Chapitre 3 :
Mentor
Quatre mois avaient passé désormais depuis leur départ du système Black Angel et cinq depuis que l'Irae l'avait secouru. Harias avait trouvé une agréable routine sur le vaisseau et surtout, une ambiance très agréable et tranquille, sécurisante qui avait sur lui un effet providentiel. Il mangeait plus qu'à sa faim, était très bien installé, très bien traité, pouvait se reposer sans se soucier de sa sécurité et rien que cela relevait de l'extraordinaire pour lui depuis des décennies déjà. Cela faisait du bien, vraiment du bien même s'il continuait à faire des cauchemars comme il en avait fait toute sa vie. Mais il était habitué et n'en faisait plus grand cas. Ou plutôt, il se forçait à ne plus en faire grand cas même s'il n'y parvenait pas toujours, rarement en réalité. Sa vie avait été ce qu'elle avait été. La bonne nouvelle était qu'aujourd'hui, il avait des perspective beaucoup plus joyeuse et plaisante.
Désormais, Harias avait assimilé une masse gigantesque de savoir et de connaissances, d'enseignement et d'apprentissages... Starfleet et la Fédération n'avaient plus de secrets pour lui, du moins pour les données civiles publiques et il en était de même pour bien d'autres sujets. Le vaisseau et la technologie de la Fédération lui était aussi familière que s'il l'avait conçu lui même. Il commençait à se demander ce qu'il aimerait faire à Starfleet. Pilote de vaisseau était ce qui le tentait le plus surtout en sachant qu'il était susceptible de faire bien plus suivant les situations. Mais timonier était le poste qui l'attirait le plus, parce qu'il adorait voler et qu'il rêvait déjà d'essayer de piloter un tel vaisseau. Il avait déjà tout appris sur la chose et il était persuadé que ce serait génial. Mais ce n'était pas les postes les plus faciles à avoir. Pourtant, il put se mettre aux commandes du vaisseau bien plus vite qu'il ne l'avait imaginé.
Ce jour là, il était sur la passerelle pour observer comme environ une fois par semaine maintenant. Aujourd'hui, il allait assister à une sortie de distorsion en direct et il avait hâte de voir ça. Pourtant, son instinct revint le prévenir et il en fit silencieusement part au capitaine qui le prit immédiatement au sérieux vu la manière dont-il avait eu raison la dernière fois. Tous sur la passerelle le prirent d'ailleurs au sérieux et Pike ordonna la plus grande vigilance, faisant lever les boucliers. Et si tous pensèrent à une rencontre avec un ennemi, ce ne fut pas du tout cela. Sortant de distorsion, ils se retrouvèrent immédiatement dans un immense champs de débris qui percutèrent durement le vaisseau, bousculant tout le monde, des gerbes d'étincelles fusant. Harias parvint à rester debout sans mal, analysant sur le champs la situation avec minutie.
- Bouclier à cinquante pourcent ! s'exclama un officier de bord.
- Distorsion maximum sur le champs ! ordonna Pike en s'accrochant à son fauteuil alors qu'ils étaient secoués en tout sens. Sortez nous de là !
- Les moteurs ont été endommagé au premier choc monsieur ! Impossible de repasser en distorsion !
Harias vit le pilote se démener pour tenter de les sortir de là, sans aucun succès.
- Bouclier à trente pourcent !
Pourtant, lui voyait un chemin dans le champs de débris, difficile mais un chemin quand même et le vaisseau n'encaisserait pas beaucoup plus de chocs. Il sentit sans mal le désespoir, la panique et l'impuissance du pilote, agissant sur le champs. Il bondit, sortit l'homme de son fauteuil sans ménagement pour prendre sa place et se mettre à son poste. Il fit immédiatement sortir les commandes manuelles, prenant les manettes alors que la plus part de la passerelle se rendait à peine compte qu'il avait bougé. Et s'il n'avait jamais fait ça, les connaissances étaient ancrées en lui et voler, il savait faire. Il se mit en action, prenant les commandes du vaisseau, le faisant brusquement virer pour éviter une énorme météorite qui les frôla certainement à quelques centimètres. Il donna une brusque accélération pour passer entre deux autres menaçant de les écraser. Puis il pila et fit remonter l'Irae en piqué, louant l'existence des inhibiteurs inertiels pour ne pas retourner complètement l'équipage. Il partit en oblique arrière, mettant presque le vaisseau sur le dos avant de redresser en suivant la courbe d'une immense pierre. Accélérant brusquement, il effectua ensuite une impressionnante vrille entre des obstacles plus petits. Il activa ensuite les armes pour tirer avec les phaseurs sur un autre bloc de roche gigantesque. Quatre tirs très précis suffirent à la briser en deux juste avant qu'ils ne s'écrasent dessus et il guida l'Irae dans l'étroit couloir qui s'ouvrait à toute vitesse, quelques écart millimétrés lui permettant d'éviter d'autres obstacles. Il termina par un nouveau piqué vertical et finalement, ils furent sortis du champs de débris, plus rien ne gênant.
Prudemment, il éloigna rapidement le vaisseau de là avant de stopper pour qu'on puisse se rendre compte qu'ils étaient sortis de distorsion pile dans ce qui semblaient être les abords d'une planète détruite pour une raison ou une autre. Il restait un quart de sphère laissant deviner l'astre d'autrefois. Il arrêta le vaisseau en zone de sécurité, un silence ahuris planant sur la passerelle immobile, seul les alarmes raisonnant. Il désactiva la commande manuelle, faisant disparaître les manettes, avant de se lever et de tendre une main au pilote qui s'était retrouvé jeté au sol par sa sortie brusque de son siège. Le regardant stupidement, l'homme prit sa main sans vraiment y penser et il le releva avec force avant de reculer d'un grand pas. Il s'inclina en excuse devant lui, le stupéfiant un peu plus. Puis il se redressa, se tourna vers Pike et s'inclina en excuse de la même manière pour ne plus bouger. Et ce fut cela qui fit réagir le capitaine. Christopher se leva et s'approcha de lui avec un sourire doux, posant une main sur son épaule. Harias se redressa alors pour le regarder :
- Vous n'avez pas à vous excuser, fit-il. Vous venez de tous nous sauver, remarqua-t-il. C'était absolument prodigieux. Merci. Merci beaucoup Harias.
Il fut suivis pas les applaudissement de tout les membres de la passerelle, détendant l'être ailé qui accepta simplement avec une inclinaison de tête. Pike réveilla pourtant bien vite tout le monde, lançant ses ordres, demandant des rapports de dégâts et Harias revint se poster près de lui lorsqu'il s'assit dans son siège. Ce fut l'agitation sur le vaisseau et très vite, on déplora des dégâts assez conséquents et pas mal de blessés mais rien d'irréparable et pas de vie en danger miraculeusement. La passerelle cordonna les actions pour tout ce qu'il y avait à faire et une heure plus tard, il y eut une accalmie. Il y en aurait pour un bon moment de réparation pour remettre la distorsion en service mais ils avaient pu s'assurer de leur sécurité pour le moment et tout avait été pris en main. Le calme revint alors tranquillement et Pike se tourna vers Harias.
- Vous savez piloter ?! s'étonna-t-il légèrement.
Harias hésita sur la réponse, faisant un signe vague en haussant les épaules.
- Vous rigolez ? s'amusa le capitaine. Nous vous avons tous vu faire, vous étiez extraordinaire. Vous pilotiez des vaisseaux avant ?
Il fit signe de négation.
- Des navettes ?
Nouveau signe négatif.
- Vous n'aviez jamais piloté ce genre d'engin avant ? fit alors Pike totalement ahuris par cette supposition comme toute la passerelle qui écoutait.
Harias fit signe de négation, les stupéfiant tous.
- Comment avez vous appris ? demanda le capitaine très curieux.
Harias sortit alors sa tablette qu'il gardait sur lui, l'allumant et y cherchant quelque chose, tous patientant sans remarque. Finalement, il la retourna vers le capitaine qui sembla encore plus surpris.
- « Starfleet, manuel de pilotage » ? lut-il. Vous avez juste lu ça ?
Harias acquiesça, terminant de totalement les surprendre.
- Vous aviez déjà piloté quelque chose avant ? demanda-t-il en peinant à rester concentré.
Harias chercha autre chose sur sa tablette avant de faire signe d'approximation et de montrer un petit avion de plaisance, les soufflant totalement.
- Wouaw, fit très éloquemment le capitaine. Vous êtes meilleurs que la plus part des pilotes de Starfleet à votre première fois en situation de danger réel, en commande manuelle, après avoir juste lu un manuel et piloté un avion de plaisance. Qu'est-ce que cela serait si vous étiez sérieusement entraîné pour ça, remarqua-t-il. Merci beaucoup Harias, sourit-il.
Il lui sourit simplement avec un signe de tête, montrant ses ailes avec un petit air taquin.
- Oui, acquiesça le capitaine. Vous avez vraiment ça dans le sang on dirait, s'amusa-t-il.
Une nouvelle fois, son exploit avait très vite fait le tour du vaisseau et on l'avait grandement remercié de les avoir sortis de là et pour sa maestria au pilotage, tous soufflés qu'il y soit parvenu ainsi en ayant juste lu un manuel. Pour les scientifiques du vaisseau, cela ne faisait que prouver les très grandes capacités de son espèce, les enthousiasment un peu plus à son sujet. Les réparations prirent un moment et heureusement, il n'y eut pas de problème dans ce laps de temps. Après étude, les scientifiques estimèrent que la planète en miette avait été détruite par une collision avec un énorme météore. Et tant qu'ils étaient là, ils en profitèrent pour jeter un œil à cette planète et à son système. Harias se retrouva traité en héros sur le vaisseau et ce fut bien différent de son passé. Là, il y avait une immense reconnaissance pure envers lui, des remerciements vrais et pas une recherche d'intérêt et de célébrité. C'était très différent et beaucoup plus facile à accepter, beaucoup plus gratifiant et bien plus simple.
Harias était installé assis devant une baie d'observation, ses ailes posées derrière lui totalement détendue. Il observait la planète éclatée et morte, se demandant s'il avait eu de la vie dessus lors de cette catastrophe. D'après les observation, la planète avait été sur une orbite autour de son étoile propice à la vie mais cette orbite avait aussi pu changer avec la collision alors rien n'était sûr et s'il était maître de la mort, il aurait fallu qu'il pose le pieds sur la planète pour savoir. Mais ce qui lui occupait vraiment l'esprit était une demande qu'il avait à faire au capitaine. Il avait beaucoup réfléchi et avait pris sa décision. Restait à savoir si l'homme l'aiderait comme il l'avait sous-entendu dans leurs discussions et il se sentait étrangement stressé dans sa démarche. Ce fut comme s'il entendait ses pensées que le capitaine apparut, lui demandant la permission qu'il reçu d'un signe de tête avant de s'asseoir près de lui face à la baie vitrée. Ils restèrent un moment en silence, dans une ambiance sereine comme ils le faisaient souvent. Christopher semblait apprécier cela autant que lui.
- Je me demande souvent ce que vos yeux voient, remarqua doucement le capitaine. Je suis sûr qu'ils voient beaucoup plus que n'importe qui à bord, fit-il avec un doux sourire.
- L'important, fit Harias d'une voix douce en le stupéfiant totalement par ce tout premier mot, ce n'est pas ce que les yeux voient mais ce que vous vous voyez, dit-il en tournant le regard vers lui. Les yeux ne perçoivent presque rien de l'univers qu'ils soient terriens ou de toute autre espèce.
- Je crois comprendre, au moins partiellement, fit-il sérieusement.
- J'aimerais essayer d'intégrer Starfleet, lâcha-t-il simplement.
- Cela fait des semaines que j'espérais que vous diriez cela, sourit-il.
- Pourquoi ? demanda-t-il intrigué.
- Parce que vous êtes ce genre de personne extrêmement rare dont Starfleet a besoin, répondit-il. Je ne prétend pas vous connaître parfaitement mais je vous ai vu... faire preuve d'un immense courage, d'abnégation, de détermination, de bravoure, de respect envers chacun, de patience, d'observation neutre, de prudence, de curiosité, de tolérance... Ce sont des qualités précieuses qu'on trouve rarement en une seule personne et quelque chose me dis qu'il y a bien plus en vous. Je vous ai observé et je suis intimement persuadé que vous êtes de ces grands esprits dont des idéaux comme les nôtres ont besoin.
- Ces idéaux sont beaux et grands, sourit-il. J'aime ça.
- Il existe plusieurs moyens d'intégrer Starfleet, fit le capitaine. Le principal est de passer par l'Académie bien entendu et c'est obligatoire dans la majeure partie des cas. Mais il y a des exceptions et dans votre cas, avec la manière dont vous êtes arrivé sur ce vaisseau et tout ce qu'il s'est passé depuis, nous pouvons faire autrement. Dans certains cas exceptionnels, Starfleet admet des membres qui ont le parrainage d'un capitaine de vaisseau. Et je suis plus que prêt à être ce parrain.
- Merci capitaine Pike, fit-il avec gratitude.
- Ce n'est rien. J'en serais très heureux et fier. Et puis cela ne vous facilitera pas tant que ça les choses, s'amusa-t-il. Le reste dépendra de vous. Vous serez testé et si vous ne réussissez pas les test, vous devrez passer par le parcourt classique de l'académie ce qui prend au moins trois quatre ans. Il nous reste encore quatre mois de mission avant de rentrer sur Terre. Je suis sûr que l'équipage entier sera ravi de vous aider à vous préparer aux examens et j'ai cru comprendre que vous appreniez vite, s'amusa-t-il.
- J'ai déjà lu l'entièreté des manuels de Starfleet auxquels qui me sont ouvert avec l'accès que vous m'avez offert.
- Cela représente une gigantesque masse d'information, fit-il impressionné.
- Je lis aussi vite que j'apprends, s'amusa-t-il en le faisant sourire.
- Dans ce cas, on pourra déjà vous tester pour voir où vous en êtes et ensuite, on continu l'apprentissage. Mais la première étape pour accéder à ce début d'apprentissage officiel, c'est de passer un entretient avec les cinq officiers les plus gradés du vaisseau, de répondre à leurs questions pour décider si nous pouvons le faire, voir vos motivations... ce genre de chose.
- D'accord, fit-il sereinement.
- Je vous organise ça alors, sourit-il.
Et ce fut pour cela que deux jours plus tard, Harias se retrouva dans une salle de réunion avec les cinq plus hauts gradés du vaisseau. Il y avait Pike bien sûr, Erimir qui était premier lieutenant, les commander Alferia et Nhan ainsi que le lieutenant Zolor. Deux humains, une orion, une barzane et un argosien. La porte fut refermée et ils s'assirent en ligne face à lui, l'invitant à prendre place avec de légers sourires. Il les connaissait déjà tous un peu pour les croiser régulièrement mais il n'avait jamais vraiment échangé avec d'autres que le médecin et le capitaine, ce dernier étant le seul à qui il avait parlé. Tout le monde prit place, Pike au centre :
- J'ai fais part de votre requête d'intégrer Starfleet aux officiers ici présents ainsi que mon intention de vous parrainer, expliqua-t-il. Tous ici, soutiennent ce projet, sourit-il. N'en reste pas moins que nous ne vous ménagerons pas et qu'il n'y aura aucune facilité, assura-t-il sérieusement.
Harias acquiesça simplement, leur donnant un léger sourire serein.
- Cet entretient va être enregistré pour votre dossier, expliqua le capitaine. Et la procédure veut que nous nous servions de ceci, dit-il en lui tendant un bracelet et en posant un dispositif sur la table. Cela sert à assurer que vous ne mentez pas, fit-il l'air désolé de devoir utiliser ça. C'est une procédure particulière assez rare alors c'est obligatoire parce que si vous réussissez, il n'y aura pas d'Académie et nous ne connaissons pas votre passif, ni votre planète alors...
Harias sentit sa gêne et sa désapprobation d'utiliser ça mais il tranquillisa le capitaine d'un sourire, prenant le bracelet pour le mettre. Il connaissait déjà la procédure sachant qu'il y aurait cela et ça ne le dérangeait pas, comprenant. Le bracelet s'alluma et le dispositif suivit, s'illuminant de lumière blanche.
- Si vous mentez, la lumière virera au rouge et selon son intensité cela indiquera que vous mentez un peu ou beaucoup. C'est obligatoire dans un cas comme le vôtre, fit Pike. Nous pouvons commencer.
Pike commença par présenter chaque présent pour l'enregistrement vidéo, plantant le contexte de manière très professionnelle. Et ce fut Erimir qui commença tranquillement :
- Harias, il va falloir que vous parliez pour cet entretient, remarqua-t-il doucement.
- Je le sais, répondit-il de sa voix enchanteresse.
Les quatre officiers autour de Pike restèrent stupéfait, l'entendant pour la première fois, le capitaine souriant d'amusement à leur réaction.
- Ce ne sera pas un problème, assura-t-il en souriant avec indulgence.
- Pourquoi... pourquoi ne parler que maintenant ? demanda Erimir. Avez vous eu besoin de temps pour assimiler notre langue ?
- J'aurais pu vous parler depuis le premier jour, répondit-il en les surprenant. Seulement, je ne savais rien de vous, de Starfleet, de la Fédération... J'ai décidé d'être prudent et de voir si je pouvais vous faire confiance. Certaines choses sont révélatrices et à mon avis communes à beaucoup d'espèces intelligentes ou non. Ceux qui prennent le temps d'écouter vraiment ceux qui ne parlent pas, qui ne communiquent pas ou peu sans s'énerver, abandonner ou être violents font preuve d'un réel intérêt, de patience, de tolérance, de compréhension, d'adaptation, de calme, d'attention, d'ouverture d'esprit... C'est déjà pas mal pour découvrir les personnalités et les intentions. Cela en dis déjà beaucoup. Alors je me suis tu et j'ai observé jusqu'à apprendre à vous connaître suffisamment, dit-il en les faisant sourire.
- Pouvez-vous nous dire d'où vous venez ? demanda la commander Nhan. Quelle planète ? Ce qu'il s'est passé ? Les grandes lignes suffiront.
- Ma planète a eu plusieurs noms mais son nom premier est Gaïa, expliqua-t-il. Son évolution technologique ressemble à celle qu'avait votre Terre au début des années deux milles d'après ce que j'ai lu.
- Vous avez une technologie spatiale ? demanda Zolor.
- Nous avons un programme spatial mais nous sommes encore loin de la distorsion. Nous avons une station en orbite, fait des voyages jusqu'à notre satellite qui n'est pas très loin et nous envisagions des voyages habités vers une autre planète du système mais cela ne s'est jamais fait. Il y a eu un stop à l'évolution technologique il y a environ deux de vos siècles terriens. L'espace n'a plus été une préoccupation première depuis et tout à cessé.
- Pourquoi ? demanda Pike très intéressé.
- Mon monde d'origine est un monde qui a eu une évolution chaotique qui n'a cessé de dégrader la situation. Gaïa compte beaucoup d'espèces intelligentes différentes, des communautés et des ethnies scindées au sein de chaque espèce et chacun a ses idées. Les relations entre tous ont toujours été très complexes. La compréhension mutuelle est une idée utopique et rêveuse là bas, fit-il avec une pointe d'ironie triste. Gaïa a toujours connu énormément de guerres et de conflits tous plus violents les uns que les autres avec parfois l'usage d'armes de destructions massives terribles, dit-il sous leur attention grave. Mais ce n'est pas le pire problème de mon monde. Il y a eu un sérieux boum démographique jusqu'à arriver à près de dix milliard d'habitants sur une planète semblable à votre Terre.
- C'est beaucoup trop, bredouilla Erimir.
- C'est beaucoup trop, confirma Harias. Surtout que sur Gaïa, à partir du moment où les peuples se sont développés technologiquement, il y a eu un énorme problème de manque de respect envers l'environnement. Usage intensif des énergies fossiles, pollution de masse, sur-exploitation des ressources naturelles, sur consommation, pollution en tout genre, destruction des espèces sauvages... Tout a été fait, soupira-t-il. Cela a provoqué un réchauffement climatique rapide. Il y a eu des prises de conscience il y a longtemps mais sur Gaïa, soit les gens ne pensent qu'à leur intérêt, sont cupides, superficiels et égoïstes, soit décident de ne pas voir la vérité en face, soit s'en fichent, soit préfèrent se battre entre eux. Certains criaient au complot et au mensonge quand nos pôles fondaient sous leurs yeux. Ceux qui ont tenté de faire réagir les autres étaient peu nombreux et au final, rien n'a changé jusqu'à ce que l'inévitable arrive. Le climat s'est réchauffé, les eaux sont montés, les forêts et la nature ont disparus, les plantes que nous cultivions se sont retrouvées inadaptées au climat... Il y a eu des épidémies, des famines, des catastrophes naturelles très violentes en masse, des réfugiés climatiques en masse et pas assez de ressources pour tous.
Il garda un instant le silence, tous attendant dans une ambiance respectueuse alors que l'être ailé avait le regard dans le vague.
- Gaïa a toujours été rongé par la méfiance généralisée, l'incompréhension, les discriminations, les guerres, les ségrégations, les grandes inégalités, l'irrespect, la souffrance, la tyrannie, l'individualité... Un pourcent de la population possédait autant voir plus que les quatre-vingt dix-neuf pourcent restant. Cela a été de pire en pire avec la crise climatique et le manque de tout. De nourriture, d'eau, de bien de consommation, d'énergie... Il y a eu des guerres atroces et dévastatrices. Cela a terminé de tout détruire et de nombreux peuples ont disparus. Il y a eu des morts par milliards, dit-il en les choquant. Sur Gaïa, les gens n'ont jamais voulu et su se comprendre, s'entraider, s'accepter, travailler ensemble. Et cela a été notre perte. Lorsque ça a commencé à ce calmer, qu'est-ce qu'ils ont fait ? demanda-t-il l'air en colère. Et bien, ils ont continuer à se faire la guerre pour tout et rien au lieu de chercher des solutions non seulement pacifiques mais aussi viables à long terme pour reconstruire. Gaïa n'est pas un monde accueillant. Si vous alliez là bas, soit on vous renverrez en vous traitant d'office de monstres et d'ennemis, soit on tenterait de profiter de vous, de vous voler votre technologie pour ensuite vous trahir sans ménagement. Ils seraient capables de faire la guerre aux autres mondes dans une envie de conquête, de possession et de domination.
Il se tut, relevant le regard vers eux alors qu'ils le regardaient sombrement en découvrant de quel genre de monde il venait, le détecteur de mensonge restant d'un blanc éclatant.
- Que s'est-il passé pour vous ?
- Je voyageais à travers le monde en essayant de trouver un peu de paix. On est venu me chercher pour... faire la guerre, dit-il en les choquant. J'ai été capturé et il n'était pas question de me demander mon avis. Ceux qui m'ont enfermé voulaient que je les aide à exterminer une communauté refusant de leur céder leurs cultures agricoles. J'ai refusé, ils ont essayé de me faire céder mais ce n'était pas envisageable. Ils ont fini par se débarrasser de moi pour que je n'aille pas aider leurs ennemis et vous m'avez trouvé.
- Comment êtes vous arrivé là si vous n'aviez pas de vaisseau avec distorsion ? demanda Alferia.
- Nous n'avons pas de vaisseau, pas de téléportation, approuva-t-il. Mais il existe sur la planète un dispositif très ancien, soigneusement caché. Personne ne sait qui l'a créé, comment, son fonctionnement... On en ignore tout même s'il a été étudié par les meilleurs de la planète. C'est une sorte d'arche de pierre emplie d'une sorte de brume blanche. On l'appelle le Voile. On ne sait pas ce que c'est mais on supposait que c'était une sorte de portail. La superstition voulait que ce soit un passage vers le monde des morts. J'ai été jeté à travers parce qu'on savait seulement que ceux qui traversaient ne revenaient jamais. Et je me suis retrouvé là où vous m'avez trouvé. Je suis incapable de vous dire où se trouve ma planète.
- Elle pourrait être juste à côté comme dans une autre galaxie, fit Alferia. Tout dépend de ce qu'est ce portail.
- Impossible à déterminer en effet, remarqua Nhan.
- Pourquoi sont-ils venus vous chercher vous pour faire la guerre ? demanda Pike.
- Parce que j'avais déjà fait la guerre, que je suis un combattant très efficace et qu'un être de mon espèce a un certain pouvoir de terreur sur les gens de Gaïa, répondit-il.
- Votre espèce est crainte ?
- Oui. De manière totalement infondée qui plus est, fit-il avec un sourire triste. Parce que nous sommes différents, que notre apparence est celle d'un « ange de la mort » pour les peuple de Gaïa. À cause de légendes et d'histoires inventées... Nous n'avons jamais rien fait pour donner la plus petite raison d'être craint mais nous l'avons été et nous avons été envié pour nos grandes capacités.
- Pouvez vous nous parler un peu de votre espèce ? demanda Erimir. Êtes-vous nombreux ?
- Nous n'avons jamais été très nombreux non, loin de là, commença-t-il.
Et c'était vrai. Il savait qu'il y avait eu d'autre maître de la mort avant lui et une fois, il y en avait eu deux en même temps, une paire de jumelles.
- En faîtes, nous étions l'espèce la plus rare de Gaïa, avoua-t-il. Que ce soit parmi les êtres conscients, animaux ou végétaux, nous étions les plus rares. Je suis le dernier aujourd'hui, dit-il en les choquant une fois encore. Les peuples de Gaïa ont des cultures, des savoirs, des manières très différentes les une des autres. Mon espèce, son nom véritable est imprononçable dans votre langue alors vous pourrez utiliser le nom que vous voudrez, a une culture très particulière. Nous étions une espèce très ancienne. Mais contrairement à beaucoup d'espèces intelligentes, la mienne n'est pas concentrée en priorité sur une évolution technologique ou autre du genre. Mon espèce travaille sur le développement de son corps, de son esprit, de tout ce que la nature nous à offert, sur nos propres capacités, sur la compréhension du monde, de l'univers même mais pas sous une forme... scientifique ou physique, dit-il en hésitant sur ses mots. Métaphysique n'est pas le bon terme. Je suis désolé, il m'est difficile de trouver les bons mots pour vous expliquer notre manière de voir l'univers.
- Ce n'est rien, sourit Pike. Expliquez comme vous pouvez.
- Disons que nous tentons de comprendre et d'assimiler les choses en prenant le point de vue de la nature et de ses forces, de ses énergies, dit-il. Quoi qu'il en soit, mon peuple était le plus sage et le plus érudit de Gaïa mais aussi le plus méconnu et méprisé. Ils disaient que nous portions malheur, que nous attirions la mort sur de simples préjugés infondés. Tout le monde nous craignait à cause de ça et nous voir simplement pouvait provoquer des paniques. J'ai... vécu caché une bonne partie de ma vie. J'ai souvent utilisé un moyen de dissimulation pour cacher ma véritable apparence et me rendre plus ordinaire pour Gaïa. Mon peuple a toujours été pacifique et neutre, plus observateur qu'autre chose. Enfin, ça dépendait des cas. Chacun avait son caractère bien sûr et ses projets dans la vie mais nous n'avons jamais rien fait qui pourrait être jugé de criminel très loin de là. Chaque membre de mon peuple est très différent parce que nous n'avons pas de modèle de vie, pas de fermeture à quoi que ce soit, pas de barrière d'idée ou de coutumes. Chacun est libre de prendre la voie qu'il désire, de voir le monde comme il le veut. Nous n'avons pas de moule pour dire ça simplement. Nous recevons les connaissances de notre peuple, un peu comme une mémoire génétique, mais nous sommes libres d'en faire ce que l'on veut, de l'interpréter comme on le veut. Ce qui fait que nous pouvions être extrêmement différents les uns des autres même dans les fondements de nos enseignement. Parce que chacun a sa vision des choses.
- Cela a l'air fascinant, sourit Erimir.
- C'est compliqué à expliquer, je suis désolé si je ne suis pas très clair. Je n'ai jamais eu à oraliser cela, s'excusa-t-il.
- Ce n'est rien. Pouvez vous nous parler un peu de votre parcourt ? demanda Zolar.
- Je veux bien mais ça risque d'être un peu long alors je vais rester dans les grandes lignes, répondit-il.
- Long ? Pourquoi ? demanda Erimir.
- Je suis beaucoup plus vieux que vous ne l'imaginez, remarqua-t-il.
- Quel âge ? demanda Nhan très curieuse comme les autres.
- Si je prends les calendriers terriens je serais né le trente et un juillet 1980, dit-il en les stupéfiant. J'ai presque deux-cent soixante seize ans terriens. Et je vivrais encore probablement longtemps. Mon peuple à une très grande espérance de vie et cela aussi, on nous l'a envié.
- Waouw, fit la commander aussi surprise que les autres.
- Cela veut dire, si j'ai bien compris, fit gravement Pike, que vous avez tout vu de l'effondrement de votre monde.
- Tout, soupira-t-il tristement alors qu'un silence lourd retombait. J'ai vécu tout cela. Ce serait un peu long de raconter toute ma vie alors je vais vous raconter le plus important. Je suis né en plein milieu d'une guerre. Ce qui n'a rien d'exceptionnel sur Gaïa où il y a toujours une guerre quelque part. J'étais... ce que vous appelleriez adolescent lorsque j'ai été forcé de prendre part à cette guerre. J'ai été forcé de combattre sans trop avoir le choix. Cette guerre était une histoire de dispute de pouvoir basée sur un éternel problème de discrimination, d'incompréhension, d'inégalité, de racisme... ce genre de chose. Mais moi, j'étais un jeune et on m'avait juste présenté le bien d'un côté et le mal de l'autre au départ. Seulement, quand on fait la guerre, on est vite face à la réalité des choses. On a dit que j'étais bon à la guerre, au combat, dit-il avec dégoût. La vérité est que je n'ai jamais voulu de ça et que je me suis battu pour survivre, pour protéger ceux que j'aimais et pour défendre mon idée de ce qui est bien, la justice. On m'a vite attribué un complexe du héros, s'amusa-t-il, qui est visiblement toujours là aujourd'hui, fit-il en les faisant sourire.
- Heureux que vous l'ayez personnellement, fit Zolor en tentant d'alléger un peu l'ambiance.
- Oui. Je n'ai jamais compris où pouvait être le problème d'avoir ce réflexe de se porter au secours des autres. Mais sur Gaïa, ce genre de chose, personne ne le fait. J'ai pu expérimenter cela quand j'ai vu les autres profiter de ça chez moi pour se cacher derrière moi au combat même si je n'ai réalisé cela que bien plus tard, fit-il tristement. Bref, la guerre a pris finalement fin et une paix... illusoire s'est installée. Je n'aurais jamais cru survivre à ça à l'époque mais j'y ai survécu et je ne voulais plus jamais revoir ce genre de chose. Pour moi, la seule chose à faire était de s'attaquer au problème fondamental. Je suis devenu une sorte de mélange entre policier et soldat. Les deux n'étaient pas différencié et je pensais que je pouvais faire quelque chose pour... changer le monde, fit-il avec un sourire triste. Alors j'ai essayé de parler véritable justice, tolérance, compréhension, entente, paix, coopération... ce genre de chose. J'ai très vite été pris pour un fou utopiste voulant tromper les esprits pour affaiblir le gouvernement sous lequel je vivais et permettre à d'autre de prendre l'avantage, pour un traître et un ennemi.
Il marqua une pause, le regard perdu dans le vague, un silence respectueux l'entourant.
- Bien sûr pour s'améliorer, il aurait fallut s'attaquer à la corruption, à la cupidité, à l'avidité, au despotisme... Il aurait fallu changer les idées, les esprits, les façons de voir... Tout ça était soit inacceptable, soit demandeur de trop d'efforts moraux, de trop de sacrifices, de trop de changement terrifiant. Alors tout était toujours rejeté en bloc. On m'a demandé de me taire, j'ai refusé parce que je savais que c'était la seule voie pour changer les choses. On m'a retiré mon poste et j'ai été publiquement descendu, traité de fou et de traître et cela a été jusqu'à me faire perdre la majorité de mon entourage. Mais j'ai refusé de changer. Il était hors de question pour moi de plier à leur système quand je savais que ce système était la cause du mal. Précision, j'étais déjà le dernier de mon espèce. Les autres n'étaient pas... mon peuple mais un mélange de plusieurs autres différents avec un dominant particulièrement fermé.
- Qu'avez vous fait ensuite ?
- Je suis devenu professeur, dans l'école où j'avais étudié. Je me suis toujours senti... chez moi là bas et les autres professeurs étaient de vrais amis, des mentors pour certains. Je suis devenu professeurs, puis directeur et on m'a un peu oublié dehors. Je vivais à l'école. J'ai essayé de changer les mentalités de mes élèves mais ça n'avait pas vraiment d'effet. Puis il y a encore eu une guerre et on s'est souvenu de moi parce que j'étais... bon pour ça. Je ne déteste pas être bon pour combattre parce que ça me permet de me défendre et de défendre ceux en quoi je crois mais j'ai toujours hais que les autres voient cela comme... une grande capacité à dominer et à faire du mal aux autres. Jamais je ne l'ai fait et jamais je n'ai accepté de faire du mal inutilement. Oui j'ai combattu, blessé, tué mais jamais je ne l'ai voulu et je l'ai toujours fait en dernier recours uniquement contre des gens qui étaient des criminels, des meurtriers et des tortionnaires endurcis menaçant de faire pire encore. Je n'ai oublié aucun de ceux dont j'ai pris la vie mais je n'ai jamais regretté parce que ça a sauvé beaucoup de vies plus ou moins innocentes.
Il fit une nouvelle pause et personne ne l'interrompit.
- On est revenu me chercher pour faire la guerre, grimaça-t-il. Tout d'un coup je redevenais saint d'esprit et respecté parce qu'ils avaient besoin de moi ou plutôt que ce serait plus facile avec moi et qu'ils n'auraient pas à se battre eux mêmes. J'ai refusé. D'autant plus que le sois-disant ennemis n'étaient que des gens qui voulaient se battre contre les persécutions, les restriction, l'esclavage et tout ce qu'ils subissaient. Mais je ne les aurais pas aidé non plus parce que je savais que même s'ils avaient de bonnes raisons de se battre, ils auraient été les tortionnaires et les despotes à leur tour s'ils gagnaient. C'est comme ça sur Gaïa. J'ai refusé, je les ai renvoyé en leur disant le fond de ma pensée. Alors ils m'ont retiré mon école et absolument tout ce que j'avais. Mais je n'envisageais certainement pas de changer de ligne de conduite. Sans l'école j'ai voyagé un peu partout dans le monde. J'avais toujours rêvé d'aventure et de découvertes, sourit-il. J'ai voyagé partout sur la planète même si à l'époque, il n'y avait déjà plus grand chose à voir que des déserts de vie. J'ai été beaucoup de choses : guérisseur, cultivateur, bâtisseur... Mais je vivais en solitaire, j'en avais assez de ces mentalités stupides qui ne faisaient que nous enfoncer tous davantage. Et j'ai traversé énormément de batailles et de guerres ainsi. C'était inévitable là bas. J'ai fait ça très longtemps avant qu'on ne revienne me chercher encore pour une guerre jusqu'à arriver sur ce vaisseau.
- Vous avez eu une vie chargée, remarqua Alferia avec sympathie. Je crois que nous comprenons tous pourquoi vous souhaitez entrer chez Starfleet mais je pose quand même la question.
- Je n'ai jamais, pas un instant je n'ai renoncé à mes idées. Je rêvais d'un monde où on se parlerait plutôt que de se battre, où on pourrait s'entendre, apprendre à se comprendre, cohabiter en paix, coopérer, défendre une véritable justice, instaurer l'équité dans les sociétés... J'ai chéri des notions de tolérances, de respects, de compréhensions, de droitures, d'honneurs, d'entre-aides, de bienveillances, de courages... Parce que je n'ai jamais accepté l'idée que c'était impossible, j'ai tout perdu et j'ai été traité de fou, d'utopiste, de rêveur naïf... On m'a dit toute ma vie que ça n'arriverait jamais, que ce n'était pas la réalité, que je perdais mon temps, que je sacrifiais tout jusqu'à mon bien être pour quelque chose qui n'existait pas. Et puis je suis arrivé ici, j'ai découvert Starfleet et la Fédération. Soudain, ce n'était plus un rêve ou une utopie parce que ça existait déjà, ailleurs. Je me suis demandé pourquoi on y arrivait pas sur Gaïa, pourquoi je n'étais jamais arrivé à rien pour changer les choses. Et puis j'ai compris en vous observant. Il me manquait le principale : la volonté collective de changer et de poursuivre cette idée. On ne fait rien seul à cette échelle.
Il marqua une pause, tous souriant devant lui.
- Cela fait un bien fou de savoir que c'est vraiment possible finalement, sourit-il. Je me suis battu pour ça toute ma vie, je veux continuer avec Starfleet pour qu'enfin, je puisse réellement contribuer à ça à mon échelle. Il y a ça et le fait que je suis aussi un amoureux d'aventure, de découverte, un grand curieux et un voyageur, dit-il plus légèrement. Je sais quelle valeur toute cette entreprise a et je veux aider. Il n'y a plus rien pour moi sur Gaïa de toute façon et même si je voulais y retourner, je ne saurais pas comment. Ce serait pour moi un honneur que de faire partie de Starfleet.
Il y eut un moment de silence très respectueux autour de lui, l'ambiance s'allégeant.
- Est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus des spécificités de votre espèce ? demanda gentiment Erimir. De ses capacités et besoins ?
- Oui. Physiquement, j'ai des sens beaucoup plus développés qu'un humain. On considère sept sens chez moi. La vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, l'instinct et la perception d'énergie.
- Perception d'énergie ?
- Oui, je suis capable de sentir toute forme d'énergie et de les différencier. Cela va des énergies artificielles que vous utilisez, aux énergies naturelles comme la lumière ou la chaleur en passant par l'énergie dégagée par un être. Je peux le sentir à quelques mètres autour de moi.
- Incroyable, bredouilla le médecin-chef.
- J'ai de grandes capacités d'apprentissage, de compréhension, de mémorisation... Dans mon espèce, cela dépend de l'expérience et de l'implication, de l'entraînement que l'on y met. Je n'ai pas été comme ça de naissance, c'est à force de travailler que j'ai fait grandir cette capacité. Quelqu'un qui n'y travaillerait pas ne serait pas différent d'un humain.
- C'est de là que viens votre maîtrise des langues ? demanda Zolor.
- Sur Gaïa, il y avait environ sept mille langues vivantes, je les parle toute elles et les langues mortes aussi, expliqua-t-il. J'ai la capacité de comprendre et d'assimiler très rapidement tout langage que je croise. Comme un traducteur universel, sourit-il. Mon espèce a la capacité de comprendre et de se faire comprendre de tous.
- Incroyable, fit de nouveau le médecin en amusant les autres.
- Sinon, comme vous l'avez vu, je suis capable de me régénérer et la vitesse de régénération dépend de mon état et des forces dont je dispose. Je suis extrêmement résistant. Je peux tenir beaucoup plus longtemps qu'un humain sans eau ou nourriture. J'ai déjà tenu plusieurs mois mais là encore, ça dépend de mon état général de base. Mon corps est capable de s'adapter à de nouveaux environnement de vie mais ça demande des jours et des jours d'acclimatation progressive. Si j'ai résisté à l'espace c'est parce que je suis capable de manipuler mon... énergie vitale à défaut de terme exacte. Lorsque je suis en danger de mort ça peut se faire instinctivement. Cela peut former comme une... barrière protectrice à même ma peau pour me protéger. Cela ne me protège pas d'attaques physiques mais ça peut m'aider à résister au vide, à ne pas me noyer... ce genre de chose. C'est aussi en manipulant cette énergie interne que j'ai pu me propulser dans l'espace. Mais c'est très vite très fatiguant. Euh... sinon, je peux voler bien sûr, j'ai une grande force physique, une grande vitesse, des réactions plus rapides que les humains. Et je suis venimeux aussi. Mon venin est mortel mais il n'est secrété que lorsque mon instinct détecte un très grand danger immédiat pour moi ou que je le décide. Je ne m'en suis jamais servi jusqu'ici. C'est tout je crois.
- C'est déjà beaucoup. Je veux bien croire que votre espèce s'est concentrée sur son propre développement immédiat avec une telle évolution, remarqua Pike.
- Et la bioluminescence dorée sur vous ? demanda le médecin-chef. Elle n'était pas là à votre arrivée.
- Elle s'affaiblit progressivement lorsque mon état de santé décline et s'éteint lorsque je suis trop mal en point. Elle revient au fur et à mesure que je reprend des forces.
Ils discutèrent encore longuement, les officiers testant son caractère, son calme, sa maîtrise, sa réflexion... Ils ne furent pas surpris lorsqu'il marqua une préférence pour les postes de pilotes. Les officiers furent finalement satisfait, l'entretient prenant fin et après délibération il reçut un avis favorable sans réserve, chaudement félicité par son jury lui promettant une belle carrière. Cela fait, Pike annonça à l'équipage qu'il entrait dans le programme de formation spéciale des recrues parrainé et qu'il serait son mentor. La nouvelle fut merveilleusement bien accueillie, tous assurant qu'ils l'aideraient à apprendre tout ce qu'il devait savoir, enthousiastes.
Harias ne se mit pas à parler beaucoup après cet entretient mais il lui arrivait d'ouvrir la bouche. Seul Pike avait des discussions véritables avec lui. Tous furent immensément impressionnés lorsqu'on le testa sur ce qu'il avait déjà appris et qu'il s'avéra déjà bien au dessus d'un niveau de diplômé de l'Académie. Harias avait désormais un uniforme noir et l'insigne de Starfleet, équivalent d'un cadet de l'Académie mais dans le programme de parrainage. Il avait alors accès à plus de choses sur Starfleet qu'il eut vite fait d'assimiler. Tous comprirent rapidement qu'il n'avait pas besoin de leçon, très loin de là, mais qu'il avait besoin de pratique. Il se mit alors à passer du temps avec les différents membres d'équipages à leur poste pour mettre ses connaissances en pratique. Et il était à chaque fois brillant un peu partout, impressionnant tout le monde. Lorsque Pike lui confia le pilotage une journée durant, cela pris plus l'air d'une récréation que d'un exercice véritable pour lui, faisant sourire tout le monde. Ils étaient alors dans un système désert avec quelques gros débris et Pike l'avait laissé s'exercer un peu, souriant à son air joyeux comme toute la passerelle. Il fut vite évident pour tous qu'il pouvait être un élément très précieux sur un vaisseau, très polyvalent, calme, réactif, sachant ce qu'il devait faire... Il était pourtant toujours humble et très respectueux de la chaîne de commandement.
Les semaines défilèrent et chaque jour, Harias avait un peu plus la conviction d'avoir trouvé sa place si longtemps recherchée. Il était devenu très proche de Pike qui veillait sur lui et sur son apprentissage et ses exercices comme le meilleur des mentors. Et Harias s'était juré de ne pas décevoir ce grand homme qui mettait sa réputation et sa crédibilité en jeu en le parrainant ainsi. Très compatibles, ils avaient tout deux vite noué une amitié sincère et pour la première fois depuis Poudlard, il ne se sentait plus seul, il savait qu'il avait un véritable soutient de confiance. Cela faisait un bien titanesque. Il avait oublié ce que cela faisait.
- Nous serons bientôt sur Terre, sourit Pike en venant s'asseoir près de lui face à la baie vitrée.
- Oui, sourit-il. Vous croyez que ma candidature sera validée ?
- Il faudrait être stupide pour ne pas l'approuver, sourit-il. Vous n'avez rien à envier à un capitaine loin de là. Vous réussissez tout les test blancs avec brio et même quand on s'amuse à les compliquer pour vous tester vous réussissez sans plus de mal. Vous avez toutes les qualités morales. Vous passez les test psychologiques comme un vétéran très expérimenté. Et avec votre passé, vous avez réellement une expérience des plus utile. Les recrues comme vous, ça ne cour pas les rues. Vous sortirez avec les honneurs des évaluations, j'en suis certain et je vous accompagnerai jusqu'au bout.
- Merci capitaine.
- C'est un plaisir et un honneur, sourit-il. Tout cette équipage témoignera en votre faveur. Vous avez travaillé très dur, vous ne vous êtes pas menacé, vous avez été exemplaire en tout. Starfleet a déjà votre dossier depuis que vous avez commencé et je n'ai reçu aucune protestation alors je doute qu'ils soient contre mais ils attendront vos résultats d'évaluation pour voir par eux mêmes et donner leur avis. Mais je suis certain que vous serez accueillit à bras ouverts.
- Je l'espère, cela ne m'est pas arrivé depuis longtemps si on exclu mon arrivée sur l'Irae, sourit-il doucement.
- Beaucoup qualifient Starfleet et leur équipage de famille. Je le considère ainsi et j'espère qu'il en sera de même pour vous. Sachez que la demande d'asile est dors et déjà officiellement acceptée et que tout aura été préparé pour votre arrivé. Quoi qu'il se passe à l'évaluation, c'est acquis. Vous aurez un logement, de l'argent pour commencer même si vous aurez en plus votre paie de cadet parrainé. Un agent de liaison sera là pour vous guider au début, vous faire visiter et répondre à vos questions. Et si jamais vous n'entrez pas à Starfleet, ce dont je doute très fort, ils vous aideront à trouver une activité ou autre selon votre souhait. Vous n'avez pas à vous inquiéter.
- Merci. L'Irae ?
- L'Irae est vieux et a grand besoin d'une remise à neuf. Il va être renvoyé au chantier naval et n'en sortira pas avant longtemps.
- Qu'allez vous faire ? Vous et l'équipage ?
- L'équipage va d'abord avoir une belle permission. Cela fait un an que nous sommes en mission. Ils vont retrouver leurs familles. Ensuite, ils seront réaffecté à des vaisseaux ou des stations, des services... Moi, je suis affecté à l'Académie et en tant que parrain, je serais aussi avec vous, sourit-il. C'est mon devoir de mentor de vous suivre jusqu'au bout. Je vais retourner enseigner un peu et si les choses se confirment, je prendrais le commandement d'un tout nouveau vaisseau qui sortira des chantiers dans un peu plus d'un an. L'USS Enterprise.
- C'est bien, approuva-t-il.
- Vos évaluations vont durer quelques mois. Ils vont vous faire passer beaucoup d'épreuves difficiles mais si vous réussissez ce parcourt, vous sortirez gradé. Je n'en doute pas personnellement. Vous avez tout pour être un excellent officier.
- Commander n'est pas dans mes ambitions. J'apprends à peine à travailler en équipe après une vie de solitude.
- Je le sais mais être, par exemple, numéros deux ou trois sur un vaisseau vous donne encore un capitaine pour assurer vos arrières et pour vous faire à guider les autres tout en vous donnant une certaine liberté. Vous êtes bien trop expérimenté et doué pour avoir des supérieurs qui vous gênerons et vous entraverons sans avoir une fractions de vos capacités et de votre expérience. Les évaluations le montreront. Vous seriez un formidable capitaine même si je comprend que vous ayez besoin de temps pour évoluer jusque là. Ma main au feu que vous serez capitaine un jour.
- Peut-être.
- En attendant, vous avez intérêt à réussir parce que j'ai déjà posé une option pour faire de vous mon pilote sur l'Enterprise, sourit-il largement. Avant que tout le monde découvre à quel point vous êtes doué et ne s'arrache vos compétences, s'amusa-t-il en le faisant rire légèrement.
- J'aimerais ça, approuva-t-il. J'aimerais beaucoup être avec vous.
- Et bien compte tenu de la période d'évaluation, puis d'intégration et du fait que je suis votre mentor, je vous aurais à mon bord, soyez en certain, fit-il avec un clin d'œil de connivence.
- Soyez certain que je ne vous décevrais pas aux évaluations et pour la suite. Vous m'avez offert une chance que j'attends littéralement depuis des siècles. Tout ceci, c'est comme voir un rêve se réaliser. Je n'ai jamais céder mes idéaux mais il y a eu des moments où je me demandais si je n'étais pas réellement fou. Si cela avait été le cas, j'aurais préféré la folie à la raison, fit-il avec un sourire forcé. Mais vous n'avez pas idée à quel point cela m'a apaisé et redonné de la force de voir que mes idées et mon utopie n'étaient pas impossible et qu'elles existaient et vivaient réellement pour des milliards d'êtres.
- Vous avez fait preuve de beaucoup de foi, de courage, de volonté et de dévouement, de persévérance et de confiance. À un point que je n'arrive pas à imaginer. Je crois que même Starfleet et la Fédération auraient à apprendre de vous. Parce que vous, rien ne vous fera jamais céder et pourtant, vous êtes aussi apte à trouver une solution pour tous. Impossible, cela ne veut rien dire pour vous et c'est très bien. J'ai fait une thèse sur un homme comme ça. Capitaine Kurk de l'USS Kelvin. Cet homme refusait l'impossible lui aussi. Il y avait toujours une solution pour lui. Il a été capitaine quelques minutes à peine et a sauvé des centaines de vies en sacrifiant la sienne à cette occasion. Dont celle de sa femme et de son fils qui était justement en train de naître. Un très grand homme qui m'a beaucoup inspiré. Vous me faîte penser un peu à lui et encore plus déterminé et bienveillant. De telles personnes sont rares. J'espère juste que vous n'aurez jamais à sacrifier votre vie ainsi parce que je sais que vous êtes de ceux qui le feraient sans hésiter une seconde.
- J'ai déjà fait ça, fit-il en le surprenant. On m'a demandé de me livrer en tenant des otages, des enfants. Je l'ai fait et j'ai accepté qu'on me tire dessus sans bouger, fit-il le regard dans le vague. Et même à cet instant, je n'ai jamais regretté tout ce que j'étais ou avait fait. C'est aussi pour ça que j'ai toujours tenu mes convictions, pour ne rien regretter. Une chance pour moi, ce jour là, celui qui en voulait à ma vie m'a manqué même s'il m'a gravement touché. Ma régénération m'a sauvé la vie et j'ai pu sauver les otages par effet de surprise. Depuis cela, je sais que ceux qui sacrifient leurs vie ainsi ne font qu'exprimer de la manière la plus ultime qui soit, ce qu'ils sont au fond d'eux. J'ai appris jusqu'où je pouvais aller ce jour là.
- Je n'ose même pas imaginer ce que vous avez ressentis, bredouilla-t-il.
- Une terreur immense, une détermination brûlante et un désarrois sans pareil. Pas face à la mort en elle même mais face au fait que je ne pourrais plus rien faire une fois mort. C'est cela aussi qui m'a appris qu'une vie ne devait être sacrifié qu'en dernier recours après avoir épuisé toutes les solutions et je m'efforce depuis de toujours trouvé une solution pour moi ou d'autres, pour pouvoir continuer à avancer et espérer.
- Je me demande souvent qui est réellement le mentor de nous deux, sourit doucement Pike.
- On a tous à apprendre les uns des autres quelques soit l'espèce, l'age, l'expérience...
- Puis-je vous demander... Avez vous hésité ? À vous livrer ce jour là ?
- Oui parce qu'en bon réfractaire à l'impossible, je cherchais une autre solution. Mais il n'y en avait pas à cet instant. J'ai hésité. Qui n'hésiterait pas pour une raison ou une autre ? Dans mon cas, c'était le désespoir de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit ensuite. J'avais déjà accepté que je pourrais mourir dans ce conflit là. Mais cela ressemblait autant à de l'abandon, à l'acceptation de la défaite qu'à la plus belle expression de tout ce que j'étais et défendais. Il n'y a eu qu'une chose qui m'a réellement fait mal, profondément, cette fois là.
- Quoi donc ? demanda doucement Pike.
- Je croyais avoir des amis, des proches et ils étaient là avec d'autres gens qui m'ont demandé de me battre pour eux, de les protéger. Quand cet ultimatum est tombé, quand j'ai marché vers ma mort, personne n'a tenté de m'en empêcher de quelque façon que ce soit, fit-il tristement. J'ai compris à cet instant que je n'avais personne et comprendre cela juste avant de mourir, de savoir que ceux que vous défendez et aimez se fichent de vous voir mourir, ça, ça fait vraiment mal, dit-il en sentant l'homme près de lui bouleversé par cela.
- Sachez que moi, j'aurais essayé de vous arrêter, fit-il la voix tremblante.
- Je le sais capitaine et c'est aussi pour ça que je vous dois beaucoup. Pour m'avoir rappelé ce que cela faisait d'avoir un véritable ami.
Pike lui sourit avec émotion, le remerciant d'un signe de tête et il lui rendit. Ils retournèrent leurs regard sur l'espace et un silence paisible s'installa entre eux.
