Bonjour à tous ! Me voici de retour, et je profite de l'occasion pour vous souhaiter une nouvelle année des plus prospères ! ? Pendant les fêtes, j'ai enrichi mon vocabulaire à coup de lectures passionnantes et me suis plongée dans des recherches sur le langage du corps. J'ai aussi gagner une bêta lecteur que je remercie ^^
Je vous souhaite une excellente lecture !
CHAPITRE 5 :
Au beau milieu de la nuit, un homme d'une quarantaine d'années était attablé dans sa cuisine. Il écrivait des adresses et des noms lorsque quelqu'un frappa à la porte. Surpris, il sursauta, puis jeta un coup d'œil à l'horloge accrochée au mur. Il grogna dans sa barbe en constatant qu'il était déjà onze heures passé. Franchement, certaines personnes n'avaient vraiment aucune manière pour déranger à une heure si tardive.
Il se rendit à la porte et l'ouvrit tout en lançant d'un ton agacé : « Qui est-ce ?... »
Son visage devint aussitôt blanc comme un linge lorsqu'il reconnut son visiteur nocturne. La sueur perla sur sa tempe alors qu'il s'inclinait précipitamment.
« B-Bonsoir, Earl ! C'est un honneur de vous voir en personne. Entrez, je vous en prie. »
Les yeux mordorés d'Adam étaient glacials lorsqu'il planta son regard dans celui de l'homme nerveux.
« Je dois passer un coup de fil à l'un de tes confrères. Montre-moi donc le chemin. »
L'homme hocha frénétiquement la tête, se frottant les mains avec une nervosité palpable.
« Bien sûr... Par ici, je vous en prie. »
Il le conduisit jusqu'au salon. « Si vous avez besoin de quelque chose, je serai dans le couloir. » Adam le congédia d'un geste de la main, l'humain s'inclinant une fois de plus avant de sortir précipitamment.
Enfin seul, il lança un sort d'intimité par précaution. Ce serait gênant qu'il doive se débarrasser du courtier si celui-ci entendait par hasard quelque chose. Il n'avait pas temps à perdre à chercher un remplaçant.
Il souleva le combiné, composa le numéro et le porta à son oreille. Il attendit patiemment que son interlocuteur décroche.
« Ici Sheryl Kamelot à l'appareil, à qui ai-je l'honneur ? »
Sous son costume, Adam esquissa un sourire affectueux en entendant la voix lasse mais ferme de l'homme. Cela faisait bien deux semaines qu'il n'avait pas eu de ses nouvelles.
« Konbanwa, Sheryl ~ »
À l'autre bout du combiné, l'homme se redressa de sa position affalée, son visage s'illuminant comme si c'était sa fille chérie qui l'avait appelé.
« Earl-sama, à quoi dois-je le plaisir de votre appel ? »
« Road m'a fait part de ta venue hier. Je suis navré que tu te sois déplacé pour rien. »
Un petit rire s'échappa des lèvres du 1ᵉʳ ministre. « Il n'y a pas besoin de vous en excuser, j'en ai profité pour passer du temps avec mon adorable fille. »
« Bien, bien. D'ailleurs, de quoi voulais-tu me parler ? » demanda-t-il curieux.
Toute trace de joie fut remplacée par une façade calculatrice. Il croisa ses jambes et se pencha dans son fauteuil, son regard balayant distraitement les documents ayant encore besoin de son approbation. « Eh bien, hier, Road était accompagnée d'un enfant que vous auriez intégré à notre famille... » Son ton devint trompeusement doux : « ... Pourtant, ce garçon est dépourvu d'une mémoire, vous comprenez sans peine que je sois perplexe. »
Adam fixa d'un air vide le mur en face de lui.
« Ah. Road était censée te briefer sur les événements ayant conduit à cette intégration inédite. »
« Je crains qu'elle n'ait pas eu l'occasion de le faire, le garçon étant avec nous. » Sa contrariété de n'avoir pu être seul avec sa petite princesse n'était pas audible, contrairement à son expression aigre.
Le Comte soupira. Il aurait dû confier cette tâche à Lulubell.
« La nuit n'était pas très différente d'une autre ; je m'apprêtais à rentrer quand... »
Il raconta en détail l'interaction de cette nuit – l'innocence toujours maintenue sous silence – ainsi que les informations dont disposait le garçon. Il termina avec les règles établies.
Le silence s'installa entre eux : le patriarche laissait le temps à son interlocuteur de digéré les informations.
« Soyez serein, Earl-Sama, je ne compte pas traiter ce garçon comme un intrus. »
Le comte expira silencieusement, ses yeux empreints de déception. Il devrait déjà s'estimer heureux que Sheryl ne l'ignorerait pas, purement et simplement, comme le faisait son frère de sang.
Ils échangèrent quelques mots de plus avant que le comte ne raccroche, son sort se dissipant d'une simple vague de la main. Il retourna à l'entrée où le courtier l'attendait, anxieux.
« Voici la liste de mes plus récents clients. » Il lui tendit avec respect une feuille pliée.
Le patriarche l'accepta, jetant un coup d'œil-éclair à son contenu, et le gratifia d'un signe de tête et d'un « excellent travail » froid. Il sortit, s'éloignant de la maison isolée, sans un regard pour l'Akuma dissimulé.
On n'était jamais trop prudent, après tout, les humains trahissaient si facilement...
DGM
Le neuvième apôtre fixa d'un air vide l'Akuma ayant interrompu sa visite guidée.
La pauvre création du Comte se tenait figée à quelques pas du seuil, tiraillée entre son instinct de survie et le message qu'il devait délivrer. Un claquement de langue agacée venant de la fillette provoqua un sursaut, suivi de ce qui ressemblait vaguement à un arc respectueux fait dans sa panique.
« Pardonnez mon intrusion durant votre temps d... » Il se tut quelques secondes, ignorant de ce qu'il venait d'interrompre exactement, « ...pendant votre temps. Nous avons cependant reçu un appel de Maître Sheryl ; il vous convie ainsi que l'humain demain à un goûter. Quelle réponse souhaitez-vous que je lui transmette ? »
Un silence s'ensuivit. La crainte qu'éprouvait l'Akuma se transforma lentement en effroi face au manque de réponse et de geste de la fillette. Son train de pensée se composait de sa disparition imminente aux mains de celle-ci. S'il avait sagement attendu dans le couloir, sa destruction n'aurait pas à avoir lieu si peu de temps après son évolution.
Je n'ai même pas pu montrer ma valeur à mon créateur. Il ne saura jamais jusqu'où j'aurais pu évoluer, ni de ma motivation à lui être utile...
Il poursuivit ses lamentations intérieures sans prendre en compte que, si elle avait voulu le détruire, il n'aurait même pas eu le temps de faire ceci en premier lieu. Bien sûr, il y avait la règle non dite – mais clairement sous-entendue – de ne pas blesser d'Akuma devant l'enfant. Et la faille restait qu'ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient une fois celui-ci hors du champ de vision et d'audition.
Road songeait à si elle devait accepter ou décliner l'invitation de son père. D'ordinaire, elle n'y prêtait pas grande attention ; cependant, les circonstances n'étaient pas normales. L'homme se trouvait dans la fameuse période où sa paperasse et les réunions se multipliaient. Bien sûr, cette situation convenait parfaitement au Noah du Désir, puisque c'était son œuvre qui en était la cause.
Je me demande bien ce qui a pu pousser Sheryl à envoyer cette invitation...
Elle revint au présent et arqua un sourcil à la vue de la création du Comte, qui fixait la moquette comme s'il voyait un fantôme digne du plus grand conte d'horreur pour enfants qui n'ait jamais existé.
AKUMA
L'homme se redressa subitement, provoquant le sursaut du garçon, concentrant toute son attention sur sa maîtresse avec une crainte mêlée de respect.
« Oui ?! »
C'était une petite victoire pour lui que sa voix ne se soit pas brisée sous le coup de la peur, bien qu'elle ait pris un ton légèrement plus aigu que d'ordinaire. Il se convainquit que, comparé à d'autres, il avait mieux réagi, et s'accrocha à cette pensée pour préserver un semblant de dignité.
Road retint une grimace.
Mon Dieu, qu'il ressemble à Lero... Tiens, cela me rappelle que ce dernier n'était pas avec Millénie. Où peut-il bien être ?
Quelque part, très loin du manoir :
Le golem du Comte frissonna violemment, ses orbites vides balayant la chambre d'hôtel d'un air terrifié. Il était persuadé que cette sadique de Road avait mentionné son nom. Elle seule avait le don de provoquer une telle réaction chez lui.
Je ne remercierai jamais assez les jumeaux de m'avoir embarqué dans leur voyage !
La porte s'ouvrit brusquement, le faisant presque bondir hors de sa « peau ». Le duo en question venait de revenir, riant comme des imbéciles – ce qu'ils étaient, si le parapluie devait être honnête.
DGM
Écoutant attentivement le flot de paroles enjouées de sa domestique, Lulubell avançait d'un pas ferme dans les couloirs du manoir. Mimi se tut dès qu'elles atteignirent leur destination et ouvrit la porte pour elle. Lulubell franchit le seuil, balayant la pièce du regard. Le Noah du Rêve se trouvait à l'intérieur, grignotant des sablés en compagnie du garçon autour de l'îlot central.
« Vous ne devriez pas vous goinfrer entre les repas, » déclara-t-elle d'un ton réprobateur.
Regroupés dans un coin, les Akuma présents dans la pièce soupirèrent de soulagement. Le quatrième Noah allait probablement s'assurer que le Rêve ne s'attarderait pas trop dans les parages. Bien qu'elle fût plus calme que l'incarnation de la Colère, elle leur inspirait une peur tout aussi grande.
Allen sursauta, reposant le biscuit intact dans l'assiette. Il fixa la nouvelle venue à travers sa frange.
« Nous prenons juste un goûter un peu tardif, » déclara Road avec indifférence. Elle tendit le biscuit qu'elle tenait. « Tu en veux un ? Ils viennent à peine de refroidir, tu ne te brûleras pas. »
Lulubell déclina poliment. Elle n'appréciait pas particulièrement les sucreries.
Road haussa les épaules et croqua dans son biscuit. Elle inclina légèrement la tête, sans détourner les yeux de la jeune femme.
« Tu voulais me parler ? »
Lulubell acquiesça, appréciant de ne pas avoir à tourner autour du pot. « J'ai réussi à localiser les jumeaux, et je souhaiterais m'y rendre. »
Road cligna des yeux. « Pourquoi ne pas les appeler ? Ce serait moins contraignant que de te déplacer. »
« J'ignore s'ils sont trop stupides pour comprendre que les appels répétés à l'hôtel où ils séjournent leur sont destinés, ou s'il y a une autre raison. Mais je refuse de perdre davantage de temps à attendre qu'ils daignent répondre. »
La fillette ricana. Les connaissant, c'était sûrement la première hypothèse.
« Tu veux y aller immédiatement ou... ? »
« J'ai encore deux ou trois choses à régler avant mon départ. Peux-tu venir me voir dans ma chambre après le dîner ? »
La fillette acquiesça.
Satisfaite, la jeune femme inclina légèrement la tête en guise de remerciement et tourna les talons, laissant derrière elle des Akuma misérable.
Road observa le garçon. Il ne faisait aucun geste pour se resservir et semblait à nouveau refermé sur lui-même. Un soupir menaçait de lui échapper.
« D'apparence, Lulubell peut paraître froide, mais elle est en réalité très gentille et prend toujours soin de nous, » déclara-t-elle sortit de nulle part.
Allen ne prononcer pas un mot. Pour lui, les adultes étaient tous des menteurs. L'exception, sans conteste, était Mana... et peut-être le Comte Millénaire.
DGM
Accroupis derrière un buisson fabriquer par leurs soins, les incarnations du Lien observaient le poulailler avec une intensité presque comique.
« Je ne comprends pas pourquoi elles ne s'envolent pas pour s'échapper, » déclara soudainement Jasdero, l'air perdu.
Debitto tourna vers lui un regard étonné. C'était, il fallait l'admettre, une excellente question. Mais plutôt que de révéler qu'il n'en savait pas plus, il afficha un sourire arrogant et répondit avec assurance : « Elles sont tout simplement trop idiotes pour y penser. »
Le visage du blond s'éclaira, comme s'il venait de résoudre une énigme complexe.
« Tu as raison, hi hi hi. Les pauvres, trop bêtes pour prendre leur destin en main, hi hi hi. »
Non loin d'eux, Lero secoua sa tête de Jack-o'-lantern et poussa un soupir d'affliction. Leur stupidité innée n'avait d'égale que leur énergie débordante. Bien sûr, il aurait pu leur expliquer que, malgré leur appartenance au règne des volatiles, les poules étaient incapables de voler à cause de leur poids supérieur à ce que leur masse musculaire pouvait supporter. Mais pourquoi se fatiguer ? Ces deux-là le railleraient immédiatement, comme toujours.
« Bon, ce n'est pas tout, mais on ferait mieux de se dépêcher de les libérer, » lança Debitto avec une motivation retrouvée.
« Tu as raison. Nous allons les délivrer, hi hi hi ~ »
« CHUT ! Vous allez rameuter le fermier à hurler comme des hyènes, Lero ! »
Debitto fronça les sourcils, une veine pulsant sur son front. Il se pencha vers le golem-parapluie, le dominant de toute sa hauteur.
« Et toi, tu crois que ta voix de crécelle passe inaperçue, peut-être ? » lança-t-il d'un ton condescendant.
Face au silence vexé de Lero, Debitto esquissa un sourire moqueur.
« C'est bien ce que je pensais. Allez, va donc faire le guet et assure-toi que le fermier reste bien tranquille chez lui. »
Le golem s'envola sans répliquer. Une fois hors de portée des jumeaux, il se mit à fulminer à voix basse :
« Stupides jumeaux ! Ils ont bien de la chance qu'on doive rester discret, sinon ils verraient de quel bois je me chauffe, Lero ! »
En vérité, le malheureux golem se mentait à lui-même. Il savait parfaitement ce qui arriverait s'il osait défier Debitto. Ce dernier n'hésiterait pas à le menacer, et Lero, cédant à la panique, lâcherait des menaces tremblantes, impliquant que le Comte viendrait personnellement les punir pour l'avoir enlevé. Bien entendu, ce serait un mensonge éhonté. Au mieux, leur créateur les gronderait gentiment pour ne pas avoir demandé sa permission avant de l'emmener.
De retour avec les jumeaux :
La paire n'avait pas attendu que Lero atteigne son poste pour lancer l'opération : Poules en détresse. Ils avaient ouvert la grille et pénétré dans l'enclos sans la moindre difficulté. À présent, ils se retrouvaient à l'intérieur du poulailler, accroupis pour éviter de heurter le plafond bas, leurs regards glissant d'une poule à l'autre avec une confusion grandissante. Les habitantes, endormies, semblaient toutes identiques.
Jasdero tourna la tête vers son jumeau et pointa une des innombrables volailles du doigt.
« C'est elle, non ? »
Debitto plissa les yeux, fixant l'oiseau désigné avec intensité.
« J'en sais rien. Elles se ressemblent toutes foutrement ! »
Un silence gênant s'installa alors qu'ils échangeaient un regard perdu. Pas une seule seconde ils n'avaient envisagé qu'ils seraient incapables de reconnaître la volaille qu'ils voulaient embarquer.
« Et si on les réveillait ? Peut-être qu'elle deviendra plus évidente, » suggéra le blond, hésitant.
Debitto réfléchit un instant, les sourcils froncés, puis haussa les épaules. Après tout, pourquoi pas ? Il hocha la tête, approuvant l'idée.
Ce fut une erreur.
Le réveil impromptu des oiseaux se transforma rapidement en chaos. Prises de panique, elles se mirent à courir dans tous les sens en poussant des piaillements stridents. Certaines volaient maladroitement en l'air avant de retomber, des plumes virevoltant dans l'espace confiné. Le bruit agressa les oreilles des deux frères. Jasdero plaqua ses mains sur les siennes, gémissant, tandis que Debitto lâchait une série de jurons colorés.
Debitto se figea.
« C'était quoi ça ? »
Jasdero n'eut pas le temps de répondre qu'une silhouette noire et marron bondit dans leur direction.
« UN COQ ! » hurla-t-il.
La bête, toutes griffes dehors, s'éleva dans les airs comme un missile à plumes avant de s'écraser directement sur le visage de Jasdero.
« AAAH ! »
Il se redressa par réflexe, sa tête tapant violemment le plafond avant qu'il ne tombe en arrière, enseveli sous une avalanche de poules paniquées.
Debitto resta bouche bée une seconde avant de lâcher : « Oh, par le Comte, Jasdero se fait battre par un foutu coq ! »
Alors qu'il s'apprêtait à voler au secours de son frère, le coq tourna brusquement son attention vers lui, ailes écartées et crête flamboyante.
Debitto déglutit.« Euh... Jasdero ? Je crois qu'il a décidé que tu était son territoire maintenant. »
Dissimulé à l'entrée du poulailler, Lero oscillait légèrement d'avant en arrière. Un sourire sadique tordait sa bouche sculptée, et ses orbites vides semblaient se plisser sous l'effet d'une joie évidente.
«Je devrais peut-être les aider, Lero ~ Oh, pauvres jumeaux, se faire battre par des oiseaux sans cervelle, Lero ~ Haha...»
Trop absorbé par ce spectacle des plus réjouissants, il n'entendit pas l'agitation derrière lui, ni l'exclamation choquée. Ce ne fut que lorsque le bruit distinct d'un fusil chargé résonna qu'il se figea sur place, ramené brusquement à la réalité.
Son expression changea du tout au tout ; ses sourcils se froncèrent, ses orbites se rétrécirent, et des gouttes de sueur perlèrent sur le haut de sa tête en forme de citrouille. Lentement, il se retourna.
« Oh, misère, Lero... »
Saut de temps
Allen attendait, recroquevillé au bord du lit, que Road vienne le chercher pour le petit-déjeuner. La journée avait mal commencé. Ses muscles, douloureux et raides, lui rappelaient ce que Mana avait un jour décrit comme des courbatures. En plus de cela, une toux occasionnel semblait s'être installée, aggravant encore son malaise.
On frappa à la porte, le tirant de ses pensées. Il se crispa légèrement, forçant son corps endolori à se lever malgré la douleur.
« Entrez. »
La porte s'ouvrit sur Road son sourire éclatant illuminant la pièce.
« Bonjour, Allen ! »
Il lui rendit son salut, sa voix douce.
Son sourire disparut, remplacé par un froncement de sourcils qui assombrissait son visage de poupée. Elle s'approcha de lui, l'observant attentivement de la tête aux pieds avant de secouer la tête avec un soupir agacé, murmurant pour elle-même :
« Millénie, tu es un idiot. »
« Euh, Road, quelque chose ne va pas ? » demanda timidement le garçon, jetant un coup d'œil à ses mains pour s'assurer que sa difformité était bien cachée.
Elle acquiesça d'un air grave.
« Nous devons voir Millénie. Maintenant. »
Sans lui laisser le temps de poser une question, elle attrapa sa main et l'entraîna à sa suite. Allen se laissa faire docilement, presque habitué à ce que la fillette le conduise où bon lui semblait. Pourtant, une inquiétude sourde commençait à poindre en lui.
« Road, pourquoi allons-nous voir Monsi... Millénie ? » bégaya-t-il avec hésitation.
Elle resta silencieuse, avançant en mode pilote automatique. Il fallait vraiment qu'elle ait une discussion avec lui à propos du garçon. Deux jours sans prendre la moindre mesure ? C'était inacceptable.
Allen, de son côté, se mordillait la lèvre inférieure, jetant des regards furtifs vers Road. Son silence ne faisait qu'alimenter son anxiété. Son expression avait changé dès qu'elle l'avait vu, peut-être qu'elle en avait assez de lui.
DGM
Assis dans sa chaise à bascule, Adam levait de temps à autre les yeux de son tricot – une belle écharpe rouge – pour vérifier l'heure, sur l'horloge accroché vers la porte. Devoir patienter une heure pour un possible appel ? Quelle perte de temps.
Soudain, on frappa à la porte. Intrigué, il autorisa l'entrée d'un ton aimable.
La porte s'ouvrit sur Road, dont le visage de porcelaine était marqué par une expression mécontente. Son agacement semblait s'intensifier à chaque pas qu'elle faisait vers lui.
« Que se passe-t-il, Road ? » demanda-t-il, une pointe de préoccupation traversant son ton.
Elle s'arrêta devant lui, bras croisés contre sa poitrine.
« Tu n'aurais pas oublié quelque chose qui, je ne sais pas moi, aurait dû être fait hier ? » lança-t-elle d'un ton accusateur.
Il inclina légèrement la tête, visiblement troublé. Que lui avait-il donc promis ? Lui ramener Lero pour qu'elle joue avec ? Non, cela n'avait aucun sens. Peut-être l'aider avec ses devoirs ? Il fronça les sourcils, secouant doucement la tête. Ce n'était pas ça non plus, mais alors quoi ?
Face à lui, Road l'observait, incrédule. Sérieusement, il ne voyait pas de quoi elle parlait ? Comment était-ce possible ?
« Adam ! » lança-t-elle d'un ton exaspéré.
Il releva les yeux vers elle, arborant une expression innocent, avec ses grands yeux confus : « Je m'excuse mais je ne vois pas de quoi tu parles. »
Elle poussa un soupir, visiblement contrariée, avant de décroiser les bras pour les jeter en l'air dans un geste d'exaspération.
« Je parle d'Allen ! As-tu oublié que tu l'as emmené ici avec pour seuls vêtements ceux qu'il portait ? »
Ses yeux s'écarquillèrent, comme frappé par la révélation. Comment avait-il pu oublier ? Rangeant son tricot dans sa poche, il se leva d'un bond de sa chaise.
« Je vais envoyer un Akuma-»
Road posa une main sur son ventre, l'empêchant d'avancer.
« Non. Tu devrais plutôt me laisser l'emmener choisir lui-même ce qu'il voudrait. De cette façon, il n'y aura pas d'erreur ou de choses qu'il n'aimera pas. »
Ses mots semblèrent suspendre le temps. Adam resta immobile, analysant la proposition. Lentement, la tension dans ses épaules se relâcha, il reprit place dans sa chaise. Son regard se radoucit, et un sourire chaleureux illumina son visage.
« Alors je compte sur toi, mon petit rêve, » répondit-il, sa voix empreinte de tendresse.
Elle acquiesça, l'air sérieuse : « Tu peux compter sur moi. » Puis, avec une lueur espiègle dans les yeux, elle ajouta : « Mais de mon côté, je compte sur toi pour trouver une excuse à donner à mon école. »
« Je vais m'en occuper, » répondit facilement l'homme.
Satisfaite, Road le récompensa d'un câlin dans le style typiquement Kamelot, qu'il accepta avec un petit rire.
DGM
Allen mordillait nerveusement sa lèvre inférieure, jetant des regards anxieux à la porte close. Que pouvait-elle bien dire au Comte ? Pourquoi devait-il attendre dehors ?
Son estomac se tordait à l'idée qu'on lui ordonne de quitter le manoir. Il ne voulait pas, du moins pas encore. Le Comte Millénaire était la seule personne, après Mana, à l'avoir accepté, bras monstrueux compris. Pas de regard de dégoût, pas de mots cruels. Juste de la bienveillance.
Et Road. La jeune fille plus âgée avait été si gentille avec lui. Elle lui avait même prêté ses vêtements.
Baissant les yeux sur lesdits vêtements, il grimaça en remarquant combien ils étaient froissés. Il n'aurait pas dû dormir avec.
Il tressaillit lorsque la porte s'ouvrit soudainement. À travers sa frange, il vit Road sortir seule, refermant la porte derrière elle. Contre toute attente, elle arborait un sourire radieux. Pourquoi ne semblait-elle pas furieuse ou moqueuse ?
« Bonne nouvelle ! » annonça-t-elle joyeusement. Allen se raidit, méfiant. « Nous allons faire des emplettes ! » poursuivit-elle, son sourire s'élargissant.
« Pardon ? » murmura-t-il.
Road répéta, avec la même énergie : « Nous allons faire les boutiques. »
Allen pencha la tête sur le côté, visiblement confus. « Pourquoi faire ? »
Road hésita, partagée entre incrédulité et tristesse.
« Voyons, il te faut des vêtements. Millénie nous a déjà donné sa permission. Dès qu'on aura pris notre petit déjeuner, on pourra y aller. »
Elle se saisit de sa main, l'entraînant à sa suite avec entrain.
« Allez, plus vite on mange, plus vite on pourra partir. »
Ils parcouraient à peine quelques mètres lorsqu'Allen lâcha, presque à voix basse : « Je suis désolé, Road, pour avoir froissé tes vêtements. »
La remarque sembla la prendre de court. Elle tourna légèrement la tête, ses sourcils se fronçant imperceptiblement.
« Tu n'as pas besoin de t'excuser, ce n'est pas de ta faute. Par contre, tu peux blâmer Millénie. »
À ces mots, Allen releva brusquement la tête, les yeux écarquillés.
« Après tout, il aurait déjà dû te fournir des tenues. Franchement, à quoi pensait-il en- »
« Tais-toi ! » cria soudainement Allen, s'arrêtant net.
Surprise, Road fixa le garçon, remarquant ses poings serrés à s'en blanchir les phalanges et sa lèvre inférieure mordillée.
« Le Comte Millénaire n'a rien fait de mal ! » lança-t-il, la voix tremblante mais déterminée. « Il n'a été que gentil avec moi. Je ne te laisserai pas l'accuser à tort ! »
Road réprima un sourire. Il venait de réussir son test. Adam sera sûrement enchanté d'apprendre que le garçon l'avait défendu
D'un coup, Allen fut pris d'une quinte de toux. Il porta rapidement sa main à sa bouche. Road poser une main sur son dos, l'air inquiète.
« Tu vas bien ? » demanda-t-elle doucement.
Sa toux calmée, Allen marmonna : « Pardon, j'ai avalé de travers. »
Road haussa un sourcil, clairement peu convaincue, mais elle préféra ne pas insister. « Allen... » Le garçon leva les yeux vers elle, l'air mal à l'aise. « Je me disais simplement que Millénie avait été tête en l'air cette fois-ci. Je n'aurais cependant pas dû m'exprimer ainsi. J'en suis désolée. »
Allen resta un instant figé, choqué par ces excuses inattendues. Mais ce fut rapidement un immense soulagement qui l'envahit, ses épaules se relâchant visiblement. Il esquissa un petit sourire, timide mais sincère, que Road lui rendit avec une chaleur naturelle. Dans l'esprit d'Allen, Road gagnait encore plus d'admiration. Elle était vraiment quelqu'un de bien.
Ils reprirent leur marche, et les bavardages enjoués de la fillette rendirent le reste du trajet étonnamment agréable pour le jeune garçon.
DGM
« Vite, vite ! Dépêchez-vous avant qu'on ne nous voie, Lero ! » grinça le golem, sa voix encore plus stridente qu'à l'accoutumée sous le coup de l'angoisse.
Debitto, tenant fermement le parapluie, murmura entre ses dents : « Ta gueule ! C'est toi qui vas nous faire repérer à force de gueuler comme ça, sale bout de bois inutile ! »
Malgré ses paroles, il pressa le pas, atteignant enfin le sommet des escaliers. Il jeta un coup d'œil derrière lui pour vérifier si Jasdero suivait. Son jumeau grimpait les marches avec une facilité déconcertante, malgré le paquet volumineux et recouvert de draps qu'il transportait.
Quand Jasdero le rejoignit, Debitto lança : « Allez, grouille-toi maintenant ! »
Les jumeaux déboulèrent dans leur chambres. La porte claquant. Le silence se fit, mais une exclamation familière le rompit presque aussitôt : « Dame Lulubell ! » s'écria Lero, volant soudain hors de la main de Debitto.
Les deux frères se figèrent, leurs regards se braquant simultanément vers le parapluie qui tourbillonnait dans les airs, tout excité.
« Quoi ? Où ça ? » bredouilla Jasdero, son fardeau glissant de ses mains, heurtant le sol dans un bruit sourd.
Debitto se tourna vers lui, la panique dans les yeux.
« Non mais fais attention, idiot ! Tu veux briser la glace ou quoi ? » siffla-t-il, plus nerveux que réellement en colère.
Mais le brun n'eut pas le temps de vérifier l'état du précieux colis, car un mouvement capta son attention. Une silhouette féminine se tenait près de la fenêtre, presque invisible dans la pénombre. Lulubell, adossée calmement au cadre, les observait de ses yeux dorés, une froideur implacable dans le regard.
Pas un mot, pas un geste superflu. Elle dégageait une tranquillité presque oppressante, comme si elle attendait patiemment que les jumeaux s'enlisent davantage dans leur propre bêtise.
Debitto déglutit difficilement, un frisson lui parcourant l'échine. Jasdero, quant à lui, esquissa un sourire nerveux. Mais il n'y eut aucun rire pour l'accompagner cette fois-ci. L'ambiance glaciale semblait avoir figé toute envie de légèreté.
« On est dans la merde, » pensèrent-ils simultanément.
Merci d'avoir lu ce chapitre ! Vos avis, impressions ou simplement un petit mot me font toujours super plaisir et m'aident à progresser. Qu'avez-vous pensé de la scène avec les jumeaux et Lulubell ? Si quelque chose vous a marqué ou fait rire, n'hésitez pas à me le dire en commentaire !
Je tiens d'ailleurs à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris/suivies.
Hinatanatkae : Merci pour ce commentaire. J'ai apprécier le lire J'espère que celui-ci fera le même effet, sinon plus
Sur ce ciassu.
