Chapitre 16
Navigateur
Dans les jours qui suivirent sa prise de poste sur le Discovery, une routine tranquille s'installa pour Harias. Chaque jour, il travaillait avec application. S'il ne pouvait aller voir tout le monde tout les jours, il faisait quotidiennement une petite tournée sur le vaisseau pour aller voir les différents chefs de secteur ou de recherche pour s'assurer que tout allait bien, qu'ils n'avaient besoin de rien et entendre lui même ce qu'ils avaient à dire bon ou mauvais. Et ainsi, il rencontrait aussi tout ceux qui œuvraient à bord. Il prenait chaque jour un moment avec ses numéros un et deux pour entendre leurs rapports et ce qu'ils pouvaient y avoir. Chaque jour aussi, il passait du temps dans la serre du Discovery, au milieu des spores qu'il tentait de cerner, apprenant à les connaître et à découvrir le réseau mycélien avec elles. C'était prodigieux et merveilleux pour lui.
Comme annoncé, il avait mis en place des séances de travail avec les membres de la passerelle pour les préparer à d'éventuels combats. Si Starfleet n'était pas une organisation militaire, tout les vaisseaux savaient se battre parce qu'ils n'étaient jamais à l'abri d'être attaqué, surtout avec les tensions actuelles. Il était du devoir des capitaines de veiller à l'entraînement de leur équipage. Il s'était donc mis au travail avec eux, y consacrant chaque jour une à deux heures si le travail le permettait. Et la passerelle avait le temps en ce moment en étant stationné ainsi pour laisser travailler les scientifiques. Il leur apprenait de son mieux, prenant la passerelle dans son ensemble mais aussi chaque poste au cas par cas, travaillant avec chacun. Il avait aussi instauré autre chose. Il mit en place des séances d'entraînement au combat au corps à corps en salle de sport. Lui avec chaque membre de la passerelle au moins une fois par semaine. Ce n'était pas tant leur capacité à combattre qu'il voulait travailler mais leur mental, leur esprit de stratégie, leur réflexion, leur maîtrise, leur patience... Il s'entraînait donc avec chacun d'entre eux en privé au moins une fois par semaine. Et si au début, tous furent appréhensifs et dubitatifs sur sa manière de faire, ils se détendirent peu à peu, se laissant conduire en s'appliquant de leur mieux.
- Vous êtes un bon pilote lieutenant Detmer, fit-il alors qu'ils sortaient d'une simulation de pilotage. Mais vous pouvez faire beaucoup mieux que ça, remarqua-t-il alors qu'il se tenait devant elle.
Et contrairement au tout début, elle ne se tendit pas et ne se fit pas appréhensive. Son équipage avait désormais bien compris qu'il n'était pas Lorca, qu'il ne faisait pas ce genre de remarque de manière dégradante mais constructive. Qu'il allait leur expliquer et leur apprendre à faire mieux.
- Vous êtes trop scolaire, expliqua-t-il tranquillement. Vous n'usez que des manœuvres des manuels, comme dans les manuels. Vous pouvez faire beaucoup mieux que ça. Vous savez piloter comme un pilote formaté. Mais vous ne savez pas voler, remarqua-t-il en sachant que toute la passerelle écoutait comme toujours.
- Je ne comprend pas, répondit-elle perplexe.
- Qu'est-ce qui caractérise le plus le fait de voler lieutenant ? Qu'est-ce qui est le plus flagrant ? Le plus important ? Le plus représentatif du vol ?
- C'est grisant, sourit-elle, et c'est un exploit technique. Il faut être précis, attentif.
- Faux, fit Khan un peu plus loin sans détourner les yeux de sa console.
- Vous devez chercher à la fois plus simple et plus spontané pour trouver la bonne réponse lieutenant, sourit-il. Mais vous devez trouver vous même pour comprendre. Pour en revenir à votre pilotage, vous devez vous permettre de faire preuve d'imagination, ne pas vous limiter à ce que l'on vous apprend en passant le brevet de pilote ou à l'Académie.
- Comment ? demanda-t-elle. Je ne vois pas ce qu'on pourrait faire avec ce genre de vaisseau.
- Cela fait un moment que vous n'avez pas regardé l'évolution du programme d'entraînement des pilotes à l'Académie non ? remarqua le capitaine.
- Il a changé ? s'étonna-t-elle.
- Il a changé, acquiesça-t-il. Ordinateur, programme de formation des pilotes de l'Académie de Starfleet, cas d'école, USS Enterprise contre le Narada, première escarmouche. Passe l'enregistrement.
Harias avait découvert que, après l'affaire Nero, Starfleet avait pu récupérer beaucoup de données des vaisseaux de la flotte détruit lors du premier affrontement au dessus de Vulcain. Plusieurs vaisseaux avaient continué à enregistrer des images et on avait pu ainsi reconstruire un enregistrement complet de l'affrontement entre l'Enterprise et le Narada. Un enregistrement servant désormais de cas d'école pour les pilotes et les stratèges. La vidéo passa sur l'écran principal, montrant les manœuvres peu orthodoxes et impressionnantes qu'il avait effectué à l'époque pour sauver l'Enterprise quand la totalité de la flotte avait été détruite. Et il fallait avouer que le voir d'un point de vue extérieur était impressionnant. Un silence roi régna sur la passerelle le temps de la vidéo qui se termina finalement sur le dérapage qu'il avait fait pour faire face au Narada.
- Wouaw, fit Detmer en illustrant la pensée générale devant ce spectacle.
- Est-ce que vous comprenez maintenant ? demanda Harias. Il faut faire preuve d'imprévisibilité, d'originalité. Les tactiques des manuels sont prévisibles, lentes, trop prudentes, trop simples... Ce n'est pas forcément une mauvaise chose mais dans certaines situations, il faut faire beaucoup plus. Il y a encore peu de temps, on formait les pilotes pour piloter nos vaisseaux comme on aurait conduit un ancien bus scolaire alors que ce sont des voitures de course. Il y a beaucoup plus à faire. Depuis quelque temps, la formation des pilotes a évolué pour s'améliorer et explorer d'autres voies. Plusieurs autres cas du genre ont été ajouté pour illustrer ce que je suis en train de vous dire.
- Depuis quand ? demanda Detmer très curieuse.
- Environ deux ans, depuis cet affrontement en faîte, répondit-il en pointant l'écran affichant encore la dernière image.
- Ordinateur ? fit alors Saru très intrigué. Qui pilotait l'Enterprise lors de cette bataille ? demanda-t-il.
- Capitaine Harias de l'USS Discovery, répondit-il en les surprenant. À l'époque timonier de l'USS Enterprise sous les ordres du capitaine Pike aujourd'hui Amiral.
- C'est vous ? fit la pilote toute excitée.
- Oui, répondit-il. J'étais pilote au début même si je le suis toujours si nécessaire.
- Le changement dans le programme de formation des pilotes et tout les nouveaux cas d'école sont tirés des manœuvres du capitaine Harias, souligna Khan l'air indifférent.
- Comment vous avez appris à faire ça ? demanda Detmer.
- Et bien, contrairement à vous, j'ai appris à voler, bien avant d'apprendre à piloter, remarqua-t-il en désignant ses ailes. Puis j'ai dû apprendre à combattre en volant. J'ai appris sur le tas et quand j'ai commencé à piloter, je l'ai fait comme je vole. Les pilotes tels qu'ils sont actuellement formés sont trop formatés, ne connaissent pas assez leurs vaisseaux et leurs possibilités. Je vous l'ai dit : un vaisseau comme le Discovery est comparable à un avion de chasse qu'on piloterais comme un vieux cargo. Quand aux tactiques enseignées, elles ne sont pas mauvaises mais loin d'être adaptées et assez performantes dans certaines situations. Ce jour là, ceux qui ont piloté comme on l'enseignait, ont vu leurs vaisseaux détruits, fit-il sombrement. Si je suis parvenu à sauvegarder l'Enterprise, c'est parce que j'ai piloté différemment en exploitant toutes les possibilités, sans limites. Vous devez apprendre à piloter comme si le vaisseau faisait partie de vous Detmer, comme s'il était vos ailes. C'est ce que je fais. Je vous apprendrai. Avez-vous des questions sur la vidéo ?
- Beaucoup, fit-elle avec un grand sourire presque enfantin en l'amusant. Pourquoi vous risquer aussi près de l'ennemi ?
- Parfois en combat, la zone la plus proche de l'ennemi est aussi la plus sûre, surtout quand l'ennemi est spécialisé dans l'attaque à distance, ce qui est le cas de tout les vaisseaux de grande taille connus. Les vaisseaux tels que le Narada, nos vaisseaux, ceux des klingon... Ils n'aiment pas le corps à corps, sourit-il. Comme les équipages qui n'y sont pas habitués voir, n'ont jamais vu ça. C'est donc une très bonne stratégie pour surprendre, déstabiliser et détraquer tout le monde, prendre l'avantage. Parfois, la meilleure défense, c'est l'attaque. Aller au contact est risqué parce que ça demande beaucoup de réactivité et une extrême précision du pilotage mais ce n'est pas sans avantage. Cela détraque pas mal les systèmes automatiques ennemis. Les raisons sont simples : il y toujours tout un tas de systèmes de sécurité qui freinent voir empêchent les manœuvres risquant d'endommager gravement le vaisseau. Rares sont les pilotes qui s'affranchissent des systèmes automatiques. Donc, si vous allez au corps à corps, vous risquez bien moins de prendre des tirs. Les systèmes vont bloquer parce que cela engendrerait des explosions trop proches du vaisseau, voir sa destruction si l'ennemi est abattu à quelques centaines de mètres d'eux. Et ça vous permet aussi d'augmenter votre chance de faire des dégâts parce vous êtes plus proche, que vous pouvez tirer avec plus de précision, l'efficacité des boucliers est réduite et que vous empêchez l'ennemi d'esquiver. Pas le temps de réagir.
- C'est brillant, remarqua-t-elle en le faisant sourire.
- Mais comment faîtes vous pour passer outre les sécurités de ce genre, les systèmes et le reste de votre propre vaisseau ? demanda le lieutenant Rhys.
- C'est simple : je pilote en manuel en désactivant tout les protocoles de sécurité, répondit-il en les surprenant. C'est dangereux. Il faut savoir ce qu'on fait, savoir juger correctement la situation et les risques encourus, l'état de son vaisseau, de son armement, celui de l'ennemi... Il faut savoir prendre en compte de nombreuses choses pour ne pas faire une énorme bêtise. Mais piloter en manuel a pour avantage de vous libérer des limites et des failles des systèmes automatiques. Dans ce genre de cas, je suis toujours en manuel. Les ordinateurs actuels sont totalement étrangers à ma manière de piloter et m'entravent plus qu'autre chose.
- Impressionnant, fit Owosekun.
- On peut exploiter les failles, reprit-il. Par exemple, les tirs ennemis sont orchestrés en grande partie par l'ordinateur. Vu les distances sur lesquelles on tire, l'ordinateur anticipe la trajectoire de sa cible et c'est quasi infaillible parce que les manœuvres pré programmées, celles qu'on apprend, sont extrêmement prévisibles. Pendant la vidéo, vous m'avez peut-être vu mener des esquives au plus proche du vaisseau avec succès parce que je changeais mes trajectoires, mes vitesses, mes manœuvres de manière totalement imprévisible pour un ordinateur. Résultat, ils tiraient où je n'étais pas. Il y a aussi le fait qu'être proche augmente le taux d'erreur des systèmes de visées. Ils ne sont pas fait pour anticiper des manœuvres et des changements de trajectoires aussi proches. Cela fonctionne aussi avec les torpilles dans une moindre mesure cependant, leur système de ciblage ressemble à celui des vaisseaux. Il y a une montagne de choses ainsi, à tout les postes, que vous pouvez exploiter pour prendre l'avantage. Votre formation à l'Académie n'est pas mauvaise, elle est incomplète.
- Je ne savais pas qu'on pouvait exploiter la distorsion ainsi, remarqua ensuite la pilote.
- J'ai été le premier à le faire ce jour là et je suis toujours le seul, répondit-il. Nos vaisseaux sont largement sous exploités par les pilotes. La distorsion peut-être utilisée sur de très courtes distances pour obtenir un presque effet de téléportation dans une zone restreinte. Mais cela reste une manœuvre compliquée parce qu'il faut être extrêmement précis dans les coordonnées utilisées, prendre en compte le temps d'entrée et de sortie en distorsion, être très rapide dans la manœuvre. Ce genre de tactique se fait en l'espace d'une à deux secondes, il faut être réactif et ça ne peut être fait qu'en manuel. L'ordinateur refuserait la commande. Il faut aussi bien connaître le vaisseau, son état et sa machinerie. Faire plusieurs « saut » en distorsion ainsi de manière rapprochée fait considérablement chauffer les moteurs. Le pilote doit donc savoir combien de fois il peut faire ces sauts en un temps donné sans ruiner ses moteurs. Les champs de distorsions sont des bulles de subespace, une déformation artificielle de l'espace-temps. Il faut donc aussi prendre en compte les nombreuses interférences que provoquent de multiples sauts rapprochés dans une même zone. Cela perturbera vos instruments mais aussi ceux de l'ennemi. Ce n'est pas une manœuvre aussi simple qu'il y paraît mais extrêmement utile lorsque l'on sait s'en servir. Et il faut bien écouter ce que l'ingénieur en chef vous dit sur l'état des moteurs. Une surcharge du moteur de distorsion pourrait faire sauter le vaisseau. Donc, on n'abuse pas. Le premier équipier d'un pilote Detmer, c'est l'ingénieur en chef. Vous pouvez piloter seule sans les membres de la passerelle s'il le faut, mais vous ne pouvez pas piloter efficacement sans connaître l'état exact du vaisseau. Donc restez en contact constant avec l'ingénieur en chef pour savoir tout ce que vous devez savoir.
Longuement, il répondit aux questions de tous sur la vidéo et les manœuvres, souriant à sa pilote toute excitée comme une enfant. Ils terminèrent la séance plus tard qu'à leur habitude et il y eut alors un temps de flottement, les activités de la passerelle calmes. Son travail bien remplis et à jour, Harias se dit qu'il pouvait bien prendre une pause. Cela faisait plus d'une semaine qu'il était là et il n'avait pas eu une minute pour aller voler. Ses ailes et son dos commençaient à être sévèrement douloureux et il se trouvait qu'il avait finalement un moment.
- Owosekun ? interpella-t-il. Toujours rien à signaler dans la zone ?
- Rien capitaine. Tout est tranquille, assura-t-elle.
- Bien. Commander Saru, la passerelle est à vous, fit-il. Je reviens dans une demi heure trois quart d'heure. Vous pouvez rester là Khan, je vais me dégourdir un peu.
L'homme sourit, semblant comprendre et le capitaine s'en alla, allant chercher le communicateur spatial qu'on avait fait pour lui. Il n'avait pas besoin de casque mais il lui fallait un appareil de communication pour garder contact avec le vaisseau, celui-ci ayant dû être adapté. Il n'y avait pas d'air dans l'espace évidement, il ne pouvait donc parler. On lui avait fait un transpondeur neural envoyant ce qu'il voulait dire au vaisseau et permettant au vaisseau de directement lui transmettre ce qu'on voulait lui dire. Il le mit en place sur sa tempe en rejoignant le premier sas donnant sur l'extérieur qu'il trouva.
- Harias à passerelle, fit-il en activant la dépressurisation du sas. Je sors faire un tour. Prévenez moi s'il y a quoi que ce soit.
Il ouvrit ensuite la porte sur l'extérieur pour s'envoler avec joie, son énergie dorée le propulsant nimbant ses ailes.
- Il sort faire un tour ? releva Saru confus sur la passerelle.
- Commander, un sas sur l'extérieur a été ouvert, signala-t-on.
- Il vous l'a dit, s'amusa Khan, il sort faire un tour.
Amusé par leur confusion il braqua une caméra sur le capitaine qui volait dehors, affichant l'image à l'écran principal.
- Oh bon sang, fit quelqu'un.
- Il n'a pas de combinaison, bredouilla Bryce.
- Il n'en n'a pas besoin, répondit Khan alors que tous regardaient le capitaine enchaîner les figures à une vitesse impressionnante.
- Comment ? demanda Saru.
- Vous n'avez pas encore lu le dossier sur les Mezoriems ? releva Khan. Vous devriez. L'espèce du capitaine Harias est absolument fascinante et unique en son genre. Son corps est capable de s'adapter à tout les environnements après une période d'accoutumance. Il peut évoluer dans le vide comme dans une atmosphère ordinaire. Cela ne lui fait rien. Il peut se passer de respirer longtemps.
- C'est prodigieux, remarqua Saru. À quelle vitesse va-t-il ?
- Là il s'amuse, répondit l'augmenté. Si je me souviens bien, Starfleet a mesuré une vitesse de pointe à cent mille kilomètres heures dans le vide spatial, fit-il en les stupéfiant.
- C'est vraiment possible un truc pareil ? demanda Detmer.
- Pour lui oui. Vous n'avez aucune idée de qui vous avez pour capitaine. Vous devriez lire le dossier sur les Mezoriems, c'est très instructif, remarqua l'augmenté.
- Que fait-il ? demanda Rhys.
- Les oiseaux n'aiment pas vivre en cage, répondit Khan. Il aime voler et il a besoin de voler régulièrement sous peine de violentes crampes et raideurs dans tout les muscles de ses ailes s'ils restent inactif trop longtemps. Gardez donc vos bras croisés dans votre dos plusieurs jours sans jamais pouvoir les bouger et vous aurez une idée de ce que ça peut faire. Avec son envergure et sa vitesse de croisière, il ne peut pas voler à l'intérieur, il a besoin de sortir pour se dégourdir.
- Est-ce qu'il peut faire des rentrées en atmosphère ? demanda Detmer ne lâchant pas des yeux son capitaine dehors.
- Oui. Il l'a déjà fait plus d'une fois, répondit Khan. Entrée et sortie d'atmosphère.
- Ouah, fit Owosekun.
Longuement, toute la passerelle observa leur capitaine voler dans l'espace autour d'eux, laissant une traînée d'énergie dorée derrière lui. Lorsqu'il rentra par le grand hangar du vaisseau, la manœuvre plus simple avec la gigantesque ouverture, il en impressionna plus d'un parmi ceux se trouvant là. Le quotidien s'installant, il fut plus facile pour Harias de trouver du temps, sur ses pauses bien entendu, pour aller voler et cela lui fit du bien. En tant que capitaine, il ne manquait pourtant pas de travail pour tout superviser. S'il ne s'immisçait pas dans le travail de ses équipes scientifiques, écoutant simplement leurs rapports sur leurs avancées ou problèmes, il suivait tout de très près, faisant ses propres notes, ses propres recherches de son côté lorsqu'il pensait avoir quelque chose. C'était d'ailleurs le cas pour le moteur sporique et la créature du Glenn. Il n'avait rien dit à Stamets. Ce projet était le petit bébé de l'homme totalement passionné par la chose et il voulait lui laisser le temps de comprendre les choses par lui même, d'autant plus lorsqu'elles étaient à sa portée.
Le climat entre lui et le scientifique se détendait d'ailleurs doucement, celui-ci constatant qu'il ne lui mettait plus la pression, qu'il lui laissait le temps, recevant simplement ses rapports sans en demander davantage. Un Stamets qui avait d'ailleurs été le premier à bord à lire le dossier sur son espèce pour comprendre comment il interagissait avec les spores. Et cela avait totalement excité le scientifique sur le champs des possibles que ses capacités lui offraient. Harias le soupçonnait d'ailleurs de vouloir faire quelques expériences, le chercheur se retenant parce qu'il était le capitaine. Ils faisaient toujours connaissance et Harias s'appliquait à remettre tout le monde à l'aise à bord, y parvenant doucement.
- Comment se passe la transition ? demanda l'amirale de la flotte.
Harias était présentement seul dans son bureau deux semaines après son arrivée. Il recevait une communication de la chef de Starfleet pour son premier rapport, l'image holographique de la dame devant lui.
- Cela se passe au mieux, répondit-il. L'équipage se détend et cela s'en ressent sur leur travail et sur l'ambiance du vaisseau. Tout se passe bien et si ce n'est quelques appréhensions au début, l'équipage semble bien m'accepter et même pour beaucoup, paraissent soulagés. Je n'ai pu que constater que bien des personnes ici redoutaient le capitaine avant que je n'arrive. Les équipes scientifiques et en particulier celle du moteur sporique semblaient sur le point d'imploser sous la pression qu'on leur a mise. Ils se calment tous maintenant et sont d'autant plus efficaces. Ils avancent bien. Mon numéro deux est vexée pour le capitaine Lorca. Ils ont servis ensemble et elle semble avoir du mal à accepter qu'il ait été relevé ainsi mais cela ne dérange pas le travail et j'espère qu'elle s'apaisera avec le temps. Numéro un en revanche est très à l'aise avec moi, ce qui ne semble pas avoir été le cas avec le capitaine Lorca d'après ce que j'ai entendu. Je détaillerai tout dans le rapport officiel mais cela se passe très bien vu les circonstances.
- J'en suis ravi. Le projet du moteur sporique avance-t-il ?
- Nous sommes en bonne voie. L'étude des données du Glenn est presque terminée et cela semble ouvrir des pistes intéressantes. Je suis moi même encore en train d'appréhender les spores avec mes sens mais je pense pouvoir aider monsieur Stamets ensuite. Il a lui même besoin d'un peu de temps pour apprendre à me faire confiance mais je crois que nous pourrons très vite obtenir des avancées. Je ne vous cache pourtant pas madame que la finalisation du moteur sporique n'est probablement pas pour demain. C'est beaucoup plus complexe et délicat qu'une distorsion ou autre. Le système en lui même est opérationnel mais la navigation et la maîtrise de cette navigation représente un défi beaucoup plus grand. On interagit ici avec des énergies et un réseau vivant, ce qui complique considérablement les choses. Cela ajouté aux gigantesques distances que nous voulons atteindre. Cela va encore prendre du temps. La découverte du réseau mycélien est toute récente est il n'est pas aisé d'appréhender un système aussi vaste et complexe que l'univers. Il faudra encore du temps. J'ai ordonné à Stamets de prendre son temps. Je ne veux pas renouveler la tragédie du Glenn en nous précipitant.
- Je vois, fit-elle un peu déçue. Je comprend même si j'aurais aimé apprendre l'inverse, sourit-elle. Mais il faut être réaliste et vous avez raison. D'autant plus que moi non plus je ne veux pas voir la tragédie du Glenn se reproduire que ce soit pour des raisons purement humaines que par le fait que si cela arrive au Discovery, ce projet sera définitivement fermé. Les seuls spécialistes du moteur sporique sont à votre bord et les données ne sortent pas de votre vaisseau par soucis de confidentialité. Je n'ai pas changé d'avis sur le fait de vous laisser gérer ce projet. Je vous fais confiance, faîte de votre mieux.
- Merci madame. Puis-je vous demander comment le capitaine Lorca a pris sa relève ?
- Mal je le crains. Il a fait un scandale et il est venu me voir des plus furieux. Excessivement d'ailleurs. Plus que le fait d'avoir été relevé, il semble que la perte du Discovery soit ce qui l'a le plus mis en colère. Heureusement que nous l'avons pris par surprise. Vu sa réaction, je doute que cela se soit aussi bien passé s'il avait eu le temps de réagir. Je ne sais pas exactement pourquoi il était si obsédé par le Discovery mais il ne l'approchera plus. Je n'ai pas aimé ce que j'ai vu. Pour le moment, il est sur Terre et a reçu un blâme pour son comportement. Il en a fait voir de toutes les couleurs à la vice amirale Cornwell sur le chemin du retour.
- Je vois.
- Comment cela se passe-t-il avec Khan Noonien Singh ?
- Très bien. Il respecte à la lettre toutes les règles qui lui ont été imposé, fourni un travail de grande qualité, ne cause aucun problème. Il est parfaitement conscient de ce qui est en jeu et je crois que tant que nous serons droits et honnêtes avec lui, que nous respectons nos engagements et que nous n'abusons pas de sa situation, cela se passera bien.
- Je suis heureuse de l'entendre. Inutile de dire que les référents à cette affaire sont tendus à ce sujet.
- Je m'en doute madame mais très franchement, je ne suis pas du tout inquiet au sujet de Khan. Du moins tant que nous tenons ce que nous avons avancé. Il prendra son mal en patience et fera ce qu'il faut tant qu'il voit un avenir correct et pas trop lointain pour les siens.
- Quel poste lui avez vous donné ?
- Aucun qui existe réellement mais il m'assiste personnellement au quotidien. Cela lui permet de faire de multiples choses pour ne pas qu'il s'ennuie et d'avoir des tâches relativement importantes.
- Vous avez fait cela pour le garder à l'œil ? sourit-elle.
- En réalité, c'est lui qui en a eu l'idée. Je lui ai demandé ce qu'il préférerait faire et il a proposé cela. Il semble que je sois la seule chose digne d'intérêt à bord, s'amusa-t-il en la faisant rire. Khan a une tolérance et une patience limitée avec les autres, reprit-il plus sérieusement, et s'est aussi pour s'assurer de ne pas faire de bêtise et de ne pas s'énerver qu'il souhaite rester autour de moi et travailler avec moi. Il me respecte même s'il ne le dira jamais, cela facilite les choses. Actuellement, il travaille sur des simulations d'entraînement pour les officiers de passerelle.
- Vraiment ?
- Oui. J'ai repris leur entraînement au combat à zéro. C'était une catastrophe à mes yeux. Khan est un excellent combattant et programmeur aussi. Je suis certain qu'il pourra programmer des simulations de grande qualité pour l'entraînement et c'est parfaitement dans ses cordes. Il semble y prendre un certain plaisir, assez pervers d'ailleurs, rit-il, pour faire en sorte de mettre l'équipage dans des situations impossibles. Ce sera un très bon exercice pour eux et cela leur fera gagner en expérience. Khan va leur transmettre la sienne sans même sans rendre compte ainsi. Je crois que l'initier à l'enseignement pourrait l'apaiser aussi vis à vis de ceux qu'il juge inférieurs à sa personne.
- Il est certain que des simulations faîtes par un tel homme seront riches d'enseignement pour eux. Et avec vous pour les diriger... J'ai hâte de voir ce que cela va donner.
- Cela sera intéressant c'est certain. Khan a beaucoup de choses à apprendre aux autres, encore faut-il qu'il s'y mette. Il a surtout besoin d'apprendre à renouer avec d'autres que les augmentés. Je crois que cette expérience à bord pourrait vraiment l'aider et l'apaiser, lui montrer que nous ne sommes pas ses ennemis. Je suis optimiste à ce sujet.
- Bien, c'est une bonne nouvelle. J'ai également pris connaissance de votre décision au sujet de Burnam. Je l'approuve. C'est une bonne solution. Qu'en avez vous pensé ?
- Elle est... arrogante. Intelligente mais très arrogante. Son éducation et son enfance sur Vulcain à, je pense, devoir constamment prouver sa valeur face aux vulcains a fait d'elle une érudite très intelligente avec un grand savoir mais aussi une orgueilleuse qui croit tout savoir dés qu'elle n'est plus face à un vulcain. J'espère que travailler au plus bas de l'échelle ou en tout cas, ce qu'elle voit comme le plus bas de l'échelle, loin de ce que ses compétences lui offriraient normalement, lui enseignera un peu d'humilité. Le commander Spock et le commander Saru me l'ont décris comme dangereuse et après l'avoir vu moi même, je suis d'accord. Elle est dangereuse par son orgueil, son entêtement à n'écouter qu'elle même, son dédain pour les autres... Elle pourrait être un très bon élément, si elle évoluait dans son caractère. Mais surtout, elle a besoin d'apprendre à prendre les autres, son équipage en considération, travailler en équipe, accepter le point de vue des autres et travailler dans ce sens pour que tout fonctionne au mieux.
- Comment prend-t-elle la chose ?
- Elle n'a rien dit face à moi mais il était évident qu'elle était énervée devant le fait que je refuse de lui donner un travail à sa hauteur. Ses gardes m'ont rapporté une exaspération apparente dans son travail, de l'agacement, de la mauvaise foi... ce genre de chose. Soit elle apprend à se calmer et à revoir ses prétentions, soit on continuera ainsi. Je n'exclue pas de mettre à profit ses compétences plus tard mais pas tant qu'elle sera dans cette optique de comportement.
- Ce que j'approuve. J'aimerais que vous nous fassiez de petits rapports réguliers sur elle pour que nous suivions son cas.
- Je le ferai madame, approuva-t-il.
- Je ne vais pas vous embêter plus longtemps, vous avez du travail avec tout ce qu'il se passe à votre bord. Je suis ravi d'avoir entendu que la transition se passe bien mais je n'en doutais pas avec vous. Ah, autre chose. L'Enterprise prépare son départ en mission quinquennale mais il est possible qu'il repasse vous voir avant de partir. Il devrait vous amener un peu de personnel en plus, pour augmenter le panel des spécialités représentées à votre bord. Nous ambitionnons de faire du Discovery le vaisseau de pointe de la recherche de Starfleet. Nous vous assignerons donc toutes les compétences dont vous pourriez avoir besoin. Nous faisons encore la sélection mais je vous enverrai les dossiers pour que vous les validiez.
- Je les consulterai avec soin madame, merci, répondit-il.
- Très bien. Bonne continuation capitaine Harias. Au revoir.
- Au revoir amirale, salua-t-il avant que la communication ne soit coupée.
Son rapport terminé, Harias se remit au travail à son bureau, heureux de savoir que l'amirale de la flotte le suivait. Il ne fallut que peu de temps ensuite pour qu'il reçoive un message de Stamets lui demandant s'il pouvait venir en salle des machines sporique rapidement. Son intuition chantonnant, il s'y rendit avec le sourire. Il y trouva Stamets avec Haynes et Tilly occupés à discuter autour d'une image holographique de la créature du Glenn désormais nommée tardigrade après l'étude ayant mis en évidence sa ressemblance avec une espèce de micro organisme terrienne. Il se tint en haut de l'escalier, devinant qu'ils étaient parvenus à comprendre ce qu'il avait saisi il y avait déjà un moment.
- Aurais-je tord de penser, commença-t-il en attirant leur attention, que nous avançons ? s'amusa-t-il.
- Je parie que vous le saviez, accusa Stamets alors qu'il descendait vers eux.
- Tout dépend de ce que vous pensez que je savais, répondit-il en amusant Tilly. De quoi s'agit-il d'ailleurs ? fit-il innocemment.
- Le tardigrade a une correspondance génétique avec les spores, répondit le scientifique. Vous le saviez ?
- Comme je vous l'ai dit le premier jour : le tardigrade a une grande correspondance énergétique avec les spores. J'ai dit qu'ils étaient étroitement liés. J'ai rapidement vérifié mon intuition pour découvrir ça alors oui, je savais, sourit-il.
- Pourquoi n'avoir rien dit ? questionna-t-il.
- Parce que c'était à votre portée et que apprendre par soi même, trouver les réponses par soi même est bien plus formateur que d'obtenir une réponse donnée directement, répondit-il en lui tirant une moue d'accord. Donc, qu'en déduisez vous ?
- En découvrant ça, nous avons cherché à savoir d'où pouvait venir la créature exactement, reprit-il en faisant signe à Tilly qui afficha les plans du Glenn. Les journaux de bords du Glenn, ou plutôt, ce que nous en avons récupéré, ne parlaient pas du tardigrade. Mais le journal du capitaine faisait état d'un passager clandestin repéré en premier lieu dans les réserves de spores séchées du vaisseau, dit-elle en indiquant l'endroit sur le plan. Contrairement au Discovery, le Glenn ne cultivait pas ses spores mais les stockait sous forme déshydratée.
- Nous pensons que le tardigrade est arrivé sur le Glenn attiré par les spores, continua Haynes. Nous avons fait une petite expérience en offrant des spores au tardigrade, il a adoré ça, sourit-il.
- Nous avons aussi repris les images de notre passage sur le Glenn. Le cube de réaction du Glenn et sa salle des machines ont été éventré de l'intérieur, expliqua la rousse en affichant les images.
- Après analyse de toutes les données, nous pensons que le Glenn utilisait le tardigrade un peu comme un navigateur, poursuivit Stamets.
Harias sourit largement, heureux qu'ils aient trouvé par eux même.
- Vous le saviez, comprit Stamets.
- Venez, dit-il en se dirigeant vers la serre.
Ils le suivirent et il ouvrit la porte pour y entrer avec eux, s'arrêtant devant la forêt fongique.
- Ordinateur, téléportation site à site, cellule du tardigrade vers la serre du laboratoire d'ingénierie du moteur sporique. Téléporte le tardigrade ici, ordonna-t-il en surprenant les autres. Énergie.
Quelques instants plus tard, le tardigrade apparaissait au bord de la forêt dans la lumière du téléporteur. Immédiatement, l'animal se dirigea vers les champignons géants et les spores ne tardèrent pas à venir l'entourer. Stamets attrapa immédiatement ses instruments pour analyser ce qu'il se passait.
- C'est comme avec vous capitaine, remarqua-t-il.
- Oui. Le tardigrade communique avec les spores, il discute avec elle. Si on en croit sa nature, le rapport sur lui et si nous n'en n'avons jamais rencontré d'autres, c'est parce qu'il vient certainement du réseau mycélien. Il s'est perdu en cherchant des spores.
- Il y a un transfert d'énergie, remarqua Stamets, une symbiose. Ce n'est pas juste. Moi aussi j'aimerais discuter avec mes champignons, fit-il légèrement en les faisant sourire.
- Mais qu'est-ce que ça veut dire pour nous au final ? demanda Haynes.
- C'est la clef du problème, répondit le capitaine. Le système du moteur sporique est au point, prêt à fonctionner. C'est la navigation qui fait défaut. Pourquoi ?
- Nous n'avons pas la puissance de calcul nécessaire, répondit Stamets. Les erreurs s'accumulent et nous empêchent d'aller où nous le voulons, sans parler de la sécurité des trajets qui nous a coûté le Glenn. Mais, les êtres conscients sont des ordinateurs bien plus performants que n'importe quel supercalculateur. Je pense que le tardigrade est le navigateur qu'il nous faut. Il communique aux spores où il faut aller, quel chemin prendre. S'il vient bien du réseau mycélien, il a probablement la capacité naturelle d'y voyager. Et cela a été permis par le transfert de gène qu'il a réalisé avec les spores et qui l'a génétiquement affilié à elles pour qu'ils puissent communiquer.
- C'est ça, sourit Harias. Votre erreur de base m'a sauté aux yeux dès que j'ai pris connaissance du projet.
- Comment ça ? demanda Stamets curieux.
L'ambiance entre eux s'était détendue et contre toute attente, le scientifique qui n'écoutait que peu de monde s'intéressait à son avis et à ce qu'il savait.
- Ce n'est pas évident pour vous mais pour une espèce comme la mienne, c'est flagrant. Le réseau mycélien est vivant. Il est comme un gigantesque organisme vivant qui communique avec du vivant ? Les spores, les tardigrades et certainement bien d'autres espèces qui lui sont propres et que nous ne connaissons pas encore. Vous, vous avez tenté de communiquer avec lui avec des machines, des ordinateurs. Cela ne fonctionne pas déjà à la base. La communication du vivant, les interactions du vivant sont beaucoup plus complexes que ce que peuvent gérer des ordinateurs, surtout avec des espèces totalement inconnues. Demander à un ordinateur de se diriger dans le réseau mycélien, c'est comme demander à quelqu'un de rejoindre une destination sans qu'il ne connaisse le chemin, sans carte, sans boussole ou moyen d'orientation et sans pouvoir lire les panneaux ou parler aux passants. Impossible. On se perd. Contrairement à tout nos moyens de propulsions actuels qui sont artificiels, utilisent des voies de navigations artificielles ou inertes, le réseau est vivant. Il faut communiquer avec lui d'une toute autre manière. C'est comme monter à cheval, ce n'est pas du tout la même chose que de conduire un véhicule. Seul un être vivant pourra servir de navigateur, un être vivant capable de communiquer avec les spores. La technologie pourra aider mais il faut un navigateur intelligent et conscient pour faire le lien entre le vaisseau et le réseau, qui pourra communiquer.
- J'ai du mal à tout saisir du fonctionnement précis mais c'est logique, remarqua Stamets. Nous pourrions donc utiliser le tardigrade comme navigateur.
- Non, trancha Harias. Nous n'exploiterons pas cet animal en l'asservissant pour nos besoins. Nous allons lui rendre sa liberté aussi vite que possible. À vous de trouver comment faire sans exploiter un être incapable de donner son accord volontaire. Je ne fonctionne pas comme ça peu importe ce qui est en jeu. Il faut un être participant volontairement et qui comprend son rôle ici. En plus, le tardigrade n'est pas fait pour nos systèmes comme il n'est certainement pas fait pour gérer ce genre de connexion. Son système nerveux est certes perfectionné mais pas autant qu'il le faudrait pour ce que nous voulons. La seule chose que nous ferions serait de le faire souffrir et peut-être même le tuer à courte échéance. Inacceptable. Vous pouvez étudier sa manière de communiquer avec les spores, son génome et ses caractéristiques mais nous lui rendrons sa liberté rapidement. Il n'a été que trop enfermé. Vous devez trouver comment faire.
- Très bien, approuva simplement Stamets. Est-ce que vous pourriez vous ? Faire le navigateur ?
- Il me faudra encore environ deux bonnes semaines pour terminer d'appréhender les spores. Ensuite, je pourrai certainement, dit-il en les émerveillant. Mais là encore, ce n'est pas viable. Je suis capitaine, je ne pourrais pas passer mon temps dans le cube de réaction pour diriger le Discovery. De plus, je suis le dernier Mezoriem en vie. Ce qui veut dire que compter sur moi reviendrait à limiter l'usage du moteur sporique au Discovery. Ce n'est pas viable.
- C'est vrai, soupira l'ingénieur.
- Cependant, nous pourrons faire des essais et des expériences ensemble, posa le capitaine. Cela vous donnera certainement une quantité d'informations utiles pour vos recherches.
- Merci capitaine.
- Je suis là pour ça. J'ai hâte de lire vos rapports.
- Vous saviez déjà tout ça, posa Paul.
- Oui mais je peux encore apprendre des choses avec vos points de vues et vos manières de voir et analyser les choses. Ce n'est jamais inintéressant. C'est du très bon travail, félicita-t-il. Vous avancez bien. Cadet Haynes, j'ai lu votre analyse du tardigrade. Très bon travail, très complet et précis. Soignez certain que j'en parlerai à vos instructeurs pour votre diplôme d'exozoologiste, assura-t-il.
- Merci capitaine, se réjouit-il.
- Si vous êtes d'accord avec cela lieutenant Stamets, le cadet Haynes continuera à travailler avec vous sur l'étude du tardigrade.
- Bien sûr.
- Vous savez où aller maintenant, sourit-il. Il ne vous reste plus qu'à trouver le navigateur idéal.
- Est-ce que vous savez déjà pour ça aussi ? demanda Stamets joueur.
- Non mais j'y réfléchi activement. Ce n'est pas une chose simple et je n'ai pas autant de temps que vous pour y travailler. Alors j'ai hâte de lire vos trouvailles. N'hésitez pas à me le faire savoir si je peux faire quoi que ce soit.
Il les salua et ils lui rendirent avec un respect qu'il recevait de plus en plus de la part de son nouvel équipage. Il retourna à son travail, heureux de voir que l'équipe avait compris très vite où aller. Il retrouva la passerelle pour y terminer sa journée avant de regagner ses quartiers. Ce fut avec le sourire qu'il passa un appel privé, comme il le faisait tout les quatre cinq jours. Très vite, l'hologramme de Christopher apparut devant lui, lui tirant un sourire plus grand.
- Bonsoir Christopher, salua-t-il avec tendresse.
- Bonsoir Harias. Comment vas-tu ?
- Bien et toi ?
- Très bien. Comment ça se passe ?
- Bien mieux que ce que j'avais imaginé avant d'arriver sur le Discovery. L'équipage se détend bien plus vite que je ne l'espérais et j'ai une bonne relation avec eux.
- Je n'avais aucun doute là dessus, sourit son compagnon. Tu es un capitaine formidable.
- Merci Chris.
- Et le travail ? Tes missions scientifiques ?
- Cela avance bien. Nous faisons des progrès un peu partout et les résultats sont très encourageant. L'entraînement de l'équipage se passe aussi très bien. Ce sont de bons élèves.
- Avec un excellent professeur.
- J'essaye de faire au mieux. Et toi ? Comment ça se passe au commandement ?
- Bien. Nous avons toujours pas mal de travail, surtout avec les restructurations qui continuent mais cela se passe calmement.
- D'autres capitaines ont été relevé ?
- Oui. Des capitaines et des commandants de sites. Peu heureusement mais il y en a quand même. C'est plus que nécessaire. Les tensions sont prêtes à exploser à toute erreur que ce soit avec les Klingons ou les autres. Prendre des précautions du genre n'est pas superflus. En tout cas, la situation reste stable et c'est une bonne chose.
- C'est très bien. Comment vas6tu ? Pas trop fatigué ? Tu manges bien ? Comment vas ta jambe ? demanda-t-il avec inquiétude.
- Je vais très bien Harias, répondit-il touché par son attention. Je n'ai plus aucun problème avec mon corps depuis que tu m'as soigné. Rassure toi à ce sujet.
- Je veux être sûr, répondit-il simplement.
- Je vais très bien. La seule chose c'est que je dors moins bien quand tu n'es pas là.
- Moi aussi, sourit-il tristement. Tu me manques Chris.
- Si tu savais à quel point c'est réciproque. J'ai hâte que tu aies une permission.
- Dans un mois un mois et demi normalement. J'ai demandé des permissions pour l'équipage. Ils n'en n'ont pas eu depuis le lancement du vaisseau à cause Lorca. Ils méritent une pause. J'ai demandé au commandement l'autorisation de venir stationner en orbite terrestre pour permettre à l'équipage d'aller en permission d'une semaine un tiers à la fois. Je n'ai pas encore eu de réponse. Si c'est accepté, je pourrais peut-être en avoir une aussi.
- Vu les conditions et les délais de mission, cela se fera sûrement. Mais ce sera plus long à ton départ suivant. Les missions comme les tiennes sont à six mois généralement.
- C'est vraiment la seule chose que je n'aime pas dans ce métier, soupira-t-il avec un sourire.
- Je suis d'accord. Mais ça ne rend les retrouvailles que plus agréables, fit-il avec un sous-entendu clair qui fit rire Harias.
- Vraiment ? répondit-il innocemment. J'ai hâte de voir ce que tu veux dire par là.
- Je te montrerai avec plaisir.
- Dès que je sais pour les permissions, je te le dis, assura-t-il plus sérieusement.
- Très bien. J'essaierai d'avoir une permission en même temps. Je travaille à plein temps quand tu n'es pas là exprès pour ça. Même si ce n'est pas simple.
- Chris ? appela-t-il avec hésitation. Je sais que c'est plus simple pour… les couples officiels de synchroniser leurs permissions.
- Es-tu en train de suggérer que l'on officialise vraiment pour Starfleet ? demanda-t-il avec un sourire.
- Si tu veux bien. Ce sera plus simple. Mais seulement si ça te va. Je ne veux pas te forcer ou…
- J'en serai ravi, rassura-t-il. Vraiment ravi. Est-ce que ça te va aussi véritablement ?
- Je ne le proposerai pas sinon, s'amusa-t-il.
- Alors il n'y a qu'a remplir le formulaire nécessaire et le transmettre à l'administration. Je le ferai dès demain matin.
- Moi aussi.
- Grâce à ça, on nous permettra bien plus facilement de synchroniser nos permissions.
- Ce serait vraiment bien. Comme ça, on sera sûr de pouvoir passer nos repos ensemble quand je rentrerai sur Terre.
- Je m'occuperai des détails comme je suis sur place. Tu n'auras pas à t'en faire pour ça.
- Merci Chris. Je t'aime.
- Je t'aime plus, sourit-il.
