NDA: Chapitre tout beau tout neuf du mois de janvier ! Bonne lecture et lâchez vos impressions !

Correction par Livia Tournois


Chapitre 49

Des répliques miniatures de dragon avaient été placées dans un petit sac. Les champions devait tirer au sort un des dragons afin de savoir lequel ils aillent affronter. Alors qu'ils tenaient compagnie à Harry, Ron et Hermione avaient été surpris par le directeur de Poudlard et avaient dû filer. C'est donc avec un sentiment d'extrême solitude que le Gryffondor observa le Magyar à Pointe dans le creux de sa main. Ron avait été très honnête là-dessus : c'était la pire espèce des quatre.

La règle était simple : récupérer le trésor du dragon.

Afin de ne pas se laisser submerger par l'angoisse, Harry ferma son esprit du mieux qu'il le put. Ce n'était pas parfait, il était encore loin de maîtriser cet art subtil, mais cela lui permit de ne pas partir en panique totale.

Il espéra jusqu'au bout qu'on annonce que le tournoi était annulé mais Cédric Diggory fut appelé. Plus personne ne pipa mot. Même Fleur Delacour, elle si bavarde et hautaine, affichait désormais un air fermé mais déterminé. Viktor Krum, quant à lui, était installé sur un des lits de camp, les mains jointes comme s'il priait. Harry se demanda un instant si le jeune homme faisait la même chose avant un match de Quidditch et si c'était sa façon de se concentrer.

Tripoter la broche que Sirius lui avait offert quelques instants plus tôt lui donna du courage. La préparation intensive qu'il avait eu allait payer. Il se le répétait encore et encore.

Plusieurs minutes plus tard, la foule hurla de joie et Cédric réapparut dans un état déplorable : les joues rouges, une partie de sa cape brûlée et le visage encore tendu. Mais il semblait satisfait et le professeur Chourave vint aussitôt à sa rencontre. Pomfresh s'activa aussitôt et Harry préféra détourner le regard et ne pas perdre sa concentration.

Il se demanda ce que ferait Severus dans cette situation puis ferma de nouveau son esprit. L'Occlumancie faisait des miracles. Bien sûr, l'appréhension était là mais l'angoisse demeura en retrait. Au bout d'un moment, il se trouva totalement dans sa bulle, à tel point qu'il n'entendit plus rien autour de lui. Les champions passaient les uns après les autres mais il en était totalement détaché. Lorsqu'il sentit la main de Pomfresh sur son épaule, il s'aperçut qu'il avait fermé les yeux.

- C'est votre tour Mr Potter.

Harry hocha la tête et se leva tel un robot. Il n'y avait plus que les sortilèges qui défilaient dans son esprit. Il devait se faire confiance, c'était la clé de tout.

La toile de tente menait à l'arène et une vilaine contraction tordit les entrailles du Gryffondor. Les jambes en coton, il avança la tête haute puis attendit d'entendre son nom pour entrer en scène. Là encore, bien que maîtrisant moyennement cet art, l'Occlumancie l'aida à ne pas céder à la panique.

Sa baguette en main, Harry se mit à répéter frénétiquement les combinaisons de sortilèges qu'il avait apprises avec Severus.

Il était prêt.

Lorsque le décompte démarra, l'adrénaline afflua dans ses veines. La bouche sèche, le cœur battant, Harry avança aussitôt son nom prononcé par Barty Croupton.

Le terrain de Quidditch n'était plus qu'un champs de roches brunâtres et coupantes. Sa baguette serrée entre ses doigts, Harry prit le temps d'observer l'environnement autour de lui. Il ignora les yeux de la foule qui l'observait depuis les gradins et chercha le dragon. Au loin, l'animal se tenait en position d'attaque et ne l'avait pas encore remarqué. A ses côtés, une boule ronde brillait et scintillait sous les reflets du soleil. Avançant à pas de loup, évoluant à travers les rochers, Harry se fit le plus petit possible. Ses années auprès des Dursley lui avaient offert une compétence clé pour cette épreuve : se déplacer en silence.

Une fois suffisamment proche de l'animal, Harry comprit que le trésor était en réalité un œuf d'or planqué au milieu de véritables œufs de dragon. Le Magyar gardait l'œuf de très près et Harry observa le champ des possibles. Pendant ce temps, l'animal couvait l'œuf d'or, toujours aux aguets.

Une femelle… Les plus agressives, pensa Harry.

Il pouvait y aller à la Gryffondor et foncer dans le tas ou être un peu plus rusé. Il devait éloigner ce dragon de l'œuf. Caché derrière un immense rocher, Harry se concentra et pointa sa baguette sur une pierre non loin du dragon, dont les narines lâchaient de la fumée à chaque expiration. Ses yeux jaunes et cruels lui rappelèrent un instant ceux du Basilic. On aurait dit que la bête avait compris ce qui allait se passer. Une certaine intelligence brillait dans son regard.

La sueur perla sur son front, Harry se rendait désormais compte que la tâche allait être rude. Mais c'était comme un entraînement avec Severus, il devait juste se concentrer. Dans un murmure mais avec toute la conviction qu'il avait en lui, Harry prononça :

- Bombarda !

La roche explosa en plusieurs morceaux. La foule cria et le Magyar bascula sur ses pattes arrières, crachant aussitôt des gerbes de flammes. S'il ne voulait pas finir brûlé comme un rôti, il avait intérêt à faire mieux. Il réitéra l'expérience sur d'autres roches. La dragonne devenait folle de rage, cherchant partout où se trouvait la source de ce carnage. Harry continua, toujours à couvert, derrière la roche et avançant pas à pas.

Allait venir le moment où il serait visible et il pensa à sa bonne vieille cape d'invisibilité. Malheureusement, il n'avait pas la relique sur lui et devait continuer d'user de sa technique un peu chaotique mais bel et bien efficace. Lorsque la bête s'avança de quelques mètres pour renifler le sol où des pierres avaient volé en éclat, Harry se précipita aussitôt vers l'œuf.

Mais la dragonne hurla, l'ayant aussitôt remarqué. Elle déploya ses grandes ailes, ouvrit sa gueule et rugit dans un bruit qui n'annonçait rien de bon.

Le cœur battant la chamade, Harry crut un instant qu'il avait tout oublié des leçons avec Severus mais il brandit sa baguette droit devant lui tout en courant vers l'œuf.

La dragonne envoya une gerbe de flamme et Harry évita de justesse d'être grillé sur place en roulant au sol. Sur le dos, en position de faiblesse, il entendit plus qu'il ne vit la bête souffler à nouveau des flammes.

- Protego aqua !

Un bouclier d'eau le protégea aussitôt du feu et il en profita pour se remettre sur pied. La dragonne attaqua à nouveau, poussant Harry à reculer. Jetant un coup d'œil derrière lui, il chercha à battre en retraite pour réattaquer de façon plus intelligente. Sauf que l'animal ne le quittait désormais plus des yeux et si elle était attachée, elle savait désormais où frapper.

Sentant que son bouclier perdait en intensité, Harry brisa sa protection et bondit sur le côté pour éviter les flammes. Il crut un instant avoir parfaitement réussi, mais il se rendit compte que son bras était en feu. Un Aguamenti plus tard, Harry réitéra son bouclier et courut se réfugier derrière un gros rocher.

Reprenant son souffle, il ignora la douleur vive dans son bras ainsi que les hurlements déçus de la foule.

Qu'aurait fait Severus ? se demanda-t-il.

- Il m'aurait dit d'utiliser ma tête, dit-il. Réfléchis, réfléchis, réfléchis…

Qu'aurait fait Sirius ? se demanda-t-il alors. Il mit la main sur la broche que lui avait offert son parrain à l'instant, la tripotant pour se donner du courage.

- Il aurait foncé dans le tas, se répondit-il.

Il pouvait faire les deux. Décollant son dos humide de la roche, Harry se redressa et serra sa baguette entre ses doigts. Le bouclier ne rimait à rien s'il n'avait pas d'autres plans. La bête ne se désintéressait jamais de son œuf, comprit-il. Il devait donc trouver un subterfuge.

La foule de spectateurs s'impatientait et hurlait des encouragements quand d'autres le huaient carrément. Il ne pouvait pas rester planqué là éternellement mais surtout, il devait faire abstraction de tout ce qui l'entourait, au risque de laisser la panique le submerger.

Il ferma alors les yeux, vidant son esprit et laissant le tic tac d'un métronome prendre toute la place dans sa tête. L'image de Sirius et Severus quelques minutes plus tôt se figura dans son esprit. Sirius lui donnant cette broche. Machinalement, Harry la fit rouler entre ses doigts puis ouvrit les yeux. Se protéger sans pouvoir approcher l'animal ne servait à rien. Il devait l'éloigner.

Le courage remontant en flèche, Harry se redressa et ne pensa plus qu'à une chose : récupérer cet œuf d'or et sortir d'ici. La dragonne couvait désormais son trésor, l'air furieux. Lorsque Harry s'échappa de sa cachette en courant droit vers la bête, cette dernière se redressa aussitôt et cracha ses terrifiantes flammes. Il lança des boucliers pour se protéger mais continua droit devant, sans jamais reculer.

Il se trouva finalement si proche d'elle que la chaleur en devenait presque étouffante. Ses boucliers d'eau étaient d'ailleurs moins efficaces mais il puisa au plus profond de sa magie pour aller chercher de quoi se protéger. Il posa la main au sol, comme pour ressentir l'humidité et se la figurer. Il n'avait besoin que de puissance.

La dragonne, folle de rage l'observait de ses grands yeux jaunes. La peur s'envola aussitôt, se souvenant qu'il avait déjà affronté une bête du même style deux ans plus tôt.

Harry ne quitta pas du regard le monstre et pointa sa baguette droit sur sa tête. Sa magie bouillait en lui, ses doigts ne demandant qu'à relâcher son sortilège et sa baguette vibrant de plaisir. Il lâcha d'une voix rauque et déterminée :

- Aguamenti !

Un jet d'eau puissant et parfaitement maîtrisé fonça droit sur la tête de la dragonne et Harry visa les deux yeux. Désorientée, elle recula, rugissant et tentant de cracher du feu, en vain. Il en profita pour se rapprocher encore un peu et arracha la broche de sa veste.

- Amplificatum ! Wingardium Leviosa !

La broche dorée était plus grosse que l'œuf et Harry la fit léviter au-dessus de la tête de la dragonne. Lorsque cette dernière, encore groggy, repéra le bijou, ses yeux brillèrent d'une intention nouvelle. Elle déploya ses ailes et s'envola pour tenter d'attraper ce nouveau butin.

Harry n'attendit plus et se précipita vers l'œuf pour l'attraper d'une main ferme.

Lorsque la dragonne s'en aperçut, il était déjà trop tard et Harry était suffisamment éloigné pour échapper à toute vengeance. Il brandit l'œuf et cette fois, les vibrations de la foule le firent lever la tête. Les spectateurs étaient encore plus déchaînés que lors d'une finale de Quidditch. Il chercha du regard ses proches mais en vain. Il se dirigea alors vers la tente.

Il avait réussi. Les joues endolories par son sourire et le cœur léger, il s'éloigna le plus vite possible de la fosse.A peine franchit-il la toile de tente que Pomfresh lui bondit dessus.

- Je n'ai rien, déclara-t-il.

- Je ne crois pas !

A peine la femme lui retira sa cape qu'une douleur vive dans son bras se réveilla. La brûlure s'étendait sur l'intégralité de son avant-bras, laissant apparaître sa chair à vif. Le sifflement dans ses oreilles et les mouches devant ses yeux n'indiquaient rien de bon et il remercia intérieurement la personne qui l'installa sur le lit.

Reprenant ses esprits, il reconnut aussitôt Severus et Sirius.

- Tu as été incroyable ! lança son parrain dans un sourire joyeux.

- J'ai sacrifié ta broche, désolé, répondit Harry d'une voix pâteuse.

- Oh ne t'inquiète pas, j'ai demandé à la récupérer ! Charlie fera le nécessaire car le bijou se trouve dans les pattes de la dragonne.

Tandis que Pomfresh appliquait un baume sur son bras, Harry se tourna vers Severus dans un sourire. Son regard brillait de fierté et un léger sourire se dessinait à la commissure de ses lèvres. L'un comme l'autre n'avaient pas besoin de parler à cet instant, Harry se sentit gonfler de joie.

- Tout le monde a récupéré l'œuf mais je pense que tu es en bonne position pour te trouver dans les premiers. Le jury se réunit pour les votes. Vous allez être appelé d'ici quelques minutes, expliqua Sirius.

- Premier ou dernier, peu m'importe, je m'en suis sorti vivant.

- Et pas qu'un peu ! Oh bon sang, tu es tellement doué ! James serait tellement fier de toi !

- Lily serait fière de toi, elle aussi, ajouta Severus aussitôt.

Harry opina du chef et reposa sa tête sur l'oreiller, afin de reprendre quelques forces. Il n'eut pas le temps de s'assoupir ou de souffler qu'on appela les quatre champions dans l'arène afin d'annoncer les scores.

Un verre d'eau plus tard, le bras en écharpe et quelques encouragements de la part de Sirius et Severus, Harry se retrouva aux côtés des autres champions, alignés devant les jurés. La voix de Barty Croupton s'éleva dans le stade et la foule fit silence.

- Bravo à nos quatre champions, vous nous avez assuré un spectacle des plus honorable et divertissant ! Maintenant voici les notes du jury : Fleur Delacour avec un total de 37 points ! Puis Cédric Diggory avec un total de 38 points !

Harry ne manqua pas d'entendre qu'une partie de la foule était outrée de ce classement.

- Et enfin, ex-equo à la première place avec Harry Potter et Viktor Krum avec une note de 40 points chacun !

Harry écarquilla les yeux, ne s'attendant absolument pas à cette position dans le classement. Comment pouvait-il être avant Cédric ? Lui qui n'avait pas vu ses concurrents passer, c'en était presque frustrant. Mais il n'eut pas le temps de se poser plus de questions, ses amis et camarades de Gryffondor coururent vers lui.

Une demi-heure plus tard, une fête géante battait son plein au milieu de la Salle Commune de Gryffondor. Installé confortablement près de la cheminée, une bierraubeurre à la main, Harry discutait avec ses amis.

- Cédric a transformé une roche en chien fou afin de distraire son dragon, expliqua Ron. Mais il a été brûlé, c'est sûrement ce qui lui a fait perdre des points.

- J'ai aussi été brûlé, déclara Harry.

- Tu as démontré plus de choses sur le terrain en nombre de sortilèges, déclara Luna Lovegood qui avait rejoint la fête sous la pression de Ginny Weasley.

Tandis que la benjamine des Weasley dansait, la Serdaigle préférait observer le monde qui l'entourait. C'est donc naturellement qu'elle avait rejoint le trio ne remarquant pas la grimace embarrassée de Ron.

- Peut-être, dit Harry sans grande conviction. Et qu'a fait Viktor Krum ?

Hermione s'apprêtait à répondre mais Luna lui coupa l'herbe sous le pied :

- Attention, le manque de confiance en soi peut devenir destructeur, dit la Serdaigle sans quitter des yeux Harry. Mon père dit toujours que l'on doit croire en ses capacités. Tu as prouvé sur le terrain que tu étais un grand sorcier. Cela doit te donner confiance pour la prochaine tâche. Tu devrais emmener l'œuf partout avec toi pour trouver l'indice, il y a des créatures invisibles qui peuvent révéler les mystères de l'humanité.

Luna écarquillait tant les yeux qu'elle eut l'air d'avoir avalé un souaffle.

- Ahem, dit Ron pour masquer son fou rire. Viktor a lancé un sortilège de conjonctivite dans l'œil du dragon.

- Pas mal comme idée, concéda Harry qui avait à peu près la même mais avec de l'eau.

- Oui mais son dragon a cassé une moitié de ses œufs, dit Hermione.

- C'est triste, dit Luna la tête basse.

- Tu t'entendrais bien avec mon frère Charlie, dit Ron. Il étudie les dragons et les adore.

La jeune fille fixa Ron avec intensité et hocha la tête sans dire un mot de plus. Hermione expliqua ensuite comment Fleur Delacour avait eu son œuf - via un sortilège de transe où l'animal fut endormi tout du long mais qui lui valut de brûler la robe de la française. A peine termina-t-elle son récit que Parvati Patil et Lavande Brown prirent place sur le canapé. La première n'hésita pas à pousser Luna Lovegood afin d'être à côté de Harry.

- Tu as été splendide, Harry !

- On savait que tu allais réussir, ajouta Lavande Brown avant de se tourner vers Ron pour discuter à voix basse.

Le roux rougit drastiquement et Harry ne put que le comprendre. L'un comme l'autre n'avait jamais été aussi proche d'une fille. Enfin bien sûr, il y avait Hermione et Ginny mais ça ne comptait pas…

Là, Parvati adressait de grands sourires à Harry qui aurait aimé se fondre dans le canapé. Quelques minutes plus tard, Harry comprit cet engouement lorsque Hermione demanda :

- Vous êtes sûres que ça va, les filles ?

- On ne peut mieux ! répondit Lavande. On a pris les bonbons lance-fête inventés par Fred et George.

- Tout s'explique alors, répondit Harry dans un sourire soulagé. Veuillez m'excuser, je dois aller remplir mon verre.

Mais Parvati l'arrêta d'un bras et l'invita à rapprocher son visage afin de lui souffler à l'oreille :

- L'œuf, il ne faudra pas tarder à chercher l'indice sinon tu te retrouveras dos au mur. Je l'ai vu en cours de Divination la semaine dernière.

- Tu avais vu l'œuf ? demanda Harry, étonné.

La jeune fille fit une petite moue avant de répondre :

- C'est plus compliqué que ça, dit-elle. Sur le moment je n'avais pas compris mais maintenant c'est clair !

Peu convaincu, Harry remercia sa camarade et se leva pour rejoindre le bar improvisé.. Il avait une faim de loup et surtout, une véritable envie de faire la fête.

oOo

La semaine qui suivit la première tâche laissa à tout le monde un sentiment de légèreté, même pour Hermione. Elle se rendit à son cours d'Étude de Runes d'un pas conquérant et joyeux. Harry se faisait alpaguer tous les dix mètres par les élèves, le félicitant pour son exploit d'avoir affronté un dragon.

Lorsqu'ils arrivèrent en classe, la jeune fille ne manqua pas le regard jaloux de Malefoy. Merlin merci, elle avait un binôme avec qui toute tension s'était envolée.

Ils travaillaient comme deux élèves issus de la même maison. Loin d'être les meilleurs amis du monde, elle ne pouvait nier que leur logique et leur goût du travail bien fait s'accordaient parfaitement. Elle prit donc sa place habituelle où Nott était déjà installé. Le professeur Babbling avait distribué les copies de leur premier travail en binôme et chaque duo devait travailler en autonomie.

- Ah, bonjour Granger. J'ai mis quelques notes sur ton passage pour l'exposé et je pense qu'il serait pertinent de mettre en avant les étapes du sortilège par une démonstration.

Lorsque Théodore Nott était lancé sur son travail, il n'était plus l'adolescent austère habituel. Son regard brillait et, bien caché, l'ombre d'un sourire laissait parfois apparaître une fossette sur le coin de sa joue.

- Lors de notre exposé, je pensais qu'on pouvait expliquer pourquoi chaque symbole est indispensable et terminer en feu d'artifice avec le sortilège, poursuivit-il.

- C'est une bonne idée mais ça va nous demander beaucoup de travail.

- Certes, mais notre note n'en sera que meilleure. Je pense même que Babbling fera de nous un exemple jusqu'à la fin de sa carrière.

Voyant que cela tenait à cœur à son camarade, Hermione opina du chef avant de déclarer :

- Quand est-ce que tu es disponible ?

- Le mardi soir.

- Non, je ne peux pas j'ai Club de duel.

- Ah oui, ça…

- Quoi ?

- Rien.

- Pourquoi est-ce que tu souris de la sorte ? demanda Hermione, un brin vexée.

- Parce que je suis assez étonné de te savoir dans un groupe inférieur alors que tu es la première de promotion. D'ailleurs, je ne sais pas si tu le sais mais je suis dans le groupe le plus haut.

Hermione sentit ses joues rougir de honte et d'humiliation. Elle voulut faire ravaler l'air vantard de son camarade mais ce dernier poursuivit :

- Enfin, j'imagine que comme toujours, tu t'es sacrifiée pour tes amis. T'es certaine que ce sont tes amis, d'ailleurs ? On dirait plutôt des petits frères que tu prends soin de ne pas contrarier.

Ce n'était pas la première fois que Théodore Nott avançait sur ce terrain et bien que cela agaçait Hermione, les paroles du garçon tournaient souvent dans sa tête. Il était vrai que pour Harry comme pour Ron, Hermione se pliait en quatre. Mais le Serpentard ne savait rien de ce que Hermione ressentait pour ses amis. Alors il pouvait bien être jugeant, elle n'avait pas envie d'entendre de sermon de la part du brun.

- Je te l'ai déjà dit, tu ne sais rien de nous, déclara-t-elle sèchement.

Nott se renfrogna. Pendant quelques minutes, plus personne ne pipa mot. Puis le garçon déclara à voix basse :

- Désolé. Hum… Je suis disponible le jeudi soir et le samedi matin.

De bonne volonté, la jeune fille prit sur elle et ouvrit son agenda.

- On peut se voir le samedi matin, la bibliothèque est plus calme.

- Pour tester le sortilège, ça sera plus simple de se voir dans une salle à part. Et j'ai confiance dans nos capacités mais il me semble qu'on ferait bien de se voir deux fois par semaine. Il ne nous reste plus qu'un mois avant de rendre le devoir.

- Bon d'accord. Alors le jeudi soir aussi. Tu connais un endroit où aller ?

- Je connais une salle secrète dans Poudlard.

- Euh…

Hermione ne voulait pas paraître grossière mais l'idée d'aller dans une salle secrète avec Nott ne la rassurait absolument pas. Oui, le garçon lui avait montré une bonne image mais la méfiance était toujours de mise… Théodore Nott sembla s'en rendre compte et soupira, blasé.

- Granger, je ne vais pas te faire de mal . Et même si j'essayais, tu serais capable de me le rendre au centuple. Je ne suis pas assez stupide pour attaquer des personnes plus doués que moi en Duel. Crois bien que tout ce qui m'importe, c'est d'avoir une note excellente à ce devoir.

C'était inconscient et terriblement stupide mais Hermione s'entendit répondre :

- Bon, c'est d'accord.

.

Le froid de décembre se faufilait dans tous les recoins du château. Les français, et particulièrement les françaises, semblaient mettre un point d'honneur à montrer que ce froid leur était insupportable. Hermione et Ginny les trouvaient particulièrement ridicules en les voyant passer dans les couloirs avec leur écharpe enroulée sur la tête. La benjamine des Weasley s'amusait régulièrement à les imiter pour le plus grand plaisir d'Hermione.

Ginny était justement en pleine clownerie lorsque Parvati pénétra dans le dortoir.

- Ah vous êtes là ! Le professeur McGonagall a une annonce à faire, elle nous attend en bas.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Ginny tout en se dépatouillant de son écharpe.

- Je pense que c'est lié au tournoi. Une nouvelle réjouissante, ajouta-t-elle avant de sortir.

- Cette fille est un peu bizarre parfois, non ? demanda Ginny.

Hermione fit la moue, peu encline à casser du sucre sur le dos de sa camarade de chambre. Hermione savait que Parvati pouvait être un brin pimbêche mais la jeune fille avait bon cœur. Ginny était surtout jalouse depuis qu'elle voyait à quel point la brune tournait autour de Harry depuis plusieurs semaines. Harry qui, pour le coup, semblait totalement aveugle - ou terrifié - aux appels de phare de l'adolescente.

- On dit qu'elle a des dons de voyance, ajouta la rousse en descendant les marches. T'en penses quoi ?

- Tu sais déjà ce que j'en pense, répondit Hermione.

La directrice de Gryffondor se tenait près de la cheminée. Des élèves étaient assis par terre, d'autres sur les fauteuils et les retardataires comme Hermione et Ginny attendirent debout. Lorsque la cinquantaine d'élèves firent silence, le professeur prit la parole :

- Comme vous le savez, le Tournoi des trois sorciers est l'occasion pour chaque élève de rencontrer et se lier avec les autres écoles de magie. C'est pourquoi, dans l'objectif de pousser la coopération magique et de faire de ce tournoi une fête, un bal de Yule sera organisé le 21 décembre prochain.

Une vague de murmure pleine de réjouissance et d'excitation parcourut l'assemblée. Hermione sentit son ventre se contracter. Elle avait à la fois hâte et peur.

- Vous pourrez venir avec un cavalier ou une cavalière. Ce bal est ouvert à tous les élèves à partir de la quatrième année mais si des élèves plus jeunes trouvent un ou une partenaire, vous pourrez vous rendre au bal.

- Va falloir que je trouve vite, dit Ginny à l'oreille d'Hermione. Hors de question que je loupe un évènement comme celui-ci.

Hermione espérait ne pas se retrouver toute seule et observa l'assemblée d'élèves. Elle savait qu'elle était loin d'être la plus jolie mais espérait secrètement qu'un élève l'invite au bal. Au loin, Ron et Harry discutaient avec sérieux et gravité. Visiblement, trouver une cavalière semblait être pour eux une mission de la plus haute importance. Amusée, la jeune fille écouta la suite du discours de la sous-directrice de Poudlard :

- Je compte sur vous pour faire honneur à la maison des lions. Un comportement grossier et non convenable vous donnerait un ticket pour une belle sanction. Faites-nous honneur, amusez-vous et surtout, n'hésitez pas à aller à la rencontre de l'autre. C'est en cela que sert le tournoi des trois sorciers.

Sur ces belles paroles, le professeur s'éclipsa et un brouhaha s'éleva dans la pièce. Hermione et Ginny se séparèrent pour retrouver leurs amis respectifs.

- Hermione, faut que tu nous aides ! dit aussitôt Harry lorsqu'elle retrouva les garçons. Comment est-ce qu'on invite une fille à un bal ?

Hermione se retint d'éclater de rire et prit place sur un fauteuil. Ron comme Harry ressemblaient à deux chiens attendant un bel os.

- Il suffit d'aller lui demander, répondit-elle.

- Je t'avais dit qu'elle n'en saurait pas plus que nous, dit Ron.

Hermione envoya un regard noir au garçon qui haussa les épaules.

- Tu pourras toujours demander à Neville, dit-il. Il en pince pour toi depuis le début de l'année.

Hermione sentit ses joues chauffer de gêne. Elle ne se voyait pas refuser la main du garçon mais elle n'avait vraiment aucune attirance pour lui. Bien sûr, il était gentil et plein de qualité mais elle le voyait comme un bon camarade de classe. De plus, elle ne voulait pas qu'il nourrisse de faux espoirs quant à leur relation qui n'irait jamais plus loin que de l'amitié.

Embarrassée, la jeune fille botta en touche :

- Vous n'êtes pas plus laids que les autres, vous trouverez bien quelqu'un.

- Harry plus facilement que moi ! lança Ron en se tournant vers le brun. Tu as affronté un dragon, il n'y a aucune raison qu'aucune fille ne veuille de toi.

Harry demeurait le regard dans le vide. Hermione savait pertinemment à qui son meilleur ami pensait. Plus les semaines avançaient, moins il était discret. Dès que Cho Chang se trouvait dans les parages, le garçon ne pouvait s'empêcher de l'admirer. C'en était parfois presque incommodant. Mais malgré tout ce qu'il avait à porter sur les épaules, Harry était un adolescent comme les autres. Ron, au contraire, semblait avancer sans se poser de question, comme si le bal des hormones ne l'avait pas encore complètement touché.

Quant à Hermione… Elle préférait oublier les rêves étranges de ces dernières semaines qui la perturbaient plus que de raison. Après tout, rêver de travailler avec Théodore Nott n'avait certainement rien à voir avec un quelconque émoi naissant.

oOo

Peter Pettigrow tremblait comme une feuille. Il essayait de se convaincre que ce n'était que le froid de cette forêt austère et sinistre. Les monstres de Croupton Jr. dévoraient une licorne dans des bruits de déglutition particulièrement écoeurants.

Comme toujours lorsque le Seigneur des Ténèbres se montraient, Peter demeurait le regard rivé sur le sol. Son cas n'était pas encore réglé, lui avait dit le Mage Noir. L'animagus devait faire encore et encore ses preuves afin d'être pardonné pour sa lâcheté.

Afin de se donner du courage, il se disait chaque jour qu'il serait bientôt dans les bonnes grâces de son maître. Mais il voyait rarement le mage noir qui semblait nourrir beaucoup d'ambition pour la prochaine guerre.

Une chose était certaine : Peter Pettigrow se trouvait du bon côté de la barrière.

- Ton rapport, Queudver.

Le ton glacial du maître indiquait qu'il avait intérêt à être bref, clair et concis. Il se lança alors sur ce que lui avait rapporté l'Informateur :

- Harry Potter grandit et semble nourrir un certain talent pour le combat. Il lui a fallu un peu de temps pour trouver une tactique afin de vaincre la dragonne mais une fois lancée, il ne s'est pas arrêté. Il maîtrise les sortilèges simples et sait les utiliser à bon escient. Il…

Peter hésita. Ce qu'il s'apprêtait à dire pouvait à la fois mettre le Seigneur des Ténèbres dans une rage folle comme l'exciter totalement.

- Allons ! s'impatienta le Mage Noir.

- Il devient de plus en plus puissant, maître…

oOo

Harry se redressa dans un sursaut, étouffant un cri de terreur. Ron et tous ses autres camarades de dortoir dormaient paisiblement. Envieux, il les observa un instant avant de se lever pour enfiler une robe de chambre et des chaussures.

Il hésita un instant avant de se saisir de sa cape d'invisibilité puis s'enfuit pour retrouver Severus aux appartements.

Ce n'était pas qu'un simple cauchemar, il le savait.

Depuis quelques jours, il oubliait de fermer son esprit et voilà où ça le menait… Mais à bien y réfléchir, c'était aussi un moyen d'avoir un coup d'avance sur Voldemort.

Arrivé aux appartements, Harry se rendit compte que ses mains étaient moites et son souffle erratique. Severus dormait mais Harry n'hésita pas une seconde à frapper à sa porte. En moins de quelques secondes, son tuteur se tenait devant lui, lui pressant l'épaule.

- Harry ? Quelque chose ne va pas ?

- Voldemort… Il… Il a un informateur ici à Poudlard.