Ce chapitre se passe pendant l'épisode 3x10, mais il est plus axé sur les personnages secondaires ;) (POV en perspective).

28.10.2024 : Une modification a été apportée dans ce chapitre, suite au décès du chien de mes parents il y a trois jours… Une sorte de souvenir, d'hommage ou d'exutoire, appelez ça comme vous voulez…moi je n'ai toujours pas trouvé...

Chapitre 7

Son réveil se mit à sonner et Andréa ouvrit les yeux comme une fleur. Elle s'étira de tout son long et tourna la tête pour voir le faisceau rouge vif du cadran, lui préciser qu'il était six heures. Elle n'avait pas mis longtemps à se préparer. En moins d'une demi-heure elle était déjà en tenue de sport et se tenait prête. Elle s'était rendue au point de rendez-vous qu'Evan lui avait donné, sans se mettre la pression. Étant légèrement en avance, elle avait commencé à s'étirer sur la passerelle située en haut de la tour nord.

Andréa s'était familiarisée avec les différentes sections de la cité et ne se perdait quasiment plus. À vrai dire, cela ne lui était arrivé qu'une ou deux fois, tout au plus. Guidée par les vibrations de la cité, il lui suffisait de poser sa main sur un mur, pour décupler son instinct.

Alors qu'elle se contorsionnait pour étirer l'ensemble de ses muscles, elle le vit arriver au loin. Elle distinguait parfaitement son sourire éclatant, ce qui la mettait en condition pour attaquer cette séance. Evan, quant à lui, peinait à identifier les traits de son visage mais elle lui semblait en pleine forme. Lorsqu'il s'approcha, il n'avait pas pu résister et lui avait confié qu'elle était radieuse. Elle débordait d'énergie et semblait joviale, ce qui le laissa songeur un moment. Cela faisait trois matins de suite qu'elle s'entraînait avec lui et les progrès se voyaient déjà.

Après avoir échangé quelques mots, ils s'étaient mis à trottiner, l'un à côté de l'autre. «Quel est le programme ?». Il n'avait pas encore déterminé leur parcours, ne sachant pas si elle était prête à passer au niveau supérieur. « Je vais vous épargner les escaliers pour aujourd'hui.».

Elle avait fini par trouver son rythme et cela faisait vingt minutes qu'ils essayaient de converser sans trop se fatiguer. Ils avaient l'habitude de terminer les cinq dernières minutes par un sprint, et ils avaient établi un point de repère. Une porte donnant sur un transporteur avait été peinte en verte à leur arrivée. Ils avaient donc choisi cette spécificité pour démarrer la dernière ligne droite avant de s'accorder un repos bien mérité et ils n'allaient pas tarder à tomber dessus. D'humeur taquine, une soudaine envie de compétition se manifesta et ce fut sans détour qu'elle le défia. «Je vais vous mettre la pâtée!». «La pâtée ?Qui dit ça aujourd'hui ?».

Vexée, elle le poussa doucement et accéléra, bien avant d'apercevoir la porte colorée. Déstabilisé par le geste en lui-même, il chancela légèrement, brisant le rythme qu'il s'était imposé. Evan l'avait vu accélérer et ne comptait pas se faire ridiculiser. Il eut du mal à la rattraper, trop occupé à rire par sa conduite qui était loin d'être fair-play. Il ne lui avait pas fallu longtemps avant qu'il ne se reprenne et ne la rattrape.

Il esquissa un sourire lorsqu'il passa à côté d'elle. Sentant qu'elle allait encore perdre cette course, alors elle tomba au sol, simulant le fait de se tordre la cheville. Elle n'hésita pas à en rajouter jusqu'à ce qu'il se retourne. Elle aurait pu changer de métier car son subterfuge porta ses fruits. Il semblait septique sur le moment mais lorsqu'il la vit grimacer, il n'avait pas hésité à opérer un demi-tour. Elle se redressa et s'appuya sur la rambarde, se forçant à ne pas poser son pied par terre.

Un remord lui traversa l'esprit mais quand elle le vit s'accroupir pour regarder sa cheville elle sut que c'était le bon moment. Il avait à peine posé ses mains sur elle qu'il la vit se redresser. Il avait souri en la voyant gambader sur ses deux jambes, comprenant qu'il s'était fait avoir comme un bleu.

Jetant de brefs regards derrière elle, Andréa commença à accélérer en le voyant se relever doucement, pensant qu'il allait reprendre sa course. Elle se retourna une fois de plus en regardant Evan qui n'avait pas bougé et se moqua ouvertement. «Vous êtes tellement prévisible !». La dernière chose qu'elle vit, fut son bras se lever pour la prévenir, mais c'était trop tard. Elle tomba à la renverse lorsqu'elle se heurta à Ronon, qui pratiquait la même routine, dans la direction opposée.

Evan se plia en deux et croisa ses bras pour maîtriser son mal de ventre à force de rire. Toujours au sol, Andréa se moquait de la situation et d'elle-même. Il tenta de reprendre son souffle avant de lui rétorquer; «Vous non plus vous ne l'avez pas vu venir celui-là.». Ronon allait l'aider à se relever, mais fut stoppé par le bras d'Evan, lui certifiant qu'elle allait bien. Après s'être excusé, il avait repris sa course, ne voulant pas se mêler de leurs affaires.

Elle tendit sa main pour qu'il l'aide à se mettre debout, mais il n'en avait visiblement pas l'intention. «Estimez-vous heureuse de ne pas être tombée dans de la bave d'escargot!». Evan passa à côté d'elle et reprit sa course sans même se retourner. Elle pouvait encore entendre son rire raisonner sous les toits. «Ce n'est vraiment pas drôle !», avait-elle crié. Elle entendit le son de sa voix au loin, lui crier en retour; «Ça s'appelle le karma !». Elle secoua la tête et se releva d'un coup sec, partagée entre l'envie de lui courir après et se cacher dans un coin jusqu'à la fin de ses jours.

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Rodney était sur le Dédale et donnait un cours magistral à quelques membres de l'équipage. «Imaginons que je sois sur Atlantis et que j'ai besoin de retourner sur Terre. Qu'est-ce que je fais? Étant donné que notre seule E2PZ n'est plus utilisable, ma seule option serait de contacter le Dédale et de passer les trois semaines suivantes à me tourner les pouces en attendant de repartir chez nous. Mais ça, c'est le passé!».

S'il n'y avait pas eu l'écran pour appuyer ses paroles, il aurait sûrement perdu quelques passagers en route. Rodney avait longuement travaillé avec le Colonel Carter sur une alternative quant à leurs déplacements. Ils avaient inventé un pont intergalactique qui se composait de trente-quatre portes des étoiles, appartenant toutes au système de la voie lactée de Pégase. Elles avaient été placées à des endroits stratégiques, à cheval dans les deux galaxies qui les séparaient. Voyant que certains peinaient à suivre son récit, il n'hésita pas à montrer les différents points sur l'écran, au fur et à mesure de son développement.

«Il vous suffit d'entrer par un côté ou par un autre, par exemple du côté d'Atlantis et ça y est.», avait-il simplement terminé. Rodney venait uniquement d'expliquer comment passer du point A au point B, sans s'être étendu sur la partie technique. Il avait spécialement créé une macro-commande informatique, dans le but d'ordonner à chaque porte de la chaîne, de stocker un humain dans sa mémoire tampon pour ensuite le transférer vers la porte suivante et ainsi de suite, jusqu'à atteindre une station spatiale intermédiaire.

«Vous n'aurez plus besoin des portes des étoiles de Pégase!», avait-il assuré. Il avait précisé que cette manœuvre s'effectuerai en un temps record, soit un peu plus de trente minutes. Après avoir réclamé des applaudissements qu'il avait obtenu, le Colonel Caldwell entra dans la pièce, mettant fin à cette séance de congratulation. Il donna l'ordre au personnel de retourner au travail, laissant Rodney sur sa faim quant à son ovation écourtée. Le Jumper devait tester le système mis au point par McKay et Carter, avec aux commandes, le Colonel Sheppard.

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Le test s'était déroulé avec succès et le Colonel Sheppard avait été accueilli par le Général O'Neill et le Général Landry, se trouvant au SGC. Il venait de parcourir trois millions d'années-lumière en trente minute, ce qui était une véritable prouesse scientifique, signée par le docteur Rodney McKay en personne. Se tenant au poste de contrôle du Dédale aux côté du Colonel Caldwell, Rodney suivait les évènements via sa tablette, retraçant le parcours que le Jumper venait d'accomplir. Il avait détecté une anomalie mais n'avait pas encore pu en déterminer la nature. Cela n'avait apparemment rien à voir avec le test qu'ils étaient en train d'effectuer et il continua à chercher.

Il n'eut pas le temps de se réjouir de la réussite du test, préoccupé par le problème suivant. Les détecteurs venaient de localiser un point mouvant avançant à une vitesse réduite, mais il alarma tout de même Caldwell sur sa proximité.

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Après avoir trouvé comment entrer en contact avec le point mouvant défini comme étant un vaisseau, le Dédale s'était rapproché au maximum. Il était maintenant assez prêt, pour pouvoir être scanné et Rodney annonça qu'il s'agissait d'un vaisseau correspondant à celui qu'utilisait les Anciens. Caldwell eut du mal à avaler cette nouvelle, sachant que le peuple avait disparu depuis dix millions d'années. Après avoir exposé une théorie sur la relativité et les failles spatio-temporelles, le Colonel avait été convaincu et avait retenu le principal, à savoir que le temps s'écoulait différemment.

McKay s'apprêtait à transmettre un message lorsque leur vaisseau avait drastiquement ralenti. Un hologramme se matérialisa devant eux, laissant apparaitre une femme vêtue comme les Anciens. Avant qu'ils ne puissent dire quoique ce soit, elle se mit à parler. «Vaisseau non identifié, je suis le Capitaine Heila, du vaisseau Lantian Tria. Notre appareil a été endommagé. Nous avons scanné le vôtre et nous avons constaté qu'il était capable de voyager dans l'hyperespace. Nous avons commencé à décélérer. Acceptez-vous de nous transporter dans l'hyperespace pour nous porter assistance?». Caldwell ouvrit un canal et s'adressa à Heila, répondant favorablement à sa demande.

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La nouvelle avait déjà fait le tour d'Atlantis, forçant Elisabeth à se rendre en salle d'embarquement pour accueillir quelques membres du vaisseau Tria. Ronon, Teyla et Andréa faisaient route avec elle, pressés de faire connaissance avec une civilisation qu'ils pensaient perdue. Ils étaient une centaine à bord du vaisseau, mais seulement cinq venaient d'être téléporté, escortés par Sheppard et Rodney.

Après de rapides présentations, Heila félicita le docteur Weir pour avoir su protéger la cité. Elle demanda rapidement à s'entretenir avec le chef représentant l'ensemble des Terriens. Lorsqu'Elisabeth lui demanda pourquoi, elle répondit simplement qu'elle n'avait plus besoin de protéger Atlantis puisque son peuple était enfin revenu. Andréa regardait Rodney, se demandant si c'était une blague, jusqu'à ce qu'elle entende le Capitaine Heila prononcer une phrase qui la souffla. «Atlantis est à présent sous mon contrôle!».

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Le Général O'Neill et le membre de l'IOA Richard Woolsy, avaient fait le déplacement et avaient longuement échangé avec Heila. Il ne s'agissait pas d'une éventuelle négociation mais simplement d'une formalité visant les termes d'une passation de pouvoirs. Heila donna quarante-huit heures aux membres d'Atlantis pour quitter la cité et la rendre à qui de droit. O'Neill et Woolsy venaient d'entrer dans le bureau d'Elisabeth, prêt à annoncer la nouvelle à Rodney, Andréa et Sheppard, qui se tenaient à ses côtés.

«Alors c'est tout?», avait demandé Davis, hors d'elle. La conversation avait été brève, même si Rodney partageait son point de vue, mais les ordres avaient été clairs. Décontenancée, elle décida de fuir en courant avant de s'en prendre physiquement à quelqu'un. O'Neill confia la tâche de superviser leur départ, au Colonel Sheppard.

La pièce se vida et le Général O'Neill resta avec Elisabeth pour lui parler. «Les Anciens sont quand même d'accord pour que l'un de nous reste là. Ce sera un agent de liaison, en quelques sorte.». Pensant que cette mission lui incomberait, le docteur Weir s'emballa et remercia le Général d'avoir souffler son nom aux Anciens. Elle fut vite ramenée à la réalité lorsqu'il lui indiqua qu'il s'agirait de Woolsey.

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Radek sortait du laboratoire lorsqu'il fut retenu par un physicien, lui demandant de jeter un œil rapide sur quelques travaux. Il n'avait pas vu passer Andréa qui courrait toujours dans les couloirs. Elle s'était vite retrouvée dans un transporteur, n'ayant aucune idée précise sur une quelconque destination, si ce n'est d'être loin de la salle de contrôle. Elle n'allait pas pouvoir se cacher indéfiniment mais elle souhaitait juste un endroit au calme lui permettant de digérer la nouvelle. Alors que les portes allaient se refermer, elle leva la tête et croisa le regard de Jones.

Personne ne pouvait se douter que l'aventure se terminerait dans quarante-huit heures. Elle n'avait pas pensé aux regards des personnes qu'elle avait croisée lorsqu'elle avait traversé la cité en courant. À ce moment-là, Andréa n'avait pas réfléchi, cherchant uniquement à canaliser sa colère. Lorsque les portes s'étaient ouvertes, elle fut étonnée de se trouver face à l'océan. Un ponton se dressait devant elle, terminant sa course à la naissance des nuages qui tapissaient l'horizon.

Elle avait parcouru des centaines de mètres avant d'en atteindre l'extrémité et s'était assise, laissant ses jambes flotter sur la fine couche. Ses semelles frottaient la surface, provoquant de légères ondulations sur le dessus. Le clapotis des courtes vagues sonnait comme une douce mélodie. Tout était calme et elle pouvait maintenant réfléchir à son avenir dans de meilleures conditions.

Alors qu'elle observait l'étendue d'eau qui s'offrait à elle, un mal de tête s'y installa dans un recoin. Elle ferma les yeux et respira à pleins poumons l'air iodée, pensant réussir à contrôler ses émotions. Une pression invisible comprima ses tempes, faisant couler une larme le long de sa joue. Un sentiment de déception brisa ce bref instant de maîtrise de soi, laissant aller sa peine en toute singularité. Elle autorisa son esprit à vagabonder de souvenir en souvenir, se repassant les faits marquant de sa vie, jusqu'à ce que la fatigue n'ait raison d'elle. Cette rétrospective l'avait éreintée, la forçant à retourner auprès des siens quelques heures plus tard.

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La nouvelle n'avait pas tardé à se répandre auprès des résidents de la cité. Les réactions avaient été diverses et variées mais ils ressentaient tous le même sentiment d'injustice. Alors qu'Andréa allait fermer son sac, elle arrêta son geste et expira bruyamment. Ruminant intérieurement, elle se laissa tomber sur le bout de son lit, face au couloir. Elle observa par la porte d'entrée demeurée grande ouverte, les allers et venues incessants. Ses mains vinrent recouvrir ses yeux larmoyants, persuadée qu'elle allait se réveiller de cet affreux cauchemar. Elle releva la tête lorsqu'elle entendit des pas et fut surprise de voir Evan, appuyé contre le montant de sa porte. «Hé, doc.».

Elle se leva d'un bon et s'attela vigoureusement à boucler son paquetage. Elle pesta sans même le regarder. «Je n'arrive pas à croire qu'ils nous renvoient chez nous !». Alors qu'elle s'acharnait sur le zip de son sac, il posa sa main sur son poignet pour l'arrêter.

Lorsque leurs yeux s'étaient rencontrés, il avait clairement pu y déceler un sentiment de colère et d'injustice. «Je ressens la même chose que vous, mais c'est comme ça, doc.». Elle s'éloigna de lui et se mit à tirer bruyamment les tiroirs de tous les meubles présents dans la pièce, voulant s'assurer de ne rien oublier. «Comment pouvez-vous être si calme ?Nous avons tous au moins une fois risqué notre vie pour protéger cette cité et c'est comme ça qu'ils nous remercient !? Ça ne vaut vraiment pas le coup de rencontrer ses idoles. ». Les bras croisés, il n'avait pas bougé, la regardant s'agiter.

«Woolsey et O'Neill auraient dû insister !». Il attendait qu'elle termine de déverser sa colère mais il sentait que ça prendrait un moment, jusqu'à ce qu'elle ne s'arrête d'elle-même. «Vous ne dites rien ?». Amusé, il lui avait gentiment souri. «C'est difficile d'en placer une, doc.». Elle affaissa ses épaules en s'excusant, consciente du fait que son hystérie passagère l'amusait.

«Vos affaires sont prêtes?». Il ne possédait pas beaucoup d'objet venant de la Terre, ce qui lui avait facilité la tâche. «Je n'ai pas beaucoup de chose à ramener.». Elle hocha simplement la tête, imaginant parfaitement le côté impersonnel de ses quartiers.

«Vous avez reçu votre nouvelle affectation ?», lui avait-elle demandé. «Je suis temporairement rattaché au Dédale, jusqu'à ce que le SGC ne me trouve des hommes pour commander ma propre équipe.». Elle était ravie pour lui, ce qui lui remonta temporairement le moral.

«Et vous ?». Elle avait mis du temps avant d'accepter son nouveau poste, tiraillée par l'envie de démissionner, tirant ainsi un trait sur cette courte aventure. «J'ai finalement accepté le poste que le SGC m'a proposé. Je vais travailler avec Radek et je suis bien contente.». Il ne savait pas combien de temps il resterait sur le Dédale, mais cela signifiait qu'ils allaient certainement être amenés à se revoir. «On se verra là-bas alors.», s'était-il réjouit.

Il s'approcha d'elle et lui tendit la main. «En attendant, prenez soin de vous, doc.». Elle se figea sur sa main un moment, ne sachant pas quand aurait lieu leur prochaine rencontre. Sous le coup de l'émotion elle se jeta dans ses bras en guise d'adieu, déjà nostalgique de leur rituel matinal. D'abord surpris, il accepta finalement l'étreinte avant de se détacher. «Vous aussi. Restez loin des ennuis!». Il l'a laissa terminer de mettre de l'ordre dans ses affaires et parti le cœur léger, enthousiaste à l'idée de la revoir prochainement.

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Trois semaines venaient de s'écouler et chaque ex-membre d'Atlantis avait pris ses marques. Certains avaient démissionné et d'autre avaient été transféré, dispatchés comme lors d'un vulgaire tri. Teyla et Ronon avaient atterris sur une planète alliée, où différents peuples cohabitaient. Radek avait accepté un poste à l'Université de Maastricht, aux Pays-Bas. Andréa avait passé sa soirée à pleurer lorsqu'il lui avait annoncé. Un poste s'était libéré et il n'avait pas pu refuser. Il l'avait tellement convoité avant son arrivée sur Atlantis, et ne voulait pas manquer une telle opportunité. Depuis, ils s'appelaient quotidiennement pour se raconter leur journée. Ils avaient communiqué une fois en visioconférence et Radek lui avait fait visiter la ville. Ils avaient même bu un café ensemble, par écran interposé. Ils avaient essayé de ne pas trop bousculer leurs habitudes, même si la distance les pesait. Entre le décalage horaire et leur emploi du temps, il n'y avait pas beaucoup de créneau disponible, alors ils faisaient au mieux pour maintenir ce lien spécial qui les unissait.

Carson s'était vu offrir une place de chirurgien au SCG, ce qui semblait lui convenir. Rodney avait cru pouvoir travailler dans la zone 51 mais il fut surpris d'avoir finalement son propre laboratoire. D'abord enthousiaste, il fut rapidement déçu par la suite, ne pouvant plus travailler avec des scientifiques lui léchant les bottes.

Elisabeth n'avait pas digéré ce revirement de situation et se laissait complètement aller. Elle prétendait que tout allait bien mais au fond, elle se sentait perdue. Son investissement dans le projet d'Atlantis avait été considérable et le fait d'y mettre un terme la plongeait doucement vers la tristesse et la rancœur. Comme pour revivre les années qui venaient de s'écouler, elle avait commencé à rédiger ses mémoires. Elle ne voulait pas oublier cette aventure alors elle trouva judicieux de coucher ses souvenirs sur le papier.

Evan n'était resté qu'une dizaine de jours sur le Dédale et était revenu au SGC depuis peu. Il avait croisé Andréa au détour d'un couloir et elle s'était retenue de l'étreindre. Ils s'étaient manqués et se l'étaient avoué sans complexe. La vie sur Terre serait à coup sûr moins mouvementée, ce qui leur permettrait de se voir autrement qu'entre deux portes et de manière formel. La base ne pouvait pas accueillir tout le personnel venu d'Atlantis alors ils avaient hérité de logement de fonction situé aux alentours, ce qui donné lieu à de réelles coupures avec le travail.

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Elle n'avait jamais aussi bien dormi et s'était étonnée de se sentir plutôt en forme. Elle avait erré dans son appartement toute la matinée et commençait à s'ennuyer. Cela faisait quatre semaines qu'elle avait quitté Atlantis et tout lui manquait. Le laboratoire où elle travaillait mais surtout les personnes avec qui elle passait ses journées. Le fait de ne plus côtoyer Radek lui pesait et jouait parfois sur son moral, même s'ils communiquaient régulièrement. Andréa se faisait comprendre dans ses gestes plutôt qu'avec ses mots, alors la distance n'aidait pas. Même s'ils se comprenaient parfaitement, elle aurait volontiers parcouru les huit mille kilomètres qui les séparaient, uniquement pour le prendre dans ses bras. À l'inverse, la télévision ne lui manquait pas et elle préférait largement sortir se balader plutôt que de rester bloquée devant un écran plat.

Elle adorait particulièrement l'automne, malgré la fraîcheur qui tirait doucement vers l'hiver, Andréa se réchauffait, rien qu'en voyant les tons orangés des feuilles mortes qui tapissaient les routes. Munie d'un appareil photo qu'elle venait d'acquérir, elle se chaussa et pris la direction du premier parc à proximité, espérant immortaliser son retour sur Terre. Les rues étaient quasi désertes, ce qui allait lui faciliter la tâche dans sa quête.

Marchant sur le trottoir d'un pas léger, elle passa non loin de la base, apercevant des militaires en pleine séance d'entraînement au travers du grillage. Elle continua son ascension jusqu'à l'entrée d'un parc, parcourant les allées rocailleuses à la recherche de la photographie parfaite.

Elle dépassa un groupe d'enfant qui jouait au ballon, la ramenant quelques années en arrière. Andréa aimait retrouver ses amis dans ce genre d'endroit pendant ses vacances. Les rares fois où ses parents ne l'emmenaient pas en Ecosse pour voir son oncle, elle restait toute la journée avec ses amis à refaire le monde.

La vie avait continué et leur chemin s'était séparé. Ils s'appelaient régulièrement mais elle avait rompu tout contact depuis qu'elle avait intégré le SGC. Mentir à ses amis sur sa profession n'était pas son fort alors à force de fuir les questions, les appels s'étaient espacés dans le temps jusqu'à s'arrêter brusquement.

Elle faisait avec et n'avait plus le temps pour une vie privée. Elle avait sacrifié tellement de chose pour en arriver là où elle était. Son doctorat l'avait accaparé une bonne paire d'année. Elle avait intégré l'armée quelques jours à peine après l'obtention de son diplôme et elle s'était donnée corps et âme pour se bâtir une carrière à la hauteur de ses espérances.

Elle scrutait toujours les environs et aperçu deux jeunes garçons qui courraient. Le plus grand suivait le deuxième et leur rire raisonnait à travers les arbres. Elle pouvait aisément lire la joie et l'innocence sur leur visage. Leur jeune âge leur permettait d'être insouciant, n'ayant pas encore connaissance des surprises que la vie pouvait leur réserver.

Leur mère les observait à proximité, exposant sa fierté auprès de l'homme à ses côtés. Elle s'arrêta lorsqu'elle reconnut la silhouette de ce dernier. La base se trouvant à proximité, il n'était pas rare que les familles fassent le déplacement pour passer plus de temps avec les militaires en permission.

Evan semblait heureux, les mains sur ses hanches, il observait également les deux enfants. Il avait l'air en grande conversation avec la femme visiblement plus âgée que lui. Andréa eut envie de capturer ce moment, mais cela lui aurait paru bizarre s'il la voyait faire, alors elle ne bougea pas en attendant de prendre une décision, avant de finalement s'accroupir. Son appareil à la main, elle zooma légèrement et patienta jusqu'à trouver l'instant propice. Après avoir mitraillé une demi-douzaine de fois, elle se releva et regarda le résultat à l'écran.

Un rayon de soleil traversait littéralement l'image, mettant les deux modèles en valeur dont les ombres plongeaient à leurs pieds. Les deux garçons étaient au premier plan, un léger voile se fondant sur leur silhouette approximative. Elle zooma davantage sur un des deux protagonistes, voulant observer les moindres détails d'Evan.

Son sourire faisait ressortir quelques rainures aux coins de ses yeux, lui donnant un air séduisant. Il n'avait pas coupé ses cheveux depuis un bout de temps à en juger par la courte mèche rebelle qui retombait devant le bleu de ses yeux. Elle prit du recul sur l'image avec ses doigts et se concentra sur une subtilité en arrière-plan. Un écureuil avait posé pour elle à son insu, figé sur une branche et tenant une noisette entre ses pattes. Elle rigola un instant, se disant que la photo était parfaite.

Alors qu'elle se dirigeait vers les bois, un objet passa devant ses yeux. Elle fit un bon avant de comprendre qu'il s'agissait d'une balle de tennis. Andréa avait tourné la tête pour en connaitre la provenance, jusqu'à ce qu'elle ne soit éblouie par un animal à quatre pattes qui suivait la même trajectoire. Elle regarda l'animal, admirant son pelage noir et feu, fouiller les feuilles mortes de sa truffe à la recherche de son graal. Il ne devait pas avoir plus de trois mois et semblait joueur. Il y avait tellement de choses à regarder, qu'il ne savait plus où donner de la tête. Il avait été plusieurs fois mitigé entre rapporter sa balle ou attraper une branche jonchant le sol.

Sa curiosité et son excitation traduisaient son jeune âge, sans parler de son pelage, de sa taille et de sa folie évidente. Il s'approcha timidement d'Andréa, analysant les effluves pouvant l'attirer ou l'éloigner d'un éventuel danger. Elle s'agenouilla lentement lorsqu'il fut presque à ses pieds, approchant sa main précautionneusement pour qu'il la sente, ne voulant pas l'effrayer.

Elle se figea pour qu'il l'examine de plus près et fut conquise dès le premier coup de tête. Il lui offrit son dos à la recherche d'une caresse et ne fut pas déçu. Elle pouvait sentir la chaleur émanant de ses couches de peau moelleuses, typique d'un chiot. Il était doux et elle pouvait même sentir l'odeur particulière d'un nouveau-né. Elle s'était retenue de verser une larme, lui rappelant la jeune chienne qu'elle avait perdue, lorsqu'Andréa avait quatorze ans. Cela avait été un véritable déchirement pour elle.

Elle partageait tout et l'emmenait partout, dès qu'elle en avait l'occasion. Les animaux avaient cette faculté d'aimer sans conditions qui la fascinait au plus haut point. Andréa avait longtemps hésité quant au choix de son futur métier. Ces bêtes à chagrin qu'elle aimait tant, avaient un pouvoir qu'elle enviait. Ils n'étaient pas rancuniers, ils étaient des éponges émotionnelles au service des humains et ils étaient surtout un bon prétexte pour ne pas faire ses devoirs. Andréa avait accusée trois fois sa chienne d'avoir dévorer ses cahiers, pour ne pas avoir à les faire, avant que son institutrice ne découvre le pot au rose.

Elle esquissa un sourire en repensant à cet épisode de sa vie, dont elle se vantait peu. Cela lui manquait terriblement, mais elle savait que prendre un compagnon de route, serait un jour ou l'autre un déchirement. Elle avait tellement souffert de la perte de sa chienne qu'elle considérait comme un membre de la famille à part entière, qu'elle ne voulait plus s'infliger une telle douleur. Alors elle cessa d'accaparer le chiot qui se roulait maintenant à ses pieds et se releva à contre-cœur. Elle entendit son maître l'appeler au loin et Andréa le vit disparaitre, sa balle de tennis dans la gueule. Elle le vit s'éloigner, n'ayant même pas pensé à le prendre en photo. Les émotions lui avaient faire vivre le moment présent et elle garda cette précieuse image, gravée dans sa mémoire plutôt que dans une pellicule.

Elle continua son épopée sans se montrer jusqu'à l'embrasure d'une forêt. L'odeur des fougères lui montait aux naseaux, fermant les yeux pour profiter du privilège que la nature lui apportait. Les couleurs changeaient à mesure où elle s'engouffrait dans l'environnement boisé. Elle était entourée d'arbres centenaires plus majestueux les uns que les autres. L'enfant siégeant en elle se manifesta et elle se jeta littéralement sur un des arbres le plus proche, tentant de faire toucher ses doigts autour du tronc.

Elle pressa de toute ses forces, faisant grincer sa croûte par endroit pendant quelques secondes et se ravisant en voyant qu'elle avait vu trop grand. Partiellement couverte de sève et d'écorce, elle épousseta vigoureusement sa veste avant de reprendre sa marche. L'odeur des pins la faisait voyager, cela lui rappelait les vastes forêts du Canada. Ne voulant pas briser ce savoureux moment, son âme d'enfant lui dictait ses gestes et elle donna un coup de pied dans une pomme de pin traînant sur le sol, la faisant voler à quelques mètres.

Elle se retourna en entendant un son qui lui avait manqué, celui d'une châtaigne chutant d'un arbre. Elle fut contente de ne pas s'être trouvée en dessous, n'ayant pas servi de cible. Elle fit quelques pas en observant les alentours, bien décidée à tout inspecter. Elle pouvait entendre les feuilles se plier sous la pression de ses foulées, provoquant un craquement agréable. L'arrière-saison la ramenait en enfance, bercée par une compilation de senteurs alliant l'argile et la poussière. Son sens olfactif lui évoquait un souvenir différent à chaque enjambée, la faisant parfois voyager vers d'autre continents.

Elle releva la tête pour observer la hauteur des arbres lorsqu'elle vit un halo de lumière se dessiner en cercle parfait autour des feuillages épais. Elle n'avait pas hésité à sortir son appareil pour graver cette image.

Après un certain temps passé à explorer le bois, la fraîcheur tomba et elle décida de rentrer. Elle avait pris un bon bol d'air frais et se sentait prête à rebrousser chemin. Andréa s'arrêta un moment sur le parc désert et pressa le pas pour rentrer se mettre au chaud, salivant déjà sur le chocolat chaud qu'elle allait siroter sous un plaid.

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Assise sur son canapé, elle porta sa tasse à ses lèvres, savourant le réconfort que ça lui apportait. Elle fixa son appareil photo posé sur la table basse, mitigée par son envie de parcourir les multiples clichés pris au cours de l'après-midi. Elle savait que ça allait prendre du temps mais se sentait d'humeur à les trier. Parfois trop critique envers elle-même, elle s'était vu garder une seule photo sur soixante, effaçant les traces d'une excursion qui avait pourtant durée trois heures.

Elle commença à faire aller son doigt de droite à gauche sur l'écran tactile, passant rapidement sur ses premiers essais. Elle s'arrêta rapidement sur celles du parc, immortalisant les deux garçons qui jouaient au ballon. Un détail l'interpella et elle passa à la suivante pour confirmer ses doutes. Elle n'avait pas fait attention à la ressemblance qu'il y avait entre Evan et les deux enfants.

Elle n'avait jamais vraiment prêté attention à la cicatrice incrustée dans son sourcil. Elle n'avait pas non plus remarqué le grain de beauté sur sa tempe, se mêlant presque à la racine de ses cheveux. Il y avait tellement de détails le caractérisant qu'elle se demanda comment elle n'avait pas pu les remarquer avant.

Riant à gorge déployée, elle se serait bien vu partager un tel moment de complicité avec lui. Mais qu'est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi ne se passait-il pas un jour sans qu'elle ne pense à lui ? Elle ne l'avait pas vu venir ce coup-là. Andréa fouilla dans un tiroir de son meuble d'entrée, attrapa une feuille et un stylo et fit rapidement les comptes.

Le sentiment de légèreté quand elle lui parlait, Check. Le cœur qui s'emballe et ses mains qui devenaient moites quand elle le voyait, Check. L'envie de sentir les effluves de son parfum quand il passait à côté d'elle, Check. L'écouter parler avec intérêt comme elle l'avait déjà fait, Check. La chaleur réconfortante de ses bras, Check. Le charme inconditionnel qui émanait de son sourire, Check. «Mon dieu, si ça continue il va me falloir plus de feuilles.», avait-elle pensé. Voilà ce qu'elle avait ; dix ans et des couettes.

Mais comment était-ce arrivé ? Il n'y avait pourtant pas eu de signaux de sa part. C'était juste un homme bien élevé qui l'avait aidée à traverser une sale période et maintenant elle ne pouvait plus s'en passer. Elle avait passé sa soirée à torturer son esprit, imaginant les pires choses pour le chasser de sa tête. Elle n'arrivait plus à le sortir de sa tête et elle avait mis deux heures avant de réussir à s'endormir.

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Le lendemain matin, Andréa avait eu le temps de passer au café du coin avant le travail, profitant du soleil qu'elle n'allait pas revoir de sitôt. Elle travaillait parfois en étroite collaboration avec Rodney et le sentait irritable à mesure que le temps s'écoulait. Cela jouait également sur son moral et elle n'était pas très enthousiaste à l'idée de franchir les portes du laboratoire. Elle s'engouffra dans le couloir menant au vestiaire, sa boisson chaude à la main. Elle pressa le pas en voyant qu'elle n'était pas en avance, saluant quelques Marines sur sa route.

Enfin en tenue, elle enfila sa blouse et pris la direction du laboratoire. Alors qu'elle se tenait devant la porte close, elle chercha sa carte magnétique à tâtons, dans ses nombreuses poches. Soupirant bruyamment, elle tourna les talons, manquant de renverser sa boisson. «Si j'avais vu votre café, je me serais manifesté plus tôt.». Andréa rigola de bon cœur à ses mots. «Bonjour, Major!». Il semblait de bonne humeur et avait l'air parfaitement reposé. Elle s'était dit qu'il fallait vraiment qu'elle s'abstienne de se balader avec un café, cela devenait dangereux pour quiconque s'approchait d'elle, en particulier Evan.

Elle n'arrivait pas à détourner ses yeux des siens, surtout depuis qu'elle avait identifié ces détails. Cela dura un moment avant qu'il ne fronce les sourcils et ne prenne la parole. Il leva la main vers son visage, effleurant le haut de sa joue, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. «Vous faites encore des cauchemars, doc. ?». Il avait manifestement repéré les traces de son sommeil tourmenté.

Elle avait mis du temps à répondre, réalisant qu'il n'avait jamais été aussi proche avant. «Heu… Non pourquoi ?». «Vous avez une petite mine.». Elle se demanda à cet instant si de simples amis se comportaient comme ça, alors dans un souci de rationalité, elle s'était dit qu'elle comparerait sa relation amicale avec celle qu'elle entretenait avec Radek. Elle ne pouvait tout simplement pas changer son attitude envers lui, ne voulant pas se heurter à une déception. «Oh, merci du compliment, Major.».

Ses yeux avaient suivi le mouvement de sa main qui s'était posée sur son épaule, la faisant rougir instinctivement. «Si jamais vous voulez en parler, vous savez que je suis là. « Andréa avait dégluti péniblement et hoché la tête. Le son de sa voix était resté bloqué au fond de sa gorge devenue sèche. Sur le moment elle avait presque envie de lui dire que tout allait mal, uniquement pour qu'il s'occupe d'elle, mais le mensonge ne faisait pas partie de la définition qu'elle donnait à l'amitié.

«Tout va bien, mais j'y penserai.». Elle maudit le moment où il retira sa main. «Avez-vous passé un bon week-end, Major ?». Evan lui raconta brièvement comment ses deux neveux l'avaient ridiculisé en jouant au football, devant le regard amusé de sa sœur. Lorsqu'il lui posa la même question, elle hésita et bafouilla. «Oh… je me suis baladée en ville.». «Oui bon, ce n'est qu'un tout petit mensonge de rien du tout», s'était-elle dit.

Soudain, elle le vit se pencher en avant, s'approchant d'elle à quelques centimètres au-dessus de son épaule. Les picotements dans ses extrémités lui rappelaient que son cœur battait toujours, ce dont elle avait douté un instant. La porte du laboratoire s'ouvrit brusquement derrière elle, comprenant ce qui venait d'arriver. Andréa ne l'avait pas vue passer sa carte magnétique devant le détecteur et s'était imaginé un tout autre scénario. Elle ferma les yeux en espérant qu'il n'ait pas vu son air hébété. L'étrange sensation de brûlure ne voulait pas quitter ses joues alors elle le remercia et s'engouffra rapidement dans le laboratoire.

Elle s'arrêta un instant sur ce qui venait de se produire, restant immobile à l'entrée de la pièce. Elle essaya de se reprendre et s'intima l'ordre de cesser d'interpréter ses gestes. Son esprit, visiblement troublé à son contact, lui suggérait qu'il s'agissait de signaux. Elle devait se reprendre avant qu'il ne se rende compte de l'effet qu'il lui faisait.

Leur conversation avait été écourtée et elle n'avait jamais été aussi contente depuis qu'il était rentré sur Terre. Sa simple présence lui rappelait de bons souvenirs. Étant en permission les jours suivants, il l'avait invitée à boire un verre le soir même. Elle ne s'était pas fait prier pour accepter et se sentait de bonne humeur.

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Le Colonel Sheppard avait convié Elisabeth, Carson et Rodney pour partager un repas en souvenir du bon vieux temps qui n'était finalement pas si lointain. Tous les quatre attablés, la lassitude se lisaient sur leur visage. Leurs nouvelles fonctions n'étaient pas pour leur déplaire mais c'était loin de compenser la vie sur Atlantis. Après s'être étendue sur la vie sentimentale de Carson, la conversation vira rapidement sur l'ancienne cité perdue. O'Neill et Woolsey étaient resté sur place et assuraient la liaison entre les deux mondes, comme convenu.

Alors qu'ils évoquaient quelques faits marquants, leurs quatre téléphones s'étaient mis à sonner simultanément, les mettant sur la piste qu'il s'agissait certainement du travail. En moins de temps pour le dire, ils étaient déjà en salle de briefing au SGC. Une vidéo avait été transmise et s'affichait maintenant sur l'écran. On pouvait voir le Général O'Neill en premier plan, visiblement perturbé. «Atlantis subit une attaque des Réplicateurs! On ne sait pas comment, mais ils ont réussi à contourner le programme. Les Anciens ne s'attendaient pas à devoir se défendre, ils ont déjà perdu la majeure partie de la cité. Nous demandons une évacuation immédiate!». Le Général Landry se tourna vers les quatre visages inquiets, leur précisant qu'ils n'avaient pas réussi à atteindre la porte des étoiles.

Landry cherchait des explications auprès des quatre experts. Ils ne les avaient pas fait venir pour les envoyer en mission de sauvetage, mais pour savoir comment faire passer une bombe nucléaire à travers le bouclier de la cité. Sheppard avait bien essayé de négocier en demandant soixante Marines, sans oublier de mentionner le fait qu'il connaissait la cité comme sa poche, mais Landry le stoppa dans son idée. Il comptait sur le Dédale pour y parvenir et ils avaient quatre jours pour trouver une solution, avant que ce dernier ne soit en orbite à proximité de la Terre.

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Elle venait de terminer sa journée et elle avait attendu cette soirée avec impatience. Andréa se dirigeait vers la sortie lorsqu'elle aperçut Evan, conversant avec deux Marines. Les deux hommes avaient tourné la tête vers elle, faisant pivoter Evan de curiosité. Un sac de sport sur l'épaule, il la salua en la toisant discrètement.

Elle avait mis du temps à choisir ses vêtements, au point d'être arrivée en retard au travail. Elle passa devant le groupe d'homme avant de rapidement se retrouver à l'air libre.

Elle attendait Evan devant la base, profitant du climat particulièrement doux. Elle n'avait jamais été aussi stressée alors qu'il s'agissait d'un simple verre entre amis. Elle savait qu'ils allaient rejoindre d'autres militaires mais n'en savait pas plus. Il était sorti discrètement et resta immobile après quelques pas, visualisant la femme qui l'attendait. Elle était de dos et il ne put qu'analyser sa tenue. Elle portait un jean serré, moulant ses formes parfaitement équilibrées à ses yeux. Une veste en cuir reposait sur son haut fluide, lui donnant un côté rock qui lui plaisait. Ses bottines marrons complétaient le tout, offrant un aspect harmonieux.

Il l'avait rarement vu les cheveux détachés, mais la vision de ses boucles s'écrasant sur ses épaules, dépeignait une silhouette agréable à regarder. Sa couleur rousse se mariée à merveille avec son choix vestimentaire. Il la trouvait tout simplement magnifique et avait hâte de partager un moment avec elle. Il avait tellement de chose à lui raconter qu'une seule soirée ne suffirait pas. Elle se retourna lorsqu'elle entendit des pas et ne put qu'afficher un sourire timide. Il lui tendit son bras auquel elle s'attacha instinctivement. «On y va?». Son attitude avait changé et il semblait étrangement détendu. La différence était flagrante.

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Ils étaient tous réunis dans le bureau de Sheppard, prêt à aider O'Neill et Woolsey. La vidéo qu'ils avaient visionné plus tôt, montrait clairement que les deux hommes étaient en mauvaise posture. Carson s'interrogeait sur l'arme capable d'éradiquer les Réplicateurs, qu'avait évoqué Rodney u peu plu tôt. «Un fusil anti-réplicateur. Ce sont des armes qui cassent le lien entre les cellules nanites. Quand il prend une décharge, le Réplicateur se désintègre.».

«À mon avis, si l'on décidait d'aller sur Atlantis, Teyla et Ronon seraient prêts à nous donner un coup de main.». Ellisabeth fit remarquer au Colonel que même s'ils le voulaient, ils n'obtiendraient jamais l'aval du Général Landry. Passer par la porte leur serait impossible, sans parler du fait que les Anciens activeraient le bouclier à la minute où elle serait active. Rodney avait brillamment fait savoir qu'il avait ajouté une porte dérobée dans le programme qu'il avait conçu, lorsque Kolya avait attaqué la cité.

Au lieu de se concentrer sur Atlantis, où ils débarqueraient à quatre contre une armée d'Anciens, ne semblait pas être une bonne idée aux yeux de Sheppard. Alors il proposa de se rendre là où vivaient Teyla et Ronon. Un Jumper leur permettrait de s'y rendre mais le SGC regorgeait de militaires. Ils devaient trouver une solution pour ne pas se faire prendre et comptaient sur le savoir de Rodney pour y arriver.

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Andréa marchait à ses côtés, son bras enchevêtré au sien. Ils avaient mis quelques minutes avant d'arriver au bar, parlant de choses et d'autres, notant la différence significative de température par rapport à celle sur Atlantis. Cela leur rappela quelques souvenirs qu'ils avaient du mal à accepter en tant que tel.

Avant d'entrer, Evan l'avait saisi par le bras, la faisant se retourner. «Tu verras, j'ai une petite surprise pour toi.». Elle n'avait pas rêvé, il venait de lui faire un clin d'œil. Si ça ne ce n'était pas un signal, cela voudrait dire qu'elle se faisait vraiment des films. Il ne lui avait pas laissé le temps de comprendre et il l'emmena à l'intérieur, prenant soin de lui tenir la porte.

L'endroit fourmillait de militaires, certains plus éméchés que d'autres, comprenant que la soirée avait commencé tôt pour quelques Marines accoudés au bar. Elle regarda Evan se mettre sur la pointe des pieds, cherchant à identifier le groupe qui les attendait. Elle sentit sa main plonger dans la sienne, tentant de se frayer un chemin en donnant quelques coups d'épaule au passage. Il avait rompu le contact lorsque trois visages familiers les avaient accueillis.

Une vague d'émotion la submergea lorsqu'elle reconnut Steackhouse, Parrish et Jones. Elle les serra dans ses bras à tour de rôle, s'attardant dans ceux du Caporal Jones, qui ne voulait plus la lâcher. Cela faisait presqu'un mois qu'ils ne s'étaient pas revu et cette effusion avait clairement traduit son manque.

Après avoir commandé des boissons, ils avaient chacun parlé de leur nouveau poste. Ce changement avait été radical et même après tout ce temps, ils n'arrivaient pas à s'y faire. Quand ce fut au tour d'Andréa, elle s'était lancée dans des explications un peu trop pointues, mais personne ne voulait l'arrêter sur sa lancée. Elle semblait tellement heureuse sur le coup, qu'ils avaient préféré l'écouter religieusement, en essayant de comprendre ce que son travail pouvait apporter au Monde.

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Ils avaient enfin rejoint la planète où résidaient les Athosiens. Ils n'avaient pas marché longtemps avant de tomber sur Teyla et Ronon, qui s'étaient étonnés de les voir tous les quatre. C'est sans attendre que Ronon demanda pourquoi ils étaient là. Les Réplicateurs avaient pris possession de la cité et ils étaient prêts, coûte que coûte, à sauver la ville qu'ils avaient tant aimée.

L'équipe étant au complet, ils se tenaient tous les six à bord du Jumper. Rodney avait minutieusement recalibré l'algorithme, leur permettant de passer la porte sans que les Anciens ne puissent activer leur bouclier. Ils allaient retrouver leur ville après tout ce temps mais ne savaient pas dans quel état. Priant pour que tout fonctionne, ce fut sans encombre qu'ils avaient passé la porte.

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Les heures s'écoulaient comme des minutes et la fatigue commençait à pointer le bout de son nez sur le visage du docteur Parrish. Il avait salué ses compagnons, avant de partir, leur promettant de remettre ça bientôt. Le Sergent Stackhouse avait rapidement suivi le mouvement, laissant Andréa avec Lorne et Jones.

Prise dans l'euphorie des retrouvailles, elle s'était laissé aller sur sa boisson alcoolisée et peinait à aligner, dans le bon ordre, les mots qui sortaient de sa bouche. Les deux hommes n'étaient pas dans le même état, même si quelques verres de plus aurait fait pencher la balance.

L'air frais l'avait saisie lorsqu'elle passa la porte, restant immobile quelques minutes sur le trottoir. Jones ne pu s'empêcher de l'étreindre pour lui souhaiter une bonne nuit, sachant qu'elle ne rentrerait pas seule. Il salua Evan d'une franche poignée de main avant de s'éloigner, les laissant seuls à leur sort.

Il ne pouvait pas s'empêcher de la regarder, jaugeant son état de fatigue. Elle avait clairement abusé d'alcool et n'avait pas senti les effets venir. Ses yeux brillaient tellement qu'ils auraient pu éclairer toute une rue. Il fut certain que cette soirée lui avait fait oublier le travail.

Ce fut naturellement et sans un mot qu'il l'avait raccompagnée jusqu'à son appartement. Arrivés devant la porte d'entrée, Evan ne put que rire de la situation. Andréa était accroupie et avait complètement retourné son sac à main au sol, cherchant après ses clés. Elle avait l'air d'en tenir une couche, malgré ses brefs moments de lucidité. Elle se releva brusquement, comme si une idée avait tapé le haut de son cerveau. Evan soupira lorsqu'il l'a vit sortir un trousseau de clé de sa poche.

Après avoir rangé à la hâte l'intégralité de ses affaires éparpillées dans le couloir, elle passa la porte en prenant soin de se tenir aux murs et aux objets croisant sa route. Son instinct l'avait dirigée vers son canapé, où elle se laissa tomber lourdement. Evan ferma la porte derrière lui et s'empressa de la suivre, doutant du fait qu'elle arrive à bon port sans tomber. Il soupira de soulagement lorsqu'il la vit s'encastrer dans le sofa. Semi-consciente, il enleva ses chaussures et la recouvra d'un plaid.

Elle semblait s'être endormie. La sachant en sécurité, il ne lui restait plus qu'à partir. Il n'avait pas pris le temps d'examiner son environnement alors il s'arrêta un instant sur la décoration sommaire. Le seul mot qui lui venait en tête pour caractériser son appartement fut; épuré. C'était comme si elle s'apprêtait à repartir. Il n'avait pas été dans sa chambre mais il était prêt à parier que sa valise n'était même pas défaite. Ils avaient longuement discuté du fait que les Anciens pourraient changer d'avis. Andréa était persuadée de pouvoir un jour retourner sur Atlantis mais l'espoir qu'elle avait s'amenuisait avec le temps. Elle ne voulait pas se faire une raison.

Après avoir passé en revu la pièce, il la regarda une dernière fois, s'assurant qu'elle avait tout ce qu'il fallait. Ne sachant pas si elle se souviendrait de sa soirée dans les moindres détails, il décida de lui écrire un mot. Il chercha une feuille et un stylo et n'avait pas été bien loin pour trouver son bonheur. Il se pencha sur la table basse, prenant le bloc note à pleine main. Malgré la pénombre, il avait réussi à lire les quelques lignes inscrites.

Le doute s'immisça en lui, se demandant s'il se trompait. Il secoua la tête et pris la page suivante. Posé sur le bar, il s'était mis à griffonner avant d'arracher la feuille et la déposer sur la table basse, s'assurant qu'elle ne le louperait pas à son réveil.

Lorsqu'il se pencha pour déposer le tout, il s'arrêta net en la voyant bouger. Ne voulant pas la réveiller, il attendait patiemment qu'elle se fige. Elle se releva lentement et s'était naturellement accrochée à lui, entourant ses bras autour de sa taille. Il n'osait plus bouger, profitant de sa présence, se demandant quoi faire. Son regard encore embrumé avait croisé le sien. Ils n'avaient jamais été aussi proche et cela lui faisait peur, mais il attendit simplement. Elle le scanna et fit de nouveau les comptes; l'humour, l'intelligence, le sourire, la folie, le charme, la douceur… tout était là.

Alors qu'il la voyait pourtant sûre d'elle, il ricana en entendant son ton jovial. «J'adooooore ton sourire!». Andréa posa sa main sur sa joue. Elle plissa les yeux pour améliorer sa vision dans l'obscurité, s'assurant de ne pas lui crever un œil par inadvertance. Elle s'était mise sur la pointe des pieds et avait simplement déposé ses lèvres sur les siennes. Elle recommença en y mettant toute la tendresse possible et imaginable, attendant silencieusement un retour de sa part.

Il se rappela le fil de la soirée, se revoyant assis en face d'elle, l'observant silencieusement. Il aurait pu l'écouter parler de ses théories pendant des heures. Il la trouvait tellement fascinante. De quoi avait-il peur pour ne pas vouloir se lancer ? Il avait vu son attitude lorsqu'il lui parlait mais était-il l'homme qu'il lui fallait ? Serait-il à la hauteur ? Serait-il capable de lui donner ce qu'elle prétendait vouloir. Faisait-il fausse route ou était-il simplement berné par son propre cerveau? Il avait tellement de doute que son esprit lui avait fait faire un demi-tour radical. Que ferait-elle s'il venait à disparaître ? Comment réagirait-elle s'il lui arrivait quelque chose sur le terrain ? Que laisserait-il ? Fallait-il qu'il s'attache au point d'être pleuré ?

Toutes ces questions s'étaient bousculées dans sa tête, le plongeant dans un dilemme qui le menait à la fuite. Cette cacophonie intérieure le perturbait et l'état d'urgence lui avait fait prendre une décision qu'il regretterait probablement. Il voulait tellement maintenir cette relation comme elle l'était mais elle en voulait plus. Elle avait percé cette carapace qu'il s'était promis de garder hermétique pour ne plus avoir à souffrir, exposant son cœur à la femme qui se tenait devant lui. Il n'était pas réfractaire à l'amour mais n'avait pas pensé y être de nouveau confronté si rapidement.

Ce fut sans surprise qu'elle s'était reculée, accusant le coup de la claque invisible qu'elle venait de prendre de plein fouet. L'incompréhension, le doute, la colère et la tristesse s'étaient mélangé, la figeant sur place un moment. Les effets produits par l'alcool, s'étaient dissipés en une fraction de seconde. Elle s'était dirigée vers le canapé sans un mot, trop concentrée à atteindre son objectif sans vaciller.

Evan lui déposa de nouveau la couverture sur elle et l'observa en silence. Il se demandait ce qu'il allait faire de tout ça et avait préféré s'en aller avant d'être pris de remords. Il déposa un baiser à la racine de ses cheveux, la laissant à ses rêves, avant de partir le cœur lourd.

TBC...