En entrant dans le dortoir à l'heure convenue, Hermione eut immédiatement l'impression d'interrompre une scène étrangement cérémonieuse. Lavender et Parvati étaient assises au pied de leurs lits respectifs, les mains sagement posées sur leurs cuisses, le dos bien droit. Leur posture rigide contrastait tellement avec leur habituelle insouciance que Hermione hésita un instant à refermer la porte, incertaine de ne pas être tombée sur un étrange rituel qu'elle n'aurait pas dû voir.
C'était absurde. Habituellement, elles étaient entassées sur le lit de l'une ou de l'autre, bavardant et pouffant de rire en feuilletant la Gazette du Sorcier. Mais là, elles se tenaient dans un silence presque théâtral, l'air faussement détendu, comme si elles se forçaient à jouer la comédie. Hermione plissa les yeux, leur façade ne dupant personne. Est-ce qu'elles pensaient vraiment être discrètes? Elles étaient tellement maladroites que même un premier année aurait flairé qu'il se tramait quelque chose.
Elle referma la porte derrière elle avec une pointe de lassitude. «Alors, qu'est-ce qu'il y a? Vous avez l'air…»
Lavender bondit presque hors de son lit, l'interrompant brusquement. «Non, attends!»
Parvati, visiblement plus nerveuse, secoua la tête avec une certaine urgence. «Nous… nous ne sommes pas complètes.»
Hermione arqua un sourcil, son intérêt piqué par leur comportement ridiculement suspect. Lavender lança un regard noir à Parvati, ses lèvres pincées en une ligne sévère. C'était risible, vraiment. Si c'était leur idée de discrétion, elles avaient encore beaucoup à apprendre et Hermione devra sûrement les aider à mieux cacher leur jeu.
Sans un mot de plus, Hermione haussa les épaules et alla s'installer sur son lit. Si elles voulaient jouer les mystérieuses, grand bien leur fasse. Elle tira un livre de sa table de chevet — un exemplaire épais qu'elle avait récemment emprunté à la bibliothèque — et se plongea dans sa lecture. Autant occuper son temps efficacement pendant qu'elles se décidaient à parler.
Les minutes passèrent dans un silence tendu, seulement ponctué par les bruits des pages tournées du livre d'Hermione. Finalement, Selena, l'une des cinq filles du dortoir, sortit de la salle de bain. Hermione, fidèle à son habitude, garda les yeux fixés sur son livre, préférant ignorer l'interaction, mais elle sentit la tension monter encore d'un cran entre Lavender et Parvati. Selena ne tarda pas à remarquer leur comportement étrange.
«Ça va, les filles?» demanda-t-elle, ses sourcils se fronçant légèrement alors qu'elle les dévisageait.
Lavender répondit immédiatement, trop rapidement. «Oui, oui. Tout va bien!»
Selena inclina la tête, clairement pas convaincue. «Vous faites… quoi?»
À cette question, Lavender et Parvati échangèrent un regard paniqué avant de se mettre à rire nerveusement, un son creux et malaisant. Hermione, cachée derrière son livre, leva les yeux au ciel. Si elles étaient incapables d'être discrètes dans une situation aussi simple, comment pouvaient-elles espérer mener à bien une entreprise aussi risquée que celle qu'elles proposaient?
Selena, toujours sceptique. «J'espère que vous ne parliez pas de moi,» plaisanta-t-elle, un sourire mal assuré sur le visage.
À cette remarque, Lavender éclata d'un rire un peu plus sincère, entraînant Parvati avec elle. Elles semblèrent se détendre un peu, suffisamment pour entamer une conversation normale avec Selena, au grand soulagement d'Hermione. Après quelques échanges anodins, Selena finit par se lever, saluant joyeusement les deux jeunes femmes.
«Bonne soirée, les filles!» lança-t-elle en quittant la pièce.
«À plus, Se!» chantèrent Lavender et Parvati en chœur, comme si elles n'avaient pas été étrangement tendues quelques minutes plus tôt.
Hermione entendit les pas de Selena dans le couloir, suivis d'une autre voix familière.
«Salut, Laura!» lança joyeusement Selena.
«Bonne date avec Henry!» répondit la 5e.
Selena remercia Laura, et Hermione l'entendit descendre les escaliers. Quelques secondes plus tard, Laura apparut dans l'encadrement de la porte.
Lavender lui fit signe de fermer derrière elle. Laura obéit, et Parvati s'empressa de verrouiller la porte avec un sort. D'un coup de baguette, elle lança un Muffliato, isolant ainsi le groupe de toute oreille indiscrète.
Bon, apparemment, nous sommes enfin complètes, pensa Hermione en fermant son livre et en le posant sur sa table de chevet.
Elle se leva et alla rejoindre Laura, qui s'était avancée vers le foyer. Lavender, quant à elle, se précipitait déjà pour vider son coffre, tandis que Parvati récupérait une feuille pliée qu'elle avait cachée sous son matelas.
Lavender ouvrit grand sa valise, dévoilant soigneusement les ingrédients qu'elle avait déjà collectés. «Voici tout ce que nous avons jusqu'à présent,» dit-elle, triomphante. Elle pointa chaque élément avec fierté. «0,5g de poussière de perles, trois œufs de Serpencendre, et 75ml de sang de Keppi.»
À chaque élément énuméré, Parvati consultait un parchemin qu'elle tenait fermement en main. «Check, check, et check,» répondit-elle avec enthousiasme, cochant chaque ingrédient sur ce qui devait être la recette.
Hermione, les bras croisés, les observait avec un mélange d'intérêt et de scepticisme. Elle n'était pas surprise d'apprendre que la potion nécessitait de la poussière de perles et des œufs de Serpencendre. Ce genre d'ingrédients était typique dans les potions d'amour. Elle se sentit presque soulagée en voyant que la poussière de perles avait déjà été acquise. Ce n'était pas un ingrédient rare, tout bon apothicaire en avait, mais il était dispendieux au gramme.
«Qu'est-ce qu'il manque?» demanda Laura, qui se penchait maintenant par-dessus l'épaule de Parvati pour lire la liste.
Parvati fronça légèrement les sourcils en parcourant la liste. «Hum… il manque deux plumes-antennes d'Augurey, une épine de Peluda, des moustaches de Fléreur… et un bec d'oiseau-tonnerre.»
Hermione releva la tête brusquement. Un bec d'oiseau-tonnerre?! Sérieusement? Elle sentit son estomac se nouer. Où elles allaient trouver ça? Ça ne sera pas une simple visite à un apothicaire, ni même une visite à l'allée des Embrumes… Ou peut-être que oui… Sur le marché noir. Et ça serait sûrement la seule manière pour en obtenir un.
«L'épine de Peluda n'est pas illégale à la vente?» demanda Laura innocemment.
Hermione cligna des yeux, abasourdie. «Quoi?! En plus!»
«Comment ça, "en plus"?» interrompit Lavender. Son regard alternait rapidement entre Laura et Hermione, ses sourcils froncés.
Hermione inspira profondément. «Le bec d'oiseau-tonnerre. Vous ne le trouverez pas sur les étagères des magasins.»Toutes se tournèrent vers elle.
Parvati semblait particulièrement perplexe. «C'est aussi illégal?»
«Non, ce n'est pas illégal, mais obtenir un bec d'oiseau-tonnerre sera un véritable casse-tête. un oiseau-tonnerre possède un seul bec et il a une longue longévité et ils ont de petites portées.»
Lavender la regarda, un sourcil levé. «Oui, puis? On s'en fout, non? Un oiseau-tonnerre a un bec comme tous les oiseaux.»
Hermione se retenue de se pincer le nez. Évidemment, Lavender s'arrêta sur le détail superflu, Hermione aurait dû savoir. «C'est rare. C'est super rare et précieux. Entre répondre aux formulaires complexes des autorités américaines qui demanderont la raison de l'utilisation — ce qu'on ne pourra pas dire parce qu'on fait une potion qui comporte des ingrédients illégaux — en plus de payer de taxes d'importation ou faire affaire à braconniers qui le revendent sur le marché noir à 4fois le prix,» expliqua Hermione, presque défaitiste. Évidemment, la potion de Lavender ne pouvait pas demander des ingrédients simples et communs. Gaspiller un bec d'oiseau-tonnerre et une épine de Peluda pour connaître son prince charmant était cher à payer… Au début, ça aurait pu être un amusant projet personnel où elle aurait pu pratiquer ses connaissances en potion tout en ayant une trêve avec Lavender, mais maintenant… Hermione se questionnait si le jeu en valait la chandelle. Il faudra qu'Hermione regarde le prix de vente de l'Élixir des Cœurs sur le marché noir, ça pourrait peut-être financer sa prochaine année?
Laura hocha la tête, visiblement attentive. «Ah… Donc soit illégalité ou illégalité.»
Hermione acquiesça. «Exactement.»
Elle jeta un coup d'œil à Lavender et Parvati, mais elles semblaient toujours perplexes, comme si elles ne comprenaient pas la gravité de la situation.
«Ça va coûter une fortune et ça sera illégal,» résuma Hermione, reformulant pour ne garder que le plus important. «Et si on se fait — ».
«Ah! Dans ce cas, ça va,» coupa Lavender, haussant les épaules avec un sourire détendu. «Pas besoin d'être aussi négative.»
Parvati, confiante, renchérit avec son sourire habituel. «Oui, on trouvera un moyen. On s'en sort toujours.» Hermione, bien qu'agacée, remarqua que Parvati avait un certain talent pour exprimer ses pensées sans paraître désagréable, même lorsqu'elle partageait l'insouciance de Lavender.
«De toute façon, tu n'as pas à t'occuper de ça,» déclara Lavender en refermant sa valise et en cachant les ingrédients sous une pile de vêtements, de ses trousses de beauté et de livres.
«Tu ne participes pas à la récupération des ingrédients?» demanda Laura, visiblement surprise en se tournant vers Hermione.
Hermione eu à peine le temps d'ouvrir la bouche que Lavender la coupa «Nah. Juste de préparer la potion,», comme si c'était la chose la plus évidente au monde. Hermione se croisa les bras et fit un signe de tête vers Lavender. Voici ta réponse, Laura.
Hermione soupira intérieurement, retenant tout commentaire cinglant. «Juste», préparer la potion. Oui, comme si ce n'était pas un engagement de plusieurs mois, avec un risque constant de tout gâcher à la moindre erreur.
Laura, cependant, essaya d'alléger l'atmosphère avec une blague. «Ah, d'accord. C'est toi qu'il ne faut surtout pas énerver, sinon on finit empoisonnées.»
Hermione éclata de rire malgré elle, secouant la tête. Elle commençait à apprécier Laura, dont l'humour et le bon sens apportaient un équilibre bienvenu au groupe. «T'inquiète, je ne —»
«Dit pas ça!» s'écria Lavender, effarée en regardant la cadette du groupe. «Ça porte malchance!»
Hermione roula des yeux, déjà à bout de patience. Si elle avait su que travailler avec Lavender allait demander autant de calme et de contrôle de soi, elle aurait probablement négocié quelque chose de plus avantageux pour elle.
«Bon, il faudrait qu'on décide qui s'occupe de quoi,» déclara Lavender en fermant enfin sa valise.
«Je m'occupe des moustaches,» dit Parvati.
«Et moi, des plumes-antennes,» ajouta rapidement Lavender.
Évidemment, les deux se jetèrent sur les tâches les plus simples, laissant les deux ingrédients les plus complexes en suspens. Hermione ne fut pas surprise. Elle leva les mains en signe de reddition. «Ne me regardez pas. Le marché était clair: je ne m'occupe pas de ça.»
Laura se redressa légèrement. «Je m'occupe du bec d'oiseau-tonnerre,» dit-elle avec assurance.
Hermione tourna la tête vers elle, arquant un sourcil avec curiosité. «Vraiment?»
Laura hocha la tête, une lueur de détermination dans les yeux. «Je crois savoir comment en avoir.»
Pour la première fois depuis le début de cette rencontre, Hermione sentit un intérêt sincère monter en elle. Laura était plus surprenante qu'elle ne l'avait imaginé.
«Et pour l'épine de Peluda?» demanda Parvati, son ton trahissant une pointe d'inquiétude. «Qu'est-ce qu'on fait?». Lavender hocha la tête, elle aussi était un peu nerveuse.
Hermione tendit la main. «Laissez-moi voir les instructions.»
Parvati lui remit le parchemin sans hésiter, curieuse de ce qu'Hermione allait faire. Le parchemin était en réalité une page déchirée et si Hermione ne se trompait pas, ça venait du livre qu'elle avait consulté à la bibliothèque. Hermione retenu un énième soupir. Pauvre livre, pensa-t-elle. Lavender et Parvati auraient pu retranscrire les instructions et les ingrédients. Ce n'était pas si long. Quand Hermione se mit à lire la page, même Lavender se tut, ce qui était une rareté en soi. Mais le silence ne dura pas plus de trois minutes.
«Alors? Qu'est-ce que tu regardes? On essaie de trouver comment avoir une épine de Peluda, pas de lire un roman. La réponse ne va pas apparaître comme par magie,» lança Lavender, exaspérée.
Hermione leva la main pour lui intimer de se taire, sans même détourner les yeux du parchemin. Lavender souffla bruyamment, croisant les bras dans une posture d'agacement.
Concentrée, Hermione murmurait à voix basse, calculant mentalement tout en comptant sur ses doigts.
«Alors? Tu as fini? On peut reprendre la planification? Parce que te voir marmonner dans ton coin, ça ne nous avance pas,» insista Lavender.
Hermione ferma les yeux une seconde pour se calmer, avant de relever la tête. «Selon les instructions, j'aurai besoin de l'épine de Peluda que dans le coin de la Saint-Valentin.»
Elle lança un regard appuyé à Lavender, un mélange de reproches et de triomphe silencieux. Si elle l'avait laissée réfléchir en paix, elle aurait pu arriver à cette conclusion plus rapidement.
Les filles échangèrent un sourire, soulagées. Cela leur laissait un peu de temps pour trouver une solution.
«Cela dit, je dois absolument avoir les plumes et les moustaches pour pouvoir commencer et le bec avant Noël,» ajouta Hermione d'un ton résolu. «Lavender, tu me diras dès que tu auras la quantité demandée.»
Lavender hocha la tête. «Évidemment.»
Hermione pointa un doigt vers elle. «Et je veux m'assurer que j'ai aussi une dose.»
Lavender roula des yeux. «Oui, oui, tu en auras une. Ça donne six doses. Tout le monde en aura, d'accord? Pas besoin de paniquer.»
«Bon,» conclut Hermione, «c'est tout. Je peux garder la recette?»
Parvati haussa les épaules. «Si tu veux.»
Hermione hocha la tête et le rangea précautionneusement dans son livre de lecture actuel. Il ferait un excellent marque-page, au moins temporairement, en attendant qu'elle trouve une cachette plus appropriée pour le conserver.
«Tu me diras quand tu auras besoin des ingrédients, je te les sortirai à ce moment-là. Je ne veux pas que tu fouilles dans ma valise et que tu mettes tout sens dessus dessous.»
Hermione haussa un sourcil et, d'un geste de la main, pointa le coffre de Lavender. «Difficile de faire pire.». Cela ne manqua pas d'élargir les yeux de cette dernière, tandis que Parvati essayait, en vain, d'étouffer un rire derrière sa main. Le terme «chaos» était faible pour décrire l'état du coffre de Lavender et Hermione n'avait aucune envie d'y chercher quoi que ce soit.
Le contraste était saisissant: le coffre d'Hermione était impeccablement organisé, chaque objet étiqueté et rangé avec soin. Celui de Lavender, en revanche, ressemblait à un champ de bataille, et si ce n'était l'aide régulière des elfes de maison, Hermione aurait probablement exprimé bien plus de plaintes. Vivre avec Lavender dans le même dortoir depuis cinq ans avait été une épreuve de patience constante pour Hermione.
Laura, qui observait cette dynamique avec un mélange de surprise et d'amusement, garda le silence, bien qu'un sourire flottait sur ses lèvres.
«Si on n'a plus rien à ajouter, on y va. On a des choses plus importantes à faire,» lança Lavender, visiblement vexée par le commentaire d'Hermione et l'attitude de Parvati. Sans attendre son amie, elle descendit rapidement les escaliers en colimaçon.
Hermione se pinça l'arête du nez et soupira. Les neuf mois à venir s'annonçaient difficiles. Elle avait presque réussi à maintenir son calme tout au long de la rencontre, mais il avait fallu qu'elle perde patience à la toute fin. Ce n'était pas comme si Lavender avait particulièrement été sympathique.
Laura s'approcha doucement. «Hey, ça va?» demanda-t-elle d'un ton sincère.
«Oui, oui.» Hermione fit un geste de la main, comme pour chasser ses pensées. «C'est juste que, parfois, Lavender peut m'exaspérer à un tel point… et me faire perdre toute ma patience.»
Laura hocha la tête avec un sourire compréhensif. «J'imagine que ça ne doit pas être facile tous les jours.»
Hermione laissa échapper un léger rire. «Je survivrai. J'ai survécu à cinq ans de cohabitation avec elle. Je peux bien supporter encore deux années.»
Laura sembla sur le point de répondre, mais sa montre électronique émit un bip sonore qu'elle fit taire rapidement avec sa baguette. Hermione plissa les yeux, intriguée. C'était une montre moldue numérique modifiée, ce qui éveilla sa curiosité. Non seulement, née-moldue, mais née-moldue qui a réussi à faire fonctionner la technologie moldue dans l'enceinte de Poudlard. Ce qui était en soi tout un défi.
«Au fait,» reprit Laura, «je vais au terrain de Quidditch. L'entraînement va bientôt finir. Tu veux m'accompagner?»
Hermione hocha la tête. Voir Harry, Ron, et Ginny lui ferait du bien après cette rencontre éprouvante, ils sauront comment lui changer les idées et la mettre de bonne humeur. Ensemble, elles quittèrent la salle commune en silence, mais une fois sur les escaliers mouvants, Laura brisa le silence.
«Alors, pourquoi tu as accepté de faire cette potion, au juste?» demanda-t-elle, ses yeux fixés sur Hermione avec une curiosité sincère.
«J'espérais,» commença Hermione en riant légèrement, consciente de l'absurdité de ses propres attentes, maintenant qu'elle les exprimait à voix haute, «que Lavender me fiche la paix. Nous avons toujours eu des frictions depuis la première année. Je me rends compte à quel point c'était naïf. J'espérais — j'espère encore — qu'en acceptant de l'aider, elle me laisserait tranquille. Peut-être même qu'on pourrait améliorer un peu notre relation.»
Laura hocha la tête, son expression légèrement amusée, mais compréhensive. «Pour le peu que j'ai vu, ça ne doit pas être facile de vivre avec elle.»
«Hum,» répondit Hermione, réfléchissant un instant. «C'est facile… quand on s'ignore.»
Laura esquissa un sourire en coin. «D'où le fait que tu sois toujours à la bibliothèque.»
Hermione releva brusquement la tête, intriguée. «Comment tu sais que je suis toujours à la bibliothèque?» demanda-t-elle, incrédule.
Laura éclata de rire en sautant par-dessus les deux dernières marches de l'escalier. «La vraie question, c'est plutôt: qui ne sait pas que tu y es tout le temps? Chaque groupe a son cerveau. Buffy avait Giles. Harry et Ron… et Ginny ont toi. Tout le monde sait où trouver le cerveau.»
Hermione sentit ses joues chauffer légèrement. C'était vrai qu'elle passait beaucoup de temps à la bibliothèque. Pour elle, cet endroit représentait un sanctuaire, un refuge loin du tumulte constant de la vie à Poudlard. Entre les cours, les aventures avec Harry et Ron, l'animation permanente dans la salle commune, et les commérages incessants de Lavender et Parvati dans leur dortoir, Hermione n'avait presque jamais de moment de silence. Et ce bruit constant l'épuisait plus qu'elle ne voulait l'admettre.
«Et puis, Ginny m'a aussi dit que si tu n'étais pas avec Harry et Ron, et que c'était après les cours, alors tu étais forcément à la bibliothèque. Et elle ne s'est pas trompée,» ajouta Laura avec un sourire.
Hermione hocha la tête, amusée. «Ah oui, c'est vrai, tu es dans la même année que Ginny. C'est comment dans votre dortoir?»
Laura fit une grimace amusée. «C'est bien, je suis contente. Parfois, ça parle beaucoup de Quidditch… genre, trop de Quidditch,» répondit-elle en roulant des yeux.
Hermione rit doucement. Elle comprenait parfaitement. Si Harry et Ron ne parlaient pas de Voldemort, de stratégies de survie ou de jeu d'échecs, le Quidditch dominait souvent leurs conversations, surtout quand Ginny était présente. «Ginny peut être très passionnée,» admit-elle en souriant.
Laura secoua la tête avec un rire léger. «Oui, Ginny est passionnée, mais elle n'est pas la seule. Il y a aussi Demelza, et quand Danny vient me rendre visite… tu devrais les entendre avant un match. Ça devient un vrai débat stratégique.»
Hermione se rappela des quelques entraînements de Quidditch qu'elle avait pris le temps d'observer. Danny, en septième année, avait remplacé George dans l'équipe en tant que batteuse. Elle se souvenait à quel point Danny semblait maîtriser son rôle, utilisant sa taille imposante de six pieds et sa force brute pour frapper les cognards avec une précision redoutable. Danny compensait son manque de finesse par une hargne impressionnante, son style de jeu étant basé sur son élan naturel pour déstabiliser ses adversaires.
Ginny, de son côté, contrastait avec Danny par sa maîtrise technique. Son agilité sur un balai, combinée à des manœuvres risquées, mais brillantes, faisait d'elle une joueuse imprévisible et redoutée.
Quant à Demelza, bien qu'elle soit encore remplaçante, elle montrait déjà un potentiel prometteur et un enthousiasme contagieux. Hermione se dit qu'elle finirait par trouver sa place dans l'équipe dès qu'une opportunité se présenterait.
Lorsqu'elles atteignirent enfin le terrain de Quidditch, Laura avait vu juste. Harry était en train de donner ses dernières consignes à l'équipe, rassemblée en demi-cercle autour de lui. Sa voix portait clairement, un mélange de calme et de fermeté, tandis qu'il concluait leur entraînement.
Quelques instants plus tard, la formation se brisa, les joueurs se dirigeant tranquillement vers les vestiaires, riant et discutant entre eux. Laura jeta un coup d'œil à Hermione avec un sourire satisfait. «Pile à l'heure,» murmura-t-elle.
Hermione hocha la tête, se disant qu'observer ses amis et l'équipe, même brièvement, serait une bonne façon de conclure cette soirée.
«Pour revenir à ta question, j'ai vraiment rien à redire autre que le Quidditch. Au contraire, c'est génial. Ginny et Demelza sont compréhensives quand Danny rend visite,» répondit Laura avec un sourire sincère.
Hermione haussa un sourcil, intriguée, mais choisit de ne pas poser de questions. Elle avait déjà remarqué Laura et Danny ensemble dans la salle commune des Gryffondors, souvent en grande conversation ou partageant des éclats de rire. Ça devait être agréable de partager son quotidien avec une meilleure amie, pensa Hermione. Certainement mieux que d'être coincée dans un dortoir avec deux personnes si différentes de soi.
Hermione ne put s'empêcher de penser qu'elle aurait préféré partager son espace avec Harry, ou même Ron — et leurs interminables discussions sur le Quidditch — plutôt qu'avec Lavender et ses drames futiles.
C'est à ce moment-là que Danny et Ginny arrivèrent devant elles, riant joyeusement après leur entraînement. Ginny s'essuya rapidement le front, visiblement encore énergique malgré l'effort.
«Hey! Je ne savais pas que tu traînais avec Laura, Mione,» lança Ginny d'un ton amusé.
Avant qu'Hermione ne puisse répondre, Danny se pencha soudainement et captura les lèvres de Laura dans un baiser tendre, mais assuré.
Hermione écarquilla les yeux, prise de court. Oh! C'était ce genre de "avec Danny", pensa-t-elle, tandis que ses joues prenaient une teinte écarlate.
Laura, bien que surprise au début, répondit rapidement avec enthousiasme, ses mains glissant naturellement sur les épaules de Danny. Hermione détourna les yeux, sentant son visage s'enflammer. Elle fixa Ginny, espérant trouver une distraction, mais Ginny, loin d'être gênée par la scène, observait avec un sourire en coin, visiblement amusée par la réaction d'Hermione.
«Ça va, Mione?» demanda Ginny, sa voix teintée d'une légère moquerie.
Hermione sentit son cœur battre plus vite et balbutia un «Oui, ça va» qui ne convainquit personne, pas même elle-même. Ginny éclata de rire, et son sourire s'élargit encore.
Hermione se racla la gorge, tentant de retrouver un semblant de contenance. «C'était bien, l'entraînement?» demanda-t-elle rapidement, espérant détourner l'attention.
Ginny lui lança un regard amusé, ses yeux pétillant d'espièglerie. «Mione, si voir deux filles s'embrasser te rend aussi rouge, imagine qu'est-ce que ça donnerait si c'était nous. Harry pourrait peut-être enfin lâcher son fichu livre de potion et me regarder enfin.» Hermione oublia de respirer un instant, une image soudaine et intrusive lui traversant l'esprit: elle-même, imitant Laura, capturant les lèvres de Ginny dans un geste tout aussi spontané. Son cœur s'emballa, et elle sentit des picotements dans ses doigts. Elle secoua légèrement la tête, essayant de chasser cette pensée inattendue. «Ou alors, je pourrais tenter ma chance avec Dean… ou Seamus. Ça ferait sûrement réagir Harry, non?». Ginny marqua une pause, envisageant sérieusement l'idée un bref moment. Elle haussa légèrement les épaules, ça serait une piste à explorer plus tard.
Puis, voyant qu'Hermione devenait aussi rouge qu'un coquelicot, Ginny roula des yeux, amusée de la pudeur de son amie, et décida d'intervenir. Elle s'éclaircit bruyamment la gorge, croisant les bras avec un faux air autoritaire.
«D'accord, d'accord, c'est bon, les tourtereaux. Vous êtes encore en public, vous savez. On a compris, vous êtes mignonnes, mais on a des esprits innocents à préserver ici.»
Danny, qui semblait avoir oublié le monde autour d'elle, releva la tête avec un sourire satisfait. Laura, un peu plus gênée, recula légèrement, ses joues aussi rouges que celles d'Hermione. Hermione, de son côté, détourna le regard incapable de regarder personne dans les yeux, son esprit encore embrouillé par les réflexions et images inattendues que les paroles de Ginny avaient fait surgir.
Laura repoussa doucement Danny avec un sourire coquin. «On reprendra ça quand tu ne dégoulineras pas de sueur,» dit-elle, amusée, tout en lui tapotant le bras. Danny rit, un rire chaleureux et un peu rauque, avant de se redresser de toute sa hauteur.
«À plus tard, alors,» répondit Danny en jetant un clin d'œil à Laura avant de se tourner vers Ginny. «Allez, on y va.»
Ginny lança un regard à Hermione, qui semblait toujours chercher à s'enfouir dans le sol. «Mieux?» dit Ginny avec un ton léger, mais avec ce petit sourire moqueur. Puis elle disparut dans le vestiaire avec Danny, laissant Hermione seule avec Laura. Cette dernière, bien que légèrement gênée, semblait toujours sereine, un sourire béat accroché à ses lèvres.
Hermione, qui était restée figée comme une statue, osa enfin regarder Laura. «Ça va, Hermione?» demanda Laura, l'air innocent, mais avec une lueur dans les yeux qui trahissait une joie à peine contenue.
«Hermione!» C'était Ron, suivi de près par Harry, qui sortait enfin du vestiaire des garçons. Ouf! pensa Hermione. Elle n'aurait pas à répondre à Laura ni à réfléchir à pourquoi elle avait réagi aussi fortement.
«Enfin!» dit-elle avec un soupir en se précipitant presque vers eux, heureuse d'échapper à l'atmosphère embarrassante qu'elle laissait derrière elle.
Ron fronça les sourcils en la voyant. «T'es toute rouge, toi. T'as couru ou quoi?»
Hermione sentit son cœur accélérer légèrement, mais elle garda une expression neutre. Avant qu'elle ne puisse répondre, Harry, plus observateur, leva un sourcil, visiblement plus intéressé par la dynamique étrange qu'il semblait capter que par l'état de ses joues.
«Alors, qu'est-ce qu'il se passe?» insista Ron, croisant les bras, son ton trahissant une curiosité mêlée de suspicion.
Hermione lança un regard désespéré à Harry, espérant qu'il détournerait la conversation, mais il se contenta de lui adresser un sourire en coin, amusé par son inconfort.
Elle inspira profondément pour retrouver son calme. «Alors, c'était bien l'entraînement? Avons-nous des chances de gagner la coupe cette année?» demanda-t-elle d'un ton un peu trop précipité, fixant Harry comme si c'était la question la plus importante au monde.
Ron plissa les yeux, méfiant. «Depuis quand le Quidditch t'intéresse?»
Hermione haussa légèrement les épaules, espérant paraître désinvolte. «Je continue de penser que le Quidditch est toujours aussi ennuyant, mais je m'intéresse à mes amis,» répondit-elle, sa voix maîtrisée malgré son malaise.
