Chapitre 5

Les premiers jours avaient été compliqué pour Andréa. Ses cauchemars la perturbaient au point d'avoir peur de s'endormir. Elle revivait sa détention encore et encore la plongeant dans un état de stress proche de celui du deuil. Elle était trop fière pour en parler à qui que ce soit et ses a priori vis à vis des spécialistes la confortait dans son mutisme.

Teyla était l'une des rares personnes de cette base à percevoir les ressentis des gens sans même avoir à parler, alors quand elle lui avait proposé une séance de méditation elle n'avait pas hésité longtemps. Mais plus elle réfléchissait, plus elle se renfermait sur elle-même, ne faisant qu'accroitre l'intensité de ses tourments nocturnes. Il était indéniable qu'elle ne dormait pas bien même si elle réussissait parfois à faire des nuits de huit heures non-stop. Pourtant elle se réveillait fatiguée comme si son corps lui réclamait davantage de repos.

Alors, comme à son habitude, elle se réfugiait dans le travail. C'était la seule alternative qu'elle avait trouvée. Elle pensait sans doute échapper à ses démons en occupant son esprit. Mais une fois le travail terminé, ses pensées obscures la rattrapait. Cela devenait un cercle vicieux. Ne pouvant plus stopper le train en marche, elle devait faire quelque chose.

Une multitude de question fusait dans la tête depuis les récents évènements. Elle avait discuté à deux reprises avec le Major Lorne, se demandant comment Kolya connaissait son nom. Lorsque l'ex-Genii avait voulu s'emparer d'Atlantis, le Major n'était pas présent, alors cette question l'avait fait réfléchir et elle l'avait posée au principal intéressé.

Il lui avait raconté comment Ladon avait fait prisonnier son équipe pendant des jours, faisant croire à Atlantis qu'ils étaient morts dans un incendie, évitant ainsi de se lancer à leurs recherches. Ladon avait été mandaté par Kolya pour mettre en scène leur mort, allant jusqu'à placer leurs plaques d'identité sur des corps calcinés.

Il n'avait pas fallu longtemps à Carson pour découvrir la supercherie et ils avaient été libérés grâce l'équipe du Colonel Sheppard. Il n'avait pas subi de violence, si ce n'est quelques coups face à sa réticence de servir de cobaye. Les Genii avaient prélevé du sang sur les membres possédant le gène des Anciens, voulant en savoir plus sur cette anomalie génétique. Andréa avait saisi à ce moment de quoi était capable le peuple Genii. Même si les récents évènements lui avaient prouvé qu'ils n'avaient aucun état d'âme, elle n'imaginait que trop bien la cruauté qui les habitaient.

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Après une semaine de convalescence, ses forces revenaient peu à peu et elle se sentait prête à aller de l'avant. Son état physique lui permettait de reprendre ses vieilles habitudes de maintien en forme. Elisabeth était venue s'excuser peu de temps après son réveil à l'infirmerie. En tant que chef d'expédition, elle lui avait expliqué qu'elle ne pouvait pas céder à ce genre de manipulation. Davis ne lui en tenait pas rigueur et savait pertinemment que chaque mission était risquée.

Personne ne savait dans quel état et surtout s'ils allaient revenir à chaque fois qu'ils passaient la porte des étoiles. Elle devait reprendre du service le jour suivant et elle était plus que ravie de retrouver Radek, qui lui avait rendu visite le plus souvent qu'il avait pu.

Il avait été aux petits soins pour elle dès qu'il avait appris la nouvelle. Il s'était efforcé de se plier à ses demandes les plus farfelues, même quand elle lui avait demandé un jus d'ananas pressé. Elle adorait le taquiner comme une petite sœur le faisait, face à son grand frère trop gentil pour refuser.

À sa grande surprise, Rodney aussi était venu la voir. Leur discussion n'avait duré qu'une minute mais elle avait apprécié l'effort. Ronon et Teyla n'étaient resté que quelques minutes également mais ils avaient pris la peine de prendre de ses nouvelles. Elle se sentait reconnaissante et considérée, de l'attention qu'elle avait suscitée.

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Mckay avait été envoyé sur Terre pour convaincre sa sœur Jeannie, de l'aider sur une sombre histoire de revue scientifique. Andréa n'en savait pas plus mais ils devaient passer un mois sur le Dédale, ce qui n'était pas pour lui déplaire d'être affiliée à l'équipe de Radek pendant ce temps. Rodney pouvait être charmant mais il devenait vite désagréable si l'on n'allait pas dans son sens. En une semaine, elle avait croisé peu de personne mis à part Carson, Elisabeth, Radek et le Major Lorne. Elle se cantonnait au strict minimum ; courir, travailler, manger et dormir.

Les jours passaient et cela faisait déjà deux semaines que Rodney était parti. Cela faisait plusieurs soirs de suite qu'elle s'était vu se réveiller au beau milieu de la nuit, la tête posée sur son bureau. Il était indéniable qu'elle était épuisée. Elle avait retrouvé le morale grâce à Radek qui s'efforçait de la faire rire à ma moindre occasion. Elle adorait écouter ses anecdotes de retour de mission. Il savait s'y prendre pour lui remonter le moral.

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Un soir, alors qu'elle travaillait sur un énième projet urgent, elle décida de s'accorder une pause bien méritée. Le laboratoire s'était vidé progressivement, la laissant seule à son bureau. Elle ôta ses lunettes et se frotta le visage énergiquement pour lutter contre sa somnolence. Elle devait faire une pause mais ne voulait pas s'endormir, pas tant qu'elle n'aurait pas terminé de déchiffrer un texte que Radek lui avait demandé de traduire.

Sa vision devint subitement floue, ses paupières faisant de la chaise longue. Assise sur son tabouret, elle posa sa tête entre ses bras, se convainquant qu'elle devait fermer les yeux, juste assez pour chasser la sensation de brûlure dans sa rétine. Son esprit ne mit pas longtemps à divaguer, acceptant peu à peu la main tendue par Morphée. Sa rêverie la ramena sur cette chaise familière et elle se sentit oppressée. Les odeurs, les bruits environnants, la pression des lanières sur ses poignées, tout était réunis pour la faire replonger dans ce cauchemar.

Tout alla rapidement et elle se repassa le fil des événements passés, ressentant une fois de plus les chocs électriques qu'elle avait reçu. La douleur paraissait terriblement réelle.

Ses pensées l'avaient transportée jusqu'à la salle où avait été détenu le Colonel. Elle n'y avait jamais été mais elle avait lu un des rapports de mission à ce sujet, pensant que ça l'aiderait à aller de l'avant. Elle n'imaginait que trop bien la scène. Elle pouvait encore entendre Kolya lui répéter en boucle que le Major Lorne avait été tué. Son cœur s'accéléra en signe de protestation dû au stress et un nœud se forma rapidement dans son estomac, comprimant ses autres organes avoisinants. Elle visualisait le visage de Sheppard et la main du Wraith qui allait s'abatte sur sa poitrine d'un instant à l'autre.

Soudain tout changea. Il ne s'agissait plus du Colonel mais bien du Major Lorne. C'était lui sur cette chaise. Pourquoi faisait-elle une fixette sur le Major ? Alors que la main du Wraith s'approchait dangereusement de lui, elle cria de toute ses forces pour le stopper.

Une main posée sur son épaule la tira de son cauchemar et elle fut surprise de se trouver face à son ordinateur lorsqu'elle ouvrit les yeux. « Doc !? ». Elle haleta quelques secondes avant de lire l'incompréhension et l'inquiétude sur le visage de la personne qui venait de la réveiller. L'homme s'accroupi auprès d'elle sans rompre le contact sur son épaule. Elle ne put s'empêcher de laisser échapper quelques larmes.

Dans un geste de compassion, il l'attira doucement vers lui pour l'étreindre. Elle se laissa faire et nicha sa tête au creux de son épaule. La pression se dissipa lentement, laissant place à de légers tremblements. Il desserra ses bras et cessa le mouvement de sa main dans son cou qu'il avait jusque-là exercé avec bienveillance, lorsqu'il sentit qu'elle reprenait une respiration normale.

Il était là, bien vivant. Le Major Lorne se tenait devant elle, et il venait de lui donner tout ce dont elle avait besoin ; la preuve qu'il allait bien. Il se redressa lentement en affichant un rictus explicite alors qu'elle s'essuyait grossièrement les yeux. « Tout va bien, Andréa. ? Je faisais un tour et j'ai entendu des cris. ». Elle se sentait honteuse de cette effusion incontrôlée et ne savait plus où se mettre. « Oui. Ça va mieux, merci. », répondit-elle simplement.

Encore désorientée, elle ne savait plus où regarder. Elle hésitait entre reprendre le travail et aller dormir dans ses quartiers. « Quelle heure est-il ? ». Il regarda sa montre. « Sept heures et demi. ». Elle ne semblait pas choquée à cette annonce et ne savait même pas à quelle heure elle s'était endormi. Andréa fronça les sourcils en entendant les râles de son estomac. Face au timing parfait, un rire étouffé s'échappa, lisant la gêne sur son visage. Elle fixa ses yeux et descendit plus bas jusqu'à rester perplexe face à ses fossettes qui complétaient le tout. Elle s'ordonna de stopper ses pensées insensées lorsqu'il lui tendit la main pour la faire se relever. Elle n'hésita pas longtemps avant de la saisir. « Vous voulez en parler autour d'un café, doc. ? ».

Elle se demandait si c'était une bonne idée de devoir revivre tous ces événements mais elle accepta sans broncher. Il fallait qu'elle parle à quelqu'un de ses cauchemars et qui de mieux placé que celui qui en était le personnage central ?

Elle fut contente de ne pas trouver beaucoup de monde au mess. Assise près d'une fenêtre, elle contemplait l'océan au travers. Le mouvement des vagues lui indiquait clairement qu'il devait y avoir du vent. Elle monta instinctivement ses genoux à sa poitrine et entoura ses bras autour de ses jambes pour maintenir cette position. La fatigue était bien présente en elle et un bâillement non dissimulé provoqua une vague de frisson sur ses bras nus. Le Major prit place à la table et posa délicatement une tasse en face d'elle. Elle le remercia et vint poser ses mains tout autour pour se réchauffer. « Vu votre état de fatigue, j'ai opté pour un décaféiné. ». Il était tellement attentionné que ça lui parut étrange sur le moment, se demandant comment un homme d'apparence froid et rigide pouvait être aussi doux et gentil. « Merci Major. ».

Elle n'osait pas parler de ses cauchemars, ne voulant pas se sentir juger. Ils se connaissaient à peine et pourtant elle avait eu la peur de sa vie quand Kolya l'avait déclaré mort. Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ? « Alors ? ». Face à son silence, Lorne avait attiré son attention.

« Désolée, Major. Je suis un peu distraite ces temps-ci. ». « Et c'est compréhensible. ». Il avait de la peine pour elle mais ne savait pas comment l'aider. Il savait que la parole pouvait être libératrice, c'était d'ailleurs pour ça qu'il l'avait emmenée au mess. Pensant que les langues se déliaient plus facilement autour d'une boisson chaude, il espérait obtenir quelques informations sur sa réaction passée. Pourquoi l'avait-elle réclamé ? Ce fut sans détour qu'il lui demanda. « Vous faites souvent des cauchemars depuis votre retour ? ». Il était direct et ne passait pas par quatre chemins. Elle avait senti qu'il voulait l'aider et qu'il n'allait pas la ménager. C'était peut-être ça qu'il lui fallait.

« Je ne me l'explique pas, Major. Je ne comprends pas pourquoi je revois cette scène en boucle ! ». Reposant sa tasse fumante, il la fixa. « Ça a été un gros stress, doc. Donnez-vous du temps ! ». Elle releva les yeux vers lui et sentit une vague d'émotions remonter. « Vous ne comprenez pas ! Je vois cette chaise… et la main du Wraith qui s'approche… mais au dernier moment ce n'est pas le Colonel que je vois… ». Il fronça les sourcils et la laissa terminer. « C'est vous ! ».

Face à son incompréhension elle continua. « Croyez-moi, je trouve ça aussi dingue que vous ! Vous et moi, on ne se connaît pas beaucoup. Je ne comprends pas pourquoi ça m'atteins autant. Je veux dire, Atlantis est comme ma famille de substitution mais pourquoi n'ai-je pas ressenti la même chose pour Sheppard alors que c'est lui qui a vécu cela ? ». Son visage resta impassible, cherchant lui aussi une explication. « En avez-vous parlé au docteur Heightmeyer ? ». « Non. », souffla-t-elle. Après une minute de silence, elle regarda le Major siroter son breuvage. « Assez parlé de moi ! Que faites-vous debout à cette heure tardive, Major ? ».

Il fut d'abord surpris puis se détendit, conscient de la tournure plus agréable que prenait cette conversation. « Oh… Vous savez quand Sheppard n'est pas en ville, je dois prendre la suite donc le repos n'est pas vraiment de mise. ». Satisfaite, elle acquiesça simplement. « Et comment va votre poignet ? ». Il le tortilla et se sentit gêné l'espace d'une seconde d'être le sujet principal de la conversation. En général, personne ne se souciait vraiment de ce type de blessures bénignes, si ce n'est Carson. « Mieux, merci. Ce n'était qu'une foulure, selon Beckett, je suis comme neuf. ». Elle se redressa, posant ses pieds au sol et lui avait souri. « Contente de l'entendre. ». « Et vous ? Comment vous sentez-vous ? Je veux dire, physiquement. ». Scrutant son propre corps, elle relativisa. « Carson m'a dit que je garderai probablement des traces mais ça ne se voit pratiquement plus. Ceci dit, j'ai hâte de reprendre le sport. Même si les chocs électriques que j'ai reçus ont apparemment fatigués quelques organes, je dois juste y aller doucement. ». Il fronça les sourcils, visiblement étonné qu'un scientifique prenne soin de son endurance. Il n'eut pas besoin de poser de questions et elle continua. « Ne me regardez pas comme ça Major. », avait-elle sourit.

Il leva les mains vers elle en signe de défense. « Je n'ai rien dit. C'est juste que c'est assez inhabituel de voir un scientifique faire du sport. Regardez Mackay par exemple. ». Elle ne put s'empêcher de rire, l'imaginant prendre une raclée par Teyla sur le tatami. « C'est une habitude que j'ai prise au SGC. Je m'accordais quarante-cinq minutes tous les matins. C'est important de garder la forme. J'ai besoin d'oxygéner mon cerveau pour être opérationnelle dans mon travail. ». Impressionné par cette façon de voir les choses, il hocha la tête.

Il avait secrètement gardé l'image d'elle allongée dans cette pièce sombre et il se sentait obligé de l'aider à traverser cette épreuve. Ce n'était pas de la pitié mais il se sentait coupable d'être le protagoniste de ses terreurs nocturnes. Alors il lui proposa sans détour de venir la chercher deux matins par semaine pour s'entraîner avec elle. « Vous savez Major, je ne suis pas certaine de pouvoir suivre votre rythme. Je n'ai pas couru depuis que je suis ici. ».

« Je m'adapterai, ne vous en faites pas pour moi. ». Elle se sentait flattée mais ne voulait pas être un fardeau pour lui. « Ne vous sentez pas obligé à cause de ce que je vous ai dit. ». Il insista sur le fait que cela ne le dérangeait pas et elle finit par accepter face à son insistance persuasive. Elle avait le sentiment qu'il allait être un atout dans sa guérison physique et mentale. « Alors, nous avons un accord. ». Elle avait saisi la main qu'il lui avait tendu et la secoua mollement avant de les reporter sur sa tasse devenue tiède. Percevant la froideur de sa main il n'avait pas hésité à enlever sa veste pour lui déposer sur ses épaules.

D'abord gênée, elle avait fini par l'accepter, se sentant beaucoup mieux ainsi. « Je pense que l'on doit établir quelques règles. ». Elle fronça les sourcils en se demandant de quoi il en retournait avant qu'il ne continue. « Après le service, c'est Evan. Juste Evan. Il n'y a pas de Major. Compris ? ». Elle sourit timidement en découvrant son prénom qui relevait jusque-là du mystère. Sa démarche était purement amicale et elle se prêta au jeu. « Alors ce sera Andréa pour vous, Major. ». Il pencha la tête et tenta de prendre un air faussement méchant, ce qui les fit rire un moment. « Vous êtes encore en service il me semble. ». Il regarda sa montre et releva les yeux. « Plus depuis un moment. ».

Ils avaient longuement échangé sur leur emploi du temps respectifs à venir, tentant de planifier leur séance de sport hebdomadaire. Cela devenait compliqué pour Evan car il pouvait être appelé n'importe quand. C'était le lot d'un commandant en second d'être réquisitionné lorsque le Colonel Sheppard était hors monde, mais cela faisait partie intégrante de son travail.

Ils étaient restés presque une heure à parler de chose et d'autre jusqu'à ce qu'elle se mette à bailler à intervalles réguliers. Il jugea bon de la ramener à ses quartiers avant qu'elle ne s'endorme sur place. Elle s'était excusé une dizaine de fois en chemin, voulant pourtant continuer leurs échanges. Elle n'aurait jamais cru cela possible de se lier d'amitié avec une personne qui n'était pas un simple civil.

Les scientifiques se mêlaient rarement aux membres du corps militaire mais il y avait comme une alchimie entre eux. Il pouvait sentir la même chose à son sujet et il était content de pouvoir parler d'autre chose que de tactique militaire. C'était une simple conversation banale entre deux adultes. Ils s'entendaient bien et espéraient secrètement que ce lien se transformerait en amitié sincère. Ils étaient arrivés dans le couloir menant aux quartiers de Davis et s'étaient arrêté devant la porte. Elle enleva la veste qu'il lui avait passé sur les épaules et le remercia. Après s'être saluer d'un « bonne nuit » conventionnel, il fit demi-tour et la laissa retrouver son cocon. « Evan ! », l'avait-elle appelé. Il stoppa son ascension et se retourna.

« Je suis contente que vous alliez bien. ». D'un air amusé il lui avait souri. « Je n'ai jamais vraiment été en danger, doc. ». Consciente de cette révélation pourtant évidente, elle baissa la tête. « Je sais ». Ce fut ainsi qu'ils s'étaient quittés à contre-cœur. Elle avait passé un bon moment en sa compagnie et elle voulait recommencer. Sa présence la rassurait et il avait eu les mots justes tout au long de leur longue conversation. Ce fut une des rares nuit où elle n'avait pas fait de cauchemars.

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Il s'était écoulé deux semaines depuis qu'elle avait partagé un café avec Evan. Comme convenu ils s'étaient retrouvés deux matins dans la semaine pour partager une séance d'endurance. Ils avaient couru trente minutes et Andréa avait presque récupéré sa forme physique.

Elle avait hâte de se reposer, une nouvelle semaine allait s'achever et elle avait refusé deux fois les propositions d'entrainement du Major. Elle n'avait dormi que deux fois dans ses quartiers et avait passé les autres nuits à son bureau. Evan avait cessé de lui demander de l'accompagner, comprenant qu'elle avait beaucoup de travail. Elle n'avait pas vu passer les jours, trop occupée à travailler avec Radek. Les rares fois où Lorne et Davis s'étaient parlé, avaient été uniquement au détour d'un couloir et de manière formelle.

Rodney était toujours sur le Dédale avec sa sœur Jeannie, travaillant ensemble sur une théorie de cette dernière. Il avait mandaté Radek et Davis pour approfondir ses recherches et avait mentionné plus d'une fois le niveau d'urgence. Ils travaillaient sous pression depuis plus de huit jours consécutifs et la fatigue commençait à se faire sentir chez les deux physiciens, devenant presque irritables. Ajoutez à cela des repas pris à la hâte quand ils avaient le temps et vous obtiendrez un mélange détonant, faisant fuir quiconque ne parlant pas le langage scientifique.

Lorne avait pourtant pris le risque et passa la porte du laboratoire. Il s'engouffra dans la pièce, cherchant Andréa du regard et ne tarda pas à la trouver derrière un bureau, concentrée sur un graphique coloré projeté sur son écran d'ordinateur. Les yeux plissés, elle tenait une tablette dans ses mains et un amas de feuilles recouvrait son bureau. Il se demandait comment elle arrivait à s'y retrouver dans ce bazar.

Il s'arrêta un moment, happé par une vive lumière blanche et regarda sur sa droite. Une pièce annexe, d'apparence stérile, regorgeait de scientifiques, tous vêtus d'une combinaison blanche jetable. Il aperçut au loin Radek mais aucun d'eux n'avaient remarqué la présence du Major. Il reporta son attention sur Davis et s'approcha d'un pas franc.

Elle avait bien entendu des pas s'approcher sans se douter qu'il ne s'agissait pas d'un de ses collègues. « Alors ? », demanda-t-il. Elle leva un œil de son écran et fut étonnée de le trouver là. « C'est aujourd'hui le grand retour de McKay. Il paraît qu'il vient avec sa sœur. ». Concentrée, elle essaya de continuer son travail, tout en lui parlant. « Oui, à ce qu'il paraît. ». Elle ne voulait pas paraitre impolie mais elle était loin d'avoir terminé. « Tout va bien ? ».

Elle ôta ses lunettes et se frotta les yeux pour améliorer sa vision qui devenait de nouveau floue, voulant chasser cet inconfort. Cette sensation de mal-être commençait à la peser. « Ouais… c'est juste que Radek m'a demandé de travailler sur un projet qui demande beaucoup de patience… et de concentration. ». Elle fit pivoter son tabouret et lui fit face. Elle avait une mine affreuse, son teint était à la limite du gris, ses yeux peinaient à reste ouverts et des cernes commençaient à se former.

« Quel est le problème ? ». Elle baissa les yeux et massa ses tempes un instant, prenant un air frustré. « Je suis loin d'avoir fini. ». Il l'aurait bien aidé mais étant un homme de terrain avant tout, ses compétences ne lui serviraient pas à grand-chose. « Vous ne m'aviez pas dit que faire du sport aérait votre cerveau !? ».

Elle afficha un sourire qui la détendit presque immédiatement. « Ce sont vos mots », s'était-il défendu en levant les mains. Il posa sa main sur son épaule et pris une voix plus douce. « Faite une pause, doc. ». Elle expira bruyamment et s'étira de tout son long, faisant craquer quelques os au passage. « Très bien Major. Que proposez-vous ? ». Elle jeta un œil à sa montre et se leva. « Je ne peux vous accorder qu'une heure, sinon je ne donne pas cher de ma peau. ».

Il n'était pas encore midi ce qui leur permis de se rendre au mess sans entendre le brouhaha méridien. Les membres de l'expédition étaient presque tous réglés comme du papier à musique et ils n'allaient pas tarder à croiser de plus en plus de monde. À en juger par son nouveau tic de se masser les tempes, il jugea bon de ne pas l'emmener manger dans un endroit trop bruyant. Arrivés au mess, ils avaient rempli deux plateaux avant de se diriger vers un des balcon annexe donnant sur une vue imprenable. Le soleil reflétait sur le bleu azur de l'océan, ce qui détendit ses muscles presque immédiatement. Cela faisait quelques jours qu'elle avait à peine vu la lumière du jour alors elle s'attabla et ferma les yeux pour profiter de la chaleur d'un rayon de soleil éclairant son visage.

Il l'a trouvé fatiguée et ne pouvait s'empêcher de l'observer. La lumière éclairait ses cheveux, reflétant les reflets roux en sa base. La luminosité faisait ressortir le bleu de ses yeux qui se mariaient parfaitement avec l'océan. « Vous travaillez sur quoi ? ». Interrompue dans ce moment agréable, elle ouvrit un œil et le fixa. « Vous êtes vraiment sûr de vouloir savoir ? ». Faussement intéressé, il hocha tout de même la tête, prêt à prendre le risque. Il ne put que sourire lorsqu'il vit la lueur dans son regard, illuminant davantage son visage. C'est lorsqu'elle posa ses couverts qu'il comprit que ça allait probablement être long.

« Ok, Rodney a une théorie sur l'énergie point-zéro d'un univers parallèle et il pense qu'en recréant des particules exotiques il peut réussir à former une sorte de pont reliant les univers entre eux. Sa sœur a prouvé scientifiquement que ce pont peut être construit. Nous devons extraire l'énergie d'un module point-zéro à partir d'un subespace. Mais vous le connaissait mieux sous le nom d'E2PZ. ».

Cela faisait beaucoup trop d'informations pour lui, ne comprenant pas comment cela pouvait être passionnant. « Ok, stop. ». Elle s'arrêta nette et leva les yeux, comprenant que son monologue devenait soporifique. « C'est super intéressant je vous assure, c'est juste que je raconte mal », s'était-elle faussement défendue. Il ria de nouveau et se demandait si la mauvaise foi avait été fourni en même temps que l'obtention de son diplôme.

« Un univers parallèle ? ». Il se demandait comment c'était possible. « En fait il n'y en a pas qu'un. Mais nous ne savons pas combien exactement. ». Il ne savait pas s'il devait être impressionné ou inquiet. « Ça ne vous plairait pas de rencontrer votre clone ? ». Il ouvrit la bouche, pesant le pour et le contre. « Je ne sais pas. Imaginez que ce type soit un fugitif, un sombre idiot, un dresseur de tigres ou pire… un scientifique. ». Il ne put que rire à sa blague, espérant ne pas froisser l'ego de la femme assise en face de lui. Elle esquissa un sourire, balançant sa tête de droite à gauche. « Vous avez de la chance que mon état de fatigue ne me permette pas de rétorquer à cette attaque purement gratuite. ». Il plissa les yeux et afficha un regard malicieux, croquant sa pomme à pleines dents. Il la fixa un moment jusqu'à sentir le malaise qu'il avait créé et lui posa la même question. « J'y ai réfléchi et je me dis qu'avoir un deuxième cerveau comme le mien pourrait me permettre de travailler un jour sur deux. ». Ce n'était pas la réponse à laquelle il s'attendait mais il avait salué le côté pratique.

« Quand est-ce que vous partez hors monde ? ». Cela faisait quinze minutes que tout tournait autour d'elle et elle se sentit mal quand elle réalisa qu'il l'avait emmené hors de son laboratoire pour justement couper du travail. « Oh… nous avons quelques interventions de prévus mais rien de définitif ». Elle hocha la tête, ne sachant pas vraiment en quoi consistait son travail quand il n'était pas sur le terrain.

« Ça vous plaît ? ». Il haussa un sourcil, se demandant de quoi elle voulait parler. « Tout ça. … Être loin de votre famille, côtoyer des peuples extraterrestres, découvrir de nouvelles espèces d'animaux, risquer votre vie dans une autre galaxie… ». Elle n'avait jamais vraiment réfléchi au fait d'être exposer au danger lorsqu'elle avait mis les pieds au SGC. Travailler derrière un bureau ne comportait pas vraiment de risques jusqu'au jour où elle avait commencé à travailler sur des objets extraterrestres. « Je dois dire que oui. J'ai vu assez de choses pour croire un inconnu s'il me dit qu'il a vu un pingouin voler. ».

Elle se sentait vivifiée après s'être exposée au soleil et à l'air frais. Cela lui avait fait le plus grand bien de se trouver ailleurs que dans son laboratoire. Elle n'avait même pas remarqué que ses maux de tête avaient disparu et elle était prête à retourner travailler. Elle avait remercié Lorne pour ce moment d'échange et de détente, comprenant qu'il en avait autant besoin qu'elle. Cette bouffée d'oxygène avait drastiquement abaissé leur niveau de stress, ravis d'avoir pu de nouveau échanger sur leur métier diamétralement opposé.

Après le déjeuner, Evan raccompagna Andréa jusqu'à son poste. Elle lui avait promis de faire plus de pauses, et de s'accorder une séance de sport lorsqu'elle aurait terminé son travail sur ce fameux pont. Ils se tenaient dans le couloir lorsque Radek sortit en trombe du laboratoire, toujours vêtu d'une combinaison blanche devenue semi-stérile. « Où étais-tu ? Je t'ai cherché partout Andréa ! Rodney doit arriver dans moins d'une heure ! ». Lorne leva les yeux au ciel, amusé par la panique que lui provoquait le retour de Rodney et finit par se racler la gorge pour indiquer sa présence. « Oh, bonjour Major. ». Il leva la main pour le saluer sans dire un mot. « Radek, j'étais en train de déjeuner. J'ai presque terminé mon rapport sur les risques de surcharge du module. ».

Lorne ne comprenait pas grand-chose à leur charabia et décida de laisser les deux physiciens. Il se pencha en avant vers eux et leur souri « Amusez-vous bien ! ». Il tourna les talons sans attendre son reste et disparu au détour d'un couloir. Les portes s'ouvrirent, laissant entrer un Radek sous pression et une Andréa dépitée.

C'est une bonne demi-heure plus tard que le visage de Radek se détendit. On apercevait à l'écran une onde sinueuse mouvante et visiblement stable. Radek prit un air glorieux et s'exclama à haute voix. « On le tient les amis, vous avez fait du bon boulot. ». Davis était folle de joie, clôturant un projet important à ses yeux qui lui avait coûté cher en sommeil. Dans l'euphorie, elle étreignit Radek et les quelques scientifiques présents. « Juste à temps », avait-elle fait remarquer.

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Sheppard et Élisabeth descendaient les escaliers vers la salle de contrôle attendant d'une minute à l'autre, Rodney et sa sœur. « Il vous a parlé de sa sœur ? ». Il connaissait son existence mais Rodney ne s'était pas attardé sur son sujet. Il ne s'agissait que de simple réflexion lorsqu'il l'évoquait, comme « même ma sœur peut le faire. ». Elisabeth esquissa un sourire lorsque Radek vint à leur rencontre. « Les simulations sont positives. Nous sommes prêts. », avait déclaré le Tchèque d'un ton enjoué.

À peine arrivés près de la porte, un vaisseau lumineux blanc apparut devant eux, laissant la place à Rodney et Jeannie. Ce n'était que la seconde fois de sa vie qu'elle avait effectué une téléportation et ne elle ne put s'empêcher d'exprimer le fait que cela ne devait pas être bon pour la santé.

« Ne vous en faites pas, je l'ai fait des centaines de fois. ». Elle se retourna et fit face à une main tendue vers elle. « John Sheppard ». Alors qu'elle lui saisit, Rodney ne put s'empêcher de commenter. « Elle est mariée et c'est ma sœur. ». Sheppard lui fit remarquer qu'il l'accueillait simplement comme un membre militaire accueillant n'importe qu'elle autre arrivant et s'était senti offusqué sur le moment. « Oui, je sais exactement ce que vous faites et je connais ce regard, Kirk. ». Elisabeth salua Jeannie d'une poignée de main. « Merci, Meredith m'a beaucoup parlé de vous. ».

Qui était ce Meredith ? Il ne fallut pas bien longtemps avant que Rodney ne se défende. « Oui, c'est petit surnom. ». Il n'avait pas le temps de s'attarder sur ce détail et de se lancer dans des explications concernant le prénom qu'il avait en horreur, puis se dirigea vers le laboratoire.

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Andréa releva la tête lorsqu'elle entendit des voix résonner dans la pièce. Coupée dans sa réflexion, elle soupira bruyamment. Rodney avait investi les lieux, accompagné de sa sœur, de Radek et d'Elisabeth. Après s'être présentée, Jeannie se posta aux côtés de Radek, une tablette à la main. La check-list de Rodney leur confirmait que les champs de confinement, les moniteurs et les conditions de la chambre pouvant accueillir un corps étranger venu d'un univers parallèle, étaient dans le vert.

Après s'être bataillé avec sa sœur pour savoir qui allait appuyer sur le bouton qui activerai le pont, Jeannie pris la direction de ses quartiers provisoires. Andréa avait observé la scène, impuissante. Elle hésita avant de la suivre, ne voulant pas s'attirer les foudres de Rodney si elle quittait son poste. Il l'avait humiliée devant tous le personnel présent, sans se rendre compte du mal qu'il lui avait fait. Andréa avait senti son cœur se cœur se serrer dans la poitrine, ressentant une once d'empathie pour la jeune femme. Comment pouvait-il être si désagréable avec elle alors qu'elle avait trouvé comment relier deux univers parallèles entre eux, seulement en jouant avec sa fille ? La jalousie traduisait clairement l'attitude de Rodney, qui donnait l'impression qu'il se fichait pas mal de sa sœur. Après avoir établi la connexion, la pièce se vida comme neige au soleil, la laissant quasi-seule à son poste.

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Cela faisait quelques heures qu'elle fixait l'écran devant elle, attendant un éventuel changement. Elle ne fut pas déçue lorsqu'un halo jaune se mit à danser sous ses yeux. Une silhouette reconnaissable entre mille se dressa dans le sas en face d'elle. Surprise, elle se leva de son tabouret, émettant quelques jurons au passage et s'adressa aux deux scientifiques encore présents. « Éteignez tout ! ». Elle baissa les yeux sur son écran et pu lire « présence d'un corps étranger ». Elle n'avait pas eu besoin de ce message pour le comprendre, voyant l'homme en face d'elle. « Faites venir Radek ! ». Elle n'arrivait pas à croire que ça avait marché.

Radek arriva quelques minutes plus tard et marqua un temps d'arrêt lorsqu'il aperçut Rodney sortir du sas. « Ça a marché ! ». Mckay s'approcha du groupe de scientifique et s'adressa à Radek, lui demandant à parler au responsable de ce projet. L'incompréhension se lisait sur tous les visages, se demandant s'il s'agissait d'une blague. « C'est vous, Rodney ! », lui répondit Andréa. « Alors j'ai besoin de parler à moi-même. ».

Ils venaient de comprendre que parmi les milliers d'univers parallèles, la seule personne à avoir traverser le pont se trouvait être un Rodney McKay diamétralement opposé du leur. Il avait fallu que ce soit le double de McKay. Andréa aurait préféré avoir affaire au double de Radek mais elle allait se contenter de ce qu'elle avait.

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Rodney passa les portes du mess et entendit distinctement le rire de Ronon. Son timbre de voix particulier ne lui laissait aucun doute. Plus il s'approchait, plus il se sentait mal. Il s'arrêta en observant la scène qui s'offrait à lui. Souvent moqué étant plus jeune, il avait l'impression de revivre son adolescence. Il n'était pas le frère idéal et n'était pas doué avec les relations humaines, mais cela lui faisait du mal lorsqu'il entendait des rires derrière son dos. Le traumatisme qu'il avait subi plus jeune, réveillait sa part de paranoïa, persuadé d'être visé.

Alors, lorsqu'il vit sa sœur entourée de Sheppard, Teyla et Ronon, enclins à un fou-rire, il ne put s'empêcher d'avoir ce sentiment de peur. Mais de quoi avait-il peur ? Jeannie connaissait tous ses secrets ou presque et il n'avait pas envie qu'elle raconte des évènements trop personnels à ses collègues. Lorsque Sheppard releva la tête et l'appela Meredith, il comprit que ses doutes étaient fondés. Que leur avait-elle raconté d'autre ? Le groupe lui assura qu'ils ne parlaient pas de lui et il se laissa convaincre, jusqu'à que Ronon évoque un souvenir intime. « Une fois, les brutes de l'école m'ont mis mon slip sur la tête. Oh attendez, c'était vous ! ». Il jura intérieurement, se demandant comme elle pouvait lui faire ça.

Les haut-parleurs s'étaient mis en route, faisant raisonner la voix d'Élisabeth. Elle demandait à Sheppard et à Rodney de se rendre en salle d'isolement. La surprise avait été de taille, surtout lorsque Rodney avait vu son double enfermé dans la pièce en contre-bas.

Ce double avait été conduit dans cette pièce sous bonne garde, après son apparition dans le champ de force du laboratoire. Élisabeth avait demandé à Radek et Andréa de suspendre le projet afin d'éviter d'ameuter d'autre clones. Après tout, ce double pouvait avoir de mauvaises intentions. Il y avait un faible pourcentage pour que cette situation se produise mais l'homme ressemblant à Rodney en était la preuve vivante.

Après avoir échangé, Jeannie et Rodney avaient une tonne de questions à poser à Rod. Le pont qu'ils avaient construit semblait inoffensif dans l'univers de Pégase mais semblait créer le chaos dans celui de Rod. Pour sauver son univers, Rod n'avait pas hésité à traverser le pont pour les prévenir et leur demander de stopper leur expérience. Sa mission maintenant accomplie, Rod se sentait soulagé d'avoir pu éviter la catastrophe. Le pont étant unidirectionnel, comment allait-il repartir dans son univers ?

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Andréa observait l'écran devant elle, se demandant s'il y avait un moyen de renvoyer Rod chez lui. Elle se mit à réfléchir sur comment inverser le processus. Son cerveau se mit en route et fit le bilan. « Ok, les particules ont endommagé son univers. Si l'on se base sur l'intensité de l'énergie qui l'a amené ici, on peut sûrement... ». Elle sursauta lorsqu'elle entendit quelqu'un appeler Radek. Elle s'était dit qu'il fallait vraiment qu'elle demande un bureau isolé. Agacée par cette interruption en pleine réflexion, Andréa soupira et fit face à l'intru. Son visage se détendit lorsqu'elle le reconnu.

« Major !? Deux fois dans la même journée, je vais finir par croire que vous ne pouvez plus vous passer de moi. ». Il ouvrit la bouche pour expliquer sa présence, étant à court d'idée pour exposer un discours constructif et diplomate, mais se résigna. Alors qu'elle attendait niaisement, elle attendit un moment dans ce silence dérangeant, puis ferma les yeux en comprenant.

« Votre présence n'est pas informelle n'est-ce pas ? ». Elle secoua la tête en se demandant comment elle avait pu penser qu'il était là uniquement pour ses beaux yeux. Il pinça ses lèvres entre elles, confirmant le fait qu'il était bien là pour le travail et tenta de se rattraper. « Ça ne veut pas dire que je ne me soucie pas de votre santé, doc. ». Le malaise planait dans les airs, les laissant tous les deux à leur propre réflexion. « Heu… Sheppard m'a demandé de venir voir comment vous avanciez. ».

« Ne pouvait-il pas envoyer le docteur McKay ? », s'était-elle étonnée. « Apparemment il n'aime pas le fait que Rod soit seul avec sa sœur. ». La jalousie avait eu raison de Rodney qui s'inquiétait sûrement de la place que Rod allait prendre dans leur vie. « Pour l'instant nous cherchons encore un moyen de le renvoyer dans son univers, mais je tiendrais informé le Colonel si nous avons quelque chose. ». Le Major allait partir mais se ravisa au dernier moment, prenant son courage à deux mains. « Hé, doc.. Vous êtes libre ce soir ? ».

Sans vraiment savoir pourquoi, elle avait envie d'accepter mais son travail passait avant tout alors elle déclina son offre. « À vrai dire, je ne sais pas combien de temps ça va nous prendre alors...peut-être une autre fois. ». Elle ne voulait pas le vexer mais il lui en fallait plus pour le dérouter. Il hocha simplement la tête avant de la laisser vaquer à ses occupations. Il avait été déçu sur le coup mais n'avait rien laissé transparaitre. Il aimait bien être en sa compagnie mais il se demanda si tout cela était sain. Il se demanda un instant s'il ne l'étouffait peut-être pas un peu trop avec ses prétextes dissimulés.

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Radek examinait les données émanant du pont lorsqu'il se pressa vers Andréa. Un simple regard avait suffi à leur faire comprendre qu'ils avaient besoin de Rodney.

Il ne fallut pas longtemps avant que l'astrophysicien ne fasse une entrée fracassante. « La suspension a fait empirer les choses. ». Andréa enchaina presque naturellement les paroles de Radek. « Le pont de matière est toujours actif, mais nous n'aspirons aucune énergie. On crée de la pression. ». Zelenka continua ce ping-pong qui fonctionnait parfaitement bien. « Ne pas les rallumer aurait entrainé une surcharge catastrophique. ».

La fratrie resta silencieuse un moment, suspendue aux lèvres de Radek et Andréa, avant que cette dernière ne reprenne. « Ce n'est qu'une estimation mais nous avons une semaine et demie avant que la déchirure ne s'étende à ville de Rod. ». Elle avait dégluti péniblement, sachant pertinemment ce qui pourrait se passer dans le pire des cas. « Ce sera le chaos. », en avait conclu Rodney.

Jeannie regarda Rod, un sentiment de culpabilité l'imprégnant. Elle se sentait presque coupable d'avoir eu l'idée de construire un pont impliquant maintenant leurs deux univers. « Ce serait jeter les lois de la physique par la fenêtre si nous n'arrivons pas à stopper ça ! ». Rod leva les yeux vers Jeannie et lui exposa le pire des scénarios qu'Andréa craignait. « L'entropie s'étend aux couches du subespace sous notre univers. ». McKay prit la suite, comprenant où il voulait en venir. « Elle voyagerait instantanément, effaçant vos existences. ». Il y avait urgence de réparer la déchirure avant d'anéantir l'univers de Rod.

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Après un long moment, la solution s'était imposée à eux, permettant à Rod de regagner son univers sans encombre. Du moins il avait quitté Atlantis et tous espéraient qu'il soit arrivé à bon port. Il n'y avait aucun moyen d'en être sûr mais les relevés indiquaient que c'était le cas.

La fratrie avait trouvé comment déplacer des particules dans un autre espace-temps. Il avait fallu créer une explosion d'énergie leur permettant de détruire le pont qu'ils avaient créé. Cette action aurait pu engloutir toute la galaxie s'ils s'étaient trompés dans les calculs, mais au lieu de ça, ils avaient complètement vidé leur E2PZ. Ne voulant pas prendre de risques d'anéantir une galaxie, ils n'avaient pas lésiné sur la quantité d'énergie émise.

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Evan passa la porte du laboratoire, se demandant s'il y avait quelqu'un. La cité était plongée dans le noir et certaines parties fonctionnaient à l'aide de générateurs de secours. « Bonsoir Major. ». Il lui adressa son meilleur sourire, cherchant indéniablement après quelqu'un ou quelque chose. « Si vous cherchez Radek, il est parti explorer la partie condamnée de l'aile ouest avec Rodney. McKay est persuadé que les Anciens ont cachaient des E2PZ sur la cité. ». Sa réponse lui convenait mais il semblait hésitant. « Est-ce que je peux vous aider ? ». Il n'avait pas l'air d'être en service et elle se demanda s'il cherchait vraiment après le physicien. Elle n'avait pas eu l'occasion d'en savoir plus, voyant qu'il prenait déjà la direction de la sortie après l'avoir saluée.

Cette réaction l'avait fait réfléchir. Quelque chose avait changé dans son attitude mais elle ne savait pas ce que c'était. Son refus de sortir avec lui l'avait peut-être dérouté. Andréa posa rapidement sa main sur son ventre qui réclamait à manger, comme si le son qu'il produisait s'atténuerait sous la pression et l'épaisseur de sa paume. Cela devenait difficile de travailler avec les lumières des générateurs alors elle décida d'arrêter pour la journée. Ils avaient évité la destruction de deux galaxies, alors elle se conforta dans l'idée de pouvoir se reposer.

Le transporteur l'amena sur le balcon qu'elle chérissait, ayant pris pour habitude de s'y rendre régulièrement. Après s'être restauré, elle s'était appuyée sur le fameux garde-corps qui la séparait du vide. La porte du transporteur s'ouvrit brusquement, la faisant se retourner de curiosité. Le Major s'approcha lentement, se demandant s'il avait bien fait de venir. Il fut légèrement soulagé de voir qu'elle avait refusé sa proposition pour être seule et non parce qu'elle devait voir quelqu'un. « Je ne rivalise pas encore contre ce balcon à ce que je vois. »

« Ne le prenez pas mal, mais c'est mon seul sas de décompression de la journée. Ce n'est pas que je ne voulais pas sortir avec vous, je veux dire vous me plaisez. Enfin, pas dans le sens exact du terme, même si pour un militaire vous êtes plutôt en forme. Mon dieu mais qu'est-ce que je raconte ? ». Il aurait bien continué à l'écouter s'embourber mais il avait préféré mettre fin à son supplice, souriant au fait qu'elle n'arrivait pas à se reprendre. Ce monologue hilarant l'amusait mais il eut pitié d'elle. « Je plaisante, Andréa. ». Un simple « Oh » fut la seule chose qu'elle avait pu dire devant son embarra. D'humeur taquin, il n'avait pas envie d'en rester là. « Donc si je vous suis bien, je n'ai pas le profil d'un militaire, hein ? ». Elle savait qu'elle en avait trop dit. La fatigue accumulée ne jouait pas en sa faveur, n'ayant plus les ressources nécessaires pour réfléchir avant de parler. Il lui donna un léger coup d'épaule, la faisant sourire. « Je plaisante… encore. »

« Vous pouvez ajouter le sens de l'humour à votre cv. ». Il se sentait flatté et prit conscience qu'il avait eu raison de persévérer. « Vous savez que vous êtes un tirant ? ». Il n'avait pas souvenir d'avoir déjà été qualifié de la sorte mais s'en amusa. « C'est une de mes qualités qui font que je suis ici apparemment. ».

Elle réalisa soudainement qu'elle ne l'avait jamais vu auparavant sur ce balcon. « Qu'est-ce que vous faites ici, d'ailleurs ? Je veux dire, cette cité ne manque pas de balcon. ». Face à son silence elle n'avait trouvé qu'une explication. « Est-ce que vous me suivez ? ». « Pour qui me prenez-vous ? Je ne suis pas ce genre de type ! ». « Vous ne répondez pas à la question. », avait-elle simplement dit en souriant. « Je voulais un endroit au calme, loin de tout ce brouhaha. ». « Et vous avez choisi mon balcon ! », avait-elle rétorqué en accentuant ses derniers mots. « Vous vous attribuez souvent des lieux qui ne sont pas à vous ? ». Elle fit mine de réfléchir, éveillant sa curiosité. « Seulement quand ce que je vois me plaît. ». Andréa cogita, et lui posa la question à la mode. « C'est grâce au gène ATA que vous êtes ici, n'est-ce pas ? ». Pris sur le fait, il s'était résolu à ne plus lui mentir, prenant un air agréable.

« Je voulais juste m'assurer que vous alliez bien. ». Cette phrase avait eu l'effet d'une bombe pour Andréa. « Maintenant, oui. », fut la seule chose qui sortit de sa bouche. Se sentant d'abord flattée elle avait ressenti de la bienveillance émanant de lui. Elle garda ses pensées pour elle, reprenant rapidement le dessus. « Vous pouvez ajouter menteur à votre palmarès, je ne vous félicite pas, Major. ». Un rire communicatif s'échappa, laissant planer un climat bon enfant dans l'athmosphère.

TBC…