Dans ce nouveau chapitre il y a beaucoup de POV d'Andréa

Je ne savais pas du tout où j'allais quand j'ai écrit la fin du dernier chapitre et je ne savais pas comment tourner l'entente entre Evan et Andrea. Le «je t'aime / moi non plus» ça fonctionne bien mais à force on veut du concret alors…. Comme on dit, on y va lentement mais sûrement.

J'ai passé un peu de temps à chercher et lire tout ce que je pouvais sur le fonctionnement du cerveau humain. Je voulais que ce soit réaliste même si tout est possible dans SGA. J'espère juste que c'est cohérent. N'hésitez pas à me donner votre avis :)

Bonne lecture ;)

Chapitre 11

La citée commençait à s'éveiller lorsque Radek passa la porte du laboratoire. Il fut surpris de voir les lumières éteintes mais s'engouffra dans la pièce d'un pas léger. Il pensait qu'Andréa avait enfin réussi à trouver le repos dont elle avait besoin et s'était réjoui qu'elle puisse enfin penser à elle. Il devait prendre quelques affaires et rejoindre Rodney dans les niveaux inférieurs, alors personne ne dirait rien si elle venait à être en retard.

Il s'était dirigé vers le fond de la pièce et fronça les sourcils lorsqu'il aperçut une silhouette au sol. Son cœur fit un bon quand il reconnut son amie. Il appuya instinctivement sur son oreillette et s'agenouilla à ses côtés. «Envoyez une équipe médicale au labo ! C'est le docteur Davis !». Il n'avait pas pris conscience de l'impact de ses quelques mots prononcés sur le canal général. Un bref examen le rendit moins nerveux et il tenta de la réveiller.

Evan n'avait pas mis longtemps à rejoindre le laboratoire et lorsqu'il entra dans la pièce, il eut comme un air de déjà-vu en la voyant immobile au sol. Radek leva la tête en pensant voir Carson, mais au lieu de ça, il regarda le militaire se diriger droit vers eux. Il était loin d'imaginer ce que cette vision avait provoqué chez lui. Sentant l'anxiété du physicien, il posa sa main sur son épaule pour le rassurer. Evan reporta son attention sur Andréa et s'empressa de poser ses doigts sur son poignet. Il se crispa en sentant la froideur de sa peau, se contrôlant pour ne pas s'alarmer inutilement. Il posa son autre main sur sa joue et prononça vivement son prénom pour la faire revenir à elle et se tourna alors vers Radek en voyant qu'elle ne réagissait pas. «Que s'est-il passé ?». Il oscilla la tête, ne sachant pas quoi répondre. «Je viens de la trouver.»

Evan enleva sa veste et la déposa sur elle pour tenter de la réchauffer, avant de lui prendre la main. Elle entendait des voix mais n'avait aucune idée de qui cela pouvait être. Elle avait une petite idée mais elle se sentait bien et n'avait pas envie d'ouvrir les yeux comme on le lui demandait. Elle avait froid mais se sentait en sécurité, même si elle n'avait pas su l'expliquer.

Elle avait brusquement senti la chaleur se diffuser, celle d'une main dans la sienne, puis sur son visage. Sous l'insistance des stimulations dont elle était victime, ses yeux avaient papillonnés sans pour autant s'ouvrir, étant trop aveuglée par les lumières du plafond. La dernière fois qu'elle avait eu se ressenti, c'était lorsqu'elle avait été retenue par les hommes de Kolya. Son corps s'était mis à trembler, sans savoir si cela émanait du souvenir que cela provoquait ou de la température ambiante.

On lui posait des questions mais elle était incapable de répondre. Elle voulait se redresser mais une force extérieure l'en empêchait. La pression émise sur ses épaules l'oppressait. Plus on la bloquait, plus elle paniquait, alors elle s'était machinalement défendue en donnant des coups à l'aveugle. Ses bras pouvaient à peine quitter le sol, mais elle était convaincue d'y mettre toute sa force.

Après quelques secondes d'acclimatation, elle fut soulagée de trouver deux paires d'yeux familières rivées sur elle. Ses sensations revenaient peu à peu et les bourdonnements lui vrillant les tempes s'étaient dissipées. Elle fixa Evan sans gêne et fut étonnée de le trouver à ses côtés, surtout après leur dernière discussion houleuse. Lorsqu'elle prit enfin conscience de son environnement elle se redressa, repoussant avec succès les mains qui l'en empêchaient. «Je vais bien !», avait-elle déclaré sèchement. Ce n'était clairement pas du goût des deux hommes, qui affichaient des visages fermés et soucieux.

Carson arriva seul, sachant vaguement de quoi il s'agissait après avoir questionné Radek par radio. Il avait souri à la jeune femme qui lança un regard assassin à Radek, le blâmant silencieusement d'avoir fait déplacer l'Ecossais pour si peu. «Que s'est-il passé ma chère ?». Elle n'allait certainement rien dire à propos de son gène ATA visiblement défaillant, du moins pas tant qu'elle n'en saurait pas plus. Assise, elle voulait se relever et reprendre le travail comme si de rien était mais Carson n'était pas de cet avis. Elle croisa le regard d'Evan qui semblait préoccupé, sentant qu'il allait prendre la parole. «Hier soir au mess, elle…».

Andréa savait ce qu'il allait dire et elle lui coupa la parole en prétextant avoir eu une perte d'appétit, et pria silencieusement pour être convaincante. Lorsqu'elle croisa les yeux d'Evan, elle écarquilla discrètement les siens pour le dissuader d'en dire plus. Il ne savait pas vraiment pourquoi il n'avait pas lutté mais il voulait lui faire confiance. Il n'allait pas pour autant laisser couler et veillerait sur elle, avec ou sans son consentement. Elle n'avait pas fait attention jusque-là, mais il n'avait pas lâché sa main et il exerçait des mouvements rassurants avec son pouce. Elle pressa ses doigts pour lui faire comprendre que tout allait bien, avant de lui sourire timidement et de rompre le contact. Elle regarda la veste qui avait glissée sur ses jambes, comprenant qu'il s'agissait de celle d'Evan en voyant ses bras nus.

Beckett passa en revu l'arrière de sa tête, voulant vérifier si elle s'était cognée en tombant, mais ne trouva rien s'y rapprochant de prêt ou de loin. «Carson, j'étais étourdi même pas cinq minutes.», avait-elle dédramatisé. Alors qu'il prenait maintenant sa tension, Radek ne put qu'intervenir. «Cinq minutes !? Un technicien t'a vu passer cette porte il y a au moins quarante minutes ! Tu as clairement perdu connaissance !». Son ami s'inquiétait et elle le ressentait dans les tremblements de sa voix. «Je suis désolée de t'avoir fait peur.».

Elle se sentait coupable d'avoir susciter un tel intérêt et baissa la tête, même si elle n'avait pas prévu cet événement. «Votre tension est un peu basse, je vous suggère fortement de regagner vos quartiers et de vous y reposer pour la journée. À quand remonte votre dernier jour de congés ?». Radek ne s'était pas gêné pour avouer au médecin qu'elle travaillait même quand elle n'était pas de service, ce qui servait légèrement la cause d'Andréa qui ne voulait pas parler des réels faits. L'écossais avait entreprit de lui prélever un échantillon de sang et lui préconisa de prendre trois vrais jours de repos. «Trois jours ! Non Carson ! Je ne peux pas manquer trois…».

Evan exerça une légère pression sur son épaule, lui faisant tourner la tête vers lui. «Hey ! Si le doc. te dit trois jours c'est que c'est trois jours, ok !». Elle tenta de protester mais il leva un doigt sous ses yeux, lui intimant l'ordre de se taire. «Pas de discussion ! Ne m'oblige pas à devenir désagréable !». Elle avait décelé un trait d'humour dans le ton qu'il avait employé, mais sa gestuelle traduisait clairement son sérieux. La physicienne n'allait pas se battre en public avec lui alors elle accepta sans un mot, sous l'œil surprit du médecin. «On dirait que vous avez plus de succès que moi, Major.».

Elle ramassa sa veste et entreprit de se lever, sentant l'inconfort du sol dur s'infiltrer dans tous ses membres. Evan plaça sa main sous son bras et Radek adopta la même attitude. Elle n'avait pas vacillé mais sentit le sang lui monter à la tête, avant de retrouver toute ses sensations. «Je vous préviendrais quand j'aurai vos résultats.». Evan n'hésita pas à rassurer le médecin. « Je vais m'assurer qu'elle regagne ses quartiers et qu'elle y reste.». Beckett rangea son matériel et avait souri face à l'attitude chevaleresque des deux hommes. «Vous êtes entre de bonnes mains, Andréa. Messieurs, veillez à ce qu'elle se repose.».

L'Ecossais avait à peine passé la porte qu'elle tenta de se dégager de leur emprise. «Ça va, je peux marcher toute seule.». Ils s'étaient fixés face à son changement de ton radical, se demandant s'il était raisonnable de la laisser se débrouiller. Evan n'était pas de cet avis. «Tu as entendu ce que Beckett a…». Elle lui coupa la parole et prit un ton ferme. «Je n'ai pas besoin que l'on me voie traverser la moitié de la ville, entourée de deux gardes du corps.». Aucun d'eux n'avaient osé bouger. «S'il vous plaît.» avait-elle enchéri. Radek lâcha sa prise et Evan n'eut d'autre choix que de faire de même.

Elle porta une main à son visage et les remercia sèchement. «Accepte au moins que l'un de nous deux te raccompagne.». Andréa hocha la tête sans dire un mot, sachant qu'elle ne pourrait pas lutter. Radek leur confia que Rodney devait probablement s'impatienter, laissant ainsi Evan la raccompagner. Ils n'avaient pas vraiment cherché à savoir si c'était un prétexte ou non, trop occupés à réfléchir. Elle se tourna vers Radek et il ne fut pas surpris qu'elle le prenne dans ses bras, s'excusant encore de la frayeur qu'elle lui avait fait. Elle allait saisir sa tablette quand le physicien lui bloqua le bras. «N'y penses même pas.». Se ravisant, Elle grogna en signe de protestation et se rapprocha de la sortie faussement contrariée.

Rodney l'attendait déjà dans les niveaux inférieurs de la cité, alors Radek prit sa tablette et se pressa rapidement hors de la pièce. Ils étaient maintenant seuls et pouvaient sentir le malaise se diffuser progressivement autour d'eux. Ils se rappelaient la dernière fois où ils avaient été seuls, et aucun d'eux ne voulait revivre ça.

Il avait préféré attendre un peu avant de lui demander des explications, croisant les bras pour marquer son impatience. Elle réitéra la version qu'elle avait donnée à Carson, mais il n'en croyait pas un mot. Son rire jaune commençait à agacer la jeune femme, qui s'était redressée d'un coup. «Tu vas me faire croire que ça n'a rien à voir avec tes nouvelles capacités ? Tu sais que je ne vais pas me contenter de ça.». Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de penser à ce qui venait de se passer alors elle passa en mode scientifique pour savoir pourquoi. « Je te préviens, c'est la première et dernière fois que je te couvre ! Tu n'as pas intérêt de me refaire un coup comme ça ! ». Elle n'avait rien rétorqué, ne voulant pas jeter de l'huile sur le feu qu'elle avait elle-même allumé et bien attisé.

La sentant perdue et en sachant qu'il n'obtiendrait rien de plus, Evan se plaça face à elle alors qu'elle s'appuyait sur le bureau. «Est-ce que ça va aller ?». Elle avait tout fait pour l'éviter la veille et n'était toujours pas prête à l'affronter, alors elle hocha simplement la tête. Malgré sa rancœur, ses sentiments envers lui n'avaient pas changés. C'était plus fort qu'elle, sa colère lui permettait de rejeter cette attirance qui déclenchait en elle son instinct protecteur.

Elle lui tendit sa veste pour la lui rendre mais il la positionna face à elle pour qu'elle l'enfile. Elle passa un bras après l'autre, appréciant la chaleur des mailles et l'odeur du tissu imbibée de son parfum. Il remonta le zip jusqu'en haut et n'avait pas pu s'empêcher de replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle ferma les yeux et pencha sa tête, bloquant sa main contre son épaule en haletant doucement. «Ne fait pas ça.». Ses gestes contredisaient ses mots, alors pourquoi il la torturait ainsi ? Elle avait mis fin à ce supplice en éloignant doucement sa main, même si ce bref contact lui avait manqué. Elle peinait à contrôler ses émotions lorsque sa peau touchait la sienne.

Elle ne supportait plus sa proximité, frustrée de ne pas pouvoir agir comme elle l'entendait. Elle lui demanda à quoi il jouait, ne comprenant pas pourquoi il agissait ainsi alors qu'il l'avait rejetée. «Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas, j'ai simplement dit que j'avais besoin de temps.». Ses quelques mots avaient suffi à faire renaître l'espoir en elle, comprenant qu'une relation ne serait finalement pas impossible. Elle afficha un léger rictus avant de se diriger vers la sortie, l'invitant silencieusement à la suivre.

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Rodney avait fait appel à Radek pour répertorier les sources d'énergies n'étant pas indispensables au bon fonctionnement de la ville. Ils avaient réquisitionné quelques scientifiques pour les accompagner dans les niveaux inférieurs de la cité. Ils devaient éteindre toutes les installations laissées en veille par les Anciens, afin d'économiser leur seul E2PZ restant. Ils avaient également remarqué quelques fuites d'énergie qu'ils comptaient bien colmater.

Ils arpentaient les couloirs, dépourvus de lumières lorsque Rodney se mis à râler. «Vous êtes en retard! Vous complotiez avec Lorne encore ?». Radek s'arrêta, déconcerté, avant de lui raconter ce qu'il s'était passé. Hébété, l'astrophysicien se tourna vers le Tchèque. «Comment va-t-elle ?». Cet intérêt soudain pour autrui l'avait surpris, n'ayant pas l'habitude de ça. Il lui confia qu'elle devait se reposer, ce qui n'arrangeait pas McKay qui comptait sur elle pour les aider. Après quelques minutes à observer les murs, un technicien attira leur attention vers une porte close lui paressant suspecte. Rodney avait pris les devants en connectant sa tablette au système d'ouverture. Il avait fallu quelques secondes à Rodney et il s'engouffra dans la pièce, se dirigeant sans attendre vers la console située sur une sorte d'estrade.

«Vous êtes sûr de vouloir monter là-dessus ?», lui avait demandé Radek. Il détestait son imprudence et avait préféré s'écarter. «Comment vais-je savoir à quoi sert cette salle ? J'espère trouver quelque chose dans la base de données.». L'écran en face d'eux s'alluma après que Rodney est pianoté sur la console centrale. Le Tchèque s'approcha, voulant trouver l'interrupteur mais l'astrophysicien arrêta son geste. Un faisceau bleu s'enroula comme un serpent autour de lui, sous les yeux des techniciens qui s'étaient rapidement écartés. Des étincelles sortaient du plafond et des murs, émanant de toutes les sources possédant une once d'énergie.

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Evan se tenait aux côtés d'Andréa, la regardant prendre son temps pour se déplacer les premiers mètres. Il lui lançait quelques regards, voulant s'assurer qu'elle arrive à bon port sur ses deux jambes. Elle reprenait peu à peu des couleurs mais elle se sentait encore vaseuse, alors elle occupa son esprit en cherchant une explication plus ou moins rationnelle à tout ça. Perdue dans ses pensées, ils n'avaient pas parlé durant la moitié du trajet. Au détour d'un couloir, elle jeta un rapide coup d'œil à Evan qui se tenait en retrait, et scruta ses habits. Elle venait seulement de remarquer sa tenue décontractée. «Désolée d'avoir écourté ta séance d'entraînement.». Il secoua la tête en lui faisant comprendre que ce n'était pas grave et reprit son visage fermé.

Prise de courage, elle avait entrepris de s'excuser pour son comportement des jours passés qu'elle jugeait maintenant extrême, mais il lui coupa la parole avant qu'elle ne puisse terminer sa plaidoirie. «Nous aurons tout le temps de discuter de ça à mon retour mais tu as intérêt de parler à Beckett et Weir de ce qu'il s'est passé hier soir avant que je ne revienne, sinon je leur dirais moi-même. ». Quelque chose avait changé en lui, il semblait soucieux et elle se mit à réaliser qu'il devait tenir à elle plus qu'il ne voulait bien l'avouer. Il avait l'air préoccupé et la fuyait du regard à chaque fois qu'elle levait les yeux vers lui.

Il marchait dans ses pas en observant sa démarche, convaincu qu'elle ne comprenait pas les enjeux de ses nouvelles capacités. Son insouciance le mettait en colère et il n'avait pas envie de renouveler la scène à laquelle il venait d'assister. Devenu irritable au fil de sa réflexion, Evan en avait assez et il lui attrapa le bras. «Dis-moi ce que tu comptes faire à propos de tout ça!». Elle n'avait pas réfléchi longtemps avant de lui rétorquer qu'elle verrait plus tard, ce qui donnait l'impression qu'elle prenait ça à la légère. «Regarde ce qui t'es arrivée ! La prochaine fois ce sera quoi, hein ?». Elle n'avait rien dit, écoutant ses arguments pleins de bon sens qui avaient l'air d'imprégner son cerveau, alors elle se contenta de fixer ses pieds.

Ils s'étaient arrêtés devant sa porte lorsqu'elle se retourna face à lui. Consciente d'avoir sa veste sur le dos, elle s'apprêtait à l'enlever mais il leva la main pour arrêter son geste. «Je dois bientôt partir hors monde, tu n'auras qu'à la déposer dans mon bureau.». Il avait hésité à lui dire qu'il passerait lui rendre visite plus tard mais il respectait son choix de s'éloigner de lui. Andréa acquiesça sans un mot, se sentant un tant soit peu coupable de le traiter si durement.

«Repose-toi, Andréa.». Il savait que s'il l'enfermait dans ses quartiers, elle pourrait aisément contourner le système, que ce soit avec ses connaissances ou avec ses nouvelles facultés, alors il comptait simplement sur son autorité. Elle hocha la tête et le regarda partir. «Evan.». Il s'était retourné et la fixait sans bouger. «Soit prudent !». Il ouvrit la bouche mais fut interrompu par les lumières du couloir qui s'étaient misent une fois de plus à clignoter. Ils avaient levé les yeux, se demandant si cela allait s'arrêter un jour, avant qu'il ne la regarde en fronçant les sourcils.

«Je t'assure que ce n'est pas moi cette fois.». Il n'avait pas attendu plus longtemps et avait porté sa main sur son oreillette. Andréa s'empressa de faire pareil, mais elle ne trouva rien. Elle avait dû la faire tomber au laboratoire mais s'était dit qu'elle la chercherait plus tard, n'ayant plus le courage de rien. L'équipe d'Evan était déjà en salle de réunion et pour la première fois, il était en retard. « Je dois y aller.».

Elle le regarda partir et passa la porte de ses quartiers en trainant des pieds. Elle savait pertinemment qu'elle n'allait pas trouver le sommeil mais le fait de simplement s'allonger allait lui faire le plus grand bien. Andréa avait lancé ses chaussures à travers la pièce sans prendre la peine de se glisser sous les draps. Elle fixait le plafond sans vraiment penser à grand-chose, jusqu'à ce qu'elle ne s'endorme quelques minutes plus tard.

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Elle ne savait pas combien de temps elle avait dormi et s'étonna même d'y être parvenue. Elle se tourna vers la fenêtre, happée par un rayon de soleil qui transperçait la pièce. Des particules de poussières volaient dans le tracé lumineux qui terminait sa course sur le sol.

Andréa avait regardé sa montre, et comprenait pourquoi elle se sentait moins fatiguée. Trois heures s'étaient déjà écoulées mais elle se sentait bien et n'avait pas envie de se lever. Elle s'interrogeait encore sur l'incident survenu plus tôt et se rappela les mots d'Evan. Même si elle voulait comprendre par elle-même,il n'avait pas tort lorsqu'il lui avait dit d'en informer Carson et Elisabeth. Après tout, ils étaient tous les deux équipés pour gérer ce genre de situation. Après quelques minutes à tergiverser elle se redressa, prête à affronter l'Écossais.

C'est lorsqu'elle arriva devant sa porte qu'elle prit conscience qu'elle portait encore la veste d'Evan. Elle n'allait pas sortir comme ça, alors elle se changea rapidement avant d'entendre la voix de Carson qui raisonner dans les haut-parleurs de la cité. «Le docteur Davis est demandé à l'infirmerie.». Elle expira profondément, comprenant que les résultats de sa prise de sang allaient parler pour elle.

Elle pressa le pas et entendit les haut-parleurs se mettre de nouveau en marche. «Colonel Sheppard, votre équipe doit se rendre en salle de contrôle.». Elle n'était plus qu'à quelques mètres et s'apprêtait à la traverser lorsqu'elle leva les yeux. Elle regarda l'équipe se diriger vers Chuck et Elisabeth, et sans l'expliquer, son instinct lui fit grimper les marches. Ils avaient reçu une transmission audio quelques minutes plus tôt et le code d'identification rapporté n'était autre que celui d'Evan. Se tenant en retrait, son cœur fit un bon en reconnaissant sa voix. «Nous sommes attaqués et la porte n'est pas accessible! Ils sont vingt, peut-être plus! Nous avons besoin de renforts immédiatement!».

Elle avait peur pour lui mais elle savait que l'équipe de Sheppard leur viendrait en aide. Elle connaissait les risques à chaque fois qu'il passait la porte mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir cette petite appréhension. Elle n'avait jamais entendu la panique dans sa voix mais elle resta surtout figée sur les coups de feu qui tapissaient le reste de la bande son. Cela lui avait demandé plusieurs minutes pour reprendre ses esprits, avant de se diriger vers l'infirmerie.

À sa grande surprise, le trajet n'avait pas été très long. Son cerveau avait emmagasiné trop d'informations en peu de temps, mais l'urgence était à présent d'affronter Carson. Elle s'arrêta dans l'embrasure de la porte lorsqu'elle le vit en grande conversation avec un militaire. Elle s'était avancée vers lui pour lui signifier sa présence, affichant un sourire qu'elle peinait à maintenir. Il l'avait emmenée plus loin, là où personne ne pourrait les entendre. Elle n'arrivait pas à déceler la gravité des choses sur son visage, alors elle prit les devants en essayant de masquer sa nervosité. «Dites-moi ce que j'ai, Carson!».

Il ne comprenait pas pourquoi elle avait pris un air si grave et il lui avait simplement dit qu'elle souffrait de carence. Elle lui avait fait répéter deux fois, voulant s'assurer d'avoir bien entendu, ce qui poussa l'Écossais à la questionner, jusqu'à ce qu'elle n'avoue la vérité. Elle savait qu'elle n'allait pas pouvoir dissimuler bien longtemps ses nouvelles facultés. Forcée de constater qu'elle n'arriverait pas a gérer toute seule, elle n'avait plus le choix que de demander de l'aide. D'un tempérament calme, elle fut étonnée de l'entendre hausser le ton. Lui qui ne s'énervait jamais, elle avait peut-être poussé le bouchon un peu loin en se taisant.

«Vous auriez dû me le dire tout de suite! Vous imaginez les conséquences si je vous avais donné un traitement mal adapté?». Andréa n'avait rien dit, se sentant comme une adolescente prise en train de fumer. Elle avait tenu bon jusque-là mais elle n'arrivait plus prendre sur elle. «Je ne contrôle plus rien et j'ai peur que ça recommence, Carson.». Il frotta lentement sa main sur son épaule en signe de compassion, cherchant à en apprendre le maximum qui pourrait les aider à comprendre ce phénomène.

«Avez-vous remarqué un changement dans votre comportement ?». Elle s'exprima sans difficulté sur ses sautes d'humeur, sans négliger la partie émotionnelle clairement plus sensible. Elle se sentait plus agressive dans ses propos et ressentait les choses de manières plus intenses, ne serait-ce qu'en touchant les murs de la cité. «Maintenant que j'y pense, hier j'ai couru avec plus de facilité que d'habitude.».

En lui racontant sa mésaventure du matin, Carson recollait les pièces du puzzle petit à petit, cherchant à déterminer l'élément déclencheur. Sa prise de sang ne montrait rien d'anormal, si ce n'est une faible anémie qu'il aurait pu soigner rapidement. Il avait préconisé des examens complémentaires, avant d'en informer Elisabeth. Andréa n'aimait pas attirer l'attention sur elle, mais là c'était raté.

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Elle venait tout juste d'être libérée de l'infirmerie après deux heures à passer des examens et à répondre aux questions de Carson et d'Elisabeth. Ils avaient identifié le problème ce qui était déjà un bon point. La suite se trouvait maintenant entre les mains de Carson, qui avait déjà beaucoup à faire avec Rodney. Andréa avait usé de son charme pour ne pas rester enfermer à l'infirmerie, mais en contrepartie, elle devait supporter la présence d'un officier qui la suivrait partout. Elle devait en parler à Radek alors elle s'était mise en route en regardant le militaire marcher dans son ombre.

À peine arrivée devant la porte, Radek s'était retourné et lui demandait ce qu'elle faisait là. Il avait entendu un peu plus tôt, l'appel dans les haut-parleurs invitant la scientifique à se rendre à l'infirmerie alors il comprit que ses résultats étaient arrivés. Il commençait à s'inquiéter en la voyant pensive et hésitante, alors il posa sa tablette et reporta son attention sur elle. «Tu te souviens quand je t'ai dit que la maison avait explosée avec Lucius à l'intérieur ?». Il se rappela la mission à laquelle Andréa avait participé l'avant-veille et la laissa continuer. «Carson pense que des nanoparticules du bouclier personnel qu'il portait m'ont atteinte et ont infectés mon système neuronal. J'étais plus proche que Sheppard quand c'est arrivé.».

Il lui demanda comment c'était possible et elle affirma que cela restait un mystère encore non résolu. «Ce serait vraisemblablement un dérèglement de la production de mes neurotransmetteurs qui fait fluctuer mes émotions. Ça joue sur mon gène et ça affecte la cité.». Il ne savait pas très bien ce que ça voulait dire mais cela ne lui plaisait pas de savoir qu'elle pourrait être amenée à se sentir de nouveau mal. Il savait que les neurotransmetteurs qui composaient un cerveau humain, étaient une substance assurant le passage de l'information entre les cellules nerveuses, mais cela s'arrêtait là.

«Dès que je touche un mur, c'est comme si la cité me poussait dans mes retranchements. J'ai l'impression que mes émotions sont décuplées. Hier soir au mess, quand j'ai vu Evan j'ai ressenti un tas de chose et la cité a traduit ça par une surtension.». Le Tchèque s'était effectivement souvenu que les lumières avaient clignotées mais il n'avait pas fait le rapprochement avec son amie.

«Mon gène ATA interfère avec une anémie qui, selon Carson, a déréglé une partie de mon cerveau. C'est comme si je ne faisais qu'un avec la ville. ». Il l'écoutait religieusement en attendant une bonne nouvelle dans tout ça, jusqu'à ce qu'elle ne lui dise que la seule solution serait d'inverser le processus. Carson avait mis au point la thérapie génique rétrovirale permettant de reproduire artificiellement le gène chez l'Humain, alors sa mission était à présent de faire l'inverse.

Elle luttait contre ses émotions et sentait que la cité réagissait au quart de tour. Il lui était difficile de se contrôler en permanence et elle n'allait pas tenir bien longtemps. Le temps était compté et personne ne pouvait prévoir la prochaine étape.

Après avoir échangé sur le sujet pendant de longues minutes, elle s'intéressa à ses travaux en cours. La situation n'avait pas l'air d'être meilleure de son côté et il lui raconta les déboires de Rodney. L'appareil qu'il avait touché servait à manipuler l'ADN et Radek tentait de comprendre les intentions des Anciens en parcourant leur base de données. Andréa devait s'occuper l'esprit pour ne pas penser à son propre sort, ni à Evan qui lui avait semblé être en grande difficulté, alors elle s'était affairé à la tâche.

L'oreillette de Zelenka s'était soudainement mise à crépiter, les coupant dans leurs recherches. Une équipe médicale venait d'être appelée dans le hangar à Jumper et Radek avait rapidement fait le rapprochement. Il en informa Andréa et elle s'était tout de suite précipitée vers la sortie en courant, semant au passage son ami et son garde du corps.

Ses nouvelles facultés avaient finalement du bon car elle avait mis deux fois moins de temps que d'habitude pour atteindre les lieux. Elle resta en retrait à l'abri des regards et se plia en deux, posant ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. Radek arriva quelques minutes plus tard et se plaça aux côtés d'Elisabeth qui attendait patiemment. La soute du Jumper venait de s'ouvrir et Andréa avait été soulagée en voyant sortir Evan sur ses deux jambes. Elle n'avait pas souhaité se montrer, de peur qu'Evan n'apprécie pas le fait qu'elle ne s'inquiète à la moindre difficulté. Maintenant qu'elle l'avait vu sain et sauf, elle allait pouvoir retourner à son laboratoire.

Ils affichaient tous des visages perplexes, ce qui poussa la jeune femme à s'approcher pour pouvoir entendre un minimum de conversation. Carson se précipita avec deux membres du personnel médical, poussant deux brancards. «Combien y-a-t-il de blessés?». Evan s'enquit de prendre la parole. «Personne doc., tout le monde va bien, grâce à McKay.». Il n'avait pas pu s'empêcher de sourire, se moquant sans complexes de la situation. De là où elle se tenait, Andréa pouvait déceler de la retenue de la part de tout l'équipage. Elle n'avait pas bien compris ce qui pouvait être amusant, alors elle attendit que McKay s'explique.

«À vrai dire, je n'en suis pas sûr. Au début, je ne l'ai pas cru mais on ne peut pas ignorer la corrélation. L'équipe de Lorne était coincée et l'ennemi avançait, alors je me suis dit que ce serait formidable si toutes leurs armes pouvaient s'enrayer en même temps.». Andréa s'était retenue de rire en plaquant sa main sur sa bouche. La distance ne lui permettait pas de voir les mimiques du groupe, mais elle décelait aisément le caractère grotesque de la situation.

«Donc vous insinuez que ; parce que vous vouliez que ça se produise, ça s'est produit?». Rodney se sentait vexé et incompris, alors il se tourna vers Carson pour faire une démonstration. «Bon d'accord. Vous savez quoi? Regardez ça…». Il leva la main et se concentra légèrement sur la silhouette de Carson. L'Écossais avait senti ses pieds se décoller lentement du sol, jusqu'à flotter à deux mètres au-dessus. «Rodney! Posez-moi!». Les sourires moqueurs avaient tous disparus des visages de l'assistance, qui affichaient maintenant des traits tendus. «Croyez-moi, ça me perturbe autant que vous!».

Andréa n'en croyait pas ses yeux même si ses propres capacités hors normes l'effrayaient elle aussi. Elle tourna rapidement les talons lorsqu'elle vit le groupe se disperser. Evan leva les yeux vers la porte et s'arrêta en souriant lorsqu'il aperçut une tête rousse s'éloigner d'un pas pressé.

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Andréa sortait péniblement de son laboratoire et avait enfin récupéré son oreillette qui s'était glissée sous son bureau. Elle avait eu sa dose de sensations fortes pour la journée, mais elle n'était pas au bout de ses surprises, surtout lorsqu'elle avait aperçu Evan. Il paraissait être en grande conversation avec un homme qu'elle n'avait jamais vu. Il s'arrêtait à toute les portes et semblait lui faire visiter la cité. Elle aurait parié qu'il s'agissait du petit nouveau, le Lieutenant Reed.

Elle était persuadée qu'il l'avait vue et ne pouvait plus faire demi-tour, alors elle s'avança prudemment, ne sachant pas comment agir. C'est naturellement qu'il s'était placé devant elle, lui bloquant ainsi le passage. «Lieutenant Reed, voici le docteur Davis qui travaille avec les docteurs McKay et Zelenka». Elle n'avait pratiquement pas regardé le Lieutenant qui se demandait ce qu'il pouvait bien se passer entre eux. Elle s'etait sentie happée par l'intensité de son regard perçant, comme subjuguée par Evan qui n'avait pourtant rien fait de particulier. Son esprit manifestait un fort sentiment d'attirance qui ne voulait plus partir. Son cerveau avait bloqué sur les traits de son visage, comme s'il s'agissait d'un bug informatique.

Evan resta de marbre pour garder la face devant son officier. Il pouvait aisément lire l'attirance qui émanait d'elle et il s'était senti chanceux d'être entouré de monde. Elle salua finalement le Lieutenant après de longues secondes d'attente. «Bienvenue, j'espère que la vie sur Atlantis vous plaira autant qu'à nous tous.».

Evan percevait une différence radicale dans son comportement et il demanda textuellement au Lieutenant de l'attendre plus loin, lui faisant comprendre son envie d'être seul avec la physicienne. «Alors ?Est-ce que tu as parlé à Beckett ?». Elle baissa la tête en lui chuchotant qu'il avait raison. Il s'était rapproché assez près pour sentir les effluves de son propre parfum laissé sur elle et lui demanda de répéter, faignant le fait d'avoir entendu ses mots. Elle leva les yeux en souriant, comprenant qu'il voulait seulement satisfaire son égo.

Elle lui asséna un léger coup sur l'épaule avant de prendre un air sérieux. Elle partagea avec lui les mêmes renseignements qu'elle avait débités plut tôt à Radek. Une fois terminé, elle avait décelé chez Evan de la colère et de la tristesse traduisant son impuissance face à son état.

Cela faisait beaucoup d'informations à assimiler d'un coup pour Evan mais il s'était tout de suite empressé de lui demander s'il y avait une solution. Lorsqu'il aperçut l'officier en retrait qui l'accompagnait, il comprit les réticences d'Elisabeth quant à laisser Andréa érrer seule dans la ville. Elle devait se maîtriser en attendant qu'il ne trouve pourquoi et comment stopper le processus qui la fatiguait. Elle comptait bien faire appel à Teyla pour cette partie mais elle n'avait pas une minute à elle.

Evan relativisa en essayant de la faire sourire. «En clair, tu vas te transformer en loup-garou à la tombée de la nuit ?». Sa réflexion avait eu l'effet escompté lorsqu'un sourire franc avait illuminé son visage. Cela faisait quelques secondes qu'ils s'observaient sans un mot, prenant le temps de réfléchir. Elle repensait à la mission d'Evan et lui avait avoué avoir entendu son message de détresse. Il savait qu'elle s'était inquiétée et n'avait aucune influence pour changer ça. «Je suis contente que tu ailles bien.». Il leva un sourcil en lui demandant si elle avait été inquiète, se taisant sur le fait de l'avoir vu au hangar à Jumper. «Absolument pas!». Evan pouffa en voyant ses joues se colorer, mais il s'arrêta net en voyant son visage se crisper.

Un bruit sourd avait brusquement atteint ses oreilles et Andréa secoua la tête en fermant les yeux pour faire cesser le vacarme. La tête à la dérive, tout se brouilla et elle peinait à distinguer le vrai du faux. Ne contrôlant plus ses gestes, elle s'appuya sur un des murs du couloir mais la douleur s'intensifia. Evan lui posait des questions mais elle n'entendait rien. Elle tentait simplement de contrôler les sons et les vibrations sous ses pieds. Elle entendit vaguement la voix d'Evan qui essayait tant bien que mal de l'apaiser. «Quelque chose ne va pas avec la ville, je peux le sentir. J'entends un sifflement continu.». Elle pressa ses tempes entre ses mains et se plia en deux en criant de douleur. «J'ai l'impression que ma tête va exploser!».

Les lumières s'étaient de nouveau mises à clignoter, provoquant une vague d'inquiétude auprès des trois militaires qui la fixaient. Sa vision s'était obscurcie et elle sentit du courant électrique la traverser de toutes parts. Evan la maintenait du mieux qu'il pouvait, la sentant prête à s'effondrer à tout moment. Le Lieutenant Reed s'était approché d'elle et un sentiment de colère se manifesta au plus profond de son esprit. Se sentant menacée, elle tendit son bras avec aisance dans la poitrine de l'homme qu'elle distinguait à peine et l'envoya s'écraser contre le mur d'en face.

Les réflexes d'Evan avaient pris le dessus en faisant quelques pas en arrière. Sa formation lui avait apprise à réagir en toutes circonstances alors il n'avait pas hésité à poser sa main sur son étui, prêt à se servir de son arme si la situation devenait trop critique. Cela avait pris une demi-seconde à son esprit pour faire le point, réalisant qu'il ne s'agissait pas d'un quelconque ennemi, alors il avait préféré attendre que l'orage passe.

La situation devenait dangereuse à son contact alors il avait maintenu la distance qui les séparaient. Elle était maintenant à genou, les mains plaquées sur ses oreilles et semblait se calmer. Il fut soulagé lorsqu'il vit du coin de l'œil, le Lieutenant Reed se relever. Les lumières venaient subitement de se couper, plongeant la cité dans l'obscurité la plus totale. Andréa avait l'impression d'avoir couru un marathon jusqu'à ce que tout ne s'arrête d'un coup. Elle se redressa en prenant appui sur le mur, se remettant douloureusement de cette expérience peu agréable.

Quelques secondes avaient été nécessaires pour que le groupe auxiliaire ne prenne le relais. Elle avait froncé les sourcils lorsque son regard s'était posé sur Evan. Sa main était de nouveau fixée sur son arme et elle eut un sentiment de peur évident. Elle se plaqua finalement au mur avant de passer les mains sur son visage et grogna le nom de Rodney, avant de se mettre à courir.

Evan la regarda s'éloigner avant de se diriger vers Reed, qui semblait perplexe. «Rien de cassé, Lieutenant?». Il pressa ses mains sur son buste, s'assurant que ses douleurs étaient passagères.«Je me demande encore comment une telle force peut sortir d'un si petit gabarit, Monsieur.». Evan avait souri et s'était posé la même question. «Vous avez votre arme incapacitante avec vous?». Reed hocha la tête et regarda son supérieur se tendre lorsqu'il réalisa que les communications étaient coupées. Ils allaient de voir courir pour la suivre et ainsi éviter qu'elle ne fasse plus de dégâts.

/!\

Andréa laissa glisser paresseusement ses doigts sur les parois, se laissant guider par la cité à l'endroit où l'astrophysicien se tenait. Son instinct l'amena à la salle du Siège, où Rodney s'efforçait d'améliorer les différents systèmes. Sheppard et Elisabeth avaient été visiblement plus rapides et se tenaient déjà face à lui. Andréa pouvait entendre leur conversation, ou plutôt écouter Rodney qui pouvait manifestement lire dans les pensées. «Comment ça je vais mourir?». Sheppard et Weir avaient apparemment trouvés ce qu'il allait lui arriver alors elle attendit d'en savoir plus avant de se manifester, écoutant le monologue de Rodney.

«La machine des Anciens a accélérée mon évolution? Je vais finir par atteindre le stade où je serais physiquement capable d'atteindre l'Ascension mais ce ne sera pas suffisant, il y aussi une partie mentale. Il faut que je provoque son déclenchement. Et ça, j'ignore comment.». Il se tourna vers Ronon qui n'avait pas dit un seul mot.«Pour l'instant?». Il plissa les yeux avant de reprendre le fil de son récit.«Mais comme je deviens de plus en plus intelligent, il y aura de fortes chances que je trouve la solution.». Elisabeth pencha la tête sur le côté, observant Rodney qui traduisait son silence.«Ah bon? Ce n'est pas si facile que ça? Tant pis, je me contenterai de rester un être humain hyper évolué, je ne suis pas obligé de faire mon Ascension.».

Sheppard ouvrit la bouche mais McKay avait déjà pris les devants. «Non? Pourquoi vous dites non? Parce que cet appareil stupide a un défaut de fabrication, c'est ça? Il a enclenché une série de mutations génétiques qui vont finir par me tuer si mon Ascension est retardée ?». Sheppard se pencha discrètement vers Elisabeth.«Il faut avouer que ça facilite la communication.».

Andréa en avait entendu assez et cela lui faisait de la peine de savoir que Rodney allait probablement mourir. Elle était venue avec la ferme intention de l'envoyer promener mais elle n'en avait maintenant plus le courage. Les modifications qu'il apportait au système via le Siège, perturbait la cité et cela jouait énormément sur l'état physique et mental d'Andréa. Il avait l'air plus mal en point qu'elle alors elle s'était résignée à lui dire sa façon de penser.

Elle allait s'en aller lorsqu'elle aperçut Evan, Reed et son garde du corps personnel devant elle, lui bloquer la seule issue possible. Evan s'était avancé en levant lentement les mains vers elle, et combla les quelques mètres qui les séparaient. «Andréa, tu dois venir avec moi à l'infirmerie.».

« Je n'irais nulle part avec toi ! ». Il n'allait certainement pas céder à son caprice alors il renforça son air menaçant. « Pousse-toi de mon chemin, Evan ! Je n'ai pas envie de te faire du mal. ». Elle avait comprit que cela ne servait à rien de négocier alors elle s'était mise à courir, fuyant les faisceaux lumineux qui passaient à côté d'elle.

Evan avait tout de suite alerté le Colonel Sheppard qui était sorti de la salle du Siège en entendant les détonations. « Monsieur, le docteur Davis est compromis. J'ai besoin de savoir où elle se dirige. ».

Les trois hommes avaient suivi les instructions de Rodney qui se tenait sur le Siège, tout en courant dans la direction qu'elle avait prise. Ils étaient sur leur garde et progressaient lentement mais elle était rapide. Andréa avait récupérée son oreillette et pouvait entendre tout ce qu'ils se disaient, lui donnant un avantage non négligeable. Rodney s'en était vite rendu compte et il sécurisa sans attendre la fréquence, ce qui agaça profondément la jeune femme.

La signature thermique la matérialisant venait de se figer et les deux militaires s'étaient stoppés à l'entrée de la section menant à l'armurerie. Ils allaient entrer dans une pièce annexe et s'étaient concertés avant d'ouvrir la porte. Connaissant maintenant l'espièglerie dont elle pouvait faire preuve, ils avaient précautionneusement allumé leur lampes torches avant de franchir le seuil, d'un pas incertain. Avant même de s'en rendre compte, les portes s'étaient refermées derrière eux et la lumière s'éteignit, plongeant la pièce dans le noir complet. L'officier chargé de suivre Andréa n'avait pas eu le temps d'entrer et ils n'étaient plus que deux. Les générateurs de secours avaient prit le relais, mettant en marche le panneau de l'issu de secours situé en haut de la porte principale.

Evan avait un mauvais pressentiment et il demanda à Rodney de les guider. « Théoriquement, elle devrait être devant vous. ». Les deux hommes s'étaient regardés et avaient fait pivoter leurs lampes mais ne voyaient personne. « Théoriquement ? Soyez plus précis McKay ! ». Il ne restait qu'une seule possibilité, alors Evan leva les yeux et une ombre tomba sur Reed qui s'écroula sous l'impact. Son arme incapacitante avait glissée au sol, ce qui n'avait pas échappé à la jeune femme. Evan pointa à contre cœur son arme sur elle. Il ne voulait pas la blesser mais c'était la seule solution pour l'arrêter. La voyant dans un état second, il n'allait pas prendre la peine de la raisonner, même si elle semblait avoir quelques moments de lucidité.

Andréa n'avait pas bougé et se tenait toujours au-dessus du corps de Reed. Sa main était enroulée autour de son cou et le Lieutenant peinait à respirer. Il avait bien essayé de se dégager mais la pression était trop forte. Andréa défiait Evan du regard et lui ordonna de baisser son arme. Sa voix était étrangement calme et rauque, ce qui avait fait bondir son cœur dans sa poitrine. Il n'avait pas d'autre choix que d'obéir s'il ne voulait pas perdre l'homme qui faiblissait à vue d'œil. Evan en avait vu des choses bizarres dans sa carrière et ce sourire satisfait qu'elle arborait fièrement ne lui plaisait pas.

Reed respira à pleins poumons et toussa lorsqu'elle relâcha la pression d'un coup sec. Elle se leva lentement et fit quelques pas vers Evan. La tension était palpable et aucun des deux hommes ne connaissaient ses intentions. Sa posture dépeignait le portrait d'un soldat plutôt serein, mais en réalité il avait peur. Sa relation particulière avec elle l'empêchait de se concentrer sur sa tâche à accomplir et cela influençait ses prises de décisions.

Elle s'approcha lentement jusqu'à ce qu'elle ne fasse glisser volontairement sa main le long de son bras, avant de s'emparer de son arme. Il ne savait pas pourquoi il l'avait laissée faire, mais il regretta de ne pas avoir agi lorsqu'elle se déroba sous sa pression. Sentir son souffle le perturbait au point de déglutir péniblement et de fermer les yeux pour oublier sa proximité. Il avait beau se répéter qu'elle était une menace, elle jouait clairement avec ses nerfs. Andréa tournait lentement autour de lui, essayant de le déstabiliser. Cela avait l'air de fonctionner et elle s'en amusa ouvertement.

« Tu ne pourras pas fuir éternellement ! ». Elle s'arrêta derrière lui et posa sa tête sur son épaule en prenant plaisir à lui chuchoter au creux de son oreille. « Toi non plus. ». Même si elle n'était pas réellement consciente de ses actes, c'était plus fort qu'elle, c'était comme si ses pulsions prenaient le dessus sur sa raison. Il ferma les yeux et se redressa, ce qui avait fait sourire Andréa. « Tu es bien silencieux pour quelqu'un qui voulait parler ? ». Il allait se retourner mais il sentit une pression dans son dos. « Tu m'excuses mais je n'ai pas très envie de bavarder quand j'ai une arme braquée sur moi. Qu'est-ce que tu veux ? ». Un tas de choses lui traversait l'esprit. Une partie d'elle voulait lui montrer à quel point elle se sentait blessée qu'il ne veuille pas d'elle, mais une autre partie voulait lui prouver qu'elle était digne d'être aimée. « Tu sais ce que je veux. ». Reed n'avait toujours pas bougé, sentant la nervosité de la jeune femme qui ne ferait qu'une bouchée de lui s'il venait à attirer son attention.

Evan se sentait vulnérable face au comportement inhabituel d'Andréa qui en devenait embarrassant. Il aurait pu lui asséner un coup de coude et la désarmer facilement mais il n'avait pas trouver la force de lutter contre sa main qui s'était posée sur lui. Ses gestes langoureux lui faisaient perdre la tête à tous points de vue, comme si une force extérieure l'empêchait de bouger. Il prit finalement conscience de la situation et retira violemment sa main.

Rodney essayait tant bien que mal de contourner les systèmes pour remettre le courant qu'Andréa avait coupé. Des hommes se tenaient prêts à intervenir à l'entrée de la salle où elle se trouvait et attendaient le signal pour pouvoir entrer.

Les lumières s'étaient mises en route et Evan sentit la pression dans son dos, brusquement disparaître. Il se retourna lentement en entendant un râle. La cité se rebellait et tentait de contrôler l'esprit de la jeune femme qui se plia en deux. Evan avait vu son visage qui avait changé, exprimant une peur grandissante. « Evan, aide-moi ! ». Cet appel au secours lui déchirait le cœur, ne sachant pas comment s'y prendre pour mettre fin à son calvaire. Au bord des larmes, elle le suppliait et voulait juste que ça s'arrête. Il savait que c'était une question de temps avant que la cité ne reprenne le contrôle de son amie alors son instinct primaire avait reprit le dessus.

C'est lorsqu'il posa sa main sur son arme qu'elle vit rouge. Il s'était stoppé en voyant son visage reprendre un air diabolique. Il eut juste le temps de voir ses yeux changer de couleurs avant d'être propulsé au sol par un coup. Elle regarda Reed se relever et n'avait pas hésité à tendre son bras pour utiliser son arme contre lui. Evan s'était déjà redressé et s'était jeté sur elle pour faire dévier la trajectoire. Le faisceau avait terminé sa course sur une des consoles présentes dans la pièce, la faisant grésiller de mécontentement.

Evan avait entamé un corps à corps avec elle mais fut vite maîtrisé. Il avait été soulagé lorsqu'il lui avait fait perdre son arme, mais elle avait de la ressource et n'allait pas s'arrêter là. Elle se hissa jusqu'à son seul atout et le pointa sur l'homme toujours au sol. Il avait levé les mains en signe de coopération et s'attendait à recevoir une décharge électrique mais au lieu de ça, elle s'était accroupie près de lui. « Tu n'aurais pas dû faire ça ! ». Il ferma les yeux en attendant l'inévitable mais rien ne se passa.

Rodney s'efforçait de contourner le système d'ouverture des portes mais cela créait des fluctuations électriques désastreuses. Andréa entendit la voix d'un technicien raisonner dans l'oreillette qu'elle avait trafiquée, lui permettant d'intercepter les communications. «Nous avons de la surtension dans tout le réseau et je n'arrive pas à stopper le protocole!». La panique dans sa voix avait tendu Rodney qui s'affairait déjà à la tâche.

Andréa avait ressenti ce flux dans tout son corps. Evan ouvrit les yeux et regarda son amie se redresser et chanceler jusqu'à ce que son dos ne se heurte violemment au mur. Elle voyait Evan se relever à son tour et se rapprocher d'elle mais elle eut un moment de recul. Elle savait qu'elle n'allait pas rester lucide bien longtemps et pour la première fois, il se demandait quoi faire.

Elle n'avait pas attendu et lui avait tendu son arme. « Tiens ! Prend-la ! ». Il avait obéit sans réfléchir et il engagea sa main pour en finir avec cette course poursuite. «Non, attend! Je sens que Radek à des problèmes!». Elle se redressa et força le barrage humain qui se dressait devant elle, le faisant perdre de nouveau l'équilibre. Dépité, il l'a regarda s'échapper une fois de plus.

Evan souffla longuement en refermant les yeux et entendit la porte s'ouvrir, puis des pas se rapprocher. À sa grande surprise, il trouva la main tendue de Sheppard lorsqu'il les rouvrit.

« Tout va bien, Major ? ». Après une rapide rétrospective, il regarda le Lieutenant avant de s'adresser à son Commandant. « La cité a pris le contrôle de son esprit mais elle semble lutter, Monsieur. ». Il n'avait pas évoqué le caractère intime de leur échange et il espérait que Reed n'intervienne pas à ce sujet. Sheppard se contenta de l'essentiel et demanda à Rodney de la suivre à distance. « Je crois qu'elle se dirige vers Zelenka. ». La chasse à l'homme commençait à les peser et cela devenait urgent de la retrouver avant qu'elle ne blesse quelqu'un d'autre.

/!\

Cela faisait deux fois que Radek avait été interrompu dans son travail par une coupure de courant et il savait que tout cela était l'œuvre de Rodney. Cette fois de trop l'avait conduit à sortir de la pièce où il se trouvait, bien décidé à en découdre avec l'astrophysicien qu'il essayait pourtant d'aider. Des éclairs bleus représentatifs de courant électriques, dansaient au plafond et lézardaient sur les murs qui l'entourait. Le panneau de contrôle venait d'exploser, faisant disjoncter la section où il se tenait. Il avait eu beau se mettre à courir en apercevant le danger, un éclair lui transperça la poitrine et il s'écrasa au sol.

Andréa se tenait à quelques mètres lorsqu'elle vit son ami. Elle avait senti la peur se propager et s'était laissé glisser à ses pieds. Face contre terre, elle retourna prudemment son corps inerte avant d'apercevoir une brulure sur sa poitrine. Munis de leur arme, Evan et Reed avaient tenu la cadence et s'étaient arrêtés net en braquant leur lampes torches devant eux, observant la scène. Evan avait été le premier à bouger en s'avançant lentement vers Andréa qui était à genou. Les lumières s'étaient remises en route et il testa les communications via son oreillette.

Il posa sa main sur l'épaule d'Andréa qui ne bougeait pas. La sentant sous le choc, il s'était accroupit et avait délicatement passé ses bras sous ses aisselles pour la relever lentement. Son cerveau était au ralenti, ne réalisant pas ce qu'il venait de se passer. Elle n'arrivait pas à détourner le regard de Radek, pensant qu'il était mort. Personne n'aurait pu survivre à un tel voltage. Evan s'était placé dans son champs de vision, plaquant ses mains sur ses joues. Elle voyait ses lèvres bouger mais n'entendait rien d'autre que son propre souffle.

«Andréa! Regarde-moi!». Il avait beau l'appeler et la secouer, elle ne réagissait pas. Une part de lui voulait la raisonner. La dernière chose qu'il voulait était de se servir de son arme, même si cela avait trop duré. Reed s'empressa de vérifier l'état de Radek qui semblait inquiétant, avant de le confirmer à son supérieur par un bref signe de tête. Le trajet jusqu'à l'infirmerie avait été interminable pour les deux hommes qui accompagnaient les deux physiciens. Elle n'avait pas réalisé ce qui venait de se passer et se contentait d'observer le personnel médical, transférer le corps inanimé de Radek du brancard à un lit.

Evan ne l'avait pas lâchée et la tenait fermement contre lui. Les bras le long du corps, elle était collée à lui, mais elle se fichait bien de cette proximité. Ses larmes coulaient sans s'arrêter et elle s'était tout à coup sentie emmenée, jusqu'à ce qu'Evan ne la fasse s'assoir sur un lit. Elle pouvait entendre les mots de Carson qui lui déchiraient le cœur. «Il ne respire pas. Il faut l'intuber.».

Andréa n'avait pas dit un mot mais lorsqu'elle vit passer Rodney, elle se leva d'un bon et se jeta sur lui, sous la stupeur d'Evan qui avait baissé sa garde. «Ne vous approchez pas de lui ! C'est de votre faute s'il est là ! Tout ça pour étaler votre supériorité !». Elle le poussa brutalement en voulant qu'il réagisse, jusqu'à ce que Sheppard ne s'interpose. « Major ! Faites-la sortir d'ici !». Malgré l'ordre donné, elle était loin d'en avoir terminé avec lui.

Elle allait revenir à la charge lorsqu'une poigne plus forte avait surgit dans son dos, l'agrippant par la taille. Ses pieds avaient décollé du sol et elle s'éloignait de Radek à contre cœur. Rodney pouvait entendre les jurons qu'elle prononçait silencieusement à son égard et eut un moment de recul face à la férocité de ses propos. Il l'entendait aussi supplier pour qu'une force supérieure vienne en aide à son ami. Il y avait un mélange de colère et de tristesse en elle qui l'avait désorienté un instant.

Evan avait fait sortir la physicienne de l'infirmerie, sous les yeux stupéfaits de l'assistance. Il avait eu du mal à l'emmener dans le couloir et elle n'avait pas dit son dernier mot. Dans une force surhumaine, elle se dégagea de son emprise avant de s'éloigner. Les deux hommes se tenaient face à elle et bloquaient l'accès à la porte qu'elle voulait franchir. «Laisse-moi passer, Evan !». C'était devenu trop dangereux pour les membres du personnel et elle devenait clairement une menace. «Tu sais que je ne peux pas faire ça. Tu as besoin d'aide, alors ne complique pas les choses. C'est la dernière chance que je te donne. ». Ils avaient tous les deux sorti leur étourdisseur, prêts à s'en servir à la moindre occasion. «Ne m'oblige pas à faire ça!».

«Tu n'auras pas le cran de le faire!». Elle semblait avoir une telle haine envers lui, qu'il s'était demandé ce qui pouvait bien se passer dans son esprit. «Tu veux parier?». Il était sûr de lui et c'était mal le connaitre que de penser qu'il laisserait ses états d'âmes passer avant la sécurité de la ville. Elle paraissait déterminée et n'avait pas hésité une seconde à prendre le risque. Elle affichait un sourire digne des plus grands films d'horreur, à en faire frissonner un pingouin. Elle s'élança vers eux, mais ses feintes n'avaient pas suffi à tromper les deux militaires. «Pardonne-moi!», avait chuchoté Evan avant d'appuyer sur la détente.

Le Lieutenant Reed avait eu le même automatisme et deux faisceaux rouges s'étaient abattus sur Andréa, qui toucha le sol en quelques secondes. Evan soupira avant de se pencher vers elle, voulant vérifier qu'elle respirait convenablement. Il se redressa et se tourna vers Reed. «Qu'avez-vous retenu de cette journée Lieutenant?». Il hésita un moment avant de sourire nerveusement. «Ne jamais se fier aux apparences, Monsieur.».

Rodney s'était précipité hors des quatre murs à la recherche d'air frais, lorsqu'il tomba tout de suite sur Evan et Reed qui se tenaient devant le corps immobile d'Andréa. Malgré son état il pouvait entendre ses pensées qui, en y regardant de plus près, se rapprochaient plus d'un doux rêve. Il ricana en se tournant vers Evan, qui ne comprenait pas très bien l'attitude de l'astrophysicien. «On dirait qu'elle vous aime bien.». Stoïque, il avait ouvert la bouche mais aucun son ne voulait sortir. «Vous devriez lui dire!». Rodney lui tapa sur l'épaule avant de finalement s'en aller.

/!\

Andréa émergeait doucement et peinait à ouvrir les yeux. Une furieuse envie de vomir s'était immédiatement fait ressentir, la faisant grogner d'inconfort. Elle scruta les alentours, curieuse de savoir où elle se trouvait. Son regard se porta sur son bras, observant le cathéter qui terminait sa course sous un sparadrap collé à sa peau. Elle remua son nez et senti de l'air frais se diffuser dans ses narines, réalisant qu'un tuyau fin lui amenait de l'oxygène. Elle plissa les yeux et reconnu au loin Carson, discuter face à Evan. Ses ronchonnements les avaient alertés et ils s'étaient dirigés vers elle sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte.

Carson lui demanda comment elle se sentait et elle lui avoua sans détour avoir la nausée. Elle prit finalement conscience de son environnement et les événements circulaient à pleine vitesse dans son cerveau. «Oh mon dieu ! Comment va Radek ?». Elle avait bien essayé de se redresser mais fut arrêtée par Evan.

Le moniteur cardiaque s'affola et il lui certifia que tout le monde était sain et sauf. Le bip produit par la machine s'était régulé et Carson avait décidé de les laisser tous les deux en voyant que tout allait bien. Le médecin avait bien remarqué qu'il était de trop alors il préféra laisser le Major lui expliquer la situation.

«Ou est Radek ?». Evan avait pris une chaise et la plaça au plus proche du lit, avant de s'installer. «Calme-toi ! Je vais tout t'expliquer ». Il lui raconta comment Rodney avait guéri le Tchèque, uniquement en passant ses mains au-dessus de lui, quelques minutes après avoir amené Andréa à l'écart. Elle avait du mal à y croire, surtout après avoir entendu les mots de Carson à l'égard de son ami.

«Comment tu te sens ?». Il posa sa main sur son bras, faisant lentement aller ses doigts pour l'apaiser. «Je cherche encore à déterminer quelle partie de mon corps ne me fait pas mal, mais au moins je n'ai plus envie de vomir.». Son inquiétude l'avait perturbée au point de ne pas avoir vu l'Écossais glisser un produit dans sa perfusion pour stopper les effets secondaires. «Je ne me souviens de presque rien. Est-ce que j'ai blessé quelqu'un ? Comment j'ai atterri ici ?Et Rodney, comment va-t-il ? ». Cela faisait beaucoup de questions auxquelles il allait prendre le temps de répondre, mais il n'était pas pressé de passer à la deuxième.

«Déjà, il faut que tu saches que Beckett t'a inoculé un rétrovirus. Il se peut que ton gène ne fonctionne plus aussi bien qu'avant.». Elle ferma les yeux et souffla longuement, soulagée rien qu'à l'idée que la connexion entre la cité et son esprit ne soient plus qu'un mauvais souvenir. Elle fut surprise de sentir la main d'Evan sur son visage venir essuyer les quelques larmes qui coulaient. Andréa rassembla ses forces et leva son bras pour la retirer, enroulant ses doigts autour des siens, avant de la laisser tomber lâchement.

«Rodney va bien ! Zelenka a trouvé un moyen de modifier son ADN, mais il t'expliquera ça mieux que moi.». Elle n'était pas consciente de ce qu'elle faisait mais se souvenait du sentiment de colère qui l'avait poussée à lui sauter dessus. Si Evan ne l'avait pas stoppée, elle l'aurait probablement tué sans aucune hésitation. «Je sens que je vais devoir m'excuser auprès de nombreuses personnes. Je n'arrive pas à croire que j'ai essayé de le frapper.». Sur le ton de la plaisanterie, il lui confia qu'elle ne serait pas là dernière à vouloir essayer vu comment il se comportait parfois, mais ses mots ne l'avaient pas soulagée pour autant. «Ce qui est sûr, c'est que le Lieutenant Reed se souviendra de toi pour un moment. Il s'en sort avec une côte fêlée.».

Evan avait apprécié ce climat d'apaisement et avait compté sur cette opportunité pour répondre à sa question la plus délicate. «Pour ma défense, tu étais incontrôlable. Reed et moi avons dus te tirer dessus avec une arme incapacitante. Tu as reçu deux décharges, c'est pour ça que tu as dormi trente-huit heures.». Elle avait plissé ses yeux remplis de malice avant de lui sourire. «Ouch… Rappel-moi de ne plus jamais t'agacer.». Elle esquissa un sourire en le fixant, se sentant étrangement mieux à ses côtés. «Je sais que je n'ai pas été très agréable ces derniers temps et je suis désolée de m'être emportée. Je n'aurai pas dû me comporter comme je l'ai fait.». Sa sincérité l'avait touché, et il eut envie de la prendre dans ses bras mais s'était retenu. «Tu n'étais quand même pas obligé de me tirer dessus pour te venger, tu sais. ».

Leur rire les avait replongés dans cette complicité qu'ils pensaient perdue et cela leur avait fait du bien au moral. Cette mésaventure n'était qu'une combinaison entre une simple carence alimentaire, des particules du bouclier de Lucius, son gène ATA et les travaux de Rodney, ce qui révélait un aspect pittoresque et improbable de l'épopée qu'ils avaient vécus. Personne ne pouvait prévoir que ce mélange allait à ce point marquer les esprits.

Sentant la fatigue frapper doucement à sa porte, ses yeux commençaient à se fermer, mais elle voulait rester éveillée et continuer à lui parler pendant des heures. Elle ne s'était jamais sentie aussi sereine qu'à cet instant et elle souhaitait plus que tout pouvoir prolonger ce moment.

Le fil des événements lui revenait lentement et elle s'excusa pour son comportement déplacé et le fait de l'avoir menacé. Elle comprit qu'il se sentait coupable de lui avoir tiré dessus et le rassura en lui disant qu'il l'aurait fait avec n'importe qui d'autre. « C'est ça le problème, Andréa. Tu n'es pas n'importe qui et si nous n'étions pas si proches, j'aurai tiré à la seconde où tout a dégénéré. ». Elle comprenait qu'il avait laissé son affecte prendre le dessus et avait peur que cela ne l'éloigne d'elle encore plus. Du peu qu'elle se souvenait, elle avait été un peu trop loin dans ses avances. Elle s'était dit qu'elle avait encore une fois tout foiré.

Elle essayait de faire le vide dans son esprit mais des images revenaient sans cesse, ce qui l'avait subitement fait rougir. « Tu sais, je ne contrôlais pas grand-chose.». Elle marqua un temps d'arrêt, ne sachant pas comment aborder le sujet. « Pendant un moment, je n'avais qu'une seule envie, celle de te faire du mal. ». En voyant qu'il ne disait rien, elle baissa les yeux et continua. « Mais la seconde d'après... ». Elle avait sourit rien qu'en y repensant, même si en parler à haute voix la mettait mal à l'aise. « Disons que j'aurai agi différemment si Reed n'avait pas été là. ».

Elle avait eu beau le rassurer de nouveau en lui faisant comprendre qu'il avait agi comme il fallait mais cela n'avait pas l'air de l'atteindre. Après un moment sans parler, ils avaient longuement échangé un regard, chacun perdus dans leurs pensées.

Ils avaient l'impression d'avoir enfin retrouvé cette relation qu'ils pensaient tous les deux avoir perdu l'espace de quelques jours. Cela leur avait pourtant semblé durer une éternité.

Elle se rappela subitement de leur échange lorsqu'il l'avait ramenée dans ses quartiers, repensant brièvement au geste amical qu'il avait eu envers elle. «C'est trop te demander si je garde ta veste ?». Malgré sa moue et ses yeux de biches, il lui confia qu'elle pourrait la garder jusqu'à ce qu'il soit prêt. Ce sous-entendu avait teinté ses joues de rose, les sentant chauffer rien qu'en s'imaginant le jour où il viendrait la chercher. Il savait que les évènements allaient changer la donne mais il devait être complètement transparent avec elle quant à son passé. La dernière chose qu'il souhaitait était de se précipiter et de le regretter par la suite, alors il allait devoir s'armer de patience avant de lui avouer qu'il ne l'a laissée pas indifférent.

«Je me sens mal, Evan.». Il s'était redressé et avait tout de suite demandé s'il devait appeler Carson mais elle l'avait retenu par le bras avant qu'il ne se lève. «Non, je me sens mal de t'avoir dit... et fait toutes ces choses. Ça ne me ressemble pas. ». Il était conscient d'avoir une part de responsabilité dans cette histoire et s'excusa à son tour de lui avoir menti. Ce n'était pas tellement le fait qu'il ait menti qui la dérangeait mais comme lui avait fait remarquer Radek, c'était plutôt l'atteinte à son égo. «Je me mets à ta place et je comprends que ça n'a pas dû être simple de trouver le bon moment pour me parler.».

Elle luttait à présent pour ne pas s'endormir, se forçant à étirer ses paupières devenues subitement lourdes. «N'y pense plus, je serais là à ton réveil. Je ne bouge pas, je te le promets. ». Il n'avait pas pu résister à l'envie de lui déposer un baiser sur le dos de sa main qu'il tenait toujours, scellant cette amitié retrouvée. « Toi et moi nous aurons une petite discussion quand tu te seras remise. ».

Elle se laissa aller en affichant un sourire qui ne semblait pas vouloir s'estomper, complètement apaisée par ses mots. Evan comptait bien tenir sa promesse, alors après s'être assuré qu'elle dormait, il passa sa main dans ses fines boucles et admira les traits de son visage détendus.

TBC…