Encore un chapitre qui parle très peu de l'épisode en lui-même, fraîchement terminé. Enjoy ;)
Chapitre 8
Elle n'avait pas ressenti ça depuis très longtemps mais elle n'allait pas s'apitoyer sur son sort, étant la seule responsable de son état. Avachie dans son canapé, elle se souvenait avoir rampé en pleine nuit jusqu'à sa salle de bain, pour rendre son repas de la veille. Elle était restée un moment sur le carrelage glacé, se demandant brièvement si elle allait passer sa nuit penchée au-dessus de la cuvette des toilettes. Elle s'était sentie chanceuse d'être célibataire, ne voulant pas dévoiler cette partie d'elle, peu glamour et peu ragoûtante.
Elle essaya de rassembler ses souvenirs mais il n'y avait rien de plus que le néant. Elle s'était souvenu être entré dans ce bar bruyant, accompagné d'Evan. Ils avaient trinqué une fois, puis deux, puis plus rien. Qu'avait-elle bien pu faire ou raconter ? Elle espérait ne pas s'être ridiculisée devant ses amis et collègues.
Elle aimait bien faire des comparaisons alors elle imagina un verre de martini et visualisa son cerveau en guise d'olive, flottant en sa surface. C'était ça, elle se sentait comme sur un bateau, dérivant en pleine mer, en quête de réponses. Elle esquissa un sourire en pensant furtivement à la boisson favorite du célèbre agent secret de Scotland Yard, puis se ravisa quand elle eut un haut-le-cœur. Il ne fallait plus lui parler d'alcool, ce n'était clairement plus de son âge. Mais y avait-il réellement un âge pour ça ? Elle ne tenait pas l'alcool, un point c'est tout.
Sa dernière cuite remontait à une dizaine d'années en arrière et elle n'avait, à ce jour, aucuns souvenirs de son déroulement. Elle ne connaissait pas ses limites, c'était une certitude. N'ayant pas le choix que de faire avec, elle accepta son état, se disant que c'était la dernière fois qu'elle dépassait la limite d'un verre. Elle n'avait pourtant pas le souvenir d'avoir bu tant que ça. En tous cas, rien qui ne justifiait son état actuel.
Il lui fallait des bulles pour faire passer tout ça. De l'eau salé aiderait son estomac, et pourquoi pas sa mémoire au passage. Elle chercha du regard sa bouteille d'eau à travers la pièce. La lumière du jour éclairait son salon qui ne semblait pas en désordre. Elle se redressa dans un effort surhumain, poussant un râle de douleur. Son intestin semblait peser deux tonnes, et elle avait l'impression que son sang stagnait dans sa tête.
Elle se leva, non sans mal et se dirigea vers la cuisine. Après avoir attrapé une bouteille d'eau gazeuse et un médicament, elle se laissa tomber sur le canapé, puis souffla bruyamment en réalisant qu'elle avait oublié de prendre un verre. Son regard se porta sur la table basse où elle venait de déposer ses trouvailles. Une feuille avait été arrachée de son bloc note et quelqu'un avait inscrit un mot. «Appelle-moi quand tu auras émergé. Evan.».
Elle fit un bon en voyant que la page de sa Check-list était repliée. Elle pria de toute ses forces pour qu'il ne l'ait pas lu. Elle s'arrêta un moment en comprenant qu'il l'avait raccompagnée chez elle. Elle prit son courage à deux mains et se dirigea vers son sac à main, resté dans l'entrée, sans omettre de prendre un verre dans la cuisine.
Alors que l'effervescent faisait son travail, elle se demanda ce qui avait bien pu se passer pour que son sac soit dans un tel désordre. Elle trouva son téléphone et envoya un message à Evan. Pourquoi lui avait-il demandé de l'appeler ? Elle espérait ne pas avoir dit ou fait quelque chose qu'elle aurait regretté. L'anxiété s'installa, tenant maintenant compagnie à une migraine et une indigestion, bien ancrées.
Elle fut surprise d'entendre frapper à sa porte peu de temps après avoir lui avoir envoyé un message. Evan lui avait simplement répondu; «j'arrive», sans en dire plus. Après lui avoir crié que c'était ouvert, il avait mis du temps à rentrer, ne voulant pas s'immiscer dans son intimité. Elle n'avait pas l'air d'avoir bougé, c'était comme s'il l'avait quittée la veille, sauf que ses cheveux avaient clairement besoin d'un coup de brosse. Son visage indiquait qu'elle était dans le mal et il n'allait pas se gêner pour s'en amuser.
Elle était penchée au-dessus d'un verre, qu'il identifia comme étant un remède lorsqu'il s'était approché. L'odeur âcre de l'alcool lui piquait le nez à mesure qu'il avançait et il n'avait pas hésité à ouvrir la fenêtre pour la chasser.
«Ce n'est pas drôle, je ne sais même pas comment je suis rentrée chez moi ! Enfin, je me doute que vous m'avez ramenée.», lui avait-elle dit en agitant le papier manuscrit. «On ne se tutoyait pas hier soir ?». Elle leva les yeux vers lui en les plissant, tentant de se souvenir de ce détail. «J'avais comme un doute, mais ça me paraît évident maintenant.». Il leva les mains vers elle pour se dédouaner. «C'était de ta propre initiative.».
Elle souffla en posant ses mains sur ses yeux, la tête au-dessus de son verre d'eau. «Tu en tenais une sacrée, hier soir». «Merci de me le rappeler, ta sollicitude me touche beaucoup.». Elle avait l'air confuse mais n'avait pas pu s'empêcher de rire en imaginant son propre reflet. Il n'avait pas l'air d'avoir bu comme elle l'avait fait et semblait en savoir beaucoup plus qu'il ne voulait l'avouer, sur les évènements de la veille.
«Rassure-moi, je n'ai rien fait qui puisse m'attirer des ennuis au moins ?». Elle n'avait pas attendu sa réponse et enchaîna. «Je veux dire, je n'ai pas dansé sur la table ou fait ce genre de chose ?». Il rigola de nouveau, imaginant la scène un bref instant. «Est-ce que j'ai besoin d'entendre cette histoire ?». «Certainement pas.».
Convaincu de son amnésie, il prit place à ses côtés, certain de ne pas se retrouver en mauvaise posture. «Est-ce que tu peux m'éclairer au lieu de te moquer?». Il se sentait gêné et doutait qu'elle accepterait la vérité, alors en attendant de se décider, il meubla. «Ça va te coûter très cher !». «Je te préviens, je refuse de faire des pompes.».
Elle regarda le sac qu'il tenait entre ses mains, surprise de ne pas l'avoir remarqué avant. «Infusion au gingembre.», lui avait-il précisé. Elle chercha dans une partie de son cerveau restée active, les bienfaits du gingembre sur une gueule de bois. Elle en avait vaguement entendu parler mais elle restait tout de même septique. Ce n'était pas comme si elle avait une autre idée en poche, alors elle hocha simplement la tête. Tout était bon à prendre, on aurait pu lui faire boire une infusion au fromage ou à la carotte, elle aurait fait n'importe quoi pour calmer les rouages de son estomac.
Il se leva et prit la direction de la cuisine. Il ouvrit quelques placards et s'étonna de trouver son bonheur. Le bruissement des portes qui se ferment et le tintement des assiettes qui s'entrechoquent, étaient décuplées. Andréa sentait que sa tête allait exploser. «Je t'en supplie, fais moins de bruit.». Il ricana, jetant un œil furtif sur la femme à qui il préparait à manger. Il déposa une tranche de pain dans une assiette et attrapa le pot de miel. Elle n'allait pas en démordre, il fallait combler ses trous de mémoire, alors elle réitéra sa demande.
«Evan !Dis-moi ce qui s'est passé. S'il te plaît.». Il releva la tête, se demandant s'il était judicieux de lui avouer la vérité. Lui dire qu'elle l'avait embrassé, deux fois de suite, alors qu'elle n'était pas elle-même ne servirait peut-être pas à grand-chose. Il pensait qu'si vraiment cela avait été important pour elle, elle s'en serait souvenue. Evan croyait dur comme fer à cette théorie alors il préféra enterrer cet aparté. «Il n'y a rien qui vaille le coup, je te rassure.». Elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance et fut soulagée par ses mots.
Il déposa l'assiette sur la table basse en espérant que ça l'aiderait. Elle examina le contenu et souleva la tranche de pain précautionneusement, éprouvant un dégoût à son contact. «Est-ce que je t'ai fait du mal pour que tu m'infliges un tel supplice ?». Il ne s'agissait pourtant que d'une tranche de pain complet recouverte d'une fine couche de miel. Il connaissait les astuces, ayant brillamment survécu plus d'une fois à ses propres lendemains de soirées difficiles. Alors qu'il préparait l'infusion, il pouvait la voir hésiter. «Mange !», lui ordonna-t-il.
Elle grogna de mécontentement mais s'exécuta, tandis qu'il posait la tasse fumante sous ses yeux. Sachant qu'il était en repos, Andréa lui demanda s'il avait des projets pour la journée. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait envie de passer la journée avec lui. Peut-être pour qu'il lui rappelle la soirée qu'elle venait de passer. Elle le croyait quand il lui disait qu'il ne s'était rien passé d'inhabituel. Elle s'en serait souvenue si elle s'était ridiculisée devant la moitié des militaires regroupés dans ce bar.
Il voulait lui dire que non et rester avec elle, mais il savait que ce serait une mauvaise idée alors il inventa un prétexte. Il l'avait repoussé la veille, ne voulant pas être confronté à ce genre d'émotions futiles, alors il n'allait pas donner une occasion à son cerveau de le faire changer d'avis. Il fallait qu'il mette de la distance entre eux, mais il voulait simplement s'assurer qu'elle allait bien avant de la laisser. Sa présence relevait surtout de la curiosité, voulant avant tout savoir si elle se souvenait de se baiser. Il avait ressenti sa déception quant à sa réponse et lorsqu'il lui posa la question en retour, elle lui avoua que décuver serait une bonne idée.
Elle avait englouti presque la moitié de sa tartine. Elle mangeait doucement pour être sûre de ne pas avoir à se retrouver de nouveau sur le carrelage de sa salle de bain. «Hmm. Je crois que mon estomac apprécie. Tu devrais venir plus souvent.».
Connaissant maintenant ses sentiments envers lui, il ne pouvait pas s'empêcher d'interpréter ses paroles. Il se sentait perdu et ne savait toujours pas comment allait devenir cette relation. Les cartes étaient à présent dans ses mains, mais s'il ne savait pas quoi en faire. Elle en voulait plus, c'était évident. La seule solution qu'il trouva allait leur faire du mal à tous les deux. S'éloigner d'elle éviterait peut-être qu'elle s'attache davantage, lui évitant ainsi d'avoir à prendre la décision, mais cela aurait un impact néfaste sur leur amitié. Était-il prêt à faire un tel sacrifice uniquement pour se protéger égoïstement ? Et Andréa dans tout ça ? À vrai dire, il n'y avait même pas pensé. S'il mettait de la distance entre eux, elle finirait par l'oublier, il en était persuadé.
Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui trouver ? Si toute ses relations s'étaient soldées par des échecs, c'est qu'il y avait forcément une explication rationnelle à tout ça ; il n'était pas fait pour la vie à deux, tout simplement. Du moins, il s'en était convaincu depuis sa dernière rupture amoureuse. Une sombre histoire de trahison remontant à une époque qui le hantait encore. C'était devenu la même rengaine et la fuite était son seul moyen de défense à chaque fois qu'une femme lui plaisait.
Il était resté là un moment, il l'a fixé, s'assurant qu'elle se nourrisse correctement. Pliée en deux pour manger proprement et essayer de faire bonne figure, malgré son état déplorable, elle se redressa lentement. La position n'était pas des plus agréable et son estomac n'avait pas manqué de lui faire savoir. Elle jeta un œil sur le côté et haussa un sourcil en le regardant. Quelque chose avait changé. «Tu avais cette coupe de cheveux hier soir ?». Il esquissa un sourire en lui faisant remarquer que sa mémoire revenait. Evan était justement chez le coiffeur avant de venir la voir. «Ça te va mieux.». Ce compliment lui venait du cœur et elle n'attendit rien en retour, s'affairant de nouveau à sa tartine.
Le téléphone d'Andréa se mit à sonner et la photo de Radek apparu sur l'écran. Il s'agissait d'un appel vidéo, et elle décrocha sans attendre. Un rire se fit entendre dès que son propre reflet apparu, imaginant très bien d'où venait son état de fatigue. «J'en connais une qui a passé une bonne soirée !». Ses oreilles bourdonnaient tellement qu'elle ferma les yeux pour calmer le pivert qui martelait ses tempes. «Parle moins fort, je t'en conjure!». Elle avait mentionné à Radek son emploi du temps de la veille et sa décision d'avouer à Evan ses sentiments.
«Alors ça y est ? Tu t'es décidée ?». Son cœur fit un bon et elle tourna le téléphone vers Evan pour faire taire Radek avant qu'il n'en dise trop. «Oh… Bonjour Major !». Evan fit un signe de la main avant de se lever. Il n'allait pas s'immiscer dans leur conversation alors il se dirigea naturellement vers la sortie, laissant les deux amis parler entre eux. Il se retourna, examinant une fois de plus la jeune femme. «As-tu besoin de quelque chose avant que je parte ?». Elle secoua la tête et le remercia d'être passé. Elle n'avait pas manqué le clin d'œil qu'il venait de lui lancer, avant de s'en aller.
La porte claqua et Radek s'empressa de commenter. «Je rêve où tu le tutoies?». Elle souffla bruyamment, expirant l'air retenu dans ses poumons. « Pas maintenant, je t'en supplie! Parle-moi de toi, comment ça se passe aux Pays-Bas ? ». Il en fallait plus que ça à Radek pour le dérouter. «Attends, on ne va pas parler de ce qui vient de se passer?». Andréa se dédouana en lui certifiant qu'il ne s'était rien passé, mais son ami ne semblait pas convaincu. «Tu veux dire que toi, seule avec Lorne dans ton appartement après un lendemain de soirée visiblement arrosé, ce n'est rien?». Elle concéda au fait que cela pouvait porter à confusion, mais elle s'était empressée de lui confier n'avoir aucuns souvenirs de la veille au soir.
Elle lui avait confiée ses doutes quant à son éventuel comportement et n'avait pas omis de lui parler du bloc note. Elle trouvait ça étrange qu'ils se tutoient, même si l'alcool désinhibait les gens, ce n'était pas dans son tempérament de prendre ce genre d'initiative. Elle avait confié sa vie à Evan lorsqu'ils avaient passé la porte des étoiles, traduisant sa confiance aveugle envers le soldat qu'il était, alors elle ne pouvait que le croire quand il lui disait qu'il ne s'était rien passé. «Laisse tomber! Je me suis fait des films. J'espère juste qu'il n'a rien remarqué.Ça m'embêterait de briser notre amitié pour des sentiments qui ne sont pas réciproques. ».
Radek la connaissait assez bien et il pouvait se permettre de lui parler librement. Il lui avait dit de faire attention à ses effusions qu'il qualifiait de trop tactile. «J'aime bien les câlins, ce n'est pas de ma faute !», s'était-elle défendue. Il lui avait pourtant répété que certaines actions pouvaient être interprétées de différentes manières selon les personnes, mais elle ne voulait pas renier sa façon d'être. Elle lui avait toutefois promis de se contrôler à l'avenir.
Parlant de choses et d'autres, Radek lui avait confié qu'elle était la cible de parieurs clandestins, au sein de la base. Les rumeurs allaient bon train et il lui confia que quelques civils et membres du corps militaire, avaient misés sur le fait qu'elle sortirait soit avec Evan, soit avec le Caporal Jones avant la fin de l'année. «Depuis quand tu écoutes les ragots Radek ?». Malgré la qualité d'image quasi-désastreuse, elle le vit parfaitement baisser les yeux à l'écran. «Ne me dit pas que tu as parié ?». Il n'avait pas tardé à réagir, pensant que ce serait une bonne idée. «Si tu me donnes des infos, on pourra partager !». Elle souffla en levant les yeux. «Quel âge as-tu, cinq ans ?».
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L'équipe du Colonel Sheppard avait péniblement rejoint Atlantis et s'efforçait de reprendre la cité, des mains des Réplicateurs. Rodney avait compris avec brio comment les anéantir en une seule fois. Il avait fallu redoubler d'ingéniosité pour se faufiler dans la ville sans se faire repérer. L'équipe avait formée trois binômes et disséminée des blocs de C4 à des points stratégiques pour faire diversion.
En démontant les fusils anti-réplicateurs, il suffisait de placer les cristaux qui étaient dans les armes en les connectant à ceux des émetteurs du bouclier de la ville. Seulement, les dix émetteurs étaient éparpillés dans les quatre coins d'Atlantis et l'état d'urgence les avaient poussés à se séparer. Le but était de déclencher une onde anti-réplicateur massive dans toute la cité. Cette action les dématérialiseraient à coup sûr, selon les prévisions d'un McKay plus que confiant.
Arrivés devant un des émetteurs, Rodney sollicita l'attention de tout le monde et illustra la marche à suivre. «Il faut retirer le cristal du panneau de contrôle et le replacer par celui de l'arme anti-réplicateur. Vous devez ensuite la placer dans la troisième fente à droite.». Chacun y mettait du sien pour ne pas manquer d'étapes, écoutant scrupuleusement les explications de l'astrophysicien. «Le troisième symbole à gauche active le cristal et le panneau se referme.», avait-il terminé.
Moins d'une heure plus tard, ils s'étaient tous pressés en salle des commandes pour avertir le Dédale de ne pas détruire Atlantis. Le Général Landry avait finalement trouvé un moyen de faire passer une bombe nucléaire, voulant la téléporter à l'aide du vaisseau commandé par le Colonel Caldwell.
Rodney avait scanné la cité et il n'y avait plus aucune trace de Réplicateurs, alors il s'était empressé de contacter le vaisseau en orbite. O'Neill et Woolsey avaient été soulagés d'entendre cette bonne nouvelle. Elisabeth pensa à tous les membres de la cité et s'était dit qu'ils seraient ravis de reprendre le chemin d'Atlantis. Mais elle savait que le peu de militaires et de scientifiques qui avaient démissionnés ne pourraient surement pas réintégrer leur fonction alors, elle baissa la tête et songea à trouver une solution.
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Cela faisait quelques heures que la cité avait été sauvée de justesse, mais il n'y avait pourtant pas eu de bruits de couloirs à ce sujet. Evan n'avait jamais été aussi heureux, bien que ces semaines passées sur Terre aient été une véritable partie plaisir, la vie sur Atlantis lui manquait. L'information avait été rendue officielle le lendemain et Evan avait hâte de l'annoncer à Andréa. Il avait pressé le pas jusqu'à son poste et fut surpris de croiser le Caporal Jones qui en sortait. Il n'y prêta pas attention et s'engouffra dans la pièce, jusqu'à ce qu'il repère ses boucles rousses dépasser de son chignon. Elle s'était retournée lorsqu'il s'était annoncé et son sourire radieux le frappa. Il aurait parié qu'elle était déjà au courant et cela ne pouvait venir que de Jones.
«Je suis déjà au courant!». Son excitation se lisait sur ses fossettes et se concrétisa par un cri de joie, laissant raisonner sa voix stridente dans toute la pièce. Quelques laborantins s'étaient retournés sur elle, mais elle n'y prêta pas attention. Elle s'était fait violence pour ne pas lui sauter dans les bras, mais son hésitation l'avait trahie. Evan avait vu ce changement de comportement, sachant qu'il en était probablement la cause. Son cœur se serra, se demandant s'il allait pouvoir supporter la réserve qu'elle mettait dans ses gestes vis-à-vis de lui.
Pour fêter leur futur retour sur Atlantis, il lui proposa de sortir le soir venu, en lui conseillant de tourner à l'eau. Il devait s'y rendre avec Parrish, Steackhouse et deux autres Marines, mais elle déclina poliment. «Je suis fatiguée et puis il faut que j'annonce la nouvelle à Radek. Une fois qu'il est parti à parler, on ne l'arrête plus.». Il avait bien essayé de négocier en prétextant que cela ferait plaisir au Sergent et au docteur mais elle campa sur ses positions. Après avoir échangé quelques banalités, ils avaient repris naturellement leur travail, chacun de leur côté.
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Elisabeth observait les murs de ce qu'il fut été son bureau, se demandant si elle reprendrait ses fonctions. Le Général O'Neill entra dans la pièce vide et s'approcha d'elle. «Les Réplicateurs ont bien refait le centre des opérations. C'est identique à l'original.». Il y avait quelques changements significatifs et ils avaient apportés des modifications notables sur la décoration, ce qui n'était pas pour leur déplaire. O'Neill et Woolsey avaient passé des heures avec ces humanoïdes et leurs craintes avaient été balayées, lorsque les résultats concernant une éventuelle contamination, étaient revenus négatifs.
Elisabeth voulait connaitre la suite. Elle se demandait égoïstement si elle allait pouvoir reprendre ses fonctions, en tant que responsable de l'expédition. «Et maintenant ?Quelles sont mes chances de rester sur Atlantis ?». O'neill fit mine de réfléchir et se dédouana en lui confiant que la décision ne lui incombait pas, mais elle savait que c'était faux alors elle insista.
Il donna finalement son accord pour qu'elle réintègre son poste, sous réserve de l'aval de l'IOA. Le fait d'avoir sauvé la vie de Woolsey et d'O'Neill allait jouer en sa faveur. Elle n'avait pas hésité à l'étreindre en le remerciant chaleureusement, puis le regarda partir.
Elle s'attarda de nouveau sur les quatre murs, songeant à l'agencement qu'elle pourrait donner à son ex-futur bureau. Elle n'allait pas tout remettre à l'identique, pensant que cela marquerait un nouveau départ.
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Le Caporal Jones venait de sortir de la base, un sac de sport sur l'épaule et s'arrêta un instant sur le trottoir. Il regarda sa montre et se posta plus loin. Il n'avait pas attendu longtemps avant de voir Andréa passer la porte. Perdue dans ses pensées elle ne l'avait même pas vu. Il se pressa vers elle pour la rattraper, l'appelant par son prénom.
«Jones !». Surprise, elle s'arrêta en se demandant ce qu'il faisait là. «Vous m'attendiez ?». Il hocha la tête et mis sa main dans sa poche de jean, adoptant une posture hésitante. «Je me demandais si vous vouliez venir boire un verre.». Elle pencha sa tête sur le côté et accepta en lui souriant. Il n'avait pas l'air dans son assiette et cette demande semblait être un appel au secours. Son expression laissait entrevoir un besoin de parler flagrant. Son côté charmeur avait presque disparu, ce qui intrigua Andréa, la poussant à accepter cette invitation.
Il aurait pu essuyer un refus, ne s'attendant pas à ce qu'elle soit disponible. Il semblait maintenant moins nerveux et ils avaient fait la route côtes à côtes. Elle n'avait pas vu qu'Evan venait de sortir à son tour et les avaient aperçus au loin. Elle avait l'air heureuse mais il prit conscience que ce lien particulier qui les liait ne s'étendait pas qu'à lui. Son cœur s'était serré dans sa poitrine, ne comprenant pas pourquoi son corps agissait ainsi. Un sentiment de jalousie s'était propagé dans ses muscles, les faisant se contracter sans raison. Il n'avait pas cherché à analyser son ressenti et avait pris la décision de rentrer chez lui s changer avant de rejoindre ses camarades. Mais pourquoi lui avait-elle menti ? Il aurait pu comprendre si elle lui avait dit qu'elle avait des projets. Plus il essayait de la chasser de sa tête, plus son esprit le trahissait. Il commençait à regretter le fait de l'avoir repousser et il n'était pas au bout de ses peines.
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Le Caporal avait proposé un lieu plus reculé de la ville, ne voulant pas se retrouver entouré de Marines, qui l'aurait à coups sûrs chambré, sur le fait d'être seul en compagnie d'une femme. Ils étaient installés à une table, sirotant tranquillement leur boisson. La dernière fois qu'ils s'étaient vu, il s'était plaint de quelques douleurs, résultant de sa chute sur la planète qu'ils avaient nommée Big-size. «Comment va votre cheville ?». Après avoir eu la confirmation que les douleurs s'estompaient, Andréa n'hésita pas à analyser ses gestes, scrutant son visage à la recherche de signes qui aurait pu traduire ses pensées. Il n'était pas enjoué comme d'habitude. Son visage crispé lui confirmait que quelque chose n'allait pas.
«Qu'est-ce qui ne va pas, Adrian ?», avait-elle demandé sans détour. Le regard fixé sur sa bière, il la faisait tournoyer lentement entre ses doigts, ne sachant pas par où commencer. Andréa ne l'avait jamais vu comme ça, même si cela ne faisait que quelques mois qu'elle le côtoyait. «J'ai une décision à prendre et je sais que je vais le regretter. Mais je n'ai pas le choix.». Elle posa sa main sur la sienne en signe d'encouragement, croisant son regard éprouvé. Il lui sourit timidement et se lança. «Ma mère est gravement malade.». Il marqua une pause et déglutit péniblement. Il ne l'avait jamais dit à haute voix et ses mots raisonnaient dans sa tête. Andréa pressa ses lèvres pour se contenir et accentua la pression sur sa main.
«Elle habite San Fransisco et elle n'a plus que moi.». Elle savait où il voulait en venir. Il enleva sa main de la bouteille en verre, exposant sa paume dans l'espoir qu'elle y plongerait sa main, ce qu'elle fit. «Le fait de risquer ma vie ne l'a jamais enchantée, surtout que je ne peux rien lui dire de ce que je fais.». Elle pouvait sentir la chaleur cuisante de sa peau devenue moite par la vague d'émotion qui le traversait.
«Je vais démissionner Andréa.». Elle aurait pu croire à une blague si le visage du Caporal n'avait pas été si fermé. Cette annonce l'attrista et son nez se mit à lui picoter. Elle expira bruyamment, ne voulant pas croire ses mots. «Il n'y a pas d'autres solutions ?». Il secoua la tête, conscient qu'abandonner son rêve pour prendre soin de sa mère était la meilleure des choses à faire. «Ta mère doit être fière de toi !». Elle afficha un sourire franc, tentant de ravaler sa tristesse en reniflant discrètement. Il releva la tête, touché par la réaction d'Andréa. «Je ne veux pas que tu sois triste. Je ne serais qu'à quelques heures de vol.». Elle hocha la tête. « À qui je vais refuser des avances maintenant ?».
Son sourire était revenu et se communiqua jusqu'à celui d'Andréa. «Je pense que le Major t'aime bien, tu sais.». Elle secoua la tête en riant. «Je pense qu'il a eu pitié et qu'il ne sait pas quoi faire avec moi.». «Tu te trompes !». Maintenant curieuse, elle lui demanda s'il savait quelque chose qu'elle ignorait. « Ça se voit ! Tout le monde s'arrête de parler quand tu entres dans une pièce.». Elle ne put qu'exprimer son désaccord, sachant que c'était une coïncidence les rares fois où elle avait remarqué ce phénomène. «N'exagère pas !».
Elle enleva sa main de la sienne et agrippa son verre de mojito sans alcool, le levant fièrement. «A quoi est-ce que l'on trinque ?». Andréa pencha la tête, se demandant s'il fallait vraiment une raison puis eu une idée. «A une belle rencontre et à de nouvelles aventures.». Conquit, Adrian claqua sa bière. Après s'être désaltéré, elle lui avait demandé ce qu'il comptait faire. «J'ai un ami qui travaille dans une société de sécurité rapprochée. Je vais lui demander s'il n'a pas quelque chose pour moi.»
Après avoir passé deux heures à refaire le monde, ils avaient évoqué leur séparation à venir. Andréa allait retourner sur Atlantis et les retours sur Terre allaient devenir difficilement prévisible. Il lui avait tout de même donné son numéro de téléphone, dans l'espoir de la revoir prochainement.
Ils avaient attendu quelques minutes sur le trottoir, ne voulant pas se quitter ainsi. Ils avaient passé un agréable moment, mais la fraicheur commençait à pointer le bout de son nez. Adrian avait proposé de la raccompagner et ils s'étaient mis en route. Leur logement de fonction prêté par l'armée n'était plus qu'à quelques mètres, et ils redoutaient de se dire aurevoir.
Arrivés à bon port, ils s'étaient arrêtés en silence. L'échéance arrivait à son terme et il était maintenant temps pour eux de se séparer. «Prends soin de toi, Andréa.». «Toi aussi !». Elle releva la tête lorsqu'il lui prit la main. «Appelle-moi si t'es dans le coin.». «Je le ferais.». Malgré les recommandations de Radek, elle l'étreignit de toute ses forces, voulant garder cette sensation au plus profond d'elle-même en guise de souvenir, jusqu'à leur prochaine rencontre. «T'es quelqu'un de bien, Andréa.». Elle sentait les larmes venir et elle se concentra pour surmonter sa tristesse. «Je le pense vraiment !».
Le silence planait dans la rue déserte et ils avaient l'air de partager le même sentiment de déception. «Lorne a dela chance de t'avoir.». Elle s'était répétée toute la journée qu'elle se faisait des films à son sujet et il venait de semer de nouveau le doute dans son esprit alors elle secoua la tête énergiquement pour se convaincre du contraire. «Arrête avec ça !».
Adrian ne put s'empêcher de l'étreindre de nouveau. Cette accolade dura plus longtemps, jusqu'à ce qu'Andréa ne relève la tête vers lui et ne lui dépose un baiser sur la joue. Il s'éloigna, dégagea une mèche de cheveux qui traversait son visage, avant de lui dire au revoir. Sur le coup, il avait eu envie de plus, mais sa raison avait pris le dessus. Il ne pouvait pas lui faire ça, lui promettre d'être là pour elle, alors qu'il serait parti dans quelques jours à des centaines de kilomètres. C'est le cœur lourd qu'il n'avait rien tenté. Au lieu de ça, il profitait de son unique présence durant le peu de temps qu'il lui restait. «Si seulement je n'avais pas eu à partir…», avait-il pensé.
TBC…
