Réponse à la question : "Arashi aura-t-il les pouvoirs du Rinnegan ou du Mangekyô Sharingan ?"

Les Yeux de Samsâra, en dépit de leur ressemblance, ne sont pas le Rinnegan ou le Sharingan, pas dans cette histoire. Et l'énergie occulte (cursed energy, in English) n'est pas le chakra. J'ai essayé d'adapter Arashi (Madara) à l'univers de Jujutsu Kaisen tout en lui laissant quelques pouvoirs "communs" développés grâce à sa vie passée, comme l'escalade d'arbres, la marche sur l'eau et le Genjutsu. Arashi ne pourra donc pas utiliser les Six Chemins, ni le Senjutsu, ou des kekkei genkai comme le Mokuton. Les récepteurs noirs sont une exception, car Arashi les crée grâce aux propriétés métalliques de son énergie occulte, pas grâce à ses yeux ou sa technique innée ; de la même façon que Kashimo génère une décharge de foudre avec son énergie électrifiée


La douleur le transperça avec la même intensité que l'épée empalant son torse. Les restes de son incommensurable chakra, égal à celui d'un Bijû autant en puissance qu'en quantité, cessèrent de parcourir ses méridiens ; l'adrénaline qui courrait dans ses veines depuis près de deux journées entières stoppa sa course, le laissant plus épuisé qu'il ne se souvenait jamais l'avoir été.

Ses mains perdirent toute force, le contraignant à laisser ses armes tomber dans la rivière sur laquelle il se tenait. Seules sa volonté, sa résistance et sa maîtrise du chakra lui permettaient encore de se tenir à la surface, témoignant de sa puissance, mais il savait à la sensation du métal froid et à la chaleur l'abandonnant peu à peu que cette danse était terminée.

« Tu m'as eu... Tu m'as surpris par derrière... »

La vue de la silhouette de bois de son adversaire devant lui, de même que l'épée le transperçant, le confirmait.

« Je l'ai fait pour notre village. » parla la voix à la fois douce et grave de son premier et dernier ami. « Ou plutôt... Pour mon village, pas le tien. »

Ces mots lui serrèrent ce qui restait de son cœur mourant, et il se surprit à sentir une larme couler sur sa joue.

« J'ai la responsabilité de veiller sur chacun de ses habitants : hommes, femmes, enfants, vieillards ; civils comme ninjas. Et je ne laisserai personne, ni mon frère chéri, ni mon meilleur ami, ni même mon propre enfant détruire ce rêve que j'ai eu tant de mal à construire. »

Ses dernières forces l'abandonnèrent, et il se sentit ployer sous son propre poids. L'ensemble de son corps lui semblait si lourd. Ses genoux heurtèrent la surface de la rivière, tandis qu'il sentait la dernière once de son chakra lui échapper.

Son sang remontant lentement de sa gorge, il parla :

« Tu as changé... Hashirama... »

« Tu ne m'as pas laissé le choix, Madara. » dit Hashirama avec tristesse. « Adieu, mon vieil ami. »

« Tu ne pourras sauver le village. Konoha finira inévitablement... par s'enfoncer... dans les ténèbres... »

La lumière se muta en obscurité, et il se sentit tomber en avant alors que la vie le quittait.


Arashi se réveilla avec un léger sursaut, sa peau recouverte d'une fine couche de sueur, puis prit quelques instants pour reprendre son souffle avant d'enfouir son visage dans sa main.

Madara...

Il avait presque oublié que ce nom fut le sien autrefois.

Depuis la résurgence de cette mémoire, il n'était pas rare que son esprit soit torturé durant son sommeil par les visions d'horreur et de guerre qui le hantaient. Ce n'était rien d'insupportable, mais cela demeurait très pénible. Les premiers mois furent d'ailleurs les pires. Néanmoins, peu à peu, les cauchemars, principalement emplis de scènes représentant la mort de sa famille, s'étaient estompés, mais il lui semblait que plus il grandissait, plus les souvenirs de sa vie passée remontaient des profondeurs de son subconscient. Cependant, lorsque les mauvais rêves de son ancienne vie s'affaiblissaient, ceux de l'actuelle donnaient l'impression de gagner en vivacité, et, à son dépit, il y était plus sensible.

Les souvenirs de la mort de sa mère et d'Akiko incarnaient encore une blessure qui refusait de se refermer. Lui et Satoru avaient simplement appris à s'en détourner. Et celui du dernier combat des Six Lunes était encore frais... La vision de ce spectre de Classe Spéciale massacrant joyeusement de ses abominables mains griffues ses compagnons d'armes, son rire cruel et malsain résonnant au sein de son Territoire morbide... Le corps de Ryûji explosant en une pluie de sang, de chair et d'os... La gorge arrachée de Fubuki disparaissant dans le gosier du Porteur de Doigt et la vue de sa trachée exposée à l'air libre... Le torse perforé de Hiroto d'où son liquide de vie se déversait comme une cascade... L'expression désolée de Tomoe alors que son sort renforcé les détruisait, elle et le fléau...

Il alla à la salle de bain s'asperger le visage d'eau dans l'intention de chasser ces pensées et de se débarrasser de la sensation du sang épais tâchant ses mains, puis enfila son survêtement avant de rejoindre – ou plutôt attendre – Shoko sur le terrain d'entraînement pour leur séance. Se dépenser physiquement l'aidait toujours dans la gestion de son esprit.

De tous leurs enseignants et camarades, il lui semblait être le seul à avoir réaliser le plein potentiel de son sort inné ; celui-ci n'avait certes aucune autre capacité que celle de lui permettre de produire naturellement de l'énergie positive, ce qui rendait en conséquence le fait d'utiliser l'énergie occulte dans sa forme primaire aussi difficile pour elle qu'il le serait pour un autre sorcier de créer ladite énergie positive, mais contre les fléaux, il constituait une arme redoutable.

En effet, en tant qu'entités purement et simplement constituées d'énergie négative, par opposition aux humains faits de chair et de sang, les fléaux étaient particulièrement vulnérables à l'énergie positive ; celle-ci possédait, de par sa nature, la capacité de compromettre leur structure corporelle et ainsi de les détruire, mais aussi de perturber une technique occulte.

De plus, l'énergie positive, en dépit de sa transformation, conservait la majorité des avantages de l'énergie négative, à savoir le renforcement du corps et des aptitudes physiques, en plus de sa capacité de guérison. Et Shoko, en réponse adaptative à sa technique innée, avait développé une force occulte considérable, supérieure à la moyenne des exorcistes de Classe Un.

Pour toutes ces raisons, et parce qu'il ne tolérerait en aucun cas qu'un de ses camarades ne sache ni se battre ni manier une arme convenablement, il avait invité Shoko à ses séances matinales.

Bien entendu, le premier réflexe de Shoko fut de l'envoyer se faire voir, même avec la promesse de financer son approvisionnement en cigarettes et en alcool. Néanmoins, en tant que shinobi aguerri de légende, il n'était rien si ce n'est un génie de l'ingéniosité stratégique et tactique ; pour atteindre son objectif, il avait alors entrepris de ne mentionner en aucun cas le sujet durant plus de deux mois, sachant bien que sa nature nonchalante l'empêcherait de s'en souvenir précisément, et choisi la fin d'une journée particulièrement stressante pour organiser une veillée de jeux à la fois de hasard et de société. Avec la connaissance que ni Shoko, ni Suguru, ni lui-même n'accepteraient de parier de l'argent, Satoru avait proposé des gages comme enjeu, comme il s'y attendait, et chacun avait accepté.

Dès lors, il ne lui restait donc plus qu'à remporter une seule partie pour finaliser son objectif. Hélas pour son plan, le jeu choisi par Suguru se révéla être le mahjong auquel il n'avait jamais joué auparavant, pas même durant les soirées de jeux de hasard de son clan. Il lui avait fallu perdre quatre parties et subir deux gages, dont l'un consistant à réciter en chanson une scène érotique d'un roman choisie par Satoru, avant de parvenir à déjouer son jumeau et leurs deux amis.

Le regard qu'elle lui avait lancé à l'annonce du gage choisi n'était pas particulièrement amical.

Celui qu'elle lui lança lorsqu'elle arriva sur le terrain vêtue de sa tenue de sport ne l'était pas davantage, malgré le fait que cela faisait déjà près de quatre mois qu'elle le rejoignait et qu'il ait réduit le nombre de séances auxquelles il lui faudrait participer durant les vacances.

Peu importe, elle le remercierait, un jour.

« Bien dormi ? »

Shoko plissa simplement les yeux en réponse, puis brandit ses poings.

« Je vais prendre ça pour un "oui". »

Il se mit en position, levant sa garde.

« Allez, dansons. »

Et ils s'échauffèrent rapidement avant qu'elle ne se jette sur lui avec une colère débridée, impatiente de lui faire payer une fois de plus la réduction de son temps de sommeil. C'était bien là le seul réconfort que la guérisseuse pouvait tirer de cet entraînement : la possibilité de frapper son camarade qui ordinairement se contenterait simplement de parer, d'esquiver ou bien d'utiliser sa Dématérialisation pour demeurer intouchable. Et contrairement à son jumeau, il n'était pas limité par la tension cérébrale qui accompagnait l'usage continu de sa technique occulte grâce à sa maîtrise du sort d'Inversion.

Arashi le voyait dans les yeux de Shoko et le sentait au flux de son énergie, elle éprouvait une certaine satisfaction. Au début, il la dominait complètement et sans réel effort, avec une faible quantité d'énergie occulte le renforçant physiquement et parfois même en gardant les yeux fermés, de par son habilité martiale supérieure et sa perception sensorielle. Aujourd'hui, cependant, les progrès de Shoko étaient visibles ; il n'avait pas encore besoin de canaliser davantage de sa force occulte, mais il devait désormais faire de réels efforts pour conserver l'ascendant sur elle, et sans les capacités prédictives de ses yeux, nul doute qu'elle lui aurait déjà porté plusieurs coups durs.

Il leva sa garde pour parer un coup de pied dont la force fit brièvement trembler ses bras de douleur, amenant un sourire léger mais sauvage sur son visage alors que ses muscles vibraient.

La perception des pulsations de force parcourant le corps à chaque mouvement n'était pas bien difficile à contrer, une vitesse suffisamment élevée et une certaine habilité la compenseraient – raison pour laquelle les duels avec Suguru étaient ses favoris, bien que le manipulateur n'en ait jamais remporté un seul. Sa faculté de précognition, en revanche... Non pas qu'il la détestait, loin de là, mais elle rendait certainement ses combats moins excitants. Aucune attaque ne pouvait tout simplement le surprendre.

Seul Satoru constituait encore un véritable défi, et seulement parce que sa maîtrise de son sort inné dépassait la sienne.

« Dépêchez-vous d'en finir, les tourtereaux ! » cria Satoru depuis le haut des marches. « Sensei a une mission à nous confier ! »

En parlant du loup...

Étouffant son agacement naissant, Arashi dévia le poing de Shoko qui se dirigeait vers son visage puis para le revers qu'elle lui lança, pas le moins du monde perturbé par l'interruption. Son amie haletait, transpirante d'effort, sans parvenir à empêcher l'irritation de se lire dans ses yeux.

« Nous avons presque terminé. »

Arashi se précipita en avant à son tour avec la ferme intention de mettre sa camarade à terre. Son attention focalisée sur elle, il ne parvint pas à percevoir avant le tout dernier instant le fléau de Classe Quatre qui se ruait vers lui. Il réagit instinctivement, balançant son poing renforcé par sa force occulte incommensurable sur le petit être difforme qui fut pulvérisé par la puissance pure du coup.

Son regard rencontra celui de Suguru qui affichait un sourire à la fois chaleureux et sournois, le faisant se figer l'espace d'une seconde.

C'était amplement suffisant pour que Shoko se jette sur lui, ses bras l'enfermant dans une prise d'étranglement et comprimant sa carotide. Elle avait été assez ingénieuse pour enrouler fermement ses jambes autour de son torse, bloquant ses bras. L'air lui manqua rapidement, le contraignant à poser un genoux à terre.

Bien entendu, il lui aurait été tout à fait possible de se défaire d'une telle emprise sans pour autant recourir à sa technique innée, mais il accepta de lui céder cette victoire.

« Quoi ? » fit-elle d'un air hautain après qu'il se soit relevé pour la regarder. « C'est pas toi qui dit toujours que dans un combat tous les coups sont permis ? »

« En effet, même si je trouve assez sordide que la distraction vienne d'une... », son regard se tourna vers Satoru et Suguru dont le sourire atteignait leurs oreilles, « source extérieure ». Il soupira : « Mais c'est ma faute. J'ai fait l'erreur de me laisser distraire, et tu en as profité. Nos séances ne sont pas inutiles finalement. Elles me rappellent que moi aussi, je dois me perfectionner davantage. Ou peut-être que je me ramollis à force de rester assis à écouter des conférences impertinentes. »

Shoko se moqua.

« Attends un peu que nous passions en troisième année, et tu les regretteras, ces conférences. »

L'embarras et la honte le suivirent jusqu'à ce qu'ils soient tous les quatre réunis devant Yaga. Un shinobi de son acabit commettant une telle erreur de novice, comme un vulgaire genin de l'époque du morveux Kyûbi... C'était humiliant !

« Je sais que la journée vient à peine de commencer, mais nous avons besoin de vous. » leur dit Yaga de sa traditionnelle voix grave et sévère. « Deux exorcistes n'ont pas montré signe de vie depuis deux jours. Je vous conseille d'être prudents, et de vous préparer au pire. »

Arashi remarqua que l'attitude enjouée de Satoru s'était éteinte, remplacée par une expression vide, mais l'agitation du flux de son énergie occulte le trahissait. Il vit la mâchoire de son jumeau se serrer.

Shoko, elle, abandonna sa nonchalance, commençant à fumer sa cigarette avec ce qui ressemblait à une frénésie morbide.

Il sentit lui-même un pincement d'inquiétude. Utahime était partie en mission avec Mei Mei deux jours auparavant...

« Voici votre mission : » annonça sombrement Yaga, « vous rendre à Hamamatsu dans le département de Shizuoka à l'ancienne demeure de la famille Akimichi, retrouver les exorcistes Utahime Iori et Mei Mei et procéder à l'exorcisation du fléau s'y trouvant, si ces dernières n'y sont pas parvenues. L'assistante vous attend sur le parking. Bonne chance. »

Aucun d'eux n'en avait réellement besoin, mais c'était la manière de leur professeur de leur souhaiter que l'ensemble de la mission, pas seulement son résultat, se déroule bien.


Près de trois heures plus tard, ils remontaient un chemin pavé, couvert de mousse et jonché de branches, s'enfonçant dans la forêt d'un promontoire. Le beau temps contribuait à rendre ce lieu moins sinistre et inquiétant qu'il ne devait l'être par temps de pluie, où tout aurait été sombre et gris.

Le manoir délabré et envahi par la végétation dense irradiait d'une quantité incroyable d'énergie occulte, suffisamment pour que Arashi ait pu la ressentir à près de cinq kilomètres. Sa perception sensorielle était peut-être puissante, mais le fait qu'il ait pu sentir cette force occulte à une si grande distance demeurait un témoignage du pouvoir qu'exerçait la malédiction sur le manoir.

Arashi fracassa le portail rouillé d'un coup de pied, et ils arrivèrent à l'entrée de la demeure.

« Dépêchons-nous de nous y mettre. » fit Satoru en s'avançant avec un air arrogant sur le visage, son ton supérieur masquant le léger tremblement à peine perceptible dans sa voix. « Il y a pas moyen que je perde trop de mon temps à secourir les faibles. »

Son flux d'énergie était toujours aussi agité qu'à l'annonce de l'identité des disparues par Yaga, faisant rouler les yeux d'Arashi qui empêcha Shoko d'allumer sa cinquième cigarette.

« Allons, Satoru, tu sais bien que c'est la responsabilité des plus forts de protéger ceux qui ne peuvent se protéger. » dit Suguru de sa voix douce.

Le porteur du Sixième Œil ricana avant de tendre la main vers le ciel, une étrange lueur bleutée y naquit un instant plus tard.

A quelques pas de là, avec Shoko à ses côtés, les yeux fermés de concentration, Arashi avait levé deux de ses doigts et commençait à réciter l'incantation de la baissée du Rideau : « Sors des ténèbres, voile plus... »

Il fut interrompu par un grand bruit de destruction qui ne pouvait être causé que par une seule technique. Il ouvrit les yeux avec ennui et fut accueilli par la vue du manoir brisé et déchiré en morceaux par le sort renforcé de l'Infini : Bleu. La structure tremblait jusqu'à ses fondations tandis que vitres, planches, tuiles et murs étaient aspirés par le champ d'attraction provoqué par la génération d'un espace négatif.

Une silhouette blanche et rouge jaillit bientôt des ruines, chutant sous quelques décombres.

Satoru s'avança vers le cratère qu'il venait de créer, et se pencha vers la personne occupée à s'extirper de sous les décombres, souriant à pleine dents.

« Je suis venu te sauver ! Salut, Utahime ! Bah, tu pleures ? »

« Satoru, je n'avais pas encore abaisser le Rideau. » gronda Arashi avant d'achever son incantation, ignorant les cris d'indignation de son senpai quant à l'arrogance de son jumeau.

Avec indolence, il se laissa ensuite tomber dans le cratère, atterrissant devant Utahime avant de lui tendre la main.

« Tout va bien, petite fleur ? »

« Oui... Il n'y a pas de problème. » gémit-elle, détournant le regard et essayant de masquer la rougeur sur ses joues.

D'un air indéchiffrable, Satoru s'approcha d'eux, posant sa grande main sur l'épaule de la miko alors qu'elle s'apprêtait à saisir celle de son frère.

« Tu es sûre que ça va ? »

Utahime le repoussa avec un grognement. Arashi leva les yeux au ciel.

« Ne pose pas tes mains sur moi ! »

Il la fixa quelques instants avant de lever sa jambe et de remplacer sa main chassée par son pied.

« Tu es sûre que ça va ? »

L'atmosphère devint silencieuse.

Arashi ferma les yeux avec lassitude, tandis qu'Utahime regarda l'aîné des jumeaux avec un mélange de fureur réprimée, d'incrédulité et de consternation. À quelques pas de là, la silhouette de Suguru tremblait silencieusement, son sourire dissimulé par sa main.

« Si c'était moi, tu m'aurais consolée ? » demanda Mei avec son traditionnel sourire narquois empreint de délectation, rompant le silence, sa chevelure argentée aux reflets bleutés brillant sous la lumière éclatante. « Parce que ça m'intéresse... »

« Ce serait inutile. » fit Arashi en agitant la main avec dédain. « Une simple liasse de billets t'aurait suffi, Mei. Tu n'as pas besoin de réconfort. »

Elle lui fit un clin d'œil séduisant tout en jouant sensuellement avec une des mèches encadrant son visage.

« Tu me connais si bien, Ashi. »

Il resta suprêmement indifférent à cela, tandis que Satoru enroulait ses bras autour de lui.

« Pourquoi aurais-tu besoin de réconfort, Mei ? Tu es trop forte pour ça. »

Mei fit mine d'être flattée.

« Tu trouves ? »

Bouillonnant de colère, Utahime pointa un doigt menaçant vers le jumeau aîné : « Gojo ! J'avais pas besoin de ton... »

Le gros fléau à l'aspect difforme jaillissant de terre derrière elle l'interrompit brusquement. Comme le lui dictait son instinct aguerri lui ayant permis de réagir dans le quart seconde suivant l'apparition du fléau, Arashi s'apprêtait à le faire exploser d'une simple décharge d'énergie occulte, telle une vulgaire Tête de mouche, lorsque un ver géant à la carapace couleur bois, bien plus grand et monstrueux, surgit du sol pour saisir la chose entre ses mâchoires vertes.

L'un des esprits maudits les plus forts que Suguru avait actuellement à sa disposition.

« Ne le mange pas. » ordonna-t-il à sa créature en sortant des ruines, un sourire enjoué peint sur son visage. « Je l'absorberai après. Et toi Satoru, arrête un peu de t'acharner sur les faibles. C'est nul. »

Satoru se moqua, toujours attaché aux épaules d'Arashi.

« Faut pas être malin pour embêter plus fort que soi. »

« Tu te rends compte que tu en rajoutes une couche, Suguru ? » demanda ironiquement Mei.

Les veines frontales d'Utahime semblaient prêtes à éclater. Ses dents grinçaient si forts qu'une part d'Arashi s'attendait à les voir se briser d'un instant à l'autre.

« Utahime ! » appela la voix chaleureuse de la seule femme des deuxième année, dissipant toute la colère de l'héritière Iori.

« Shoko ! »

« Sans nouvelle depuis deux jours, on commençait à s'inquiéter. »

« Shoko ! » cria Utahime en se ruant vers la guérisseuse pour la serrer dans ses bras. « Shoko, promets-moi de ne jamais devenir comme les autres imbéciles. »

Cette dernière rit de bon cœur.

« Aucune chance. Moi, je ne suis pas une tête à claques. »

« Attends... » fit la miko avec confusion, ignorant les moqueries des deux idiots derrière elle. « Ça fait deux jours ? »

« En effet » confirma Arashi en remontant les marches épargnées par la puissance destructrice du Bleu, traînant Satoru derrière lui avec Suguru fermant la marche. « Au sein de certaines barrières, le temps peut s'écouler différemment. C'est un phénomène assez rare, mais pas impossible. »

« Je vois... » dit Mei d'un ton plutôt désapprobateur.

« Un problème ? » demanda Utahime sans lâcher Shoko.

« Non, mais la mission a duré deux jours. Ce n'est pas du tout ce qui était convenu. Ils ont intérêt à augmenter le tarif en conséquence. »

« Toujours aussi cupide » dit Arashi avec un mépris à peine voilé.

Mei lui sourit simplement en réponse, tandis que Suguru les rejoignit.

« Allez, sortons de ce trou ! » s'écria Satoru, visiblement ennuyé.

Shoko approuva, impatiente de pouvoir prendre une douche.


Lorsqu'ils furent de retour en classe, Yaga les accueillit froidement et leur ordonna de s'asseoir. Au-dessus, une petite télévision diffusait l'actualité quotidienne qui parlait d'une fuite de gaz ayant provoqué l'explosion du manoir abandonné des défunts Akimichi.

Arashi roula des yeux tandis que Satoru déglutit.

Ils avaient des ennuis...

« L'un de vous avait promis de s'occuper du Rideau une fois sur place, » commença Yaga sombrement, « et comme elle vous a fait confiance, l'assistante est restée en retrait. Sauf qu'un certain élève a commencé à procéder à l'exorcisation de la malédiction avant que le Rideau ne soit abaissé. C'était qui ? »

La question était purement rhétorique, mais cela n'empêcha pas Shoko et Suguru de désigner Satoru du doigt.

Celui se recroquevilla légèrement avant de s'exclamer avec confiance : « M'sieur ! On balancera pas nos potes ! C'est pas notre genre ! »

Difficile de dire s'il avait réellement remarqué que leurs amis venaient de le dénoncer.

« Donc c'était toi » annonça sereinement Yaga.

Un instant plus tard, son poing s'écrasa sur le crâne de l'Honoré.

Ils se retrouvèrent plus tard dans le gymnase du lycée, avec Satoru et Suguru jouant au basketball, Arashi alternant entre méditer et faire des pompes en équilibre sur une planche à clous, son torse dénudé, et Shoko s'amusant avec les lunettes opaques du jumeau qui arborait une bosse sur la tête.

La planche était traversée par un nombre de clous étonnamment faible, ce qui aurait amplement suffi à percer les mains même d'un fakir expérimenté. Les yeux fermés de concentration, Arashi usait donc de sa force occulte pour empêcher les pointes métalliques de le transpercer ; un simple exercice avancé du contrôle du chakra qu'il appliquait dans l'intention de parfaire sa manipulation de l'énergie occulte.

Après tout, au même titre que l'Infini, l'Autorité Céleste nécessitait, même avec son don oculaire pour le soutenir, une maîtrise de l'énergie occulte décrite comme absolue.

Des voix fortes s'entrechoquant l'incitèrent à ouvrir les yeux. Satoru et Suguru se disputaient – encore une fois... – quant à leurs divergences d'opinions sur les forts, les faibles et leur place dans cette société tandis que Shoko s'écartait après avoir rendu ses lunettes à Satoru, une cigarette déjà allumée aux lèvres.

Elle en tira une bouffée avant de s'accroupir pour qu'Arashi puisse faire de même.

Il n'appréciait pas spécialement le fait de fumer ni les saveurs de la fumée aromatique, mais il ne pouvait nier l'effet apaisant qu'elle provoquait ; cela l'aidait à gérer les deux enfants à problèmes lorsqu'ils se chamaillaient à proximité de lui. De plus, Shoko avait besoin d'un camarade avec qui partager occasionnellement ses cigarettes.

Aucun des deux n'avait un résonnement erroné ou illogique. L'opinion de Suguru quant au fait que la puissance s'accompagnait de la responsabilité d'assurer la survie des plus vulnérables, il la comprenait ; c'était après tout l'un des devoirs fondamentaux d'un shinobi : protéger ceux qui ne pouvaient se protéger eux-mêmes, à l'échelle d'un clan comme d'un village ou d'une patrie. Et il y eut une époque où les Uchiwa signifiaient tout pour le guerrier et chef de clan qu'il fût, où il aurait réduit des nations entières en cendres pour sauvegarder les siens. L'opinion de Satoru, il la comprenait également. Pourquoi les forts devraient-ils assumer cette même responsabilité ? Pour quelle raison faudrait-il se donner une faiblesse qu'un ennemi exploiterait à la moindre occasion ?

L'attachement était autant une force qu'une faiblesse, pour des individus de leur acabit.

Il dissipa insensiblement ces pensées, et retourna à sa méditation alors que les puissantes auras des deux sorciers de Classe Spéciale se mirent à s'affronter, résonnant ensemble pour démontrer la forte volonté de chacun et la quantité de pouvoir qu'ils détenaient. L'air sembla s'épaissir et se tendre, comme un fil tiré prêt à se rompre, faisant régner dans la pièce une atmosphère écrasante qui aurait fait s'évanouir n'importe quel non-sorcier et mis à genoux même un exorciste de Classe Deux. Et aucun d'eux n'émettait de réel signe d'hostilité...

« Je me tire. » chantonna Shoko en disparaissant par la porte ouverte.

Arashi sourit avec amusement alors que leurs camarades se narguaient mutuellement. L'alarme allait bientôt se déclencher, et il récupérait le gagnant comme adversaire juste avant que leur professeur ne vienne tout arrêter.

La porte principale s'ouvrit brusquement, et Yaga apparut, dissipant toute la tension par sa simple présence.

« Dommage... »

« Vous avez fini de jouer, vous trois ?! Et Shoko, elle est passée où ? »

« Aucune idée. » dit Suguru.

« Sûrement aux chiottes. » ajouta Satoru.

Arashi roula des yeux, mais sans perdre son sourire amusé.

« Tant pis. » grommela Yaga après un lourd soupir. « C'est à vous que j'assigne cette mission. De toute façon, les supérieurs et Tengen ont insisté pour que vous vous en chargiez. »

À ses mots, Arashi descendit de sa position et alla remettre son haut et sa veste. Quelque chose concernant Tengen concernait également ses Sanctuaires et, par extension, le Japon tout entier.

Les trois exorcistes les plus forts de leur génération suivirent leur professeur hors du gymnase. Une fois de retour en salle de classe, Arashi s'assit sur sa table tandis que Satoru et Suguru s'écroulaient sur leurs chaises.

« L'Assimilation approche, n'est-ce pas ? » demanda le premier.

Yaga acquiesça.

Satoru parut confus.

« La stabilité du sort d'immortalité de Tengen arrive bientôt à son échéance. » expliqua Suguru. « Sa technique l'empêche seulement de mourir, pas de vieillir. Il lui faut donc assimiler le Plasma Stellaire afin d'enrayer le genre d'évolution que son sort cherche à faire subir à son corps. Le cas contraire, Tengen deviendrait un être supérieur certainement dépourvu de sa volonté, ce qui entraînerait la disparition des Sanctuaires à travers tout le pays. Dans le pire des cas, Tengen pourrait même devenir hostile envers l'humanité. »

« Je vois... » fit-il en se frottant pensivement le menton tout en comparant la situation avec les créatures fictives d'un de ses jeux vidéos.

« Malheureusement, l'identité du Plasma Stellaire, Riko Amanai, a fuité. » annonça sombrement Yaga. « On a donc deux groupes qui souhaitent l'éliminer et empêcher l'Assimilation : Q, l'organisation de maîtres des fléaux qui souhaitent voir la Société Occulte détruite, et le Culte Astral, la Confrérie du Réceptacle temporel qui vénèrent Tengen telle une divinité. Satoru, Suguru, vous assurerez la sécurité de Riko Amanai pour les deux prochains jours, puis vous l'amènerez à Tengen pour qu'elle puisse assimiler le Plasma Stellaire ! Si vous échouez, c'est toute la société qui en pâtira ! »

Le marionnettiste occulte s'approcha ensuite d'Arashi avec un dossier qu'il lui tendit.

« Arashi, ta mission à toi sera de retrouver et d'éliminer le maître des fléaux connu sous le surnom de "Tueur de sorciers". C'est un renégat d'un Grand Clan du nom de Toji Zenin. »

Arashi ouvrit le dossier qui ne contenait qu'une quantité lamentablement limitée d'informations : le nombre présumé de victimes – 72 –, quelques endroits où le traître Zenin avait été aperçu, notamment des restaurants traditionnels et plusieurs pistes de courses de bateaux, lui permettant d'en déduire que l'homme semblait apprécier les jeux d'argent, du moins les paris sportifs, et la bonne nourriture peu coûteuse, ainsi qu'une photographie d'une assez piètre qualité.

Elle était néanmoins suffisamment réussie pour permettre à son don oculaire de dresser un portrait de Toji Zenin. De grande taille, l'homme paraissait relativement jeune, avec une silhouette incroyablement musclée, des yeux verts et des cheveux noirs raides lui tombant jusqu'aux oreilles et possiblement une cicatrice plutôt imposante au coin de la lèvre.

Arashi était presque certain d'avoir déjà vu le Tueur de sorciers de ses propres yeux longtemps auparavant, mais sans un cliché plus net, il lui était impossible d'en être absolument sûr.

Quoi qu'il en soit, il était temps de se mettre en chasse...

« Ce n'est pas ce que j'appellerais des informations pertinentes. » dit-il en jetant le dossier sur le bureau de son professeur, l'intégralité de son contenu déjà mémorisé.

Yaga soupira.

« J'en ai bien conscience, mais les fenêtres n'ont pas pu faire mieux tandis que tous les exorcistes envoyés pour le neutraliser ont été tués. C'est bien pour ça que les supérieurs ont demandé à ce que ce soit toi qui t'en occupes. »

« Dans ce cas, je suppose que je pourrais éviter de les faire attendre. »

Et Arashi se leva, prêt à quitter la pièce. Ce fut à cet instant que Satoru choisit de se pencher par-dessus son bureau pour enrouler ses bras autour de la taille de son jumeau.

« Sensei ! Laissez-moi partir avec Arashi au lieu du méchant Suguru ! » supplia-t-il.

Arashi leva les yeux au ciel tout en lâchant un soupir agacé, sentant sa patience s'épuiser rapidement.

La réponse de Yaga fut directe et brutale.

« Non. »

« Mais sensei ! » gémit Satoru. « Et s'il se faisait draguer par des pervers ?! Je dois le protéger ! Il est trop mignon pour être mangé si jeune ! »

Il frotta son visage contre le dos de son frère, amenant une légère rougeur sur les joues pâles d'Arashi. Celui-ci soupira à nouveau avant de passer une main dans la chevelure ébouriffée de Satoru.

« Tout se passera bien, mon frère. Accomplis ta mission, et à mon retour, je nous préparerai du dango comme Akiko savait si bien le faire. »

Pour sceller sa promesse, il tapota de deux doigts le front de son jumeau, colorant légèrement ses joues. La vue de la moue du Porteur du Sixième Œil fit ricaner Suguru.

« Qui est l'aîné déjà ? »

Satoru lança un regard noir à son meilleur ami. Avec cette distraction, il ne remarqua pas que Arashi passait au travers de son étreinte comme s'il était un fantôme.

« Amusez-vous bien. » leur lança-t-il depuis la porte. « Et sois sage, petit frère. »

Sur ces mots, il disparut dans un vortex spatial.

Satoru jura en voyant que son jumeau s'était échappé à l'aide de son Autorité Céleste.

« ARASHI ! »