Chapitre 19 :
Camarades
Apprendre ce qui était arrivé au capitaine bouleversa le Discovery tout entier, tous très inquiets pour leur officier de commandement désormais très aimé. Saru avait immédiatement repris le commandement comme il se devait, tentant de rassurer tout le monde avant de se diriger vers l'infirmerie. Mais celui qui avait été le plus rapide à rejoindre le capitaine avait été Khan. Et s'il ne laissait rien transparaître, Hugh qui n'avait pu le déloger de l'infirmerie avait perçu son inquiétude. Le grand homme était sagement resté à l'écart sans les gêner mais son regard n'avait pas quitté une seconde le capitaine allongé sur une biocouchette, ses ailes déposées sur des civières antigravités autour de lui. Il avait été changé pour une tenue plus confortable, sa peau atrocement pâle laissant ressortir ses motifs noirs, la chose plus impressionnante encore sans l'or pour le parer. Il respirait péniblement, tremblant, le visage crispé de douleur. Heureusement, la place ne manquait pas dans l'infirmerie du Discovery, permettant d'installer le capitaine et ses grandes ailes sans mal. Lorsque Saru arriva, le docteur Culber était encore à ses côtés, ne s'éloignant pas de son supérieur l'air inquiet. Khan était dans un coin, indélogeable.
- Comment va-t-il docteur Culber ? demanda Saru une fois la porte refermée derrière lui.
- Il est très faible. J'ignore ce qu'il s'est passé mais cela lui a pris toute son énergie, infligé une douleur que je ne saurais quantifier tellement elle est grande et lourdement choqué son corps. Il est littéralement épuisé. La bonne nouvelle c'est qu'il ne semble pas y avoir de dégâts sérieux. Quoi qu'il se soit passé, ça s'est arrêté et hormis la douleur et l'épuisement, les examens ne montrent rien d'alarmant. Nous allons faire d'autres examens pour êtres sûr et le surveiller mais nos premières conclusions tendent à dire qu'il a juste besoin de repos pour se remettre.
- Je vois. Ne pouvez vous rien faire pour la douleur ? demanda-t-il en observant son capitaine.
- J'aimerai beaucoup mais non, soupira-t-il. Les Mezoriem sont résistants à nos médicaments, antidouleurs inclus. Le capitaine Harias est très résistant et sa capacité de régénération est extraordinaire mais s'il est blessé ou malade, autant le dire, il n'y a pas grand-chose que l'on puisse faire si ce n'est de lui apporter un maximum de confort.
- Faite donc cela et tenez moi au courant de la moindre évolution. Nous devions rentrer sur Terre dans moins de trois jours. Nous avions prévu un saut sporique mais nous allons nous mettre en route avec la distorsion. Nous sommes loin de la Terre alors impossible de rentrer rapidement mais j'ordonne qu'on se mette en route. Je vais prévenir le QG de ce qu'il s'est passé et si vous l'estimez nécessaire, lorsque nous approcherons de la Terre, nous contacterons l'hôpital du QG.
- Bien, approuva-t-il. Je veille sur lui et je vous préviens à la moindre évolution.
Saru approuva, jetant un coup d'œil à son capitaine avec inquiétude. Comme tous, il avait beaucoup de respect et d'admiration pour lui. Le meilleur capitaine qu'il ait jamais eu, meilleur que Georgious et bien au-delà de Lorca sans aucun doute. Harias était formidable et sa présence calmait toujours ses instincts. Lorsque Harias était à proximité, jamais ses ganglions lui signalant le danger ne s'activaient et il se sentait particulièrement détendu, en sécurité, une chose très rare pour lui. Harias avait tellement fait évoluer le Discovery. Il avait appris à tout les membres d'équipages et permis des évolutions majeures dans leur travail de recherche. Pas un membre d'équipage n'avait pas profité de sa bienveillance, de sa sagesse et de ses leçons. Aujourd'hui, tous comprenaient pourquoi l'équipage de l'Enterprise avait tant regretté son départ. C'était un capitaine incroyable et le voir dans cet état était douloureux. Il s'en alla après un moment, jetant un regard à Khan qui ne détournait pas le sien du capitaine, l'air bien décidé à rester là, silencieux. Culber resta aussi, prenant un siège près du capitaine, surveillant attentivement son état, observant de temps à autre Khan :
- Vous vous inquiétez pour lui ? demanda-t-il finalement.
Si on connaissait bien le capitaine désormais, on connaissait aussi son assistant personnel. Khan semblait n'avoir de respect et de réelle attention que pour le capitaine, froid, moqueur, sarcastique et tranchant avec tout le reste de l'équipage mais on s'y était fait maintenant. Il était toujours avec le capitaine, parlait peu, ne se rapprochait de personne. C'était un combattant extraordinaire et pour le médecin, il était évident qu'il tenait à Harias. L'homme ne répondit pas, l'ignorant mais il ne s'en formalisa pas.
- Je suis sûr qu'il se remettra, assura-t-il. Le capitaine est l'être le plus résistant que je connaisse. Il a juste besoin de repos.
Khan ne dit rien mais il ne bougea pas, focalisé sur Harias. Et il resta ainsi pendant les vingt quatre heures suivantes. Pendant ce temps, Culber put constater la baisse progressive de la douleur de son capitaine même si elle persistait. Il reprenait lentement des forces, stable et rassurant dans son état, soulageant tout le monde. Saru, Stamets et Landry venaient régulièrement aux nouvelles, tout autre tenu à l'écart, informé par les numéros un et deux du vaisseau. Il fallut encore plusieurs heures mais finalement, le capitaine commença à se réveiller, Hugh qui était à son chevet ne le manquant pas, se levant pour venir près de lui alors que Khan se rapprochait. Le médecin observa son capitaine papillonner des yeux, grimaçant d'inconfort et de douleur en prenant une grande inspiration.
- Allez-y doucement capitaine, pria-t-il en posant une main sur son épaule. Vous avez été pas mal secoué.
Progressivement, ils virent Harias reprendre ses esprits, regarder autour de lui et se détendre. Péniblement, il entreprit de se redresser et de s'asseoir, Hugh l'aidant d'un côté, un peu surpris de voir Khan venir de l'autre pour en faire de même.
- Comment vous sentez vous capitaine ? demanda Culber après un moment.
- Fatigué et fourbu mais ça ira, répondit-il la voix râpeuse.
Hugh lui proposa un peu d'eau qu'il accepta avec joie, terminant de vraiment se réveiller, de retrouver ses moyens. Et rapidement, son dos fut de nouveau droit, son visage souriant et exempt de douleur. Pourtant, Culber savait bien qu'elle était toujours là, l'absence d'or sur lui illustrant sa faiblesse. Il entreprit de lui faire passer un petit examen pour s'assurer qu'il allait bien, soupirant de soulagement :
- Il semble que vous ayez simplement besoin de repos et de détente. Vous devriez vous remettre sans problème même si j'ignore de quoi vous vous remettez.
- D'un échange surchargé avec le réseau, répondit-il en continuant à siroter son verre d'eau. J'ai eu, comment dire, une discussion très riche avec le réseau. Seulement, la quantité de sensations et d'informations qu'il est capable de transmettre en une fois peut-être débordante pour un seul être. C'était trop mais c'est moi qui l'avait voulu. J'irai bien docteur, j'ai juste besoin de retrouver mon énergie mais il n'y aura pas de conséquences. Je n'ai pas été blessé ou autre chose. Il y a juste eu surcharge d'information pour dire ça simplement.
- Je vois. C'est une bonne nouvelle. Mais vous restez un moment ici pour vous reposer. Je vous commande un repas et je préviens le commander Saru de votre réveil.
- Très bien, approuva-t-il.
Le médecin s'éloigna alors et Harias sourit à Khan près de lui.
- Merci pour votre aide, dit-il alors qu'il le soutenait toujours d'une main dans son dos.
Khan acquiesça simplement, froid et Harias ne dit rien, touché par la violente inquiétude sincère qu'il sentait en lui. Il finit son verre d'eau dans un calme apaisant, terminant de refaire le point sur ses sens. Rapidement, Culber revenait avec un repas qu'il entama sur le champs, affamé. Depuis qu'il était arrivé sur l'Irae, il avait repris l'habitude de manger régulièrement. Il n'avait plus connu la faim depuis et il ne voulait plus la connaître, mangeant avec plaisir. Ce fut à la moitié de son repas qu'il vit Saru arriver, l'air ravi de le voir éveillé. Il le salua et prit de ses nouvelles, Harias le rassurant, lui donnant la même explication qu'à Hugh. Il réclama les dernières informations de son vaisseau et de son équipage avant de demander :
- Combien de temps suis-je resté inconscient ?
- Un peu plus de trente six heures capitaine, répondit le kelpien. J'ai ordonné de reprendre la route de la Terre en distorsion après l'incident. Nous ignorions si vous auriez besoin d'une assistance médicale plus poussée et comme nous devions rentrer…
- Vous avez bien fait, approuva-t-il. Quand arriverons nous ?
- Il reste seize heures de voyage.
- Très bien. Cela me laissera le temps de parler avec monsieur Stamets, dit-il gravement.
- Capitaine ? interrogea Saru intrigué.
- Nous avons un énorme problème avec le réseau, lâcha-t-il. Un problème qui mets la Vie dans tout l'Univers en péril.
Le kelpien, l'augmenté et le médecin qui étaient autour de lui restèrent stupéfaits devant cette annonce, choqués et il assura qu'il expliquerait tout en détail plus tard, qu'il devrait parler au commandement pour programmer une mission périlleuse pour régler ça. Ils approuvèrent simplement, inquiets et il renvoya son numéro un s'occuper du Discovery, terminant son repas en réfléchissant. Il avait eu sa réponse sur son mauvais prés-sentiment et c'était bien pire que tout ce qu'il avait imaginé. Son repas terminé, il convainquit son médecin de le laisser partir, lui expliquant qu'il devait réunir l'équipe du moteur sporique au plus vite. Culber y consentit finalement, sentant bien que rien ne retiendrait son capitaine et qu'il n'y avait pas de raison médicale suffisante pour le retenir. Harias était épuisé et éprouvé, en souffrance mais rien ne menaçait sa vie ou sa santé. Il le laissa donc partir, Harias passant se changer rapidement avant de s'en aller, profitant du chemin pour rassurer Khan à sa manière, lui demandant de rejoindre ses quartiers alors qu'il allait vers la salle des machines expérimentale. Il y fit appeler Saru et Landry en plus de l'équipe de scientifiques dirigée par Stamets. Il y fut rapidement à destination, tous déjà là. Et tous lui sautèrent dessus pour avoir de ses nouvelles, de toute évidence très inquiets, le touchant. Il les rassura, acceptant un siège qu'on amena pour lui. Tous l'entourèrent, la porte bien fermée et les visages se firent sérieux.
- Que s'est-il passé capitaine ? demanda Paul.
- Cela faisait quelques temps que je sentais comme un malaise, quelque chose d'anormal dans le réseau, expliqua-t-il. Mais je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il se passait. Alors j'ai cherché et j'ai demandé au réseau de me montrer, de m'expliquer. Nous savons qu'il y a des animaux dans le réseau mais nous ignorons encore s'il y a une espèce intelligente ou même si le réseau lui même peut avoir une sorte de conscience. Pour moi, c'est évident mais je ne peux pas le prouver. Quoi qu'il en soit, j'ai cherché et j'ai demandé au réseau de me dire ce qui n'allait pas. J'avais un très mauvais pré-sentiment. Et finalement, le réseau m'a répondu.
- Comment ? demanda Stamets.
- En m'envoyant des images, des sensations, des ressentis, des sentiments, des émotions… Il n'a pas parlé bien sûr mais il y a bien d'autres moyens d'échanger. Sauf que tout ce qu'il m'a envoyé à été beaucoup trop pour moi, c'est pour ça que ça m'a atteint comme ça. Le réseau est sûrement la chose la plus vaste de nous connaissons, recevoir autant d'informations d'un coup venant de tout le réseau a été beaucoup trop pour moi.
- Cela a provoqué comme une surcharge pour vous, comprit Paul.
- On peut dire ça mais j'ai eu ma réponse grâce à cela. Le réseau est en danger de mort et avec lui, la vie telle que nous la connaissons partout dans l'univers, dit-il en les choquant.
- Comment ? demanda Tilly.
- Nous savons, même si nous n'en n'avons pas la preuve flagrante, que le réseau peut mener à d'autres réalités. Le problème vient de l'une de ces autres réalités. D'après ce que le réseau m'a transmis, là bas, ils ont aussi découvert le réseau mais pas de moteur sporique. Ils ont construit une sorte de réacteur mycélien qui extrait l'énergie du réseau dans d'énormes quantités.
- Mais c'est extrêmement dangereux ! s'exclama Paul. Ils vont détruire le réseau. Il ne peut pas supporter ce genre de chose.
- Exactement. Cela est déjà en train de détruire le réseau. Cela a provoqué une sorte d'infection qui se propage de plus en plus vite. C'est ça que j'ai sentis et le réseau m'a montré ce qu'il en était. Visiblement, ceux qui régentent cet univers parallèle s'en fichent royalement. Je n'ai eu que quelques informations, quelques images mais les sensations et les sentiments qui émanaient de ces informations, je les identifie facilement par expérience.
- Ils sont complètement fous, ragea Stamets. Ils vont anéantir la vie !
- Oui. Nous devons réagir. Si nous ne faisons rien et que le réseau se dégrade davantage, nous sommes tous menacés. Nous avons largement établi la connexion entre le réseau et la vie partout dans l'univers pour mettre cela en évidence. Si le réseau meurt, nous sommes tous condamnés à courte échéance.
Il garda pour lui le fait que lui survivrait certainement mais il ne voulait certainement pas survivre à tout les autres et se retrouver seul.
- Lorsque nous serons rentrés, je vais demander un rendez vous en urgence avec l'amirale de flotte et le commandement pour leur expliquer la situation. Heureusement, nous avons la solution avec le Discovery. Nous pouvons nous rendre là bas et voir si nous pouvons les persuader d'arrêter et le cas échéant, arrêter ça de force. J'ai l'intention de demander au commandement de nous laisser y aller.
- Dans un autre univers ? fit Saru aussi surpris que les autres.
- Parce qu'il le faut et avec toutes les mesures de prudence nécessaires. C'est le seul moyen de sauver à la fois notre univers, le réseau et tout le reste. Je connais désormais assez le réseau pour nous conduire. Je sais que cette perspective est effrayante mais nous n'avons pas le choix. Pour l'instant, nous ne sommes pas à un mois près. J'estime que le réseau atteindra le point de non retour dans six ou sept mois. Au delà, il ne pourra plus récupérer et se régénérer. Nous devons agir avant mais nous avons le temps de préparer cette mission un minimum. Inutile de dire que nous devrons être extrêmement prudents. Un univers alternatif implique que nous pourrions rencontrer nos doubles physiques, mais pas moraux, un univers totalement différent et d'après l'aperçu que j'ai eu grâce au réseau, l'univers en question serait probablement l'opposé du nôtre. La sensation globale que j'ai eu en était l'opposé complet en tout cas. Nous devrons donc faire attention. Je vais parler au commandement, l'équipage ira en permission puis nous nous concentrerons sur cet objectif.
- Vous êtes certain que le commandement sera d'accord ? demanda Landry.
- S'il ne l'est pas, il nous condamne à mort nous et tout l'univers. Ce n'est pas ce que font Starfleet et la Fédération, assura-t-il en les faisant sourire. Cette mission pourrait-être très dangereuse aussi, j'expliquerai à l'équipage et les membres non essentiels à la mission pourront débarquer s'ils le désirent. Je n'obligerai personne à prendre part à une telle chose.
Tous sourirent à cela et ils en discutèrent un moment avant que le capitaine, son numéro un et deux ne retournent vers la passerelle, Khan les rejoignant en route. Tous étaient maintenant habitués à le voir coller le capitaine et plus personne n'en n'était surpris. Sur la passerelle tous furent ravis de voir leur capitaine éveillé et debout, le regardant néanmoins avec inquiétude. Il pouvait sourire et paraître détendu mais il était toujours très pâle, l'or absent de tout son corps.
- Lieutenant Detmer, appela-t-il en s'asseyant dans son fauteuil, combien de temps avant d'atteindre la Terre ?
- Encore quelques heures capitaine, nous arriverons à l'heure initialement prévue par le saut sporique.
- Très bien, approuva-t-il.
Tous se remirent donc au travail, le capitaine travaillant sur les rapports à remettre pour la fin de leur mission de six mois. Et si une partie de son esprit bouillait à l'idée de retrouver Christopher, une autre était tournée vers le réseau et ceux qui le détruisaient. Ce fut assez rapidement qu'ils furent en approche de la Terre et Harias activa l'intercom général pour informer la première moitié de son équipage prévue pour les permissions qu'elle pourrait s'en aller une fois le vaisseau en orbite, l'autre pouvant passer en activité plus réduite et plus détendue. Ils échangeraient deux semaines plus tard avant de repartir en mission. Lui même était prévu dans le deuxième groupe, son numéros un et son numéros deux ainsi que Stamets et d'autres chefs de sections devant partir les premiers. Et il tenait à ce qu'il y ait au moins Stamets ou lui même à bord, qu'il y ait soit le capitaine ou le numéros un déjà de rigueur. Mais il était hors de question de laisser le moteur sporique et la serre sans un responsable capable de s'en occuper si besoin. Le Discovery était pour le moment le seul vaisseau de la flotte dont l'équipage tournait pour les permissions. Ordinairement, le vaisseau était amarré au spatio port, arrêté et tous partaient en même temps. Mais sur le Discovery, il fallait continuer à travailler sur les divers projets, sur le moteur sporique et surtout, si on se plaçait en orbite, les déplacement entre le vaisseau et la Terre était très restreint. La raison était simple : protéger au maximum les nombreux secrets du vaisseau. En le gardant à distance physique des ports, on limitait grandement le risque d'infiltration.
Harias se prépara donc à rester encore un peu à bord, rédigeant un rapport détaillé sur ce qu'il venait de se passer. Saru les avait bien sûr tenu au courant, la chose impérative quand un capitaine était touché, mais ils étaient loin d'avoir les détails. Il expliqua donc tout ce qu'il avait découvert, ce qui lui était arrivé exactement, demandant à être reçu au plus vite par le commandement pour discuter de cette situation, demandant dors et déjà la permission d'organiser une mission d'intervention. Il termina peu avant l'arrivée sur Terre, rejoignant la passerelle pour cela. Rapidement, ils furent en orbite, suivant les instructions de la régulation spatiale pour se placer en orbite géostationnaire avec le QG. Les procédures remplies, la première partie de son équipage fut autorisée à débarquer, les navettes de transport du Discovery commençant rapidement à se remplir. Harias quand à lui, retourna à son bureau, Khan avec lui, s'assurant de transmettre son rapport le plus important à l'amirale de la flotte avant de s'occuper du reste des procédures pour ce séjour en orbite terrestre, transmettant l'évolution du travail du Discovery au commandement.
Très vite, il vit arriver le lieutenant Tracy Pollard également médecin à bord et visiblement chargée par Culber de s'assurer qu'il prendrait du repos. Et la dame pouvait être aussi insistante que son médecin chef. Aussi, il termina ce qu'il faisait avant d'inviter Khan à aller manger avec lui, ce que l'homme accepta d'un signe de tête. Ils rejoignirent donc le mess des officiers très calme et silencieux. La plus part du temps, Harias aimait manger avec le reste de son équipage au mess principal mais là, il était épuisé et profiter de la salle à manger des officiers était attrayant. Il terminait à peine qu'on le rappelait sur la passerelle où il se présenta promptement.
- Que se passe-t-il ? demanda-t-il en entrant et en se dirigeant vers son fauteuil.
- Le QG souhaite faire monter à bord l'amiral Pike, l'amiral Terral et l'amiral Anderson capitaine.
Harias resta surpris, doutant que le commandement ait déjà pris connaissance de son rapport, se demandant pourquoi on envoyait trois des amiraux responsables de la flotte spatiale, les trois plus importants. Il n'allait certes pas se plaindre de voir Christopher mais cela titillait sa curiosité.
- Ont-ils dit pourquoi ?
- Ils souhaitent qu'ils s'enquièrent de votre état, sourit son officier, et qu'ils prennent votre rapport en direct sur ce qu'il vous est arrivé et sur les avancées du Discovery.
- Je vois, permission accordée. Je vais à la passerelle de téléportation pour les accueillir.
Il repartit alors, Khan s'éclipsant en sachant qu'il ne serait pas convié à la discussion. Il retourna donc vers ses quartiers, Harias le priant de se reposer alors qu'il avait longuement veillé sur lui depuis sa perte de conscience. Il n'eut que quelques secondes à attendre une fois à la plateforme pour voir apparaître les trois amiraux. Anderson était un homme assez âgé aux cheveux blancs mais l'air toujours fort et vaillant, les épaules droites. Terral était un vulcain relativement jeune et bien sûr, il y avait Christopher l'air en pleine forme. Harias vit pourtant son regard se faire infiniment inquiet lorsqu'il le regarda, détectant immédiatement sa faiblesse. Il ne dit pourtant rien, tenant son grade et Harias les salua respectueusement. Ils en firent de même et il les invita à le suivre dans son bureau, leur proposant prendre place au salon pour discuter.
Le premier sujet fut de savoir ce qui lui était arrivé et donc, l'état du réseau. Il expliqua en détail, rappelant que sa communication à travers l'énergie lui permettait de nombreux échanges avec le réseau particulièrement réceptif à ce mode de communication. Et c'était à travers cette communication d'énergie que le réseau l'avait renseigné. Il prit son temps pour expliquer précisément ce qu'il s'était passé, les informations reçues et la nécessité d'agir rapidement pour préserver la vie. Il était d'ailleurs très heureux d'avoir un immense capital confiance à Starfleet. Il n'avait pas de véritable preuve de ce qu'il disait, tout passant par ses sens et ses perceptions particulières, et on aurait pu le renvoyer d'emblée. Mais tout au contraire, les trois amiraux le prirent très au sérieux, graves et inquiets devant ce qu'il avait découvert.
- J'ai remis un rapport détaillé au commandement pour expliquer la situation, termina-t-il. Mais une chose est certaine, si nous ne faisons rien, si nous laissons le réseau mourir, c'est la vie partout, pour toutes les espèces, qui s'éteindra avec lui. Le réseau mycélien est littéralement le squelette, le système nerveux, les muscles, les veines de l'Univers. Cela, nous l'avons mis en évidence. S'il s'effondre, tout suivra.
- Donc nous devons entrer en contact avec cette autre réalité quantique et les convaincre d'arrêter d'utiliser leur générateur mycélien, posa Anderson.
- Non, répondit-il. Nous devons y aller physiquement. Entrer en contact avec une autre réalité quantique est impossible avec nos connaissances actuelles. On ne sait pas comment faire ni si c'est faisable. Le réseau peut communiquer avec moi mais il ne peut pas nous servir pour communiquer avec eux. Ce n'est pas un relai. Il faudrait que quelqu'un là bas soit capable d'entrer en contact comme moi avec lui, prenne conscience du problème, en ait quelque chose à faire et soit capable de persuader les siens de cesser. Le réseau peut transmettre des informations sur ce qu'il se passe ailleurs à qui sait l'entendre mais il ne peut pas ouvrir la communication entre nous. En tout cas pour ce qu'on en sait actuellement. La seule solution que nous avons est d'aller là bas directement, ce qui implique une mission périlleuse puisque nous ignorons totalement ce que nous découvrirons là bas. Et compte tenu de l'aperçu que j'ai eu, je ne suis pas très optimiste. Cet univers me semble être l'inverse du nôtre.
- Comment aller là bas ? demanda Terral.
- Grâce au moteur sporique. Je peux emmener le Discovery là bas via le réseau et revenir. Où alors, je peux y aller seul en sautant en individuel. C'est l'un ou l'autre. Le Discovery est précieux pour Starfleet, j'en ai conscience plus que n'importe qui mais nous devons agir. S'il le faut, je peux aller là bas seul et me débrouiller, j'y suis prêt et je suis en capacité de le faire. Mais c'est au commandement de décider.
- Vous êtes encore plus précieux que le Discovery capitaine, remarqua Anderson en le faisant sourire. Un vaisseau, ça se reconstruit. Une personne comme vous, il n'y en a pas deux. Et puis sans vous, le moteur sporique fait un bond en arrière.
- Je préconise de prendre le temps de la réflexion avec le reste du commandement et l'amirale de la flotte, remarqua Terral. La situation est critique, fit-il de l'habituel ton plat des vulcains. Nous devons considérer tout les paramètres avec prudence.
- Bien sûr, approuva-t-il. J'ai mis absolument toutes les informations dans le rapport que j'ai envoyé au commandement et à l'amirale Telmal. Mais je reste à disposition pour en débattre bien entendu.
Ils approuvèrent, décidant de rentrer, que le reste pouvait attendre face à ces informations inquiétantes. Ils optèrent pour repartir et mettre ce sujet au cœur d'une réunion d'urgence du commandement pour trouver une solution. Harias raccompagna les amiraux à la plateforme de téléportation, Christopher priant ses collègues de partir sans lui, qu'il les suivait de près. Ils approuvèrent, semblant parfaitement savoir ce qu'il voulait et ce n'était pas difficile à deviner étant donné que leur relation était officielle et connue maintenant. Les deux amiraux furent téléportés et Harias demanda à l'opérateur de téléportation de les laisser. Son subalterne parti sans protester, referma la porte derrière lui et dés qu'ils furent seuls, Harias vit Christopher fondre sur lui pour le prendre dans ses bras et le serrer contre sa poitrine. Il lui rendit immédiatement l'étreinte, plongeant son visage dans son cou, respirant son odeur :
- Tu m'as terriblement manqué Chris, murmura-t-il.
- Toi aussi.
L'homme s'écarta un peu pour venir lui réclamer un baiser qu'il lui donna avec joie. Ils se retrouvèrent un moment avant que Christopher le ne tienne simplement contre lui, le laissant volontiers se cacher dans ses bras.
- Tu es épuisé, constata l'amiral. Comment est la douleur ?
- Gérable, assura-t-il. Il faudra encore quelques jours pour qu'elle s'en aille et que je récupère mais ça ira Chris. Le Discovery est en activité allégée avec les permissions, je prendrai un peu plus de repos c'est promis.
- Tu as intérêt, fit-il légèrement en le faisant sourire. Ton travail à bord est remarquable. Le commandement le suis attentivement et tous sont bluffés par tes avancées.
- Nos avancées. Tout l'équipage travaille très dur.
Le silence retomba entre eux un moment avant que Pike ne reprenne, bien plus grave et sérieux :
- Tu sais que je ne te laisserai jamais aller là bas tout seul, que Starfleet ne te laissera pas aller là bas tout seul.
- Je sais mais je devais aussi mettre cette possibilité en évidence. Cette mission n'aura rien de facile au mieux et pourrait être extrêmement dangereuse. Nous devons être prudents.
- Nous le serons mais tu n'auras pas à gérer ça seul. Je vais devoir y aller, remarqua-t-il à regret.
- Encore deux semaines et je rentre à la maison, remarqua-t-il en s'écartant de lui.
- J'ai hâte, répondit son amiral en revenant lui voler un baiser. Prend soin de toi et repose toi.
- Toi aussi.
S'ils eurent bien du mal à le faire, ils se séparèrent finalement, Harias renvoyant lui même son compagnon au QG avant de retourner à son bureau pour se remettre au travail. Il y avait bien entendu ses tâches habituelles mais il s'attelait déjà à préparer cette mission de sauvetage du réseau, beaucoup de choses devant être anticipées pour essayer de faire en sorte que cela se passe au mieux. Le retour de son médecin le poussa à aller prendre quelques heures de sommeil dont-il avait plus que besoin. Lorsqu'il se réveilla, il ne tarda pas à se remettre au travail, méditant et se concentrant sur les informations qu'il avait reçu en masse du réseau pour tenter de préciser au mieux ce qui pourrait les attendre dans l'autre univers, quel mal touchait le réseau. Il fut d'ailleurs très heureux de maîtriser à la perfection la communication d'énergie maintenant. Avec, il pouvait se connecter à son vaisseau, ce qu'il faisait déjà très souvent, comme il l'avait fait depuis son arrivée sur l'Irae pour emmagasiner des savoirs, des connaissances et des informations. Il avait énormément travaillé là dessus pour se connecter à toutes les technologies et il faisait cela facilement désormais. Grâce à cela, il s'efforça de produire les images que le réseau lui avait montré pour illustrer un peu plus ses propos. Stamets avait déjà ramené énormément d'images du réseau mais il y ajouta celles des zones empoisonnées, noircies et mortes qu'il avait vu, montrant clairement le problème. Ces images ne sortiraient pourtant pas du vaisseau, très peu d'informations précises sur le réseau mycélien quittant le Discovery. Bien sûr, le commandement avait des informations mais rien de précis, rien de technique, tout cela restant sur le Discovery par mesure de prudence.
Ce fut rapidement qu'il eut des nouvelles du commandement. Le jour même, le QG le contacta, annonçant que le commandement allait se déplacer sur le Discovery pour en parler et décider quoi faire. Là encore, le but était de garder cette affaire dans le vaisseau. Il prépara donc une grande salle de conférence, rappelant Stamets pour l'occasion, l'homme accourant sans hésiter une seconde. Il fit également venir Saru et Landry, concernés de prêt parce qui pourrait être entrepris. Eux aussi revinrent sans broncher, heureux d'être appelés par leur capitaine pour cette réunion. Tout les capitaines n'incluaient pas d'office ainsi leurs officiers dans une telle réunion de crise. Tout trois furent là avant le commandement, l'aidant à terminer de tout mettre en ordre, prenant de ses nouvelles, inquiets de le voir toujours aussi épuisé. Il les rassura avant de rejoindre le hangar avec eux, les amiraux devant arriver par navette.
Ce fut le commandement resserré autour de l'amirale de la flotte, Agatharia Telmal, qui arriva finalement, tous en uniforme et l'air grave. Il y avait avec elle les amiraux les plus importants responsables de la flotte : son compagnon, Christopher Pike, Brett Anderson et Terral. Et il y avait les amiraux principaux du QG : Blefiz, Gorch, Madvina Jahelle, Barra, Obélia Quidé, Nestor Okara et Fabius McHarson. Harias et ses hommes les saluèrent respectueusement, l'amirale Telmal venant immédiatement vers le capitaine ailé pour lequel elle avait beaucoup de respect, comme tous les présents d'ailleurs :
- Comment allez vous capitaine Harias ? demanda-t-elle en le scrutant.
- Bien amirale, assura-t-il. Si vous voulez bien me suivre.
Elle approuva et ce fut naturellement qu'il marcha avec elle devant, les autres amiraux suivant, la plupart venant pour la première fois sur le Discovery, ses hommes fermant la marche. Le cortège fit sensation auprès des membres d'équipage qu'ils croisèrent et qui étaient toujours en service. Rapidement, ils arrivèrent à la salle de conférence prévue par Harias, l'amirale de la flotte prenant place au bout de la grande table, les autres amiraux autour d'elle. Le capitaine resta debout à l'autre bout en face d'elle, ses subalternes alignés derrière lui. La porte fut fermée et l'amirale Telmal ouvrit la réunion, exposant le sujet du jour : l'agonie du réseau mycélien, avant de passer la parole à Harias. Longuement, il raconta à nouveau ce qu'il s'était passé, ce qu'il avait découvert, appuyant cette fois des images qu'il avait ajouté dans l'ordinateur. Des images qui firent bondir Stamets qui s'approcha de la table au dessus de laquelle les projections en trois dimensions défilaient.
- C'est à ce point ? demanda-t-il avec horreur en se tournant vers son capitaine.
- C'est à ce point, approuva-t-il. Et ça s'étend très vite. J'avais estimé à quelques mois le temps que nous avions avant le point de non retour mais après avoir examiné cela plus en détail depuis mon réveil, je pencherai plutôt pour quelques semaines, une dizaine tout au plus.
- C'est très inquiétant, remarqua la dame. Êtes-vous absolument certain de votre diagnostique capitaine ?
- Oui amirale et mon expérience avec le vivant, mes sens ne font que confirmer ce que j'ai pu constater de manière scientifique. Le réseau m'a fait ressentir son agonie, dit-il en les tendant devant ce constat. C'est… une sensation que je connais et que je peux identifier sans erreur. Le réseau est en train de mourir. Avec monsieur Stamets, nous avons mis en évidence son lien avec la vie partout dans tout les univers. Sa mort entraînerait très rapidement la disparition de la vie telle que nous la connaissons absolument partout et sans moyen d'en réchapper. Je connais bien le réseau aujourd'hui et ma perception de l'énergie m'a permis de sentir à quel point il diffuse la sienne partout dans l'Univers. Une énergie essentielle à la vie. Les espèces fongiques sont capables de recréer la vie après la mort et en sont une source, c'est unique pour nos connaissances. Les découvertes du lieutenant-commander Stamets vont bien au-delà de la conception d'un moteur de déplacement instantané. Il faudra probablement des siècles pour avoir une réelle connaissance du réseau, de son écosystème et de ses rôles, mais nous sommes déjà absolument certains de sa nécessité absolue pour l'Univers et la vie comme elle est aujourd'hui. Je sais que les preuves que je fournis sont minces mais je suis absolument certain de ce que j'avance amirale.
- On m'a fait savoir que vous étiez prêt à vous rendre seul dans cet autre univers pour remédier à ça, remarqua-t-elle sous les regards lourds de tous.
- Quoi ?! s'exclamèrent ses subalternes choqués.
- Mais capitaine…, commença Saru l'air contre cette idée comme Stamets et Landry.
Harias leva pourtant une main pour les faire taire et ils obéirent sur le champs.
- Oui amirale, approuva-t-il. Je peux sauter seul vers cet autre réalité quantique, me débrouiller là bas et faire ce qu'il faudra pour rétablir la situation. Je sais au combien le Discovery est précieux pour Starfleet sous bien des aspects. Cette mission sera très dangereuse. On ne sait pas ce qui nous attend là bas et je ne suis pas optimiste sur la question au vu de l'aperçu que j'ai eu par le réseau. Je ne pense pas non plus que les responsables se laisseront convaincre d'arrêter leur réacteur mycélien si facilement. Un tel réacteur n'est pas viable mais l'énergie qu'il fournit tout en étant compatible avec la technologie n'a probablement rien de comparable pour ce que nous en savons dans cette réalité et probablement leur réalité aussi. Cela et j'ai cru comprendre que la société dominante là bas n'avait rien de pacifique. Je n'ai pas plus d'informations mais assurément, c'est très dangereux. Il vaudrait certainement mieux que je m'y rende seul. Ainsi, si ça tourne mal, je suis le seul impacté et quoi qu'il en soit, je ferai ce qu'il faut pour sauvegarder le réseau et remplir cette mission. Que ce soit en tant qu'officier de Starfleet ou en tant que simple habitant de cet univers. Il n'est probablement pas utile de mettre en danger le Discovery et son équipage. D'autant plus que je suis sûr que monsieur Stamets finira par trouver le moyen de naviguer dans le réseau sans moi. Vous connaissez tous mon dossier, dit-il aux amiraux, mon passif et donc, ma capacité à me débrouiller seul là bas. Je suis prêt à y aller dés que vous l'ordonnerez, assura-t-il avec confiance et force.
Il y eut un moment de silence dans la pièce, tous observant le capitaine très calme et déterminé avec admiration.
- Votre courage et votre volonté vous honorent capitaine Harias, reprit finalement l'amirale de la flotte. Nous savons à quel point vous êtes compétent et expérimenté. S'il y en a un qui pourrait faire cela, c'est vous. Mais il n'est pas dans l'ADN de Starfleet de jeter l'un des siens seul dans ce genre de mission périlleuse. Et si le Discovery et son équipage sont en effet très précieux, vous l'êtes autant voir plus, sourit-elle. Tous nous connaissons votre valeur. Je crois savoir que si vous n'y allez pas seul, ce sera avec le Discovery.
- Oui. Si je dois emmener d'autres personnes, j'ai besoin du Discovery et du moteur sporique. Je ne peux pas emmener d'autres personnes sans ça.
- Pourtant vous emmenez monsieur Stamets régulièrement, remarqua Anderson curieux.
- Oui mais juste pour entrer dans le réseau et y passer un peu de temps. Je ne pourrais l'emmener nul part ainsi. En l'emmenant avec moi, inconsciemment, monsieur Stamets connaît le chemin de retour au Discovery et par sa connaissance du réseau, il connaît aussi le chemin allé. Il n'a donc pas besoin de navigateur pour simplement entrer et sortir du réseau. Mais on ne peut rien faire d'autre. Et c'est aussi pour cela qu'il est le seul que j'emmène. Il est le seul à avoir la connaissance nécessaire pour le permettre même si sa participation au trajet est inconsciente.
- Ce sera donc avec le Discovery, approuva Telmal en soulageant visiblement les trois subalternes du capitaine. Nous reconnaissons l'importance d'effectuer cette mission et nous vous faisons confiance si vous dîtes que c'est vital. Nous le comprenons facilement avec vos explications. Nous avons donc décidé de valider cette mission bien qu'elle restera secrète Le personnel non essentiel sera débarqué et je crois savoir que vous souhaitez laisser le choix aux autres de venir ou non.
- Oui amirale. Je ne souhaite pas imposer cette mission des plus délicate et dangereuse à qui que ce soit.
- Qu'en pensez vous ? demanda-t-elle alors aux trois présents. Irez-vous avec votre capitaine ?
- Oui, répondirent-ils en même temps sans la moindre hésitation.
Tous sourirent à cette réaction spontanée prouvant leur attachement à leur capitaine, Harias très touché.
- Très bien dans ce cas, votre équipage aura ses permissions comme prévu, vous aussi d'ailleurs. Préparez cette mission et transmettez nous la date à laquelle vous souhaiteriez partir ainsi que votre plan d'action.
- Oui amirale.
- Avez-vous déjà une idée ?
- Oui, approuva-t-il.
Longuement, il expliqua comment il pensait procéder, les précautions qu'ils prendraient et tous y ajoutèrent leurs remarques et idées. Ce ne fut que bien plus tard qu'ils mirent fin à la réunion, Harias raccompagnant le commandement à sa navette avant de laisser ses subalternes repartir en permission, leur conseillant de bien se reposer. Puis il retourna au travail, se remettant sur la préparation de cette mission. Il n'avait que très peu d'informations sur cette autre réalité mais ce genre de situation tendue, avec le monde en jeu où on ne savait pas où on mettait les pieds, ça, il connaissait. Cette fois cependant, il avait l'occasion d'anticiper, une grande première. La première chose à faire serait de se cacher et de s'informer pour évaluer la situation et la manière d'agir. Il faudrait faire vite, le réseau n'ayant pas vraiment le temps d'attendre. Aussi, il faudrait analyser la situation au plus vite pour avoir le temps d'agir.
Comment agir ? Il ne le savait pas encore. Dans son esprit et dans l'esprit de Starfleet, la première chose était la discussion, la médiation, la négociation pour les convaincre d'arrêter et de ne jamais recommencer. Seulement, ce ne serait certainement pas aussi simple et il doutait que la simple négociation fonctionne. Mais il ne pourrait pas savoir avant de découvrir qui utilisait ce fameux réacteur, s'ils étaient conscients de ses défaillances et comment ils pourraient réagir à cette information. Et si la négociation ne fonctionnait pas, un simple sabotage ne marcherait pas non plus puisqu'il fallait surtout effacer la volonté d'utiliser et donc de potentiellement reconstruire le réacteur. Le plus difficile se trouvait là pour lui. En tant que capitaine de Starfleet, il avait des limites mais pourrait-il en avoir pour sauver l'Univers ? Il savait que non.
Durant les deux semaines suivantes, il s'appliqua à tenter d'anticiper la chose, les possibilités qui pouvaient se présenter, les différents scénarios… Il retourna dans le réseau, tentant d'en savoir plus sans y parvenir. Le réseau, s'il avait une certaine conscience à ses yeux, n'avait pas le fonctionnement nécessaire pour échanger aussi précisément avec lui, comprendre sa demande. Il n'avait toujours pas de contact avec une espèce potentiellement intelligente du réseau et donc, il n'avait pas de moyen d'éclaircir les choses. S'il avait déjà repéré le chemin pour rejoindre la réalité quantique responsable, il devrait s'y rendre pour obtenir plus. Il eut plusieurs discussions avec l'amirale de la flotte et le commandement à ce sujet, préparant autant qu'il était possible de le faire. Et il était infiniment touché de constater une fois de plus que personne ne voulait le laisser endosser ça seul, comme l'immense confiance qu'on lui accordait.
Malgré les efforts de son médecin de bord, il ne prit pas beaucoup de repos, préoccupé par la situation. Aussi, quand vint son tour de partir en permission, la première partie de son équipage revenant, il commençait à peine à retrouver quelques traces d'or sur lui. Il fit la transition avec Saru et Landry pour les laisser prendre la suite, demandant à quelques membres d'équipages de travailler sur la mission à venir, leur donnant accès à ce qu'il avait déjà fait. Pour le moment, peu étaient déjà au courant, cela se résumant aux officiers de passerelle qu'il briefa lui même, l'équipe du moteur sporique et bien sûr ses numéros un et deux. Il ajouta quelques uns de ses plus éminents scientifiques qui pouvaient anticiper la situation dans une autre réalité. Il n'y avait que peu de monde, tous tenus au secret. Même sur le Discovery, peu étaient déjà au courant pour les autres réalités et pour cette situation. Il gardait cela ainsi pour le moment, le commandement ne voulant informer que le strict nécessaire de personnes, ces informations sensibles pour des raisons évidentes.
Harias commença par superviser la téléportation de Khan vers sa prison. L'homme savait parfaitement qu'il se passait quelque chose de très grave. Il connaissait désormais l'existence du moteur sporique et du réseau mais il n'avait aucune information précise à ce sujet, n'ayant que les bases que l'on pouvait entendre sur la passerelle. Mais il n'avait accès à rien à ce sujet. Il ignorait encore pour les autres réalités et s'il savait que la situation était critique et que le capitaine organisait une mission pour régler ça, il ne connaissait pas les détails. Harias voulait l'emmener, s'il était d'accord, mais le commandement était réticent à le laisser participer, redoutant son comportement et ce qu'il pourrait faire plus tard de ces informations. Harias était confiant et il savait que Khan était bien assez intelligent et vif pour comprendre. Il était assez intelligent pour avoir déjà reconnu lui même l'existence d'autres réalités, il en était certain.
Et pour Harias, il était un élément de choix pour une telle mission. S'ils avaient à faire à des hostilités, Khan serait indéniablement d'une grande aide. Leur relation d'amitié se renforçait de plus en plus, l'augmenté ne le niant plus. Mais Khan se détendait aussi vis à vis de la Fédération, de Starfleet et des autres même s'il ne l'avouerait pas. Harias était déjà convaincu qu'il ne serait pas une menace pour eux à l'avenir et peut-être même un allié avec le temps. Mais le commandement était plus réticent, ce qui ne l'empêchait pas d'insister et de plaider pour pouvoir emmener Khan, son soutient étant aussi rassurant pour lui. Khan et lui se ressemblaient autant qu'ils étaient différents et ils se comprenaient parfaitement. Si les choses tournaient mal dans l'autre réalité, Khan serait probablement le seul à réagir comme lui pourrait le faire pour accomplir ce qui serait nécessaire. Cela n'était clairement pas dans l'ADN du reste de l'équipage, de Starfleet même pour les plus combatifs comme Landry. C'était très bien ainsi aux yeux d'Harias mais parfois, il savait bien que les choses ne se passaient pas comme on l'aimerait.
Ce furent Saru, Landry, Stamets et Culber qui le poussèrent finalement vers le téléporteur pour qu'il rentre chez lui et aille se reposer, tout les autres déjà partis depuis un moment par navette. Le spatioport les avait d'ailleurs contacté pour savoir pourquoi le capitaine ne s'était pas présenté au débarquement et ce furent ses hommes qui le poussèrent vers la sortie, le priant d'aller se reposer, lui assurant qu'ils prenaient les choses en mains en son absence, lui promettant de le prévenir si des informations importantes arrivaient. Finalement, il prit le téléporteur pour rejoindre le spatioport, trouvant immédiatement Christopher en réapparaissant. Il sourit, pas du tout surpris, s'excusant auprès de lui pour son retard. L'amiral ne lui en tint pas rigueur, comprenant, semblant l'avoir attendu avec patience. Il l'accompagna pour les procédures de débarquement, enroulant un bras autour de lui. Et si comme lui, l'homme semblait pressé de le retrouver vraiment, il y avait clairement du soutient et de l'inquiétude dans son étreinte. Harias savait bien que son homme voyait qu'il était loin d'avoir récupéré et que cela l'angoissait.
Rapidement, ils furent sur Terre. Chris avait déjà demandé un véhicule adapté à son compagnon, ainsi qu'un chauffeur qui les ramena chez eux. Encore un moment et ils furent seuls dans leur appartement, dans leur nid douillet et comme à l'habitude, il ne fallut pas attendre plus loin que la fermeture de la porte pour qu'ils se jettent l'un sur l'autre, leurs retrouvailles aussi intenses qu'ils en avaient envie et besoin. Dans les bras de Christopher, Harias parvint enfin à mettre le reste de l'Univers sur le côté et à se détendre, concentré sur son inestimable compagnon. Le capitaine ne se rendit même pas compte qu'il s'endormait une fois leur câlin terminé, confortablement installé sur le torse de son amiral. Pourtant, lorsqu'il se réveilla, ils n'avaient toujours pas bougé et Christopher était toujours occupé à caresser ses ailes et son dos, tenant sa main posée sur sa poitrine. Souriant, Harias nicha son nez dans ses poils, se gorgeant de l'odeur de son compagnon qui l'apaisait tant :
- J'ai dormis longtemps ? bredouilla-t-il.
- Quelques heures. Tu en as besoin. Dans les deux semaines à venir, c'est repos et détente.
- Avec plaisir. Tu m'as tellement, tellement manqué, confia-t-il en se serrant un peu plus contre lui.
- Je peux dire la même chose, soupira-t-il en déposant un baiser sur sa tête.
- Chris, je voudrai m'excuser, dit-il alors.
Cela faisait un moment qu'il voulait le faire, aborder ce sujet mais il n'en n'avait pas eu l'occasion par manque d'intimité avec son compagnon.
- Pourquoi ?
- Je sais que tu n'as pas apprécié que je propose d'effectuer cette mission seul et quel qu'en soit le prix. Je sais que ça t'a blessé, grimaça-t-il. Je m'en excuse.
- Pas besoin, répondit-il. Je te connais Harias et je comprend. C'est dans ta nature et avec ton vécu, comme avec ta volonté d'épargner les autres, ton équipage, je sais que c'est ta réaction naturelle. Et c'est admirable. Je sais aussi que tu es en capacité de faire une telle chose et je sais au combien cette mission est vitale. Seulement, j'aimerais que tu intègres enfin définitivement que tu n'es plus seul, que tu n'auras plus jamais à te battre seul et que tu n'as pas à endosser une telle responsabilité, une telle charge seul. C'est terminé tout ça. Tu as des camarades loyaux et fidèles désormais. Tu n'es plus seul, d'accord ?
- D'accord. Je suis désolé, j'ai encore du mal avec ça.
- Je sais et c'est compréhensible. Le commandement aussi s'est fait la remarque et a compris que tu avais encore des difficultés avec ça.
- Est-ce que ça a été mal vu ? s'inquiéta-t-il.
- Non pas du tout. Tous admirent ta volonté, ton courage et ta détermination, ton abnégation. Mais ils regrettent de ne pas encore avoir pu te prouver que tu n'as plus besoin d'envisager ça.
- Je vois.
- Pas besoin d'excuse mon amour. Je comprend mais jamais je ne te laisserai seul face à quoi que ce soit. Maintenant, laissons ça de côté. Tu as besoin de repos, de détente et ces deux semaines sont pour nous.
- Avec grand plaisir, sourit-il.
Dans les deux semaines qui suivirent, Harias ne fut pas dupe sur le fait que son compagnon faisait tout pour qu'il se repose et se détende. Mais il laissait faire Christopher. L'amiral était le seul qui pouvait agir ainsi avec lui et avec qui il parvenait à l'accepter, avec qui il parvenait à se laisser conduire. Il ne rechigna donc pas à permettre à son amour de le couver littéralement, touché de le voir faire avec une telle attention. Sa permission fut pourtant bien vite terminée et il dut retourner sur le Discovery. Elle avait suffi à lui faire retrouver une bonne partie de ses forces et à ses yeux, tout les efforts de Christopher pour cela n'y étaient pas pour rien. Il retourna sur son vaisseau, revigoré par cette pause avec Chris et déterminé à accomplir la mission qui l'attendait, sauver le réseau et tout l'univers avec. La routine. Il retrouva son équipage, entendant les rapports de tous sur toutes les activités du vaisseau avant de réunir ceux qui travaillaient sur leur mission et qui avaient continué à plancher dessus en son absence. Toute une équipe scientifique travaillait sur le sujet avec des spécialistes en xénosociologie, xénoanthropologie, stratégie et autres spécialistes des constructions de communauté prêt à étudier rapidement et méthodiquement l'univers dans lequel ils tomberaient pour comprendre vite leur environnement.
Harias avait été touché de voir que tout ceux qui étaient mis au courant s'avéraient déterminés à remplir cette mission et à y aller malgré tout les risques. Sa surprise ne s'arrêta pas là. Lorsque l'on annonça à l'équipage qu'une partie serait débarquée pour permettre au vaisseau de partir pour une mission périlleuse dont-il n'était pas certain de revenir, il avait vu ses hommes venir en masse et insister pour l'accompagner et l'aider peu importe ce qu'il y avait à faire et les risques encourus, estimant que c'était leur devoir. Harias avait admiré leur volonté, voyant à quel point il avait changé d'univers et d'entourage avec cela. C'était absolument incroyable à ses yeux et sous leur insistance, il soumit leur requête au commandement qui accepta après avoir reçu des demandes de chacun d'entre eux pour ne pas être écarté de leur vaisseau malgré le danger. Visiblement, même les amiraux n'avaient pas été indifférents face à l'unité et la résolution de son équipage. En vertu des valeurs de Starfleet, ils avaient accepté.
Harias avait aussi finalement obtenu de pouvoir emmener Khan, le commandement admettant qu'il serait pour lui un soutient précieux s'ils tombaient dans une situation difficile ou guerrière. Le capitaine avait pourtant laissé le choix à l'augmenté. Khan travaillait pour son peuple et risquer de disparaître dans un autre univers n'était peut-être pas dans les risques qu'il accepterait de prendre. Il était donc allé lui parler avant de l'embarquer de nouveau, lui expliquant que cette fois, le Discovery partirait pour une mission extrêmement périlleuse dont-il n'était pas certain de revenir. Khan avait déjà entendu les grandes lignes de la situation même s'il était loin d'avoir les détails, conscient que c'était important. Harias avait été surpris de le voir accepter sur le champs, amusé lorsqu'il argumenta en disant ne pas vouloir laisser l'avenir de l'univers, et donc des siens avec, dans les mains de son équipage, assurant qu'il aurait besoin de lui. Harias n'avait pas nié, se doutant qu'il serait très utile et c'était pour ça qu'il s'était battu pour le prendre avec lui.
Une autre question se posa avec Michael Burnam. Elle s'était calmée depuis un moment maintenant, réfléchissant bien plus, ne rechignant plus devant ses missions basiques à ses yeux. Cela avait semblé surprendre beaucoup de ceux qui la connaissaient et qui s'attendaient à la voir faire une bêtise. Mais elle n'était pas si bête et Harias l'avait compris. Elle avait commencé à réfléchir après avoir brièvement vu Spock qui s'était clairement dressé en faveur du capitaine. Puis elle avait observé, étonnée, comment il avait pris en main et fait avancer ce vaisseau, comment il le dirigeait et comment l'équipage s'était mis à beaucoup l'aimer et le respecter. Tout cela l'avait fait réfléchir. Harias estimait que l'emmener sur cette mission et peut-être l'impliquer, ses compétentes précieuses malgré tout, pouvait être une bonne mise à l'épreuve pour elle et le commandement l'avait suivis, ayant confiance en son jugement en voyant comment cela se passait avec Khan. Une semaine après son retour sur le vaisseau, Harias estimait qu'ils étaient aussi prêt que possible et qu'il était l'heure d'y aller pour se donner le temps d'analyser et d'agir. Il l'annonça donc au commandement qui approuva. Il fut cependant surpris lorsqu'on lui annonça que s'il aurait le contrôle de cette importante mission, tous ayant confiance en sa capacité à la gérer, ils enverraient un amiral et un vice-amiral pour l'accompagner dans ce périple et suivre tout ça. S'il ne l'avait pas envisagé, Harias concéda pourtant que vu l'importance de la situation, c'était bien normal.
Il comprit d'autant plus lorsqu'il vit arriver la vice amirale Cornwell et Christopher. Son compagnon lui avait assuré qu'il ne le laisserait pas aller là bas seul. Si Harias ne l'avait pas interprété de cette façon, son amiral avait décidé de l'appliquer au pied de la lettre. Et il fut très touché de le voir venir malgré qu'il soit mal à l'aise de le mettre en danger. Seulement, sa présence était au combien rassurante pour lui. Ce fut juste après l'embarquement par navette des deux officiers qu'ils partirent, sautant pour rejoindre un recoin isolé avant toute chose pour ensuite sonner le véritable départ pour un autre univers...
