Chapitre 15 :

Premiers pas

- Alors voilà notre amie, sourit Harias en s'approchant doucement.

Il était dans ce qui avait été le laboratoire d'étude de la guerre de Lorca, un lieu déplaisant qu'il allait vite faire débarrasser. Mais ce qui l'intéressait ici était la cellule de confinement contenant la fameuse créature prise sur le Glenn. La lumière était très base mais ses yeux y voyaient clair et il se retrouva fasciné par l'animal et ce qui émanait de lui. Une chose était certaine, ce n'était pas un prédateur, il n'en n'avait pas l'aura très loin de là. Et il avait quelque chose d'autre, une énergie très particulière qu'il n'avait jamais senti nul part. Ce n'était pas une chose propre à l'individu mais ancrée dans sa nature elle même. Il avait rencontré beaucoup de créatures extraterrestres ou spatiales mais jamais il n'avait perçu cela. C'était... pétillant, doux, innocent et incroyablement puissant. La créature en elle même était extraordinaire. De la taille d'un gros hippopotame, elle avait de multiples bras dotés de griffes impressionnantes, une armure naturelle faisant penser aux cloportes, une tête imposante mais douce avec de longues antennes et une magnifique couleur bleutée.

- Elle est sensible à la lumière, remarqua Saru qui l'avait accompagné avec Landry en sortant de leur longue réunion.

- C'est ce que je constate. Cette créature est incroyable. Je n'ai jamais rien vu de tel et pourtant, je suis un exozoologiste très compétent, remarqua-t-il en admirant la créature.

- Vous êtes exozoologiste ? releva Saru.

- Je n'ai pas passé les diplômes mais cela n'empêche que je suis très bon. J'aime beaucoup les animaux d'où qu'ils viennent. Restez près de la porte s'il vous plaît, ordonna-t-il.

Ils s'exécutèrent, intrigués et curieux alors qu'il s'agenouillait devant la cellule.

- Ordinateur, désactive le champs de confinement, demanda-t-il en alertant les deux autres.

- Capitaine..., interpella Saru inquiet alors que le champs de confinement disparaissait.

- Il n'y a rien à craindre, fit-il doucement. Cet animal n'est pas agressif, juste complètement perdu. Ne lui faîtes pas de mal et il ne vous fera rien.

Il abaissa ses ailes derrière lui, propageant son aura calme, apaisante, amicale et douce dans la cellule. Il se détendit, posant ses mains sur ses genoux, souriant. Il ne fallut pas longtemps pour que l'animal s'avance lentement vers lui, comme hésitant et méfiant. Il accentua un peu plus son aura, y ajoutant sa magie et il sentit la créature se détendre. Elle s'approcha alors plus franchement, émettant un son, une sorte de mélange entre un grondement doux et un roucoulement grave. Il sourit un peu plus, la laissant faire lorsqu'elle vint coller sa tête à son torse, se couchant devant lui, venant l'effleurer délicatement des sortes de tentacules qu'elle avait dans la bouche. Il sentait sa curiosité, son calme, sa douceur, son attitude amicale. Elle gronda doucement avec un sentiment d'appréciation qu'il lui retourna, venant poser son front contre ce qui devait être le sien. Il la laissa poser son imposante tête sur ses genoux contre son torse, venant la caresser délicatement. Et il l'entoura de réconfort et d'apaisement, comprenant que ce qu'il se passait soit atrocement stressant pour elle. Il faudrait qu'il demande à un scientifique de faire une analyse détaillée comme il convenait lors de la découverte d'une nouvelle espèce. Puis il faudrait déterminer dans quel environnement et où elle pouvait vivre pour lui rendre sa liberté. De son énergie, il l'incita finalement à retourner dans la cellule, la laissant apaisée et plus tranquille, ce qu'elle prouva en se roulant en boule pour dormir.

- Ordinateur, active le champ de confinement, demanda-t-il alors avant de se relever souplement. Cette créature est incroyable, remarqua-t-il en se retournant vers ses deux officiers stupéfaits.

- Vous semblez doué avec les animaux, remarqua Saru.

- Je le suis. J'aime les animaux. Ils sont... francs, sans mesquinerie ni arrière pensée, droits, sincères et d'une sagesse que les espèces dîtes intelligentes ne soupçonnent pas. C'est une chose qui me manque sur les vaisseaux : la nature et les animaux. Cet animal est très particulier. C'est la première fois que j'en rencontre un comme celui là. Il faut faire une étude approfondie de sa biologie et découvrir où il sera approprié de la relâcher dans de bonnes conditions.

- C'est tout ?! fit Landry. Le capitaine Lorca...

- Je ne suis pas le capitaine Lorca commander et je respecte autant la vie des animaux que des êtres dit intelligents. L'expérimentation et la détention de créatures sans extrême nécessité n'est pas une chose que j'approuve. Alors nous allons faire ce qu'il convient lors de la découverte d'une espèce : faire une étude aussi précise que possible et lui rendre sa liberté sans lui faire le moindre mal. Et tenter de comprendre ce qu'elle faisait sur le Glenn également si possible. Cette créature n'est pas ici chez elle et rien ne nous donne le droit de la priver de cela. Commander Saru, je pensais confier son étude au cadet Haynes. Je sais qu'il ne s'agit pas de son domaine de compétence officiel mais d'après son dossier c'est un officier scientifique très méticuleux et minutieux dans son travail, passionné d'exozoologie et ayant débuté un programme de spécialisation en la matière. Je pense que ce serait une bonne opportunité pour lui et qu'à défaut d'exobiologiste confirmé à bord, il serait tout à fait indiqué. Qu'en pensez vous ? Vous le connaissez certainement mieux que moi.

- Je pense que c'est une excellente idée capitaine d'autant plus que ses tâches lui permettraient de se détacher le temps de faire cette étude. Et il en sera ravi.

- Dans ce cas nous lui confierons, approuva-t-il. Je le verrai tout à l'heure à ce propos.

- Je pourrais m'en charger si vous le désirez, proposa le second.

- Plus tard peut-être mais pour l'instant ce genre de chose va me permettre de rencontrer l'équipage en personne et j'y tiens, répondit-il. Pour le moment, j'aimerais aller au laboratoire d'ingénierie, celui du moteur sporique.

- Allons-y, fit alors son second se détendant de plus en plus avec lui.

- Capitaine, si vous le permettez, demanda Landry.

- Bien sûr, allez y, autorisa-t-il en la regardant partir. Monsieur Saru, fit-il ensuite.

Ils se mirent en route pour rapidement atteindre la salle des machines du moteur sporique où travaillaient les ingénieurs qui lui étaient assignés. Tous se tournèrent vers eux à leur arrivée, marquant un temps d'arrêt devant l'être ailé comme presque tout le monde le faisait. Il leur sourit avec douceur, marquant l'excitation et l'exaltation d'une demoiselle rousse à la fois anxieuse et admirative, pétillante et il remarqua son aura particulière et chaude, sincère et pleine de bonne volonté. Il semblait vraiment y avoir des personnes très intéressantes à bord.

- Bonjour, salua-t-il. Je suis le capitaine Harias, c'est un plaisir.

- C'est un plaisir pour nous aussi capitaine, répondit immédiatement et avec empressement la rousse. Cadet Sylvia Tilly monsieur, se présenta-t-elle en sautillant presque alors que tous semblaient à la fois amusés et gênés autour d'eux.

- Ravi cadet Tilly, salua-t-il avec un doux sourire en la faisant sourire de bonheur. Le lieutenant-commander Stamets est-il ici ?

- Oh oui capitaine, répondit-il. Il est dans la serre, dit-elle en pointant la porte y menant.

- Merci cadet, sourit-il en s'y dirigeant avec Saru.

Il passa sans mal le scanner d'haleine restreignant l'entrée, le système assez amusant à ses yeux et la porte s'ouvrit pour laisser voir la grande serre du Discovery. Il s'agissait d'un hangar réaménagé pour y faire pousser, parmi d'autres de cette famille, une véritable forêt de prototaxites stellaviatori, l'espèce fongique produisant les spores de mycélium nécessaires au moteur sporique, le lien entre leur espace et le réseau mycélien. L'endroit était éclairé et maintenu artificiellement de manière adéquate. Ls espèces fongiques qu'on y avait implanté semblaient beaucoup s'y plaire même si Harias sentait le manque de vie et d'énergie naturelle ici.

- Qu'est-ce que vous faîte ici ? demanda soudain une voix agacée. Personne n'entre ici sans mon autorisation.

Harias tourna le regard pour voir le lieutenant commander Stamets émerger de l'une des coursives s'enfonçant dans la forêt. Il avait l'air énervé, sur la défensive et un peu hautain aussi. Harias avait cru comprendre que ses relations avec Lorca avaient été tendues voir pire, le capitaine pressant le scientifique d'activer et de trouver la solution pour faire véritablement fonctionner le moteur sporique. Et il savait aussi que Starfleet n'avait pas vraiment laissé le choix à Stamets et son collègue en découvrant leurs recherches. Starfleet s'était approprié le tout et s'il comprenait pourquoi, pour ne pas qu'une technologie de cette ampleur ne tombe entre de mauvaises mains, on avait clairement manqué de considération pour les deux hommes. L'ingénieur avait de quoi être sur la défensive, en colère, surtout après ce qu'il s'était passé sur le Glenn

- Veuillez m'excuser lieutenant-commander Stamets, répondit-il avec une inclinaison de tête. J'étais impatient de voir ça mais c'est vous que je cherchais.

- Et vous êtes ? demanda-t-il en le regardant de haut en bas alors qu'il le rejoignait. Oh, le nouveau capitaine, remarqua-t-il avec un léger dédain.

- Le nouveau capitaine, acquiesça-t-il avec un amusement qui surpris le scientifique. Avant toute chose, fit-il plus sérieusement, j'aimerais vous présenter mes condoléances, dit-il en le surprenant lui comme Saru, pour votre collègue monsieur Straal qui œuvrait sur le Glenn. On m'a laissé croire qu'il n'était pas qu'un simple collaborateur pour vous.

- Il était mon ami, répondit l'homme irradiant d'une tristesse contenue avec dignité.

- Je tenais également à vous signifier mon admiration pour vos recherches. Ce projet est incroyable.

- Mouais, fit-il suspicieusement. Je sais très bien pourquoi Starfleet nous a pris nos recherches, fit-il avec amertume.

- Je ne le nierai pas, comme je ne nierai pas que cela a été fait de manière extrêmement irrespectueuse pour vous et votre ami. Je n'ai malheureusement aucune emprise là dessus. Ce sur quoi j'ai cependant désormais la capacité d'agir sont vos conditions de travail.

- Oui je sais, coupa-t-il avec agacement, terminer au plus vite, la guerre...

- Non, intervint calmement le capitaine. C'était peut-être ce que le capitaine Lorca vous demandait mais ce n'est pas ce que je demande, dit-il en le surprenant. Votre travail et vos recherches sont complexes et...

- Qu'est-ce que vous en savez vous ? renifla-t-il.

- J'ai absolument tout lu, tout étudié, tout mémorisé et surtout le plus important, tout compris de vos recherches. J'en ai parfaitement saisi la complexité et les problèmes qui se posent. L'amirale de la flotte en personne m'a demandé de superviser et de gérer vos recherches comme je l'entends. Vous ne serez plus pressés je vous le promet. Prenez votre temps pour faire les choses comme elles doivent être faîtes avec prudence et raison, avec curiosité et enthousiasme aussi. Vous ne serez plus pressé et vous pourrez travailler tranquillement. Si vous avez besoin de quoi que ce soit ou si je peux vous aider, vous n'avez qu'à venir me trouver et je verrai ce que je peux faire. Il n'y aura plus d'alerte noire avant un bon moment. Je voudrais que vous preniez le temps d'analyser ce qui a pu se passer sur le Glenn, ce qui ne va pas ici et que vous puissiez réfléchir posément.

- Vous avez tout lu sur mes recherches ? demanda-t-il l'air surpris par cela plus que par le reste.

- Du début à la fin sur tout ce que j'ai pu trouver, répondit-il. J'estime que c'est un minimum en tant que capitaine que de faire de son mieux pour comprendre ce qu'il se passe à bord. Sinon, on ne peut pas commander correctement.

- Et vous avez tout compris ? remarqua-t-il dubitatif.

- Oui. Je ne suis pas juste un capitaine qui donne des ordres, s'amusa-t-il. Et vous êtes très clair dans vos rapports. Pour peu qu'on ait les connaissances nécessaires, on peut comprendre. Mais je ne prétends certainement pas avoir votre compréhension et votre raisonnement à ce sujet. Je trouve votre découverte géniale et j'imagine le travail qu'il a fallu juste pour découvrir le réseau mycélien et tout le reste. Est-ce que je peux aller voir de plus près ? Vos spores m'intéressent beaucoup.

- Ne touchez à rien, répondit-il.

Souriant à la confusion émanant de Stamets, Harias s'éloigna pour s'approcher de la forêt, laissant l'ingénieur rejoindre le second.

- D'où il sort ? lui demanda-t-il à voix basse.

- D'après ce que j'ai compris, il commandait l'Enterprise avant de venir sur le Discovery, répondit Saru. Il me laisse une excellente impression et semble être le radical opposé du capitaine Lorca. Il a de l'expérience, c'est certain. L'équipage de l'Enterprise était très ému devant son départ. Tout à l'heure, il m'a montré sa fiche d'identité, celle de son dossier. Il a deux cent quatre vingts ans terriens.

- Sérieusement ? bredouilla-t-il ahuris.

- Oui, fit-il en observant le capitaine approchant des arbres fongiques.

- À quelle espèce appartient-il ? Je n'ai jamais vu quelqu'un comme lui.

- J'ai posé la même question. Mezoriem. Il a dit qu'il y avait un dossier sur son espèce dans les bases de données si nous voulions en savoir plus. La créature du Glenn lui a fait... comment dire ? Un câlin quand nous sommes allés la voir.

- Cette chose lui a fait un câlin ?! s'étonna-t-il.

Suivant de loin leur discussion sans le laisser voir, le capitaine rejoignit la forêt, laissant couler sa magie et son aura tout autour de lui pour entrer en contact avec la vie qui l'entourait, la découvrant, l'appréhendant. Et ce fut avec une stupéfaction totale qu'en approchant les fameuses spores de son esprit, il perçut cette particularité unique et nouvelle qu'il avait détecté chez la créature. Il y avait quelque chose d'extrêmement similaire avec elle, presque comme un lien de sang malgré l'immense différence séparant les spores et l'animal. C'était très intéressant et cela titillait franchement sa curiosité. Une curiosité qui fut d'autant plus enflammée lorsque les spores bleues et lumineuses vinrent l'entourer, répondant à son énergie comme recherchant une connexion, un dialogue à la fois très simple et très complexe. Il se concentra sur elles, ne faisant guère attention au fait que de plus en plus de spores affluaient autour de lui, créant une véritable nuée lumineuse tournant autour de lui. Il les entoura de sa magie, de son esprit, partant à leur découverte, fermant les yeux pour se concentrer et sentir, sentir et voir véritablement. Et il le perçut. Une seconde durant, il perçut cette porte entrouverte sur un univers nouveau, totalement nouveau plein d'une vie pure et fraîche, innocente et libre. Le fameux réseau mycélien. C'était magnifique mais il lui faudrait du temps et plus de contact pour vraiment approfondir cela. Pourtant déjà, il savait qu'il venait de trouver quelque chose de très intéressant, merveilleux.

- Qu'est-ce que... ? dit soudain Stamets. Comment faîte vous ça ? Qu'est-ce que vous faîtes ? demanda-t-il avec empressement alors que Harias le sentait approcher.

Il rouvrit les yeux, observant les spores lumineuses voyageant paresseusement autour de lui, Stamets venant voir ça de plus près, Saru s'avançant aussi un peu l'air très curieux et intrigué, aussi stupéfait que l'ingénieur.

- Qu'est-ce que vous faîtes ? redemanda l'homme.

- Je découvre mes nouvelles amies. Vous avez parfaitement raison d'avancer que ces spores sont incroyables.

- Elles réagissent à votre présence, remarqua-t-il émerveillé. Il faut que je sache pourquoi. Attendez, je vais chercher un peu de matériel pour...

- Pour expliquer ça ? s'amusa Harias. Je peux le faire, fit-il en captant toute son attention. Ce n'est pas pour rien si c'est moi qu'on a envoyé pour diriger ce vaisseau. Mon espèce est particulière. Elle est vieille de plusieurs centaines de millier d'années, expliqua-t-il en les surprenant. Pourtant, nous n'avons jamais eu de technologie. Jamais, rien du tout. Cela parce que mon espèce s'est concentrée sur la compréhension des choses non pas au travers d'outils mais au travers de son propre corps. Un corps qui a évolué pour pouvoir faire tout ce que nous avions besoin de faire. Je pense que les deux curieux que vous êtes iront lire les données sur mon espèce mais je vais vous dire le principal. Les Mezoriem ont sept sens, le septième étant la perception de l'énergie. Je perçois comme je vous vois toutes les énergies quelque soit leur forme. Les énergies naturelles, artificielles, celles des êtres vivants... Toutes. Et lorsque l'on est habile, communiquer à travers l'énergie permet beaucoup de choses. De mieux comprendre. Présentement, on peut dire que je faisais connaissance avec vos spores pour me familiariser avec elles, mieux comprendre comment tout ceci fonctionne.

- Vous pouvez faire ça ? s'émerveilla Stamets. C'est fascinant. Dans quelle mesure pouvez vous communiquer avec elles ?

- Je ne peux le dire pour l'instant. La rencontre est nouvelle et il me faudra un peu de temps pour vraiment découvrir dans quelle mesure je pourrais communiquer et si elles veulent bien, rit-il. Les énergies vivantes sont plus caractérielles que les énergies artificielles. Il y a une autre raison. Ma compréhension du vivant va bien au delà de celles de toutes les espèces connues de la Fédération aujourd'hui. Étant donné que votre système fonctionne à partir de vivant, Starfleet espère que je pourrais peut-être vous aider à comprendre ce qui ne fonctionne pas. Mon espèce a toujours eu un très grand intérêt pour la vie, son fonctionnement, son évolution... parmi bien d'autres choses. Nous nous sommes tellement intéressés à toutes les espèces que nous côtoyons, à leur compréhension, que nous avons acquis la capacité à comprendre et user de toutes les langues que nous rencontrons sans jamais les avoir étudié et très naturellement. Chaque Mezoriem est différent mais dans mon cas, je me suis toujours efforcé de comprendre les choses et les êtres, dans la globalité des sociétés ou dans leur individualité. Cela permet de faire énormément et de voir les choses avec plus de clarté.

- C'est fascinant, remarqua Saru.

- En effet mais où sont les vôtres, votre planète ? Ce genre de connaissance serait inestimable à partager, remarqua Stamets. Ils pourraient être d'une aide précieuse.

- Je suis le dernier Mezoriem en vie, répondit-il en les choquant. Et ce genre de connaissance ne peut-être partagé avec ceux qui ne sont pas encore prêt à les recevoir. Mais je peux peut-être vous aider à comprendre, dit-il plus légèrement.

- Je suis désolé pour..., fit Stamets gêné.

- Ne soyez pas désolé. Je n'ai jamais connu aucun autre des miens, ils ne peuvent donc me manquer surtout lorsque j'approche les trois cent ans de vie. J'ai hérité de tout le savoir et de toute la sagesse de mon espèce mais elle est difficile à partager avec des espèces qui ont choisi le développement technologique. Notre vision de l'univers est très différente alors les choses doivent être abordée de la bonne manière pour être comprises. Quoi qu'il en soit, Starfleet pense que mon savoir pourrait peut-être vous aider dans votre projet. J'essaierai de voir à quel point je peux communiquer avec les spores et si je peux vous donner des informations supplémentaires.

- Comme quoi ? demanda-t-il dubitatif.

- Comme vous intéresser de plus près à la créature récupérée sur le Glenn, répondit-il. Son énergie et celle des spores sont similaires sur de nombreux points. Ils sont étroitement liés c'est certain. Reste à déterminer de quelle manière. Elle n'était probablement pas sur le Glenn par hasard. La coïncidence serait trop grosse. Et si les spores sont originaires du réseau mycélien, je ne serais pas surpris que cet animal le soit aussi. C'est ce qu'implique ce genre de ressemblance d'identité énergétique.

- Vous voulez dire que cette chose a un rapport avec les spores et le réseau ?

- J'en suis certain. Nous allons lancer une étude de la créature. Il serait peut-être intéressant de jeter un coup d'œil aux résultats. Quoi qu'il en soit, j'étais venu vous signifier que vous serez désormais laissé tranquille pour travailler. Et si je peux faire quoi que ce soit, n'hésitez pas. Je vais vous laisser maintenant, j'ai encore beaucoup à faire, dit-il en se dirigeant vers la sortie. Je ne manquerai pas de revenir ici cependant. Commander Saru, vous m'accompagnez ?

- Avec plaisir capitaine, répondit-il en le suivant.

Ils quittèrent les lieux, retraversant la salle des machines sporique non sans saluer les personnes présentes, continuant leur tournée. Ce fut l'air intrigué que Stamets sortit de la serre à leur suite, observant leur nouveau capitaine.

- Je crois que je vais bien mieux m'entendre avec lui qu'avec Lorca, remarqua-t-il en surprenant les présents.

Cette visite faîte, le capitaine et son second continuèrent à voyager sur le vaisseau, allant tout d'abord trouver le cadet Haynes pour lui confier l'étude de la créature. Et celui-ci eu l'air ravi, acceptant sur le champs pour aller se mettre immédiatement au travail. Harias passa ensuite voir les principales équipes de recherches du bord pour aller se présenter et tenter de commencer à installer un climat de travail plus détendu. Au vu de la froideur, de la tension et de l'appréhension avec lesquelles tous le regardaient venir, Lorca avait été très dur avec eux. Heureusement, il parvenait assez facilement à les relaxer même s'il sentait leur surprise et leur confusion. Sa tournée terminée, son second l'accompagnant toujours, de plus en plus serein avec lui, il passa chercher Khan qui le suivit bien gentiment pour regagner ensuite son bureau.

- Commander Saru ? Pouvez-vous rejoindre la passerelle. Je vais discuter avec Khan puis je m'occuperai du cas de Burnam et ensuite...

- Il sera temps de prendre une pause capitaine, termina-t-il.

- Certainement, sourit-il.

- Je regagne la passerelle, approuva-t-il avant de s'en aller.

La porte se referma derrière lui et Harias sourit doucement à Khan :

- Veuillez m'excuser, j'avais certaines choses à faire. Il va y avoir du travail, le capitaine Lorca a visiblement fait du dégât sur le moral de tous ici.

- Si facile à troubler, s'amusa-t-il en réponse.

- Tout le monde n'a pas votre vécu pour résister à la pression, fit-il légèrement. L'état d'esprit d'un équipage reflète celui de son capitaine et de son influence. Je vois tout à fait de quel genre Lorca pouvait être. Pas mon préféré. Cela va demander un peu de travail pour réinstaller une ambiance sereine ici. C'est un vaisseau scientifique, il faut que l'ambiance soit propice au travail.

- Les autres espèces, vous et moi mis à part, sont tellement faibles, soupira-t-il. Un rien les ébranles. C'est ennuyant, cela ralentit tout, c'est improductif.

- Chacun fait avec ce que le destin lui a offert Khan, sourit-il avec indulgence. Et vu ce par quoi il faut passer pour obtenir des capacités telles que les nôtres, il est préférable que tous n'aient pas à endurer cela. Peu y survivraient.

- Mais au moins ils seraient utiles.

- Ceux qui sont plus faibles que vous, en tout cas selon vos critères, ne sont pas forcément inutiles, insignifiants et inférieurs Khan. Bien souvent, ils sont juste plus jeunes sur le plan évolutif, moins expérimentés, moins éprouvés aussi certainement parmi bien d'autres choses. Cela ne veut pas dire qu'ils ne peuvent rien vous apporter. Je ne m'attend pas à ce que vous sympathisiez avec les autres et... je le comprends vu les circonstances. Mais il va falloir les tolérer et faire preuve, si ce n'est de cordialité, de neutralité. Je ne demande rien de plus. Les presque cent quarante vies de ce vaisseau sont sous ma responsabilité désormais et je ferai ce qu'il faut pour que tous soient au mieux ici. Vous y compris. Alors je voulais vous demander quel poste vous voudriez occuper à bord ? Je ne peux pas vous affecter aux projets de recherches en cours mais pour le reste... Ingénierie, machinerie, sécurité, maintenance... Vos capacités vous permettent d'aller partout. Qu'est-ce que vous préféreriez ?

- Vous me laissez choisir ? s'étonna-t-il.

- Je vous laisse me soumettre votre souhait, rectifia-t-il en l'amusant.

- Étant donné que vous êtes la seule personne digne d'intérêt ici et que je m'ennuierai très vite à un poste sans importance, j'aimerais autant rester avec vous. Histoire de ne pas commettre un meurtre devant la déficience généralisée, fit-il avec froideur.

- Je suis digne d'intérêt ? releva Harias taquin.

Khan détourna le regard l'air indifférent mais Harias le sentait un peu embarrassé.

- Bien dans ce cas, reprit le capitaine plus sérieusement, vous pourriez me seconder, pas en tant que numéros un bien entendu, mais comme aide, assistant ? proposa-t-il.

- Cela me va, acquiesça-t-il.

- Votre jugement et votre réflexion pourraient m'être précieux. Deux points de vue valent mieux qu'un parfois, fit-il. Si nous faisons cela, vous allez devoir me suivre partout et exécuter ce que je vous demanderai.

- Il me semble qu'il n'y a que là que je pourrais faire des choses un tant soit peu stimulantes, répondit-il. Et j'ai besoin de m'occuper.

- Je comprends, fit-il doucement.

Oui. Khan avait besoin de s'occuper, de travailler pour évacuer son énergie, pour faire quelque chose et rester patient devant la longue attente qu'il aurait à endurer pour les siens, devant cette épreuve qu'il avait bien du mal à accepter. Harias le sentait se battre pour ne pas craquer, tout envoyer balader pour aller chercher les siens de force et partir en se déclarant ainsi ennemi de la Fédération. Et la seule véritable raison pour laquelle il ne le faisait pas était qu'il avait un minimum de confiance en lui et qu'il ne voulait pas devenir son ennemi, doutant de pouvoir gagner. Et si Khan ne l'avouerait jamais, il avait un certain respect et une certaine amitié propre à son caractère pour lui.

- Je serai là pour vous aider Khan, autant que je le pourrai, assura-t-il. Pour en revenir à votre poste, nos tableaux de services vont donc êtres les mêmes sauf imprévus. Le voici, dit-il en l'affichant. Je le transfert sur votre ordinateur et votre dossier. L'ordinateur vérifiera que vous êtes où vous devez être aux heures où vous devez l'être. J'entrerai les modifications si nécessaires et je vérifierai en personne régulièrement.

- Je n'en doute pas.

- Cet emploi du temps prendra effet à la prochaine prise de service. Mais on commence maintenant. Le cas Burnam d'abord.

- Vous allez la garder à bord ?

- Je n'en sais rien. Le tableau d'elle que me dressent son dossier et les autres est peu reluisant mais je ne crois jamais totalement les dossiers et les gens lorsqu'il s'agit de juger autrui alors, je vais la voir moi même.

- Je vais la chercher, sourit Khan, j'aimerais bien voir à quoi ressemble un mutin de Starfleet. Rendons la chose amusante. Visiblement Lorca a dû la charmer et la faire passer pour privilégié pour qu'elle soit ici. Et je sais que ce n'est pas votre truc alors...

- D'accord, allez-y, fit-il en lui montrant où aller.

Ce fut rapidement que Khan arriva à destination, la porte des quartiers de la traîtresse s'ouvrant sous sa commande. Il se tint droit dans l'encadrement de la porte, illisible et impressionnant comme toujours. Celle qui se trouvait à l'intérieur se tourna vers lui, surprise de le voir. Il la regarda de bas en haut, dépité par la banalité du personnage qu'était Michael Burnam.

- Décevant, remarqua-t-il.

- Qui êtes...

- Le capitaine veut vous voir, claqua-t-il. Immédiatement. Suivez moi.

Il se détourna sur le champs et il la sentit hésiter avant qu'elle ne le suive. La découverte de la femme était vide d'intérêt mais tout ceux qu'il avait rencontré depuis son éveil l'étaient, quelque soit l'espèce, sauf le capitaine Harias. Lui était fascinant et il se demandait pourquoi quelqu'un de son ampleur acceptait de travailler ainsi avec des êtres insignifiants tels que tout ceux qui l'entouraient en ce moment. Autrefois, il aurait pu prendre cette décision pour de la folie ou de la bêtise mais pas avec Harias. Il le savait, il était sage, éclairé, loin d'être fou ou bête. Il était conscient de sa force et de sa supériorité. Mais pour une raison qui lui échappait, il refusait de l'utiliser pour simplement plier tout le monde à son bon vouloir comme il était certain qu'il pouvait le faire. Rapidement, ils furent au bureau, la porte s'ouvrant rapidement pour laisser apparaître Harias debout derrière sa table de travail haute, neutre et assuré. Il était impressionnant, imposant le respect mais il n'était pas écrasant loin de là. Burnam sembla surprise, arborant le même regard stupéfait que tous face à son apparence. Elle entra, la porte se refermant derrière elle alors qu'elle saluait, Khan allant se poster à la droite d'Harias.

- Michael Burnam, remarqua-t-il. Je suis le capitaine Harias. Je commande le Discovery désormais. J'imagine que vous vous doutez du pourquoi vous êtes là.

- Oui capitaine, approuva-t-elle avec assurance.

- Le capitaine Lorca n'aurait jamais dû vous recruter à bord contre les décisions de justice qui ont été prises à votre encontre. Surtout sans la moindre raison valable.

- Le capitaine Lorca pensait..., fit-elle très sûre d'elle alors qu'elle irradiait d'une certaine supériorité.

- Je n'aime pas être coupé de la sorte, claqua Harias en la figeant. Le capitaine Lorca n'avait pas de raison valable de faire ce qu'il a fait. Rien ne le justifie. Pire encore, il vous a mis en contact avec ce qui est certainement l'un des projets les plus secret de Starfleet. À cause de cela, le commandement hésite entre vous renvoyer en prison ou vous garder à bord pour garantir la confidentialité du projet et de ses spécifications. Ils me laissent décider ce que je fais de vous. Il paraît que vous vouliez rester à bord après avoir d'abord demandé à retourner en prison. Pourquoi ?

- Parce que je peux aider, fit-elle avec arrogance. Je peux aider le Discovery dans sa mission et je peux aider monsieur Stamets dans ses recherches. J'ai de grandes capacités et un grand savoir. Le capitaine Lorca pensait que je pouvais aider le Discovery et je le peux. J'ai décidé de rester parce que je suis utile ici et que je peux faire avancer les choses.

Khan eut un ricanement moqueur, attirant le regard interloqué de la jeune femme.

- Et vous croyez que vos compétences, leur valeur pour Starfleet et la Fédération dépassent les dégâts que vous avez provoqué, le manquement au règles, la trahison, la mutinerie ? demanda-t-il durement. Dépassent la justice qui s'est appliquée à vous ? Vous croyez vous à ce point indispensable que cela vous dispense de punition ? Croyez vous que vous avez encore le droit de décider de rester ou non ?

Elle baissa un peu les yeux et ne dit rien pourtant, Harias sentait qu'elle n'était pas d'accord, loin de là, qu'elle se retenait de lui répondre, rongeant son frein. Elle était en effet arrogante et très sûre d'elle comme on l'avait décrite. Elle ne pensait pas à mal, n'avait pas de mauvaises intentions mais elle était extrêmement orgueilleuse et fermée, entêtée dans son raisonnement.

- Tout acte entraîne des conséquences qu'il faut assumer, reprit Harias. Votre peine fait partie de ces conséquences. Et je crois sincèrement que ce vaisseau compte bien assez de personnel qualifié, Starfleet en compte bien assez pour que nous trouvions notre bonheur au besoin sans avoir à aller vous chercher en prison. Surtout vu vos crimes. Vous n'êtes pas unique et vous n'êtes pas indispensable. Je connais bien des gens qui vous égalent en connaissance et vous surpassent de loin en morale et en comportement. J'ignore pourquoi le capitaine Lorca a fait cela mais je ne suis pas d'accord. Si encore la justice avait accepté cela, peut-être même si j'aurais trouvé cette décision douteuse. Seulement, vous avez été en contact avec le projet de monsieur Stamets et avec vos compétences, je sais que vous en savez déjà beaucoup trop. Alors pour l'instant, vous allez rester à bord.

- Merci capitaine, répondit-elle avec un sentiment de victoire que Harias perçut nettement.

- Cette décision est révocable à tout moment et selon mon bon plaisir, reprit Harias. Et je ne suis pas le capitaine Lorca. En l'état, vous n'êtes pas utile à ce vaisseau à mes yeux. Mais il est hors de question que vous ne travaillez pas ici, ce n'est pas un vaisseau de plaisance.

- Le capitaine Lorca voulait que j'étudie la créature du Glenn, intervint-elle abruptement.

- Je crois avoir dit que je n'aimais pas être coupé et il me semble que l'éducation vulcaine que vous avez reçu est plutôt à cheval sur la politesse, posa-t-il. L'étude de la créature ne vous concerne plus, le projet de monsieur Stamets ne vous concerne plus comme tout autre projet scientifique de ce vaisseau. Je ne veux pas vous voir près des laboratoires ou la salle des machines expérimentale, de la passerelle. Vous allez travailler à la maintenance basique du vaisseau.

- Capitaine au vu de mes compétences vous devriez...

- Je ne vous demande pas ce que je devrais faire, claqua-t-il sévèrement. Je me fiche de votre niveau de savoir et de compétence Burnam. Vous êtes à bord de ce vaisseau certes mais vous restez une criminelle condamnée. Vous travaillerez à la maintenance de base du vaisseau, je ne veux vous voir nul part ailleurs. Vous aurez désormais des quartiers basiques, où vous serez seule avec un accès immensément restreint à l'ordinateur, comme en prison. Juste les fonctions civiles de bases. Vous aurez un tableau de service à respecter à la lettre, un temps donné pour manger, un temps donné pour l'activité sportive. Le reste du temps, vous serez dans vos quartiers, seule, dans les mêmes conditions que dans un pénitencier. Aucun écart ne sera toléré. S'il y en a, ce sera comme en prison : isolement, privation du droit de communiquer avec vos connaissances ou votre famille, privation de temps de sport... ce genre de chose. Considérez que vous serez en prison avec un travail à bord comme si vous étiez dans un pénitencier où il y a du travail pour les détenus. Et vous aurez un garde lors de vos déplacements et durant vos temps de travail pour m'assurer que vous respecterez les règles. Est-ce clair ?

- Oui capitaine, répondit-elle en ravalant sa désapprobation.

Harias échangea un regard avec Khan qui bougea sans un mot pour la ramener à sa cabine. Le capitaine appela alors son second et sa chef de la sécurité qui arrivèrent en même temps que Khan revenait. Il leur annonça sa décision. Landry sembla être en désaccord mais Harias n'était pas sûr que ce soit sa décision qu'elle n'appréciait pas ou le fait qu'elle aille contre celle de Lorca. Saru lui, sembla des plus satisfait, comprenant ses raisons et approuvant ce qu'il souhaitait mettre en place. Il se proposa d'ailleurs pour s'occuper des détails lui même, Harias approuvant. Il leur annonça ensuite que Khan le seconderait non pas à l'image d'un numéros un mais plus comme une aide personnelle sur le vaisseau. Ceci fait, et bien des heures après son arrivée sur le Discovery, il fut temps d'aller manger, ce qu'il alla faire avec Khan qui rejoignit ensuite ses quartiers, lui même rejoignant les siens pour un peu de repos. L'endroit avait été débarrassé des affaires de Lorca et entièrement nettoyé, remis en ordre. C'était bien. Assez grand comme touts les quartiers des capitaines, avec un grand lit, une grande salle de bain, un salon et un espace salle à manger. Un véritable petit appartement d'aspect différent de celui qu'il avait sur l'Enterprise mais tout à fait agréable. C'était proche de la passerelle.

Il commença par déballer ses affaires amenées entre temps via une petite malle de transport téléportée depuis l'Enterprise. Se faisant, il se rappela du cadeau de son ancien équipage, souriant avec douceur en récupérant le fameux paquet encore fermé. Il le déposa sur la table pour l'ouvrir avec délicatesse. Il découvrit alors une splendide maquette de l'Enterprise infiniment détaillée. Il la sortit doucement de sa boîte, ses doigts sensibles sentant quelque chose gravé sous le socle. En regardant, il y trouva les signatures de tout son équipage, gravée en très petit. Il sourit avec émotion, reposant l'objet avec soin, activant la petite interface holographique qui s'y trouvait. Elle afficha un écran au dessus de la maquette, faisant défiler des photos de son anciens équipage et des messages de leur part, le laissant très touché. Sa photo préférée était assurément celle qu'ils avaient prise lorsqu'il avait été nommé officiellement capitaine de l'Enterprise après l'affaire Khan. Il était dans son fauteuil de commandement sur le vaisseau, encadré de Spock et Jim, entouré de tout les membres de la passerelle avec en plus Scotty et McCoy avec eux. Il l'aimait beaucoup et se dit qu'il faudrait qu'il l'expose dans son bureau où serait aussi placé la maquette.

Apaisé et encouragé, touché par ce cadeau, il termina de s'installer avant d'aller se laver et dormir un peu. Mais ce fut bien vite qu'il se leva de nouveau. Il était encore tôt par rapport au début de son service mais il mit ce temps à profit. Il commença par demander à l'ordinateur où il pourrait aménager un bureau plus adapté à sa manière de travailler et ce fut facilement qu'il trouva une pièce libre non loin de la passerelle. Il s'y rendit donc, usant de l'ordinateur pour débarrasser ce qui avait été une salle de rangement. Il la réaménagea avec un coin salon, un vrai bureau où il pourrait s'asseoir et où ses hommes pourraient s'asseoir face à lui pour parler s'ils le voulaient. L'endroit bien en place et opérationnel avec ses ordinateurs, il changea la désignation de la pièce sur le plan du vaisseau avant de s'asseoir pour se mettre au travail, gardant sa porte ouverte. L'ancien bureau du capitaine ferait quant à lui une excellente salle de briefing stratégique pour la passerelle. Pile à l'heure de sa prise de service, il vit Khan apparaître à sa porte et il le salua tranquillement, recevant une quasi imperceptible inclinaison de tête en réponse.

Ce fut ensemble qu'ils gagnèrent la passerelle, le capitaine saluant respectueusement tout le monde. On lui rendit avec surprise et hésitation, visiblement peu habitué à ce genre d'attention. Mais cela fit fleurir quelques sourires bienvenus, détendant un peu l'atmosphère. Ils se mirent au travail, Khan prenant d'autorité le poste polyvalent juste derrière lui à sa droite. Comme annoncé la veille par Saru, il y eut des simulations de combats sur la passerelle ce jour là. Harias se mit alors en retrait avec Khan, laissant son second prendre les choses en mains pour observer. Il avait lu tout les comptes rendus automatiques des nombreuses simulations imposées par Lorca et il put confirmer à quel point l'équipage avait besoin d'un vrai bon entraînement avec quelqu'un sachant ce qu'il faisait.

La simulation fut... une catastrophe et un échec qui tira un ricanement moqueur à Khan lorsqu'un silence lourd tomba à sa fin. Harias lui donna un coup de coude pour le faire taire, recevant un regard éloquent en réponse. Khan les trouvait misérables et insignifiants sans surprise. Posté près de la porte, Harias s'avança dans le silence lourd, l'échec mission encore affiché en grand sur l'écran. Il s'avança tranquillement sur la passerelle, calme, venant tourner le dos à l'écran pour faire face à ses officiers. Tous étaient atrocement tendus, anxieux, pleins d'appréhension et de tension, tête basse devant l'échec total de la simulation. Il comprit alors immédiatement comment Lorca devait réagir à leurs échecs dans ce cas. Il n'y avait pas que de la honte de l'échec ou de l'agacement en eux, il y avait une véritable angoisse, une véritable peur de lui, du capitaine et il détesta cette sensation.

- Relevez la tête, commença-t-il doucement. Relevez la tête et regardez moi.

Ils hésitèrent tous même Landry et Saru mais ils le firent finalement.

- Je ne vais pas vous insulter, ni vous rabaisser, ni vous sermonner, ni vous réprimander alors détendez vous, fit-il avec un doux sourire.

Ils semblèrent surpris, échangeant quelques regards entre eux avant de reporter leur attention sur lui. Et Harias sut qu'il avait tapé juste et que Lorca n'avait pas dû être très diplomate ni pédagogue ou juste devant des échecs de simulations. Son sourire et sa posture détendue semblèrent les rassurer un peu et il reprit :

- On ne va pas se mentir, c'était une catastrophe, remarqua-t-il.

- C'est un euphémisme, souligna Khan toujours moqueur.

- Khan, réprimanda leur capitaine. Cet équipage n'a ni notre vécu, ni notre expérience en matière de guerre et n'ont visiblement pas eu le bon professeur.

- Le capitaine Lorca nous a bien appris, c'était un excellent combattant et c'est nous qui..., fit Landry une fois de plus vexée.

- Lorca était de toute évidence un piètre combattant, s'amusa Khan, ou un piètre professeur mais je pencherai pour les deux, sourit-il.

- Lorca est un vétéran de combat, défendit Landry.

- Le capitaine Lorca n'avait en réalité vu que très peu de combats, remarqua Harias. Deux en faîte. Une petite altercation sans incidence et une escarmouche avec le vaisseau qu'il commandait il y a quelques années. Avoir combattu ne fait de personne un combattant commander, cela veut juste dire que vous avez fait ce qu'il fallait pour survivre, que vous vous êtes débrouillé. Être combattant, c'est quelque chose de bien différent. Et avoir combattu ne veux pas non plus dire que l'on sait combattre, loin de là. L'enseignement théorique de Starfleet à ce sujet est aussi loin de ce qu'il se passe dans la réalité. Combattre n'est pas donné naturellement même pour les espèces agressives et c'est une très bonne chose. Combattre, ça s'apprend même si ce n'est pas facile à apprendre. Mais c'est une chose que je peux vous apprendre, sourit-il. Khan ? appela-t-il l'air taquin à son tour.

- Capitaine ? répondit-il suspicieux.

- Pourriez vous nous concocter un programme de simulations de votre cru, à niveau progressif en commençant par un niveau de débutant ? Avec toutes les situations que vous jugerez utiles de mettre. Pas des simulations construites par l'ordinateur mais par vous.

- Vous êtes sûr ? demanda-t-il un peu surpris. Ils n'arriveront jamais au bout du programme si c'est moi qui le fait.

- Même si c'est moi qui dirige les simulations ? demanda-t-il.

Tous virent alors l'homme sourire légèrement, joueur.

- Je relève le défi, répondit-il.

- Alors préparez moi ça mais vous avez le temps. On va d'abord s'entraîner un peu, sourit-il. pour commencer, fit-il à l'attention des autres, il va falloir vous détendre. Vous êtes tellement crispés et tendus, fébriles avant même que la simulation ne commence que vous ne pouvez pas agir comme il faut. Ce ne sont que des simulations alors il faut vraiment se détendre. Lorsque l'on combat, que l'on combat vraiment, le calme et la maîtrise de soi, de son stress, de la pression, sont des points cruciaux. Bien évidement, il faut avoir l'objectif en vu mais avant tout, pensez à ce que vous êtes en train de faire. En combat, la situation évolue et change de seconde en seconde, vous devez vous adapter de seconde en seconde. Calme, efficacité, rapidité d'action, stratégie, vivacité... c'est cela que vous devez apprendre. Pendant la simulation, vous étiez beaucoup trop tendus et vous aviez tellement votre objectif de victoire en vu qu'il vous aveuglait. Vous vous précipitiez, à ne pas confondre avec la vitesse. Certaines manœuvres étaient trop lentes, d'autres complètement inutiles et d'autre trop rapides. Se battre, c'est aussi savoir attendre le bon moment pour agir. La patience et la tempérance sont des vertus précieuses au combat. Vos interactions entre vous sont désordonnées et installent la confusion. Vous êtes mal organisé, vous n'avez pas les bonnes priorités, et vous négligez ce qui est vraiment important. On va tout reprendre à la fois tous ensemble et poste par poste.

- Qu'est-ce qui nous prouve que ce n'est pas n'importe quoi ? demanda Landry hautaine.

- Abruti, remarqua Khan un peu exaspéré. Vous avez certainement devant vous le meilleur capitaine de Starfleet en matière de combat.

- Vraiment ? Le meilleur, taquina Harias.

- Parce que je ne suis pas capitaine, nargua l'augmenté en réponse.

- Rappelez moi la dernière fois que vous m'avez battu ? s'amusa-t-il alors en le faisant soupirer. Commander Landry, Starfleet ne m'a pas nommé capitaine du Discovery pour mon incompétence, remarqua-t-il ensuite. Je commande, je décide et attendez de voir avant de juger. Nous allons commencer par des leçons quotidiennes, une ou deux heures environs. L'entraînement régulier est important pour intégrer les bons réflexes. Si vous avez des questions sur quoi que ce soit, vous pouvez me demander, je réexpliquerai si besoin. Et vous pouvez demander à Khan aussi.

- Capitaine ? releva-t-il intrigué.

- Vous êtes un combattant et un stratège hors paire, Starfleet le reconnaît. Vous pourriez donner des conseils judicieux j'en suis certain, fit-il avec un léger sourire.

- Je ne risque pas d'être un bon professeur.

- On verra bien, dit-il tranquillement. Essayez. Pour le moment, on va reprendre les bases.

Il commença alors un cours sur le sujet selon lui et non pas selon les manuels de Starfleet. Et ce fut avec surprise que les membres de la passerelle entendirent tout d'abord et avant tout parler d'état d'esprit, de conséquences de ses actes, de ses choix, de caractère, de maîtrise de soi et d'indépendance autant que d'esprit d'équipe.