Chapitre 39 : Les Griffes de Rocs

Arno avançait dans le désert Aiel, chaque pas soulevant une petite tempête de poussière brûlante qui se collait à ses bottes. Le soleil, implacable et sans pitié, baignait tout d'une lumière éclatante, transformant les roches en fournaises naturelles. Il se passa la main sur le front, essuyant une sueur imaginaire, puis se tourna vers un horizon invisible, l'air jovial.

« Eh bien, si quelqu'un cherchait des vacances au paradis, spoiler alert : ce n'est pas ici. Sérieux, c'est quoi ce séjour all-inclusive en enfer ?! »

Il prit une gorgée d'eau de la gourde qu'il avait récupérée sur une des Aes Sedai. Un instant de soulagement avant de reprendre son rythme, ses épée Paulette et Claudette accrochées à son flan, prêtent à servir.

Arno continuait de plaisanter intérieurement, ses pensées devenant des dialogues imaginaires avec un lecteur invisible. Il avait une capacité unique à se moquer de tout, y compris des dangers qui le guettaient, même dans les pires moments. Et des dangers, il en avait suffisamment rencontrés pour les reconnaître avant même qu'ils n'apparaissent.

« Vous voyez, les gars, ce désert ? Ouais, ce n'est pas juste un paysage aride où tu t'attends à voir des cactus déprimés. Non, ici, même les rochers veulent ta peau. Mais bon, c'est mieux que de se faire dévorer par des monstres à l'odeur douteuse. Je vous laisse deviner qui c'était. »

Alors qu'il avançait, quelque chose dans l'atmosphère changea. Le silence, pourtant habituel dans le désert, semblait plus... menaçant. Il ralentit légèrement son allure, remarquant la formation irrégulière des rochers massifs qui commençaient à se dresser comme des tours naturelles autour de lui. Le terrain changeait, devenant plus étroit, plus oppressant. Les ombres des formations rocheuses créaient des poches d'obscurité où il devinait que des créatures pouvaient se tapir. Arno sentit l'adrénaline monter, mais au lieu de paniquer, il laissa échapper un sourire en coin.

« Ah, c'est donc ici que commence le véritable service d'accueil local. J'espère qu'ils ont des cartes de fidélité. »

Il passa une main sur son épée, vérifiant machinalement que Paulette était prête à l'action, tout en gardant un œil attentif sur les hauteurs. Les Griffes de Rocs étaient réputées pour attaquer par surprise, des créatures rapides et agressives, et surtout très territoriales. Il avait déjà entendu parler de ces lézards géants, mais les croiser en personne allait être une autre histoire. Arno se préparait à tout, tout en continuant ses commentaires moqueurs.

« Bon, les gars, c'est l'heure du spectacle. Je vous parie que d'ici peu, je vais avoir droit à ma propre horde de reptiles géants. Ça va être fun. Enfin, fun pour moi. Pas sûr pour eux. »

Le silence fut soudain brisé par un bruit lointain, un frottement presque imperceptible, comme des griffes raclant la pierre. Arno leva un sourcil, prêt à dégainer. Un mouvement sur sa droite attira son attention : des ombres glissaient sur les rochers, des formes massives et reptiliennes, se déplaçant avec une grâce inquiétante. Les Griffes de Rocs étaient là, leur peau écailleuse se fondant dans la roche. Il en devina plusieurs, tapis dans les hauteurs, prêtes à fondre sur lui.

« Ah, parfait, l'entrée en scène ! Allez, mes mignons, montrez-moi ce que vous avez dans le ventre. Littéralement. »

Les créatures commencèrent à se rapprocher, et Arno sentit l'excitation du combat monter en lui. Il se prépara, son épée à la main, un sourire toujours accroché à ses lèvres. Le véritable spectacle allait commencer, et comme à son habitude, il comptait bien être la star de la représentation.

Les Griffes de Rocs surgirent soudainement des hauteurs rocheuses, leurs silhouettes massives se découpant sur le ciel. Arno, toujours avec son sourire nonchalant, leva un sourcil devant cette attaque si peu subtile. Les créatures, avec leur peau écailleuse rugueuse comme de la pierre, paraissaient fusionner avec les rochers qui les entouraient. Leurs yeux perçants, empreints de malveillance, brillaient d'une intelligence sauvage alors qu'elles bondissaient sur lui.

« Et dire que j'espérais un comité d'accueil plus... civilisé. Enfin, on fait avec ce qu'on a, non ? »

Leur apparence était à la hauteur de leur réputation : des lézards gigantesques, à l'apparence presque mythique, avec des corps recouverts d'écailles aussi dures que la pierre, et des griffes acérées capables de trancher n'importe quelle chair. Leurs mâchoires, pleines de crocs acérés, claquaient bruyamment dans l'air alors qu'ils se rapprochaient d'Arno en l'encerclant. Il en compta trois au début, puis d'autres ombres se faufilèrent dans les recoins rocheux. Une embuscade bien orchestrée.

Arno soupira théâtralement, une main sur Paulette, l'autre se baladant nonchalamment sur sa ceinture.

« Les gars, un à la fois, s'il vous plaît. Je ne sais pas pour vous, mais j'ai tout mon temps. »

Sans plus attendre, les Griffes de Rocs attaquèrent. Le premier bondit depuis un rocher situé juste au-dessus d'Arno, ses griffes tranchant l'air avec une précision terrifiante. D'un mouvement rapide et fluide, Arno fit un pas de côté, évitant l'attaque avec une agilité digne d'un danseur, avant de faire un bond spectaculaire en arrière, atterrissant sur une pierre plus haute, Paulette en main.

« Hé, hé, doucement, les copains ! Si vous continuez à sauter comme ça, je vais finir par croire que vous voulez vraiment que je vous découpe. »

Un autre Griffe de Roc le chargea de face, ses griffes visant son torse. Arno, avec une précision incroyable, roula sur le côté et fit claquer Paulette dans l'air. L'épée d'argent fendit l'air, rencontrant les écailles du lézard dans un choc sonore. Paulette parvint à pénétrer la peau du Griffe de Roc, mais pas autant qu'Arno l'aurait souhaité. La créature laissa échapper un rugissement, se retournant avec une rage décuplée.

« Ah, je vois, tu as la peau un peu dure. » Arno fit une grimace sarcastique. « Moi qui pensais que ce serait plus facile. Tant pis, on va devoir y aller à l'ancienne. »

Les Griffes de Rocs, loin de se laisser intimider, redoublèrent d'efforts. L'une d'elles tenta de bondir sur lui depuis un rocher plus haut, espérant utiliser la gravité pour l'écraser sous son poids. Arno sourit en coin, anticipant l'attaque. Il fléchit légèrement les jambes, se préparant à un saut acrobatique qui lui permettrait non seulement d'éviter l'impact, mais aussi de contre-attaquer. D'un bond gracieux, il s'éleva dans les airs, passant juste au-dessus du monstre et frappant Paulette dans sa nuque.

« Hop-là ! Ça, c'est ce qu'on appelle un coup bien placé. »

L'épée d'argent s'enfonça plus profondément cette fois, et le Griffe de Roc s'effondra lourdement au sol, son corps se tordant dans un spasme final. Le bruit sourd de l'impact résonna dans l'espace rocheux. Arno atterrit souplement derrière la créature, jetant un regard satisfait à son travail.

Mais les autres Griffes de Rocs n'étaient pas en reste. Deux autres lézards bondirent en même temps, leurs griffes acérées cherchant à lacérer son dos. Arno, toujours dans l'action, effectua un saut périlleux en avant, atterrissant sur une roche en contrebas. Les créatures, désorientées, s'écrasèrent l'une contre l'autre, provoquant une cacophonie de rugissements furieux.

« Oh, les gars ! Coordination ! On se concentre, c'est la base ! »

Arno bondit à nouveau, cette fois-ci pour revenir à l'offensive. Il esquiva un coup de griffe venant sur sa droite, glissant sous l'attaque avec l'agilité d'un serpent, puis, avec un mouvement rapide, planta Paulette dans le flanc d'une autre créature, tranchant les écailles protectrices. Un flot de sang épais jaillit de la blessure, mais la créature ne s'arrêta pas pour autant, continuant à balancer ses griffes dans une tentative désespérée de le toucher.

« Tu saignes, mon pote. Peut-être que tu devrais consulter quelqu'un pour ça. »

Avec un dernier saut acrobatique, Arno parvint à monter sur un rocher plus élevé, dominant les deux dernières créatures. Paulette dégoulinait du sang des Griffes de Rocs, mais Arno restait calme, concentré. Malgré la résistance des créatures, il savait qu'il les maîtrisait. C'était seulement une question de temps avant que leur fureur ne leur fasse commettre une erreur fatale.

Arno exploitait pleinement le terrain. Les amoncellements de roches massifs, qui auraient gêné n'importe quel autre guerrier, semblaient au contraire offrir une opportunité parfaite pour lui. Il bondissait d'une pierre à l'autre avec l'agilité d'un oiseau de proie, laissant derrière lui des Griffes de Rocs décontenancées et furieuses. Ses mouvements étaient calculés, chaque saut, chaque glissade sur les surfaces rocailleuses l'éloignait des griffes acérées des créatures, qui s'efforçaient désespérément de suivre son rythme.

D'un saut gracieux, il atterrit sur une corniche, Paulette dans une main, son regard moqueur lancé vers ses adversaires. « Sérieusement, les gars ? Vous devriez essayer le yoga. Vous manquez de souplesse ! »

Les Griffes de Rocs, enragées, redoublèrent d'efforts. L'une d'elles, plus massive et plus rapide que les autres, tenta de l'atteindre avec un bond spectaculaire, ses griffes projetées en avant dans un mouvement vif. Arno, sentant l'attaque venir, exécuta un saut en arrière, ses pieds quittant la corniche juste à temps pour éviter les griffes acérées qui vinrent rayer la pierre là où il se tenait une fraction de seconde plus tôt.

« Trop lent ! Vous me faites penser à ces vieux types dans les films d'action des années 80 ! »

Avec un sourire aux lèvres, Arno tourna sur lui-même dans les airs et, dans un mouvement fluide, planta Paulette directement dans le dos de la créature, qui rugit de douleur. Il atterrit souplement, un genou au sol, Paulette dégoulinante de sang écarlate.

Mais Arno n'avait pas encore le temps de savourer sa victoire. Deux autres Griffes de Rocs se précipitaient vers lui, leur mâchoire ouverte, leurs griffes projetées en avant. Il roula rapidement sur le côté, évitant de justesse un coup qui aurait pu lui arracher le bras.

« Vous êtes persévérants, je vous le donne. Mais, mauvaise nouvelle, je suis immortel. » Il fit un clin d'œil à une créature qui, bien entendu, ne le comprit pas.

Arno continua sa danse mortelle, exploitant chaque rocher comme une rampe de lancement. Il bondissait avec une fluidité acrobatique, sa silhouette se fondant dans les ombres des formations rocheuses tandis que les Griffes de Rocs manquaient coup après coup. Chacune de leurs tentatives se soldait par un échec cuisant, souvent accompagné d'un commentaire sarcastique d'Arno, qui se moquait ouvertement de leur lenteur et de leur manque de coordination.

« Vous savez, je commence à penser que vous ne suivez pas mes conseils. Vraiment, un peu plus d'entraînement ne vous ferait pas de mal. »

C'est alors que, dans l'un de ses sauts, une des Griffes de Rocs, plus rusée que les autres, le surprit. Arno, en plein mouvement, sentit les griffes de la créature déchirer son flanc droit. La douleur fut fulgurante, et il grimaça en sentant le sang chaud couler abondamment sur son côté.

Il atterrit maladroitement sur une plate-forme rocheuse, Paulette toujours en main, mais son souffle court.

« Ah... ça pique. Et je suppose qu'on n'est même pas encore à la partie amusante du combat, hein ? » Il baissa les yeux vers sa blessure, le sang formant déjà une large tache rouge sur ses vêtements. « Eh bien, au moins ça attirera les moustiques... et peut-être des vautours, qui sait ? »

Malgré la douleur, Arno ne laissa pas la blessure l'affaiblir. Son facteur autoguérisseur s'activait déjà, refermant lentement la plaie. Mais il savait que la bataille n'était pas encore terminée. D'un bond, il reprit ses acrobaties, sautant d'une paroi à l'autre avec une grâce presque surnaturelle.

Les Griffes de Rocs, voyant qu'il était blessé, redoublèrent d'agressivité. Elles cherchaient à le coincer dans une impasse, leurs griffes et leurs crocs tranchants balayant l'air dans des mouvements frénétiques. Arno, malgré sa douleur, continuait à jouer avec elles, glissant et bondissant de roche en roche, saillant dans les airs comme un rapace fondant sur sa proie.

Dans un énième saut périlleux, il bondit depuis une corniche pour atterrir directement sur l'une des créatures, Paulette dirigée droit vers sa nuque. L'épée s'enfonça profondément, tranchant les tendons et les vertèbres, avant que la créature ne tombe lourdement au sol, morte sur le coup.

« Voilà. Un autre de moins. » Arno fit un geste pour épousseter son épaule, comme si le combat n'était qu'une formalité.

Les deux dernières créatures, voyant leur congénère tomber, hésitèrent un instant. Mais leur rage et leur instinct territorial les poussa à attaquer de plus belle. Arno, en pleine forme malgré la quantité de sang perdue, esquissa un sourire. Il savait que la fin était proche, et que ces créatures allaient bientôt regretter d'avoir croisé son chemin.

Avec une dernière roulade habile, il se retrouva en position surélevée, Paulette prête à frapper à nouveau. Cette fois, les Griffes de Rocs allaient découvrir la pleine mesure de son talent.

« Vous voulez encore jouer ? Allez, approchez, je ne vais pas mordre. Enfin, sauf si c'est nécessaire. »

Les Griffes de Rocs bondirent une dernière fois. Arno, avec une maîtrise totale de la situation, était prêt à conclure ce combat avec panache.

Il ne restait plus que deux Griffes de Rocs. Arno, respirant lourdement mais toujours avec cet éclat moqueur dans le regard, sentait que la fin était proche. Perché sur une corniche rocheuse, il observa les créatures en contrebas, leur rage visible dans leurs yeux perçants et leurs griffes meurtrières prêtes à frapper à nouveau.

« Deux contre un... Ça paraît équilibré, non ? » murmura-t-il tout en parlant à Paulette. « Bon, Paulette, prête pour le grand final ? On va leur montrer ce que c'est que la véritable agilité. »

Les deux créatures restantes grognaient, prêtes à bondir à nouveau. Arno s'accroupit légèrement, ressentant la tension dans ses muscles, son corps autoguérissant déjà les blessures qu'il avait subies. Il jeta un coup d'œil à l'environnement, cherchant une ouverture. Les rochers environnants formaient une sorte de labyrinthe naturel, et il savait que s'il pouvait atteindre une position surélevée, il pourrait facilement tourner la situation à son avantage.

Avec une agilité surhumaine, il bondit soudainement sur une paroi rocheuse, ses mains et pieds trouvant facilement prise sur les aspérités naturelles de la pierre. Les Griffes de Rocs, surprises par sa rapidité, levèrent leurs regards vers lui, grognant d'impatience. Une des créatures tenta de le suivre, ses griffes acérées s'enfonçant dans la roche tandis qu'elle grimpait avec une force brutale.

« Ah, tu veux me suivre ? Malheureusement, mon ami, il n'y a pas d'abonnement premium ici. Seuls les meilleurs peuvent me rattraper ! »

Arno se hissa rapidement sur un surplomb rocheux, prenant une position dominante au-dessus des créatures. De cette hauteur, il pouvait voir une vulnérabilité sous l'écaillage de la première créature. Juste là, entre les plaques rigides qui recouvraient son cou, une ouverture mince où sa chair était exposée. Le Sorceleur n'hésita pas. Il plongea en avant, Paulette tendue, et dans un mouvement fluide, il enfonça l'épée argentée profondément dans la chair de la créature.

Le cri de douleur de la Griffe de Roc résonna à travers les parois rocheuses, et une explosion de sang éclaboussa les pierres environnantes alors qu'elle s'effondrait sous le poids de l'attaque. Arno se redressa, son épée dégoulinante de sang, tandis que la créature s'effondrait lourdement sur le sol, ses convulsions finales la secouant avant qu'elle ne rende son dernier souffle.

« Voilà, Paulette. Une de plus pour ton palmarès ! » Arno essuya rapidement le sang sur sa manche, jetant un regard vers la dernière créature qui restait encore en vie. Elle semblait hésiter, reculant légèrement, ses yeux jaunes fixés sur lui.

Mais Arno ne laissa pas le temps à la Griffe de Roc de réfléchir. Il bondit de nouveau, roulant sur le sol poussiéreux avant de se relever avec une grâce presque féline. La créature, sentant sa fin proche, tenta une ultime attaque, projetant ses griffes vers lui dans une frappe désespérée. Ses griffes acérées fendirent l'air, mais Arno, avec une pirouette aérienne, esquiva l'attaque de justesse.

« Eh bien, tu es plus tenace que tes amis, je te l'accorde ! Mais il est temps de conclure cette danse. »

Arno, encore dans les airs après son saut, ajusta sa posture, se retournant en plein vol. Paulette, toujours prête, brilla d'un éclat argenté alors qu'il la planta avec précision dans le flanc de la dernière créature. Le rugissement de douleur de la Griffe de Roc fut presque assourdissant, mais Arno ne relâcha pas la pression. Il pivota sur lui-même en plein mouvement, enfonçant Paulette plus profondément dans les entrailles de la créature.

Arno se redressa, retirant Paulette du cadavre avec un soupir de satisfaction. « Eh bien, c'était... disons, satisfaisant. »

Il fit tourner Paulette dans sa main, l'examinant brièvement avant de lui parler avec un ton faussement sérieux. « Tu sais, Paulette, tu devrais vraiment me remercier. Ce n'est pas tous les jours que tu as l'occasion de briller autant. »

Il se retourna pour examiner les cadavres des Griffes de Rocs, puis jeta un coup d'œil à la quantité impressionnante de sang qui recouvrait désormais les rochers et ses propres vêtements. Il éclata de rire, se parlant à lui-même tout en regardant le ciel. « Eh bien, si quelqu'un cherchait un indicateur pour me suivre, je crois que cette scène sanglante va les aider... »

Il se redressa pleinement, passant la main sur son flanc où la créature l'avait blessé. La plaie s'était refermée, mais il sentait encore la douleur résiduelle. Avec son facteur autoguérisseur, Arno savait que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne soit à nouveau en pleine forme. La douleur n'était qu'une distraction passagère.

Se tournant enfin vers l'horizon, Arno s'étira, comme s'il venait simplement de finir un entraînement matinal. « Eh bien, je crois qu'il est temps de reprendre la route. Le désert ne va pas se traverser tout seul, et je commence à avoir hâte de voir ce fameux Rhuidean. »

Sans perdre son sourire, Arno essuya le sang de Paulette sur l'une des roches environnantes et rengaina son épée avec un geste théâtral. Son combat contre les Griffes de Rocs était terminé, mais il savait que d'autres dangers l'attendaient.

Mais pour Arno, c'était justement ça qui rendait le voyage intéressant.

« Allez, c'est reparti pour l'aventure ! »

Les Faucons des Dunes avançaient en silence, leur progression rapide et agile à travers le désert Aiel n'étant interrompue que par le souffle du vent chaud qui soulevait des vagues de sable autour d'eux. Rhuarc Serein-Eclair, à la tête du groupe, menait la marche avec une assurance froide. Chaque pas était précis, chaque mouvement calculé. Derrière lui, ses hommes suivaient avec la même discipline, les regards aiguisés par des années d'expérience en traque et en combat. La lumière du soleil déclinait, projetant des ombres longues sur le sol rocailleux.

Arrivés sur les lieux du combat, les Faucons des Dunes s'arrêtèrent net. Devant eux, les corps sans vie des Griffes de Rocs gisaient, des créatures que même les plus braves guerriers Aiels préféraient éviter. Rhuarc se figea, fixant les immenses lézards au corps déchiqueté. Les Griffes de Rocs, pourtant redoutées dans tout le désert, avaient été réduites à un amas de chair et d'écailles fracassées. Le chef des Faucons plissa les yeux, ses lèvres se resserrant en une ligne mince.

"Impossible..." murmura Daeva Cœur-de-Fer, son second, en observant la scène à côté de lui. Son visage, habituellement imperturbable, trahissait une incrédulité que Rhuarc partageait en silence.

Les Faucons des Dunes restèrent en silence quelques instants, chacun digérant l'ampleur de la scène qui s'étendait devant eux. Les Griffes de Rocs, ces créatures massives qui inspiraient la peur à tout guerrier, gisaient sans vie, abattues de manière brutale mais précise. Le soleil déclinant projetait des ombres menaçantes sur les rochers, renforçant la tension palpable entre les membres du commando.

Naeva Pluie-de-Pierres, la Sagette du groupe, s'approcha lentement des corps. Son regard s'attarda sur les écailles déchiquetées, les entailles nettes et profondes. Elle était habituée à la violence – tout Aiel l'était – mais il y avait quelque chose de perturbant dans la manière dont ces créatures avaient été éliminées. Elle serra les poings, ses yeux brillant d'une émotion contenue.

"C'est inhumain," murmura-t-elle, sa voix tremblante malgré ses efforts pour la rendre ferme. "Qui peut faire une chose pareille ?"

Rhuarc, toujours calme et posé, se tourna vers elle. "Quelqu'un d'extrêmement dangereux. Ou d'extrêmement désespéré."

Daeva Cœur-de-Fer, le second du commando, demeurait stoïque, son visage impassible devant la scène de carnage. Il s'accroupit près de l'un des Griffes de Rocs, examinant de plus près les blessures infligées. Sa main glissa sur une entaille particulièrement profonde, là où les écailles semblaient avoir été arrachées avec une force surhumaine.

"Pas seulement de la force brute," dit-il enfin, sa voix grave rompant le silence. "Chaque coup est calculé. Pas de mouvements inutiles. La précision d'un chasseur." Il se releva, jetant un regard vers Rhuarc. "Ce n'est pas quelqu'un qui frappe au hasard. Cet homme savait exactement ce qu'il faisait. Chaque coup est net, précis... Ce n'est pas le travail d'un débutant. Celui qui a fait ça savait exactement où frapper. C'est de la chirurgie.""

Tarak, qui s'était approché d'une autre carcasse, hocha la tête, son expression plus sérieuse qu'à l'accoutumée. "Ouais, j'aurais aimé voir ça de mes propres yeux. Ces créatures sont tout sauf faciles à tuer. Mais là, il les a dépecées comme des poulets." Il s'essuya le front en scrutant les alentours. "Ça ne me plaît pas du tout."

Le commentaire fit lever quelques sourcils, mais l'équipe resta concentrée. Rhuarc appréciait parfois l'humour de Tarak, mais il savait aussi quand il fallait maintenir le cap sur la mission. Leur adversaire n'était pas à prendre à la légère. L'efficacité de ses coups et la quantité de sang versé sans pour autant trouver un corps laissaient des questions sans réponse.

Naeva Pluie-de-Pierres venait de remarquer autre chose. Elle s'accroupit près d'une large tache de sang qui s'étendait sur plusieurs mètres. "Il y a quelque chose de plus... étrange ici." Ses doigts effleurèrent le sol imprégné de sang, et son regard se fit plus intense. "Ce sang... ce n'est pas celui des Griffes de Rocs. C'est du sang humain."

Rhuarc s'approcha, son expression impassible masquant la curiosité qui bouillonnait en lui. "Du sang humain ?" Il se pencha pour examiner la scène de plus près.

Naeva hocha la tête, ses yeux se fixant sur le chef du commando. "Oui, il y en a beaucoup... trop pour que quelqu'un ait pu s'en sortir vivant. S'il a perdu tout ça, il devrait être mort, là, quelque part." Elle désigna le sable maculé, son visage empreint d'une confusion croissante.

"Et pourtant," intervint Tarak, qui avait fait le tour des alentours, "on ne trouve aucun cadavre. Rien, pas de corps. Notre homme s'est volatilisé après avoir laissé la moitié de son sang ici."

Le regard de Rhuarc s'assombrit alors qu'il observait les signes du combat. "Il y a quelque chose qui nous échappe. Un homme seul, aussi talentueux soit-il, ne peut accomplir un tel massacre et repartir comme si de rien n'était."

Naeva, toujours accroupie près des traces de sang, ferma les yeux et tendit la main. Elle cherchait à ressentir une présence, une trace de magie, n'importe quoi qui pourrait expliquer l'absence de corps malgré la quantité de sang versé. Mais après quelques instants, elle secoua la tête, ses traits tendus par la frustration. "Je ne sens rien. Pas une once de magie. Tout cela s'est fait de manière... naturelle. Physique."

Tarak, les bras croisés, lança un regard à Naeva avant de commenter, son ton mêlant perplexité et amusement. "Si c'est naturel, alors ce gars doit être un monstre ou un démon. Tu crois que notre proie est l'enfant caché d'un Griffe de Roc et d'un aigle géant ?"

Naeva le fusilla du regard, mais elle ne répondit pas. La tension était palpable dans l'air, et malgré la tentative de légèreté de Tarak, l'inquiétude grandissait chez les membres du commando.

"Je ne crois pas aux démons ou aux monstres invincibles," déclara Rhuarc d'une voix grave, coupant net la discussion. "Mais cet homme... il est différent. Nous devons le traiter comme tel."

Daeva, qui n'était jamais du genre à laisser ses émotions transparaître, ajouta d'un ton réfléchi : "Peut-être que cet homme maîtrise des techniques qui nous sont inconnues. Ses mouvements sont trop précis pour être du simple hasard. Il a formé un style de combat, peut-être celui d'un guerrier venu d'ailleurs."

Rhuarc hocha la tête, toujours aussi impassible, mais son esprit tournait à plein régime. Il se tourna vers Tarak. "As-tu trouvé des traces de lui ?"

Tarak secoua la tête. "Rien de concret. Mais il a laissé un chemin de sang, alors, si on se dépêche, on peut peut-être le suivre avant qu'il n'ait eu le temps de se remettre de ses blessures."

Le chef des Faucons des Dunes réfléchit un instant, scrutant les alentours avec un calme calculé. Ils étaient face à une situation inédite, un adversaire qui défiait toute logique. Pourtant, c'était là que résidait leur force : les Aiels ne reculaient jamais devant l'inconnu.

"Nous allons le retrouver," dit Rhuarc, son regard fixé sur l'horizon désertique. "Et quand nous le ferons, nous devrons être prêts. Cet homme n'est pas comme les autres."

Tarak sourit légèrement, son habituel air léger revenant un instant. "Ça, c'est certain. J'ai hâte de voir quel genre de monstre on poursuit."

Mais dans les yeux de Naeva, l'inquiétude continuait de croître.