Bonjour à tous, j'ai commencé à griffonner cette histoire l'été dernier, et elle est déjà terminée dans un coin de mon ordinateur. Je ne la publie que que petit à petit car elle demande de grosses modifications. J'ai été frustrée concernant le destin de Kakashi à la fin du manga de Naruto... Je lui ai imaginé autre chose. Il y aura probablement beaucoup de choses à améliorer... je ferai de mon mieux. Ce sera un pur KakaSaku donc pour ceux qui n'aiment pas ce couple il vaut mieux passer votre chemin. Il y aura aussi un peu de contenu pour adulte : j'avertis à l'avance. Merci de me prendre le temps de me lire !

L'histoire commence 4 ans après la fin de la 4ème guerre (donc 4 ans après la fin du manga Naruto, mais avant son épilogue et donc avant Boruto).

Je ne possède aucun personnage, tout appartient à Masashi Kishimoto.


Chapitre 1 - Retour de mission

- … De l'eau, dis-tu ?

- Oui.

- Mais pourquoi ? Pourquoi ici ?

- C'est… confidentiel. J'ai besoin que vous me fassiez confiance… Je ne suis moi-même pas au courant des détails de ma mission.

Quelques secondes de silence s'écoulèrent. Deux femmes se toisaient de part et d'autre d'un bureau arrondi, elles-mêmes encadrées par trois autres individus plus en retrait. La pièce était vaste, tapissée au sol d'un immense tapis bleu, les murs coupés par de grandes fenêtres battues par une pluie torrentielle. L'atmosphère de ce grand bureau s'alourdissait de minute en minute.

- … Konoha a été à l'origine de nombreuses guerres, coupa l'un des hommes en retrait, croisant les bras en signe de défiance. Il est toujours difficile de faire confiance à un pays qui a autant de sang sur les mains.

- Aucun pays n'a fait plus que Konoha depuis la fin de la grande guerre pour apaiser les tensions et encourager les échanges commerciaux, se défendit la femme en face du bureau, ses cheveux roses se dressant devant l'accusation contre son village

- sifflant Mmmh... Peut-être, mais Konoha privilégie certains pays plutôt que d'autres... Kiri n'a pas autant de chance que Suna !

- Ah, ça suffit, Ao ! coupa l'autre femme assise à son bureau, ses cheveux châtains volubiles ne laissant deviner qu'un seul regard vert mais perçant vers son conseiller.

Le dénommé Ao baissa le regard d'un air faussement confus. La brune se retourna à nouveau vers son interlocutrice.

- La paix dure depuis quatre ans, et c'est grâce à tous. A nous Kages, mais aussi et surtout grâce à la bonne volonté de chaque peuple, insista celle-ci en ramenant son œil unique sur la jeune femme aux cheveux roses en face d'elle.

- Je ne suis pas là pour discuter politique. Encore une fois, je voudrais juste avoir accès à l'eau de la source de Haku... Cette eau est l'un des cinq éléments que je dois rapporter à Konoha. Je ne peux y avoir accès sans votre autorisation, Terami-sama.

Sakura avait prononcé ces derniers mots le buste légèrement incliné, en signe de légère soumission. Juste ce qu'il fallait, elle l'espérait, pour que son interlocuteur se sente en position de force, et accepte sa requête. Mais ce n'était pas aussi simple qu'elle l'aurait espéré.

- Quels sont les autres éléments que vous devez ramener ? demanda la Mizukage, décidément curieuse

- Je ne peux pas vous en dire plus.

- insistante Les avez-vous trouvés?

- ... Oui.

- Et à quoi vont-ils vous servir ?

- d'un air sincère Ca, je n'en sais encore rien. Je n'ai pas été mise dans la confidence...

Cette fois, la Mizukage sembla sincèrement surprise. Ao se renfrogna encore d'avantage, les bras croisés. Les deux dernières personnes présentes dans la pièce restaient immobiles et silencieuses, leur visage caché derrière un masque blanc aux fentes fines et horizontales à hauteur d'yeux. Quatre petites vagues grises réhaussaient ces fentes, symboles du village de Kiri.

- Comment avez-vous été envoyé seule, aussi loin de votre village, demander quelque chose d'à priori aussi important, sans aucune protection ni aucune explication ? jeta Ao de manière abrupte

- Il n'était pas prévu que je passe par des voies officielles, grimaça Sakura . Je ne devais pas me faire repérer par qui que ce soit, et je ne devais entrer en contact avec personne. Mais…

La rose se mit à réfléchir à folle allure, les arguments s'entrechoquant dans son cerveau fatigué par les semaines de voyage et de quête.

- … La source de l'eau que je recherche est sous haute surveillance ici, et je ne veux pas paraître forcer votre autorité ou le faire dans votre dos. Je préfère vous le demander officiellement, car nous avons confiance en vous et en votre discrétion.

- Avouez que votre nouvel Hokage un peu impétueux n'a juste pas pensé une seule seconde à comment récupérer cette eau autrement qu'en venant la pleurer ici… continua Ao en ricanant de manière amusée

- Cette requête n'est pas à la demande de Naruto, coupa Sakura, agacée.

- Kakashi-sama ? questionna la Mizukage avec une curiosité sincère

- Non. Peu importe. Le regard furieux envers Ao Et Naruto est un grand Hokage. Je vous rappelle que c'est LE héros de la quatrième guerre. C'est grâce à lui que nous sommes encore là !

- Il n'y a pas que lui ! s'énerva Ao, ses bras se décroisant et ses poings se serrant sous l'effet de la colère. Nous y avons tous contribué, tous les villages ! Nous avons tous versé du sang pour sauver ce monde !

Sakura perçut les lances des deux Anbu de Kiri bouger imperceptiblement en arrière de Mei Terumi. Leurs poings semblaient se serrer dessus, faisant très légèrement tressaillir les longues barres de métal froid.

La jeune kunoichi n'avait pas pensé que les ressentiments pouvaient encore être aussi vifs, aussi loin de la fin de la grande guerre. Ces dernières années, elle avait compris que les villages avaient dû battre des coudes pour prouver leur bravoure et leur valeur aux yeux d'un Konoha surpuissant, invincible. Bien sûr, chaque shinobi avait contribué à sa manière à la fin de la guerre. Chaque petit grain de sable formait le désert. Chaque goutte d'eau participait à l'océan. Naruto avait prouvé tant de fois ô combien l'amitié et l'entraide pouvait faire trembler le plus puissant des ennemis. Chaque grain de sable était important. Chaque grain de sable pouvait faire basculer le destin de la défaite à la victoire. C'était le Nindo de Naruto, après tout.

Cependant, il fallait tout de même admettre une certaine réalité. Les acteurs principaux de la paix, les "héros" de la fin de la grande guerre - comme les habitants aimaient à le répéter - provenaient tous du pays du Feu. C'était un fait, et pourtant, il avait semblé à Sakura que le comportement diplomatique et commercial de Konoha à la reconstruction du nouveau monde avait balayé cet état de fait très rapidement, laissant à chaque pays sa parole et sa place sur l'échiquier.

Il faut croire qu'elle avait été un peu trop naïve.

- Ça suffit, Ao, coupa à nouveau Terumi d'un geste de main agacé. Je suis fatiguée d'entendre cela depuis des années!

Celui-ci croisa à nouveau les bras, la mine aussi grise que l'accumulation de nuages noirs et furieux dans le ciel en arrière du bureau.

- Ne sais-tu vraiment rien du pourquoi de ces éléments ? redemanda Meï, décidément curieuse.

- …

- Je ne peux pas croire que tu ne sois au courant de rien. Et Kiri a besoin d'en savoir un minimum pour te donner ce que tu veux… Tu peux comprendre, j'imagine.

Les regards émeraudes des deux femmes se noyèrent quelques instants. Sakura sembla hésiter, mais elle avait prédit que cette situation risquait d'arriver. Après tout, Konoha aurait réagit de la même manière... Ses épaules s'affaissèrent et elle concéda quelques explications.

- C'est une mission... totalement interne à Konoha. Rien de diplomatique. Nous avons besoin de cette eau et des autres éléments pour sceller un sceau.

- … Sceller un sceau ? répéta la Mizukage, étonnée

- Tsunade-sama a découvert récemment un vieux parchemin dans les archives de sa famille. Il serait source d'un Fuinjutsu particulièrement puissant mais donc potentiellement dangereux…

- Pourquoi ne pas détruire le parchemin, tout simplement?

- Elle ne peut pas. Elle ne m'en a pas dit plus...

- Quel rapport avec notre eau ici ?

- Il est noté sur ce parchemin que cinq éléments doivent être rassemblés pour permettre de rompre le sceau. L'eau du mont Haku en fait partie.

- … C'est tout ?

- C'est tout.

La Mizukage resta pensive, bien plus calme et que les trois shinobis l'entourant, visiblement nerveux.

- Il s'agirait d'un sort concernant l'esprit, poursuivit Sakura qui sentait que la Mizukage attendait plus de détails. Une sorte d'aliénation mentale.

- très attentive, les yeux plissés de réflexion Je vois… Et… Est-il actuellement actif sur quelqu'un?

- Je ne sais pas. Simplement… Ce type de Fuinjutsu est totalement interdit à Konoha. C'est une technique interdite qui a été utilisée pour le créer. Nous ne voulons pas qu'il soit utilisé à mauvais escient. Il faut le détruire.

- Après quelques secondes de silence … Je comprends.

Contre toute attente, Meï Terumi sembla prendre sa décision finalement facilement, joignant ses mains devant ses lèvres d'un air déterminé.

- Je vous fais confiance. Je fais confiance à Konoha.

- Terumi-sama, coupa Ao en approchant de sa Mizukage d'un air interloqué

- Mes deux Anbu vont vous accompagner récupérer cette eau, chère Sakura, dit-elle même d'un ton bienveillant auquel la rose ne s'attendait pas

Avant même que Sakura ne s'incline en signe de remerciement, soulagée d'avoir enfin convaincu la Mizukage d'accéder à sa requête, elle perçut le regard désapprobateur de Ao fondre sur elle comme l'orage s'abattait dehors sur le pauvre village de Kiri. Elle ne manqua pas non plus l'accès de raideur du corps des deux Anbu en arrière, qui mirent un certain temps à exécuter l'ordre donné.

- Je ne supporte pas ce type de sort, s'expliqua la brune avec apaisement . J'ai conscience du danger qu'il peut engendrer. La menace parait bien faible, mais on n'est jamais trop prudent… Vous avez champ libre.

- Arigatō gozaimasu, souffla la jeune femme aux cheveux roses avec soulagement, penchant à nouveau la tête vers le sol avec lenteur

Sakura répondit au sourire entendu de la Mizukage et se retourna pour suivre les deux Anbu de Kiri qui avaient déjà atteint la porte principale. Ao resta derrière la Mizukage, visiblement perturbé. Elle poussa un soupir de soulagement tout en suivant les deux Anbus, sursautant régulièrement au rythme des éclairs qui semblaient s'acharner sur la ville à l'extérieur. Elle n'avait aucune idée si la source de cette eau était proche ou lointaine, mais elle se doutait qu'elle allait prendre une radée monumentale. Elle se maudit de ne pas avoir prévu de tenue plus adaptée à la pluie. La jeune femme essaya de dissiper ces pensées négatives et futiles, en se rappelant qu'elle touchait enfin au but. Qu'elle allait enfin récupérer cette eau, et qu'elle allait enfin pouvoir rentrer de mission. Un mois, c'était long. Bien plus que prévu.

Mais malgré la bonne tournure de la situation quelques instants auparavant, elle ne put s'empêcher de ressentir un certain malaise. La décision de Terumi-sama n'avait clairement pas fait l'unanimité dans le petit bureau, elle l'avait bien senti. Incapable d'en tirer la moindre conclusion, elle se concentra sur la vue des deux Anbus en avant et les suivit dans une course pluvieuse, oubliant ses mauvais pressentiments.


Quelques jours plus tard, à Konoha

-Oi Sakura-san ! Eh bien, enfin rentrée !

La kunoichi aux cheveux roses se retourna avec lenteur, encore encombrée de son sac de mission dans le dos. Un jeune brun la saluait d'un geste de la main, l'autre dans la poche, s'approchant lentement jusqu'à arriver à sa hauteur.

- Bonsoir Shikamaru-san ! sourit Sakura . Enfin rentrée, oui… ça a été plus compliqué que prévu.

Ce n'était rien de le dire: la jeune femme était littéralement épuisée. Elle avait fini par récupérer cette eau, et elle l'avait senti, les Anbus ne l'avaient pas ménagée. Elle avait dû puiser dans ses dernières forces pour tenir le rythme qu'ils lui imposaient, et arriver après plusieurs heures de course à la source tant attendue. Après, elle avait trainé à rentrer de Kiri, fatiguée par ses quatre longues semaines de recherche intenses, seule.

Pourquoi avait-elle insisté pour réaliser cette mission sans compagnon, d'ailleurs ? Elle ne le savait pas, mais elle s'en voulut, à posteriori. Elle avait agité la carte de la discrétion, de la rapidité, et le manque de shinobi disponible actuellement – beaucoup était partis en mission pour aider à protéger la construction de la fameuse route commerciale entre Konoha et Suna.

Elle venait de rentrer à l'instant dans son village natal, accueillant la vision de ses grandes portes vertes d'un sourire automatique et d'une chaleur réconfortante dans sa poitrine et dans son cœur. Le parfum des premières fleurs de cerisier en ce début de printemps avait envahi ses narines à son arrivée, et cette odeur familière installa définitivement le sentiment de bien-être qu'elle avait ressenti en arrivant. Mais il était tard et le soleil se couchait déjà à l'horizon, laissant le léger vent frais se frayer un chemin à travers la tenue de la jeune femme, lui arrachant un frisson incontrôlé.

- J'ai dû sortir mes meilleurs arguments pour éviter que Naruto ne se lance à ta recherche, tu sais… grimaça shikamaru dans une moue réprobatrice, loin des pensées de la jeune femme

- Tout s'est bien passé, rassura-t-elle. C'est juste que les distances étaient longues. Les éléments difficiles à trouver… Après, je n'ai pas été attaquée une seule fois en un mois! Je ne me suis jamais senti en danger…

Et c'était vrai. La paix semblait définitivement installée, et elle en sourit de satisfaction. En y repensant, le seul moment où elle avait senti de l'animosité durant ce long mois de mission, c'était dans le bureau de Kiri, face à Ao… Mais une fois devant la source, une fois repartie seule vers Konoha, la précieuse eau bien au chaud dans son sac, rien ne s'était passé de particulier. Elle en avait oublié rapidement ce mauvais pressentiment qui l'avait envahie là-bas.

- Quatre ans que la guerre est terminée… ajouta le Nara en pleine réflexion, les yeux un peu dans le vague. Les tensions ne refont pas surface… S'en est presque étonnant.

- Tu ne vas quand même pas t'en plaindre?

- Non. Mais des fois, pour un joueur de Go comme moi… Ça manque de stimulation.

- Ne me dis pas que tu manques de travail, c'est tout de même vous qui contribuez à maintenir la paix! Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de guerre qu'il n'y a rien à faire…

- Ne m'en parle pas… lâcha Shikamaru.

Après avoir questionné la rose sur l'endroit où elle se rendait, il l'accompagna avec nonchalance sur le chemin de son petit appartement, . Ils quittèrent le quartier festif du centre, les rires et le bruit des couverts qui raclaient les assiettes dans les restaurant bondés, pour atteindre les quartiers résidentiels plus calmes en périphérie.

- Toute la diplomatie, toute la paperasse, toutes les obligations administratives… continua Shikamaru sur le chemin. Si j'avais su que c'était à ce point, je ne sais pas si j'aurais accepté le poste.

- Naruto a besoin de toi, insista Sakura tout en marchant à ses côtés. Il est si jeune pour être Hokage… Il a besoin de son conseiller.

- Pourquoi Kakashi-sama est-il parti si tôt? souffla le maître des ombres d'un air résigné

Elle ne savait pas combien de fois on lui avait posé la question depuis un an. Elle avait décidé d'arrêter de compter à la seizième demande en moins de deux heures, alors qu'elle avait eu l'audace, au lendemain de cette annonce inattendue, d'aller prendre un bain avec Ino dans une source d'eau chaude. Shikamaru savait sa question totalement rhétorique. Il enchaina donc sans attendre.

- Naruto est évidemment à sa place. C'est juste… les yeux au ciel, désespéré Je dois calmer ses élans de générosité complètement aberrants, lui rappeler le MINIMUM du savoir-être entre hauts dirigeants… Il n'a pas les pieds sur Terre. Je dois même corriger les fautes d'orthographe de ses rapports officiels, tu sais?

- Vous vous complétez à merveille, dans ce cas lâcha Sakura avec malice

- Le regard blasé … Ce n'est pas forcément flatteur pour moi ça, n'est-ce pas?

- C'est quoi ces élans de générosité dont tu parlais? feignant d'ignorer sa remarque

- Mmh… Gaara a demandé il y a peu à Naruto une nouvelle aide financière pour la mise en place de la fameuse route commerciale entre Suna et Konoha. Kakashi-sama avait beaucoup œuvré sur ce projet avant de démissionner, et il était parvenu à un accord entre les deux parties à 50/50, assez juste. Mais Gaara a demandé récemment à renégocier les parts de chacun, prétextant des problèmes financiers inattendus tout récents…

- Laisse-moi deviner, Naruto a proposé de tout payer?

- Hochant de la tête, dépité Il y aurait passé le budget entier pour les 10 années à venir!

- Riant de bon cœur C'est rassurant, c'est que Naruto n'a pas changé!

Tout en continuant de raconter les frasques innombrables du nouvel Hokage en date, les deux shinobis finirent par arriver en bas de l'immeuble de Sakura. Celle-ci en observa la façade si familière dans la pénombre débutante. Les plantes grimpantes avaient fleuri en son absence, égayant comme tous les printemps le béton blanc et froid de larges touches violettes et roses, au plus grand plaisir de Sakura. Son sourire s'effaça en observant son petit balcon du 5ème étage, pourtant fidèle à lui-même, ses camélias roses resplendissant fièrement dressés, magnifiquement entretenus par Ino en son absence.

- Eh bien… Content de te voir ici en tout cas, lâcha Shikamaru en la voyant pensive. Tu vas avoir droit à un repos bien mérité.

- Merci, répondit-elle d'un air un peu absent. Je vous fais mon rapport de mission dès demain.

- Entendu.

Shikamaru sembla hésiter avant de s'éloigner.

- Nani? questionna Sakura

- Sakura-san… Je n'ai pas vu Sasuke en ton absence. Je n'ai pas eu de ses nouvelles, et il n'en a pas demandé non plus, à notre connaissance en tout cas…

Un voile passa devant les yeux de Sakura. Elle s'efforça cependant de paraître sûre d'elle.

- C'est… normal. Il reste secret… Il préfère rester seul.

- … Si tu le dis.

Elle ne prêta pas attention à son ton plus que dubitatif, ni à son regard un brin attristé. Elle s'éloigna de lui pour atteindre la porte de son immeuble, fouillant nerveusement au fond de son sac à la recherche de ses clefs.

- Salut Temari pour moi! jeta la rose, un large faux sourire affiché dans la pénombre

Elle claqua la porte avec fracas alors que ce dernier lui faisait un bref salut, commençant à reprendre le chemin de son propre appartement. Elle resta derrière la lourde porte quelques instants, les bras et l'arrière de ses épaules posés contre celle-ci, soulagée de terminer cette conversation. Alors qu'elle reprenait ses esprits, elle monta lentement les escaliers la menant au seuil de sa porte qu'elle ouvrit doucement, se déchaussant et jetant sa sacoche et son sac de mission négligemment dans l'entrée.

Elle ne prit même pas la peine d'éclairer son appartement vide. Elle resta là dans la pénombre, observant à travers sa porte fenêtre les lumières des appartements de l'immeuble d'en face clignoter, un bruit lointain de rires et d'entrechoquement de verres entre eux arrivant facilement jusqu'à ses oreilles, aidé par le silence mortuaire de son propre appartement. Celui-ci était froid. Humide. La poussière probable accumulée du mois passé la prenait aux narines et sembla l'oppresser. Ou peut-être était-ce le silence, glacial. Ou les deux…

Elle passa devant sa petite table de salon, devinant un bouquet d'hortensia fraîchement coupé trôner au milieu de celle-ci. En s'approchant, elle vit une petite carte coincée entre deux tiges. Elle la pinça entre son index et son majeur, l'approchant de son visage, et reconnue sans surprise l'écriture de sa meilleure amie, sur une carte de visite de la boutique familiale Yamanaka.

Ne jetant même pas un regard sur l'horloge et n'écoutant pas son ventre offusqué de ne pas avoir été rassasié, Sakura jeta la carte d'un geste agacé. Elle contourna la table pour atteindre la petite chambre au fond du couloir, s'effondrant littéralement sur son lit toute habillée. Le soulagement et le bonheur de retrouver Konoha avait rapidement laissé place à un sentiment d'angoisse et de vide, retrouvant des sensations dans son cœur et dans son corps qu'elle aurait préféré oublier. Elle ferma les yeux et souffla autant de fatigue que d'exaspération.

Pourquoi ressentait-elle cela ? Il n'y avait pourtant pas de raison. C'était incompréhensible. Surtout depuis trois mois…

Mais cette fois, elle n'eut pas le temps de se torturer d'avantage l'esprit, emportée rapidement dans un sommeil sans rêve.