Voici un chapitre beaucoup plus léger, qui parle très peu de l'épisode en lui-même, mais qui se déroule au même moment. ;)

Bonne lecture

Chapitre 6

Elisabeth, Rodney et Sheppard marchaient en direction de la salle de contrôle lorsqu'elle leur fit savoir que l'équipe du Major Léonard avait du retard. Les Marines avaient été envoyés sur M1B-129, une planète inhabitée qui semblait calme à tous point de vue. Ils avaient été dépêchés sur place pour vérifier un taux d'énergie semblant inhabituel, détecté par un MALP lors d'une expédition. Cela faisait six heures qu'ils auraient dû s'enregistrer et le docteur était inquiète.

Ils avaient bien essayé de les contacter mais la liaison était mauvaise. Rodney et Radek avaient tentés différentes méthodes pour y parvenir, mais sans succès. Ce n'était pas anormal qu'une équipe soit en retard à l'enregistrement, mais cela faisait maintenant six heures. Même si l'on pouvait rencontrer des imprévus hors monde, cela commencé à être alarmant. Elisabeth donna son accord à Sheppard pour lancer une mission de reconnaissance. Elle avait préconisé la présence du docteur Beckett, ne sachant pas ce qui avait retardé l'équipe du Major. Il valait mieux prévoir la présence d'un médecin, ce qui ne posa aucune difficulté au Colonel Sheppard. Ils leur avaient fallu moins d'une heure pour passer la porte.

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Cela faisait deux heures que l'équipe du Major Lorne avait franchi la porte des étoiles à bord d'un Jumper. Comme d'habitude, le MALP avait été envoyé en reconnaissance sur une planète qui semblait inhabitée et n'avait rien enregistré de suspect. Le but était de trouver un nouveau site Alpha qui servirait de base pour des recherches médicales et scientifiques.

Il n'était pas prévu qu'Andréa les accompagne, mais cette annonce ne l'avait pas rebutée. La dernière fois qu'elle avait franchi la porte, cela s'était soldé par un séjour à l'infirmerie. Le sachant depuis la veille, bizarrement elle avait bien dormi et se sentait maintenant prête à explorer un nouveau monde. Peu avant de partir, le Major Lorne l'avait rassurée comme il avait pu, lui certifiant que tout allait bien se passer à condition qu'elle ne s'éloigne pas du groupe.

Il avait fait atterrir le Jumper quelques minutes plus tôt, à une dizaine de kilomètres de la porte. Il avait fallu au groupe une heure pour parcourir deux kilomètres à pied, empruntant des chemins escarpés au cœur d'une forêt tropicale. Ils avaient grimpé en haut d'une colline, leur donnant une vue imprenable sur un étang faisant la taille d'un stade de foot. Ils avaient tous les cinq pris quelques minutes pour se reposer après un effort surhumain face à cette chaleur écrasante. Andréa se força à ne pas s'assoir, persuadée qu'elle ne pourrait plus se relever si sa tête touchée le sol. Elle fut étonnée de ne pas être aussi essoufflée que ça et se rappela ses séances d'endurance avec Evan. Alors qu'elle avalait une gorgée d'eau, elle croisa ses yeux et ne put que sourire.

Lorne était accompagné du Sergent Stackhouse et du docteur Parrish, comme il en avait l'habitude. Ce dernier, spécialisé dans la faune et la flore, ne pouvait qu'admirer le paysage. Il s'était déjà arrêté trois fois pour prélever des échantillons qu'il avait jugé intéressants. Le Caporal Jones fermait la marche, assurant ainsi la sécurité du groupe. Rodney avait insisté pour qu'Andréa soit de la partie, comptant sur cette expédition pour les voir rentrer avec un E2PZ. Il était devenu irritable à mesure que les équipes envoyées hors monde revenaient bredouilles. Son obsession avait entaché l'ambiance qu'il y avait au sein du laboratoire, au plus grand désespoir de Radek.

Ils avaient repris leur route lorsqu'après quatre-cents mètres, Evan s'arrêta en haut d'une côte, le visage crispé. Cela faisait déjà deux fois qu'il avait averti le docteur Davis de ne pas s'éloigner. Elle n'avait pas l'air de mesurer le degré de dangerosité que ce genre d'expédition pouvait être. Elle n'avait pas hésité a devancé le Major, censé ouvrir la marche pour se poster en éclaireur. Il avait quatre personnes sous sa responsabilité et comptait bien les ramener en un seul morceau.

Les arbres qui les entouraient se faisaient plus rare, comprenant qu'ils venaient d'arriver à la sortie de la forêt qu'ils venaient de traverser. Nichés sur les hauteurs, ils avaient une vue imprenable sur cet étang. Il n'y avait pas l'air d'y avoir de la vie sur cette planète, à en juger par cette étendue désertique. Le docteur Parrish scrutait les alentours à la recherche d'une quelconque trouvaille organique, examinant chaque recoin. Son regard se porta sur une trace au sol. Il fit quelques pas et s'agenouilla devant l'empreinte, intrigant ses coéquipiers. «Vous avez quelque chose. ?». C'est en s'approchant qu'Evan comprit qu'ils n'étaient pas seuls.

«On dirait une trace de patte, Monsieur.». Tous les regards étaient maintenant braqués sur lui, suspendu à ses lèvres. «Qu'est-ce que c'est ?». Curieuse, Andréa se posta derrière les deux hommes. «Je ne sais pas, mais ça a l'air gros.». Il sorti de sa poche de quoi mesurer, ne laissant rien transparaître sur son visage. « À en croire la profondeur, je dirais qu'elle doit faire dans les cent kilos.». La circonférence avoisinait les soixante centimètres et ils s'étaient tous demandé quel genre de bête pouvait laisser de telles empreintes.

Le Caporal Jones entendit le bruit d'une branche qui craque et son instinct le fit se retourner, son arme braquée sur une rangée de pins. Lorne et Stackhouse n'avaient pas mis longtemps à tenir la même position. «Caporal ?». Le Major attendait clairement une explication de l'homme qui tendait l'oreille. «J'ai cru entendre quelque chose.». Il ne fallut pas longtemps pour qu'un soupçon de peur n'envahisse les deux docteurs. «Nous devrions peut-être rentrer.», suggéra Davis. Lorne la regarda en souriant. «Vous avez peur de quelques craquements de branches, doc. ?». Elle secoua la tête et ferma les yeux. «Major, nous marchons depuis plus d'une heure et la température a déjà augmentée de presque quatre degrés, donc je suggère de retourner au Jumper si nous ne voulons pas cuire sur cette planète.». Il demanda à tout hasard. «Il n'y a pas de source d'énergie sur vos détecteurs ?». Elle secoua la tête en expirant lentement, sachant que ça n'allait pas plaire à Rodney. Forcé de constater que ses arguments tenaient la route, Lorne n'eut d'autre choix que d'accepter. «Ok. Bonne idée, doc.».

Sur leur garde, le groupe rebroussa chemin, essayant de ne pas mettre trop de distance entre eux. La montée qu'ils venaient de gravir semblait plus ardue à la descente. Cela prendrait plus de temps qu'à l'aller mais ils n'allaient pas se précipiter et ils prendraient toutes les précautions nécessaires. Après quelques minutes, le Caporal sentit de nouveau comme une présence et s'arrêta net, son arme en direction d'un bruit venant de sa gauche. Alerté par le cliquetis de la sécurité que l'on enlève, les deux militaires avaient suivi le mouvement. Parrish et Davis se regardaient, se sentant vulnérables et impuissants.

Jones fit deux pas en avant, se retrouvant au bord d'un gouffre, sans en voir le fond. Il baissa son arme et attendit. Il ne voyait rien mais il savait qu'il avait entendu quelque chose. Ils n'étaient clairement pas seuls dans cet environnement aride. Le sol s'était soudainement mis à trembler, rendant la terre friable. Ils n'avaient pas fallu longtemps avant que le sol de ne dérobe sous les pieds du Caporal, l'emportant vers le bas avec un morceau de roche.

Andréa se précipita pour l'aider mais fut vite stoppée par la main d'Evan. «Restez là ! C'est trop dangereux !». Elle avait bien envie de plonger pour le secourir mais le Major avait raison. Après ce qui leur sembla être une éternité, la Terre cessa son vacarme, laissant le groupe perplexe. «Jones !», avait crié Andréa. N'ayant eu aucune réponse en retour, ils avaient continué leur descente d'un pas plus pressé mais toujours prudent.

Ils s'étaient arrêtés après quelques minutes, se trouvant à mi-chemin. Ils observaient les alentours, lorsque que Stackhouse vit une forme immobile en contrebas. «Là !», avait-il indiqué au groupe. Il leur avait fallu faire quelques mètres pour le rejoindre. S'éveillant doucement, le Caporal s'était déjà redressé. «Hé ! Rien de cassé ?». Le Major le scanna du regard à la recherche d'éventuelles blessures apparentes, sans succès. Jones grimaça soudainement, comme si la douleur venait de se réveiller. Il porta une main à sa cheville et releva le bas de son pantalon.

Andréa était également à ses côtés, s'affairant à desserrer ses Rangers. Un frisson parcourut le corps de Jones lorsqu'elle posa sa main sur sa cheville. Elle exerça une simple pression pour évaluer les éventuels dommages causés par la chute, le faisant grogner. «Ce n'est pas cassé.». Les deux hommes avaient froncé les sourcils en la regardant. «Quoi ? Chacun son truc Messieurs. Vous, ce sont les armes moi ce sont les rudiments de la médecine.». Malgré les circonstances, un nuage de bonne humeur s'installa furtivement au-dessus d'eux. La physicienne leva les yeux vers Parrish tout en enlevant son sac à dos. «Il me faut deux branches !». Il n'attendit pas son reste et s'exécuta alors qu'Andréa sortit une bande de son kit de premiers secours.

Lorsqu'il lui tendit deux morceaux de bois, elle les cassa pour en faire une attelle et les plaça de chaque côté de sa cheville. «Tiens-moi ça.», avait-elle dit au Caporal avant de les maintenir avec la bande. Par soucis de timing, elle l'avait mis à contribution, sous les regards passifs de ses coéquipiers. «Alors on se tutoie, doc. ?». Le trentenaire avait l'air de vouloir plaisanter, malgré les circonstances peu commodes. «Ne vous méprenez pas, c'est l'adrénaline qui parle, Caporal.». Andréa lui adressa son meilleur sourire avant de serrer la bande. Jones grimaça sous l'effet de surprise, ce qui fit sourire les trois hommes restés en retrait.

Lorne avait laissé faire Davis et s'approcha lorsqu'elle eut fini. «Vous pouvez vous lever ?». Il essaya de bouger sa jambe et entreprit le mouvement. «Oui, Monsieur.».

Stackhouse et Parrish soutenaient l'homme blessé, en attendant les directives. Lorne se demanda comment ils allaient pouvoir atteindre le Jumper sans risquer un autre accident. La pente était trop raide pour que Jones puisse y arriver sans mal. Le voyant hésiter, Andréa se plaça à côté de lui, observant les alentours. «Si l'on contourne cet arbre et que l'on prend ce chemin, on arrivera à éviter la grande descente.». Il haussa un sourcil en se demandant de quelle descente elle pouvait bien parler. «Vous savez, celle où il y avait trois marches faites de rondins de bois et de roche calcaire. Le taux d'humidité a clairement augmenté et c'est sûrement devenu une piste de ski maintenant. Il faut la contourner, c'est le seul moyen.».

Mêlant les gestes à la parole, Lorne ne put qu'imaginer le chemin qu'elle voulait emprunter. Il hocha la tête en signe d'approbation et ne put que sourire au raisonnement du docteur, appréciant sa mémoire visuelle. Il n'avait pas mis longtemps avant d'opter pour cette solution et ils avaient repris la route en direction de la porte. Après un moment, ils s'étaient retrouvés à devoir enjamber un ruisseau. Il n'était pas très large mais cela suffisait pour poser des difficultés au Caporal blessé. Steakhouse fut le premier à passer et sécurisa l'autre côté. Davis fut la suivante et passa sans mal, puis tendit sa main à Parrish pour qu'il traverse le cours d'eau à son tour.

Après le passage de Lorne et Jones, ils s'étaient arrêtés quelques minutes, vérifiant la blessure du Caporal qui semblait souffrir en silence. Il avait sollicité sa cheville gonflée, ce qui intensifiait légèrement la douleur. Ils n'avaient pas le temps de mollir et avaient repris la marche. Ils n'avaient pas d'indices météorologique leur permettant de connaitre l'heure exacte à laquelle le soleil se couchait. Cette planète était suffisamment dangereuse lorsqu'il faisait jour, personne ne voulait tester le terrain en pleine nuit.

Alors qu'une centaine de mètres les séparaient du Jumper, Lorne glissa sur une substance qu'il n'avait pas encore identifiée, trop occupé à garder son équilibre. Une fois stabilisé, il leva le poing, signifiant à ses équipiers de s'arrêter mais Andréa n'avait pas vu le signal et heurta le Major de plein fouet. Il avait bien essayé de la stopper mais ses pieds étaient comme sur une planche savonneuse et c'est sans surprise qu'il l'emmena dans sa chute, s'étalant dans la matière gluante.

Le monde s'arrêta un moment, tentant de se dégager de son emprise. Elle posa ses mains au sol par réflexe et les examina une fois ses pieds ancrés au sol. Andréa était plus concentrée à mettre un nom sur la matière poisseuse, qu'à s'occuper du sort du Major, toujours au sol. «Beurk…. Qu'est-ce que c'est ?». Evan tendait la main à qui voulait la saisir lorsque Steackhouse le releva, manquant à son tour de tomber. Elle restait figée, faisant aller ses doigts pour déterminer à quoi correspondait cette fine pellicule transparente. Lorsque son estomac se mit à protester, elle essuya rapidement ses mains sur son uniforme, essayant de contrôler sa nausée.

Evan aurait pu lui lancer des boules de feux rien qu'avec son regard, se demandant comment elle n'avait pas pu voir son signal. Il la vit se reculer, jusqu'à ce qu'elle s'adosse à un rocher. Elle avait levé les yeux pour enfin rencontrer ceux d'Evan, qui n'avait pas décoléré. Stackhouse ne pouvait qu'être d'accord avec son supérieur et la toisa d'un air déconcertant jusqu'à ce qu'elle perçoive de la moquerie. Andréa fronça les sourcils lorsque leur visage changea du tout au tout, se fermant brusquement comme une huitre. Le Sergent avait levé lentement ses paumes de mains vers elle alors qu'Evan avait saisi son arme. «Écartez-vous lentement, doc..». Elle s'était demandé l'espace d'une seconde s'ils étaient sérieux ou si c'était une manière insolite de se venger. Cela semblait être une réaction un peu trop extrême à son goût alors elle jugea bon de les écouter. La voix d'Evan semblait étrangement tendue, ce qui l'intriguait d'autant plus.

C'est lorsqu'elle sentit le rocher sur lequel elle était se mettre à bouger, qu'elle sursauta, poussant un cri de surprise au passage. Elle fit un rapide volte-face avant de comprendre qu'il s'agissait d'un escargot géant. Sentant la panique monter d'un cran, elle essaya coûte que coûte de garder son sang-froid, régulant sa respiration saccadée. Personne n'avait fait de mouvements brusques, attendant patiemment qu'il s'en aille. «Dites-moi que je rêve !», avait-elle murmuré.

Evan ne voulait pas savoir si tous les animaux de cette planète étaient semblables et opta pour reprendre la marche. Le Jumper avait été occulté et ne devait plus être bien loin.

Un son provenant des bois qu'ils venaient tout juste de quitter leur transperça soudainement les tympans. Tout le monde s'était regardé, priant silencieusement pour que la bête à qui appartenait ce cri soit loin. Andréa ne put s'empêcher de commenter alors qu'ils avaient pressés le pas. «Je pense que l'on peut clairement suggérer cette planète à Elisabeth comme point d'extraction pour des prisonniers !». Elle entendit quelques rires puis tout le monde se stoppa net lorsque des gouttes s'étaient misent à tomber. «Oh non ! Il ne manquait plus que ça.». Si une averse venait à se mêler au sol déjà friable, cela ne présagerait rien de bon pour eux.

Parrish leva la tête et comprit rapidement que ce n'était pas de la pluie. Ils avaient une vue imprenable sur une dentition aiguisée, qui laissa échapper un grognement à faire froid dans le dos. «Maintenant on sait à qui appartenait la trace dans le sol.», affirma Parrish. Ils n'en croyaient pas leurs yeux. «Heu… celui-ci a clairement des pattes plus petites, Parrish !». Andréa releva la tête et les mains vers la bête poilue, pensant qu'il comprendrait ce geste amical et l'accompagna d'un «Gentil le toutou.». C'est quand il se mit à grogner de manière plus intense qu'elle comprit qu'ils allaient servir de repas s'ils ne bougeaient pas. Le Major eu tout juste le temps de crier «Courrez !», avant de s'engouffrer tous les cinq dans le Jumper.

Evan prit rapidement les commandes avant de l'occulter de nouveau. Une fois dans les airs, il jeta un œil à l'arrière, vérifiant l'état de ses hommes. «Tout le monde va bien ?». Ils s'étaient inspectés les uns après les autres, ravis d'en avoir réchappé. «Oui, Monsieur.», avait répondu Parrish. Andréa se posta à l'avant de l'appareil, jetant un œil vers le bas. Un troupeau de girafe mesurant au bas mot quinze mètres de haut, passa en courant, non loin du Jumper et elle comprit. «Ce n'était clairement pas un tremblement de terre.».

Ils avaient émis un râle de soulagement lorsqu'ils avaient la porte des étoiles en vue. «À la prochaine sortie, je jure d'envoyer Rodney à ma place !». Le Caporal Jones posa sa main sur son épaule en riant. «Allez doc., c'était amusant non ?». Déconcertée, Andréa avait faussement acquiescé, laissant la pression retomber. Evan avait découvert une autre facette d'Andréa durant ces quelques heures, préférant de loin la voir comme ça. Il ne manquait pas de mots pour la qualifier mais s'il fallait en retenir un; enthousiaste était le seul à sortir du lot.

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Elisabeth était dans son bureau lorsque Chuck l'avait averti que l'équipe du Major Lorne était sur le point de rentrer. Il n'avait pas fallu longtemps à Sheppard pour se tenir à ses côtés. Ils furent surpris lorsqu'un membre du corps médical traversa rapidement la salle d'embarquement, accompagné d'une femme, poussant tous les deux un brancard. «Le Major a demandé une équipe médicale, Madame.», les informa Chuck. Elle s'attendait au pire, ayant déjà eu son lot d'émotion pour la journée, lorsque le Jumper passa la porte. Elle tapota son oreillette pour établir un contact. «Major, que s'est-il passé ?». Le Jumper flottant au-dessus du sol, elle pouvait les voir en face d'elle, enclin à un fou rire. Son cœur avait retrouvé un rythme normal lorsqu'il lui avait répondu que le Caporal Jones avait dévalé une pente et s'était sûrement foulé la cheville.

Le docteur Weir et le colonel les avaient rejoints dans le hangar à Jumper, peu après qu'il ne se soit posé. Les deux soignants étaient déjà présents, attendant leur patient. Jones était assis à l'arrière du Jumper lorsque Stackhouse passa une main sous son épaule pour l'aider à se lever. Andréa entreprit de faire de même mais il repoussa sa main. «Ne m'approchez pas, doc. ! Vous êtes couverte de bave d'escargot !». Tout le monde s'esclaffa et Parrish la remplaça dans sa démarche. Andréa leur bloqua le passage et croisa les bras, prenant un air enjoué. «Vous avez intérêt à courir vite avant que je ne vous fasse un câlin !». Evan ne put se retenir de rire, tout comme le personnel présent. «Attendez au moins notre premier rendez-vous, doc.». Son sens de l'humour avait indéniablement détendu l'atmosphère, clôturant ainsi cette expédition mémorable.

L'infirmière avait pris la suite et installa le Caporal sur le brancard avant de prendre le chemin de l'infirmerie. Elisabeth se plaça face au reste de l'équipe, curieuse d'en savoir plus sur l'état désastreux, dans lequel ils étaient. «Que s'est-il passé, Major ?». Elle désigna la matière visqueuse qui recouvrait la quasi-totalité de son uniforme, remarquant que Davis en été aussi couverte. «Ça aurait pu être pire si le docteur Davis n'avait pas été là.», avait répondu Stackhouse. La pièce aurait pu s'illuminer, tant le rouge lui colorait les pommettes, surtout lorsque Lorne confirma les dires du Sergent d'un signe de tête. «J'aimerai aller me changer avant de débriefer, Madame.». Sheppard, qui n'avait pas prononcé un mot, plissa les yeux avant d'afficher son dégoût. Il fit trois pas en arrière en souriant brièvement, s'écartant à bonne distance pour les laisser passer. Andrea s'arrêta à son niveau, consciente du pouvoir de persuasion qu'elle possédait et posa ses mains sur ses hanches. «Faites attention Colonel, je pourrais malencontreusement trébucher.». Il plissa de nouveau les yeux en signe d'avertissement et regarda partir l'équipe.

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Après avoir retracé leurs péripéties, Elisabeth expliqua ce qui était arrivé au Major Léonard et à ses hommes. La mission de reconnaissance s'était finalement terminée en mission de sauvetage, une fois de plus. Sheppard était rentrée sur Atlantis depuis quelques heures déjà, éprouvé par cette journée, tout comme le reste de son équipe. La planète sur laquelle ils avaient atterri, s'avéra être un avant-poste Wraith. Le Major Léonard et ses hommes n'avaient pas survécu et l'escouade du Colonel avait rapidement compris qu'ils allaient opérer en terrain hostile. Tout indiquait que les hommes s'étaient entretués, lorsqu'ils avaient trouvé leurs corps sans vie, criblés de balles spécifiquement utilisées par l'armée. Un générateur avait été placé par les Wraith, dans un lieu reculé de la planète, provoquant des hallucinations à quiconque s'en approchait.

Teyla avait été la seule à ne pas avoir succombée à ces illusions. Ronon n'y avait pas échappé, se croyant en pleine guerre contre les Wraith. Carson avait revécu sa première mission dans l'armée, lorsqu'un soldat état mort dans ses bras. L'expérience la plus traumatisante de sa vie, selon lui. Rodney pensait fermement avoir échoué à neutraliser le générateur, jusqu'à ce que l'appareil lui fasse croire qu'une bombe allait exploser. Le Colonel avait été, quant à lui, persuadé d'être de nouveau plongé dans l'opérationTempête du désert. La réalité avait été altérée pour chacun d'eux, leur faisant parfois courir des risques inconsidérés. Persuadé d'avoir affaire à des Talibans, Sheppard n'avait pas hésité à tirer sur Ronon, qui s'en été sorti avec une simple éraflure.

Teyla avait finalement réussi à débrancher les câbles reliés au générateur, mettant ainsi fin à cette tromperie, in-extremis. La journée avait été longue et harassante pour chacun d'entre eux, qui n'avait pas attendu leur reste pour prendre congés.

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Andréa passa les portes de l'infirmerie deux heures plus tard. Le briefing s'était soldé par une prise de bec entre elle et Rodney. L'astrophysicien n'était pas très heureux que l'équipe soit revenue sans E2PZ, se fichant complètement du fait que l'un d'eux se trouvait à l'infirmerie. Mckay avait passé ses nerfs sur Andréa, déversant son trop plein d'émotions accumulé. Il avait conscience que ce n'était pourtant pas leur mission principale mais son obsession lui montait à la tête. Sheppard avait temporisé, mais cela n'avait pas suffi à apaiser les tensions.

Davis regarda le fond de la pièce avant de tomber sur le Caporal Jones. Ils étaient tous venu prendre de ses nouvelles après le briefing, se tenant face à lui. Elle s'avança en souriant, se plaçant au pied du lit. «Vous avez meilleure allure, doc..». Assis sur le bord, il la toisa, faisant aller ses jambes dans le vide. «Est-ce que je peux avoir mon câlin maintenant ?». Andréa rigola en regardant ses trois complices. «Vous ne vouliez pas un rendez-vous d'abord, Caporal ?». Lorne observait la scène sans un mot, réalisant subitement qu'il avait sous ses ordres une belle brochette de gamins. Stackhouse s'empressa de pousser gentiment le blessé. «Je crois que Beckett t'a donné trop de drogues !». Jones n'avait pas l'intention d'admettre qu'il n'avait pris aucun médicament pour le moment et se contenta de ricaner.

Ayant hérité de deux jours de repos, il était également consigné sur la base pendant deux semaines. La cheville correctement bandée, ils attendaient les résultats de la radio lorsque Carson s'approcha du groupe. «S'il vous plaît Messieurs, on vous entend du couloir !». Il pencha la tête et aperçut le docteur Davis. «Oh ! Pardon très chère.». Andréa ne l'avait pas mal pris, voyant son visage éprouvé par un long service. Elle fut surprise de le trouver là, surtout après la journée rapportée par Elisabeth.

Le groupe s'excusa pour le bruit et attendaient le verdict. «Il n'y a rien de cassé, Caporal. Je vais vous donner des médicaments pour la douleur.». Andréa se redressa fièrement et arbora un air glorieux. «Hum. Je vous avais bien dit que ce n'était pas cassé !». Jones secoua la tête, observant la jeune femme faire la pitre. Dépité, Evan se tourna vers l'Ecossais. «Est-ce qu'on vous le laisse pour la soirée, doc. ?». «Il est tout à vous, Major !».

Alors qu'Andréa suivait Carson du regard pour lui demander comment il allait à la suite de sa journée mouvementée, le Caporal se racla la gorge, la faisant se retourner. Il réclamait clairement son étreinte et Davis entra dans son jeu en se penchant assez pour lui chuchoter à l'oreille. «Dans vos rêves, Caporal.». Ne sachant plus où se mettre, Jones n'avait rien dit, sous l'œil amusé des trois hommes. «Bon, je vais vous laisser vous chamailler les enfants.». Lorne n'avait pas attendu de réponses et s'était dirigé vers la sortie.

Cette camaraderie dura un moment, jusqu'à ce qu'elle ne voie Carson, se tenir seul dans une pièce recluse. Il semblait distrait et sursauta lorsqu'elle passa la porte. Andréa s'excusa et s'appuya contre le montant de la porte, bloquant ainsi le passage. « Comment allez-vous Carson? ». Il avait bien essayé de lui prétexter que tout allait bien avec un discours fumeux, mais compte-tenu du fait qu'elle connaissait la vérité sur son épopée, elle n'allait pas en rester là. «Vous devriez suivre vos propres conseils et aller vous reposer.». Elle se sentait impuissante et comprenait mieux son état d'esprit maintenant que les rôles avaient été inversés.

Il la remercia, lui indiquant qu'elle avait probablement raison. Son visage fermé masquait le traumatisme qu'il avait vécu alors elle tenta d'inverser la tendance. «Le Colonel Sheppard doit bientôt repartir en mission alors si j'étais vous, j'irais dormir un peu.». Son visage s'illumina comme un levé de soleil. Il était de notoriété publique que les missions du Colonel se soldaient une fois sur cinq à l'infirmerie, alors Andréa n'avait eu aucun mal à le convaincre en faisant cette remarque.

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Davis allait rejoindre ses quartiers lorsque le Sergent Stackhouse lui avait couru après pour la rattraper. «Hé, doc. !». Andréa se retourna à cet appel. Le jeune homme s'arrêta à sa hauteur, plaçant ses mains dans ses poches. «Ça va ?». Elle remarqua son embarras, observant sa gestuelle qui traduisait un réel inconfort. «Vous vouliez me demander quelque chose ?». Il passa sa main dans ses cheveux, évitant de croiser son regard. «Vous avez quelque chose de prévu ce soir ?». Il ne manquait pas d'audace, c'était évident. «Qu'est-ce que vous avez tous aujourd'hui ? ».

Il la trouvait intimidante mais il n'aurait jamais osé lui faire des avances comme le Caporal venait de faire. Ayant facilement huit ans de moins qu'elle, il mit les choses au clair en bafouillant, prenant conscience de sa maladresse d'expression. «Oh, non ! Ce n'est pas du tout ce que vous croyez ! ». Ne sachant pas comment se sortir de cette situation embarrassante, il l'invita simplement à rejoindre l'équipe autour d'une bière. Ils avaient pour habitude de se réunir après une mission afin de se détendre en partageant un moment de convivialité. Le malaise s'étant dissipé, Andréa accepta avec plaisir, accompagnant le Sergent jusqu'au mess.

Ils n'étaient que tous les deux et ils s'étaient installés à la table la plus éloignée possible. Il y avait peu d'affluence à cette heure-ci et ce n'était pas pour lui déplaire. Le Sergent demanda à Andréa ce qu'elle voulait boire avant de s'éloigner.

En attendant qu'il ne revienne, elle se repassa le fil de sa journée, repensant au Caporal Jones tomber dans ce ravin sans fond. Personne n'aurait pu l'éviter et elle fut contente qu'il s'en soit sortie en un seul morceau. C'est lorsqu'elle se remémora le Major embourbé dans de la bave d'escargot, qu'elle esquissa un sourire.

La chaise en face d'elle fut tirée brusquement, la faisant sortir de sa rêverie. «Quand on parle du loup.», avait-elle pensé. «Qu'est-ce qui vous fait rire ?». Elle n'hésita pas longtemps avant de lui avouer la vérité. «Sur le coup ça ne m'a pas vraiment fait rire mais maintenant que j'y repense…». Elle s'était excusée de ne pas l'avoir aidé à se relever mais ne put contrôler son rire en revoyant sa posture. Il rentra dans son jeu, la voyant réceptive et de bonne humeur. «Vous voulez reparler de l'escargot qui vous a servi d'accoudoir ? ». Elle s'esclaffa bruyamment, ne s'attendant pas à un tel revirement de situation «Vous pensiez vraiment qu'on vous charriait ?». Elle haussa les sourcils. «Comment savez-vous que j'y ai pensé ? Vous avez des dons de médium ?».

Il la fixa et l'imita devant le rocher, la caricaturant ouvertement. Elle rigola de nouveau et s'insurgea en le voyant loucher et agiter ses mains. «Je n'ai pas fait ça ! Vous exagérez !». Andréa secoua la tête, s'amusant de la situation autant que lui.

Reprenant un air sérieux, elle se lança. «Je voulais m'excuser de m'être éloignée du groupe, je n'avais pas réalisé que j'étais passé devant vous.». Evan avait presque oublié mais il lui rappela que les règles étaient faites pour une raison bien précise et que la sécurité du personnel était primordiale. Elle avait hoché la tête, lui promettant que cela ne se reproduirait pas s'ils étaient amenés à repartir ensemble.

Le sergent était revenu avec cinq bières, les posant au centre de la table. Il avait fallu dix minutes avant que le Caporal Jones et le docteur Parrish ne les rejoignent. Jones avait hérité d'une paire de béquille, ce qui avait amusé Andréa lorsqu'elle l'avait vu clopiner, ne se privant pas de lui faire remarquer sa malhabileté. Il avait l'air d'être quelqu'un de taquin alors il n'avait pas hésité à la chambrer en retour.

Maintenant au complet, chacun pris sa bière et trinqua à la fin d'une mission qui s'était assez bien terminée. Elle se sentait bien et de bonne humeur. Ce mélange de quiétude et de convivialité lui avait montré ce qu'elle loupait quand elle restait tard le soir à travailler seule. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas ressenti un tel sentiment de bien-être.

Leurs conversations variées entre le travail et la vie personnelle. Elle se sentait bien intégrée et s'était dit que ça ne la dérangerait pas de repartir hors monde avec eux, s'il le fallait. Le Caporal n'avait pas cessé de faire des allusions ouvertes à Andréa. Elle s'en amusait jusqu'à avoir de sérieux doutes quant à ses réelles intentions. Mais la subtilité de ses propos ne dépeignait pas un personnage grossier alors elle s'en donnait à cœur joie dans sa répartie.

Il n'était pas désagréable à regarder mais elle n'avait pas vraiment la tête à ça. Ses allusions explicites faisaient rire les quatre hommes autour de la table, devenus de simples spectateurs. C'était plutôt la drôlerie des répliques d'Andréa l'envoyant sur les roses à chacune d'elle qui les amusaient.

Ils étaient restés un long moment à partager leurs différents parcours et leurs expériences de vie, sans se soucier d'un lendemain.

TBC…