Chère Miss Weasley,

en repensant à tout ce qui s'est passé après la guerre, je me suis souvenu de ce jour chez Fleury et Bott où j'ai glissé un certain journal dans vos affaires. Je ne m'attendais pas à devoir vous écrire un jour, mais il me paraît nécessaire de clarifier une chose : je sais que c'était un geste lâche.

Vous n'étiez alors qu'une enfant, et je suis conscient que cet objet vous a plongée dans des ténèbres que même les plus grands sorciers auraient peiné à affronter. J'ai longtemps cru que mon rang et ma réputation justifiaient tout, y compris le pire. Il s'avère que je me trompais. Pourtant, ne croyez pas que je cherche un pardon ou une quelconque absolution. Je tenais simplement à ce que vous sachiez que je reconnais la gravité de cet acte.

Je sais aussi que vous avez fait des cauchemars pendant de longues nuits, et j'ose espérer que, désormais, vous dormez plus sereinement. Les cicatrices que l'on porte après la guerre sont nombreuses, visibles ou non, et il n'est pas nécessaire de les rouvrir, surtout quand on a déjà tant perdu.

Je ne prétends pas comprendre ce que vous avez enduré, ni ce que vous ressentez encore aujourd'hui. Je ne suis pas assez orgueilleux pour croire que quelques mots suffiront à effacer le passé. Mais mon nom, ma fortune, tout ce qui, autrefois, me semblait inébranlable, n'a pas plus de poids que ma responsabilité dans ce qui vous est arrivé. C'était un acte cruel, porté par la peur de perdre ce que je pensais être ma place dans ce monde.

Je ne sais pas ce que vous êtes devenue, ni où vos pas vous ont menée depuis la fin de la guerre. Mais je sais que vous étiez forte, déjà, malgré votre jeune âge, et je ne doute pas que vous vous soyez construite malgré l'ombre du journal. Je ne cherche pas votre indulgence, j'ai juste estimé qu'il était temps de ne plus feindre l'ignorance.

Puissiez vous poursuivre votre chemin en paix, loin des cauchemars que j'ai contribué à faire naître. Je n'attends rien en retour, mais il me semblait essentiel d'écrire ces mots, par respect pour ce que vous avez enduré.

Avec mes salutations distinguées,

- Lucius Malfoy.