Je crois que c'est le pire épisode de la série! Je ne pouvais pas passer à côté de ce fait marquant de la série…

Chapitre 16

Andréa était assise sur le bord du lit et observait l'horizon par la large fenêtre. Elle contemplait le camaïeu de rose superposé au ciel bleu foncé, qui s'offrait à elle, une partie de la couverture recouvrant le bas de son dos. Les nuages se confondaient avec l'océan en un trait à peine visible. Elle savait que cette illusion d'optique allait être de courte durée, jusqu'à ce que le soleil ne se lève, alors elle resta immobile pendant de longues minutes.

Ce phénomène se produisait lorsque l'air contenait un mélange de particules de poussière ou de gouttelettes d'eau, et elle ne s'en lassait pas. Ce paysage la poussait à la rêverie et à la réflexion. Andréa faisait le point sur les jours qui venaient de s'écouler. Elle n'avait pas eu le temps de faire le point sur sa vie, mais ce silence l'avait poussé à se poser des questions sur son avenir. Les récents évènements lui avaient fait prendre conscience que tout pouvait basculer du jour au lendemain. Elle faisait avec pour l'instant mais elle était persuadée qu'un jour ce ne serait plus le cas. Une part d'elle savait parfaitement qu'elle ne serait pas capable de supporter cette pression invisible.

Elle avait soudainement sursauté en sentant une chaleur se propager dans son dos. «À quoi tu penses?». Evan s'était réveillé et l'observait depuis quelques minutes sans un mot. «À tous ceux que nous n'avons pas pu sauver sur ce vaisseau ruche. Et à cette vue que je ne pourrai jamais prendre en photo!». Il avait tristement souri en se rappelant qu'il avait été impuissant lorsqu'il avait été à bord du vaisseau ennemi. Il avait réfléchi à la deuxième partie et pensait avoir trouver la solution à son problème mais il s'était dit qu'il lui ferait la surprise plus tard.

«Tu n'as jamais pensé à ce que serait ta vie si tu étais resté sur Terre?». Il ne s'attendait pas à cette remise en question et il s'était demandé si ce discours allait lui plaire. Maintenant qu'ils avaient gravi un seuil dans leur relation, il ne comprenait pas qu'elle songeait à partir. Il ne voulait pas s'alarmer inutilement mais il avait besoin de plus de précision. «Comment ça?».

«J'ai vécu les pires jours de ma vie, à me demander si j'étais à la hauteur, si mon travail ici avait une importance. Je me suis sentie vulnérable et complètement dépassée par les événements. Je sais que je ne peux pas constamment avoir peur que tu ne reviennes pas.». Elle s'était tournée vers lui sous la pression de ses doigts sur son épaule. Il avait fait son possible pour lui montrer sa compassion, même s'il savait que ça ne suffirait pas à lui chasser cette idée de la tête. «Non, tu ne peux pas. Comme tu ne peux pas prévoir le fait que la Cité soit attaquée par des Wraiths.».

Prenant un air dépité, Andréa s'allongea à ses côtés et posa sa tête sur lui. «Et que ferais-tu si tu démissionnais?». Il voulait savoir ce qui pourrait la pousser à tout quitter. «Je n'en suis pas au stade de me demander ce que je ferais dans la vie civile. Mais je me demande juste si je suis à ma place.».

«Évidemment que tu l'es! Tu es une excellente scientifique! Bon, il faut juste revoir les bases en ce qui concerne la chaine de commandement mais…». Andréa avait pouffé face à son ton taquin, avant de reprendre un air plus sérieux. «Tu pourrais te lancer dans la photographie.». Elle s'était sentie flattée et gênée à la fois, au point de lui avouer qu'il ne s'agissait que d'un passe-temps mais il lui confirma qu'elle était douée dans l'exercice. Elle avait été surprise lorsqu'Evan lui avait confié que sa mère donnait des cours d'Art.

«Est-ce que ça veut dire que tu as un talent caché?». Elle était curieuse de savoir s'il avait raté sa vocation. «Je suis comme toi, ça reste un passe-temps.». Evan aimait peindre à ses heures perdues et elles n'étaient pas nombreuses dans son planning. Il essayait tant bien que mal de s'accorder du temps lorsqu'il était de repos, mais il n'avait jamais eu le temps de terminer une toile jusque-là.

«Tu ne m'as pas dit de qui tu tenais ce don.». Elle avait toujours été discrète à ce sujet et ne parlait presque jamais de sa famille. «J'ai vécu dans la même famille d'accueil presque toute mon enfance, enfin d'aussi loin que je m'en souvienne.». Evan l'écoutait sans l'interrompre en imaginant son vécu. «Il y avait une parcelle de bois à côté de là où je vivais. J'aimais bien m'y réfugier quand ça se passait mal.». Il n'osait pas l'interrompre et il se demandait comment elle en était arrivée à voyager à travers la galaxie. «J'adorais me retrouver seule dans la nature. C'était tellement calme…».

Evan avait hésité mais il lui demanda ce qui s'était passé. «Je fuguais régulièrement alors j'imagine que ça ne leur plaisait pas. Un jour, ils en ont eu marre alors ils m'ont renvoyée aux services sociaux. J'ai attendu mes douze ans pour qu'un couple formidable veuille de moi.». Il avait froncé les sourcils en lui demandant ce qu'elle entendait par là. «Tu connais les aprioris sur… les gens comme moi…». Il avait peur de comprendre mais il savait où elle voulait en venir alors il la rassura et commença à jouer avec ses cheveux. Andréa avait surenchéri en lui précisant que la plupart des gens préférait adopter des blonds aux yeux bleus. «Alors j'ai de la chance que tes parents adoptifs aient du goût et que c'est grâce à leur éducation que tu es là.». La physicienne avait remué la tête en rigolant. «T'es bête!».

«Dis-toi que tu fais parties des deux pour cent de la population mondiale à posséder ce don naturel. Tu es magnifique et unique! Ne laisse jamais personne te dire le contraire!». Elle avait levé la tête en fixant son sourire franc. «Je vois que tu t'améliores sur les compliments. Où étais-tu pendant toute ces années!?». Un simple rire l'avait fait fondre et Andréa s'était redresser pour l'embrasser tendrement. Elle s'était nichée au creu de son bras avant de continuer son récit.

«Mes parents habitaient en plein milieu des champs et j'ai fugué un jour où ils se disputaient. Quand mon père m'a retrouvée, j'étais à l'autre bout de la ville, assise au pied d'un arbre que j'ai regardé pendant deux heures. Je voulais juste un endroit au calme pour observer la nature alors à mon treizième anniversaire ils m'ont offert mon premier appareil photo.». Il comprenait mieux son envie d'escapade et ce qui l'avait poussée à accepter de voyager à travers la galaxie. «Wouah ! Le silence t'apaise à ce point.». Elle avait acquiescé en lui souriant. Andréa n'avait pas le souvenir d'avoir déjà raconté cette histoire à quelqu'un, mais il avait un don pour la mettre à l'aise. «Tes parents travaillaient dans quoi ?».

«Ils étaient tous les deux dans l'armée.». La jeune femme avait ajusté sa position en posant sa tête sur son torse sans dire un mot de plus. Elle voulait simplement profiter de sa présence. Elle pouvait entendre les battements de son cœur qui raisonnaient en une cadence régulière. Les mouvements de sa cage thoracique la berçaient à chaque respiration. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi sereine. D'un geste lent et paresseux, Evan faisait glisser ses doigts sur son bras. Il traçait les contours de l'ecchymose qui le recouvrait, en prenant soin de ne pas appuyer. «Tu veux en parler ?».

«Ce n'est rien, je suis tombée dans les escaliers.». Il s'était écarté pour observer les traits de son visage à la recherche de la vérité. «Un Wraith m'a poussée... En fait je crois plutôt que j'ai appris à voler, vu la force qu'il avait.». La situation n'avait rien de drôle mais la manière dont elle avait dédramatisé la scène l'avait fait sourire. Elle était toujours blottie dans ses bras et elle pouvait sentir la chaleur réconfortante qui l'entourait. Elle avait eu de la chance de pouvoir le retrouver en un seul morceau et elle savait qu'il s'en était fallu de peu. Evan se remémorait les évènements des jours passés et il s'arrêta sur un détail qu'il n'avait pas remarqué jusque-là.

«Pourquoi tu as désobéi aux ordres de Sheppard?». Elle avait bafouillé en ne sachant pas par quoi commencer. «Je t'avoue que mon objectif premier était de tous vous retrouver. Je n'ai pas évalué le danger auquel j'étais exposée et je n'ai surtout pas pensé une seconde à la sécurité de l'équipe qui m'entourait.». Se sentant apaisée par ses caresses, Andréa s'était nichée au plus près de lui.

Elle savait qu'il n'allait pas la juger sur son comportement mais elle s'était sentie obligée de se justifier et lui avoua qu'il avait raison pour les deux garçons qu'ils avaient vu sur la planète enneigée. «Je sais par expérience qu'il ne faut pas se fier aux apparences. J'ai déjà vu un gamin comme ceux que l'on a vu, tuer tout une famille avec une arme de guerre. Tu sais ce qu'on dit ; prudence est mère de sûreté. ». Elle ne savait pas trop quoi penser de ce souvenir qui devait probablement encore le tourmenter. «Je t'écouterai à l'avenir.».

Même s'il était convaincu de sa bonne foi, Evan avait laissé échapper un rire. «Oh non ! Tu n'es pas près de repartir en mission ma p'tite.». Elle s'était redressée en prenant appui sur son coude, fixant son sourire moqueur. «Ma p'tite ?». Il avait hoché la tête et la voyait prête à s'assoir mais il l'avait ramenée vers lui d'un coup sec. Andréa s'était écrasée sur lui en criant avant de l'embrasser. C'était à ce moment précis qu'elle avait eu le sentiment que rien ne pouvait lui arriver.

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Tous les habitants de la Cité avaient hérité d'un jour de repos commun. Elisabeth avait instauré ce rituel afin que chacun puisse se reposer convenablement au moins une fois par mois. Le personnel qui était d'astreinte devait prendre la suite le lendemain et cela permettait à ceux qui le voulaient, de se rendre sur le Continent pour vingt-quatre heures.

Rodney avait jusque-là réussi à éviter Carson. Il lui fallait une porte de sortie pour ne pas passer la journée avec lui et il s'était dit que la passer avec Katie Brown serait mille fois plus captivant. C'était naturellement qu'il était entré dans le laboratoire. Lorsque les portes s'étaient ouvertes, il avait été surpris par l'immensité des lieux. Des tables étaient disposées contre les murs abruptes. L'astrophysicien se dirigeait vers le fonds de la pièce, tout en observant les centaines de plantes qui l'entourait.

La botaniste avait été surprise et n'avait pas tardée à lui demander ce qu'il faisait là. Comme à son habitude, Rodney lui avait retourné la question sans prendre la peine de répondre à la sienne. «Je m'occupe de ces bébés fougères qu'on a recueillis sur M4L-279. À ce stade, ils sont très fragiles et seuls, ils risquent de mourir.».

«Ce n'est pas bien grave, ce ne sont que des fougères!». Il n'avait pas réfléchi avant de répondre et il s'était repris lorsqu'il avait vu Katie relever la tête vers lui. «Enfin, je veux dire que vous avez besoin de repos, comme tout le monde.». Elle ne le connaissait pas beaucoup mais elle aimait bien son côté réservé et son tempérament maladroit qui le poussait à parler sans réfléchir. «Je sais, c'est juste qu'ils produisent cet enzyme spécial qui pourrai guérir la leucémie.».

«Quoi? Vraiment?». Katie avait hoché la tête en se demandant s'il connaissait la raison pour laquelle il y avait des botanistes sur la base. Ils étaient souvent incompris et la plupart les voyaient uniquement comme des jardiniers sans ambitions, tout comme les physiciens étaient considérés comme des rats de laboratoire. Il se tenait face à elle et la botaniste lui avait demandé ce qu'il avait prévu de faire aujourd'hui et pourquoi il était là. Il lui avoua honteusement qu'il lui fallait une excuse pour éviter Beckett. «Pourquoi?».

«Parce qu'on doit aller pêcher. Et pour être franc, c'est la pire façon de passer la journée. Avoir de l'eau jusqu'à la taille, à enfiler des appâts sur des hameçons, et à écouter Carson déblatérer sur des sujets plus ennuyeux les uns que les autres. C'est définitivement une idée repoussante.». La jeune femme avait froncé les sourcils en se demandant pourquoi il avait accepté en premier lieu. «Parce qu'il a dit; on pêche le mois prochain ? Ça paraissait si loin, je pensais avoir le temps de trouver une excuse, mais un mois s'est écoulé depuis et…».

«Vous n'avez rien trouvé». Elle savait parfaitement qu'elle allait servir de prétexte mais elle aimait bien l'homme qu'il était alors elle n'avait pas relevé. «Non. Donc si je lui disais que cet après-midi, je vous emmenais déjeuner ou autre chose, il m'excuserait forcément.». Elle aurait accepté sans hésiter si son travail de surveillance n'avait pas été si important. «Bien. Si j'avais eu un centime chaque fois qu'une femme m'a dit ça…». Il ne s'attendait pas à ce qu'elle adhère à sa méthode mais il s'était surpris à l'entendre rire.

«Vous savez quoi? Je vais vous apporter à manger. On peut manger ici.». Elle s'était dit qu'il devait y avoir deux solutions; soit il ne voulait vraiment pas aller pêcher, soit il l'aimait bien. La deuxième version lui plaisait plus alors elle s'était forcée à s'en convaincre. «Rodney, Vous voulez garder ces bébé fougères avec moi, alors que c'est votre seul jour de repos ?».

«Les fougères l'ont toujours emporté sur les poissons!». Il s'était redressé en arborant toute sa fierté dans son torse qu'il avait bombé inconsciemment, lorsqu'elle avait accepté. Il s'était pressé vers la sortie sans attendre son reste, craignant qu'elle ne change d'avis. «Parfait, je reviens!».

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Andréa et Evan venaient d'arriver au mess. Les habitants de la cité semblaient plus détendus. Ils pouvaient entendre des rires émanant de toutes les tables. Alors qu'ils remplissaient leur plateau, Andréa avait souri et donné un coup d'épaule à Evan pour lui montrer Elisabeth. Il avait souri en la voyant attablée avec Mike Branton, un technicien qu'elle avait croisé quelques fois mais sans jamais lui parler.

Ils n'avaient pas échangé un mot et la scientifique lui demanda ce qu'il avait prévu de faire de son après-midi de repos. «Je comptais profiter de la vue pour peindre.». Elle avait été surprise et elle était curieuse de le voir à l'œuvre. «C'est vrai? Est-ce que je peux venir admirer ton travail?». Evan avait accepté sans hésiter et l'avait prévenue que cela allait lui prendre quelques heures. «Je dois juste passer voir Radek en fin d'après-midi, mais sinon, je suis libre comme l'air.».

Andréa allait s'emparer d'un morceau de pain pour compléter son repas lorsque sa main heurta celle d'Evan. Ils s'étaient figés un instant en observant leur peau collée l'une à l'autre. Ils se fichaient bien de savoir si quelqu'un avait vu leur regard complice et rempli de sous-entendus. Ils n'avaient même pas vu lorsque Rodney était arrivé derrière eux pour attraper un morceau à son tour. Rodney était dans sa bulle et n'avait pas remarqué leur proximité jusqu'à ce qu'il ne les observe avec plus d'attention. C'était comme si rien ne pouvait les perturber, ils étaient l'un à côté de l'autre, se regardant en chien de fusil. McKay avait dû s'éclaircir la gorge pour que l'on daigne lui faire une place. Ils s'étaient rapidement reprit en essayant de calmer leurs ardeurs.

Ils avaient déjeuné en moins d'une demi-heure, sans pour autant avoir eu l'impression de s'être pressé. Andréa s'était sentie d'humeur enjouée et n'avait pas arrêtée de le taquiner. Elle n'attendait qu'une chose, celle de retourner dans ses quartiers avec lui, alors quand il lui avait dit qu'il devait prendre son matériel dans ses appartements, elle n'avait pas hésité à le suivre. Cette sensation d'euphorie la poussait à agir de manière impulsive mais elle n'avait plus envie de lui cacher ce qu'elle ressentait au fond d'elle.

Il commençait à regrouper ses affaires et se pressa à côté de son lit pour ramasser un pinceau qui avait roulé au sol. Il avait été surpris quand deux mains l'avaient poussé sur le matelas alors qu'il se relevait. En moins d'une seconde, Andréa se tenait au-dessus de lui et cette idée n'était pas pour lui déplaire. La jeune femme le fixait comme si elle attendait une sorte d'approbation de sa part, jusqu'à ce qu'il ne place ses mains sur ses hanches en la poussant légèrement. Elle s'était lentement rapprochée en plongeant ses yeux dans les siens avant de lui déposer un baiser rempli de tendresse. La chaleur de sa peau contre la sienne lui plaisait et elle pouvait aisément sentir que c'était réciproque. Il avait lentement fait glisser ses mains vers le haut, jusqu'à entremêler ses doigts dans ses boucles parfaites.

Evan l'avait légèrement repoussée lorsqu'ils avaient repris leur souffle. Andréa n'arrivait pas à cacher sa déception mais il avait vraiment envie de peindre pour se changer les idées, en oubliant son quotidien. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu un moment pour se détendre et la jeune femme avait compris. «Ne crois pas que je n'ai pas envie de rester enfermé ici avec toi pour les vingt-quatre prochaines heures, mais je préfèrerais que l'on prenne notre temps.». Elle avait accepté sans réfléchir, sans pour autant bouger. Elle lui avait souri en remuant grossièrement ses hanches, comme pour lui faire comprendre qu'il ne savait pas ce qu'il loupait.

Il avait ri à son tour et s'était relevé en la voyant s'éloigner. Ses arguments ne l'avaient pas laissé indifférent et ses émotions étaient en ébullitions. Evan mettait toute la volonté du monde et toute sa concentration pour ne pas céder à ses avances. Dans un geste lent, il lui avait saisi le bras en l'amenant vers lui. «Je te promets que ce soir, nous aurons un moment à nous. Que dirais-tu d'une balade sur la jetée? ». Cela lui semblait être une bonne idée et l'image d'elle-même entrain d'être poussée dans l'eau avait refait surface. Elle était impatiente, rien qu'en pensant à sa vengeance. Elle se sentait sereine et légère, à tel point que son sourire avait illuminé son visage.

Une sensation de bien-être jouait avec son estomac et ses autres organes environnants et elle se faisait violence pour les maitriser. Elle ferma les yeux pour décupler ses autres sens et posa délicatement ses lèvres sur les siennes avant de brusquement se détacher.

«Je t'attends dehors, sinon je sens que nous ne sortirons jamais d'ici avant le coucher du soleil!». Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire en la voyant se contrôler. Elle lui faisait clairement de l'effet et il se sentait bien à ses côtés, mais il ne voulait pas bousculer tous ses plans pour autant. Une partie de lui le freinait dans cette relation naissante et il n'arrivait pas à repousser cette voix qui lui disait d'être prudent. Andréa semblait d'accord avec sa décision mais il savait qu'elle faisait des efforts pour lui. «Tu as raison. On ne va pas tout gâcher en se précipitant, hein!? ». Il se sentait chanceux de l'avoir rencontrée parce qu'elle le traitait avec respect et bienveillance, et c'était ce qui faisait tout son charme à ses yeux.

Il s'affairait à rassembler ses affaires et sorti de ses quartiers après avoir effectué un rapide inventaire; le chevalet, la sacoche avec la toile et une mallette avec le nécessaire de peinture. Andréa l'avait aidé à porter ses affaires jusqu'au transporteur. Ils avaient croisé quelques membres de l'expédition en chemin et elle avait eu une folle envie de lui prendre la main pour concrétiser leur statut. Elle voulait crier au monde entier qu'elle était tombée sous le charme du beau Major, mais sa raison l'avait poussée à ne rien faire parce qu'elle savait que ce n'était pas une bonne idée que cela s'ébruite pour le moment.

Même vis-à-vis d'Evan, elle ne pouvait pas le mettre dans l'embarras. À la minute où ce serait officiel, elle savait pertinemment qu'il serait la cible de réflexions désobligeantes et sa crédibilité serait mise à rude épreuve lorsqu'ils seraient de nouveau envoyés en mission ensemble. Elle ne savait pas si elle était prête à affronter les critiques et les messes basses. Et puis, même s'ils se tournaient autour depuis plusieurs mois, il était beaucoup trop tôt pour le dire à qui que ce soit. Elle songeait à tout dire à Radek, mais elle était certaine qu'il le devinerait avant qu'elle ne lui avoue.

Ils s'étaient retrouvés sur un balcon en haut d'une des tours. Evan avait envie de prendre de la hauteur et de là où il se tenait, il pouvait avoir une vue d'ensemble sur la tour principale. Andréa l'observait installer son matériel avec précision. Il lui paraissait plus détendu qu'à son habitude et elle ne savait pas si cela venait du fait qu'ils étaient en congés ou si c'était elle qui le rendait plus serein.

Andréa profitait du soleil qui lui caressait le visage. Il n'était pas très intense mais cela suffisait à la faire se sentir bien. Elle avait déjà parcouru une centaine de page de son livre dans lequel elle avait tout de suite était happée. Elle avait réussi avec brio à faire abstraction d'Evan qui peignait toujours. Andréa ferma son livre et se releva lentement. Elle n'arrivait pas à voir où il en était alors elle s'était approchée en trainant des pieds, le forçant à attirer son attention. Elle avait instinctivement enroulé ses bras autour de sa taille et posé sa tête sur son épaule. Elle avait une vue imprenable sur son œuvre et son modèle, qui se ressemblaient incroyablement bien.

«C'est magnifique!». Il n'aimait pas particulièrement que l'on regarde son travail tant qu'il n'était pas achevé, mais pour une fois, il s'en fichait. Sa main toucha la sienne, comme pour la remercier de ce compliment. Andréa était restée quelques minutes de plus à contempler les deux tableaux en se serrant plus fort contre lui. Ils avaient tous les deux sursautés en entendant la porte s'ouvrir. Carson s'était arrêté en voyant l'embarras sur leur visage. Il n'avait pas eu besoin de commenter leur proximité et il était heureux de les voir aussi complices.

Andréa s'était sentie mal à l'aise et elle s'en voulait de s'être fait prendre. Elle pinça ses lèvres pour saluer l'Écossais avant de se diriger vers la porte. Elle avait fait un bref signe de main à Evan avant de partir. Alors que Carson s'avançait lentement, Evan souriait toujours en évaluant ce qui venait de se passer. «Vous peignez!». Il n'avait pas voulu épiloguer sur ce qu'il avait vu alors il avait préféré changer de sujet. «Salut, doc. Eh oui.». Le médecin était subjugué par le réalisme et la qualité du dessin. «Vous êtes doué en plus!».

«Ma mère enseigne les arts plastiques, ça occupait nos week-ends. J'avais arrêté depuis un moment. Je manquais de temps avec le travail et mes premières années d'engagement, mais je m'y remets. C'est tentant avec une vue comme celle-ci.». Les tours de la cité se dressaient devant eux comme si elles sortaient de l'océan, c'était une image qui sortait de l'ordinaire et il n'avait pas hésité bien longtemps quant au choix du modèle. Carson savait que c'était peine perdue mais il lui avait tout de même demandé s'il voulait l'accompagner sur le continent pour pêcher. «Si ça ne vous dérange pas, j'aimerai vraiment voir le résultat final!».

Evan s'était surpris du peu de temps que cela lui avait pris pour peindre le principal. Il n'avait pas perdu la main mais il lui restait encore à parfaire la toile avec les finitions. «Ça m'a l'air terminé!». Le médecin était émerveillé par le talent caché du Major et il n'arrivait plus à détourner ses yeux. «C'est pour ça que je suis le peintre et vous le docteur.».

«Très bon argument. Bonne fin de journée Major.». Evan savait que Carson n'allait rien dire concernant sa proximité plus qu'explicite avec Andréa mais il fallait qu'il en soit certain. Avant qu'il ne s'en aille, il interpella le médecin qui avait compris où il voulait en venir rien qu'en le regardant. «Ne vous en faites pas, je n'ai rien vu.». Il lui avait fait un clin d'œil, avant de laisser Evan à ses occupations.

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Sheppard venait de passer deux heures à améliorer son swing, en compagnie de Ronon et du Major Jim Sanders. Le coureur n'arrivait toujours pas à comprendre le principe de taper dans une balle avec un objet en métal mais il regardait les deux hommes pratiquer.«C'est ça votre sport? Lancer la balle aussi loin que possible?». Sheppard s'était mis en position, prêt à expédier la balle de golf dans l'océan. «D'une, ce n'est pas un jeu. De deux, c'est un peu plus compliqué que ça. Il y a dix-huit trous à diverses distances et la balle doit traverser des obstacles d'eau et de sable avant d'atterrir sur le green. Ensuite, il faut la mettre dans un trou. ».

Il n'avait pas pris conscience qu'il parlait à quelqu'un qui ne venait pas de la planète Terre alors il allait devoir expliquer quelques mots comme, green ou birdy ou même eagle. La difficulté venait également du fait qu'il n'y avait pas réellement de parcours sur lequel s'entrainer alors Sheppard se contentait d'envoyer les balles dans l'océan. Le Major regardait Ronon frapper la balle à son tour. Il 'avait propulsé à des centaines de mètres sous les yeux stupéfaits des deux militaires.

Les trois hommes s'étaient retournés lorsque la porte s'était ouverte. Carson venait d'arriver sur le balcon et le Major s'était empressé de se plaindre de douleurs. «Attendez. Je vous arrête tout de suite, je n'ai pas eu de congés depuis plus d'un mois. Le docteur Cole est à l'infirmerie. Elle sera ravie de vous aider.». Sanders n'avait pas attendu et s'était dirigé vers la sortie. «Quoi de neuf Carson?».

«Rodney et moi allons sur le continent pour pêcher la truite. Vous voulez venir? C'est le sport des rois.». Ronon regardait Sheppard en attendant qu'il ne décide. «Carson, vous êtes Écossais. C'est le golf votre jeu. Pourquoi ne pas jouer avec nous?». Le médecin avait soufflé en secouant la tête. «Je n'ai jamais aimé ça. Allez, c'est votre dernière chance de passer une bonne journée.». Il essayait comme il pouvait de les convaincre, mais passer des heures à attendre en silence devant une canne à pêche ne leur donnait pas envie. «Je pense que nous allons passer notre tour.».

«Très bien. Mais ne soyez pas jaloux en me voyant ramener la plus grosse truite de l'espace.». L'Écossais les avait salués avant de se précipiter pour rechercher des volontaires. Ronon regardait Sheppard et lui avait finalement proposé un jeu typiquement Satédien.

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Elle n'avait pas cessé de penser à lui durant tout le chemin qui la menait à Radek. Elle l'avait vu plus tôt au mess, jouer aux échecs avec un technicien qu'elle n'avait jamais croisé. Le connaissant, elle se doutait qu'il n'allait pas faire ça toute la journée alors elle misa sur le fait qu'il soit au laboratoire. Son instinct ne l'avait pas trahi lorsqu'elle avait vu que les lumières étaient allumées. «Radek?».

Elle avança lentement jusqu'à l'apercevoir derrière son écran. «Je savais que je te trouverai là! Tu es censé t'amuser et non travailler!». Il avait lui-même sourit en lui faisant remarquer que cela s'appliquer aussi à elle. «Tu n'es pas avec le Caporal Meyers?». Il avait prévu de passer une partie de la journée avec elle mais elle avait été réquisitionnée au dernier moment pour être de garde. Le physicien avait bien essayé de s'occuper comme il avait pu mais après avoir perdu six parties d'échecs, il avait préféré calmer ses nerfs en travaillant.

Il lui racontait les derniers potins rapportés par le technicien qui lui avait mis une raclée un peu plus tôt mais il sentait qu'elle n'écoutait pas. «Tout va bien ?». Elle ne pouvait pas s'empêcher de sourire. «Oui, pourquoi?». Il plissa les yeux, ayant une légère idée sur la question. «Tu sembles… différente.». Elle resta silencieuse un moment avant de lui avouer qu'elle venait de passer la matinée avec Evan.

«Je sens que tu ne me dis pas tout, Andréa.». Elle baissa les yeux, ne voulant pas en dire de trop. «Oh mon dieu ! Tu l'as embrassé !». Elle tentait de fuir son regard mais l'expression de son visage la trahissait. Elle fronça les sourcils, persuadée qu'il n'y verrait que du feu et qu'il abandonnerait. «Quoi ? Non, voyons !». Radek essayait de traduire les moindres traits de son visage, s'approchant lentement de la vérité. «Il t'a embrassé ?». Elle se rappela à qui elle parlait et avait fini par craquer. Il lui restait encore du chemin à faire en ce qui concerne les méthodes d'interrogatoire. «Bon… Peut-être…». Elle avait eu beau détourner les yeux, il n'allait pas abandonner de sitôt. «Oui ou non ?». Curieux d'en savoir plus, il savait qu'il allait l'avoir à l'usure. Elle avait simplement hoché la tête à cette question ouverte, puis posa soudainement ses mains sur ses yeux. «J'ai attendu ce moment pendant tellement longtemps! Mais j'ai l'impression de faire une énorme bêtise. ».

«Quelle bêtise Andréa ? Le règlement ne l'interdit pas. Tu n'es pas militaire et il ne peut pas interférer dans ta carrière donc tu n'as rien à craindre.». Consciente d'en avoir trop dit, elle se confia sur ses doutes. «Je ne te parle pas de ça ! Même si ça m'a traversé l'esprit… et si jamais il est distrait ? Je ne veux pas le mettre en danger sur le terrain.». Il avait du mal à comprendre son changement de comportement et tenta de la rassurer. «Ça fait partie du job, il sait faire la part des choses.». Evan était devenu plus qu'un ami et elle s'inquiétait quant à l'avenir de cette relation naissante mais ce qui était sûr, c'est que les récents évènements avaient clairement changé la donne. Elle s'était abstenue de lui dire qu'ils avaient passés la nuit ensemble parce qu'elle n'avait pas envie de s'étaler en sachant que cela concernait aussi Evan. «Je ne te suis pas. Tu voulais être avec lui et maintenant que c'est fait, tu as peur?».

«Oui! J'ai peur que les choses changent. Je n'avais pas réalisé jusqu'à maintenant et nous n'en avons pas parlé, mais ça veut sûrement dire que l'on ne partira plus en mission ensemble. Et si jamais c'est le cas, ça veut aussi dire qu'il réfléchira à deux fois dans toute ses prises de décisions me concernant.». Radek s'était posté face à son amie en posant ses mains sur ses épaules. «Si vous n'en avez jamais parlé, comment peux-tu être sure qu'il changera ses habitudes? Il est engagé depuis quoi, plus de dix ans? Je pense qu'il sait ce qu'il fait et tu ferais mieux d'aborder le sujet avec lui. Et le plus tôt sera le mieux sinon tu vas te faire des nœuds au cerveau.».

«Oui, tu as raison, je ne sais pas pourquoi je m'emballe.». Andréa avait soufflé pour relâcher la pression qu'elle s'était infligée avant de serrer son ami dans ses bras. Tout lui paraissait si simple lorsqu'il lui expliquait les choses. En voyant qu'elle s'était détendue, il n'avait pas hésité à la chambrer en lui demandant s'il n'y avait eu qu'un baiser. La seule réponse qu'il avait obtenue, avait été un rire et une tape sur l'épaule.

Ils avaient passé un moment ensemble à discuter comme avant. Andréa était heureuse mais elle avait peur de cet avenir incertain. Tout pouvait s'arrêter du jour au lendemain et elle se posait trop de questions. Personne ne pouvait contrôler les aléas dans la galaxie, alors elle exposait à Radek ses sentiments envers Evan, ne sachant pas où cela les mènerait. «Oh, et si cette conversation sort de ce labo, je jure que j'irai jusqu'à soudoyer Carson avec du Haggis pour m'assurer qu'il te fasse des prises de sang toutes les semaines s'il le faut!». Elle ne doutait pas de sa discrétion à ce sujet mais il fallait que ce soit dit. Radek connaissait Andréa et il rigola à gorge déployée tout en lui promettant de ne rien dire.

«Et toi? Est-ce que vous avez réussi à vous voir avec Meyers?». Elle était curieuse de savoir s'il appliquait ses propres conseils. Il semblait se lasser du fait qu'elle soit constamment réquisitionnée à chaque fois qu'ils prévoyaient de se voir. Andréa lui avait promis qu'elle demanderait à Evan si elle disait vrai. Elle ne voulait rien lui promettre et cette action allait à l'encontre des règles de confidentialités, si tenté qu'Evan accepte de lui divulguer cette information. Radek était son ami et elle avait vraiment envie de l'aider, même si cela impliquait d'enfreindre certains principes.

Andréa sortait du laboratoire et s'était dit qu'elle passerait au mess pour ravitailler Evan avec une boisson chaude énergisante. Elle se sentait bien et pour le moment sa journée était parfaite. Elle s'était réveillée dans les bras d'un homme qui la faisait craquer et avec qui elle se sentait comblée. Ils étaient loin de se connaitre par cœur mais ils allaient prendre le temps de se découvrir l'un l'autre. Elle allait atteindre son lieu de prédilection lorsqu'elle tomba nez à nez avec Carson. Il n'avait pas l'air dans son assiette alors elle lui avait tout de suite demandé ce qui le tracassait. «Rodney a décidé de me faire faux bon. Il a des projets avec Katie Brown. J'aurai dû me méfier quand il a accepté le mois dernier.».

«Je suis désolée Carson. Je vous aurai bien accompagné, mais les petites bébêtes qui vous servent d'appâts me donnent la nausée.». Il lui avait souri avec bienveillance en posant une main sur son épaule. «Ce n'est pas grave, je suppose que c'est mieux comme ça.». Son professionnalisme l'avait rattrapé et il lui avait demandé comment elle se sentait avec les médicaments qu'il lui avait donné. Ils avaient échangé un moment avant que le médecin ne s'éloigne. «Sur ce, je vous laisse profiter de votre après-midi ». Andréa avait rougi inconsciemment en voyant le clin d'œil qu'il venait de lui faire.

Après avoir passé quelques minutes à braver la foule qui s'était réunie autour de la machine à café, elle avait enfin réussi à obtenir ses deux boissons. Andréa s'était extirpée en évitant aux deux boissons de finir sur le sol. Elle tenait fermement ses deux gobelets à la main, lorsqu'une main s'était abattue sur son épaule. «Reed! On ne vous a pas prévenu que j'étais dangereuse avec des cafés à la main!». Il s'était excusé, même s'il avait sauvé de justesse les deux breuvages. «Cela dit, joli réflexe.».

Il avait l'air pressé mais il s'était arrêté pour discuter avec elle. Reed avait vu que les traits de son visage avaient l'air plus détendus, même si la fatigue accumulée marquait toujours ses yeux. Il savait que cela avait un rapport avec son supérieur et il était heureux de voir que son état d'esprit avait radicalement changé. «Est-ce que vous avez pris le temps d'explorer la Cité? ». Il avait souri en avouant qu'il avait trouvé mieux à faire. Liam l'avait convié à un tournoi de poker clandestin, à l'autre bout de la ville. Quelques Marines étaient aussi de la partie et il était en retard. Étant le dernier arrivé, Reed avait été désigné pour les ravitailler en nourriture. Andréa s'était dit que ce n'était pas si différent de la Terre finalement, et laissa filer le militaire d'un œil amusé.

Arrivée dans le couloir menant au transporteur, elle avait vu Evan en sortir. Elle s'était arrêtée en se demandant ce qu'il faisait là, avant de lui tendre une boisson. «Tu as fini ton œuvre d'art ?». Il avait bien entendu la question mais au lieu d'y répondre, il jeta un œil par-dessus l'épaule de la jeune femme avant de l'embrasser. «Il me reste quelques retouches à faire mais je ne pouvais pas attendre.». Ils étaient au beau milieu du couloir mais aucun d'eux ne s'en souciait vraiment. «Ce n'est pas toi qui m'as dit qu'il fallait prendre son temps?».

«Hmm, tu es sure?». Il n'avait pas résisté avant de se pencher de nouveau vers elle. N'ayant rien de prévu pour la suite, ils avaient commencé à marcher dans les couloirs, sans but précis. Andréa s'était rappelé sa discussion avec Radek et sauta sur l'occasion avant d'oublier. «Dis-moi, j'ai un service à te demander… et je ne te demanderai pas ça si ce n'était pas une question de vie ou de mort. En sachant ça, tu ne vas pas pouvoir me refuser ma demande…». Il s'était arrêté en souriant, conscient que plus elle tournait autour du pot, plus c'était foireux. «Abrège!».

Avant même d'avoir posé la question, une secousse brisa ce moment de détente. «Merde! C'était quoi ça?». Evan avait sorti son oreillette de sa poche mais personne n'avait répondu. Il avait pris la main d'Andréa qui s'interrogeait encore et l'avait tirée vers lui, avant de se mettre tous les deux à courir en direction de la détonation. «Personne ne répond ! Viens!».

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Ronon avait essayé de faire apprendre à Sheppard un jeu Satédien qui s'apparentait plus à un sport de combat. Le Colonel avait vite compris qu'il n'était pas à la hauteur face à la force herculéenne de Ronon alors il lui avait proposé une activité moins dangereuse. Ils étaient tous les deux retournés dans ses quartiers pour partager une bière, ce qui lui allait beaucoup mieux. «Ça c'est un jour de congé pour moi. Du repos, de la malbouffe et de la bonne musique.».

Ronon lui avait demandé comment allait son visage lorsqu'il l'avait vu appliquer une poche de glace sur sa joue. «Votre jeu ressemble à une journée de boulot.». Le Satédien avait souri en repensant au coup qui l'avait mis au tapis. «Depuis combien de temps vous êtes ici? Un an et demi?». Le coureur avait acquiescé en ne sachant pas où il voulait en venir. «Avez-vous trainé avec d'autres que Teyla et moi?». Sheppard connaissait sa réponse et n'avait pas été surpris lorsqu'il avait oscillé la tête. «Je ne suis pas en train de dire qu'on en a marre de vous… Vous voyez quelqu'un?».

«Une femme vous voulez dire?». Il était vrai que lorsque l'on croisait Ronon dans un couloir, le réflexe était de longer les murs et de regarder ses pieds, plutôt que de le saluer d'une poignée de main. Il avait toujours le visage fermé et il semblait sur ses gardes, parée à dégainer à la moindre occasion. «Non. Je ne suis pas encore prêt.». Sheppard s'était demandé ce qui pouvait bien le freiner alors il lui avait demandé s'il avait laissé quelqu'un sur sa planète. «Une épouse?». Il s'était excusé lorsqu'il l'avait vu acquiescer.

Ils n'avaient jamais vraiment eu l'occasion d'échanger tranquillement depuis que Ronon était arrivé. Maintenant qu'ils se connaissaient mieux, il savait qu'il pouvait avoir confiance en Sheppard. «Et vous? Quand allez-vous vous marier?». Il ricana en plongeant sa main dans le bol rempli de popcorn.«J'ai déjà été marié. Ce n'était pas mon truc. En plus, personne ici ne… enfin, vous savez…».

«J'ai toujours cru que Teyla et vous pourriez être ensemble.». Ses obligations professionnelles passées avant tout alors il n'y avait pas vraiment pensé. «Vraiment?». Ils allaient trinquer avec leur bière lorsqu'ils avaient entendu le son significatif d'une explosion, qui les coupa dans leur élan.

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Carson était déjà à pied d'œuvre lorsque Sheppard et Ronon étaient entrés dans la pièce. Il braquait sa lampe torche pour y voir clair dans le nuage de fumée qui commençait tout juste à se dissiper. Ils percevaient les ordres de Carson donnés au personnel médical qui s'affairait à évacuer les blessés. «Emmenez-les à la salle d'opération, tout de suite!».

Sheppard s'était empressé de venir aux nouvelles en lui demandant ce qui s'était passé. «Une sorte d'explosion. Nous avons trois morts et une douzaine de blessés graves.». La voix d'un homme avait retenti dans leurs oreilles et ils s'étaient tous les trois dirigés vers lui. Deux hommes soutenaient un brancard sur lequel reposé une silhouette qui ne leur était pas étrangère. «Teyla! Je suis là.». Malgré les premiers soins appliqués, elle peinait à rester consciente. Carson lui avait pris la main en essayant de la rassurer. «Il y a eu une explosion et des débris vous ont blessée. Nous allons les retirer et vous recoudre. Ce n'est rien! Je peux faire ça les yeux fermés.».

Sheppard les suivait à bonne distance en observant le bandage qui n'avait visiblement pas stoppé le saignement. «Elle va s'en sortir, doc.?». Carson avait vu qu'il était inquiet mais il ne lui prêtait pas attention. «Est-ce qu'elle va s'en sortir?». Le Colonel s'était arrêté en comprenant le mutisme du médecin. Il avait préféré le laisser partir en voyant qu'il ne fallait pas insister.

Radek était déjà sur place et il tentait de comprendre ce qui venait de se passer. Sheppard s'était empressé de lui poser la question à la mode mais il restait fixé sur sa tablette. «Je ne suis pas sûr j'ai dû attendre que les équipes d'urgence sortent.». Les ascenseurs étant en panne, il avait mis du temps à arriver jusqu'ici. «Radek! Tu n'as rien!?». Andréa venait d'arriver en courant avec Evan à ses côtés. Elle avait posé ses mains sur lui en tâtonnant ci et là, pour vérifier qu'il allait bien.

Radek lui avait souri et s'était éloigné en partageant les données qu'il voyait à l'écran. «McKay est au labo. Il pense avoir une piste.». Sheppard et Ronon n'avaient pas bougés et ils attendaient d'en savoir plus. «La bonne nouvelle c'est que la structure est intacte, donc la tour ne risque pas de s'effondrer. Mais il y a quelque chose de très étrange.». Les quelques témoins avaient déclaré que le docteur Hewston avait littéralement explosé.

Ils s'étaient tous regardé en se demandant comment cela était possible. Sheppard avait émis l'hypothèse d'un attentat-suicide mais cela ne tenait pas la route. «C'est d'abord ce que j'ai pensé mais j'ai passé la zone au scanner et il n'y a pas la moindre trace de résidus explosifs. On ignore de quoi il s'agit.». Evan se tenait en retrait en écoutant Radek exposer les faits et en voyant la nervosité d'Andréa, il avait discrètement posé sa main dans le bas de son dos. Le tchèque avait porté une main à son oreillette lorsque Rodney lui avait demandé de venir. «Allons voir ce qu'à trouver Rodney.». Evan avait laissé passer Andréa, sous l'œil curieux de Sheppard qui n'avait rien loupé.

Les ordinateurs et le grand écran étaient déjà allumés lorsqu'ils avaient passé les portes du laboratoire. «Bon, je prends le problème en route donc pardonnez les approximations.». Sheppard coupa court et lui demanda ce qu'il avait trouvé. «La nuit dernière, le docteur Hewston et son partenaire le docteur Watson ont répertoriés du matériel dans un laboratoire des Anciens. Ils ont activé cette machine par inadvertance.». Dans un bref signe de tête, il avait invité ses camarades à regarder l'écran. «Elle a commencé à émettre des radiations très étranges mais ils l'ont éteinte aussitôt. Le docteur Beckett les a examinés et ils semblaient aller bien, donc en l'absence de danger immédiat, nous avons décidé de tirer ça au clair… quand nous aurions le temps. Mais c'était une erreur.».

Ils avaient beau regarder l'écran, le dessin et les chiffres qui se dressait devant eux n'avait aucun sens. Evan n'avait pas attendu avant de questionner McKay. «C'est un appareil très élaboré, mais il s'agit d'une arme des Anciens pour combattre les Wraiths et qui a été abandonnée assez vite, car elle affectait tous les gens autour, incluant les Anciens et les Humains.». Andréa avait froncé les sourcils en lui demandant en quoi elle les avait affectés. «Pour faire court, elle crée des tumeurs explosives.».

Radek avait cherché le regard d'Andréa, comme pour se convaincre d'avoir bien compris. Cette arme destinée à combattre les Wraiths était très ingénieuse et elle aurait pu les exterminer jusqu'au dernier si elle n'avait pas été défectueuse. «L'appareil émet des milliers de particules irradiées génétiquement programmée pour pénétrer nos systèmes et se réfugier derrière nos poumons». La représentation à l'écran venait de changer et Rodney avait zoomé pour mieux imager ses propos. «Elles collent des particules dans notre corps pour former un mélange explosif qui, une fois en place, atteint une taille critique avant d'exploser.».

«Donc ce gars, Watson…». La physicienne n'arrivait pas à terminer sa phrase. Elle savait parfaitement ce que ça voulait dire et Rodney allait clarifier les choses. «Il a sûrement été exposé, oui. Il faut le trouver avant qu'il n'explose d'une minute à l'autre.».

/!\

Carson était en salle d'opération et n'avait pas arrêté une seconde. Il ne prenait même pas la peine de s'aérer l'esprit, ne serait-ce qu'entre deux patients. Le suivant était un homme qui avait déjà été placé sous oxygène et qui présentait des brulures sur une bonne partie de son corps. «C'est mauvais mais pas affreux. Allons-y maintenant. Comment s'appelle-t-il?».

Le docteur Cole espérait pouvoir déchiffrer ce qui était inscrit sur ce qu'il restait de ses papiers d'identité. «James. James Watson.». Carson n'avait pas cherché bien longtemps dans sa mémoire lorsqu'il s'était rendu compte qu'il était venu consulter la veille. Ils étaient tous prêts à assister l'Écossais dans son opération lorsque la voix de Rodney avait retenti dans les haut-parleurs de la cité. «Docteur Watson. Docteur James Watson. Donnez votre position immédiatement.».

Ils s'étaient tous regardés et Carson avait demandé à Cole d'aller voir ce qui se passait. Elle était revenue en un temps éclair, alors qu'il faisait les derniers réglages. Elle ne lui avait pas laissé le choix et avait mis en place l'oreillette du médecin. «Qu'y-a-t-il Rodney? Je suis un peu occupé là.».

«Carson! L'homme que vous opérez, est atteint d'une tumeur explosive. C'est ce qui a tué Hewston et causé l'explosion.». Il n'avait jamais entendu un tel phénomène de toute sa carrière qui relevait du surnaturel. «C'est possible, Carson! Écoutez, vous et votre équipe, vous devez sortir immédiatement! Sheppard a fait venir une équipe de déminage.». Peu importe les arguments du Canadien, il n'allait pas abandonner un patient. «Ce n'est pas lui qui doit bouger, mais vous!».

Il avait réfléchi un moment sur les propos de Rodney quant à la dangerosité de la situation. «Très bien, écoutez! Tout le monde sort immédiatement! J'enclenche le code sept pour tout l'étage. Allez! Bougez-vous!». Il était le médecin en chef de cette base et il n'allait pas fuir en sachant qu'il avait une chance de sauver son patient. Le personnel médical avait obéi à ses ordres et tout le monde était sorti. Tout le monde sauf le docteur Cole qui avait bataillé en lui expliquant qu'il ne pouvait pas opérer seul.

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Ils avaient tous les yeux rivés sur l'ordinateur de Rodney en attendant des nouvelles de Carson. La section où ils se trouvaient venait de se verrouiller et il était impossible à qui que ce soit d'atteindre l'étage en question. Andréa avait secoué la tête sous le coup de l'agacement en comprenant qu'il était toujours en salle d'opération. Rodney tentait par tous les moyens de le dissuader mais il en fallait plus à l'Écossais, qui était persuadé de pouvoir retirer la tumeur. «Combien de temps avons-nousexactement ?».

«Il n'y a pas moyen de le savoir. Hewston a été infectée en même temps que Watson et sa tumeur a déjà explosée.». Il sentait la pression monter il était convaincu de faire ce qu'il fallait. «Il n'y a donc pas de temps à perdre. J'incise.». Sheppard avait tenté à son tour de le raisonner mais sans succès. «L'envoyer à l'autre bout de la ville et le laisser comme ça, c'est un meurtre Colonel!». Rodney perdait patience et il savait que le temps était compté. «Cet homme est condamné!».

Andréa savait pertinemment que cela ne servait à rien de s'énerver, alors dans un geste désespéré, elle avait posé sa main sur l'épaule de Rodney pour le faire taire. «Carson! Je sais que vous consacrez votre vie pour sauver celle des autres, mais aujourd'hui je vous demande de réfléchir à la vôtre! Je vous en supplie, ne faites pas ça!». Il avait entendu ses mots et cela commençait à le déstabiliser dans son travail. «Je suis désolé Andréa mais je ne peux pas. C'est contraire à tous mes principes. Colonel, que vos hommes se tiennent prêts. Je déverrouillerai la section lorsque la tumeur sera extraite. Fin de transmission.».

Andréa avait joué sa dernière carte mais face à son échec, elle avait soufflé en regardant ses pieds. «Et merde!». Elle sentait un mélange de colère et de tristesse se propager en elle à une vitesse folle. Il fallait qu'elle sorte. Il fallait qu'elle fasse quelque chose pour le stopper mais Evan l'avait retenu par le bras devant tout le monde avant qu'elle ne franchisse les portes du laboratoire. «Où tu vas comme ça?».

«Je ne vais pas rester là à attendre et assister à une explosion en direct!». La tension commençait à monter et malgré la distance qui les séparaient du groupe, ils étaient devenus le centre de toute les attentions. «Tu ne comptes pas t'y rendre j'espère!? Parce que ce serait vraiment stupide de ta part! ».

Radek avait détourné les yeux vers le Colonel qui ne comprenait pas vraiment ce qui se passait, avant de murmurer. «Oh. Oh. Papa et maman se disputent on dirait.». Cette simple allusion avait placé quelques évènements dans le bon ordre, dans le cerveau de Sheppard qui restait muet. Il ne pensait pas avoir parlé si fort jusqu'à ce qu'il ne voie Sheppard sourire.

Il avait fallu du temps pour qu'Evan réussisse à obtenir gain de cause. Andréa était assise sur un bureau et ne décolérait pas. Les bras croisés, elle écoutait les potentielles solutions apportées, sans jamais ouvrir la bouche. Elle savait qu'Evan n'y était pour rien, mais elle se tenait pourtant à l'autre bout de la pièce, sans lui prêter la moindre attention.

Ils étaient tous à court d'idées alors ils n'avaient pas hésité à prévenir Elisabeth par radio. Elle avait écourté son déjeuner avec Mike Branton, qui l'avait convaincue de sortir de sa routine, lorsque Chuck l'avait fait venir en salle de contrôle. Elle s'était étonnée de ne pas avoir entendu la déflagration mais Chuck lui avait signalé que l'explosion s'était produite près de la salle de gym, à l'opposé de là où elle avait partagé son repas.

Cela faisait dix minutes que Carson avait coupé les communications et la bombe pouvait exploser à n'importe quel moment. «Nous ne pouvons pas pirater son code?». Andréa avait relevé la tête en entendant la question pertinente d'Elisabeth. Elle s'était demandé pourquoi elle n'y avait pas pensé plus tôt. Elle s'en voulait parce qu'il était maintenant trop tard. Cela prendrait trente minutes. Trente longues minutes qu'ils n'avaient plus.

Les haut-parleurs du canal général venaient de se remettre en route et Andréa s'empressa de sauter sur ses deux jambes. «Colonel Sheppard, la tumeur est extraite, j'ouvre l'étage.». Le soulagement venait de se propager lentement, mais il ne fallait pas crier victoire trop vite car la bombe n'était pas encore hors de portée. Ils s'étaient tous approchés de l'écran d'ordinateur qui venait d'émettre un son attestant de l'ouverture de la section. «Carson, ils sont en route, tenez-vous prêts.».

Les démineurs venaient enfin d'accéder à la section. Le couloir séparant Carson et le transporteur paraissait interminable. Beckett attendait en fixant la boite devant lui, jusqu'à ce qu'il ne perde patience. «Bon sang! Je les verrai à mi-chemin!». Andréa s'était postée au plus près du micro en attendant le signal de Carson. Elle n'aurait pas su l'expliquer, mais elle avait un mauvais présentiment. Elle s'était rapproché d'Evan sans vraiment s'en rendre compte, jusqu'à ce qu'elle ne réalise en tournant la tête. Elle retenait son souffle et avait lentement glisser sa main dans la sienne. «Restez en ligne, doc.!».

«Plus tôt ce sera hors de ma vue, mieux ce sera!». Il semblait soulagé et étrangement confiant aux yeux de tous, sans pour autant que cela devienne inquiétant. «Colonel! Je viens de remettre la bombe.». Andréa allait relâcher la main d'Evan, jusqu'à ce qu'une explosion se fasse entendre. Son cœur avait fait un bon si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine. «Carson ?». Sa voix s'était éteinte en prononçant lentement son prénom. Ils espéraient tous une réponse mais les détecteurs n'indiquaient aucun signe de vie à l'étage. Ils avaient attendu quelques minutes en silence avant de se rendre à l'évidence. Andréa avait senti les larmes monter et elle avait été la première à sortir, sous le regard impuissant des membres présents.

/!\

Elle s'était réfugiée sur le balcon qu'elle s'était approprié, loin de tout. C'était ce qu'elle voulait, être seule. Elle observait le paysage dont elle ne se lassait pas et se laissa porter par ce climat paisible. Ses yeux avaient papillonné un instant, aveuglée par la lumière du soleil reflétant sur la mer turquoise immobile. Son front se plissa soudainement, essayant de ne pas laisser s'échapper une larme naissante. Concentrée sur la gestion de ses émotions, elle ferma les yeux et inspira profondément. L'air iodé entra dans ses poumons, agissant comme un remède à sa tristesse.

Elle n'arrivait pas à croire qu'il était parti. Le son de la cornemuse résonnait encore dans ses oreilles. La vision du cercueil passant la porte des étoiles lui avait fait réaliser qu'elle ne le verrait plus et cela l'attristait au plus haut point. Elle se rappelait encore des mots d'Elisabeth, prononcés à l'égard de l'Écossais, alors qu'elle se tenait à côté de son cercueil.

«Nous avons perdu beaucoup d'amis aujourd'hui. Notre mission est dangereuse. Nous perdons des hommes, c'est un fait dont nous avons pleinement conscience. Carson était… Personne ne s'est jamais plaint de lui. C'était un homme bon. Il va terriblement nous manquer. Chacune des vies que Carson a sauvées lui rend honneur. Et cette idée me réconforte beaucoup.».

Radek et Evan avaient accompagnés Carson dans son dernier voyage et Andréa s'était retrouvée seule sur ce balcon, à contempler le ciel. Elle avait envie de croire qu'il était là, quelque part derrière ces nuages, à la regarder en retour. Un sourire était apparu rien qu'en y pensant. Même si elle était plutôt du genre agnostique, elle aimait à penser qu'il était présent.

La porte du transporteur s'était brusquement ouverte et l'avait tirée de sa rêverie. Ne sachant pas qui venait interrompre ce moment de solitude, elle avait baissé la tête en prenant soin de laissé tomber ses cheveux sur son visage. Elle essuya brièvement ses larmes d'un revers de manche pour masquer les traces visibles de sa tourmente, en espérant avoir été discrète. Une paire de bras s'était enroulée autour de son ventre et son corps frêle s'était moulé au sien.

Elle pouvait sentir son parfum qu'elle aimait tant, l'envelopper dans un nuage réconfortant. Prise au dépourvu elle s'était laissé aller en recouvrant ses mains des siennes. Evan avait cessé de la bercer lorsque ses tremblements s'étaient dissipés, pour venir se placer à ses côtés. Elle l'avait regardé du coin de l'œil lorsqu'il avait posé ses bras sur la rambarde. Il portait encore son uniforme officiel, ce qui rendait plus concret la perte de leur ami. «C'était une magnifique cérémonie. L'Église était pleine à craquer. ». La jeune femme avait hoché la tête, ne doutant pas une seconde de cette révélation qui n'en était pas une. Il savait que cela n'apaiserait pas sa peine mais c'était sa manière à lui d'exprimer ses ressentis. «Qu'avez-vous dit à sa mère ?».

«Le rapport officiel dira qu'il est mort dans une explosion à la suite d'une fuite de gaz.». Elle n'arrivait pas à y croire même si elle comprenait parfaitement qu'ils ne pouvaient pas divulguer la vérité. Evan contemplait l'horizon et comprenait ce qu'Andréa était venue chercher sur ce balcon. Elle essayait d'être forte mais sa tristesse gagnait du terrain. «Je n'arrive pas à y croire...C'est… ». Elle avait dégluti péniblement, mais n'arrivait pas à sortir un autre mot, lorsqu'Evan passa son bras autour d'elle. «Je sais, viens par-là.». Une simple pression avait suffi pour que sa tête ne vienne se poser sur son torse. Elle s'était sentit apaisée et plaça instinctivement ses bras autour de sa taille.

Elle n'avait pas été surprise de sentir la pression de ses lèvres se poser délicatement sur sa tête. Après avoir déversé sa peine sur l'uniforme d'Evan, elle s'était redressée avec une sensation de vide à l'intérieur. Elle avait besoin de sa présence et voulait sentir sa chaleur. Andréa n'avait pas été déçue lorsqu'ils avaient échangé un baiser rempli de tendresse. Elle adressa un sourire de remerciement à l'homme qui la soutenait avant de se remettre face à l'océan sans un mot.

Ce n'était pas dans la nature d'Evan d'être démonstratif, ses émotions pouvaient lui coûter la vie sur le terrain s'ils les laissaient transparaître mais il n'était pas indifférent à sa peine. Il avait passé assez de temps avec elle pour la connaître et cela le touchait au plus profond de lui quand elle n'allait pas bien. Il l'avait laissée entrer dans sa vie au fil du temps, s'en se rendre compte de la place qu'elle prenait. Il s'inquiétait quand il voyait les cernes se dessiner sous ses yeux. Il s'inquiétait quand il ne la voyait pas au mess, comprenant qu'elle ne prenait pas le temps de manger. Il s'inquiétait quand elle pleurait. Cela n'affectait pas son travail sur le terrain mais il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir une pensée pour elle lorsqu'il avait un moment de libre.

Ils étaient restés quelques heures à discuter, en refaisant le monde et en évoquant leurs souvenirs avec Carson. Il avait ce côté pudique qu'elle appréciait et elle aimait le fait qu'il ne soit pas intrusif. Elle avait eu besoin d'une épaule et il était là, c'était tout. Elle s'était blottie dans ses bras et sentait le passage de ses doigts sur son épaule qui l'apaisait. «Comment savais-tu que je serais là?».

«Je suis aussi porteur du gène, tu sais. J'ai simplement pensé à une certaine astrophysicienne qui avait besoin de réconfort et le transporteur m'a amené à toi». Elle avait souri en se demandant comment il arrivait à lui faire tout oublier rien qu'en étant dans ses bras. Elle avait longuement soufflé en essayant de chasser la dernière image qu'elle avait de Carson. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. «Si seulement je pouvais changer les choses… J'aurai dû l'accompagner à la pêche…».

«Ne fait pas ça!». Son ton n'était pas agressif mais il savait qu'elle se faisait du mal inutilement. «Ce qui est fait est fait. Toutes les personnes à qui il a demandé doivent sûrement penser comme toi, mais c'est une erreur!». Elle connaissait son dévouement aux autres et il aurait essayé de sauver la vie de cet homme à n'importe quel prix, mais son éthique venait de lui couter la vie et cela avait laissé un goût amer à Andréa.

TBC…