Chapitre 22 :
Mise en scène
Une fois son histoire sur Severus terminée, Harias renvoya tout le monde au travail et il fallut un instant pour qu'on se réveille après cela. Mais on se remit au travail avec plus d'ardeur et la vice amirale ne protesta plus contre Khan. Les choses bien en marche, Harias quitta la passerelle avec son compagnon, laissant Saru y prendre le relai. Christopher le suivit, le conduisant subtilement dans une salle vide, fermant la porte avant de venir le prendre dans ses bras, le serrant avec chaleur. Harias se réfugia contre lui, le souvenir de Severus toujours source de souffrance et de regrets pour lui. Son homme l'avait vu et il le serra avec soutient et réconfort, plein d'affection pour lui. Ils n'échangèrent pas un mot. Tout avait été dit avec cette histoire et l'amiral ne comprenait que mieux l'obstination que sa moitié avait à encourager Khan et à prendre des risques pour lui. Il avait appris durement une leçon qu'ils avaient visiblement besoin d'apprendre eux aussi.
Finalement, ils se remirent en route et ce fut vers la cellule où Lorcas était retenu que Harias les guida. Ils furent finalement devant l'ancien capitaine du vaisseau assis dans sa cellule l'air fermé et agacé, furieux.
- Capitaine Lorcas, releva Harias en s'arrêtant face à lui. Je viens voir si vous avez changé d'avis sur votre coopération ?
- Je n'ai rien à y gagner et vous échouerez de toute façon, s'amusa-t-il. La Fédération et Starfleet n'ont certainement la trempe nécessaire pour affronter l'empire.
- L'empire que vous avez tenté de vous approprier et essayant de renverser l'empereur pour finalement vous attirer ses foudres ? fit-il en le surprenant. Au plus le temps passe et au plus nous en apprenons sur cette réalité. Je sais désormais ce que vous voulez. Vous voulez poursuivre votre projet et prendre le trône. Je n'ai que faire de cette affaire. La seule chose qui m'importe est de mettre fin à l'histoire de ce réacteur de malheur.
- Vous n'y arriverez pas, assura-t-il. Vous ne l'atteindrez jamais.
- Vous devriez prier pour que nous y parvenions ou tout sera détruit dans tout les univers, posa-t-il plus froidement. Mais j'imagine que vu votre égoïsme, vous vous en fichez puisque votre vie ne sera probablement pas assez longue pour voir l'effondrement du multivers même si vous mourriez de vieillesse. Laissez moi vous assurer que vous n'arriverez à rien, je ne le permettrai pas et je peux être incroyablement obstiné. Votre choix est le suivant : coopérer et avoir une chance de rester dans votre univers lorsque nous nous en irons une fois notre mission accomplie ou vous entêter et revenir avec nous affronter la justice de la Fédération.
- Si vous venez me voir, c'est que vous avez besoin de moi, sourit-il.
- Non. Je suis juste du genre à laisser sa chance à tous, répondit-il. Je sais que vous croyez encore pouvoir nous dicter notre conduite et diriger les choses à votre guise. C'est mal me connaître et si je suis quelqu'un de relativement gentil, il ne faut pas trop me chercher non plus. Oublier vos idées de faire des bêtises ou ça pourrait aussi me donner l'idée de vous livrer à l'empereur pour que vous subissiez la justice de votre propre monde. Vu votre trahison et la moralité de cet empereur, vous faîtes aussi une monnaie d'échange intéressante pour moi.
- Alors vendez moi, nargua-t-il.
Et Harias sentit qu'il le voulait réellement, restant une seconde perplexe avant de comprendre :
- Donc votre but n'est pas tant le Discovery dans l'immédiat mais rejoindre le Charon, sourit-il en le choquant visiblement. Si vous n'avez pas encore saisis que je comprend vite les choses, s'amusa-t-il. Dans ce cas, vous pouvez oublier. Je m'assurerai d'autant plus que vous n'ayez pas ce que vous voulez. Il ne vous reste que peu de temps alors si vous changez d'avis, faîte le savoir, dit-il en se détournant pour s'en aller.
Christopher le suivit simplement et une fois loin des oreilles de l'homme, il avait promis qu'il garderait un œil sur le prisonnier en son absence pour prévenir toute tentative de sa part de s'échapper. Harias lui sourit, pas du tout surpris de voir que Chris se doutait déjà que Lorcas tenterait probablement quelque chose. Et il savait qu'il saurait parfaitement le gérer, pas du tout inquiet pour ça.
Ce fut très vite que Khan revint vers lui, restant perplexe un instant devant les regards un peu étranges que les membres de la passerelle lui donnèrent. Il ignora pourtant rapidement pour rejoindre le capitaine et lui dire qu'il avait terminé de tout préparer, lui donnant une tablette avec un rapport concis sur la chose pour voir s'il était d'accord. Harias ne fut pas surpris de voir que tout était parfaitement correct, Khan sachant parfaitement ce qu'il faisait et il avait vraiment l'air de s'être amusé avec cette histoire d'image à monter, de scénario à créer. De toute évidence, il avait l'intention de redescendre cet empire et cet empereur. Ces préparatifs fait, Harias donna ses ordres à sa passerelle pour son absence, leur commandant de suivre ce qu'ils leur transmettraient et surtout de rester en sécurité. Il ordonna de ne surtout pas venir vers eux quoi qu'il se passe et il fit promettre à son numéros un, la vice-amirale et l'amiral de ne surtout pas se montrer même s'ils perdaient leur connexion, qu'ils les voyaient se retrouver en très mauvaise posture, emprisonnés ou torturés, attaqués. Il eut du mal à l'avoir mais il l'eut, argumentant que ce genre de choses pourraient aussi les servir malgré tout. Il briefa ensuite l'équipage entier, leur demandant de continuer à travailler pour imaginer autant de solutions que possible au cas où, encourageant et réconfortant comme à son habitude.
Une fois certain que tout était bien compris et qu'on avait envisagé assez de choses à son goût, il se dirigea vers la salle où Khan avait tout préparé, les deux officiers supérieurs le suivant avec son numéros un et son assistant. Celui-ci n'avait pas fait les choses à moitié en montant une image de seigneur impressionnant. Il lui avait synthétisé tout un costume pour entrer dans le personnage, s'amusant visiblement de l'air dépité du capitaine lorsqu'il le vit. Mais Harias ne protesta pas, sachant qu'ils y gagneraient bien plus à monter une façade de ce genre. Il faudrait jouer le jeu et ce ne serait pas sa première fois. Une autre tenue attendait l'augmenté en plus des équipements qu'il avait jugé nécessaire. Le capitaine alla s'habiller et il laissa Christopher l'aider à tout mettre en place sous l'œil critique et un peu amusé des autres. Mais lorsque ce fut terminé, ils furent tous du même avis :
- Très impressionnant, fit Cornwell. Vous avez l'air plus grand et plus imposant comme ça.
Il portait maintenant une riche tenue noire faîte d'un pantalon de cuir, de hautes bottes, d'une chemise couverte d'un long manteau fendu sur les côté et enfermé dans une épaisse ceinture à sa taille. Le tout était décoré d'or et d'émeraude, à la fois dans leur couleur et leur matière, avec richesse et finesse, des épaulettes travaillés trônant. De nombreux bijoux s'ajoutaient, d'or et d'émeraude eux aussi. Il y en avait sur ses cornes, sur ses ailes, sur sa queue, à ses mains, autour de son cou, sur ses oreilles, dans ses cheveux… Il y en avait partout et cela mettait d'autant plus en valeur son apparence très atypique, marquant ses traits. Khan y avait ajouté une panoplie d'arme assez impressionnante. Il avait de tout du pistolet technologique à l'épée et au couteau à l'air bien plus ancien. Certaines étaient parfaitement visibles, d'autres complètement cachées. D'autres équipements étaient dissimulés partout. Il y avait les transpondeurs neuraux que le capitaine utilisait lorsqu'il volait et qu'on avait beaucoup amélioré pour leur donner bien plus de fonctions avec le temps. Khan les avait transformé en bijoux posés sur ses tempes. Il y avait des caméras et des micros et transmetteurs qui leur serviraient à garder le contact avec le Discovery et à leur montrer ce qu'il se passerait pour eux, à leur faire parvenir les informations. Il avait pensé à tout et ce n'était pas surprenant.
Il avait lui même une tenue assortie plus simple avec tout un équipement. La seule différence était qu'il ne portait pas le nécessaire à la transmission avec le Discovery, seul Harias pouvant cacher cette connexion avec ce qu'il avait sur lui. Aussi, ses propres capteurs renvoyaient vers Harias qui lui avait de quoi faire parvenir au vaisseau en dissimulant la transmission de ses capacités. Et bien sûr, il s'était équipé pour combattre et avoir tout ce qu'il jugeait nécessaire.
- Ce n'est pas un peu trop ? demanda le capitaine pas vraiment friand de ce genre de costume ostentatoire.
- Pas pour le personnage que nous voulons créer, assura Khan intransigeant. Cela rend mieux que je ne l'avais imaginé, remarqua-t-il l'air fier de lui.
- Je parie que ça vous amuse, nota Harias en le faisant ricaner.
- Oui et non, répondit-il franchement. Ce n'est pas comme si vous n'étiez pas en capacité d'être ce genre de personnage si l'envie vous en prenait. Je n'ai jamais compris votre humilité. Vous pourriez avoir tellement plus, soupira-t-il.
- Inutile d'avoir plus quand on a déjà tout ce qu'on désire et qui nous est cher Khan, sourit-il avec indulgence. Inutile d'en vouloir plus quand on a déjà le plus important, le plus précieux et le nécessaire. En vouloir plus tourne souvent mal croyez moi. L'équilibre est valable en toute chose. Ne pas avoir assez, c'est ne pas pouvoir vivre décemment malheureusement mais en avoir trop aussi même si cela ne se passe pas de la même manière. Vous l'avez vécu dans le passé. Vous avez fini par en avoir trop et tout s'est effondré.
Khan sembla considérer ses propos, comprenant de quoi il parlait comme les deux officiers supérieurs. Harias lui sourit et finit par reprendre la parole après avoir terminé de tout vérifier :
- Il faut que nous passions par la serre avant de partir, remarqua-t-il. Il faut que je fasse une réserve de spores pour que nous puissions sauter plusieurs fois.
Il approuva et ils repartirent avec les trois autres direction la serre de la mezoria où Khan entra pour la première fois. Culber et Stamets les attendaient déjà, restant stupéfiés devant l'apparence du capitaine avec ce costume. Tout ceux qu'ils avaient croisés en route l'avaient été, le regardant un peu bêtement l'air très intimidés et cela avait visiblement diverti l'augmenté. Une fois dans la serre de la mezoria saturée de ses spores dorées Harias se concentra sur elles, ouvrant grand ses ailes pour qu'elles viennent s'y loger comme elles l'aimaient tant.
- Qu'est-ce que vous faîtes ? demanda Stamets curieux.
- Je stocke des spores pour que nous puissions avoir une réserve pour sauter. Elles adorent mes ailes et y vivent très bien. Je peux ainsi en garder une grande quantité sur moi, expliqua-t-il.
- Et moi qui vous avais préparé un stockage, soupira-t-il légèrement.
- Ce ne sera pas utile, sourit-il.
Il termina alors que Culber donnait à Khan un bracelet contenant les substances nécessaires pour le mettre dans le coma et le réveiller, lui expliquant comment activer le dispositif, les doses qu'il contenait. Le médecin ignorait bien sûr pourquoi mais il avait le dossier médical de Khan au cas où comme pour tous à bord. Les informations y étaient limitées, le faisant passer pour un simple humain mais il était indiqué qu'il avait besoin de doses de médicaments bien plus fortes pour que cela fonctionne. C'était assez suspect pour le professionnel qu'il était et Harias sentit son doute quand il lui parla des doses. Il ne posa pourtant aucune question même s'il demanda à l'homme s'il n'y avait pas d'erreur au niveau du dosage. Khan approuva et il ne le questionna pas. Le capitaine termina, Khan glissant le bracelet sous sa manche alors que Culber venait lui donner une commande :
- Elle déclenche le bracelet de Khan, expliqua le médecin. Il peut l'activer de lui même mais vous devrez le réveiller. Ici pour le plonger dans le coma au cas où et ici pour le réveiller.
- Merci docteur, sourit-il. Khan ? Prêt ?
- Bien sûr, répondit-il.
- Alors allons-y, dit-il en venant lui donner son dos.
Khan n'hésita pas à activer lui même son bracelet, tombant immédiatement inerte sur lui. Il le rattrapa et le cala entre ses ailes, laissant Culber vérifier qu'il supportait bien la procédure avant de partir.
- Il va bien, conclut-il rapidement. Son métabolisme est très particulier. Est-ce que vous le savez capitaine ?
- Oui. Je sais comment il fonctionne. Ne vous en faîte pas pour ça. Khan résistera très bien à cette procédure et c'est aussi pour ça que c'est lui que j'emmène. Ce ne serait pas si évident pour quelqu'un d'autre.
Prenant l'homme correctement, il s'éloigna un peu avant de leur faire face.
- Regagnez la passerelle et tenez vous prêt dés que nous serons partis. Je vais nous rapprocher du Charon en restant en sécurité et commencer par réveiller Khan tranquillement, dit-il en activant le casque de l'homme pour le protéger du vide.
L'équipement était intégré à sa tenue qui malgré son apparence de costume était aussi une parfaite combinaison spatiale.
- Dés que nous serons tous près, nous débuterons la mission.
Ils approuvèrent et il leur sourit, leur assurant que tout irait bien. Il se concentra ensuite, les spores brillant autour de lui et une seconde plus tard, ils disparaissaient. Ce fut en plein espace qu'ils réapparurent, dans le vide et Harias fit rapidement un tour des alentours de ses sens pour s'assurer qu'ils étaient en sécurité. Il se focalisa ensuite sur Khan. L'augmenté allait bien, sa théorie sur le coma et le saut se révélant bien exacte comme il le pensait. Il activa son bracelet pour le réveiller et très vite, Khan remua et commença à se redresser, la force de l'habitude et sa résistance lui permettant de retrouver très vite ses moyens. Usant de son communicateur neural, Harias lui parla :
- Prenez votre temps pour vous réveiller, conseilla-t-il avant de se concentrer pour ouvrir la communication avec le Discovery. Discovery ? Ici le capitaine Harias. Me recevez vous ?
- Parfaitement capitaine, répondit Saru.
- Vérifiez que vous recevez parfaitement le son, les images et les données provenant de nos capteurs, ordonna-t-il. Docteur Culber ? Captez vous correctement nos données biologiques ?
Parce qu'ils s'étaient également équipés de cela pour que leur vaisseau puissent suivre leur état. Seule la passerelle verrait tout cela. Et sur sa passerelle, il y avait son équipe habituelle bien sûr avec Saru, Landry et les autres. La vice-amirale et l'amiral était là également. S'y ajoutaient Stamets, près à analyser toutes les données du réacteur mycélien qu'ils pourraient trouver, Culber qui veillerait sur leur santé et les meilleures analystes utiles du vaisseau pour voir tout ce qu'il y aurait en direct et en tirer les bonnes conclusions. Cela incluait Tilly dont le capitaine reconnaissait le génie et Burnam qui malgré son statu restait une très grande scientifique avec des connaissances et des compétences très élevées. Si certains n'avaient pas vraiment été pour sa participation, dans cette situation, Harias était bien décidé à user au mieux de tout ce qu'il avait pour réussir. Et c'était l'occasion de mettre la jeune femme à l'épreuve. De toute façon elle en savait déjà beaucoup et resterait encore longtemps enfermée sur son vaisseau. Eux seuls verraient tout cela, la passerelle fermée aux autres durant l'opération.
- Oui capitaine, répondit le médecin. Tout est en ordre et Khan se réveille normalement.
- Nous recevons parfaitement toutes les données capitaine. Tout fonctionne parfaitement.
- Très bien. Êtes-vous près ?
- Oui capitaine, répondit son second sur le champs.
- À moins qu'il arrive quelque chose au Discovery n'entrez pas en contact. Observez, analysez aussi rapidement et correctement que possible. Si vous avez quelque chose à me communiquer, envoyez un simple signal bref. Je saurai et dés que ce sera possible, j'écouterai. Si vous jugez que je dois entendre ça sur le champs quoi qu'il soit en train de se passer, envoyez trois impulsions de signal à une seconde d'intervalle et je prendrai la chose sur le champs avec le lien neural. Est-ce clair ?
- Oui capitaine.
- Nous tenterons d'avoir autant d'informations que possible tout en essayant d'obtenir ce que nous voulons. Nous allons nous approcher pour commencer, nous mettre en vue. Nous resterons un moment à l'extérieur du vaisseau pour que vous puissiez prendre des images et des informations et l'analyser au mieux. Sa conception pourrait déjà nous renseigner.
Une nouvelle fois, on approuva et il se tourna vers Khan qui s'était parfaitement reprit. Il échangea un regard avec lui et l'augmenté s'attacha à lui par un harnais qu'il avait intégré à sa tenue et un lien qu'il fixa à sa propre ceinture dans son dos. Ainsi, Harias pouvait l'emmener en ayant les mains libres. Cela fait, l'homme lui donna un signe de tête calme, assurant qu'il était près. Harias approuva, se concentra pour vérifier la position de sa cible puis ses ailes s'illuminèrent et ils furent vite en route avec une vitesse prodigieuse. Harias les avait fait sortir du réseau assez loin de leur cible aussi, il fallut un petit moment pour arriver même avec sa vitesse. Mais ils s'approchèrent bientôt, le capitaine ralentissant progressivement pour que Khan ne subisse pas un arrêt brutal. Et il en profita pour soigner la chose. Il s'assura de se tenir aussi droit et fier qu'il le pouvait, détendu et calme, le visage froid sans expression. Les ailes grandes ouvertes, il laissa irradier son énergie en cette belle lumière d'or qui émerveillait beaucoup de monde et qui brillait sur lui et autour de lui, amplifié par le costume et les ornements qu'il portait. Il s'assura que le vaisseau s'arrête sur lui lorsqu'il le verrait.
Le Charon fut bientôt en vue. La première chose qu'on remarquait était cette énorme boule de lumière qui brillait à l'avant. L'orbe dégageait une énergie colossale qu'il put sentir sans mal. Il ne lui fallut pas plus d'effort pour en comprendre la nature. Cette énergie était celle du réseau, ce qui voulait dire que cette orbe avait probablement un lien avec le fameux réacteur, surtout quand on voyait cette masse d'énergie qu'elle produisait. Il percevait aussi des champs magnétiques et gravitationnels très forts tout autour du vaisseau. Il était vraiment gigantesque. Il s'arrêta bien en vu de l'appareil, émettant une impulsion d'énergie pour être certain qu'on le repère. Lorsqu'il sentit qu'on l'observait, il sut qu'il avait réussi. Derrière lui, Khan était aussi concentré, observant méthodiquement l'appareil et il savait que ses hommes étaient assurément en train de faire de même.
Il se focalisa sur le vaisseau, usant de son interface neurale pour se servir de son propre équipement sans remuer un doigt. Il s'en servit pour envoyer une demande de communication formelle et sans politesse au Charon, patientant ensuite en fixant avec intensité la passerelle rapidement détectée. La première réponse fut l'activation de l'armement du vaisseau qui pointa immédiatement sur eux sans pour autant tirer. Sachant qu'il était observé probablement de très près, assez près pour qu'ils voient son visage, il eut un sourire froid et calculateur comme pour leur dire que cela l'amusait de les voir se mettre sur la défensive ainsi. Il croisa ses mains dans son dos sous ses ailes pulsant de lumière, signifiant clairement sa détente, faisant penser qu'ils pouvaient tirer sans que cela ne l'inquiète une seconde. Il resta de marbre et il put facilement sentir que Khan était aussi amusé que lui dans son dos.
Il patienta tranquillement et il ne fut pas surpris lorsqu'il sentit l'un des canons s'activer. Ce n'était pas le genre de cet empire, de cet empereur, de parler si facilement à un non humain. Il sourit plus largement encore sans perdre une miette de calme. Il se concentra et quand le puissant tir d'énergie fusa en une boule de lumière, son éclat dorée pulsa. Une vague d'or jaillit et stoppa net le tir à un bon kilomètre d'eux. Il explosa et il les protégea lui et Khan de l'onde de choc. Il n'eut pas besoin d'avoir de contact direct pour percevoir la stupeur complète que cela provoqua sur le Charon, comme chez Khan et très certainement chez son équipage qui observait. Pas du tout perturbé, il renvoya un message d'appel de communication plus dur, ajoutant que s'ils ne voulaient pas être détruis sans préavis, ils feraient mieux d'accepter, exigeant que l'empereur lui réponde. Une minute et la communication était ouverte, une voix masculine raisonnant dans son récepteur neural qui s'assurait également que Khan et son vaisseau entendent leur discussion.
- Comment oses tu importuner le domaine de l'empereur esclave ?! claqua-t-elle.
Il sourit comme s'il cela le faisait rire et répondit dans le lien neural, ses lèvres ne bougeant pas.
- Fait attention à ce que tu dis humain ou cela pourrait être ta dernière parole, trancha-t-il. Puisque ton empereur, fit-il avec dédain pour ce titre, préfère m'envoyer un pathétique sous-fifre imbécile pour me répondre, répète lui fidèlement ceci : j'exige un entretien sur le champs.
- Tu n'as rien à exiger !
- Dans ce cas, je peux détruire ce vaisseau immédiatement, dit-il en levant l'une de ses mains.
Il y concentra une puissante énergie condensée, s'assurant que le vaisseau puisse la capter et percevoir que c'était plus puissant que leurs canons. Bien sûr, c'était du bluff. Harias savait bien qu'il pouvait détruire un vaisseau ordinaire ainsi mais, premièrement, ce n'était pas dans sa nature d'abattre autant de monde de la sorte et, deuxièmement, avec l'énergie du réseau en jeu, il n'était pas certain que cela soit une bonne solution. Ils ignoraient encore si tenter de faire sauter ce système ne provoquerait pas une apocalypse dans sa destruction. Il fallait également être prudent avec la façon de mettre fin à ce réacteur.
- Quel dommage, soupira-t-il. Et moi qui pensait que nous pourrions trouver un accord acceptable.
Il sourit d'un air machiavélique et amplifia l'énergie, sa main brillant comme une étoile.
- De voulez vous à notre empereur ? questionna l'autre.
- Cela ne te regarde en rien subalterne, répondit-il le ton moqueur. Je suis sûr que ton empereur écoute en ce moment alors prenez ceci en compte, majesté, ricana-t-il. Ce pourquoi je viens concerne également votre survie et celle de votre empire.
Il y eut un moment de silence avant qu'on ne lui réponde :
- Montez à bord, ordonna l'homme avant de commencer à lui donner des instructions le conduisant vers le hangar.
Il éteignit sa main et fusa vers le dit hangar avec Khan dans son sillage. Ils y furent en quelques millisecondes, stoppant devant la porte qui commençait à peine à s'ouvrir. Aussi, lorsqu'elle fut bien ouverte et qu'ils purent être vus par l'équipage à l'intérieur, ce fut le Mezoriem dans toute sa puissance, les ailes grandes ouvertes avec sa lumière et son apparence si atypique qu'ils découvrirent. Il y avait là plusieurs dizaines d'humains dans les uniformes noirs et or de l'empire, tous pointant une arme sur eux. Il entra sans hésiter avec son passager, passant le champs de confinement d'atmosphère sans problème et sans même donner un signe qu'il s'en aperçut. La gravité artificielle revint en même temps que l'air et Khan tomba.
Il n'eut cependant pas le temps de pendre au bout de sa longe qu'il la détachait. Quelques mètres plus bas, il atterrit sur le sol du hangar, fléchissant les genoux pour amortir avant de se redresser de toute sa stature. Il fit quelques pas en avant sans la moindre hésitation, ouvrant son casque pour révéler son visage et son sourire hautain. Le fait qu'il soit visiblement humain sembla surprendre un instant les gardes à qui il donna un petit ricanement.
- Pathétique, jugea-t-il en les balayant du regard.
Sans la moindre hésitation, détendu et assuré, il leur tourna le dos, signifiant clairement qu'il ne les estimait pas dangereux. Il fit face à Harias qui vint se poser près de lui avec une lenteur et une élégance qui fascinait toujours les autres. À son tour, il les balaya du regard sans paraître impressionné un instant et de toute évidence, c'était ceux qui lui faisaient face qui étaient impressionnés même s'ils tentaient de le cacher. Un homme qui portait l'uniforme de capitaine entra, les gardes s'effaçant de son chemin pour le laisser passer avec ce qui semblait être d'autres officiers. Ils vinrent vers eux, marquant un petit temps d'arrêt face l'être ailé qui sourit d'amusement en s'avançant. Dés qu'il le dépassa, Khan le suivit, se postant derrière lui à sa droite.
- L'empire terriens est-il si faible et lâche qu'il lui faut envoyer autant de gardes pour seulement deux êtres ? questionna-t-il avec moquerie en tendant les humains alors qu'il s'arrêtait à trois pas du capitaine. Ou est-il si assez stupide pour croire que si peu pourrait suffire ? ajouta-t-il en faisant ricaner Khan près de lui.
- Nous pourrions tout aussi bien vous abattre sur le champs, grogna le capitaine face à lui.
- Parce que tu crois que vos pitoyables armes de poings y arriveront mieux que le canon de ton vaisseau de pacotille ? nargua-t-il en les tendant. Tu es amusant mais ce genre d'amusement basée sur l'absence d'intelligence me lasse très vite, claqua-t-il froidement. Alors mène moi à ton empereur ou je pourrais perdre patience. De toute façon, c'est ce qu'il t'a ordonné de faire non ?
- Tu te crois en droit de seulement respirer le même air que mon empereur ? gronda l'homme en le regardant de haut en bas.
Immédiatement, Khan bondit et Harias le laissa faire. Trop rapide pour le capitaine terriens et les autres, il fut sur lui avant qu'il ne s'en rende compte, enfonçant son poing dans son nez. Sa cible voilà à plusieurs mètres et les autres réagirent pour tirer. Calme et l'air amusé par la scène, Harias mobilisa son énergie pour les protéger tout deux des tirs, une lumière dorée nimbant Khan qui avait fusé en sortant deux phaseurs. En quelques secondes, que ce soit par ses tirs paralysant ou ses coups purement physiques, Khan avait mis au sol la moitié des gardes présents sans prendre un coup. Ce fut un capharnaüm de tirs et d'agitation, de cris pendant un instant, Harias ne bougeant pas. Puis tout les terriens se figèrent lorsque Khan surplomba le capitaine en l'enjambant, le mettant en joug en le menaçant clairement de mort. Le capitaine ordonna immédiatement qu'ils arrêtent l'assaut, se secouant pour se reprendre alors qu'il était sonné. Ils obéirent et tout s'immobilisa, le silence retombant. Khan fixa sa victime dans les yeux, meurtrier sans aucun doute.
- Paralysie ? nota Harias l'air déçu en regardant ses victimes de tirs immobiles. Ce n'est pas dans vos habitudes d'être aussi magnanime.
- Si je les tue, je ne pourrais plus m'amuser avec eux, répondit-il le sourire sadique. Mais si vous désirez que j'efface ces misérables de votre vue, cela sera avec plaisir.
- Nous verrons cela plus tard, trancha Harias. Nous avons autre chose à faire.
- Toi, insecte, fit-il à l'attention du capitaine qu'il tenait en joug, tu apprendras à respecter tes supérieurs si tu tiens à la vie. C'est toi, ton empereur et tes pathétiques semblables qui ne méritaient pas de respirer le même air que lui. Alors tu vas obéir ou je vous tue tous. De toute évidence, cela ne sera pas très difficile, s'amusa-t-il. Debout et conduit nous à moins que tu ne veuilles que je trace le chemin moi même en abattant tout ceux que nous croiserons. Leurs cadavres devraient faire un tapis agréable. Bas de gamme mais agréable.
L'air furieux, le capitaine le toisa comme s'il voulait le renvoyer vertement mais un autre officier entra, annonçant que l'empereur voulait voir les intrus, ordonnant qu'on lui amène. Le capitaine fit mine de se relever et Khan l'attrapa pour le remettre sur ses pieds d'une main avec brutalité, le poussant ensuite vers la porte. Il rangea ses armes, la lumière dorée autour d'eux s'éteignant.
- Dans ce cas, allons y vite, soupira Harias en s'avançant. Comme je l'ai dit : ce genre d'amusement me lasse vite.
Si les humains eurent l'air furieux de la manière dont cela se passait, ils obéirent à l'ordre de leur empereur. Le capitaine et les officiers prirent les devant, leur faisant signe sec de suivre. Harias se mit en marche derrière eux, Khan reprenant place à droite derrière lui, tout deux dignes, fiers et illisibles. Les gardes qui n'avaient pas été frappés suivirent, fermant la marche. Ils avancèrent alors dans le vaisseau sombre sans un mot, les deux étrangers observant très attentivement tout ce qui était à porté l'air de rien. Finalement, ils arrivèrent devant une imposante porte décorée qui s'ouvrit devant le capitaine qui les conduisait. Ils entrèrent dans une grande salle faîte pour être impressionnante, une sorte de salle du trône de toute évidence. Il y avait une assemblée faîte d'officiers, de seigneurs, de capitaines et autres notables tel une cour certainement censée être impressionnante. Ils avancèrent dans l'allée formée par les gens présents placés au millimètre en rangs :
- Saluez tous sa majesté impériale, mère de la patrie, suzeraine de Vulcain, maîtresse de Chronos, régente d'Andoria, fit une voix forte. Saluez tous l'empereur Philippa Georgiou Augustus Iaponus Centarius !
Ils atteignaient alors le bat des marches présentes au fond, une ligne d'officiers s'écartant pour révéler un personnage se tenant debout sur ce qui devait être le trône, celui-ci pivotant pour venir leur faire face dans une manœuvre d'intimidation sans effet sur eux. Il s'agissait d'une femme, sa place, son costume et son attitude ne laissant que peu de doute sur le qui elle était si la présentation laissait une hésitation. D'apparence, elle était la copie d'un personnage connu de leur réalité, Philippa Georgiou, la capitaine du Shenzou qui avait été la mentor de Burnam à Starfleet et qui était morte suite à la trahison de celle-ci. Elle les toisa du regard, froide alors que tous autour d'eux s'inclinaient en s'exclamant :
- Longue vie à l'empereur !
Il y eut un silence qui se voulait tendu et dont Khan fit mine de ne pas se rendre compte, ricanant :
- Inutile de souhaiter longue vie à quelqu'un qui programme sa propre mort et celle de son empire, s'amusa-t-il.
- Comment oses-tu espèce de sale petit…, commença un officier.
- Silence, ordonna l'empereur pour être aussitôt obéit. Il est rare qu'un divertissement de cet ordre se fraye un chemin jusqu'ici, s'amusa-t-elle. Ta tête fera un beau trophée à accrocher sur mes murs sous-être, dit-elle en regardant Harias de haut en bas.
Khan voulut immédiatement s'avancer pour aller lui faire ravaler ses paroles, se fichant de la marée d'armes se levant contre lui mais Harias ouvrit un peu une aile pour l'arrêter, ignorant de ce qu'il se passait autour. Khan stoppa sur le champs et se remit en place sans discuter, Georgiou faisant signe à ses hommes de baisser leurs armes l'air ennuyée. Harias replia son aile, donnant un léger sourire froid à la celle qui lui faisait face.
- Ces petits jeux d'insultes et de menaces sont inutiles. Je me suis déjà lassé comme je l'ai dit et une menace qui ne peut être appliquée ne sert à rien, fit-il comme faisant la morale à un enfant. Allons droit au but voulez vous.
- Qui es-tu humain ? exigea-t-elle de savoir en regardant Khan pour ignorer Harias.
- Vous devriez savoir qui je suis puisque, à mon grand dégoût, mon nom et mon visage figurent en bonnes places dans votre histoire, répondit-il. Cet empire sait qui je suis à moins que vous ne soyez trop limités pour vous souvenir de qui vous avez pris pour modèle en construisant cette… blague.
- Oh j'ai déjà vu le visage que tu arbores mais celui de qui tu prétend usurper l'identité est mort depuis deux siècles et demi, remarqua-t-elle.
- La mort n'est pas pour ceux qui savent à qui ils doivent prêter allégeance, sourit-il en regardant Harias. On peut avoir une vie très longue lorsque l'on sert un dieu.
Le mot fit planer un silence étrange dans la pièce et l'empereur eut un rictus amusé :
- Un dieu ? fit-elle. Et puis quoi encore ?
- Je ne cherche certainement pas à vous convaincre, remarqua l'augmenté. Il n'y a que les imbéciles qui ont besoin qu'on leur dise de toute manière. Quoi qu'il en soit, je suis Khan Noonien Singh et oui, j'ai trois cent deux ans, sourit-il en stupéfiant quelques uns. Je suis plus vieux que cet empire, je suis celui qui était empereur sur Terre avant toi et tes prédécesseurs et c'est sur mon peuple que vous avez pris exemple pour cette mascarade que vous appelez empire.
- Les augmentés sont tous morts depuis longtemps, répondit-elle.
- Cela c'est ce que nous avons voulu vous faire croire, ricana-t-il.
Tout en même temps, Harias se détourna l'air ennuyé, marchant dans la salle comme si de rien n'était, comme s'il était ici chez lui, tournant le dos à l'empereur sans la moindre hésitation. Et Khan continua :
- Il se trouve que nous avons simulé notre mort. Nous sommes beaucoup plus puissants que les humains. Personne n'aurait pu nous tuer ainsi sans que ce soit ce que nous voulions. Nous sommes allés vers quelque chose de bien plus grand que ce que la Terre et les humains ne pourront jamais faire ou imaginer. Ce qui m'amène à être toujours là aujourd'hui, jeune, en pleine forme, avec toutes mes capacités si ce n'est plus et je vivrais encore bien après vous tous ici misérables mortels. Et dire que cet empire prétend prendre exemple sur mon peuple. J'en suis profondément écœuré vu l'échec retentissant que cela donne.
L'empereur le fixa, peinant à analyser ce qu'il disait bien qu'elle n'en montre rien et elle se tourna vers Harias comme pour se donner le temps d'y penser.
- Comment oses-tu me tourner le dos ? fit-elle froidement.
Il l'ignora complètement comme il s'était fait ignorer, se postant devant une baie vitrée pour observer l'extérieur. Cela mit en rage tout le monde dans la salle et un des seigneurs sortit une arme, hors de lui. Il tira dans le dos du Mezoriem qui leva simplement une main sans même se retourner. De manière stupéfiante, la petite boule d'énergie rouge qu'était le tir stoppa nette à un mètre de lui, brillant en restant sagement immobile. Puis l'être ailé remua un doigt et elle fusa dans l'autre sens, beaucoup plus vite, frappant le tireur en pleine poitrine. Il décolla pour aller s'écraser dans un mur, glissant le long de la paroi pour tomber au sol, gémissant de douleur et remuant faiblement, en vie malgré le tir qui était censé tuer. Khan rit doucement, regardant comme si le spectacle lui plaisait.
- Les humains et leur impulsivité, soupira Harias ennuyé. Il en faut si peu pour vous faire bouger. Ce n'est même plus amusant tellement cela est facile.
Il se retourna lentement pour regarder Khan.
- Vous perdez votre temps avec eux mon seigneur, remarqua celui-ci. Ce n'est pas pour rien si les humains n'ont jamais réussi à attirer votre attention : ils ne la méritent pas. Ils sont pathétiques, faibles et sans intelligence ni esprit. Il n'y a aucune raison de leur laisser une chance de survivre. Vous pouvez simplement les détruire, je regarderai avec plaisir, sourit-il sadiquement.
Harias l'observa l'air indéchiffrable avant de tourner son attention sur l'empereur, la scrutant à son tour de haut en bas. Il balaya l'assemblée du regard comme s'il jugeait de leur droit à la vie avant de revenir sur Georgiou.
- En temps normal, jamais une telle espèce n'aurait attiré mon regard il est vrai. Pas plus que je n'aurai perdu mon temps avec elle et un empire aussi minuscule.
- Minuscule ? releva quelqu'un offensé. L'empereur domine le quadran.
- Est-ce censé être impressionnant ? questionna Khan moqueur. Ce n'est qu'une part de cette petite galaxie. Le domaine de mon seigneur compte plusieurs galaxies, affirma-t-il en les ahurissant. Plusieurs galaxies, des milliers et des milliers de planètes, des milliers de milliards de serviteurs. Vous êtes insignifiants en comparaison. Chez lui, pas de rébellion, pas de traître, même pas un seul être en contradiction avec lui. Contrairement à vous qui serez certainement tués par un serviteur enviant votre place, pas un n'aurait l'idée de le desservir sous son aile.
- Si cela était vrai, il ne serait pas là, balaya-t-elle avec moquerie.
- Raisonnement terriens primitif, nota Harias. Selon votre manière de faire les choses, une personne de haut rang envoi des subalternes pour ce genre de chose, pour aller régler des affaires, aller parler à des insignifiants dérangements… pour tout en faîte. C'est d'une faiblesse. Vois tu majesté, fit-il avec condescendance, ceux qui vivent sous ma protection et me servent ont besoin de moi. Ils se soumettent à moi, se mettent à mon service sans même que je n'ai à l'exiger ou à le dire simplement. Ils me servent et s'ils le méritent et répondent à mes attentes, je les récompense en leur donnant ce qu'ils désirent. Que ce soit l'immortalité comme Khan, le retour d'un être cher disparu, le pouvoir, la puissance, des terres… Peu importe ce que cela est, s'ils le méritent et travaillent pour cela comme je l'attend d'eux, ils l'obtiennent et le gardent. Ils ont besoin de moi pour obtenir ce qu'ils désirent. Moi en revanche. Je n'ai aucun besoin d'eux. Je sais tout se qu'il se passe sur mon domaine, tout et je n'ai besoin d'aucun subalterne pour le gérer. J'aime faire les choses moi même pour être sûr qu'elles soient faîtes comme je l'entend. Je prend chaque rapport, chaque nouvelle, je gère chaque affaire petite ou grande en personne. Je n'ai certainement pas besoin qu'un quelconque vassal m'aide pour tenir mon domaine. Je n'ai pas besoin d'exécutant, je n'ai pas besoin de me servir de mystères et de cachotteries, de presque mythe pour me rendre impressionnant. Je n'ai pas besoin de m'entourer de faire valoir. Je n'ai pas besoin d'une marée de gardes pour me protéger. Je n'ai pas besoin de serviteur pour tenir ce qui m'appartient et qui n'appartient justement qu'à moi.
Il stoppa, balayant les présents du regard avec un sourire calculateur.
- Ceux qui vivent sous mon aile le prennent comme un privilège et un honneur mais ils savent parfaitement que je n'ai pas besoin d'eux et que s'ils font un pas de travers, ils perdront cet honneur et l'espoir d'avoir ce qu'ils veulent. Quand à moi, si j'ai des serviteurs, c'est pour avoir de quoi jouer et occuper ma vie immortelle. J'existais bien avant que l'espèce humaine apparaisse et j'existerai bien après. Contrairement à vous tous ici, contrairement à toi, dit-il à l'empereur, je ne suis pas faible et incapable, incompétent, au point d'avoir besoin d'autres pour faire ce que j'ai à faire ou pour tenir mon domaine. Cela est typiquement humain parce que vous êtes incapables de vous débrouiller par vous même et que vous êtes dépendants de vos semblables que ce soit pour agir, par besoin d'exercer un pouvoir quel qu'il soit, par besoin d'être adulé et obéit… Vous êtes dépendant d'autres humains. Je ne suis pas aussi faible. Je suis tout puissant, omniscient, omniprésent et je n'ai besoin de rien ni personne pour faire ce qu'il me plaît, encore moins de cette pseudo supériorité et puissance que tu affiches en te retranchant derrière des subalternes, dit-il à l'empereur.
- Dans ce cas, pourquoi l'avoir amené ? demanda-t-elle en regardant Khan.
- Comme je l'ai dit, ceux qui répondent à mes attentes ont ce qu'ils désirent et Khan est plus qu'à la hauteur de ce que j'attends de lui. Donc, comme il désirait m'accompagner, il m'accompagne. Il n'y a pas plus que cela.
- Je me serai bien occupé de votre cas moi même pour laver l'affront que cet empire est pour moi et mon peuple. Mais je ne prétend certainement pas interférer avec volonté de mon seigneur. À défaut, il le plaît de venir le voir faire de vous ce qu'il lui plaît.
- Et justement, cela n'a que trop traîné, soupira Harias. Je viens ici et je perd mon temps à discuter avec vous pour une bonne raison. Les humains ont fini par attirer mon attention. De la mauvaise manière malheureusement pour vous. Vous me posez un problème à moi et à mon domaine. Je suis là pour le régler. Pour cela j'ai deux options : vous détruire purement et simplement ou vous parler pour vous donner une chance de régler cela sans casse pour vous.
- Pourquoi feriez vous cela ?
- Je n'ai pas votre façon de vivre. Vous avez tellement peur de ce qui vous pose des problèmes que vous le détruisez sur le champs. Je suis immortel, tout puissant, avec un domaine ou tout fonctionne à le perfection sans accros. Si je veux occuper mon temps, soit je m'attelle à agrandir mon domaine avec tout ce qui mérite de l'intégrer soit je vais voir le reste de l'univers pour me divertir avec ce qu'il s'y passe. Un problème de votre genre ne me fait certainement pas peur mais s'il peut occuper quelques heures de mon temps, cela m'amuse. Alors divertissez moi ou soyez détruis, sourit-il avec froideur. Venons en aux faits, je suis habitué à mieux que ça et je commence à me lasser. Mon problème avec vous est le suivant : votre réacteur, celui de ce vaisseau. Il puise son énergie dans une source bien particulière. Très puissant mais cette source va se tarir d'ici quelques jours et ce réacteur va s'arrêter. Seulement, si cette source se tari, cela va affecter la vie de l'univers tout entier. Tout ce qui vie mourra, vous comme tout être, animal, plante.. tout ce qui vie. Absolument rien ne sera épargné et il n'y a aucune solution si nous en arrivons là.
Un silence de plomb tomba alors qu'il se mettait à déambuler tranquillement dans la salle :
- Je sais que vous savez que c'est en train de se passer, reprit-il. Et je sais que dans votre arrogance, vous pensez encore pouvoir remédier au problème. Seulement, le seul qui aurait une chance de trouver un début de solution ici est Paul Stamets, le créateur de cette chose. Un Paul Stamets actuellement dans un profond coma à bord de ce vaisseau. Laissez moi vous dire qu'il ne se réveillera jamais. Son corps est ici mais son esprit est enfermé ailleurs et il est en train d'être lentement détruis en punition pour avoir créé ce réacteur et ce qu'il a engendré. Il ne se réveillera jamais et vous ne trouverez aucune solution. Il faut donc éteindre cette chose. Je suis venu vous demander de le faire histoire de voir où en est votre niveau de stupidité pour que vous vous reposiez sur une chose qui est en train de vous détruire vous et tout le reste. Si vous refusez, je considérerais que vous avez opté pour le suicide que cela est et j'abrégerai votre existence de sorte que vous n'emportiez pas le reste avec vous.
- Peur de mourir ? ricana l'empereur.
- Moi ? Mourir ? Je ne mourrai pas. Khan vous a dit ce que je suis. Moi, je survivrai à tout cela sans aucun problème. Mais s'il n'y a plus rien de vivant, je vais franchement m'ennuyer et je n'aime pas m'ennuyer, dit-il en se rapprochant de Khan. Je vous donne soixante douze de vos heures, très précisément, pour y réfléchir puis je reviendrai écouter votre réponse ici même. J'écouterai la réponse et veillerai à ce que ce qu'elle implique se passe comme cela devra se passer. Réfléchissez bien. Vous avez soixante douze heures.
Il posa une main sur l'épaule de Khan, activa la commande de son casque pour le fermer et une fraction de seconde plus tard, il transplanait, disparaissant purement et simplement avec son assistant. Ce fut juste à l'extérieur du vaisseau qu'il les fit réapparaître, camouflant leur présence de son énergie. Il tint un Khan secoué fermement, rattachant sa longe à sa ceinture pour s'assurer de ne pas le perdre, vérifiant que son casque s'était bien fermé comme il le fallait. Il les posa ensuite sur la coque du Charon, se concentrant sur Khan.
- Respirez, dit-il en activant la communication entre eux. Je sais que ce n'est pas très agréable de se déplacer ainsi quand on n'a pas l'habitude. La plus part des gens vomissent la première fois.
- Je ne vois pas pourquoi, lui répondit-il en se forçant à se reprendre.
- C'est exactement ce que j'ai dit la première fois quand on m'a dit la même chose, s'amusa Harias. Ils ne pourront pas nous détecter. J'y veille. Je vais essayer de me connecter au vaisseau pour avoir des informations puis nous rejoindrons le Discovery pour faire le point.
Khan approuva et Harias vint poser une main sur la coque, étendant son énergie au vaisseau pour tenter de se connecter à ses systèmes. C'était une chose facile à faire pour lui qui en avait l'habitude maintenant. Mais c'était un peu plus complexe lorsqu'il n'avait pas accès direct aux systèmes. Les mots de passes et autres vérification d'identité étaient en vigueur pour lui aussi. Heureusement, il savait crocheter les serrures depuis qu'il avait onze ans. Cela lui demanda du temps mais il finit par y parvenir et les informations affluèrent dans son esprit. Il ne chercha pas à analyser, redirigeant le flux de donnée vers le Discovery en ignorant le mal de tête que cela provoquait.
Et sur le Discovery, tous étaient encore stupéfaits. De là où ils étaient, ils avaient des images permettant de voir à trois cent soixante degrés autour de leur capitaine mais aussi autour de Khan, le son parfait, les données dirigées vers les consoles prenant place sur les côtés des diverse images donnant les principaux point de vue de la scène pour tout voir. S'ils furent terrifiés de détecter que l'armement du Charon s'activait et qu'ils tiraient sans préavis sur leur capitaine, ils furent plus stupéfiés encore de le voir stopper le tir extrêmement puissant comme si ce n'était rien.
- Depuis quand peut-il faire une telle chose ? finit par demander la vice amirale ahurie. Ce tir aurait put fendre une petite planète en deux.
- Depuis toujours, répondit Christopher tendu. Il manipule l'énergie mieux que nous. Si nous pouvons tirer de cette manière avec de l'énergie, il peut le faire aussi. Le problème étant que lui est limité par sa propre endurance. C'est impressionnant, mais ce n'est pas dit qu'il puisse le faire à plusieurs reprises ou pour plusieurs tirs simultanés.
Inquiet pour le duo, ils continuèrent à suivre en analysant au maximum toutes les informations qu'ils recevaient. Ce fut avec une stupeur renouvelée qu'ils assistèrent à leur mise en scène, à leur démonstration de force et à l'expression des personnages qu'ils s'étaient construits, surpris de voir Khan se plier ainsi même si ce n'était pas la réalité.
- Ils n'arriveront jamais à rien en les provoquant et en les insultant de la sorte, s'angoissa la vice amirale exprimant une inquiétude que tous éprouvaient.
- Ils ont plus de chances comme ça qu'à notre manière habituelle, répondit Pike. Ces terriens n'écouteraient même pas s'ils se faisaient diplomatiques. Ils prendraient cela pour de la faiblesse et ne prendraient rien au sérieux. En faisant ainsi, ils vont s'attirer leur attention, leur colère, susciter leur envie de réagir à leur égard et instiguer le doute sur la menace qu'ils représentent pour eux. Et le doute, c'est la première chose que l'on doit obtenir pour qu'ils écoutent par crainte qu'il y ait une possibilité que ce qu'ils exposent soit la vérité et qu'ils fassent ce que nous voulons.
Ils écoutèrent tout en travaillant sur les données des capteurs de leurs deux camarades et ce jusqu'à entendre la présentation que Khan fit de lui même. Immédiatement, Burnam fit une recherche sur les données de ce monde pour trouver ce dont-il parlait et tous furent surpris de voir une photo de Khan et un dossier confirmant ce qu'il disait, ce qu'il avait été ici.
- C'est étrange, fit Stamets. Tout les autres doubles de nous que nous avons trouvé ici on exactement le même âge, la même nature que nous. Pourquoi Khan serait-il un humain chez nous et né des siècles après son alter-ego ? se demanda-t-il. À moins que…, réalisa-t-il effaré.
- Oui, c'est exact, confirma Pike sachant qu'ils comprendraient. Khan est réellement aussi vieux que cela et il est également un augmenté chez nous. C'est une information qui doit rester strictement secrète, commanda-t-il pour être approuvé aussitôt.
- C'est impossible. Il ne pourrait pas être aussi vieux, fit Burnam.
- C'est possible, contra Pike. Chez nous aussi les augmentés ont disparus mais il y a quelques temps de cela, Khan a été retrouvé en sommeil cryogénique. Il y était depuis deux siècles et demi. Il s'est réveillé dans un monde bien différent de celui qu'il avait connu. Votre capitaine l'a pris sous sa protection pour l'aider à se faire à ce nouveau monde.
- Mais si cet univers est l'antithèse du nôtre, les augmentés ont été une bonne chose chez nous, remarqua Culber en regardant les données. Ici ils étaient des tyrans.
- Vous devrez garder cela pour vous, renouvela Pike avec gravité, mais non. Il semble que l'histoire des augmentés soit exactement la même ici et chez nous, dit-il en les choquant tous. La seule différence est qu'ici, il n'y a pas eu de survivant.
- Alors Khan a été…, hésita Stamets.
- Un empereur tyran sur Terre jusqu'à la fin des guerres eugéniques, confirma Cornwell. Il est exactement le même qu'ici.
- Alors pourquoi est-il à bord ? demanda Burnam. À priori, sa mentalité n'a strictement rien à voir avec Starfleet.
- Cela, je crois que votre capitaine vous l'a déjà très bien expliqué, remarqua l'amiral. Il a pris Khan sous sa protection pour l'aider à se faire à cette situation, pour qu'un jour, ce qu'il est puisse cohabiter avec Starfleet et la Fédération en paix. Khan hait les humains et il a de bonnes raisons pour ça. Votre capitaine tente de faire en sorte qu'il apprenne que les humains qu'il croise aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier. Il l'aide à trouver sa place ici. Bien sûr, ces informations sont secrètes.
- Ça explique pourquoi il est tellement désagréable, fit Stamets léger.
- Mais cet homme devrait être en prison pour ce qu'il a fait, fit Burnam perdue. Il n'est pas mieux que l'empereur terriens.
- Ce qu'il a fait et quand il l'a fait se trouve bien en dehors des lois de la Fédération Burnam. Elle n'existait même pas quand il s'est endormi, remarqua Pike. Peu importe comment il vivait à l'époque, c'était aussi légal que ce que fait l'empire terriens dans cette réalité. Que cela ne soit pas moralement acceptable pour nous ne change rien au fait que nous ne sommes pas en mesure de juger cet homme pour ce qu'il a fait avant de s'endormir. Starfleet a décidé de lui laisser l'occasion de prouver qu'une cohabitation pacifique avec lui pouvait être profitable à tous, qu'il pouvait s'adapter à ce nouveau contexte et votre capitaine se charge de superviser sa mise à l'épreuve. Jusqu'ici, Khan a parfaitement coopéré sans faire un seul écart.
- Il ne coopère que parce que le capitaine Harias le tien en laisse, remarqua Cornwell. Nous savons à quel point il est dangereux.
- Il est dangereux c'est vrai, approuva Christopher plus dur. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas s'entendre. Rationnellement, Harias est bien plus dangereux que lui et c'est bien pour ça que Khan a plié face à lui. Enfin presque, fit-il plus légèrement.
- Comment ça ? demanda Saru.
- Khan vous l'a dit l'autre jour : il n'y a que deux choses qui attirent l'attention d'un tyran sur un héros sans qu'il ne le tue sur le champ.
- La peur ou le respect, termina Detmer.
- Oui et je ne crois pas vous apprendre quoi que ce soit en disant que Khan ne crains pas votre capitaine, sourit-il. Le capitaine Harias a décidé de croire en lui et de lui laisser une chance de rebâtir sa vie. Nous ne serions pas Starfleet si nous n'en faisions pas tous de même.
La plus part autour de lui sourirent, continuant à suivre l'incroyable échange qui avait lieu sur le Charon et sur le stade auquel Khan s'appliqua à élever Harias. Il décidait carrément de tenter d'en faire un dieu. Et si eux savaient que tout cela n'était que comédie, le duo était franchement très convainquant à leurs yeux aussi. Puis Harias arrêta ce tir auquel ils avaient tous sursauté, craignant pour leur capitaine. Il l'arrêta pourtant si facilement et cette fois, tous comprirent que cela venait une fois encore de sa capacité à manipuler l'énergie même s'ils ignoraient comment il avait fait ça. Le plus effarant dans tout cela était toute l'image mythique que les deux montaient autour d'Harias avec une logique implacable qui, tout en faisant d'Harias un personnage puissant, en faisait aussi un personnage beaucoup moins sanglant et cruel que les terriens. Puis ils en vinrent à l'ultimatum et à ce soudain déplacement de l'intérieur vers l'extérieur du vaisseau, les surprenant tous.
- Qu'est-ce que c'était ? demanda Landry. Une téléportation ?
- Il n'a aucun système de téléportation sur lui. C'est totalement impossible à miniaturiser à ce point, répondit Cornwell. Je doute qu'il s'agisse du système des terriens et ça n'avait aucune caractéristique de la téléportation. Amiral ?
- Je n'en sais pas plus que vous mais les capacités d'Harias sont gigantesques et il y a encore une grande part que nous ignorons de lui et qu'il est en droit de garder pour lui en vertu de l'intimité légitime de son peuple. D'autant plus que tous serons d'accord pour dire que nous sommes très loin de pouvoir réellement appréhender ce qu'est Harias. Et pour très bien le connaître, dit-il en les faisant sourire, je sais à quel point c'est vrai.
- Vous en savez bien plus que nous n'est-ce pas amiral ? s'amusa Cornwell.
- C'est évident mais ce n'est pas l'amiral qui sait, c'est le compagnon, sourit-il. Alors ce que je sais n'est pas pour vos oreilles, fit-il en les amusant. La seule chose que vous devez savoir est que votre capitaine, humble qu'il est comme tous l'ont remarqué, a aussi été humble lorsqu'il s'est présenté à nous et qu'il a décris ses propres capacités. Donc ne vous étonnez pas d'en voir toujours plus à son contact.
- Et il le prouve encore, fit Stamets. Il est en train de nous faire parvenir une gigantesque masse de données.
- Il est entré dans leur système, comprit Landry. Comment est-il entré ?
- Il manipule l'énergie, rappela Paul, et les données de ce genre, ces systèmes, sont entièrement fait de signaux d'énergies de toute sorte. Il est certainement capable de pirater ce système avec ses propres capacités, s'émerveilla-t-il. Il est extrêmement performant pour les liens neuraux, pour user de la technologie avec les liens neuraux et il se connecte très facilement. C'est pour ça qu'il n'a aucun mal à passer par l'ordinateur pour se connecter au moteur sporique depuis la passerelle. C'est probablement valable pour bien plus encore. Bon sang, ces informations contiennent absolument tout ce dont on a besoin.
