Dans une salle d'attente calme, à Munich, Genzo Wakabayashi, gardien de but de l'équipe locale, feuilletait distraitement un magazine de sport. Habitué à l'attente des séances de kinésithérapie pour soigner une vieille blessure, il observait discrètement les autres patients.

Un couple assis à quelques sièges de lui attirait son attention. La jeune femme avait une attelle à la cheville gauche et s'appuyait sur des béquilles posées contre sa chaise. Elle avait l'air fragile, le visage pâle, marqué par la fatigue ou peut-être autre chose. À ses côtés, son compagnon, un homme à l'allure nerveuse, tapait du pied avec impatience, vérifiant son téléphone à répétition.

Le silence fut bientôt rompu par sa voix sèche.
— Sérieusement, combien de temps ça va encore prendre ? Tu crois que j'ai que ça à faire ? grogna-t-il.

La jeune femme, visiblement mal à l'aise, murmura timidement :
— Je suis désolée... Je... je ne peux pas contrôler les retards...

Mais cela ne fit qu'enflammer davantage l'homme.
— C'est ça, toujours des excuses ! Si tu faisais attention, tu n'aurais pas cette cheville en vrac, non ?

Genzo fronça légèrement les sourcils. Son instinct protecteur, forgé par des années à défendre ses coéquipiers sur le terrain, s'éveilla. Mais il resta immobile, attendant de voir si la situation se calmait.

Le ton monta encore. L'homme se pencha vers sa petite amie, la pointant du doigt.
— Et arrête de me regarder comme ça, t'entends ? C'est toi qui me fais perdre mon temps, alors un peu de gratitude, ce serait pas trop demander !

La jeune femme baissa la tête, incapable de répondre, les mains tremblantes sur ses genoux. Genzo ne pouvait plus rester silencieux. Il posa son magazine sur la table basse avec un calme calculé, se leva, et s'approcha du couple.

— Excusez-moi, lança-t-il d'une voix posée mais ferme, est-ce que tout va bien ici ?

L'homme se tourna brusquement vers lui, surpris par l'intervention.
— Ça te regarde pas, mec. Occupe-toi de tes affaires.

Genzo soutint son regard, inébranlable.
— Quand quelqu'un se fait traiter de manière irrespectueuse devant moi, ça devient mon affaire.

La jeune femme releva les yeux vers Genzo, visiblement émue par son intervention. Mais son compagnon ricana, tentant de se montrer intimidant.
— Oh, et tu vas faire quoi, hein ? Tu crois que je vais écouter un gars qui traîne chez un kiné ?

Un sourire en coin apparut sur le visage de Genzo. Il croisa les bras, laissant entrevoir sa carrure imposante, résultat de sa carrière de gardien de but de haut niveau.
— Peut-être pas, mais je te conseille de te calmer avant de regretter tes paroles.

L'homme hésita, jetant un regard autour de la salle. Les autres patients observaient la scène avec attention. Gêné et sentant la pression monter, il grogna un "Tch" agacé et se laissa tomber sur sa chaise.

Genzo se tourna vers la jeune femme.
— Vous allez bien ?

Elle hocha timidement la tête, murmurant un "merci". Avant de retourner à sa place, Genzo ajouta, regardant à nouveau l'homme :
— La patience et le respect, ça s'apprend. Peut-être que tu devrais y réfléchir.

Il retourna à son siège tandis que la tension dans la pièce diminuait. La jeune femme lui lança un sourire discret, une lueur de reconnaissance dans le regard.

L'homme, visiblement vexé par l'intervention de Genzo, se leva brusquement de sa chaise, faisant grincer les pieds du mobilier sur le sol. Il lança un regard noir à sa petite amie, puis à Genzo, mais ce dernier ne cilla pas, restant stoïque.

Avant de partir, il s'adressa une dernière fois à la jeune femme, d'un ton glacial :
— Débrouille-toi pour rentrer toute seule. Moi, j'ai mieux à faire que de perdre mon temps avec toi.

Son mépris était tranchant, mais au lieu de provoquer une réaction de détresse, ses mots semblèrent libérer la jeune femme. Lorsqu'il quitta la salle d'attente en claquant la porte, un silence pesant suivit, avant que la tension ne retombe complètement.

La jeune femme, toujours assise, soupira profondément et posa ses mains sur ses béquilles, comme pour se recentrer. Elle releva timidement les yeux vers Genzo et murmura :
— Merci... Je... Je suis désolée que vous ayez dû intervenir.

Genzo s'approcha doucement, gardant une distance respectueuse, et répondit d'une voix calme :
— Ne vous excusez pas. Vous n'avez rien fait de mal.

Il s'accroupit légèrement pour être à son niveau, son regard sincère.
— Vous allez pouvoir rentrer ?

Elle hocha la tête, un léger sourire rassuré apparaissant sur ses lèvres.
— Oui, je trouverai une solution. Et... merci encore.

Genzo acquiesça, se redressant, puis retourna à sa place. Il reprit son magazine, mais il ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d'œil vers la jeune femme de temps en temps. Elle semblait plus légère, comme si l'absence de cet homme toxique avait enlevé un poids immense de ses épaules.

Quelques minutes plus tard, une infirmière ouvrit la porte pour appeler le prochain patient. Genzo, toujours attentif, s'assura que la jeune femme était prise en charge avant de partir à son tour, satisfait d'avoir pu intervenir au bon moment.

Après une séance de kinésithérapie particulièrement intense, Genzo quitta le bâtiment en réajustant son manteau pour se protéger du vent glacial qui balayait les rues de Munich. Alors qu'il marchait vers son appartement, il aperçut la jeune femme qu'il avait défendue plus tôt dans la salle d'attente.

Elle avançait péniblement avec ses béquilles, son attelle bien visible, luttant contre le froid mordant. Ses vêtements légers n'étaient clairement pas adaptés à cette météo, et chaque rafale semblait la faire frissonner davantage.

Genzo hésita une seconde, puis se décida. Il accéléra le pas pour la rattraper.
— Hé ! Vous allez bien ?

Elle sursauta légèrement en entendant sa voix, mais se détendit en le reconnaissant. Elle lui répondit avec un sourire timide :
— Oui, enfin... aussi bien que possible dans ce froid.

Il jeta un coup d'œil vers l'arrêt de bus où elle semblait se diriger et remarqua l'horloge électronique affichant l'arrivée du prochain bus : 50 minutes. Genzo fronça les sourcils, inquiet à l'idée qu'elle reste si longtemps dans ces conditions.
— Vous attendez le bus ? demanda-t-il.

Elle hocha la tête, tenant ses béquilles d'une main pour tirer légèrement son manteau contre elle.
— Oui... Mais il n'arrivera pas avant un moment.

Il observa ses joues rougies par le froid, ses mains tremblantes, et la manière dont elle serrait les lèvres pour ne pas claquer des dents. C'était évident qu'elle ne tiendrait pas près d'une heure dehors.

— Écoutez, dit-il d'une voix douce, je n'habite qu'à une rue d'ici. Si ça ne vous dérange pas, vous pourriez attendre au chaud chez moi.

La jeune femme sembla surprise par la proposition. Elle hésita, le regardant avec méfiance. Genzo remarqua sa réticence et fit un pas en arrière pour lui laisser de l'espace.
— Désolé, je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise, ajouta-t-il rapidement. Je m'appelle Genzo Wakabayashi. Je suis gardien de but pour l'équipe de Munich.

Il tendit poliment la main, un sourire rassurant sur le visage. Après un instant, elle finit par serrer sa main, bien que faiblement.
— Enchantée, répondit-elle. Je m'appelle Clara.

Elle sembla réfléchir un instant, regardant l'arrêt de bus désert et ses doigts déjà engourdis par le froid. Puis, avec un sourire timide, elle répondit :
— D'accord. Merci, c'est... vraiment gentil.

— Pas de souci, répondit Genzo, soulagé qu'elle accepte. Allons-y, ce n'est pas loin.

Ils se mirent en marche, Genzo ajustant son rythme pour ne pas la presser. Tandis qu'ils avançaient, il lui tint la porte de son immeuble, la laissant entrer dans un hall chaleureux et illuminé.
— C'est ici. Vous pouvez vous asseoir pendant que je vous prépare quelque chose de chaud, proposa-t-il avec simplicité.

Clara regardait autour d'elle, les yeux écarquillés par l'élégance de l'appartement. Les grandes baies vitrées laissaient entrer une lumière tamisée qui éclairait les meubles modernes et l'ambiance chaleureuse du lieu. Elle s'assit avec précaution sur le canapé en cuir, presque figée, comme si elle avait peur de laisser une trace.

La sonnerie de son téléphone brisa le calme de la pièce. Clara sursauta, saisit son appareil, et devint livide en voyant le nom de son petit ami s'afficher. Elle déglutit, visiblement tendue, et hésita un instant avant de décrocher, le téléphone tremblant entre ses doigts.

Genzo, revenant du coin cuisine avec une tasse de thé fumant, s'arrêta dans l'encadrement de la porte. Il fronça les sourcils en voyant l'expression de Clara changer.

— Allô… murmura-t-elle timidement.

À l'autre bout du fil, une voix forte et colérique se fit entendre, assez puissante pour que même Genzo en capte quelques mots.
— Où es-tu ? Pourquoi tu n'es pas encore rentrée ? Tu te moques de moi ou quoi ?

Clara recula légèrement, comme si les mots eux-mêmes la blessaient.
— J'attends le bus, répondit-elle d'une petite voix. Tu es parti… alors…

Mais son explication ne fit qu'attiser la colère de son petit ami.
— T'as intérêt à rentrer tout de suite ! Tu sais très bien que j'aime pas attendre ! Fais pas la maligne, Clara, ou tu vas vraiment le regretter !

Il lui raccrocha au nez. Le silence qui suivit fut encore plus pesant que les cris. Clara baissa lentement le téléphone, le regard perdu et les mains tremblantes.

— Je… Je dois y aller, dit-elle en se levant précipitamment, s'appuyant maladroitement sur ses béquilles.

Mais avant qu'elle ne fasse un pas, Genzo posa doucement une main sur son bras pour l'arrêter.
— Clara, attendez, dit-il calmement mais fermement.

Elle leva les yeux vers lui, visiblement sur le point de pleurer, mais aussi terrifiée à l'idée de contrarier son petit ami.

— Vous ne pouvez pas sortir dans cet état, continua-t-il. Il fait un froid glacial dehors, et ce type vous a déjà laissé seule une fois. Il ne mérite pas que vous vous mettiez en danger pour lui.

— Mais… Il va se mettre en colère si je ne rentre pas, balbutia-t-elle, l'air désespéré.

Genzo serra légèrement les dents, essayant de contenir la colère que cette situation lui inspirait. Il inspira profondément avant de parler, son ton restant posé, mais empreint de détermination.
— Écoutez-moi bien. Personne n'a le droit de vous traiter comme ça. Vous méritez bien mieux que des cris et des menaces.

Clara baissa les yeux, des larmes silencieuses coulant sur ses joues.
— Je… je ne sais pas quoi faire, avoua-t-elle dans un souffle.

Genzo posa la tasse de thé sur la table basse et se mit à sa hauteur, son regard sincère.
— Vous n'êtes pas seule, Clara. Vous pouvez rester ici le temps de vous calmer, et on trouvera une solution ensemble. Mais je ne vais pas vous laisser sortir dans cet état, surtout pas pour quelqu'un qui ne se soucie manifestement pas de votre bien-être.

Clara hésita, visiblement partagée entre la peur de la colère de son petit ami et le soulagement d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui semblait sincèrement se soucier d'elle. Après un moment, elle hocha timidement la tête, ses mains toujours crispées sur ses béquilles.
— D'accord… murmura-t-elle.

Genzo lui sourit doucement, espérant qu'elle comprenne qu'elle était en sécurité ici.
— Asseyez-vous, buvez votre thé. Et on va réfléchir à tout ça. Vous n'êtes pas obligée de faire face à ça seule.

Clara s'assit à nouveau, le cœur encore lourd, mais pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait un peu moins seule.

Genzo, toujours accroupi près de Clara, remarqua son téléphone qui vibrait encore dans sa main tremblante. Une nouvelle alerte "Gunther" s'affichait à l'écran. Il tendit la main avec calme, sans brusquerie.

— Donnez-moi ça, dit-il doucement mais fermement. Vous n'avez pas besoin de subir ça en ce moment.

Clara hésita, mais en croisant le regard sérieux et bienveillant de Genzo, elle finit par céder. Il prit le téléphone, le mit hors tension et le posa sur la table basse, loin de leur portée.

— Voilà, il ne viendra plus vous déranger pour le moment. Maintenant, asseyez-vous tranquillement et buvez un peu de thé.

Elle hocha la tête et fit un effort pour s'installer à nouveau sur le canapé. Genzo s'assit à son tour dans un fauteuil voisin, gardant une posture décontractée pour la mettre à l'aise.

— Clara, je sais que ce n'est pas facile, mais vous devez me parler de ce qui se passe. Je ne peux pas vous aider si je ne comprends pas la situation.

Clara, visiblement émue, baissa les yeux, serrant ses mains sur ses genoux. Elle prit une grande inspiration, puis commença à parler, sa voix tremblant légèrement.
— Gunther... il n'est pas mon petit ami, murmura-t-elle. C'est mon ex.

Genzo resta silencieux, lui laissant le temps de s'exprimer. Elle continua, hésitant parfois, mais visiblement soulagée de pouvoir enfin tout dire.
— On a rompu il y a quelques mois. En fait… c'est la deuxième fois qu'on rompt. La première fois, il avait fini par revenir, en me promettant qu'il avait changé, que tout serait différent. Mais... ça ne l'a jamais été.

Elle marqua une pause, essuyant discrètement une larme sur sa joue.
— Même maintenant qu'on n'est plus ensemble, il continue à s'imposer dans ma vie. Il m'attend devant mon travail, devant chez moi... Parfois, il entre dans mon appartement et refuse de partir.

Genzo fronça les sourcils, son expression devenant plus grave.
— Il squatte chez vous ? Vous avez essayé de le signaler à la police ?

Clara hocha lentement la tête, mais son expression montrait une profonde lassitude.
— J'ai essayé… Mais il est très convaincant. Il dit que c'est temporaire, qu'il n'a nulle part où aller. Et je me sens… coincée.

Sa voix se brisa légèrement sur le dernier mot, et elle détourna les yeux, visiblement gênée.
— Je n'arrive pas à m'en défaire.

Genzo serra légèrement les poings, contenant la colère qu'il ressentait pour cet homme qui abusait de la gentillesse et de la vulnérabilité de Clara. Il inspira profondément, puis parla d'une voix calme et posée.
— Ce qu'il fait n'est pas acceptable, et ce n'est pas à vous de porter ce fardeau.

Clara leva timidement les yeux vers lui, surprise par la détermination qu'elle voyait dans son regard.
— Je vais vous aider, dit-il avec une assurance tranquille. Mais avant tout, vous devez savoir que ce n'est pas de votre faute. Ce genre de personne… ils savent comment manipuler, comment vous faire culpabiliser. Mais vous avez le droit de dire non, le droit de reprendre le contrôle de votre vie.

Clara resta silencieuse un instant, ses yeux brillants d'émotion. Elle n'était pas habituée à ce genre de soutien, mais en cet instant, elle sentit pour la première fois qu'elle n'était plus seule face à Gunther.
— Merci, murmura-t-elle finalement. Je… je ne sais pas pourquoi vous faites ça, mais merci.

Genzo esquissa un sourire rassurant.
— Parfois, on a juste besoin de quelqu'un pour nous rappeler qu'on mérite mieux. Et croyez-moi, Clara, vous méritez beaucoup mieux.

Genzo observait Clara avec attention, remarquant les gestes nerveux qu'elle tentait de contenir. Elle semblait tendue, comme si une menace invisible pesait constamment sur elle. Une question lui brûlait les lèvres : Gunther l'avait-il déjà maltraitée physiquement? Mais il hésitait, ne sachant pas si c'était une question qu'il pouvait se permettre de poser.

Il choisit une approche plus prudente, essayant de comprendre l'urgence de la situation.

— Clara, est-ce que vous savez où il est en ce moment? demanda-t-il calmement, son ton laissant entendre qu'il voulait aider.

Clara releva la tête, ses yeux trahissant une peur qu'elle ne pouvait cacher.
— Il doit être devant chez moi, répondit-elle à voix basse. C'est toujours là qu'il attend quand il veut… parler.

Elle fit une pause, hésitant à en dire plus, mais finit par poursuivre, comme si elle ne pouvait plus garder cela pour elle.
— Mais… si je ne rentre pas assez vite, il viendra sûrement me chercher dans le quartier. Il sait que je n'ai pas pu partir trop loin du cabinet du kiné. Et vous êtes le seul à m'avoir parlé et il sait certainement qui vous êtes.

Ces mots firent tressaillir Genzo. Une colère sourde montait en lui, mais il la contint pour ne pas effrayer Clara davantage. Il comprenait maintenant que Gunther n'était pas seulement un ex envahissant; il était une menace réelle.

— Donc, vous pensez qu'il pourrait venir ici s'il ne vous voit pas rentrer? demanda-t-il pour confirmer.

Clara hocha lentement la tête, son regard fuyant.
— Oui… Il l'a déjà fait. Il déteste attendre, et il devient… il devient vraiment méchant quand il s'énerve.

Genzo sentit son poing se serrer malgré lui. Il devait agir, mais avec prudence. Clara avait besoin de protection, mais aussi de réconfort, pas d'un conflit qui pourrait aggraver la situation.

— Très bien, dit-il après un moment de réflexion. Écoutez, vous restez ici. Je ne veux pas que vous soyez dehors s'il rôde dans les parages. Vous êtes en sécurité ici.

Clara le regarda, incertaine.
— Mais… Et si…

— Et s'il vient, je m'en occuperai, coupa doucement Genzo, son ton ferme mais rassurant. Vous n'avez rien à craindre.

Il s'assit à nouveau en face d'elle, son regard grave mais bienveillant.
— Clara, je vais être honnête avec vous. Vous ne devriez pas avoir à vivre dans la peur comme ça. Ce qu'il fait, ce n'est pas normal, ni acceptable. Vous avez le droit de dire non, le droit d'être tranquille.

Clara baissa les yeux, ses mains serrant nerveusement l'accoudoir du canapé.
— Je sais… murmura-t-elle. Mais c'est tellement difficile. Il est partout…

Genzo posa une main rassurante sur la table, sans franchir les limites de son espace personnel.
— Vous n'êtes plus seule, Clara. Et je vous promets qu'on trouvera un moyen de mettre fin à ça. Mais pour l'instant, restez ici et reposez-vous.

Elle leva les yeux vers lui, des larmes menaçant de couler, mais une étincelle de soulagement visible dans son regard.
— Merci, murmura-t-elle, presque inaudiblement.

Genzo hocha la tête, son expression calme mais déterminée. Peu importe ce qu'il faudrait faire, il ne laisserait pas Gunther continuer à terroriser Clara.

Clara regardait fixement la tasse de thé entre ses mains, son visage blême. Bien que l'appartement de Genzo soit chaleureux et sécurisant, son esprit était ailleurs, envahi par une angoisse grandissante.

Les minutes s'écoulaient, et loin de se détendre, elle semblait de plus en plus nerveuse. Elle jetait des coups d'œil fréquents vers la porte, comme si elle s'attendait à ce que Gunther débarque d'un instant à l'autre.

Genzo, assis dans le fauteuil en face, remarqua son agitation. Il posa son propre thé sur la table basse et se pencha légèrement en avant.
— Clara, qu'est-ce qui ne va pas? Vous êtes en sécurité ici, je vous l'ai dit.

Elle leva les yeux vers lui, visiblement bouleversée.
— Ce n'est pas ça… Je sais que je suis en sécurité pour l'instant… mais je ne vais pas pouvoir rester ici éternellement.

Elle serra la tasse entre ses mains tremblantes et détourna le regard.
— À un moment donné, il faudra que je parte… Et quand je sortirai… Il sera là. Et il sera furieux.

Sa voix se brisa légèrement, et elle prit une grande inspiration pour tenter de se calmer.
— Je sais comment il est quand il est vraiment en colère… Et ça me terrifie.

Genzo sentit son estomac se nouer en entendant ces mots. Il savait maintenant que Gunther n'était pas seulement un homme possessif, mais qu'il représentait une menace réelle pour Clara.

— Clara, écoutez-moi, dit-il d'une voix calme mais résolue. Vous n'aurez pas à l'affronter seule.

Elle releva timidement les yeux vers lui, cherchant une lueur d'espoir dans ses paroles.

— Vous avez dit qu'il pourrait être devant chez vous ou rôder dans le quartier du cabinet. Si c'est le cas, alors il vaut mieux ne pas y aller seule. Je peux vous accompagner, ou mieux encore…

Il s'arrêta, réfléchissant à une alternative plus sécurisée.
— Vous pourriez appeler quelqu'un en qui vous avez confiance pour qu'il vous récupère ici. Ou même la police, si nécessaire.

Clara secoua la tête rapidement.
— Je ne veux pas… compliquer les choses, murmura-t-elle. Si je fais intervenir la police, il va s'énerver encore plus.

Genzo fronça les sourcils, mais il ne la pressa pas. Il savait qu'il fallait gagner sa confiance avant de lui proposer une solution plus directe.
— Très bien. Mais alors, laissez-moi au moins vous raccompagner. S'il est là, je m'en occuperai. Vous ne devriez pas avoir à affronter ça seule.

Clara hésita, ses mains toujours crispées sur sa tasse.
— Vous ne le connaissez pas… Il peut être très… persuasif. Je ne veux pas que vous ayez des ennuis à cause de moi.

Genzo esquissa un sourire rassurant, mais son regard était déterminé.
— Je peux gérer. Croyez-moi, je ne suis pas du genre à me laisser intimider.

Clara sembla réfléchir, pesant le pour et le contre, mais son visage trahissait toujours une peur omniprésente.
— Ce n'est pas juste… souffla-t-elle, plus pour elle-même que pour Genzo.

Genzo se leva lentement, attrapa une couverture qu'il posa délicatement sur ses épaules.
— Ce n'est pas juste, vous avez raison. Mais vous avez déjà fait un grand pas en parlant de tout ça. Et maintenant, laissez-moi vous aider à faire le prochain.

Clara resta silencieuse, mais une larme roula doucement sur sa joue. Pour la première fois, elle sentait qu'il y avait peut-être une issue à ce cauchemar, même si elle peinait encore à y croire.

Clara hésita un long moment, le regard rivé sur sa tasse de thé avant de lâcher d'une voix tremblante :
— Je suis déjà allée à la police… plusieurs fois. Mais ils disent qu'ils ne peuvent rien faire. Ils… ils disent qu'il leur faut des preuves.

Sa voix s'éteignit, et Genzo sentit une vague de colère monter en lui. Ses poings se serrèrent involontairement, et il se leva brusquement, faisant sursauter Clara.
— C'est insensé! gronda-t-il, sa voix plus forte qu'il ne l'avait prévu. Ils attendent quoi? Qu'il aille trop loin? Qu'il vous détruise complètement?

Clara, terrifiée par le brusque changement de ton, se recroquevilla sur elle-même, ramenant ses genoux contre sa poitrine. Elle cacha sa tête dans ses bras, tremblante.

Genzo se figea immédiatement en voyant sa réaction. La peur dans ses yeux, ses gestes défensifs… tout était clair maintenant. Ce n'était pas seulement de la manipulation ou des menaces que Clara subissait. Elle avait été frappée, peut-être plusieurs fois.

Il prit une profonde inspiration pour calmer sa colère et s'agenouilla doucement devant elle, prenant soin de ne pas paraître intimidant.
— Clara… Je suis désolé, murmura-t-il d'une voix douce. Je ne suis pas en colère contre vous, je vous le promets. Je suis en colère contre cette situation, contre lui, et contre ceux qui refusent de vous aider.

Clara releva lentement la tête, ses yeux rougis par les larmes, mais elle semblait légèrement apaisée par le changement de ton de Genzo.

— Écoutez, dit-il doucement, vous avez besoin de repos, et ici, vous êtes en sécurité. Venez, je vais vous montrer une des chambres d'amis. Vous pourrez vous reposer un peu, d'accord?

Elle hésita, son regard passant de Genzo à la porte, comme si elle avait peur que Gunther puisse apparaître à tout moment.

— Clara, vous ne pouvez pas continuer comme ça, insista-t-il doucement. Laissez-moi au moins vous offrir un endroit calme pour souffler un peu.

Finalement, Clara hocha la tête, trop épuisée pour protester davantage. Genzo se releva et lui tendit une main pour l'aider à se lever. Elle accepta timidement, et il la guida à travers l'appartement jusqu'à une chambre lumineuse et sobrement décorée.

— Voilà. Prenez le temps qu'il vous faut. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis juste à côté, dit-il en déposant un oreiller supplémentaire sur le lit.

Clara murmura un faible « merci » avant de s'asseoir prudemment sur le bord du lit.

— Reposez-vous, ajouta-t-il avec un sourire rassurant. Vous n'avez rien à craindre ici.

Il referma doucement la porte derrière lui, laissant Clara seule pour qu'elle puisse se calmer et réfléchir. En retournant dans le salon, il sortit son téléphone, bien décidé à trouver une solution pour aider Clara, même si cela signifiait aller plus loin que ce qu'elle osait demander.