perdue face à ses propres sentiments. Lena se demanda si elle-même avait été aussi aveugle à propos de Sam. Peut-être que la frustration qu'Andrea avait exprimée à son sujet par le passé était plus légitime qu'elle ne l'avait pensé.
Un sourire léger mais mélancolique effleura les lèvres de Lena. Les rôles s'étaient inversés, et cette fois, c'était elle qui devait soutenir son amie dans cette bataille intérieure. Andrea, tu ne peux pas laisser ta peur saboter cette relation. Russel a le droit de savoir ce que tu ressens vraiment, et toi, tu mérites de vivre cette histoire pleinement, sans te laisser paralyser par tes doutes.
Andrea resta silencieuse un moment, les yeux fixés sur le sol, absorbée par les paroles de Lena. Peut-être que, pour la première fois, elle commençait à envisager que Russel n'était pas juste un nom de plus dans la liste de ses conquêtes.
Tu devrais au moins l'appeler et y retourner, poursuivit Lena, le ton plus ferme. C'est idiot, toi qui te réjouissais de passer ces soirées avec lui pour… enfin, tu vois. Elle laissa sa phrase en suspens, sans vouloir insister.
Andrea esquissa un petit sourire. Pour prendre mon pied, répondit-elle avec une pointe d'humour.
Lena détourna le regard un instant, réprimant une remarque. Elle ne voulait pas établir de parallèle entre leurs situations respectives, mais l'idée qu'elles s'aidaient mutuellement la perturbait. Andrea avait déjà insisté pour qu'elle parle à Sam, la poussant même à confronter des sentiments qu'elle n'était pas prête à admettre. Bien que cela ait été un malentendu à l'époque, Lena se souvenait encore de l'agacement qu'elle avait ressenti en apprenant qu'Andrea s'était mêlée de leurs affaires.
Cependant, en observant son amie, le regard perdu dans son verre, Lena se demanda si, cette fois, un peu de fermeté ne serait pas ce qu'il fallait. Andrea semblait trop enlisée dans ses propres réflexions pour agir seule.
Donne-moi ton téléphone, déclara Lena en tendant la main, sa voix à la fois autoritaire et rassurante.
Andrea releva les yeux vers elle, intriguée, avant de plisser les yeux, méfiante. Pourquoi ?
Lena soupira théâtralement, exaspérée. Tu ne peux pas simplement me le donner sans poser mille questions ? Je ne vais pas envoyer un SMS à ton père, Andrea. Fais-moi confiance, je ne vais rien faire de stupide.
Andrea croisa les bras, son expression méfiante, mais Lena ne se laissa pas décourager. Elle tendit la main avec plus d'insistance. Tu veux vraiment qu'on passe à la manière forte ?
Andrea poussa un soupir exaspéré, levant les yeux au ciel avant de fouiller dans le sac posé derrière elle. Tu es insupportable, tu le sais, ça ? marmonna-t-elle en extirpant son téléphone et en le tendant à Lena d'un geste agacé.
Lena attrapa l'appareil et appuya sur une touche. Trois appels en absence et une série de messages apparurent à l'écran. Elle déverrouilla le téléphone d'un geste fluide, sous le regard stupéfait d'Andrea.
Attends… tu connais mon code ?! s'exclama Andrea, choquée.
Lena haussa un sourcil et fit semblant de soupirer d'un air blasé. Si je ne connaissais que ça… murmura-t-elle, faussement mystérieuse, en parcourant les messages avec une nonchalance calculée.
Sans surprise, elle tomba sur des échanges très explicites. Après tout, c'était Andrea, pas Alex, pensa-t-elle en souriant intérieurement. Mais au milieu de ces messages suggestifs, certains attirèrent son attention.
Tu sais qu'il t'a tendu plusieurs fois la perche ? fit-elle remarquer sans lever les yeux de l'écran.
Andrea, intriguée et un brin vexée, se pencha vers elle pour lire par-dessus son épaule. De quoi tu parles ? demanda-t-elle, son ton mi-curieux, mi-agacé.
Ces messages, répondit Lena en désignant l'écran. Il essaie clairement d'ouvrir le dialogue, de te parler sérieusement. Mais toi, tu réponds toujours à côté. Regarde ça.
Andrea fronça les sourcils en parcourant les textos qu'elle connaissait déjà par cœur mais n'avait jamais pris la peine d'interpréter autrement.
Andrea resta silencieuse un instant, fixant l'écran du téléphone comme si les mots allaient soudainement lui révéler un secret. Lena, toujours assise avec le téléphone en main, leva les yeux pour observer son amie.
Regarde, là, il te demande ce que tu penses d'une opportunité de poste à côté de LA, et toi, tu réponds… Lena s'interrompit, levant les yeux vers Andrea avec une expression blasée. Sérieusement, tu réponds : "Génial, ça fera deux fois plus de soirées sexe."
Andrea esquissa un petit sourire contrit, haussant les épaules sans dire un mot.
Lena roula des yeux et continua à faire défiler les messages. Oh, mais attends… Il enchaîne ! Il valide ton idée et ajoute qu'il passerait encore plus de soirées avec toi.
Elle fixa l'écran, secouant la tête. Et toi, tu réponds… Lena s'arrêta en voyant l'heure du message. Elle releva la tête, l'air incrédule. Deux heures après, Andrea. Deux heures ! Et tu lui écris quoi ? "Tu fais quoi ?" Avec un smiley ?!
Andrea détourna le regard, mais un sourire amusé se forma sur ses lèvres. J'ai répondu au moins?
Lena posa le téléphone sur ses genoux, visiblement exaspérée. Non, mais c'est frustrant! Il t'ouvre une porte énorme, et toi, tu réponds comme si tu n'avais rien lu.
Andrea croisa les bras, adoptant une posture faussement défensive. Eh ! Je vous ai dit que je flippais, j'ai rien inventé…
Lena, le regard toujours rivé sur l'écran, ne put s'empêcher de commenter en voyant l'un des messages de Russel. Il est super compréhensif, il n'insiste même pas… Franchement, si tu m'avais fait ça, je l'aurais beaucoup moins bien pris.
Andrea leva les yeux au ciel. Toi, tu m'aurais harcelée.
Lena posa le téléphone sur la table avec un sourire narquois. Est-ce que tu veux que je te ressorte les 53 messages que tu m'as envoyés un soir, ceux qui ont failli faire planter mon téléphone ?
Andrea grogna, visiblement agacée. Oh, ça va !
Lena haussa un sourcil, son ton tranchant mais teinté d'amusement. Sincèrement, Andrea, tu te rends compte qu'il est incroyablement patient et super sympa avec toi ? Et toi, tu le malmènes complètement.
Andrea éclata de rire. Je ne le tape pas non plus, faut pas exagérer.
Lena secoua la tête, exaspérée. Non, mais c'est de la torture mentale ! Je plains tous tes ex… Et ce pauvre Russel.
Andrea haussa les épaules, un sourire en coin. Il sait à quoi il s'engage, au moins. Elle se leva et commença à faire les cent pas, son regard fuyant légèrement. Mais… Est-ce que ça tiendra vraiment ? Est-ce que je pourrais le supporter comme lui le fait ?
Lena la suivit du regard, un brin plus sérieuse maintenant. Ça, tu ne pourras le savoir qu'en essayant. Mais déjà, regarde, il ne t'a jamais poussée à quoi que ce soit. Il est juste là, il attend que tu sois prête. Franchement, je ne trouve pas ça trop mal parti… Par contre, si tu continues à le repousser sans raison, tu risques de tout foutre en l'air.
Andrea se tourna brusquement, visiblement agacée. Tu crois que c'est si facile ? Que je peux juste tout effacer comme ça ?
Lena s'approcha doucement, posant une main sur l'épaule d'Andrea. Ce n'est pas ce que je te dis… Déjà, tu devrais lui parler ouvertement. C'est bien toi qui m'avais donné ce conseil avec Sam, non ? Applique tes propres conseils, Andy. Tu ne sais pas d'avance comment il va réagir. Si tu ne fais qu'imaginer tous les scénarios, tu passes à côté de la vraie réaction de Russel. Je ne le connais pas assez, mais du peu que Sam m'en a dit, il n'a pas l'air d'être un mec qui se prend la tête. Fonce, dis-lui la vérité sur tes peurs, et n'attends pas qu'il les découvre de lui-même.
Andrea baissa les yeux, une expression de doute traversant son visage. Mais si…
Lena secoua la tête et la coupa. Arrête tes hypothèses. Plus de "si". Il n'a pas l'air du genre à fuir à la première difficulté. Donc, va lui parler, je suis sûre que tu seras surprise de ce qu'il pourrait te répondre. Mais il faut que tu sois honnête avec lui… et avec toi-même.
Andrea prit une profonde inspiration, luttant visiblement contre ses propres craintes.
Lena lui sourit doucement. C'est bien toi qui m'as dit de foncer. Maintenant, c'est à toi de le faire. Tu te souviens quand j'étais à l'hôtel ? Tu m'as dit : 'Tu penses que c'est en restant enfermée ici que tu vas résoudre quoi que ce soit ?' Eh bien, maintenant, c'est à toi de bouger. En restant là à imaginer ce que pourrait être cette conversation, ça ne fera rien avancer.
Andrea ferma les yeux un instant, pesant les mots de Lena. Puis, après un long silence, elle murmura : C'est vrai.
Lena lui serra doucement l'épaule. Tu sais quoi ? Je range mes affaires, et je te dépose chez toi.
T'as peur que je me défile aussi, hein ? sourit Andrea, sachant qu'elle lui avait fait la même chose quelques mois plus tôt. Lena se contenta de sourire en guise de réponse.
(...)
Lena tapotait nerveusement l'accoudoir de son confortable siège de jet privé. Direction : Seattle. Elle savait que, vu l'heure, le lancement de la saga était en plein déroulement. Mais en vol, le réseau était capricieux, oscillant entre connexion et silence. Elle avait tout de même réussi à apercevoir quelques photos sur WhatsApp et avait noté la création d'un nouveau groupe intitulé Supergirl.
Ce groupe réunissait tous les participants au projet ainsi qu'Andrea, Alex, Maggie, et elle-même. En faisant défiler les messages, elle était tombée sur ceux de Russel, ce qui l'avait fait sourire en repensant à la soirée passée avec Andrea. Son amie avait enfin osé parler à Russel, qui, de son côté, croyait qu'elle voulait rompre avec lui. Un quiproquo typique qui avait amusé Lena. Décidément, ni elle ni Andrea n'étaient des modèles de compétences en amour. De véritables cas d'école, pensa-t-elle en riant intérieurement.
Lena vérifia son téléphone pour la énième fois, incapable de se détacher de l'écran. Elle rouvrit les photos. D'abord, une image prise par Andrea montrant tout le groupe, puis une autre : Sam, Alex et Maggie, rayonnantes, probablement dans l'arrière-boutique de la librairie.
Un soupir échappa à Lena. Dire que Sam était à Los Angeles en ce moment même, et qu'elle, au lieu de rester à ses côtés, s'éloignait toujours plus à cause de ce fichu rendez-vous !
Lena posa son téléphone sur la tablette devant elle, fixant un instant le vide à travers le hublot. Seattle semblait soudain bien loin, non pas en kilomètres, mais en émotions.
Elle se redressa, cherchant une distraction dans ses notes ou son ordinateur portable, mais rien ne parvenait à retenir son attention. Tout revenait toujours à Sam. Depuis cette fameuse semaine, une sensation étrange ne cessait de l'habiter : mélange d'espoir et d'appréhension. Sam avait ce talent particulier de faire tomber les défenses qu'elle s'imposait, sans même le vouloir. Lena avait passé des années à construire des murs autour de son cœur, mais Sam… Sam avait cette manière d'être elle-même, naturelle et solaire, qui rendait ces murs obsolètes.
L'avion atterrit enfin, et Lena n'eut guère le loisir de s'attarder sur son téléphone. Escortée par un chauffeur, elle se rendit directement sur le lieu du rendez-vous. Deux heures de négociations intenses plus tard, elle put enfin souffler, le temps d'une courte pause avant de commencer la visite des locaux.
Son esprit, jusque-là accaparé par les discussions stratégiques, dériva rapidement vers son téléphone. Elle ouvrit l'application WhatsApp, découvrant une avalanche de nouveaux messages dans le groupe Supergirl. Même Sara s'était jointe à l'effervescence, posant tout sourire avec Alex, chacune tenant fièrement le premier tome de la saga en main.
Lena esquissa un sourire, heureuse de voir ses amies si rayonnantes. Mais en faisant défiler les photos, elle tomba sur une image de Sam. Sam, seule, tenant à son tour le premier tome, un sourire sincère illuminant son visage. Le cœur de Lena se serra. Cette photo suivait immédiatement celle d'Andrea et Russel, adoptant la même pose complice.
Elle aurait dû être là. Aux côtés de Sam.
Personne dans le groupe ne fit de remarque sur son absence, tous absorbés par leurs partages joyeux : petites vidéos, photos, commentaires enthousiastes. Lena les parcourut rapidement, un mélange de chaleur et de regret l'envahissant. Elle rangea son téléphone avec un soupir, se forçant à se concentrer sur la visite qui l'attendait.
Après une longue journée passée à explorer les locaux et à discuter avec son futur nouveau partenaire, Lena monta dans la voiture qui devait la ramener à l'hôtel. Elle consulta son téléphone pour rattraper les messages qu'elle n'avait pu lire. Mais alors qu'elle regardait l'écran, une impulsion inattendue s'empara d'elle.
Changez de direction, demanda-t-elle soudain au chauffeur. Je vais vous donner une autre adresse.
Elle dicta l'endroit sans hésitation, son cœur battant un peu plus vite. Parfois, il ne s'agissait pas de calculs, mais de suivre son instinct.
(...)
Il était tard, et Lena commençait à douter de la décision impulsive qu'elle avait prise. Elle avait encore des détails à régler à Seattle pour le lendemain. Enfin, pas vraiment demain… dans quelques heures. Elle vérifia sa montre, calculant mentalement. Avec un vol de plusieurs heures, c'était jouable. Juste, mais encore faisable.
Arrivée devant la porte, elle se mordilla la lèvre, son cœur battant plus vite qu'elle ne l'aurait voulu. Elle n'avait eu besoin de demander aucune information : tout était dans les messages du groupe. Inspirant profondément pour calmer ses nerfs, elle leva la main, prête à frapper doucement.
Avant qu'elle ne le fasse, la porte s'ouvrit brusquement, révélant Sam. Vêtue d'un grand t-shirt Star Wars trop ample pour elle — sûrement un pyjama — Sam sembla figée de surprise.
Lena ?! s'exclama-t-elle, totalement abasourdie.
Salut, répondit Lena avec un petit sourire hésitant.
Mais… Seattle ? demanda Sam, encore sous le choc.
Lena baissa légèrement les yeux, cherchant ses mots. Je… J'ai lu vos messages, et… Je ne pouvais pas… Ne pas venir, même pour quelques heures. murmura-t-elle, presque timidement.
Le silence de Sam, immobile devant elle, commença à peser sur Lena. Était-ce une erreur ? Peut-être aurait-elle dû attendre, appeler avant de débarquer. Juste au moment où elle allait balbutier une excuse pour s'en aller, Sam bougea.
En une fraction de seconde, Sam se précipita vers elle, l'entourant de ses bras avec une intensité qui fit reculer Lena d'un pas. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Sam l'embrassa avec une passion qui lui coupa le souffle.
Lena, d'abord surprise, se figea, avant de se laisser complètement emporter. Ses doutes s'évanouirent alors qu'elle répondait avidement au baiser, ses mains trouvant instinctivement leur place autour de Sam.
Le monde autour d'elles disparut, remplacé par cet instant qui semblait suspendu hors du temps.
Lena recula légèrement, son souffle court, son front appuyé contre celui de Sam. Elle ouvrit la bouche, prête à parler, mais aucun mot ne sortit. Sam, elle, semblait tout aussi essoufflée, son regard cherchant celui de Lena comme pour s'assurer que tout cela était réel.
Tu… es vraiment là, murmura Sam, sa voix à peine un souffle.
Lena esquissa un sourire, timide mais sincère. Je suis là, confirma-t-elle. Et je suis désolée… pour le timing, pour débarquer comme ça. Mais je ne pouvais pas ne pas être présente pour ça et passer à côté d'un moment pour te voir.
Sam passa une main tremblante dans ses cheveux, son regard oscillant entre l'incrédulité et une tendresse lumineuse.
Tu aurais pu me prévenir, dit-elle doucement, un sourire taquin effleurant ses lèvres.
Lena haussa légèrement les épaules, un soupçon de nervosité dans sa voix. Tu m'aurais dit encore de ne pas venir, répliqua-t-elle, un sourire timide se dessinant sur son visage. Et… je ne voulais pas risquer de regretter ce moment.
Le rire doux de Sam résonna dans l'air, une chaleur apaisante pour Lena. Sans hésiter, Sam lui attrapa la main, l'attirant doucement à l'intérieur de la chambre d'hôtel. Elle referma la porte derrière elles avant de se tourner de nouveau vers Lena, ses yeux pétillants d'émotion.
Viens là, murmura-t-elle avant de capturer une fois de plus les lèvres de Lena dans un baiser empli d'une intensité nouvelle.
Le souffle court, Sam recula légèrement, un sourire éclatant illuminant son visage. Finalement, je suis vraiment contente que tu ne m'aies pas écoutée, dit-elle, un éclat malicieux dans les yeux.
Lena rit doucement, sentant son cœur s'alléger. On dirait bien que ça nous réussit, murmura-t-elle, son sourire s'élargissant.
Sam secoua doucement la tête, un sourire amusé aux lèvres, avant de guider Lena vers le canapé exigu de la petite chambre d'hôtel. Une tension électrique semblait flotter dans l'air, et aucune des deux ne semblait capable de s'éloigner physiquement de l'autre. Cette fois, cependant, Sam était visiblement plus audacieuse, ses gestes empreints d'une assurance nouvelle.
Lena sentit son cœur se serrer d'émotion en réalisant à quel point la présence de Sam lui avait manqué. Les appels quotidiens qu'elles avaient partagés depuis leur dernière séparation n'étaient rien en comparaison de la chaleur et de l'intensité de cet instant. Être là, ensemble, c'était tout ce qu'elle avait espéré et plus encore.
Sam plongea son regard dans celui de Lena, ses yeux brûlants d'un mélange d'amour, de désir, et d'une douceur qui faisait battre le cœur de Lena plus fort. Lentement, Sam rapprocha leurs visages, son souffle chaud caressant la peau de Lena. Elle posa un baiser délicat sur ses lèvres, comme si elle testait la profondeur de l'instant. Lena répondit avec la même tendresse, la passion jusque la contenue ne tarda pas à émerger, leurs baisers devenant plus intenses, plus pressants.
La main de Sam glissa doucement le long du bras de Lena avant de venir se poser sur sa taille, l'attirant un peu plus près. Lena, à son tour, passa ses bras autour du cou de Sam, sentant les frissons qui parcouraient leurs corps à chaque contact. La chaleur entre elles devenait irrésistible, chaque geste chargé d'une urgence délicate.
Sans rompre leur étreinte, Sam guida Lena jusqu'au lit, leurs corps se mouvant avec une harmonie naturelle, comme si c'était là qu'elles devaient être.
Sam se pencha de nouveau, ses lèvres capturant celles de Lena dans un baiser plus profond, plus confiant. Ses mains explorèrent doucement la courbe de son dos, chaque geste empreint de respect et de désir. Lena répondit avec la même ferveur, ses doigts glissant dans les cheveux de Sam avant de descendre le long de sa nuque.
Elles se laissèrent emporter par cet instant, leurs corps se rapprochant jusqu'à ne plus faire qu'un. Chaque caresse, chaque baiser était une déclaration silencieuse, un langage intime qui ne nécessitait pas de mots. Le temps semblait s'arrêter autour d'elles, laissant place à une bulle où il n'y avait qu'elles, leurs cœurs battant à l'unisson.
Lorsqu'elles s'allongèrent finalement côte à côte, encore enlacées, un calme apaisant s'installa. Lena posa sa tête sur l'épaule de Sam, son sourire illuminé par une sérénité nouvelle. Sam embrassa doucement ses cheveux, murmurant : Merci... d'être venue. Même si je pense que tu le regretteras demain matin parce que tu seras trop fatiguée pour travailler.
Lena releva la tête juste assez pour croiser son regard, son sourire s'élargissant. Je ne regretterai jamais rien, encore moins d'avoir pu passer ces moments avec toi.
Sam se mordit la lèvre avant de se décaler pour embrasser à nouveau Lena. Et dans ce moment parfait, elles s'endormirent, leurs doigts toujours entrelacés.
