Chapitre 4 :
Loyal et dévoué
Peu avant d'arriver sur Terre, l'équipage de l'Irae avait fait une petite fête en sachant qu'ils ne rembarqueraient pas ensemble à la sortie de leur permission. Ils avaient donc décidé de se réunir pour se dire au revoir. Et tous en avaient profité pour souhaiter bonne chance à Harias, aucun ne doutant de sa réussite et espérant le revoir plus tard. Puis ils étaient arrivés au spatiodock et Harias avait assisté avec joie à la procédure d'appontage depuis la passerelle. Puis ils avaient eu la permission de débarquer. Les rapports de tous avaient déjà été transmis et l'équipage était dors et déjà autorisé à débarquer et à disposer sur le champs. Comme il en avait l'habitude, Pike fut le dernier à partir et Harias resta avec lui. Ils devaient aller rencontrer l'amiral à la tête de l'Académie et qui, malgré son statut particulier, restait le plus haut superviseur de sa formation, de ses évaluations et de son éventuelle intégration. Pike lui avait expliqué qu'il le surveillerait certainement de très près pour s'assurer qu'ils ne commettaient pas une erreur en lui permettant de candidater pour Starfleet.
- Ne vous en faîte pas si on vous regarde un peu au débarquement, sourit Pike alors qu'ils s'apprêtaient à quitter l'Irae, vous êtes le premier représentant d'une espèce humanoïde ailée que nous rencontrons et c'est un peu extraordinaire pour tout le monde.
- Je comprend. Surtout compte tenue de la fascination de nombreuses espèces pour le vol, s'amusa-t-il. Ce n'est rien.
- Est-ce que vous avez connu une autre espèce avec des ailes ? demanda le capitaine.
- Oui, il y en avait deux autres sur Gaïa. Une à une paire d'aile, l'autre à deux, dit-il en pensant aux harpies et aux nephilim. Mais... ils ont été exterminé dans les guerres, fit-il tristement. On les traitait de monstres mais il y avait toujours quelqu'un pour traiter tout le monde de monstre. La vérité c'est que beaucoup de monde enviait leur capacité à voler. Ils n'étaient pas des espèces agressives très loin de là, juste demandeuses de liberté. La seule chose qu'on ne leur aurait jamais donné.
- Je crois que je n'aurais pas beaucoup aimé votre monde, soupira-t-il. Sans vouloir vous offenser.
- Il n'y a pas d'offense mais ce n'est pas mon monde qui n'aurait pas été aimé, mais les imbéciles qui y vivent. Quand j'étais enfant et que mon monde n'était pas encore complètement détruit par la pollution et la crise climatique, il y avait de grandes merveilles sur Gaïa, des choses magnifiques. Des paysages, des animaux, des plantes, des phénomènes... Cela aurait été les seules choses que j'aurais pu regretter de Gaïa mais elles avaient disparus bien avant notre rencontre.
- L'univers est pleins de merveilles, sourit Pike avec réconfort. Vous ne reverrez peut-être pas celles de votre monde mais vous en verrez encore.
Ce fut dans un silence serein qu'ils quittèrent l'Irae, Pike confiant le vaisseau au personnel qui attendait dehors et qui le salua respectueusement pour ensuite regarder Harias avec émerveillement. Et ce fut ce genre de regards qu'ils croisèrent en s'en allant, traversant les dock jusqu'à une navette qui les emmena sur Terre. Harias avait eu un peu de mal à trouver une place où s'installer avec ses ailes, s'attacher étant obligatoire mais Pike lui avait obtenu un siège dans la section des officiers avec assez de place de part et d'autres pour que ses ailes passent. La chose était impossible dans les sièges classiques tellement collés qu'il lui aurait fallut trois sièges au moins avec ses ailes qu'il devait ouvrir un peu pour s'asseoir. Autant dire qu'il avait attiré l'attention et que voyager dans la navette étroite avait nécessité toute son adresse pour ne pas se blesser et ne rien percuter. Harias avait été fasciné par le paysage qu'il avait découvert en passant sous les nuages. Un paysage mêlant technologie moderne et verdure un peu partout.
Ce fut avec une certaine nostalgie qu'il vit le Golden Gate de San Francisco approcher. La ville n'avait rien à voir avec celle qu'il avait vu dans son passé mais le pont était reconnaissable. Il était tellement beau ici, en parfait état quand il l'avait vu en ruine. Là, il y avait de l'eau et de la verdure, un beau ciel bleu, de l'air pur. C'était très beau et il savoura la vue.
- Comment trouvez-vous la Terre ? demanda Pike assis en face de lui alors que beaucoup dans la navette observaient l'être ailé.
- Très belle. Elle me rappelle Gaïa dans un passé trop lointain.
Pike sourit tristement, le laissant profiter de la vue jusqu'à leur atterrissage sur les terrains de Starfleet près de la ville où se trouvait le quartier général. De là, ils étaient censés prendre un véhicule pour aller à leur rendez-vous mais jamais Harias n'aurait pu y rentrer avec ses ailes.
- Est-ce que vous pouvez m'indiquer où je dois aller ? demanda Harias. J'irai par les airs si c'est permis et je vous attends devant la porte capitaine.
- Mauvaise idée, ça va affoler le contrôle aérien, s'amusa-t-il en le faisant sourire. On va appeler un transport plus adapté ne vous en faîtes pas.
Et ce fut ce qu'ils firent, un autre véhicule plus grand arrivant rapidement pour les emmener vers l'Académie où ils furent rapidement. Descendant pour entrer sur la vaste esplanade entourée de jardins, de plans d'eau et des bâtiments de l'Académie, ils furent vite entourés d'une marée d'uniformes rouges des cadets. Et inévitablement, Harias attira l'attention avec son apparence et ses ailes. Il se tint droit, noble, fier et illisible comme toujours, marchant tranquillement à la droite du capitaine. Ils gagnèrent le bâtiment principal et sa réception, s'identifiant et expliquant qu'ils avaient rendez-vous avec l'amiral. Ils furent autorisés à y aller et ils furent bientôt dans l'espace d'attente à l'étage des bureaux des membres du conseil d'administration de l'Académie. Ce fut devant la baie vitrée donnant sur l'Académie que Harias patienta, admirant le paysage, sentant les énergies de la Terre. Il la sentait, c'était la même, la magie était la même que sur sa Terre avec seulement une infime différence certainement due au changement d'univers. Il sentait son âme. Mais dans cette réalité, la Terre était forte, saine, brillante, libre, joyeuse et pleine de vie. Tout ce que sa Terre avait perdue et cela le fit sourire doucement.
- Capitaine Pike, cadet Harias ? appela la secrétaire.
Ils la rejoignirent et elle les conduisit dans un bureau où il n'y avait pas un mais trois amiraux membres du conseil d'administration, des visages que Harias reconnut pour s'être bien renseigné. Pike et lui saluèrent alors que la secrétaire refermait en sortant.
- Capitaine Pike, sourit l'un des amiraux, cadet Harias, ,bonjour, salua-t-il avant de se tourner vers Harias. Permettez moi de me présenter je suis l'amiral Richard Barnett et voici les amiraux, Nensi Chandra et Gretchen Lui.
Harias les salua d'un élégant signe de tête, se laissant observer par les trois amiraux qui ne s'en cachèrent pas.
- Excusez nous pour cette indiscrétion, fit la dame avec un sourire d'excuse, mais vous êtes un être tout à fait extraordinaire. C'est un plaisir.
- Partagé, répondit-il simplement.
- Asseyons nous, fit Barnett en désignant la partie salon de son bureau.
Ils prirent place, l'attention des officiers braquée sur Harias qui prit tranquillement un fauteuil, écartant ses ailes pour s'asseoir confortablement, pas le moins du monde impressionné.
- Excusez notre retard, fit Pike. Nous avons eu un problème de transport.
- Ce n'est rien, nous avons été prévenu, fit Chandra. Il est incroyable de vous voir cadet. Je crois que nous avons tous eu notre lot d'aventure et de découverte au sein de Starfleet mais preuve en est que l'on n'a jamais tout vu. Vous êtes l'incarnation même d'un des grands rêves des humains, sourit-il.
- Et je remercie dame nature pour cela, répondit-il.
- Venons en à ce qui nous intéresse, fit Barnett détendu, que vous puissiez aller vous installer ensuite. Bien entendu, nous avons lu tout les rapports vous concernant que nous avons reçu depuis votre sauvetage par l'Irae. Et nous avons examiné avec soin votre demande d'entrée à travers le programme de parrainage, votre parcourt, vos tests, votre entraînement, votre comportement... Nous avons tout passé au crible.
- Pour commencer, nous devons vous remercier pour les deux actes de grande bravoure que vous avez fait à bord de l'Irae pour aller au secoure des membres d'équipages, fit l'amiral Lui. C'était remarquable.
- Et normal, répondit-il. D'autant plus que cet équipage m'a sauvé la vie le premier et a fait preuve d'une très grande bienveillance et d'une très grande bonté à mon égard. C'était la moindre des choses à mes yeux et même sans cela, j'aurais agi de même. La question ne se pose pas.
- Vous avez dépeint un triste tableau de votre monde d'origine, remarqua gravement Barnett.
- Triste est un mot faible monsieur, répondit Harias calmement. Malheureusement, c'est la stricte vérité.
- Vous avez fait preuve d'une grande franchise et vous avez accepté sans réticence le détecteur de mensonge, remarqua Chandra. Vous n'avez pas caché que si les peuples de votre monde découvraient la Fédération et sa technologie, ils tenteraient de se servir de cela dans leur intérêt au point de pouvoir nous trahir et causer de graves dommages. C'est cela ?
- Oui et j'ai soigneusement pesé mes mots, confirma-t-il calmement.
Il sentait qu'ils étaient curieux, qu'ils voulaient le tester, prudents et il comprenait aisément.
- Qu'est-ce qui nous dis que vous n'êtes pas un envoyé, un espion là pour tâter le terrain ? demanda Barnett son regard perçant posé sur lui.
- Je n'ai que ma parole à vous offrir, répondit-il calmement. Sur mon monde, la confiance n'existe plus depuis bien longtemps et cela doit bien faire cent cinquante de vos années que je n'ai pas accordé une miette de confiance à qui que ce soit. Jusqu'au capitaine Pike, dit-il avec un coup d'œil pour l'homme qui eu un petit sourire. Alors je sais à quel point il est difficile de faire confiance, c'est un acte de foi qui peut coûter extrêmement cher lorsque l'on se trompe. Cela aussi, je le sais. Votre œuvre et votre devoir sont très importants. Je vous prie de me croire lorsque je dis que je mesure pleinement l'importance de tout ceci. Je ne m'attends pas à obtenir votre confiance si facilement et j'aurais été bien plus méfiant si je l'avais obtenu facilement. Je n'ai que ma parole à offrir. Je n'ai évidemment pas la moindre preuve autre à fournir et je suis disposé à passer tout les test que vous voudrez, à me soumettre à toutes les contraintes que vous voudrez.
- Pourquoi ? demanda Barnett intrigué.
- Parce que tout ce que vous pourriez me demander ou m'imposer ne sera rien comparé à ce que j'ai dû affronter sur mon monde pour défendre et conservez les idéaux en question, pour tenter de les faire entendre ou juste pour qu'ils survivent dans l'esprit d'un seul être, dit-il en le regardant droit dans les yeux. Je sais à quel point il est difficile de se battre pour cela, de défendre cela, de tenir cette position, les exigences qu'elle demande et je sais à quel point la moindre petite erreur peut tout détruire en un instant. Je vous aurais pris pour des fous de ne pas faire preuve de prudence de la sorte.
Les amiraux eurent de micro-sourires en face de lui et il les sentit convaincu, soulagé de le percevoir bien qu'il resta maîtrisé et illisible.
- Pourquoi avoir fait confiance au capitaine Pike et à son équipage de la sorte ? demanda Lui.
- Hormis parce qu'ils s'en sont montrés plus que dignes ? J'ai côtoyé ce que j'appellerais de véritables monstres capables du pire dans ma vie. J'ai rencontré quantité d'êtres indignes de la moindre confiance, cruels, calculateurs, manipulateurs, cupides, avides de pouvoir... Tellement qu'aujourd'hui, je sais parfaitement reconnaître ceux qui méritent une chance et ceux dont je dois me méfier. Il m'a suffis de sentir l'ambiance sur l'Irae pour savoir que j'étais en sécurité. Alors je les ai observé et j'ai rapidement compris que je pouvais avoir confiance en eux. Le capitaine Pike est à mon sens un grand homme qui a toute les qualités de ce que j'appellerai un héros. Je connais bien assez la valeur et la rareté de cela pour ne pas manquer de le remarquer lorsque je le rencontre. J'ai appris dans ma vie que si la prudence est de rigueur, il faut aussi savoir faire confiance lorsque..., fit-il en cherchant le bon mot.
- Lorsque l'on veut obtenir quelque chose ? proposa Barnett.
Harias lui offrit un sourire indulgent qui surprit les amiraux.
- Non, absolument pas, corrigea-t-il. Pour moi, la confiance ne devrait pas impliquer d'intérêt ou être donnée ou accordée pour servir des intérêts. Sinon, ce n'est plus de la confiance, c'est une transaction, une condition obligatoire. Ce n'est pas de la confiance alors, c'est un pari. Il faut savoir faire confiance lorsque l'on trouve les êtres qui s'en montrent dignes parce que c'est un trésor précieux et rare capable de réaliser des miracles. La confiance est une chose trop précieuse pour être rejetée lorsqu'elle se présente dans quelle que situation que ce soit.
Une nouvelle fois, les amiraux sourirent, comme Pike le laissant se défendre seul et une nouvelle fois, il les sentit très satisfaits et rassurés par sa réponse.
- Je commence à comprendre pourquoi le capitaine Pike a décidé de vous parrainer, sourit Barnett. Ce n'est pas n'importe qui que vous avez comme mentor monsieur Harias.
- Sans vouloir vous offenser, vous ne m'apprenez rien, répondit-il en les faisant sourire.
- Les évaluations déjà faîtes par l'équipage de l'Irae sont tellement incroyables que je peine à y croire, fit Chandra. Mais si vos capacités sont réellement ce qui nous a été dépeint, il est indiscutable que vous ferez une recrue de premier choix. Les évaluations de l'Académie nous le dirons. Vous serez surveillé de très très près et ce ne sera pas une promenade de santé. Aucun domaine ne vous sera épargné de l'astrophysique au combat rapproché.
- J'en ai conscience, répondit-il sereinement.
- Une chose à laquelle je veux bien croire en revanche c'est votre expérience vu votre longue vie et son contexte, remarqua Lui. Et on ne va pas se mentir, plusieurs de vos capacités seraient extrêmement utiles sur un vaisseau.
- Nous avons étudié votre dossier de près et nous acceptons que vous passiez l'évaluation mais ne vous attendez pas à être ménagé, fit Barnett. Dans votre cas il s'agit de tester au maximum vos connaissances, votre savoir, vos capacités, votre mental, vos réactions... Tout y passera sans exception. Suivant les résultats votre candidature pourra être rejetée ou acceptée. En cas d'acceptation, il se pourrait que l'on vous demande de repasser par l'Académie pour combler d'éventuelles lacunes ou de suivre d'autres formations. Dans tout les cas, cela n'altérera pas l'asile qui vous a été accordé. Avez-vous des questions ?
- Non monsieur.
- Dans ce cas, fit-il en activant une commande. Votre agent de liaison va vous conduire à votre logement, vous donner toutes les informations nécessaires. Quand aux évaluations, vous pouvez être convoqué n'importe quand à partir de maintenant et vous ne serez pas toujours prévenu en avance. Gardez le communicateur qui vous sera fourni sur vous. Hors de cela, vous faîte ce que vous voulez de votre temps libre.
- Bien monsieur, approuva-t-il simplement. Je n'ai qu'une seule question sur la vie courante monsieur.
- Je vous écoute.
- Où puis-je aller voler sans causer de problème avec le trafic aérien ? demanda-t-il en les faisant sourire.
- Nous demanderons au contrôle aérien de vous indiquer les zones possibles et nous leur ferons savoir de ne pas paniquer s'ils vous détectent, sourit-il.
- Merci monsieur, fit-il au moment où une lieutenant entrait.
Elle salua respectueusement et Barnett reprit la parole :
- Cadet Harias, voici le lieutenant Abigail Tevani qui sera votre agent de liaison le temps de votre installation et de votre intégration dans le cadre du programme d'asile, dit-il. Lieutenant Tevani, voici le cadet Harias.
Il se leva et la salua respectueusement. Elle lui rendit d'un signe de tête, ses boucles rousses attachées en une queue de chevale haute. Elle était humaine et semblait sympathique, Harias percevant à la fois sa rigueur et sa curiosité à son égard. Elle l'invita à la suivre et il salua les supérieurs avant de s'en aller avec elle, la porte se refermant.
- Capitaine Pike, fit Barnett en le regardant. Votre avis en direct. Vous lui faîte confiance ?
- Entièrement, répondit-il sur le champs. Je n'aurais pas accepté de l'aiguiller pour intégrer Starfleet et encore moins de le parrainer si je n'étais pas absolument sûr de lui. Harias est une personne... incroyable, sourit-il. Je n'ai aucun doute sur sa réussite brillante à l'évaluation.
- Grâce à ses capacités ? supposa Chandra.
- Il a des capacités extraordinaires c'est vrai mais ce n'est pas ça qui fait ce qu'il est, répondit-il. Je suis persuadé que même sans ses capacités il serait capable de très grandes choses. Harias est une personne très droite, très respectueuse, polie, concentrée, aussi réactif qu'il sait prendre le temps de réfléchir. Il est capable de comprendre tout le monde. Vous l'auriez vu sur l'Irae accepter sans broncher une seconde les différences de chaque espèce. Il n'y avait même pas besoin de lui expliquer, il comprenait. Il ne le montre pas ouvertement mais il est plein d'attention pour chacun, il est capable de rassurer, calmer et encourager d'un mot. Il ne fait preuve d'aucune discrimination. C'est une personne extrêmement courageuse, dévouée, pleine de volonté. Rien ne l'intimide mais ce n'est pas pour autant qu'il fait preuve d'arrogance. Mais c'est surtout son esprit et sa morale qui m'ont marqué. Nous défendons de grands principes, lui, il me donne l'impression d'en être l'incarnation même.
- Vous le respectez, remarqua Lui.
- Beaucoup. Nous avons pas mal discuté. Il m'a raconté plusieurs anecdotes de sa vie et je sais qu'il n'a jamais menti parce qu'il est impossible pour moi d'inventer de telles histoires avec une telle profondeur et une telle vérité. Il est très sage, très compréhensif, très tolérant. Je n'ai aucun doute sur sa sincérité. Je l'ai vu risquer sa vie pour aller chercher ces pilotes dans le champs de débris, je l'ai vu réagir sans aucune hésitation pour sauver l'Irae quand nous avons failli nous écraser sur cette planète disloquée. Ce que j'ai vu à ce moment là, ce n'était pas un acte pour sauver sa propre vie, c'était un acte d'héroïsme pur pour lequel il n'attendait pas le moindre remerciement. Je suis absolument persuadé qu'il peut apporter beaucoup à Starfleet et je ne doute pas de sa sincérité et de ses bonnes intentions.
- Vous êtes un bon juge de caractère en général, sourit Barnett, et il est vrai qu'il semble tout à fait digne d'intérêt. Nous suivrons de près son parcourt.
Ce fut un très bel appartement que Harias découvrit une fois à destination. Le lieutenant l'avait conduis en lui montrant quelques lieux utiles en route autour de chez lui. Elle le laissait maintenant découvrir le logement tout à fait respectable qu'on lui offrait. Un appartement moderne avec une très belle vue sur la ville. Il était très lumineux, épuré, confortable avec tout le nécessaire. Il ne savait même plus à quand remontait la dernière fois où il avait eu un chez lui et un endroit confortable où rester. C'était bien plus que ceux à quoi il s'attendait. Il s'était imaginé un petit studio, pas ce bel appartement confortable et tout équipé avec la technologie actuelle. Visiblement, le gouvernement ici était prêt à bien plus que ceux qu'il avait connu. On lui avait dis qu'il aurait un endroit décent, là, c'était le luxe à ses yeux. Il s'assit finalement avec la femme qui l'accompagnait et qui attendait patiemment.
- J'espère que cela vous convient, fit-elle.
- C'est beaucoup plus que ce à quoi je m'attendais. C'est très bien merci, dit-il en la sentant soulagée et heureuse.
- Avez vous besoin d'aménagement particulier pour votre physiologie ? demanda-t-elle.
- Non, c'est bien ainsi.
- Parfait. Il y a déjà une réserve d'aliments frais et nous vous avons prévu quelques vêtements aux tailles qui ont été enregistré sur l'Irae.
- Merci.
- Ce n'est rien, tout est prévu pour que vous puissiez vous installer sans vous inquiéter, sourit-elle en sortant une tablette qu'elle lui tendit. Il y a toutes les informations utiles dessus aussi bien pour l'avis pratique, que pour l'accès au compte qui a été ouvert pour vous, son fonctionnement, des renseignements sur le système de santé, sur l'administration... Voici votre communicateur aussi, dit-elle en lui tendant l'objet. Votre identité et votre statu sont officiellement établis.
Pendant un moment, ils discutèrent de tout les détails avant que le lieutenant ne le laisse. Le silence retomba autour d'Harias qui sourit légèrement en déambulant dans son appartement. Les espaces étaient assez grands et il pouvait y être à l'aise avec ses ailes même s'il ne pouvait les ouvrir complètement. Il y avait une grande pièce de vie mêlant cuisine, salle à manger et salon avec un grand balcon et d'immenses baies vitrées. Il y avait une très belle chambre et une salle de bain avec une douche ouverte où il n'aurait pas de mal avec ses ailes. C'était parfait pour lui. Il ne lui en fallait pas plus. Il passa sa journée à appréhender le lieu, sachant qu'il rentrerait ici maintenant et ce n'était pas une idée désagréable. En réalité, il n'avait jamais eu de maison à lui vraiment. D'abord il y avait eu les Dursley, puis Poudlard, le Square Grimmault qui était resté la maison de Sirius pour lui, de nouveau Poudlard puis il avait voyagé sans chez lui jusqu'ici. Cet appartement était son premier véritable chez lui et c'était étrangement bouleversant.
Cette nuit là, il dormit paisiblement, lové dans ses ailes sur son grand lit. Il se réveilla dans le silence et le calme au levé du soleil venant inonder l'appartement, le faisant sourire. Il prit un petit déjeuner assis à table à regarder le paysage et cela lui sembla très étrange. Les scènes de vies ordinaires, dans des lieux ordinaires avaient quitté sa vie depuis bien longtemps. En revivre était étrange pour lui mais bienfaiteur aussi alors qu'il avait cru que ça n'arriverait plus jamais. Il fut bien plus ému qu'il ne l'avait pensé en buvant un thé anglais toujours d'actualité ici, un thé qu'il n'avait pas bu depuis des décennies et qui lui rappelait certaines choses joyeuses ou simples de son passé. On buvait rarement un thé dans un moment d'agitation. Lui qui avait cru ne plus jamais en boire. Il faudrait qu'il s'intéresse aux thés existant à cette époque.
Il était allé prendre une douche avant de s'habiller. La veille, il avait regardé un peu la penderie, touché que l'on ait récupéré les données de l'Irae pour faire des vêtements à sa taille et adaptés à ses ailes. Il mit une chemise, chose qui remontait une fois encore à loin s'il devait dater la dernière fois que c'était arrivé. Un pantalon sombre s'ajouta avec une paire de chaussures de cuir à l'air solide et confortable. Il s'apprêtait à sortir lorsque le lieutenant Tevani arriva. Elle venait pour l'informer des zones où il pouvait aller voler. On lui demandait simplement de porter un petit émetteur d'identification lorsqu'il volait pour que le contrôle aérien puisse l'identifier et ne pas déclencher la sécurité pour rien. L'activation de son émetteur qui se présentait sous la forme d'un badge Starfleet avec le dessin d'une aile dessus, indiquerait au contrôle qu'il était dans le ciel et où. On lui demandait de ne pas voler en ville pour l'instant ni dans les couloirs aérien mais il pouvait aller voler au dessus des forêts entourant la ville. On lui donna une carte précise pour qu'il n'y ait pas de problème et il remercia le lieutenant qui s'était déplacée juste pour cela.
Il entreprit ensuite de sortir pour aller visiter et maintenant qu'il avait la possibilité d'aller voler, il se dirigea vers la zone la plus proche possible. Cela faisait plusieurs jours qu'il n'en n'avait pas eu l'occasion et cela le démangeait. Il alla vers le Golden Gate au nord de la ville, le traversant en admirant le paysage pour bientôt rejoindre la forêt qu'il y avait là. Elle avait été détruite avant ses cent ans et elle n'était déjà plus que ruine la première fois qu'il était venu dans cette zone du monde. Ici, elle était splendide, magnifique, pleine de vie et il sentait qu'on prenait soin d'elle. Les arbres rayonnaient de belles auras vives et brillantes. Il sourit et commença par aller se promener entre eux, se gorgeant de leur force, sentant sa propre magie, sa propre énergie revivre à leur contact, comme respirant pour la première fois depuis longtemps. Et c'était un peu ça. Il savait que plus au nord encore, il y avait une forêt de séquoias plusieurs fois centenaires. S'y rendre à pieds serait trop long mais en volant, il pouvait et il se promit d'y aller.
Marchant les yeux fermés, il se concentra sur la magie de la planète, du monde. Il la reconnaissait sans mal, son identité claire pour lui mais elle était aussi très différente de celle qu'il avait connu, comme intouchée, vierge, libre et sauvage. C'était comme si elle n'avait jamais été utilisé par autre chose que la nature ici et il doutait qu'il y ait eu un monde magique sur cette Terre. Il s'était promis de voir cela mais rien qu'à sentir la magie du monde, il était déjà quasiment certain et il en fut encore plus sûr en envoyant sa propre magie à sa rencontre. Cette de la Terre, sauvage et naïve vint à sa rencontre timidement puis plus franchement et il avait le sentiment que c'était la première fois qu'elle expérimentait tel contact. Elle lui tourna autour, l'effleurant avec curiosité, l'analysant avant de se retirer. Elle semblait déconcertée, le faisant sourire mais il se jura de se faire connaître d'elle tranquillement.
Il se promena un long moment jusqu'à tomber sur une petite clairière déserte qui lui ouvrait grand les portes du ciel. Il sourit largement, étendant un peu ses ailes tout en activant son émetteur pour le contrôle aérien. Il remua un peu les ailes pour les dégourdir avant de prendre son envol, s'élevant d'une bonne centaine de mètres en une seconde, riant un peu en retrouvant les exacts effets de la gravité terrestre qu'il connaissait par cœur. Il baissa le regard en se laissant tomber de quelques dizaines de mètres, admirant le paysage avec un grand sourire. Il descendit jusqu'au raz des cimes, ouvrant de nouveau les ailes pour les effleurer et les caresser simplement en tendant une main. Longuement il vola au dessus de la forêt, donnant une brusque accélération pour aller au nord et il ne lui fallut que quelques minutes pour atteindre la majestueuse forêt d'immenses séquoias qu'il y avait là. Ces arbres gigantesques étaient splendides, leur aura tellement belle et bienfaitrice. Il descendit et ralentit pour aller voler et planer entre eux en silence. Les larmes lui montèrent aux yeux avec une puissante émotion lorsqu'il retrouva ce spectacle. La magie de la Terre, son atmosphère pure ici, l'aura des arbres et de la terre, les oiseaux chantant, les rubans de lumières dorées tombant entre les branches, le vent doux et frais sur sa peau, l'odeur d'humus, le chant des airs dans les feuilles... C'était tellement bienfaiteur.
Il en profita longuement, jusqu'à ce que ses ailes commencent à tirer, plus vraiment habituées à tant d'efforts. Sur sa Terre, voler était dangereux, risquant de le faire repérer. Il n'avait donc pas volé autant qu'il le souhaitait. Puis il avait été enfermé longtemps sans pouvoir bougé un doigt. Et sur l'Irae, il avait dû récupérer et il avait à peine recommencer à entraîner et endurcir de nouveau ses ailes, ne pouvant voler assez régulièrement pour le faire vraiment. Il faudrait le temps d'un entraînement plus rigoureux pour leur rendre leur splendeur et leur puissance complète. Lorsqu'elles fatiguèrent, il prit le chemin du retour, se posant en bordure de forêt non loin du Golden Gate, désactivant son émetteur de vol avant de faire le reste du chemin à pieds, profondément apaisé par ce qu'il retrouvait ici et dont-il avait dû faire le deuil il y avait longtemps. De nouveau en ville, il s'autorisa à flâner un peu pour découvrir, ne prêtant pas attention à toute l'attention qu'il attirait avec son apparence nouvelle pour les gens d'ici. Il comprenait même si cela n'était toujours pas ce qu'il préférait. Au moins cette fois, on avait de bonnes raisons de le regarder et ce n'était que de la curiosité.
La journée touchait à sa fin lorsqu'il rentra finalement, se préparant un dîner dans la lumière tamisée de son appartement alors que la nuit était déjà tombée en cette saison. Il sourit doucement : encore un acte et une scène d'une vie normale et paisible qu'il n'avait pas vu depuis très longtemps. Ce soir là, il fit autre chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps : il s'assit au sol devant la baie vitrée, sans lumière, observant un moment ces étoiles connues par cœur avant de débuter une séance de méditation profonde, pensant à cette nouvelle chance incroyable, à tout ce qu'il s'était passé.
Deux semaines durant, il n'eut aucune nouvelle de l'Académie. Chaque jour, il profitait à sa juste valeur du calme et de la normalité qui l'entourait. Enfin, normalité dans l'esprit puisque beaucoup de choses ici étaient nouvelles pour lui. Il en avait déjà la connaissance mais expérimenter lui même toutes les installations technologiques nouvelles était des plus amusant. Tout les matins, il se levait tôt pour prendre le petit déjeuner puis aller voler dans les forêts du nord de la ville. Il s'entraînait plus sérieusement même si cela n'avait rien d'un travail pour lui. Il rentrait déjeuner chez lui après quoi il partageait son temps entre visiter la ville, se promener, prendre en main sa nouvelle vie, faire un peu de shopping, méditer, étudier... Il se savait surveillé. Il se sentait surveillé mais c'était normal et rassurant sur la prudence de la Fédération. Il patienta sereinement, ne percevant absolument aucun danger pour lui ici à tel point que s'en était très étrange pour lui. Pike était rapidement venu lui rendre visite chez lui, s'assurant subtilement qu'il était bien installé et qu'il avait tout ce qu'il lui fallait, touchant Harias. Et le capitaine était revenu lui rendre vite deux fois. Ils avaient discuté de tout et rien. Ils s'étaient aussi retrouvés en ville par deux fois, Pike l'emmenant voir toutes les installations importantes.
Et finalement, il reçut une convocation sous la forme d'un simple message vocal lui indiquant une heure et un point de rendez-vous sans plus de précision. Comme il n'était pas un cadet du programme classique, son uniforme n'était pas rouge mais gris anthracite. Il y en avait plusieurs dans sa penderie et il en passa un tranquillement ce jour là, s'habillant avec soin, attachant ses cheveux en une longue tresse lâche. Son insigne soigneusement mis, ses quelques effets indispensables dans ses poches. Il s'était dirigé vers l'Académie à pieds sans se presser, sachant parfaitement qu'il était à l'heure, prenant le temps d'observer le paysage. Il n'était pas stressé, très loin de là, il avait définitivement fait plus difficile dans sa vie pourtant, une certaine tension régnait tout de même dans son esprit. Peur de décevoir Pike, peur de ne pas être accepté chez Starfleet représentant tout ce qu'il avait toujours voulu faire de sa vie. Mais cela faisait longtemps qu'il savait maîtriser ses appréhensions.
Comme toujours, il attira l'attention, surtout une fois au sein de l'Académie entouré des cadets curieux. Il se dirigea vers le grand amphithéâtre, se doutant déjà un peu de ce qui pouvait l'attendre là bas vu le lieu. Il se présenta à l'accueil et on lui demanda d'attendre devant la porte de la vaste salle, ce qu'il fit tranquillement. On le fit attendre un certain temps et il s'en amusa. Assurément, tout était fait pour le stresser, voir son attitude alors qu'il sentait qu'on l'observait assurément par vidéo surveillance. Cela était tout de même assez excitant, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pris plaisir à relever un défi. Il resta serein devant la porte jusqu'à ce qu'elle s'ouvre et qu'on lui demande d'entrer d'une voix grave et puissante.
Il avança entre les gradins de l'amphithéâtre, trouvant là ce qu'il avait imaginé. La salle était pleine, pleine d'officiers de Starfleet aux visages graves, le silence lourd. Il avança avec assurance, le conseil d'administration siégeant à la tribune d'honneur. Face à eux, il y avait l'estrade de parole entre eux et le reste de l'assemblée. Harias avança sans se laisser impressionner, trouvant le capitaine Pike sur l'estrade, certainement interrogé avant qu'il n'arrive. Il se tourna légèrement pour lui sourire, rassurant et encourageant, tranquillisant et Harias se sentit soutenu comme cela lui était rarement arrivé. Il rejoignit le capitaine pour faire face au Conseil qu'il salua respectueusement, le capitaine prenant alors la parole avec force et fierté.
- Moi, Capitaine Christopher Pike présente aujourd'hui à cette assemblée le cadet Harias en tant que parrain dans sa candidature à Starfleet.
- Prenez place, ordonna l'amiral Barnett face à eux.
Ils rejoignirent alors les deux pupitres de l'estrade, faisant face au Conseil, les dizaines d'officiers présents dans leurs dos.
- Cadet Harias, vous avez été convoqué aujourd'hui pour passer un entretient devant cette assemblée, expliqua l'amiral. Pour commencer, veuillez passer ces bracelets, demanda-t-il alors qu'un jeune homme lui apportait les dis objets.
Détecteur de mensonge, comprit-il. Et il n'en fut pas surpris. C'était même mieux ainsi. Il serait moins difficile de prouver sa bonne volonté et sa sincérité en les laissant utiliser ça. Il les mit donc sans hésitation.
- Ceci nous assurera de votre sincérité, fit l'amiral en pointant une sorte de lampe blanche devant lui. Comme vous l'avez déjà expérimenté sur l'Irae, cette lumière virera au rouge si vous mentez avec plus ou moins de puissance suivant votre niveau de sincérité. Ignorant tout de votre espèce et de votre monde, tout de vous, nous exigeons ceci, dit-il tranquillement. Ce système est bien plus précis que celui utilisé sur l'Irae, plus performant. Cela vous pose-t-il un problème ?
- Aucun, répondit-il simplement.
- Quel est votre nom ? commença-t-il alors.
- Harias, répondit-il.
- Votre âge ramené aux années terriennes ?
- Un peu plus de deux cent soixante seize ans.
- Pouvez vous dire un mensonge évident pour tester le système, réclama l'homme.
- Je suis un humain, dit-il simplement.
Immédiatement, la lumière du dispositif vira à un rouge puissant et intense pour ensuite repasser au blanc quelques instants plus tard.
- De quelle planète venez vous ?
- Gaïa, dit-il en voyant une légère lumière rouge briller en tendant tout le monde. Veuillez m'excuser, Gaïa est le nom diminutif de ma planète. Son nom complet est Gaïavelestal Imbarae Kilverio Adam Resta Establi.
Alors qu'il disait ce nom, dans la langue des Maîtres de la Mort de la Terre, l'air vibra dans toute la pièce, sa voix raisonnant partout, faisant écho dans toute la salle, sa voix semblant nuancée de plusieurs tons superposés. Le lumière repassa immédiatement à un blanc éclatant. Tous en furent surpris, regardant autour d'eux l'air stupéfaits et tendus.
- Qu'était-ce ? demanda l'amiral après une seconde.
- Pour être véritable, le nom de ma planète doit-être prononcé dans la langue de mon espèce. C'est une langue très particulière utilisant de multiples fréquences de son parfois très puissants et particuliers, expliqua-t-il. Notre voix et notre langue sont très spécifiques et dans ce que je viens de dire, la moitié n'a pas été entendu par vos oreilles. Ma langue peut produire des effets relativement atypiques pour les autres espèces comme des perturbations sonores et des vibrations de l'air, parfois de la terre et de la matière alentours, dit-il alors que quelques murmures s'élevaient dans son dos.
- Comment s'appelle votre espèce ?
- Son nom est totalement imprononçable dans les langues de la Fédération, répondit-il. Je n'ai aucun moyen de vous donner le nom de mon espèce de manière à ce que vous puissiez comprendre ce que je dirai. Vous pouvez nous appeler comme vous le désirez.
- Pouvez-vous donner la localisation de votre planète ?
- J'en suis totalement incapable. Même si je voulais y retourner, je ne pourrais pas en retrouver le chemin ni le moyen pour l'atteindre.
Longuement, on l'interrogea en détail sur ses motivations, son parcourt général, son passage sur l'Irae et Harias y répondit tranquillement avec la même assurance et la même conviction qu'il avait déjà montré aux précédents entretiens.
- Vous avez avoué sans détour avoir blessé, torturé et tué, fit l'amiral sans prendre de pincettes.
- C'est entièrement vrai, confirma-t-il sans chercher à justifier.
- Vous avez également déclaré vous souvenir de chaque personne dont vous avez pris la vie, est-ce vrai ?
- Oui.
- Racontez nous votre premier meurtre, demanda-t-il dans une tentative claire de le mettre à l'épreuve.
Et si Harias sentit Pike se tendre terriblement non loin de lui, visiblement un peu en colère qu'on lui demande ça, il répondit sereinement et sans hésiter :
- Il s'appelait Guintus Quirell, commença-t-il. Il était professeur dans l'école dans laquelle j'étudiais. J'avais environ onze années terrestres, dit-il en les choquant. Cet homme était en réalité un agent infiltré pour le compte d'un terroriste notoire voulant récupérer un objet précieux caché au sein de mon école. À cette époque, j'avais tendance, comme beaucoup de jeunes êtres de cet âge sur ma planète, à ne pas respecter les règlements et à sortir en catimini dans les couloirs la nuit pour vagabonder dans l'école. Je me suis retrouvé sur le chemin de cet agent alors qu'il allait récupérer l'objet en question, son maître lui a ordonné de me tuer, je me suis défendu et cela s'est soldé par sa mort.
L'histoire fit planer un silence lourd et un peu gêné sur l'assistance.
- Quel était cet objet et que faisait-il dans une école s'il était si dangereux ? demanda finalement l'amiral curieux.
- L'école dans laquelle j'étudiais était réputée comme l'un des lieux les plus sûr de la planète, plus sûr qu'un siège de gouvernement, de rumeur tout du moins. Son directeur était un héros de guerre reconnu comme très fort et intimidant pour beaucoup de monde. Je précise pourtant que ce n'était qu'une école ordinaire tel vos collèges et lycées ici. Le directeur était pourtant également un politique de grande importance et engagé dans les guerres et différentes affaires de terrorismes de l'époque. Dans son arrogance, il a cru que rien ne pourrait prendre cet objet dans son école. Les autorités officielles n'ont jamais été informé de cela. Pour le dire simplement, il a agis avec orgueil en pensant pouvoir gérer cela seul au mépris de la sécurité de ses élèves. L'objet était une substance rare dont on pouvait tirer ce que l'on appelait : élixir de longue vie qui, comme son nom le laisse penser, est capable de rallonger la vie d'un être. Le terroriste en question désirait cela car il craignait de mourir par dessus tout. Suite à ma rencontre avec son agent, le terroriste a finalement échoué dans son entreprise et la substance fut détruite pour que cela ne se renouvelle pas.
- Votre deuxième meurtre ? interrogea l'amiral sans pincette là encore.
- Il s'agissait du terroriste en question, dit-il en les surprenant. Pour faire cour, cette personne avait des idées très arrêtées sur ce qu'il appelait « pureté du sang » et considérait comme de la vermine ceux qui ne répondaient pas à ses critères. Et cette vermine, il ne voulait rien de moins que l'exterminer. Ses actions ont fini pas déclencher une guerre, raconta-t-il. Une guerre dans laquelle j'ai été entraîné pour m'être déjà retrouvé sur son chemin et l'avoir mis en échec. Cet être était fou bien qu'immensément intelligent et il était obstiné et obsessionnel sur certaines choses. J'ai été une très grande obsession pour lui depuis la première fois que j'ai entravé sa marche sans même m'en rendre compte. Il a voulu me tuer pour ça, pour se venger et prouver que personne ne pouvait se dresser contre lui. Malgré moi, j'ai été entraîné là dedans et quitte à devoir défendre ma vie, j'ai décidé de réellement me battre contre lui. Cette guerre a fait de très nombreux morts et autant de disparus. Il a tenté de me tuer ou de me capturer à de nombreuses reprises pendant plusieurs années et le fait que je le mette en échec à chaque fois l'a quelque peu énervé. Puis il y a eu une grande bataille et nous nous sommes affrontés, j'ai gagné, j'avais dix sept de vos années, fit-il en terminant de les choquer.
- Mais vous étiez un enfant, fit l'amiral Lui.
- En effet madame mais Gaïa est ce genre de monde. Envoyer des enfants en première ligne ne devient vraiment gênant que lorsque cela prend une ampleur publique et encore, il faut que beaucoup de personnes puissantes s'insurgent pour que l'on commence à faire semblant d'être gêné. Lorsque cette bataille dans laquelle j'ai tué ce terroriste s'est terminée, une bataille qui a engagé deux petites armées, il y avait plus de cadavres de jeunes êtres que d'adultes au sol, dit-il la voix neutre en les stupéfiant.
- Avez vous déjà tué sans raison ?
- Jamais et ce ne sera jamais le cas. J'ai tué, en tout dernier recours et aucun être dont j'ai pris la vie n'était innocent, très loin de là. Il s'agissait de terroristes, de meurtriers, de tortionnaires... certains avaient pour passe-temps de dépecer des enfants ou de torturer pour le plaisir et tous avaient les mains pleines de sang. Lorsque j'ai pris leurs vies, je l'ai toujours fait pour les empêcher, au sens immédiat du terme, de prendre la vie ou de faire souffrir des personnes innocentes. Je ne suis pas fier de ça et cela m'a rendu malade plus d'une fois, mais j'ai la conscience tranquille. Ce qui aurait été inacceptable et que j'aurais regretté toute ma vie dans ces moments, aurait été de les laisser vivre pour qu'ils couvrent le sol de plus de cadavres et de sang.
Pendant un moment, on le fit parler des morts, des torturés, des blessés... qu'il avait pu faire et il répondit sans se cacher, impressionnant de maîtrise, ne cherchant pas à se justifier ni à s'excuser, racontant simplement.
- Que feriez vous s'il était par exemple, indispensable de sacrifier votre vie pour votre équipage ? lui demanda-t-on.
Il entreprit alors de raconter la même anecdote qu'il avait raconté à Pike sur la fois où il s'était livré pour sauver d'autres.
- Risquer ma vie pour d'autres a fait partie de mon quotidien tout au long de ma vie, continua-t-il. Je n'ai tout simplement jamais pu rester inactif si je pouvais porter secours aux autres qu'ils le méritent ou non.
- Qu'ils le méritent ou non ? releva l'homme.
- Par exemple, les gens que j'ai sauvé cette fois là en me livrant ont passé leur temps à me dénigrer, à me traiter de lâche et à se planquer dans mon dos pendant que j'affrontais leurs ennemis. J'aurais pu ne rien faire et les laisser à leur sort. Il m'est arrivé de porter secours à des gens qui en voulaient à ma vie pour le simple fait que je sois différent d'eux et qu'ils ne pouvaient l'accepter, que j'étais un monstre pour eux. Certains ne méritaient probablement pas de secours parce qu'ils avaient commis des actes arrogants ayant entraîné des catastrophes. On m'a souvent dis : laisse les, ils n'en valent pas la peine. Je n'ai simplement jamais pu accepter cela. Je n'ai jamais tué qu'en dernier recours et je n'ai jamais laissé mourir qui que ce soit si je pouvais empêcher ça. À mon sens, seule une justice droite et impartiale est apte à juger un être et à décider de la sanction qu'il mérite. Malheureusement, la justice était une notion gênante sur Gaïa.
- Alors pourquoi vous être acharné dans cette voie s'il n'y avait personne pour vous suivre ? Dans la voie de vos idéaux ? De votre morale ?
- Parce que c'est ce que je suis, répondit-il avec assurance. Par respect envers moi même, pour ne pas me trahir, pour être en paix avec ma conscience et ne rien regretter. Et je ne crois pas que l'on devrait abandonner parce qu'on est le seul à y croire, au contraire. Abandonner, c'est laisser tout disparaître mais persévérer envers et contre tout, c'est l'espoir de voir les choses changer. Peut-être que ça ne changera jamais, peut-être que si. Tant qu'il y a la moindre chance, l'abandon n'est pas envisageable à mes yeux. Lorsque l'on subi une défaite, il faut savoir l'accepter mais on n'accepte pas une défaite avant de l'avoir réellement subie et tant qu'il y a une personne pour se battre, il n'y a encore ni défaite, ni victoire et tout est possible. C'est bien grâce à cela que je suis là aujourd'hui.
Pike sourit avec fierté près de lui et il y eut un silence respectueux autour de lui quelques instants. On le questionna encore plusieurs heures sur ses motivations, sur ce qu'il envisageait de faire à Starfleet, sur ses capacités, en lui présentant des cas concrets... Ils terminèrent finalement, Harias se tenant toujours droit et tranquille.
- Cadet Harias, nous vous remercions pour votre coopération entière, fit finalement Barnett. Sachez que tout les officiers ici présents seront invités à donner un avis favorable ou défavorable ainsi qu'une analyse sur cet entretient et tout cela sera pris en compte dans votre évaluation. Vous allez dés à présent rejoindre une salle d'examen pour entamer des tests écris. Disposez.
Harias salua, se retourna, salua l'assemblée avant de s'en aller dignement, la porte refermée derrière lui.
- Capitaine Pike ? interpella un autre capitaine de l'assemblée en attirant l'attention.
- Oui ? fit-il en se tournant vers le concerné.
- Vous nous avez dégotté une sacrée recrue, remarqua-t-il en souriant.
- J'en suis un peu plus persuadé chaque jour, répondit-il avec douceur. Harias est déjà un aîné pour nous tous et son expérience est aussi grande que sa droiture.
- Capitaine Pike, pouvez vous nous décrire le comportement du cadet Harias depuis son arrivée sur l'Irae ? demanda un amiral.
- En un mot : irréprochable. Le cadet Harias qui ne l'était pas encore à l'époque, est arrivé sur l'Irae dans un état catastrophique et nous avons su qu'il avait été terriblement torturé bien avant qu'il ne se réveille. Très sincèrement, il a malheureusement très bien encaissé alors je doute que cela ait été la première fois pour lui. Lorsqu'il s'est réveillé, il y a eu une période de méfiance et d'observation, ce qui était normal étant donné que son monde commençait à peine à effleurer l'espace et que la Fédération, Starfleet et tout le reste était du domaine de la science-fiction pour lui. Malgré cela, il a été très coopératif et n'a causé aucun problème. Lorsqu'il a commencé à être en contact avec l'équipage, il s'est montré respectueux sans égard d'origine avec tous malgré une curiosité, là encore normale dans sa situation. Il a vite été évident que l'espace, le vaisseau... tout était totalement nouveau pour lui bien qu'il n'ait rien dis avant de demander à entrer à Starfleet. Cela se voyait clairement. Personne ne s'est plaint de lui, bien au contraire. Il a coopéré à tout ce que nous lui avons demandé sans sourciller, à tout les examens que nous lui avons fait passer, tout les essais avec traducteurs ou autre. Il a été patient et compréhensif. Et dois-je citer les deux fois où il s'est porté au secours de mon équipage ? Il n'a rien demandé pour cela et semblait même surpris quand nous l'avons remercié. Je suis intiment persuadé d'avoir fait la plus belle et la plus grande rencontre de ma vie en croisant son chemin.
Il marqua une pause, regardant tout les présents avant de reprendre :
- Nous défendons de grands idéaux qu'il défend aussi et qu'il veut défendre pour tous. Nous défendons ces idées avec des milliards d'êtres derrière nous, de grands moyens, de la puissance et déjà, beaucoup d'entre nous savent à quel point c'est une chose difficile, peinent à tenir et ont parfois besoin que leur entourage leur rappelle ce pourquoi ils travaillent avec acharnement. Lui l'a fait seul, dans un monde qui rejette l'idée en bloc, sans moyen et sans autre espoir que le sien. Nous trouverons difficilement plus loyal et dévoué.
