Chapitre 3

Cela faisait quelques semaines que l'équipe du Colonel Sheppard avait subi un trifouillage de cerveau par les Réplicateurs. La vie avait simplement repris son court. Sheppard était partie en mission et revenu sans encombre à plusieurs reprises, ce qui l'étonna lui-même de ne pas s'être attiré d'ennuis.

Radek étant hors monde, Andréa prenait ses repas seule depuis deux jours. Elle avait eu la chance d'avoir le beau temps avec elle et avait pu contempler la vue sur le balcon du mess. Alors qu'elle allait entreprendre de faire la même chose, le Colonel l'invita à sa table. Elle fut étonnée de cette invitation mais n'avait pas hésité une seconde. Elle posa son plateau en face de lui, lui souriant poliment. « Comment ça se passe avec Rodney ? ». Elle travaillait avec lui depuis quelques jours à peine et n'avait pas l'air traumatisée comme elle le pensait. Elle s'était surprise à l'apprécier et comptait sur son savoir pour se perfectionner dans son travail.

Il était directif mais n'était pas désagréable. Sachant qu'il était proche de lui, elle n'allait pas lui casser du sucre sur le dos. Malgré les rancœurs de Radek à son égard, elle savait parfaitement faire la part des choses pour se faire sa propre opinion. « Ça se passe bien, mais nous n'avons rien trouvé sur les Asurans. ». Il plissa les yeux, se remémorant les événements passés.

« Que recherchez-vous ici, docteur ? ». Sheppard aimait bien poser cette question aux nouveaux arrivant. Il avait entendu des réponses plus farfelues que les unes que les autres et n'était jamais déçu. Andréa n'avait pas mis longtemps à réfléchir. « Je ne cherche rien même si mon travail en est la définition même. ». Il releva la tête de son assiette et attendit une suite. « Passer la porte n'est pas une de mes priorités mais découvrir des technologies Alien qui pourraient aider sur Terre m'a donné envie de tenter cette aventure, même si cela parait prétentieux. ».

Il leva la tête de son assiette, regardant la jeune femme en face de lui. « Vous savez, je connais plus prétentieux que vous. ». Il n'avait pas besoin de citer de nom pour qu'elle comprenne de qui il s'agissait. « Et si vous disais que le Major Edison doit partir aujourd'hui pour rendre visite à un peuple allié ! ». Lisant son incompréhension, il continua. « Il a remarqué que leurs installations demandent plus de besoin en énergie qu'ils ne veulent bien l'avouer. ».

Elle s'arrêta de mâcher et releva la tête. « Une mission ? », avait-elle demandé la bouche pleine. « Pourquoi pas ? ». Elle mit sa main sur bouche, ne sachant pas quoi dire. « Il n'y a rien de dangereux, les habitants sont alliés avec les Athosiens depuis des centaines d'années. L'équipe du Major doit partir dans la soirée. Ce serait l'occasion pour vous de commencer doucement. Et puis, Rodney vous mangera dans la main si vous trouvez la source d'énergie qu'ils gardent secrète. ». Il ne s'agissait pas là d'une simple visite mais d'un échange de bon procédé basé sur une alliance solide. « Je n'ai pas besoin d'obtenir de la reconnaissance pour bien faire mon travail, Colonel. J'apprécie de pouvoir côtoyer le docteur McKay, cela me suffit. ».

Il ne comprenait pas vraiment pour Rodney pouvait fasciner les scientifiques comme elle mais il savait que ses admirateurs avaient plus d'attrait pour ses travaux que pour la personne en elle-même. « Alors considérez ça comme chose faite. Je vais informer le Major Edison de votre présence. ». Elle n'avait pas les mots pour le remercier, se sentant privilégiée de pouvoir passer la porte. Certains devait attendre des mois avant d'avoir cette opportunité alors elle leva simplement son verre d'eau.

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Lorsqu'elle ouvrit les yeux, le docteur Weir s'étonna de se retrouver dans une pièce s'apparentant à une chambre. Sa tête semblait aller bien, et elle ne ressentait aucune douleur, mais sa mémoire lui jouait des tours. Comment était-elle arrivée là ? D'ailleurs, où était-elle ? Elle ne reconnaissait pas son environnement. Soit elle rêvait, soit c'était un lendemain de soirée difficile. Elle s'en serait souvenu si cette deuxième hypothèse avait eu lieu. Tout ce dont elle se souvenait c'était être assise à son bureau, parcourant un énième rapport de mission. La minute d'après, elle s'était réveillée dans cette chambre. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'elle était enfermée.

Un homme ouvrit soudainement la porte, la tirant de ses pensées. Il n'avait pas de blouse blanche mais au fil de son récit, elle comprit qu'il était psychiatre. Confuse, elle se demandait comment elle avait réussi à rentrer sur Terre sans en avoir le souvenir. La fenêtre donnait sur un jardin bien entretenu, ce qui l'avait mis sur la piste du fait d'être de retour sur sa planète d'origine. Alors qu'elle lui explosait ce qui semblait être la réalité, l'homme lui certifia qu'elle n'avait jamais quitter la Terre, lui faisant comprendre qu'Atlantis n'existait pas. Comment avait-elle pu imaginer ce monde parallèle ? Tout avait été pourtant si réel durant ces trois dernières années. Le Dédalle, les Wratih, Atlantis, les différentes civilisations, tout ça ne pouvait pas être le fruit de son imagination. Face au sérieux de l'homme se trouvant en face d'elle, le doute s'immisça dans un coin de sa tête.

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Ronon et Teyla s'étaient joint au Colonel et au docteur Davis. Elle faisait connaissance avec les deux membres du groupe lorsque Rodney fit son apparition. « Je meurs de faim ! ». Andréa resta figer sur son plateau, dont elle ne distinguait pas le fonds en raison de la quantité de nourriture posée dessus. Un bref regard à l'équipe avait suffi pour comprendre que cela était habituel. Ils n'avaient pas l'air d'être surpris comme elle l'était. « Alors, vous et Radek, ça fait longtemps ? », avait demandé l'astrophysicien. Malgré sa bouche pleine, elle avait pu déceler un mélange de jalousie et de curiosité dans le ton qu'il avait employé. Elle se tourna vers lui, se demandant comment une telle question lui était venue en tête.

Elle ouvrit la bouche et Sheppard la devança en lui faisant un clin d'œil, ne pouvant qu'entrer dans son jeu. « Vous n'avez pas reçu l'invitation au mariage, Rodney ? ». Il s'arrêta en pleine mastication, passant de Sheppard et Davis, à la recherche de la vérité. Andréa garda son sérieux et hocha la tête, ce qui figea davantage McKay. Ce fut Sheppard qui craqua le premier, en pouffant littéralement. Prise dans cette euphorie, les deux complices avaient pris la suite, laissant un Rodney boudeur. Soudain, le visage de Sheppard se crispa lorsqu'il entendit un appel dans son oreillette. « Une équipe médicale dans le bureau du docteur Weir ». Il se leva d'un bon, tout comme Rodney, qui étaient les deux seuls à en être équipé à ce moment. L'incompréhension se lisait sur les visages de Teyla, Ronon et Andréa mais ils n'avaient pas hésité à suivre le mouvement.

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Toujours positif et de nature optimiste, l'inquiétude n'était généralement pas le trait de caractère principal du docteur Carson. Andréa se demandait ce qu'elle faisait là et resta en retrait du groupe. Elle n'avait aucune compétence d'ordre médical si ce n'est l'application des premiers secours.

Placée en quarantaine, Elisabeth était inconsciente, allongée dans une machine s'apparentant à un scanner. Visiblement Sous oxygène, elle ne semblait pas souffrir. Sheppard s'approcha lentement d'elle, se demandant ce qui avait bien pu se passer. Lorsqu'il lui avait déposé une pile de rapport quelques heures plus tôt, elle avait l'air d'aller bien, ne se doutant pas qu'elle terminerait à l'infirmerie. « Comment ça se présente docteur ? ». Andréa observa les images à l'écran, représentant le corps d'Elisabeth. Elle supposa que les points rouges disséminés partout matérialisaient une infection.

Carson ne voulait pas les effrayer mais il n'avait pas l'intention de leur mentir. « C'est de pire en pire. Ce n'est pas seulement son cerveau. Tous les points rouges sont des nanites, elles se sont répandues dans tout son corps. ». Davis eut la réponse à sa question et ce qu'elle avait entendu ne lui plaisait pas. Ronon se demandait comment elle avait été contaminée et Rodney n'avait aucun doute là-dessus. « À cause de Liam, quand il a attaqué Élisabeth dans le jumper. Ce bref contact a suffi pour l'affecter avec quelques nanites qui ont aussitôt commencé à s'auto-reproduire. ».

Sheppard s'était rendu à l'évidence et osa poser la question. « Il lui reste combien de temps à vivre ? ». Carson était catégorique quant au fonctionnement de ses microrobots et le stoppa dans sa fatalité. « Elles n'ont pas l'intention de la tuer, si c'était le cas elles auraient déjà pu le faire facilement. Elles ne sont pas assez nombreuses pour survivre seules. Le corps d'Élisabeth leur sert de matière première et elles essaient de s'emparer d'elle pour la transformer en élite. ».

Andréa écoutait religieusement, se demandant toujours pourquoi elle avait été conviée. Elle se sentait tellement impuissante qu'elle voulut courir se réfugier sur n'importe quel balcon lui permettant de s'aérer l'esprit. Elle s'approcha lentement de l'écran, observant les points rouges se multiplier. « Vu la vitesse à laquelle ils se multiplient, elle va devenir l'un d'entre eux ! ». Personne ne l'avait pas vu entrer, oubliant presque qu'elles les avaient suivis.

« Oui, jusqu'à ce qu'ils puissent former une nouvelle entité indépendante et viable. ». Lui avait confirmé l'Ecossais. Elle comprenait mieux leur fonctionnement à présent. « Est-ce comme ça qu'ils se reproduisent ? » avait demandé Teyla. Dans ce cas précis, cela s'apparentait plus à une tentative désespérée de survie. Ronon n'était pas du genre à écouter les explications et voulait savoir comment arrêter le processus. Sheppard s'était souvenu que les IEM avaient fonctionné et proposa cette solution. Le cerveau d'Andréa s'était mis en marche de manière exponentielle, voulant à tous prix aider Elisabeth.

Les impulsions électromagnétiques étaient une bonne idée mais elle savait que cela ne suffirait pas à ce stade, ce que confirma Beckett. « Malheureusement il est trop tard pour cette méthode-là. Les nanites ont carrément fusionné avec les neurones et d'autres cellules du système nerveux central alors si l'on essaie de les désactiver, tout laisse à penser qu'on va tuer Élisabeth. ».

Ils ne pouvaient pas se résoudre à la laisser se transformer en Réplicateur. « Qu'est-ce qu'on peut faire ? » s'empressa de demander Teyla. Carson passa rapidement à la partie technique, oubliant presque que son public n'était pas issu du même milieu que lui. « Ses globules blancs attaquent chaque nanites comme s'il s'agissait d'une bactérie ou d'un virus et avec un certain succès, mais dans son corps il n'y aucune réaction immunitaire. Comme s'ils avaient convaincu son organisme qu'ils sont inoffensifs. ».

Andréa s'approcha des rideaux transparents qui entouraient le lit d'Elisabeth, persuadée qu'elle pourrait aider Rodney sur ce coup. « Comment font-elles croire ça ? ». Beckett n'eut aucun mal à avouer qu'il n'en avait aucune idée. « J'ai injecté des médicaments à Élisabeth pour stimuler ses défenses immunitaires. ». Sheppard voyait clairement les points rouges se multiplier, forcé de constater que cela ne fonctionnait pas beaucoup. « L'effet n'est pas spectaculaire mais je viens juste d'augmenter la dose. ». Le temps ne jouait pas en leur faveur et il se rendit à l'évidence. « Pour le moment nous sommes en train de perdre cette bataille. ».

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Sheppard se sentait impuissant, tout comme Carson, Rodney et Andréa. Ils savaient tous ce que provoquait les nanites et se demandaient dans quelle réalité elle se trouvait. Elle devait probablement lutter contre ses propres démons, créant un scénario sur-mesure. Personne ne voulait imaginer ce qu'elle était en train de vivre. Le Colonel ne l'avait pas quitté des yeux, attendant patiemment qu'une solution émerge du cerveau des trois docteurs.

« Vous croyez qu'elle sent notre présence ? ». Les mots du Colonel avaient fait tilts dans le cerveau de Carson et il l'invita à lui parler, devant un Rodney dubitatif. « Dans un coma, l'ouïe est le premier sens qui revient. Certains patients entendent lorsqu'on leur parle. ». « Et ces comas étaient-ils provoqués par des nanites ? », avait ironiquement demandé Rodney. « Non, mais le cerveau est actif, bien plus que pour un cas classique de coma. ». Andréa n'avait pas beaucoup de connaissances sur le cerveau humain. À vrai dire, il s'agissait de la partie la plus complexe à comprendre dans le corps humain. Elle ne put s'empêcher de demander. « Est-ce qu'elle rêve ? ».

« Son ECG se comporte comme si elle vivait normalement, ce qui suggère qu'elle pourrait bien nous entendre. ». Tout cela devenait lassant de devoir attendre après… En fait, elle ne savait pas ce qu'ils attendaient. Ce n'était pas comme si Élisabeth allait se réveiller guéri d'une minute à l'autre, alors elle creusa dans son cerveau la piste de l'impulsion électromagnétique. Le traitement que Beckett lui avait administré ne portait pas ses fruits. Il était censé stimuler son système immunitaire mais les nanites avaient clairement le dessus.

Rodney se retourna vers Carson, qui avait les yeux dans le vide. « Quoi ? ». « J'ai le même regard quand j'ai une idée. ». Andréa ne put s'empêcher de commenter. « Comment le savez-vous ? ». « Ça m'est arrivé face à un miroir. ». Davis secoua la tête, se mordant la langue pour garder ses commentaires pour elle. Beckett eut une idée mais sortit de la pièce à toute vitesse avant même de l'avoir partagée.

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Andréa avait suivi Carson et Rodney, se sentant plus comme un boulet à un pied. Elle ne savait même pas si les deux hommes l'avaient remarquée. Sur le chemin, Carson avait ralenti le pas pour se mettre à son niveau, laissant Rodney ouvrir la marche. Ils ne s'étaient pas réellement présentés et le médecin ne savait comment l'aborder dans ces circonstances. Andréa se frotta nerveusement les mains, comme si la friction allait dissiper son anxiété. « Est-ce que ça se passe toujours comme ça docteur ? ». Carson avait envie de rire mais le cœur n'y était pas, alors il souffla longuement, réfléchissant à sa réponse. « Ce n'est pas inhabituel de devoir agir en urgence. Mais globalement, ce genre de situation est rare, ma chère. ».

Son accent fort prononcé la laissait perplexe, ne pouvant s'empêcher de lui demander. « J'aime beaucoup votre accent, ça me donne l'impression d'être à la maison. ». Il lui jeta un regard en riant, gêné par ce compliment qu'il n'avait pas l'habitude de recevoir. « Je me force à penser que ma maison est ici maintenant, mais votre accent me rappel ma famille. ». Curieux, il se demanda ce que son accent pouvait bien lui rappeler. Elle semblait être native des Etats-Unis et n'avait aucun accent, du moins pas aussi prononcé que le sien.

« Nous avions l'habitude de partir trois semaines à Saint Andrews quand j'étais petite. Votre prononciation me rappel de bons souvenirs, docteur. ». Flatté et touché, il posa sa main sur son épaule.

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Elisabeth ouvrit de nouveau les yeux dans une pièce mais celle-ci avait changée. Le décor ne ressemblait en rien à un hôpital. Elle mit du temps à reconnaître la maison dans laquelle elle vivait avant l'expédition. Elle se sentait perdue face aux discours de ses proches lui certifiant qu'Atlantis n'existait pas. Elle était persuadée d'avoir été l'inquisitrice d'une expédition dans une autre galaxie. Tout cela sonnait faux. Elle n'était pas folle. Elle en était persuadée. Son ancien compagnon, le Général O'Neill, sa grand-mère, ils lui avaient servi le même discours mais quelque chose la dérangeait.

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Sheppard se retrouva seul en un éclair et avait suivi les conseils de Carson. « Si vous pouvez m'entendre, j'imagine que je devrais dire quelque chose de profond… D'accord, ce n'est pas vraiment mon truc, mais sachez que nous faisons tout ce que nous pouvons pour vous sortir de là. ». N'ayant pas pour habitude de s'épancher, il jeta un œil sur la porte restée ouverte, vérifiant qu'il n'y avait personne. « J'ignore ce que ces nanites vous font subir, mais ne les laissez pas faire. ». Il se demanda un insistant si ce qu'il faisait valait le coup, mais il croyait fermement en la théorie de Carson et continua. « Nous faisons tout notre possible pour ramener mais vous devez agir vous aussi. Vous devez vous battre. ».

C'est à ce moment que Rodney apparut aux côtés de Carson et Davis. « Je crois qu'on a trouvé un moyen de séparer les nanites des cellules d'Elisabeth. ». Andréa regarda Carson, se demandant comment il pouvait être à ce point un tel profiteur. « Nous ? ». Elle n'était qu'à moitié surprise lorsqu'elle l'entendit s'octroyer le mérite de cette trouvaille. Andréa avait découvert comment créer une distraction. « Nous avons fini par comprendre pourquoi nous avons échoué. ». Originairement, les nanites étaient conçues pour combattre les Wraith. En implantant une petite quantité de tissu Wraith dans le corps d'Elisabeth, les nanites agirait en conséquence. « Comme une petite tumeur. », argumenta Andréa. Elle se tenait au centre de la pièce et se sentait étrangement à l'aise malgré les regards porté sur elle. Teyla et Ronon les avaient rejoints, voulant en savoir plus sur l'état de santé d'Élisabeth.

Ils espéraient que leur stratagème fonctionne. D'après leur hypothèse, ce processus viserait à séparer les nanites des cellules d'Elisabeth. Mais cette attaque prendrait quelques secondes aux nanites avant de s'affairer de nouveau sur le docteur Weir. Ils venaient d'exposer leur divergence d'opinion, sous les yeux attentifs des membres présents. Andréa avait eu raison de garder en tête l'idée de l'impulsion électromagnétique car c'était exactement ce qu'ils allaient faire lorsque les nanites auront été distraites par les tissus Wraith.

Il s'agissait d'une opération périlleuse qui la rendait nerveuse mais elle était entourée des meilleurs, mais bizarrement, elle n'avait pas de doute quant au succès du processus. Son anxiété venait du fait qu'une part d'inconnue venait s'immiscer dans l'histoire. Elle commença la liste des « et si… », la faisant perdre un instant tout repère dans l'espace-temps. Voyant qu'elle n'était plus avec eux, Teyla posa discrètement sa main sur son épaule, sans la brusquer. « Tout va bien docteur Davis ? ». Elle sursauta, puis adressa un sourire peu convainquant à l'Athosienne en hochant la tête.

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Teyla avait suggéré à Andréa de faire une pause. L'impulsion électromagnétique avait fonctionnée correctement mais cela n'avait pas totalement éradiqué les nanites. Une vingtaine de microrobot présent dans son cerveau continuait de s'activer. L'idée avait été bonne mais n'avait pas suffi à ramener Élisabeth. Elle ne voulait pas abandonner mais Teyla avait insisté en voyant que Davis n'avait plus les idées claires. Personne ne lui en voulait d'être partie, du moins c'est ce que l'Athosienne lui avait dit. Elle s'en voulait tellement qu'elle avait quitté la pièce sous les yeux incriminant de Rodney. Le vivant comme un échec, elle avait en tête de se changer les idées et quoi de mieux qu'un café pour réfléchir à une autre solution.

C'est à ce moment que Teyla l'avait suivi dans le couloir la conduisant au mess. « Ce n'est pas votre faute, docteur. ». Elle appréciait ses mots, même s'ils se cognaient à un mur qu'Andréa avait elle-même construit à l'entrée de son cerveau, à deux pas de sa raison et de sa confiance en elle. « Vous pouvez m'appeler par mon prénom vous savez. ». Se faire appeler « doc. » ou « Davis » ou encore « Madame » à longueur de journée commençait à l'irriter. Que ce soit sur son temps de travail ou sur ses heures de repos, personne ne l'appelait par son prénom, si ce n'est Radek. Malgré le fait d'avoir deux uniformes bien distincts, elle avait du mal à faire la part des choses.

« Avez-vous songé à arrêter le café ? ». L'Athosienne avait clairement vu sa nervosité et son manque de caféine jouer sur ses nerfs. « Je vous avoue que ça ne m'a pas traversé l'esprit. C'est un peu comme respirer, ça fait partie de mon quotidien. ».

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Un rapide aller-retour au mess avait suffi à Rodney et Carson pour trouver une alternative. Ils n'avaient pas abandonné comme Andréa l'avait fait, du moins selon son propre état d'esprit actuel. Lorsque les deux femmes étaient entrées dans la pièce, elles avaient aperçu Rodney s'afférer sur les branchements du scanner, tentant le tout pour le tout. Envoyer une impulsion électromagnétique via l'appareil en modifiant les polarités relevait littéralement du génie et elle comprit pourquoi Rodney possédait trois doctorats. Carson savait que ça n'allait pas suffire alors il opta pour une alternative qui doublerait leur chance de réussite. « Des nanites ont migré dans les artères qui acheminent le sang vers son cerveau. ». Il s'adressa à un membre de l'équipe médicale venu en renfort. « Mettez-là sous oxygène à cent pour cent et injectez de la norepinephrine, 5 cc par minute. ».

Alors que l'on exécutait son ordre, il se sentit obligé de s'expliquer. « La réduction de l'afflux sanguin va la mettre en hypoxie cérébrale. ». Il ne fallait pas être devin pour que Rodney ne comprenne les conséquences. « Elle sera réduite à l'état de légumes ! ». Sheppard était persuadé que seule Élisabeth avait le pouvoir de s'en sortir à présent, malgré l'aide extérieure qu'elle pouvait recevoir. « Sauf si elle se bat. ». Il n'était pas physicien et n'avait pas de diplôme en médecine mais il connaissait le fonctionnement des Réplicateurs. « Les Réplicateurs essaient de prendre le contrôle en remplaçant sa conscience. Peut-être que l'impulsion à suffisamment marché pour que l'on joue à armes égales. On lui a donné une chance de se battre. ».

Andréa observait l'écran et ne pouvait que constater la multiplication fulgurante des nanites dans son corps. D'après ses calculs, il fallait deux heures pour qu'ils se retrouvent au même point que lorsqu'ils l'avaient trouvée.

À la surprise de tous les membres présents, Sheppard pénétra dans la zone contaminée, et posa sa main sur le bras d'Élisabeth. Persuadée qu'elle l'entendait, il n'hésita pas à lui ordonner de se battre. Choquée par cet acte inconscient, Andréa entendit Rodney crier. « Vous êtes cinglé ! Elle peut vous infecter ! ».

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Ces mots avaient eu un Impact sur elle. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle s'était sentit perdue. Ce même sentiment revenant encore et encore. Élisabeth avait cette impression de déjà-vu qui ne lui plaisait pas. Après quelques secondes, elle prit conscience de son environnement. Le plafond, les murs et puis, Carson. Elle n'avait pas rêvé, Carson était là. Était-ce encore son imagination ? C'est lorsqu'elle vit Teyla et Ronon à ses côtés qu'elle comprit. Elle prit une grande inspiration et remercia silencieusement le ciel d'être sortie de ce cauchemar.

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Andréa se tenait face à l'océan, les bras posés sur la rambarde. Cela devait faire une demi-heure qu'elle contemplait les étoiles. Elle semblait émerveillée à chaque fois qu'elle regardait à l'extérieur. Cela semblait être un nouveau paysage à chaque fois qu'elle levait les yeux. Suite à sa conversation avec Teyla, elle avait finalement opté pour une infusion, ce qui l'aiderai probablement à dormir. Sa boisson chaude dans les mains, elle tourna la tête lorsqu'elle entendit la porte derrière elle s'ouvrir.

Le Colonel Sheppard s'avança vers Andréa, imitant sa posture. « On a eu chaud, hein !? ». Sheppard acquiesça, ne pouvant que lui faire remarquer que tout c'était heureusement bien terminé. Les nanites avaient été tellement occupés à prendre le contrôle du corps d'Elisabeth, qu'ils n'avaient pas infecté Sheppard.

« Comment faites-vous, Colonel ? ». Il n'avait pas saisi de quoi elle voulait parler précisément alors il attendit. « Je vous ai observé aujourd'hui. Vous avez su garder votre calme sans céder à la panique. ». Il avait souri à cette remarque et ne savait pas quoi lui répondre à part qu'elle s'habituerait. Il était convaincu que ce n'était pas ce qu'elle voulait entendre alors il adapta son discours.

« Nous avons vécu des expériences qui nous dépassent mais si j'ai appris une chose sur Atlantis, c'est que rien n'est insolvable. C'est grâce aux rats... ». Il trébucha sur ses mots lorsqu'il vit ses yeux le fixer, puis reprit rapidement. « Grâce au personnel comme vous. ». Elle tourna la tête et ne put s'empêcher de rire. « Je pense que vous passez trop de temps avec le docteur Mckay. Et nous sommes bien plus que des rats de laboratoire, Colonel. ». Il s'excusa même s'il comprenait peu à peu le fonctionnement de la jeune femme.

Ils étaient restés là, sans se dire un mot, observant les lumières de la cité danser sur la surface de l'eau. Prenant un air compatissant, Sheppard posa une main sur son épaule et lui fit face. « Vous avez fait du bon travail aujourd'hui, Davis. ». Elle ne savait pas vraiment si elle avait pu aider comme il le fallait mais ce simple compliment la conforta dans son choix d'avoir accepté cette expérience sur Atlantis. « Merci Colonel. ».

« Je suis désolé que vous ayez raté votre première mission. ». Jetant un œil à sa gauche, elle pouvait lire la sincérité sur son visage. « Ce n'est pas grave Colonel, les choses n'arrivent pas vraiment par hasard n'est-ce pas ? ». Il fut surpris qu'une personne croyant en la science, se basant sur des faits concrets, puisse tenir un tel discours. « Et quelle leçon en tirez-vous ? ». « Maintenant, le docteur McKay connait mon nom. ». Sa spontanéité ne l'avait pas étonné et l'avait fait sourire. Andréa manqua de s'étrangler en avalant sa gorgée, jusqu'à en tousser, repensant à ce qu'elle venait de dire. Les tensions de cette journée avaient clairement pris le dessus sur ses émotions, invitant son esprit à agir par pulsion et à parler sans réfléchir.

Alors qu'il rebroussait chemin, il interpella la jeune femme qui s'était retournée. « Allez vous reposer, nous partons explorer une planète demain à huit heures. ». Il eut tout juste le temps de voir son visage s'illuminer avant de tourner les talons. C'était sans un mot de plus qu'il laissa Andréa digérer cette annonce et profiter de la vue. L'infusion de Teyla était finalement la bienvenue et elle sentait qu'elle allait bien dormir. Elle était définitivement convaincue que les choses n'arrivaient pas par hasard. Radek n'allait jamais la croire quand elle lui raconterait sa journée.

TBC …