Chapitre 12

Andréa avait mis du temps à retrouver la mémoire et elle s'était excusée auprès de Rodney seulement quelques jours auparavant. La physicienne avait fait mine d'avoir presque oublié mais elle savait que c'était sa manière à lui d'accepter ses excuses. Il n'était pas méchant dans le fonds et c'était simplement un gamin peu confiant dans les relations humaines. Andréa avait retenu qu'il ne lui tenait pas rigueur de son comportement et c'était tout ce qui importait. Elle n'allait pas le forcer à parler en sachant qu'il serait mal à l'aise alors ils avaient scellé cette discussion par une franche poignée de main avant de reprendre le travail comme si de rien était.

Elle avait eu l'occasion de parler au Lieutenant Reed qui n'était pas facile à trouver lorsqu'il était sur la Cité. Les emplois du temps du corps militaire étaient uniquement visibles dans la section réservée aux officiers, alors elle avait dû ruser en piratant les systèmes. Elle avait su quand et à quel endroit le trouver, ce qui lui avait grandement faciliter la tâche. Andréa avait gardé une bonne image de lui lorsqu'ils avaient échangé. Reed avait été compréhensif et bienveillant à son égard, tout en restant calme à propos de la situation passée. Elle avait discuté plus longtemps avec lui en une seule fois, qu'avec Evan en deux semaines. C'était presque à se demander s'ils ne se fuyaient pas inconsciemment, parce qu'Andréa attendait toujours la discussion qu'Evan lui avait promise.

Reed avait évoqué avec la physicienne ses incroyables prouesses Herculéennes mais Andréa n'avait pas tellement senti la différence. Ses sens avaient été décuplés mais elle n'avait pas émis plus de force que nécessaire, alors elle ne s'était pas sentit ni flatter ni même concernée. Elle ne savait pas pourquoi elle lui avait parlé de Kolya et de son sentiment d'impuissance lorsqu'elle avait voulu se défendre, mais il l'avait conforté dans l'idée que personne n'aurait pu faire quoique ce soit dans sa situation. Evan lui avait aussi certifié la même chose mais le fait d'en parler à une personne qu'elle ne connaissait pas donnait un sens plus concret à ces propos. Sa conversation avec Reed lui avait fait du bien sans s'en rendre compte. Elle avait eu l'étrange impression de parler comme avec un ami de longue date, sans tabou ni jugement.

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Cela faisait deux semaines qu'Andréa avait quitté l'infirmerie et Evan n'avait pas eu l'opportunité de la voir seule. Il passait désormais plus de temps hors monde et ils avaient uniquement partagé un moment informel entre deux portes. Ils s'étaient croisés le reste du temps, sans forcément avoir eu l'occasion de parler d'autre chose que du travail. Le temps filait à une vitesse folle, ce qui ne leur laissait que peu de temps pour se voir réellement.

Maintenant qu'il se sentait prêt à parler à Andréa, l'ironie du sort faisait qu'il n'avait pas une minute à lui. Il devait lui parler de son passé avant toute choses. Il voulait être complètement honnête avec elle avant de s'engager dans quoique ce soit. Son travail lui prenait tout son temps et lorsqu'il rentrait sur Atlantis, il devait rédiger ses rapports de mission, alors cela n'allait pas être facile de se dégager du temps.

Il avait effectué pas moins de six voyages, visant à établir des liens commerciaux avec différentes civilisations, toutes plus ou moins avancées. Elisabeth lui avait confiée la responsabilité du Lieutenant Reed, qui allait rejoindre son équipe. Evan avait lu ses états de services et il avait tiqué sur le fait que le Lieutenant avait tendance à discuter les ordres. Il comptait bien s'imposer dès le début et il n'hésiterait pas à le remettre dans le droit chemin si besoin. Au cours des deux dernières semaines, il avait observé le comportement de Reed sur le terrain et il était plutôt confiant. Il semblait bien s'adapter à toutes les situations mais il se fiait trop souvent à son instinct. L'observation était une qualité non négligeable, surtout sur le terrain, alors Evan comptait bien accentuer ce point.

Ils venaient à peine de rentrer qu'Elisabeth avait déjà demandé au Major de repartir. En l'espace d'une demi-heure, Andréa s'était déjà retrouvée à bord d'un Jumper avec Evan, Reed et Stackhouse. Un simple appel radio d'Elisabeth lui demandant de se rendre au hangar à Jumper avec son matériel et des vêtements d'hiver l'avait conduite dans ce périple.

Elle comprenait mieux pourquoi Elisabeth lui avait demandé de prendre des affaires chaudes. En survolant la planète, ils étaient tous les quatre subjugués par l'épaisse couche de neige qui tapissait le sol. Ils étaient passés au-dessus d'une montagne recouverte partiellement en son pic. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle n'avait pas vu de neige mais elle était émerveillée par le paysage. Personne n'osait parler et ils regardaient tous l'horizon brumeux.

Le Jumper s'était posé sans encombre et la température ambiante les avaient saisis. Tout était étrangement calme et Andréa commença à avancer. Elle avait retrouvé son âme d'enfant en entendant la neige qui craquait sous ses pas. Evan s'était placé à ses côtés en souriant. Ils avaient échangé un regard qui en disait long sur leur état d'esprit. Il avait vu ses yeux pétiller lorsqu'elle avait observé la vue.

Ils étaient tous prêts à partir en direction du sud, là où les détecteurs de signes vitaux émettaient un fort taux de présence. Evan ouvrait la marche, suivi de Reed, Andréa et Stackhouse. Andréa s'était placée aux côtés du Sergent et entama la conversation. «Alors, comment trouvez-vous Atlantis ?». Elle avait vu Evan ralentir pour se mettre au plus près et entendre leur discussion. «Je n'ai pas eu le temps de tout voir, Madame». Elle n'avait pas hésité à lui proposer de son temps pour lui servir de guide si besoin, ce qui avait intrigué Evan.

Il avait simplement hoché la tête et continuait d'avancer dans les pas de son supérieur. «Que faisiez-vous au SGC ?». Elle ne le voyait pas mais Evan haussa un sourcil en se demandant à quoi rimait cet interrogatoire. «Oh… un peu comme maintenant Madame, visiter des planètes inconnues et escorter des scientifiques comme vous.». Elle rigola plus qu'il n'en fallait et Evan se retourna en comprenant à quoi elle jouait.

Elle reporta son attention sur Reed sans prêter attention à Evan. «Est-ce que quelqu'un vous attend sur Terre, Sergent ?». Il se sentait gêné et il savait que ça allait tourner vinaigre s'il continuait à répondre à ses questions. «Hum… nous devrions nous concentrer sur ce qui nous amène ici, Madame.». Evan ricana en entendant Reed la repousser.

Evan se demandait s'il s'agissait de bienveillance ou si son cerveau lui faisait croire des choses. En voyant Evan, elle s'était dit qu'elle aurait dû s'abstenir sur la dernière phrase et se sentait embarrassée. Elle voulait juste faire la conversation mais il semblait mal interpréter son comportement, alors elle n'avait rien dit pendant les quelques kilomètres restants.

Il avait soudainement stoppé l'équipe en voyant au loin une maison en ruine. La nature semblait avoir repris ses droits à en juger par la verdure qui l'entourait. Une épaisse couche de neige avait recouvert le toit partiellement détruit et s'étendait à la verrière qui l'accolait. Les trois hommes inspectaient les alentours tout en restant sur leur garde. Evan avait entendu un craquement et s'était tourné vers Reed, en pointant leur arme dans la même direction.

Andréa avait senti son cœur s'emballer en les regardant avancer en groupe vers la maison. Ils étaient à quelques mètres lorsque deux garçons étaient sortis en courant. Ils s'étaient figés et avaient levé les mains en l'air face aux trois hommes qui avaient renforcés la pression sur leur équipement. Andréa n'avait pas attendu avant de s'interposer. «Arrêtez ! Ce sont des enfants !». Il n'en croyait pas ses yeux. Elle se tenait entre les enfants et le canon de son arme, alors il s'était décalé sur le côté pour avoir un visuel, mais elle avait fait un pas pour se retrouver en face. «Qu'est-ce que tu crois faire, là ?».

«Ce sont des gosses et vous leur faites peur !». Il avait soufflé en baissant son arme et lui attrapa le bras pour l'amener vers lui. «J'apprécierai que tu ne discutes pas mes ordres !». Il avait fait un signe de tête à Reed et Steackhouse qui avaient laissé retomber leurs armes. «Nous en reparlerons plus tard !». Il avait chuchoté pour que ses hommes ne l'entendent pas. Andréa s'était étonnée de son ton ferme, mais n'avait pas rétorqué. Les deux enfants n'avaient pas bougé et elle s'était accroupie auprès d'eux. «Qu'est-ce que vous faites ici ?». Un des deux garçons montra du doigt le toit de la maison. «Qu'est-ce qu'il y a là-haut ?»

Elle se leva en espérant voir quelque chose et avait aperçu une forme circulaire. «Tu as coincé ton ballon sur le toit ?». Il hocha la tête et avait couru vers le muret qui se trouvait à côté de la verrière. Le groupe avait suivi le petit garçon qui commençait à escalader le petit mur. «Hey petit ! Reviens là, c'est dangereux !».

Evan s'était approché et avait attrapé l'enfant par la taille avant qu'il ne grimpe plus haut. Il se débattait mais Evan ne l'avait pas lâché. «Laisse-moi y aller, ok. Je vais te le ramener.». Il s'était ravisé et Evan commença à monter sur le mur. «Qu'est-ce que vous faites Major ?». Il regarda Andréa en souriant et lui rétorqua qu'il gérait la situation.

Elle avait abandonné le vouvoiement en sentant le danger arriver et son naturel avait repris le dessus. «Tu ne gères rien du tout ! Cette vitre ne supportera pas ton poids !». Il s'arrêta une fois de plus en la fusillant du regard. «Je ne suis pas stupide au point de marcher dessus! ». Il essayait d'enlever la neige accumulée au fur et à mesure de son ascension, essayant de visualiser où il devait poser ses pieds. Il arriva rapidement au sommet sous l'œil inquiet d'Andréa. Il s'était allongé pour attraper le ballon mais il était trop loin. Il avait rampé de quelques centimètres et avait tendu sa main pour toucher du bout des doigts la balle, jusqu'à ce qu'ils n'entendent craquer.

Tout le monde s'était figé et Evan ne bougea plus d'un iota. Soudain la vitre se brisa sous son poids et il s'écrasa lourdement trois mètres plus bas en emmenant l'épaisse couche de neige avec lui. «Evan !». Andréa s'était précipitée vers la maison en cherchant comment entrer. La verdure recouvrait une bonne partie de la porte ce qui les empêchait d'y accéder. Reed faisait déjà le tour de la bâtisse pour chercher un moyen d'entrer.

Un des garçons avait couru en direction d'une fenêtre dépourvue de verre et s'était faufilé à l'intérieur. Ils pouvaient tous l'entendre taper sur la porte avec un objet métallique et Andréa, qui se tenait de l'autre côté, avait vu la poignée tomber au sol. Elle avait poussé la porte du pied et s'était précipitée à l'intérieur, alors qu'Evan se relevait doucement. Elle avait placé une main derrière son épaule pour l'aider à se redresser et s'arrêta en voyant du sang sur son bras. «Ne bouge pas ! Laisse-moi regarder !».

Il avait obéi alors qu'elle ouvrait son manteau pour chercher d'autres blessures. Il paraissait calme et détendu, et s'amusait de la situation alors qu'il la voyait s'inquiéter. Il enleva la manche en grimaçant et observait une large coupure. Andréa avait soufflé en voyant que c'était superficiel. «Il faut nettoyer ça ! Qui sait quelles maladies il y a ici !? ». Il avait souri en essayant de détendre l'atmosphère mais ce n'était visiblement pas le bon moment. «Ne m'en veut pas mais je préférerais un vrai médecin.».

Face à son attitude et voyant qu'il n'avait rien de cassé, Andréa lui avait mis un coup sur l'épaule avant de se relever. «Espèce d'idiot ! Mais qu'est-ce qui t'as pris ?». Maintenant rassurée sur son état de santé elle s'était redressée alors qu'il lui tendait la main. «Tu comptes m'aider ou pas ?». Elle ricana et commença à partir. «T'as voulu prouver que tu savais grimper alors tu seras capable de te relever tout seul, Major.». Elle accentua sur le dernier mot et croisa Stackhouse qui s'engouffrait dans la pièce. «Monsieur, tout va bien ?». Il s'affairait déjà à sortir sa trousse de premier secours de son sac et les deux hommes avaient regarder Andréa sortir.

Elle avait ramassé le ballon et s'était dirigée vers la sortie sans même se retourner. Reed était à quelques mètres, accroupi auprès des deux garçons. Elle s'était avancée vers eux et avait tendu la balle au plus jeune. «Allez jouer plus loin les enfants !». Reed se releva lentement en les voyant partir en courant, puis il s'était approché de la scientifique. «Je sais ce que vous essayez de faire.». Elle avait relevé la tête vers lui et avait froncer les sourcils.

Evan et Stackhouse sortaient de la maison et les observaient parler. Leur proximité commençait à agacer Evan qui se posait des questions sur l'attitude d'Andréa. Elle ne comprenait pas de quoi il voulait parler. Elle n'avait pas pensé avoir été si intrusive avec ses questions. Il posa une main sur son épaule pour lui faire comprendre que tout allait bien. «Vous devriez parler au Major plutôt que d'essayer de le rendre jaloux.». Elle secoua la tête vivement et s'était mise à rougir sans le vouloir. «Mais de quoi vous parlez?». Elle n'arrivait pas à croire qu'il pensait ça d'elle.

Evan et Stackhouse n'en avaient pas perdu une miette de leur proximité et s'étaient rapprochés d'eux. Reed pouvait déceler de l'agacement dans les yeux de son supérieur et il lui avait demandé comment il se sentait. «Content de voir que mon état de santé vous intéresse.». La tension était palpable et Andréa s'était sentie coupable en entendant le ton agressif qu'il avait employé. Il scruta les environs et avait demandé où étaient les enfants. «Ils ne représentaient pas une menace, Monsieur. J'ai jugé bon de…».

Andréa était dépassée par la tournure que prenait ce malentendu et cela n'avait pas arrangé les choses qu'ils les aient laissés partir. «Vous vous fichez de moi j'espère. Nous avons des règles, Sergent ! Arrêtez de vous fier uniquement à votre instinct !». Reed s'était redressé en prenant une posture formelle. Andréa n'avait pas compris pourquoi il s'en prenait au Sergent comme ça. «C'est ma faute !C'est moi qui leur ai dit de partir. ». À court de mots, il ordonna de continuer la marche jusqu'au village le plus proche. Après tout, si les enfants jouaient ici, c'est qu'il ne devait pas habiter si loin.

Ils commençaient à avancer mais Evan avait stoppé la scientifique. «Est-ce que c'est ça ta tactique ?». Elle lui demanda de quoi il voulait parler mais le fait de jouer les innocentes commençait à l'énerver. «Tu vois très bien ce que je veux dire.». Elle secoua la tête en reprenant sa marche mais il l'arrêta de nouveau. «Écoute Evan, je ne sais même pas pourquoi je suis ici ! Regarde autour de toi, je travaille sur des machines et là il n'y a que de la verdure. C'est le docteur Parrish qui devrait être à ma place.».

«C'est moi qui ai demandé au docteur Weir pour que tu nous accompagnes.». Andréa n'avait pas saisi jusqu'à ce qu'il n'hoche la tête pour confirmer ses pensées. «Je voulais que tu sois avec moi parce que nous n'avons pas eu l'occasion de parler tous les deux, je pensais que l'on aurait quelques minutes pour nous mais au lieu de ça tu m'évites.».

Son cœur s'était accéléré et elle pouvait sentir l'embarras se propager dans tous ses membres. «Quoi? Je t'ai vu dix minutes en deux semaines et c'est moi qui t'évite? ». Il avait passé une main sur ses cheveux et posé ses mains sur ses hanches en expirant. «Evan, tu m'as promis une discussion il y a deux semaines et j'attends toujours. Alors j'essaie juste d'apprendre à connaitre les membres de ton équipe. Je ne vois pas où est le mal.». Il avait définitivement mal interprété ses intentions et il éprouvait maintenant un sentiment de honte et de culpabilité. Elle avait posé sa main sur son bras en exerçant une pression rassurante. «Qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui ? Je ne te reconnais pas.».

«Je suis désolé, j'ai du mal à réfléchir en ce moment. Je n'ai pas a eu beaucoup de temps pour moi ces derniers temps alors je repousse un peu notre tête à tête.». Il pouvait sentir son regard sur lui alors il baissa les yeux en reprenant ses esprits. «Ne t'inquiète pas, je garde précieusement ta veste dans mes quartiers.». Elle avait rigolé en voyant qu'il se détendait.

Ils avaient laissé place à de la taquinerie, ce qui n'avait pas échappé aux deux hommes qui s'étaient arrêtés plus loin en voyant qu'ils ne suivaient pas. «Tu pensais vraiment que j'essayais de te rendre jaloux en parlant avec Reed?». Elle releva les yeux pour observer sa réponse et il ricana en secouant la tête, avant de se diriger vers ses hommes. Les tensions s'étaient dissipées entre eux, et ils allaient pouvoir poursuivre la mission plus sereinement. Ils avaient repris leur marche jusqu'au prétendu village et l'avaient trouvé un kilomètre plus loin. Ils avaient croisé quelques habitants mais personne n'était venu les voir.

Andréa avait aperçu au loin les deux garçons qui jouaient au ballon, alors elle se dirigea vers eux. Elle n'avait pas pu s'empêcher de leur dire qu'ils étaient plus en sécurité ici, plutôt qu'au beau milieu des ruines. Un homme qu'ils n'avaient pas vu jusqu'à présent, s'approcha des deux garçons en hurlant qu'ils ne devaient pas s'éloigner. Evan s'avança en voyant que l'homme devenait virulent. Il gifla e plus grand des deux qui s'était forcé à ne pas pleurer. «Tu es censé veiller sur ton frère ! Je n'en ai pas fini avec toi !».

Andréa n'avait pas attendu avant d'intervenir et s'interposa sans prendre en compte le regard des militaires qui l'accompagnaient. «Mêle-toi de ce qui te regarde !». Ils avaient tous compris que cela ne devait pas être la première fois, ce qui commençait à tendre la scientifique. En voyant des villageois s'approcher de leur position, Evan avait saisi le bras d'Andréa. «Allons-nous-en avant que ça ne dégénère.». Elle s'était vivement dégagée et elle était prête à défier le tortionnaire face à elle.

L'homme avait compris qui était le chef de leur groupe et il avait fait un pas vers Evan. «Tu laisses parler une femme à ta place ?». Ils avaient maintenant une petite idée de leur mode de fonctionnement et Andréa n'adhérait pas à cette idée. «C'est quoi cette vision archaïque !?». Ils avaient tous les trois sentis le danger arriver, alors Evan s'excusa pour elle et ils s'étaient rapidement éloignés. «Tu veux te faire tuer ou quoi !?». Andréa s'arrêta face à lui en lui demandant pourquoi il n'était pas intervenu.

«Que veux-tu que je fasse ? Je te rappelle que nous sommes seulement quatre !». Le groupe commençait à rebrousser chemin sous les yeux satisfaits de l'homme. « Allons-nous-en !». Après un moment, ils s'étaient retournés en entendant des pas courir vers eux. Le deuxième garçon s'était planté devant eux et s'adressa à Andréa.

«Aidez-moi ! Mon frère s'est enfui.». Elle ne pouvait pas juste rentrer sur Atlantis comme si rien ne s'était passé. Elle lui demanda où il était et il lui avait pris la main pour qu'elle le suive mais Evan avait rompu le contact. «Nous ne pouvons rien pour toi petit.». La jeune femme avait eu un sentiment de colère qui se lisait parfaitement sur son visage. «Evan, il faut faire quelque chose !». Elle regardait Steackhouse pour chercher une sorte d'approbation mais il pinça ses lèvres. «Je ne peux rien faire, le Major a raison, nous ne sommes pas là pour révolutionner leur mode de vie.».

Elle n'y croyait pas, personne ne comptait la soutenir et ils allaient simplement laisser ses enfants livrés à eux-mêmes. Le petit garçon s'était mis à courir et elle n'avait pas hésité à le suivre. Les trois hommes n'arrivaient pas non plus à croire qu'elle avait encore ignorer les ordres et qu'elle les mettait tous en danger. Ils l'avaient suivi pendant de longues minutes en empruntant des chemins plus ou moins instables, dans le petit bois qui bordait le village. Andréa s'était arrêtée lorsqu'elle avait vu le garçon. Il était adossé un arbre, recroquevillé en essayant de se calmer. «Hé ! Qu'est-ce qui s'est passé ?».

Il craignait que son père ne le retrouve et il s'était mis à pleurer. «Il ne faut pas en vouloir à mon papa. Il a juste eu peur pour moi. Il n'aime pas quand je m'éloigne.». Elle le rassura en posant une main sur son épaule. «C'est normal, mais ça ne lui donne pas le droit de te brutaliser.». Il secoua la tête en lui disant qu'elle se trompait. «Il a peur que les Wraiths nous fassent du mal. Ils viennent de temps en temps pour prendre ceux qui ne sont pas sages.».

Elle avait relevé la tête vers les trois hommes qui s'étaient longuement regardés. «Andréa, nous devons partir! Maintenant !». Elle avait hoché la tête en s'excusant auprès des deux garçons avant d'être tirée par le bras. Reed l'avait agrippée fermement et ils avaient couru jusqu'au Jumper. Le retour s'était fait en silence et aucun d'eux ne voulait parler. Andréa s'était pressée vers ses quartiers dès qu'ils avaient atterris. Elle avait littéralement fui par la porte arrière de l'appareil alors qu'elle était à peine ouverte, ne prenant même pas la peine de se retourner.

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Il s'était écoulé quelques heures tout au plus depuis que l'équipe du Major Lorne était revenue. Ils avaient été envoyés sur la planète M4D-058 et venaient de traverser la porte des étoiles en Jumper. Evan avait immédiatement occulté le vaisseau, ne sachant pas ce qu'ils allaient trouver. Alors qu'ils volaient sous les nuages, Evan avait esquiver de justesse un objet non identifié, ce qui avait saisi les trois passagers. Quelques minutes leur avaient suffi pour observer une multitude de point noir qui tapissait l'horizon. Evan avait fait ralentir l'appareil et s'arrêta à quelques mètres d'un des objets volants avant de comprendre qu'il s'agissait de satellites.

Ils avaient enfin touché terre après avoir laborieusement slalomé de nombreuses minutes entre les machines volantes. En sortant du Jumper, ils s'étaient tous les quatre arrêtés, leur armes pointées dans des directions opposées. Il n'y avait pas âme qui vive à l'horizon alors ils avaient entrepris de marcher vers le Nord, comme l'indiquait leur détecteur de signe de vie. D'après la base de données des Anciens, la planète était habitée par un peuple allié, mais tout avait pu changer en dix millions d'années.

Après un kilomètre, Reed avait stoppé l'équipe en montrant une rivière en contre-bas. Il était persuadé qu'en suivant le cours d'eau, ils allaient tomber sur une civilisation. Evan semblait septique compte tenu du fait qu'il n'y avait rien pour s'abriter en cas de besoin. Ils allaient être trop exposés alors en jetant un œil autour de lui il avait préféré opter pour le parcours d'origine.

Ils étaient à présent à l'entrée d'un village et personne ne les avaient encore accueillis. Les quatre Marines parcouraient les allées sous les regards curieux des habitants et ils avaient déjà pu déceler trois groupes distincts de travailleurs; les artisans, les commerçants et les paysans. Cela rappelait à Reed l'époque typique du Moyen-Âge. Il marchait aux côtés d'Evan, son P-90 tenant par une lanière enroulée autour de son cou. Les rues étaient bondées mais personnes ne semblait prêter attention au groupe qui arboraient pourtant leur arme bien en évidence devant eux.

Evan scrutait les environs et levait la tête de temps à autre pour observer les drapeaux qui flottaient dans les airs, fixés aux coins des bâtiments. Il s'arrêta brusquement et posa sa main sur le bras de Reed pour le stopper. Son regard se porta en direction de la façade d'une maison jusqu'à ce qu'il ne croise celui de son supérieur.

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Elisabeth se tenait en salle de contrôle et apercevait Rodney qui revenait du mess avec Sheppard. «Qu'est-ce qu'il y a de si urgent?». L'astrophysicien avait une nouvelle fois fait des siennes et semblait irrité à l'idée que l'on ait écourté son déjeuner. Il regarda l'écran qu'Elisabeth venait de lui montrer jusqu'à ce que la liaison ne soit établie. Evan était visiblement caché derrière un muret et parlait à voix basse. «Nous allions établir un contact avec la population quand nous avons vu des petits satellites en orbite autour de la planète.». Elisabeth avait demandé s'il s'agissait d'une civilisation avancée mais cela n'en avait pas l'air pour les quatre Marines sur place.

«Nous nous sommes approchés pour en savoir plus et il y avait deux villages séparés par une large rivière. Comme vous pouvez le voir, ils ne sont pas du genre à posséder des satellites, du moins, pas dans les cinq cents prochaines années.». Elisabeth suggéra d'envoyer une équipe pour explorer de plus près la planète. Tout portait à croire que les Anciens avaient sans doute placés ces satellites au-dessus des deux villages. Evan avait fortement recommandé la présence de Rodney, ce qui l'avait poussé à demander pourquoi.

«Lorsque nous sommes entrés au cœur du village, voilà ce que l'on a vu…». Reed tourna la caméra en direction du mur qu'ils avaient observés plus tôt. Un portrait de Rodney était affiché au-dessus de l'entrée principale d'un bâtiment. Il arborait une position glorieuse, ce qui avait laissé sans voix l'astrophysicien de l'autre côté de l'écran. Elisabeth était intriguée, surtout après avoir observé Sheppard et Rodney, qui partageaient le même regard.

«Comment votre visage s'est retrouvé sur ce drapeau?». Les deux hommes avaient bien essayé de prétendre ne rien savoir, mais leur comportement les trahissait. «C'est marrant, ce drapeau est similaire à celui que j'avais dessiné pour le jeu.». Elle avait certainement manqué un épisode parce qu'elle n'avait pas le souvenir que les Anciens en possédaient. «Quel jeu?».

«C'était peu après notre arrivée sur Atlantis. Sheppard et moi on visitait des labos sur le quai quand on a découvert une pièce. Il y avait pleins de consoles et d'écrans datant des Anciens. C'était assez impressionnant. Tout s'est mis en marche dès qu'on est entrés. On pensait que c'était un labo géologique. Sur un écran, il y avait une carte qui ressemblait au continent lantian.». Elisabeth se souvenait d'en avoir discuté avec lui mais elle n'avait pas le souvenir qu'il s'agissait d'un jeu.

«Nous ne savions pas que c'était un jeu. En y regardant de plus près, Rodney a compris que ce n'était pas un labo géologique mais une sorte de salle de jeu des Anciens. La carte montrait une civilisation inventée dans un monde imaginaire. ». Elle n'en croyait pas ses oreilles. Cela faisait trois ans qu'ils jouaient à un jeu sur la cité et aucun d'eux ne lui avait dit. «Vous jouez en prenant les pays qui sont dans la base de données et vous vous amusez à les contrôler.». Rodney avait précisé qu'il s'agissait de deux sociétés divisées par une rivière, les séparant. Ils avaient chacun pris le contrôle d'un pays en prenant soin de le renommer. «En plus de le renommer, Rodney a mis son visage sur tous les drapeaux!».

Elisabeth avait expiré longuement et prenait sur elle pour ne pas s'emporter. Elle digérait ces informations avec calme et patience, ce qui intriguait les deux hommes qui n'avaient pas bougé. «Préparez-vous et allez explorer cette planète.».

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Andréa s'était retrouvée devant la salle d'entraînement, son sac de sport à la main. Son passé avec Kolya la troublait encore et elle ne cessait de repenser à leur rencontre. Convaincue qu'elle aurait pu agir différemment si elle avait su se battre, elle s'était mise en tête d'en apprendre le maximum pour ne plus jamais ressentir la sensation de faiblesse qu'elle avait éprouvée. Elle arriva devant la porte à la recherche d'une âme charitable qu'elle devrait convaincre, jusqu'à ce qu'elle ne tombe sur le Sergent Steakhouse. Elle n'avait pas envie de reparler de ce qui s'était passé plus tôt. Elle espérait qu'il n'en parle pas parce qu'elle se sentait encore coupable d'avoir désobéi aux ordres.

Assis sur un banc, il venait d'enlever ses gants et s'essuyait le visage lorsqu'il aperçut la physicienne. «Salut doc. ! Comment tu te sens ?». Elle s'avança dans la salle en déposant ses affaires et le salua timidement. «Comment savais-tu que j'étais ici ?». Elle ouvrit son sac et extirpa sa bouteille d'eau. «Je ne le savais pas, à vraie dire je savais juste que la salle était réservée aujourd'hui aux militaires».

Elle observait la pièce qui était vide et lui demanda pourquoi il était seul. Elle avait été surprise d'apprendre qu'Evan était encore hors monde. Carson l'avait autorisé à reprendre du service et il avait accepté la proposition d'Elisabeth.

«Je me demandais si tu pouvais m'apprendre quelques techniques.». Il releva la tête et pris un air taquin. «D'après ce que j'ai entendu, tu te débrouilles très bien toute seule.». Elle savait à quoi il faisait allusion et croisa les bras. «Ah, ah… tu veux m'aider oui ou non ?». Liam reprit un air sérieux et se leva d'un bon. «Avant de savoir se battre il faut savoir se défendre.». Il se plaça face à elle et posa ses mains sur ses bras. «Il faut que tu aies foi en tes capacités.».

Il avait été septique quant à sa motivation à vouloir se battre mais il accepta. «Par quoi est-ce que l'on commence?». Il lui indiqua qu'en toutes circonstances, la meilleure attaque était encore la défense. Il enroula ses doigts autour de son poignet, simulant une attaque, tout en expliquant comment se dégager de son emprise. Andréa ne comprenait pas bien l'intérêt de cet exercice mais attendit la suite. «Essaie de te dégager, sans me frapper.». Elle fit un pas en arrière, tirant de toute ses forces puis tortilla son bras pour lâcher son emprise. Steakhouse n'avait pas lâché sa main et la stoppa en voyant qu'elle allait se faire mal.

«Lève ton coude et ramène ta main vers toi. Tu vas donner une impulsion avec ton coude au niveau de mon avant-bras.». Ses explications étaient limpides et elle s'exécuta sans mal. Son poignet se libéra et elle fut surprise du résultat. Elle était persuadée qu'elle allait devoir frapper à tout va mais fut étonnée de ne pas en être littéralement venu aux mains. Ils avaient répété le mouvement quatre fois, voulant s'assurer qu'elle assimilerait cette parade. «Si tu sens que la prise est trop forte, tu peux frapper en dernier recours. Soit par un coup au visage.». Il fit une démonstration en décomposant le mouvement, et elle tenta d'assimiler ses gestes attentivement. «Soit par un coup de pied dans l'entrejambe, soit en te rapprochant et en mettant un coup de pied dans le tibia. Vas-y, essaie doucement. ».

Elle l'écoutait attentivement et imita les enchaînements. Il passa à l'attaque suivante en voulant lui montrer les situations les plus susceptibles de se produire. Toujours face à face, il posa lentement une main sur ses cheveux, les empoignant sans lui faire mal. Andréa eut un moment de panique et Steakhouse enleva sa main en la voyant mal à l'aise. «Pourquoi veux-tu que quelqu'un me tire les cheveux ?». Il posa ses mains sur ses hanches en soufflant. «Est-ce que tu veux de mon aide ?». Elle souffla à son tour et croisa les bras. «Ok… tout est bon à prendre j'imagine.». Après lui avoir demandé si elle était sûre, il réitéra sa position.

«Place ta main sur le dos de la mienne.». Andréa avait obéi et posa ses deux mains. « Là, tu vas claquer très fort sur ta tête, en un coup.». Elle avait souri, se demandant si cela fonctionnerait sans se blesser. «En frappant très fort, tu vas appuyer sur mes phalanges sur ton crâne.». Il la rassura en lui indiquant que ce n'était pas le but et elle fit le mouvement demandé. «Bien, recommence ! Maintenant tu vas l'accompagner d'un coup de pied.».

Elle ne se débrouillait pas trop mal et il était impressionné par son écoute active. Il voulait lui apprendre des techniques qui lui serviraient, se rapprochant au maximum de la réalité. Il se plaça derrière elle et lui expliqua. «Je vais venir te saisir le buste en te laissant les bras libres.». Il accompagna le geste à la parole, ce qui la mettait dans une position inconfortable. «Tu vas fléchir les genoux, ce qui va descendre ton centre de gravité et tu vas légèrement te pencher en avant pour me déstabiliser.». Elle se sentait oppressée par cette prise et avait hâte de savoir comment il allait lui expliquer la technique pour qu'il se détache d'elle.

Toujours l'un derrière l'autre, ils étaient penchés en avant et il lui expliqua qu'elle devait mette un premier coup de coude en visant la mâchoire et continuer jusqu'à ce qu'elle soit libre. Les gestes étaient lents et précis, cherchant uniquement à assimiler les mouvements et non à blesser. «Si jamais ça ne suffit pas, tu peux mettre un coup de pied dans le tibia.». Elle acquiesça et attendait la suite.

Ils avaient enchaîné les parades durant un long moment, répétant les mouvements plus ou moins vite. Ils n'avaient pas forcément beaucoup discuté mais ils avaient passé un bon moment. Elle avait appris de bonnes techniques et il l'informa sur le fait d'être disponible quant à une prochaine séance.

En y réfléchissant, elle ne savait pas vraiment comment était Evan avec ses hommes, alors elle lui posa la question sans détour. «J'ai connu pire comme supérieur.». Il accompagna sa pensée par un rire forcé, ce qui poussa Andréa à creuser. «Il est un peu plus détendu depuis quelques jours.». Elle savait d'où venait son changement d'attitude mais elle s'était retenue de lui en faire part. Elle s'était dit l'espace d'un instant qu'il était peut-être temps d'avoir cette discussion qu'elle redoutait. Elle releva la tête lorsque Liam lui proposa de passer à la phase de combat.

Elle hocha la tête en lui confiant qu'elle savait plus ou moins faire, et attendit ses instructions. Il se mit en position à côté d'elle, sous l'œil attentif d'Andréa qui mima sa gestuelle. «Ok, règle numéro une, ne jamais baisser sa garde.». Il se tourna vers elle et ajusta l'écartement de ses jambes. «Rentre tes coudes et penche-toi légèrement. Tes poings doivent protéger ton visage et tes coudes protègeront ton buste. Rappelle-toi qu'aucun coup ne doit t'atteindre.». Elle avait senti l'adrénaline monter, même si ce n'était qu'un exercice. Cela allait s'intensifier mais elle se sentait prête. Il lui montra comment esquiver les coups et accéléra la cadence en la voyant maîtriser la technique.

Ils s'étaient tous les deux retourné vers la porte lorsqu'ils avaient entendu des pas. Deux militaires venaient d'entrer et les avaient salués d'un geste de la main, avant de prendre place sur le tapis. Andréa reporta son attention sur Liam et s'était mise en garde. «Comment s'en sort Reed ? Il ne donne pas trop de fil à retordre à Evan ?». Il n'avait pas l'habitude que l'on appelle son supérieur par son prénom et il avait souri en entendant ses mots prononcés naturellement. «Il a tendance à prendre des initiatives et il oublie parfois son statut mais je pourrais lui confier ma vie sur le terrain.».

Elle avait hoché la tête et commença à sautiller en donnant quelques coups au ralenti. «C'est une bonne chose si tu as confiance.». Liam était curieux d'en savoir plus sur sa relation avec Evan, alors il pensa que c'était le bon moment pour en parler. «Et toi ? Comment ça se passe avec le Major ?». Il n'avait pas été bavard avec lui et il misait tout sur la jeune femme, qui faisait mine de ne pas comprendre. «Oh, pas à moi. S'il te plaît, tout le monde ici n'attend qu'une chose.». Elle n'arrivait pas à masquer son sourire en coin et elle semblait curieuse de savoir ce qui se disait. «Tu sais ce que je veux dire ! Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. ».

«Est-ce que c'est ta nouvelle méthode d'interrogatoire ?». Il lui avoua avoir questionné le principal intéressé à plusieurs reprises, mais il était beaucoup moins démonstratif qu'elle. Andréa n'aimait pas tellement que l'on se mêle de sa vie privée. Elle s'était dit de jouer la carte de la discrétion lors de ses prochains échanges en public. «Ça fait des années que je suis sous ses ordres, bien avant d'être sur Atlantis et j'ai découvert son prénom depuis que tu es ici. Tu es la seule à l'appeler par son prénom.». Il n'avait pas l'air de vouloir abandonner et sa curiosité devenait intrusive. Elle n'avait plus envie de rire et son visage s'était tendu en une fraction de seconde. «Est-ce que l'on peut s'y remettre ?».

Il n'avait pas cherché plus loin et il s'était remis en position en silence, pour le plus grand bonheur d'Andréa. Elle repensait à sa dernière phrase qui tournait en boucle dans sa tête. Cet indice avait dissipé ses doutes quant à la tournure de leur relation. Liam avait bien vu qu'elle était distraite et il n'avait pas hésité à passer sa jambe derrière la sienne pour la faire tomber. Elle s'était retrouvée au tapis en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, sous l'œil amusé du Sergent.

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Radek se trouvait dans la salle que Rodney avait découverte lorsqu'Elisabeth et Evan avaient passé la porte. Il se tenait devant un écran qui ressemblait fortement à un simple jeu vidéo. Une carte était dessinée et elle matérialisait les deux clans séparés par un large trait bleu. Evan avait pris place devant la machine des Anciens aux côtés d'Elisabeth. «Alors, c'est cette machine ?». Le Tchèque n'était pas là depuis longtemps mais il avait réussi à la faire fonctionner. «Oui, c'est une technologie vraiment extraordinaire. On dirait une expérience sociologique menée par les Anciens pour les aider à créer des civilisations à travers la galaxie de Pégase. J'ai pu l'inspecter de plus près et c'est très intéressant. Il existe d'autres civilisations dans la base de données.». Elisabeth avait été surprise de cette révélation, qui éveilla aussi la curiosité d'Evan qui n'avait toujours pas dit un mot. «Vraiment ? Je croyais que Rodney avait dit qu'il n'y en avait que deux.».

«C'est ce qu'il pensait. Les pays que le Colonel Sheppard et lui contrôlent sont sur cette planète précise ont besoin d'un code pour accéder aux niveaux supérieurs et j'ai réussi à le trouver. J'ai découvert des pays sur des planètes dans toute la galaxie. Certaines sont endormis depuis dix millions d'années, attendant sans doute les instructions des Anciens. Mais quelques-unes se sont développées seul avec succès. Mais quelques-uns ont été détruits à cause de la guerre ou ont complètement disparus. Ceux de Rodney et du Colonel Sheppard n'en sont pas là.». Ils n'en revenaient pas qu'une simple console pouvait interagir sur des vies humaines. «Tant de pouvoirs au bout des doigts.».

Ils savaient que les Anciens avaient de l'imagination en termes d'innovation, mais jouer avec des vies humaines pour expérimenter les comportements sociaux était incohérent. Elisabeth avait laissé les deux hommes et Evan n'avait pas mis longtemps à quitter la pièce à son tour. Radek était fasciné et curieux à la fois. Il n'avait pas pu s'empêcher de s'approcher de la console pour l'analyser de plus près.

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Andréa se dirigeait vers ses quartiers pour y déposer ses affaires de sport et prendre une bonne douche. Elle n'avait pas vu le temps passé et elle s'était entrainée plus de deux heures avec le Sergent Stackhouse. Elle allait emprunter le couloir menant à la salle d'embarquement pour la traverser, lorsqu'elle tomba sur Evan, deux gobelets à la main. Elle s'arrêta devant lui et baissa les yeux. «Salut.». Il pouvait traduire sa culpabilité et l'observait sans un mot. «Evan, je suis désolée pour tout à l'heure.».

«C'est moi qui suis désolé. Je n'aurai pas dû m'emporter mais quand nous sommes hors monde, tu es sous ma responsabilité. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoique ce soit mais si tu n'écoutes pas les ordres, tu peux tous nous mettre en danger.». Sa voix était particulièrement calme, ce qui avait poussé Andréa à lui sourire timidement. «Je sais.».

Elle fixait l'un des deux cafés qu'il tenait dans ses mains et lui demanda ouvertement. «C'est pour moi?». Se sentant gêné, il baissa les yeux et lui avoua qu'il y en avait un pour Radek. «Oh… Il étudie toujours la console des Anciens ? ». Il hocha la tête et reporta son attention sur elle. Il la toisa en prenant seulement conscience de ce qu'elle portait. Il s'était attardé sans le vouloir sur son legging moulant et leva les yeux lorsqu'elle toussota pour le faire sortir de sa rêverie. «Tu avais besoin de te défouler ?».

«Oui, Liam m'a montré deux ou trois techniques de self-défense.». Surpris, il haussa un sourcil en se demandant depuis quand ils étaient devenus proches au point qu'elle l'appelle par son prénom. «Liam ?». Andréa observait son regard curieux et plissa grossièrement les yeux en abaissant le volume de sa voix. «Serait-ce de la jalousie que je perçois, Major ?». Ne sachant pas comment s'en sortir, il avait gloussé et rougi sans s'en rendre compte. Elle avait été surprise lorsqu'il s'était penché pour l'embrasser sur la joue. «Appelle ça comme tu veux…». Il lui avait fait un clin d'œil avant de tourner les talons et de retourner voir Radek. Son comportement avait fait rire Andréa qui commençait à apprécier son changement d'opinion. Elle avait décelé de la taquinerie qui lui donnait envie de jouer à son tour.

Evan avait agi naturellement et il s'était lui-même étonné de l'avoir embrassée. Il n'était pas jaloux comme elle pouvait le croire mais il trouvait ça étrange qu'ils se tutoient. Il avait apprécié ce jeu du chat et de la souris. Il passa la porte de la salle où se trouvait Radek en arborant un sourire niais, avant de lui tendre la boisson chaude. Le Physicien n'avait pas posé de question mais il se doutait qu'Andréa n'était pas étrangère à sa bonne humeur évidante.

Il l'avait remercié et ils s'étaient tous les deux placés devant la carte dessinée sur le grand écran. Ils observaient un monde semblable à celui qui était dirigé par Rodney et Sheppard. Radek avait analysé toutes les données et il pouvait affirmer avec certitude qu'un des deux pays n'allait pas tarder à souffrir de famine si les habitants ne changeaient pas leur méthode en termes d'agriculture. «C'est frustrant, car il y a des sols fertiles qui seraient adaptés pour la culture des tubercules dans le sud du pays.».

De tout ce qu'il venait de dire, Evan avait tiqué sur le mot tubercule. «C'est comme une grosse pomme de terre.». Il avait froncé les sourcils en lui demandant pourquoi il ne l'avait pas appelé pomme de terre et Radek avait brillamment expliquer que la différence venait de la taille. Le militaire avait secoué la tête et il comprenait mieux pourquoi son métier lui correspondait tant. Il croisa ses bras en reportant son attention sur l'écran. «Donc, s'ils en plantent ici, ça poussera?».

«Oui! Il y en aura des champs entiers! ça pourrait nourrir tout le village. Mais ils ne le savent pas.». Il semblait contrarié de ne pas pouvoir faire quoique ce soit pour les aider, alors Evan lui suggéra de leur dire de manière anonyme mais le Tchèque était septique alors il avait joué la carte de la culpabilité. «Oh allez, doc.! Vous pouvez rester sans rien faire et laisser mourir des gens ou vous pouvez les aider.». Evan avait constaté qu'une lueur s'était propagée de la rétine du scientifique jusqu'à son cerveau.

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Andréa était attablée depuis un long moment et elle s'était étonnée de voir un si grand soleil. La température avait drastiquement augmenté et C'était comme s'il s'était écoulé deux saisons en l'espace de quelques jours. «J'ai du mal à croire qu'il y a encore quelques jours nous étions en hiver et là il fait plus de trente-cinq degrés.». Le Tchèque avait ri en lui disant que plus rien ne l'étonnait depuis qu'il était sur Atlantis. Elle parlait avec Radek depuis une demi-heure avec pour seul sujet de conversation, le pays que Rodney avait nommé Galdar. Elle regardait les environs et avait aperçu Sheppard en grande conversation avec un homme qu'elle n'avait jamais vu. «Qui est est-ce ?». Il lui expliqua qu'il s'agissait du leader que Sheppard avait façonné. Rodney et Sheppard avaient amené les représentants de leur pays afin qu'ils puissent discuter en terrain neutre d'une éventuelle trêve à la guerre qu'ils s'étaient déclarée.

« Je peux me joindre à vous ? ». Le Tchèque s'était retourné en reconnaissant la voix d'Evan et avait naturellement acquiescé. Il s'était levé après avoir terminé à la hâte son dessert et avait indiqué à Evan qu'il l'attendrait dans la salle où se trouvait la console qu'il étudiait. Andréa trouvait ça étrange qu'il passe du temps ensemble et se demandait ce qu'ils pouvaient bien mijoter. Ils étaient maintenant seuls et aucuns des deux n'osaient parler. Il s'était laissé glisser sur le banc pour se retrouver face elle. « Tu es souvent absent de la Cité en ce moment. ».

«Est-ce que je te manque ?». Elle avait hésité avant de répondre mais elle n'avait plus envie de faire semblant en répondant par une blague. Elle avait hoché la tête lentement et avait fait glisser son bras sur la table pour plonger délicatement sa main dans la sienne. Elle avait souri lorsqu'il avait exercé une légère pression. Ils étaient exposés aux regards des membres attablés tout autour d'eux mais ils n'y pensaient pas vraiment. Ils partageaient ce moment privilégié sans se soucier de l'endroit où ils se trouvaient. «Quand dois-tu repartir ?».

«Pour l'instant il n'y a rien de prévu. Élisabeth subit la pression de McKay, qui est obsédé par les E2PZ, mais je pense qu'il a mieux à faire avec cette histoire de jeu grandeur nature.». Elle était bien au courant parce qu'il n'arrêtait pas d'interpeler Elisabeth à ce sujet. Cela en était devenu à un point où elle n'osait plus se rendre dans le laboratoire pour ne pas avoir à croiser le Canadien. Ils allaient enfin pouvoir passer du temps ensemble et Andréa souriait déjà à cette idée. Elle retira sa main de celle d'Evan lorsque son regard croisa celui de Sheppard qui quittait la salle.

«Comment s'en sort Reed ?». Il lui avait fait une bonne impression mais cela ne suffisait pas sur le terrain alors il devait encore multiplier les sorties avant d'avoir un avis définitif. «Il ne reflète pas vraiment ce qui est écrit dans son dossier.». Elle le connaissait peu mais il lui semblait respectueux les rares fois où elle lui avait parlé. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il y avait inscrit dans son dossier alors elle ne pouvait pas se faire une opinion.

Elle fronça les sourcils en se demandant ce qui pouvait bien être écrit dans son dossier. «Disons qu'il a de bonnes idées mais quand il faut les mettre en pratique ce n'est pas forcément le bon timing.». Elle hocha la tête en croquant dans sa pomme. «Un peu comme toi en fait.». Ce commentaire l'avait coupée dans sa mastication et elle pouvait lire l'amusement dans ses yeux. Elle ne comprenait pas comment il pouvait en rire. «Ce gamin se fait frapper par son père, Evan! Tu voulais que je fasse quoi?».

«Je parle de la fois où tu es partie avec l'équipe de Sheppard tout ça pour me fuir ?». Ses joues étaient devenues rouge en un instant et elle ouvrit la bouche pour se défendre, mais elle resta muette. «Il suffisait que tu me parles, plutôt que de partir à l'aventure sans y être préparée.». Elle ne s'attendait pas à ça et se demandait si cette conversation allait déboucher sur une dispute. «C'est toi qui parles de fuite, Monsieur le cachottier ?». Il avait réalisé qu'il n'était peut-être pas le mieux placé pour dire ça et s'excusa.

«Je parle aussi de ce matin… Nous ne sommes pas là pour révolutionner les méthodes d'éducation des peuples que nous rencontrons.». Elle n'arrivait pas à croire qu'il soit si détaché. «Tu m'excuses mais je n'adhère pas à ta façon de voir les choses. Et si ces deux enfants avaient été tes neveux, tu aurais fait pareil?». Elle oscilla la tête et se leva sans attendre de réponse, précisant qu'elle avait du travail et qu'elle le verrait plus tard.

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Pour la première fois, Andréa s'était étonnée de s'ennuyer, malgré les nombreuses distractions sur la Cité. Elle s'était pressée pour voir comment Radek s'en sortait avec la machine des Anciens. Elle pouvait l'entendre se disputer avec Evan alors qu'elle se trouvait au bout du couloir. «C'est absurde!». Les deux hommes se tenaient chacun devant leur écran et se défiait du regard en se levant. «De quoi parlez-vous? C'est tout à fait raisonnable!Je vous donne toutes les denrées et mon peuple meurt de faim! ».

Elle s'était adossée contre le montant de la porte et les regardait se chamailler. «Je ne demande pas tous vos stocks! On avait un marché!». Andréa ne pensait pas qu'ils seraient autant fascinés par un jeu, surtout lorsque des vies humaines étaient manipulées.

«On vous entend du couloir !». Pris sur le fait, les deux hommes s'étaient redressés. «On ne crie pas si fort !?». Elle s'avança vers eux et rigola. «Si Elisabeth vous voit, je pense que vous allez en entendre parler pendant longtemps». Elle n'avait jamais vu Radek aussi subjugué par une machine.

«Radek, c'est toujours bon pour ce soir?». Evan fronça les sourcils en regardant vers lui. «La soirée cinéma ?... Euh… Je ne t'ai pas prévenue mais je sors avec le Caporal Meyers.». Elle avait poussé un cri en souriant. Evan reporta son attention sur son écran et il s'était sentit de trop lorsqu'elle avait demandé ce qu'ils avaient prévus de faire. Radek avait fait un signe de tête à Evan et écarquillé les yeux de manière explicite.

«Tu veux que je t'accompagne ?». Andréa avait vu le signe que Radek lui avait fait et lui en voulait presque de ne pas y avoir pensé tout seul. «Ne te sens pas obligé, Evan. C'était très subtil Radek.». Il avait tout de suite rétorqué que cela lui ferait plaisir de l'accompagner alors elle accepta et tourna les talons. Ils s'étaient étonnés de sa courte visite mais elle commençait à se sentir fiévreuse. «Tu pars déjà?». Elle voulait se reposer avant de passer la soirée avec Evan et elle n'avait surtout aucune idée de ce qu'elle allait porter. «Je ne veux pas être associée à vos idioties.». Radek avait souri à Evan et ils n'avaient pas attendu avant de se quereller. Andréa avait souri en croisant Elisabeth, sachant très bien qu'ils allaient en prendre pour leur grade.

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Evan avait longuement hésité mais il se tenait à présent devant les quartiers d'Andréa. Il passa sa main devant le détecteur pour s'annoncer et la porte s'ouvrit presque immédiatement. Elle ne s'attendait pas à le voir et se sentait prise au dépourvu. Elle avait attendu ce moment depuis longtemps mais elle n'avait pas pensé une seconde que cela se passerait comme ça. «Est-ce que tu viens récupérer ta veste ?». Son air malicieux l'avait fait sourire à son tour. «Non, mais je t'emmène faire un tour. Habille-toi !». Prenant un air vexé, elle fronça les sourcils en se toisant. «Je suis habillée!». Elle n'avait pas énormément de vêtements mais elle avait eu la présence d'esprit d'emporter une tenue par saison. Cela avait été un dilemme de choisir mais elle n'avait pas regretté son pantalon en lin. Sa matière et sa fluidité étaient une bénédiction en période de canicule.

C'est lorsqu'elle releva la tête qu'elle comprit son manège. «Je plaisante, tu es parfaite !». Elle avait rougi et avait baissé les yeux en sentant la gêne s'installer. Ils s'étaient dirigés vers la sortie et Andréa se força à reprendre ses esprits. «Alors ? Elisabeth ne vous a pas trop traumatisés ?». Andréa le suivait, ne sachant pas ce qu'il avait prévu. «Non, mais j'ai interdiction de m'approcher de la console.». Elle ricana alors qu'ils se dirigeaient vers un transporteur. «Belle rébellion, Major ! ». Elle prenait plaisir à le taquiner pour le faire craquer et elle avait été satisfaite en le voyant sourire. Il devait l'avouer, il adorait qu'elle l'appelle par son grade, ça sonnait tellement bien venant de sa bouche. «Andréa, je dois te parler d'une chose.». C'était enfin le moment qu'elle attendait et qu'elle redoutait en même temps. Elle s'était imaginée mille scénarios et explications à son attitude et elle allait enfin en savoir davantage sur ce qui le poussait à la fuite.

La chaleur était écrasante et il n'y avait pas de vent à l'horizon. Ils marchaient tranquillement au bord de l'eau et ils pouvaient sentir le soleil chauffer leurs épaules. Elle jetait quelques coups d'œil furtifs en attendant une suite à ses mots. Il avait le visage fermé, elle se demandait bien ce qui pouvait le tracasser comme ça, jusqu'à ce qu'il n'ouvre la bouche. «J'étais fiancée à une femme et ça ne s'est pas bien terminé.». Elle l'écoutait se livrer et ne voulait pas l'interrompre. «Je venais d'arriver au SGC et j'étais souvent en déplacement. Elle ne supportait plus mes absences et elle a décidé de mettre fin à notre relation.». Andréa lui demanda ce qui s'était passé. «Elle a comblé mes absences avec un autre.».

Elle s'était douté qu'il y avait une femme derrière tout ça et elle avait due sacrément lui faire mal pour qu'il s'interdise le bonheur. Andréa l'avait longuement écouté parler de sa relation passée avec elle. Elle comprenait maintenant la raison pour laquelle il était indécis. Elle ne savait pas quoi lui dire mais elle était curieuse de savoir s'il avait eu d'autre relations après ça.

Elle s'arrêta et se tourna vers lui lorsqu'il lui avait dit qu'il n'avait rien eu de sérieux et qu'il avait une aversion pour l'engagement. «Ça fait dix ans Evan. De quoi as-tu peur ?». Il resta stoïque et fixa ses pieds parce qu'en y réfléchissant, il n'en avait pas la moindre idée lui-même. Cela avait été bien plus qu'un chagrin d'amour et il avait vécu cette expérience comme une trahison alors son subconscient l'empêchait de se projeter sur du long terme.

Elle se tenait face à lui et elle posa un bras sur son épaule. «Tu sais que je ne te ferais jamais de mal !». Il leva les yeux et Andréa l'avait vu esquisser un sourire timide alors elle essaya de l'accroître. «Mon gène ne fonctionne plus alors tu n'as pas d'inquiétude à avoir !». Il pouffa en voyant sa tête. «Et puis je n'ai pas prévu de me marier avec un Wraith prochainement, alors…».

Ils avaient rigolé un moment avant qu'il ne reprenne son sérieux et ne la remercie. Curieuse, ce simple mot la poussa à lui demanderpourquoi. Il avait saisi ses mains en lui répondant sincèrement. «Pour ta patience avec moi.».

Elle ne savait pas quoi dire même si elle savait qu'elle n'allait pas tenir longtemps. Elle ne voulait pas le presser mais elle n'allait pas non plus se retenir alors c'est naturellement qu'elle l'avait pris dans ses bras, sans trop s'attarder ni même le regarder. Elle s'était détachée rapidement et lui tapa sur l'épaule. Un simple regard allait la faire basculer et elle s'était fait violence pour faire taire la voix qui lui disait de l'embrasser. «Alors, dis-moi comment est le Caporal Meyers ?». Il fronça les sourcils en cherchant au plus profond de sa mémoire de qui il s'agissait. «Est-ce que je dois m'inquiéter pour Radek ?». Il venait de comprendre qu'elle parlait de la femme qui faisait tourner la tête du physicien. «Nous n'avons jamais fait équipe mais d'après ses états de services, elle est fiable.».

Andréa se demandait s'il faisait exprès alors elle précisa sa pensée. «Evan, je ne demande pas au militaire mais je te demande à toi ! Je veux savoir ce qu'il n'y a pas d'inscrit dans son dossier. Dis-moi franchement ce que tu penses d'elle.». Il aurait bien voulu la renseigner mais il avait déjà du mal à mettre un nom sur un visage alors lui dépeindre le portrait d'une quasi-inconnue allait s'avérer compliqué. «Comment veux-tu que je le sache ? Je la connais à peine ! Elle fait partie de l'équipe de nuit.».

Ils marchaient côtes à côtes et profitaient des quelques rayons de soleil. Andréa se rapprochait du bord pour observer les courtes vagues qui s'écrasaient contre la structure métallique, l'éclaboussant au passage.

« Dis-moi,Tu n'as jamais eu envie de faire des choses folles dans ta vie ?». Il ne s'attendait pas à cette question mais il avait répondu sans réfléchir. «Comme vivre dans une autre galaxie et combattre des créatures extraterrestres ?». Elle secoua la tête, consciente que ce qu'ils vivaient été unique mais elle voulait en savoir plus. «Non, des choses plus futiles que ça, comme… je ne sais pas moi, crier dans une voiture.». Il rigola vivement en lui demandant si cela comptait dans un Jumper. Elle le poussa en voyant son sourire moqueur. «Est-ce que ta vie dans une autre galaxie manque de folie ?». Ce n'était pas vraiment le point qu'elle souhaitait aborder mais elle voulait vraiment savoir jusqu'où il était prêt à aller pour s'amuser. «Tu n'es pas drôle !».

Faussement vexé, il s'arrêta en croisant les bras. «Tu remets en question mon sens de l'humour ? Tu veux que je fasse quelque chose de complètement fou ?». Elle se demandait à quoi il pouvait bien penser. Son cœur s'accéléra lorsqu'il avait posé ses mains sur ses épaules. Consciente que ça allait être le moment qu'elle attendait depuis très longtemps, elle le fixa en attendant qu'il ne se lance. Il exerçait une légère pression qui l'avait fait reculer et en voyant son sourire elle s'opposa légèrement. «Oh non! Je te vois venir !». Elle avait beau résister, ses pieds se rapprochaient lentement du bord. «Je te préviens Evan ! Je t'interdis de faire ça !».

Elle voulait de la folie alors il allait lui en donner, mais il n'était pas certain que ça lui plaise. «Allez, où est passé ton sens de l'humour ? Et puis regarde, il fait beau. Tu vas vite sécher !». Il rigola en ajustant sa prise pour qu'elle ne se dérobe pas. «Si tu fais ça je ne t'adresserai plus la parole !». Elle essayait de s'énerver mais il savait qu'elle aurait pu s'échapper si vraiment elle l'avait voulu. Il avait fait mine de réfléchir à ses mots et s'était approché lentement pour lui faire vivre le même moment embarrassant qu'il avait vécu deux semaines auparavant. Il s'était penché en avant et lui avait chuchoté à l'oreille. «Tu craqueras avant moi.».

Maintenant qu'elle était déstabilisée, il n'avait eu qu'à pousser sur ses doigts pour qu'elle ne tombe dans l'eau. Elle avait crié de surprise et s'était pincé le nez avant l'impact. Elle n'avait pas mis longtemps avant de remonter à la surface et elle l'avait entendu rire sous l'eau. «Mais t'es complètement malade !? J'aurais pu me noyer !». Il avait lu son dossier personnel et il n'avait aucune inquiétude à ce sujet en sachant qu'elle avait remporté trois années de suite la coupe de nage libre lorsqu'elle était au lycée. «Je suppose que Liam ne t'a pas appris à rester sur tes gardes…». Il fallait bien qu'il en parle, au moins pour la taquiner un peu. Elle avait ricané en l'entendant accentuer sur le prénom du Sergent.

Ce petit jeu leur plaisait à tous les deux même si Andréa avait pensé à des actions moins extrêmes de sa part. Elle avait pris la main qu'il lui avait tendue et se faisait violence pour ne pas tirer de toute ses forces pour l'emmener avec elle mais au lieu de ça elle était sagement remontée.

«Sais-tu combien de temps ça va me prendre pour les démêler ? Tu n'imagines pas le calvaire que c'est d'avoir des cheveux bouclés !». Elle les tordait aussi fort que possible pour les sécher plus vite et elle s'était retenue une fois de plus de l'arroser. «Non, en effet je n'ai pas ce problème.». Il avait secoué la tête comme s'il avait des cheveux longs et elle rigola de cette piètre imitation. Elle détestait cette sensation de vêtement qui lui collaient à la peau. C'est en se regardant qu'elle avait réagi au fait que son top blanc était devenu transparent. Il observait ses cheveux devenus raides et continua son inspection jusqu'à ce qu'elle ne relève la tête. «Si ça peut te rassurer, tu es toujours aussi magnifique.».

Elle avait baissé les yeux en croisant les bras pour se couvrir. C'était la première fois qu'il était aussi direct et elle pouvait sentir une certaine tension flotter autour d'eux. «Evan, je peux t'attendre aussi longtemps qu'il le faudra mais… ne t'étonne pas si un jour je me jette sur toi pour faire cesser tes allusions !».

Sans réfléchir, ses mains s'étaient posées sur son visage. Il s'était approché lentement en soutenant son regard mais il s'arrêta net en entendant sa radio grésiller. Ils étaient tellement proche, qu'Andréa pouvait entendre la voix d'Elisabeth à travers l'appareil. Il avait porté sa main sur son oreillette et son sourire s'était effacé en une fraction de seconde. «Oui, Madame.». Evan avait posé sa main sur son bras sans s'en rendre compte. Elle n'était qu'à quelques centimètres de lui et n'osait plus bouger. Ses yeux étaient fixés sur ses doigts qui pouvaient aisément faire le tour de son poignet.

«Je dois y aller.». Il était frustré de la laisser en plan mais elle lui certifia qu'elle allait se débrouiller. «Tu es sure ?». Elle hocha la tête en lui adressant un sourire timide. «Je ne suis pas en sucre alors ça devrait aller.». Il n'avait pas pour autant bougé et il ne savait pas vraiment quoi faire. Elle avait bien senti qu'il semblait perdu mais elle ne savait pas non plus quoi faire. «Tu veux un câlin mouillé avant de partir ?». Il n'avait rien dit et s'était finalement approché avant de l'embrasser sur la joue. «Je passe te voir plus tard.».

Elle n'avait pas eu le temps de réaliser ce qui venait de se passer qu'elle le voyait déjà s'éloigner en courant. Elle se tenait maintenant seule sur le ponton et trempée jusqu'aux os. Elle s'était assise en souriant niaisement et ferma les yeux pour profiter de ce moment parfait.

/!\

Sheppard se tenait en salle de contrôle lorsqu'Evan avait monté les marches pour le rejoindre. «Comment s'est passé votre excursion Monsieur?». Même s'il avait trouvé ça étrange de se retrouver dans un décor qu'il avait lui-même créé, il allait devoir surveiller Rodney pour qu'il ne s'approche plus de la salle de jeu. «Elisabeth a demandé à Rodney de déconnecter la machine.». Evan s'était redressé en voyant Elisabeth se mettre à leur niveau en expirant bruyamment. «Vous m'avez demandé, Madame?». Elle semblait inquiète et il craignait de devoir écourter ses quelques jours de repos à venir. «Oui, les détecteurs ont signalé des vaisseaux ruches en orbites.».

«Ils nous ont repérés?». Sheppard s'interrogeait quant à leur proximité mais rien n'indiquait qu'ils venaient dans leur direction. La chef d'expédition avait déjà pris les devants en occultant la Cité. Ils allaient devoir s'armer de patience en attendant de connaître leur destination. Les deux hommes allaient devoir mettre en place un plan, au cas où la ville serait attaquée. Tout portait à croire qu'ils seraient fixés dans les prochaines heures alors ils avaient demandé l'assistance du Dédale qui se trouvait non loin.

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Cela faisait deux fois qu'il avait passé sa main devant le détecteur pour s'annoncer. Evan avait regardé sa montre en se demandant s'ils allaient être à l'heure pour regarder le film en salle commune. Il repassa une nouvelle fois sa main mais rien ne s'était passé et l'attente commençait à être longue. Il pensait qu'elle devait être sous la douche ou avec ses écouteurs mais il posa sa main sur son oreillette par acquis de conscience. «Radek, vous pouvez me dire s'il y a quelqu'un d'autre là où je me trouve ?».

Evan avait attendu quelques secondes avant qu'il ne réponde. «Attendez une minute que je vous localise.». Il avait tendu l'oreille vers la porte mais il n'y avait aucun son provenant de l'intérieur. «Vous êtes devant les quartiers d'Andréa ! Est-ce que tout va bien ?». Le physicien s'affairait à la tâche et il pouvait sentir l'impatience du militaire. «Je ne sais pas encore, elle ne répond pas. Alors, est-ce qu'elle est là ou pas ?». Matérialisée par un point sur son écran, il confirma qu'il la visualisait à l'intérieur. «Ouvrez la porte !».

«Major, je ne crois pas que ce soit une bonne idée.». Evan s'impatientait à tel point qu'il était à deux doigts de la faire exploser au C4. «Ouvrez cette foutue porte Radek !». Elle s'était ouverte en quelques secondes et il se précipita à l'intérieur. La lumière du couloir l'aidait à distinguer une silhouette sur le lit, emmitouflée dans les draps. Il avait été soulagé lorsqu'il avait entendu grogner. Il apercevait deux billes rondes le fixer. «Tu rentres souvent par effraction chez les gens ?».

Il avait soufflé de soulagement lorsqu'il l'avait vu se lever. Elle commençait à marcher en traînant des pieds vers sa commode. «Seulement quand je m'inquiète. Tu ne répondais pas alors… est-ce que tout va bien ?». Evan avait souri en voyant qu'elle était toujours enroulée dans sa couette. «Quelle heure est-il pour que tu sois déjà là ?». Andréa avait sorti un pull de son tiroir et s'était dirigée vers son lit. Evan se demandait ce qui n'allait pas mais il avait compris lorsqu'elle renifla. «Atchoum …». Elle regarda Evan qui n'avait pas bougé.

Elle s'était détendue en l'entendant rigoler. «Pas en sucre, hein ?». Andréa s'était laissé tomber sur le matelas, songeant uniquement à dormir. Elle voulait faire un effort pour passer la soirée avec lui alors elle enleva les draps d'un coup sec pour se donner du courage. Evan s'était assis à côté d'elle et s'empressa de la couvrir. «Qu'est-ce que tu fais ?». Elle faisait de son mieux pour se concentrer mais elle peinait à enfiler son pull. «Nous allons être en retard pour le film !».

«Hé ! Tu as vu ta tête !? Recouche-toi ! Nous irons une prochaine fois. ». Elle savait que c'était râpé pour cette fois alors elle s'étala sur son matelas et se moqua de lui en répétant ses mots de manière caricaturale. «Oh, ne t'inquiète pas Andréa, tu vas vite sécher, oh regarde il fait beau...Atchoum ! ». Il s'en voulait de l'avoir pousser à l'eau mais il laissa s'échapper un rire en entendant sa voix nasillarde. «Je suis désolé.». Lui qui était venu récupérer sa veste, ce n'était clairement pas le bon timing.

«Si j'étais toi je ferais attention la prochaine fois que je me baladerais au bord de l'eau. Quelqu'un pourrait malencontreusement te pousser…». Il savait que c'était de bonne guerre alors il n'avait rien dit. Il avait vu sa poubelle pleine de mouchoirs et se sentait encore plus coupable. «Je ferais mieux de te laisser te reposer.»

«Je ne pensais pas dire ça un jour, surtout après ce qui s'est passé cette après-midi, mais je pense que tu ferais mieux de revenir plus tard… je veux dire, je ne suis pas en état pour regarder un film… ni même capable d'arriver jusqu'au bout de ce couloir d'ailleurs…». Elle s'était redressée en ramenant la couette sur ses épaules. «Tu veux que je demande à Carson de venir te voir ?». Andréa lui adressa un signe de tête pour lui montrer la boîte de médicaments posé sur sa table de nuit. «Déjà fait. ».

Elle s'allongea finalement et se glissa péniblement sous les draps. «Tu pourras verrouiller la porte derrière toi ?». Il hocha la tête et l'aida à se mouver sous l'épais tissu. Il s'était assis sur le bord du lit et l'observait silencieusement. «Tu admires ton chef-d'œuvre ?». Il avait souri en voyant qu'elle n'avait pas perdu son sens de l'humour. Il dégagea une mèche de cheveux qui glisser lentement devant ses yeux jusqu'à ce qu'elle ne lui prenne la main. «Je voulais tellement passer la soirée avec toi… Atchoum !».

Il remonta la couverture pour qu'elle soit hermétiquement couverte et se pencha pour déposer un baiser sur son front. «Appelle-moi si tu as besoin de quoique ce soit.». Evan se leva et se dirigea vers la sortie. Il avait marqué un temps d'arrêt et se retourna pour la regarder. Elle commençait à s'endormir alors il s'en alla sans faire de bruit.

TBC…