Vous croyez que je vous avais oublié ? Mais me revoilà !

Ces derniers mois ont été un petit peu chaotique et je n'ai pas pu prendre le temps de me plonger sur ffnet... Je vais essayer de reprendre le rythme et de publier cette fic jusqu'au bout avant la fin de l'année !

Bonne lecture à tous et à toutes :)

Yume u_u


Chapitre 15 : Révélation ?

Le premier mois suivant la rentrée avait été relativement calme. Il n'y avait pas eu d'invasion de troll dans les toilettes des filles, pas d'attaque de basilique, pas de prisonnier d'Azkaban s'introduisant dans leur dortoir… C'était comme si finalement, à part l'absence de Harry, l'année scolaire était parfaitement normale, qu'ils allaient se contenter de subir des cours et des devoirs. La présence de Rogue en cours de Défense contre les Forces du Mal était finalement l'élément le plus perturbant de ce début d'année.

Malgré tout, Ron et Hermione n'avaient pas baissé leur garde. Depuis six ans qu'ils étaient à Poudlard, ils savaient que la première aventure commençait généralement fin octobre.

Ça ne manqua pas cette année non plus, même si le rebondissement n'était pas aussi impactant qu'un troll. Au matin du 31 octobre, la Gazette dévoilait une nouvelle scandaleuse. Sur la première page, accompagnés d'une photo d'Harry datant du Tournoi des Trois Sorciers, les gros titres annonçaient :

« La disparition du Survivant ! Les mangemorts ont-ils retrouvé leur Maître ? »

-Quatre mois après, tu parles d'un scoop, grogna Ron en parcourant vaguement le journal des yeux.

Luna, qui était venue manger à leur table ce jour-là, se pencha vers Ron pour lire à son tour. Son parfum envahit le garçon qui dut se concentrer de toutes ses forces pour ne pas rougir (probablement en vain).

-Ils ne sont jamais à jour. Le Chicaneur a fait un numéro spécial sur Vous-Savez-Qui depuis longtemps. Vous-Savez-Qui est Voldemort, au fait.

-On avait compris, soupira Hermione. Est-ce qu'ils parlent des recherches d'Harry ?

-Apparemment non. Ils reprochent justement aux aurors de ne pas s'être lancés à sa poursuite plus rapidement. Il y a même une remise en cause des compétences du ministre de la Magie.

Hermione lui arracha le journal des mains pour lire elle-même, ce qui lui fit lever les yeux au ciel. L'impatience de sa meilleure amie ne l'étonnait plus.

-Ils parlent des rumeurs sur l'Élu de la prophétie, annonça-t-elle après avoir tourné quelques pages. Mais ils ne sont pas encore au courant pour toi, Neville. Pour eux, Harry est leur seule option. Sinon, ils ne font qu'énumérer tous les responsables de la situation actuelle : le ministre qui a caché la vérité, les aurors qui n'ont pas mené d'enquête, Dumbledore qui n'a pas… Je ne sais pas, résolu tous les problèmes en un claquement de doigts apparemment ?

Elle haussa les épaules et tourna quelques pages supplémentaires pour trouver ce qu'ils disaient sur la potentielle résurrection de Voldemort. Les sourcils froncés, elle parcourut l'article de bout en bout avant de le reposer, moyennement satisfaite.

-Bon, ils n'ont pas retourné leurs vestes, mais ils envisagent désormais que Harry et Dumbledore ne disaient peut-être pas de mensonges l'année dernière. C'est déjà cela.

-Tu parles, grogna Ron.

En observant autour de lui, cependant, il vit que l'annonce de la Gazette ne laissait pas tout le monde aussi indifférent. Beaucoup d'élèves discutaient vivement au-dessus du journal, et nombre d'entre eux leur lançait des regards insistants. Ron savait qu'en tant que meilleurs amis du Survivant, ils étaient les premières cibles de la curiosité malsaine.

-Vous pensez que Dumbledore va faire un discours, cette fois ? demanda Neville en épiant la table des professeurs.

Le reste du groupe se tourna dans la direction désignée. Dumbledore était en grande discussion avec Rogue qui, lui, ne les lâchait pas des yeux. Les Gryffondor et la Serdaigle se retournèrent les uns vers les autres comme si de rien n'était. Ils continuèrent cependant à conspirer à voix basse :

-Est-ce qu'il faut qu'on fasse quelque chose, maintenant ? s'enquit Ginny en les regardant tour à tour.

-Que l'information soit publique ou non ne change pas grand-chose, fit remarquer Hermione. D'autant qu'il n'y a pas de prise de position du Ministère pour l'instant.

-Au contraire, nia Ron. Il va sans doute y avoir du mouvement en réaction à l'annonce. Neville, tu peux demander à ta grand-mère de surveiller les comportements inhabituels de quelques membres du magemagot ? Je te donnerai la liste.

Neville acquiesça.

-Je vais voir si notre père peut ouvrir l'œil au Ministère également. À mon avis, la récolte d'informations va faire un bond en avant très rapidement grâce à ça.

-À quelle étape du plan en sommes-nous ? questionna doucement Luna qui avait posé sa tête sur l'épaule de Ginny.

Ron sourit.

-Au ciblage.

.

-Draco !

Le Serpentard s'immobilisa dans les couloirs et se tourna pour voir Ron agiter le bras dans sa direction. Il grimaça, plus par principe que par réel agacement de devoir discuter avec lui, et laissa le rouquin approcher.

-Tu traînes encore avec la belette ? grogna Pansy qui ne parvenait décidément pas à s'y faire.

-Nous avons des intérêts communs, se contenta de répondre Draco.

Ron finit par arriver à leur hauteur et salua poliment la jeune fille avant de retourner toute son attention sur le blond.

-Tu auras du temps ce soir ?

Draco leva un sourcil surpris. Ce soir-là, il y avait une réunion de l'AD avec de nouvelles séances de duel. Draco ne manquait jamais une occasion d'y aller, surtout que jusqu'à présent, les tirages au sort ne lui avaient pas encore permis d'affronter l'équipe des protecteurs (ce qu'il attendait avec impatience).

Comme il n'avouerait cela pour rien au monde, cependant, il se contenta d'un laconique :

-Nous sommes vendredi.

Ron jeta un rapide regard à Pansy avant de préciser :

-Avant la séance, je veux dire.

Draco leva un second sourcil. Visiblement, ce n'était pas pour l'entraînement, mais pour la recherche d'information.

-Très bien. Je finis à 17 heures.

-Ça marche. On se retrouve à l'endroit habituel dans ce cas ?

Draco hocha la tête. Le Gryffondor n'attendit pas plus longtemps pour les saluer et s'en aller.

-Comme d'habitude, je ne comprends pas votre relation.

Elle s'accrochait au bras de Draco avec peu de subtilité, marquant son territoire comme si qui que ce soit aurait pu douter que c'était elle sa meilleure amie et personne d'autre, surtout pas un rouquin trop familier à son goût.

-Nous n'avons pas de relation, il n'y a donc rien à comprendre. Nous sommes juste obligés d'interagir par un concours de circonstances.

-Moui. Vous me paraissez quand même proches, fit-elle d'un ton soupçonneux.

Il leva les yeux au ciel et l'entraîna vers leur cours de sortilège.

-Nous ne le sommes pas. C'est mon futur beau-frère, et nous travaillons ensemble, voilà tout.

Elle demeura silencieuse un moment et la prise sur son bras se détendit légèrement. Son visage, cependant, était crispé. Elle pinça des lèvres avant de lui demander :

-Que penses-tu qu'il va se passer, maintenant ? Si le Seigneur des Ténèbres n'a plus besoin de dissimuler son retour, alors…

Il soupira, ayant une pensée pour sa mère restée en première ligne.

-Il va sans doute commencer à agir au grand jour, et les gens comme toi n'allez plus être aussi libres que jusqu'à présent. Attends-toi à rapidement recevoir une lettre de ton père, si tu veux mon avis.

Elle ne répondit rien, plongée dans ses réflexions.

Ils étaient presque arrivés à la salle de classe quand elle s'immobilisa, le forçant à en faire de même. Elle se mordillait la lèvre, hésitante. Finalement, elle tira son bras pour l'entraînait dans une des nombreuses pièces désaffectées du château. Draco ne se fit aucune illusion : même si ce genre d'endroit était souvent réservé aux déclarations d'amour et pratiques plus avancées de ce type de relation, ce n'était pas pour cela que Pansy verrouillait la porte et lançait une bulle de silence.

-Écoute Draco… Tu connais mes opinions sur tout cela. Les moldus, la politique, et puis la guerre. Je ne suis pas comme mon père, mais je ne suis pas non plus une traîtresse à mon sang.

Il craignait que cette conversation arrive un jour, mais il ne pouvait pas l'éviter davantage.

Elle s'apprêtait à lui dire que malgré leur amitié, elle allait devoir obéir et cesser de le fréquenter. Peut-être même de se préparer à l'affronter sur un champ de bataille si jamais les deux se retrouvaient obligés d'y participer. Il fallait s'y attendre, elle avait déjà tenu bien plus longtemps que Vincent et Gregory.

Ça ne lui plaisait pas. Pansy était sa meilleure amie, son amie d'enfance, la personne la plus proche de lui en dehors de sa mère… Mais il pourrait l'accepter. Pour son bien.

Elle prit une profonde inspiration et il serra les poings, prêt à encaisser.

-Je voudrais que tu demandes à tes petits copains de me mettre sous leur protection.

Ses poumons se vidèrent brusquement de surprise.

-Quoi ?

Elle le fusilla du regard, les joues rouges de honte d'avoir à quémander de l'aide.

-Ça va, ne fait pas ton effarouché ! C'est exactement ce que tu as fait toi aussi, je te signale !

Il se recomposa tant bien que mal un visage calme et l'incita à continuer.

Après un toussotement, elle s'exécuta :

-Il ne s'agit absolument pas de combattre aux côtés de Dumbledore, ne comptez pas sur moi pour cela.

-Ce n'est pas non plus ce que font mes « petits copains », comme tu les appelles.

Il l'avait interrompue sans pouvoir s'en empêcher. Il ne voulait surtout pas qu'elle pense qu'il était désormais lié au vieux fou ! Il avait encore un minimum à sauvegarder dans sa réputation…

Elle le dévisagea, suspicieuse.

-L'année dernière, on a pourtant arrêté des gens appartenant à une armée. L'armée de Dumbledore.

-Elle a changé de nom, et n'a en réalité jamais été affiliée au directeur. Nous sommes indépendants.

Il grimaça aussitôt, s'étant surpris à utiliser le « nous ». Il fallait croire qu'il commençait à se résigner à faire partie de ces résistants imprudents… Peut-être que sa réputation allait être fichue, finalement.

-Bon, peu importe, grogna Pansy en se frottant les mains. Je ne veux pas me battre, ni dans un camp ni dans l'autre. Ni dans le troisième, si on t'écoute. Par contre, si je ne rejoins pas ma famille à Noël pour me faire marquer, tu sais comme moi ce qui m'arrivera. Je serai déshéritée et… punie.

Elle déglutit. Son père n'avait jamais utilisé le doloris sur elle jusqu'à aujourd'hui. Cependant, ils avaient tous les deux conscience qu'il en était parfaitement capable si elle lui désobéissait pour quelque chose d'aussi grave. Surtout si cela le mettait en difficulté face au Seigneur des Ténèbres.

Draco eut mal au cœur de la voir si vulnérable.

-Si je ne rentre pas chez moi, il me faut quelqu'un pour m'héberger et me protéger. Est-ce que je dois prendre rendez-vous avec Dumbledore ou…

-Bien sûr que non, grogna-t-il en levant les yeux au ciel. Tu n'as pas à aller voir le directeur. C'est moi ton meilleur ami ! Je m'occupe de tout.

-Oh Dray !

Elle se jeta dans ses bras et il lui frotta maladroitement le dos.

-Cette situation est tellement horrible, murmura-t-elle d'une voix nouée par la détresse.

Il la sentait prête à éclater en sanglots, et la serra plus fort contre son torse.

-Ne t'inquiète pas. On va ramener Potter, et il va de nouveau nous sauver. On a un plan solide pour le sortir de là.

Du moins, c'est ce qu'il espérait…

.

Ron avait un tableau dans sa tête.

C'était un immense tableau, comme dans les bureaux de la police magique, avec une carte de Grande-Bretagne, des visages, des objets, des dates, des notes et des traits de lumière liant les éléments entre eux.

Quand il fermait les yeux, il le visualisait et pouvait le modifier à sa guise. Rajouter une information par ici, supprimer un suspect par là… Le tableau existait depuis fin juin, mais il n'avait cessé d'évoluer depuis. Aujourd'hui, il savait qu'il ne lui manquait plus grand-chose pour pouvoir l'utiliser, pour enfin monter la mission de sauvetage qui l'obsédait depuis le début de l'été.

Ron avait toujours été quelqu'un de dépendant. De sa mère, de ses frères, d'Harry, d'Hermione… Il était l'exécutif des plans des autres, le soutien des actions d'autrui, le sacrifiable dans le trio…

Pour la première fois, il avait dû prendre la charge des opérations. Parce que Harry n'était plus là pour décider d'agir sur un coup de tête, parce qu'Hermione était dépassée par la situation, parce que ses frères ne savaient rien et que ses parents auraient été impuissants. Parce que, pour la première fois, Ron sentait qu'il en était capable et qu'il était peut-être même le meilleur placé pour le faire.

Parce que tout cela, c'était comme une partie d'échecs. C'était Bill qui lui avait appris à jouer aux échecs, il y a des années.

« Tu ne peux pas toujours gagner sans rien perdre en échange. » lui disait-il en installant les pièces sur le plateau. « Tu as un seul objectif : prendre le roi blanc. Pour cela, tu dois sauver ton roi noir, et dans cet objectif, il faut penser à tout. Qui est-ce que tu dois déplacer. Où est-ce que tu dois poster tes tours. Abandonner tes pions. Sacrifier ta reine… » Encore aujourd'hui, Ron pouvait revoir son grand frère aux cheveux déjà trop longs et au sourire confiant, faire avancer sa première pièce d'une case en avant. « Maintenant, il faut que tu réussisses à ne perdre que ce qui est nécessaire, et à faire ce que tu peux pour sauver le plus de monde possible. »

Le roi blanc à abattre était Voldemort. Pour cela, il devait sauver son roi noir, Harry, et pré le plus de pièces possibles, quitte à métamorphoser ses faibles pions en autant de reines.

-Ron ?

Il leva brusquement la tête, sorti de ses réflexions par la voix de son futur beau-frère. Celui-ci venait d'entrer dans la Salle sur Demande transformée en un salon simple et vide, à l'exception d'une table et de deux chaises.

-Tu étais perdu dans tes pensées, fit Draco en tirant la chaise pour s'installer en face de lui.

-Ça m'arrive. Ton cours s'est bien passé ?

Il fut amusé de voir le Serpentard lever les yeux au ciel, comme à chaque fois qu'ils essayaient d'avoir une conversation personnelle.

-Peu importe. Je suppose que tu veux me parler de Théo ?

Ron sourit et acquiesça.

-Tu as pu trouver les infos que je t'ai demandées ?

-Évidemment ! Pour qui me prends-tu ? Tiens.

Il sortit de son sac un parchemin fermement roulé et scellé à la cire magique, probablement pour que Ron puisse être le seul à l'ouvrir.

-L'adresse du manoir moldue attaqué par Nott senior l'année dernière est marquée là-dedans. Et comme je suis particulièrement doué, j'ai même réussi à te trouver la liste des sortilèges de protections mis dessus.

Ron écarquilla les yeux, stupéfait.

-Sérieux ?

-Sérieux. Le véritaserum n'est pas une préparation si compliquée à faire, et Théo en savait un peu trop pour son bien.

Ron saisit le parchemin avec révérence.

-Tu ne critiques pas mon utilisation d'une potion illégale ? s'étonna Draco en croisant élégamment ses jambes.

Le Gryffondor ne put s'empêcher de pouffer à cette idée.

-Draco, on a fabriqué du polynectar en deuxième année pour s'introduire dans votre salle commune et t'espionner ! Ce n'est pas moi qui vais chipoter là-dessus.

Le blond le dévisagea, atterré.

-Comme d'habitude, je ne comprends pas tes blagues.

-Ce n'est pas une blague, on a vraiment fait ça. Hermione a brassé la potion, et Harry et moi avons pris l'apparence de Crabbes et Goyle.

Il garda pour lui le fait qu'Hermione avait été en partie transformée en chat. Draco n'avait pas besoin de savoir ça. Et son regard impressionné était trop savoureux pour le gâcher !

-Le polynectar est une potion assez compliquée à faire. En deuxième année tu dis ?

-Hermione remonte dans ton estime, pas vrai ?

Draco renifla et détourna les yeux.

-N'exagérons pas, mentit-il.

Ron pouffa et rangea le parchemin dans son sac sans l'ouvrir. Il restait encore un petit peu de temps avant que les autres membres de l'AD les rejoignent. Draco dut penser la même chose puisqu'il se décida à lui demander :

-Tu vas faire quoi avec ces informations ? Les transmettre à Dumbledore ? Au ministère ?

Ron le regarda intensément. Quelques mois plus tôt, il n'aurait certainement pas envisagé de répondre à cela… Mais Draco avait épié les enfants de mangemorts pour son compte et lui avait apporté beaucoup de données qui l'avaient aidé à développer son tableau mental. Ron supposait qu'il lui devait bien cela.

-Je ne fais pas confiance au ministère. Il est corrompu et envahi par les espions de Voldemort.

Draco frissonna à l'entente du nom du mage noir.

-Dumbledore, alors ?

Avec un soupire, Ron croisa ses bras sur sa poitrine et pinça les lèvres, en proie à une réflexion qui n'avait pas abouti malgré les heures qu'il passait dessus.

-Je n'en sais rien. Il m'a beaucoup déçu en juin quand Harry a disparu. Sans parler du fait qu'il a lui-même choisi de nous mettre à l'écart. Forcément, j'ai envie qu'on se débrouille tous seuls. Mais je sais aussi être réaliste : au Ministère, on a tous failli y rester, et on s'en est sortis uniquement grâce à l'arrivée des adultes travaillant pour Dumbledore. Alors… Je suis partagé.

Draco posa son coude sur la table, l'air pensif.

-Et les adultes en question, ils ne pourraient pas aider ? Si Dumbledore veut vous laisser à l'écart, ce n'est peut-être pas le cas de tout le monde…

Ron lui sourit sans un mot.

C'était effectivement ce qu'il avait en tête.

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Draco sortit de la réunion de l'AD avec un curieux détachement.

Il comprenait que le moment d'agir approchait de plus en plus, que l'espèce de statu quo qui les préservait jusqu'à présent touchait à sa fin. Cette sensation n'avait rien d'agréable, même si elle ne lui faisait pas vraiment peur pour autant. Il se sentait juste étranger à la situation.

Il soupira malgré lui, tentant de se reprendre.

Ron n'avait pour l'instant rien annoncé d'officiel. Et même si Draco était persuadé qu'il ne se trompait pas (il avait un trop bon instinct pour cela), il était trop tôt pour s'en inquiéter. Il suffirait d'aviser le moment venu.

Draco traversa la salle commune dans le silence pesant qui accompagnait chacune de ses apparitions depuis qu'il avait remis les provocateurs à leur place. Certes, il avait perdu le soutien officiel des Malfoy et avait changé de camp. Il n'en restait pas moins un sang-pur influent dans l'école, connu pour facilement dégainer la baguette.

À défaut de respect, il avait sans mal obtenu la paix par ici.

Les jumelles Flora et Hestia Carrow lui avaient même signifié leur soutien, un jour. Il avait cru comprendre qu'elles avaient également demandé à leurs parents de leur choisir un seul époux, mais qu'ils avaient refusé pour préférer deux mariages arrangés. Il supposait qu'elles trouvaient une sorte de réconfort à savoir que les jumeaux Weasley avaient eu gain de cause, eux.

Se réjouir du bonheur des autres était un concept très abstrait pour lui. Dans leur situation, Draco aurait été jaloux, mais il ne pouvait sans doute pas comprendre la façon tordue de penser de ces deux filles.

Il entra dans son dortoir et se figea.

Pour une fois, Blaise n'était pas présent à l'attendre. À la place, Vincent et Gregory étaient là, nerveusement debout au milieu de la pièce. Ils avaient sursauté à l'ouverture de la porte, comme pris en faute, et le regardaient depuis avec des airs de Scrout à Pétard.

Il soupira. Il avait aussi deviné que ceci arriverait.

-Si vous avez quelque chose à me dire, commençons par nous asseoir.

Ils parurent soulagés de voir Draco prendre l'initiative. Comme au bon vieux temps, pensa-t-il en se rappelant des ordres parfois absurdes qu'il leur donnait sans qu'ils ne bronchent. Une fois tous les trois installés sur leurs lits respectifs, Draco lança un « alors ? » qui leur permirent enfin de parler à leur tour :

-On a reçu une lettre de nos parents, commença Vincent. Ils ne veulent plus qu'on te parle.

-Parce que vous aviez le droit de me parler avant ? s'étonna Draco en levant un sourcil.

-Non, mais… maintenant, on n'a encore moins le droit.

Draco hocha la tête. Il s'y était attendu, ses deux anciens amis étaient dans la même situation familiale que Pansy après tout.

Cette fois, ce fut Gregory qui reprit :

-tu crois que tu pourrais changer d'avis ? Revenir de notre côté ? C'est moins amusant, sans toi…

Draco eut un sourire triste. Il savait que les deux garçons ne pensaient pas à mal en lui faisant cette proposition. Ils ne se rendaient simplement pas compte de ce qu'était vraiment une guerre, du sérieux de la situation actuelle.

-Non, Greg, je ne peux pas changer d'avis et revenir dans le camp de nos parents. Une fois que vous aurez la marque, vous ne pourrez plus changer non plus. Et le jour où on vous ordonnera de me tuer, vous serez obligés de le faire.

Vincent se dressa d'un coup, choqué de ce que venait de dire Draco. Gregory, lui, baissa la tête et se mit à sangloter.

Draco résista du mieux qu'il put, mais finit comme toujours par se lever pour aller le prendre dans ses bras. Il avait toujours été faible face aux larmes de son ami.

-Ne pleure pas, Greg…

-J'ai pas envie de te tuer, hoqueta-t-il en se recroquevillant sur lui-même.

-Je sais…

Vincent n'était pas dans un meilleur état, même s'il ne pleurait pas. On aurait pu croire qu'il s'était pris un coup de massue sur la tête.

Draco aurait voulu leur proposer l'asile, leur dire de changer de camp, eux, de venir se réfugier de son côté, leur assurer qu'il serait là pour leur donner des ordres et pour les protéger tant qu'ils en auraient besoin.

Mais il ne pouvait pas faire cela. C'était à eux seuls de faire la démarche, de prendre leur vie en main, comme Pansy l'avait fait. Draco ne pourrait pas toujours s'occuper d'eux, plus maintenant qu'ils étaient tous sur le point de devenir adultes et que de si lourdes conséquences résulteraient de chacun de leurs choix.

Ce soir-là, ni Gregory ni Vincent ne lui demanda de l'aide.

Ils étaient tous couchés quand Théo et Blaise rejoignirent leur dortoir.

Et rien n'avait changé dans leur destinée pourrie.

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