Capitaine de Starfleet
Chapitre 24:
La manière forte
Une fois l'empereur et le capitaine partis, la porte de la salle du trône refermée derrière eux, Khan donna un sourire froid au capitaine du Charon et ses officiers censés lui tenir compagnie. S'ils tentèrent de faire bonne figure et de ne rien montrer de leur tension, ce fut aisément que l'augmenté la devina, ricanant d'un air moqueur.
- Affligeant, nota-t-il. Alors? De quelle manière avez-vous l'intention de me divertir?
- Comment un homme comme vous peut-il se soumettre à cette chose? questionna le capitaine avec dégoût.
Une fraction de seconde plus tard, il prenait le poing de Khan en pleine figure, son nez brisé net alors qu'on levait les phaseurs contre lui.
- Veuillez m'excuser, sourit l'augmenté sans aucun remord, la stupidité a tendance à m'agacer. Si vous désirez que je cesse de casser ce qui vous sert de nez, vous cesserez d'insulter mon seigneur.
- Est-il vraiment ce que vous insinuez? demanda un autre officier.
- À votre avis? sourit-il avec ironie. Si vous n'êtes pas capables de le comprendre par vous même, alors j'ai largement sous-estimé votre stupidité. Venons en aux faits voulez-vous, poussa-t-il.
Il se détourna d'eux pour marcher tranquillement dans la vaste salle, ignorant totalement les armes encore pointées sur lui. On les baissa d'ailleurs rapidement en constatant que cela ne lui faisait ni chaud ni froid.
- J'imagine que c'est à dessein que vous nous avez séparé, remarqua Khan. J'espère pour votre empereur qu'elle ne compte pas tuer mon maître.
- Inquiet pour lui? sourit un officier en le faisant rire.
- Mon dieu est immortel. Rien ne peut le tuer. Non, c'est votre empereur qui risque d'y laisser sa peau si elle épuise sa patience. Ma seule déception serait de manquer ça, soupira-t-il.
- Vous a-t-il réellement rendu immortel? demanda le capitaine.
- Les augmentés peuvent vivre plus longtemps que les humains ordinaires mais trois cent ans non et en restant jeune encore moins, posa-t-il.
- Savez-vous comment il fait?
- Oui, approuva-t-il.
- Que peut-il faire d'autre? questionna le capitaine tenant toujours son nez.
- Tellement de choses, répondit-il évasivement. Très honnêtement, il est fort probable que je ne sache pas un pourcent de tout ce qu'il peut faire. Que voudriez vous lui demander?
- Comment ça?
- Pitié, je ne suis pas un imbécile, trancha froidement Khan. Quoi qu'il arrive, ce vaisseau cessera d'exister sous peu que votre empereur coopère ou pas. La perte de ce vaisseau la fera chuter alors vous êtes en train de tâter le terrain pour vous tirer de là à votre avantage. Et donc, vous voulez savoir ce que mon maître pourrait vous offrir puisqu'il est un des meilleurs choix disponible. Vous voulez savoir si cela en vaut la peine d'aller de son côté.
- Et obéir à un vulgaire esclave? demanda un autre officier avec dégoût.
Comme le capitaine du Charon, il se retrouva projeté au sol avec le nez brisé une seconde plus tard.
- L'armée impériale est gigantesque et extrêmement puissante, souligna un autre. De ce que nous savons de vous, vous n'êtes guère de ceux qui se contentent d'obéir et de se soumettre. À nous tous, nous devrions pouvoir trouver une solution profitable. Vous savez de quoi il dispose et ce qu'il peut faire, vous connaissez certainement ses points faibles et nous avons les forces militaires, remarqua-t-il en tirant un petit sourire à Khan.
- Et votre empereur? interrogea l'augmenté.
- Comme vous l'avez dit, son temps est compté. Il est compté depuis votre première visite. Et vous seriez tout à fait apte à prendre la suite. Vous êtes un personnage bien connu de notre histoire et tous savent quel grand empereur vous avez été et donc, vous pouvez être, souligna un seigneur.
- Êtes-vous en train de m'offrir le trône de l'Empire Terriens? demanda-t-il tout à fait sérieusement.
- Oui, répondit aussitôt le seigneur.
Khan se détourna, souriant froidement, laissant un silence pesant s'étirer avant de se retourner vers eux.
- Donc vous êtes stupides à ce point, posa-t-il l'air un peu surpris. C'est dans ces moments là que l'on peut aisément voir le gouffre sans fond qui sépare les humains des augmentés. Vous êtes misérables et tellement stupides. Il n'y a absolument aucune chance pour que je trahisse mon maître. Aucune, jamais et certainement pas pour votre empire minable, gronda-t-il froidement. Vous et vos petites batailles, vos trahisons et la défense de vos intérêts personnels et égoïstes. Vous êtes faibles et pitoyables. Je ne suis venu ici que pour vous voir plier face à mon seigneur de grès ou de force. Vous le ferez et si vous tentez de jouer dans son dos, de le piéger, vous le regretterez. Moi je regarderai avec plaisir c'est certain. Vous êtes à des années lumières de ne serait-ce que pouvoir prétendre être un début de dérangement pour mon maître. La seule question que vous devez vous poser est de savoir si vous céderez ce vaisseau et son réacteur ou si nous devrons le prendre de force et vous anéantir dans la manœuvre.
Il y eut un moment de silence atrocement lourd, Khan leur souriant l'air amusé avant de se détourner pour aller jeter un coup d'œil par la baie vitrée. Plus loin dans le vaisseau, c'était comme si cela était tout à fait normal et naturel que l'empereur avait mené Harias vers ses geôles. Plusieurs personnes étaient retenues là, enfermées dans des capsules justes assez grandes pour y tenir debout. Des cabines d'agonies. Elles torturaient leurs occupants, une lumière rouge semblant les électriser. Leurs plaintes et leurs cris emplissaient la pièce et Harias se fit violence pour ne pas réagir de la plus petite des façons, restant froid et l'air ennuyé. La manœuvre d'intimidation était flagrante. L'empereur l'avait amené là pour tenter de l'impressionner et elle scruta sa réaction ou plutôt son absence de réaction, déçue. Il soupira lourdement et elle lui lança un regard interrogateur.
- L'usage de la torture, de la douleur ou encore la mise à mort de tout ennemis potentiel ou avéré est un classique affligeant. Une réaction de peur typique.
- De puissance, pas de peur, répondit-elle.
- De puissance? Certainement pas. Détruire les ennemis et faire peur à tous prouve que ce que vous êtes est incapable d'inspirer les autres. Les anéantir démontrent que vous craignez de les affronter à la loyal et de perdre. Vous craignez le danger qu'ils représentent et cela indique que vous n'êtes pas certaine de gagner contre eux. Plutôt que de les vaincre, de les faire plier et de les rallier à vous, vous les détruisez et vous y perdez ce qu'ils auraient pu vous apporter, juste parce que vous avez peur qu'ils vous battent, se rebellent. Personnellement, ceux qui ont tenté de me combattre sont resté en vie jusqu'à leur mort naturelle. Ils ont eu beau essayé, ils n'ont jamais eu la moindre victoire et ils ont fini par plier et par me reconnaître comme leur maître. Aujourd'hui, ils sont à mon service.
- Ce n'est pas ainsi que les humains voient les choses, répondit-elle. Les forts vivent et les faibles sont éradiqués pour ne laisser place qu'à ceux qui méritent de vivre.
- Sauf que cette logique ne peut que mener à votre destruction par le simple fait qu'il y aura toujours des forts et des faibles. Suivant votre logique, il faudrait éradiquer tout le monde pour ne laisser que le plus fort. Ce n'est pas viable pour une espèce grégaire dépendant du groupe. Votre conception de la force et de la faiblesse est fausse mais je ne suis pas là pour philosopher sur nos conceptions des choses. Vous savez ce que je veux: l'arrêt et la destruction de votre réacteur. Votre réponse? demanda-t-il calmement en ignorant les personnes torturées juste à côté de lui.
- Alors vous vous fichez à ce point de leur sort? remarqua l'empereur en lançant un coup d'œil aux cellules.
- Pourquoi devrais-je leur accorder la moindre attention? répondit-il. Je n'ai que faire de leur sort comme du vôtre. Très franchement, et très ironiquement, la souffrance que vous infligez est négligeable à mes yeux. Il existe des douleurs bien plus grandes. Mais j'imagine que ce niveau de souffrance est déjà le maximum qu'une espèce aussi fragile que la vôtre peut endurer.
- Je serai curieuse de voir si vous seriez toujours aussi assuré dans une de mes cabines d'agonies? s'amusa-t-elle.
- Et je serai curieux de voir combien de millisecondes vous tiendriez avant de mourir sous ce que moi je qualifie de torture descente, sourit-il froidement. Mais nous ne sommes toujours pas là pour mener quelques expériences socio-culturelles. Votre réponse? insista-t-il.
Elle lui fit signe de la suivre et ils reprirent le chemin de la salle du trône en silence. Quelques minutes plus tard, ils s'y trouvaient à nouveau, Harias repérant les deux officiers aux nez ensanglantés:
- Je vois que vous vous êtes amusé, dit-il en regardant Khan.
- J'aurais aimé mon seigneur mais non, soupira-t-il. De tels insectes sont d'un ennuis affligeant, remarqua-t-il en tendant les officiers qui étaient restés avec lui.
- Je partage votre avis, répondit-il en tendant un peu plus les humains. Alors? C'est la dernière fois que je le demande: votre réponse? demanda-t-il à l'empereur.
- Nous avons besoin de plus de temps, dit-elle. Ne serait-ce que pour envisager une solution pour tout ceux qui vivent sur ce vaisseau.
- Soit. Avec votre gigantesque flotte de vaisseaux et les nombreuse planètes habitables de cette région de l'univers, ce ne sera pas un problème, remarqua-t-il. Combien de temps voulez vous?
- Soixante douze heures, répondit-elle.
- Je vous en laisse vingt quatre, rétorqua-t-il implacablement. C'est plus que suffisant. Khan? appela-t-il.
Le grand homme le rejoignit sur le champs, se postant à sa droite pour faire face aux autres.
- Vingt-quatre heures, c'est ce qu'il vous reste pour évacuer ce vaisseau, arrêter son réacteur et le détruire. Si ce n'est pas fait, je le ferai moi même.
- Et comment comptez vous nous contraindre à ça? interrogea-t-elle avec condescendance.
- Un indice, sourit-il.
Il ouvrit la bouche, usant de sa voix pour produire de puissants ultrasons. Et tel le jour où il avait parlé dans sa langue sur Terre, l'air se mit à vibrer autour de lui. Puis ce fut le vaisseau, les humains portant leurs mains à leurs oreilles sous la pression que cela leur imposa. Il continua et toute la pièce se mit à craquer de manière inquiétante, comme prête à imploser. Khan rit doucement, activant son casque comme s'il savait que l'endroit allait rompre. Mais Harias stoppa avant que cela n'arrive, fixant l'empereur déstabilisé.
- Le simple son de ma voix peut briser ce vaisseau, posa le mezoriem. Et comme vous l'avez constaté, vous ne pouvez ni vous cacher de moi, ni m'empêcher de m'introduire à bord. Vous n'avez aucun moyen de m'empêcher de faire ce que je veux et ma voix n'est certes pas le seul moyen dont je dispose pour arriver au but. Dans vingt quatre heures majesté, posa-t-il à nouveau.
Sans qu'il n'ait besoin de le demander, Khan posa sa main sur son épaule et Harias les fit transplaner en dehors du vaisseau avant de sauter pour retrouver le Discovery. Dés qu'il entra sur la passerelle, il se retrouva avec Christopher et le docteur Culber devant lui. Ce fut sans résister qu'il donna sa main au médecin, comprenant que l'un comme l'autre voulaient s'assurer de l'état de sa main transpercée par le couteau de l'empereur.
- C'est entièrement régénéré, assura-t-il. Rien à craindre.
Culber confirma et ce fut seulement alors qu'ils le laissèrent rejoindre son siège.
- Vous êtes conscient qu'ils ne laisseront pas leur vaisseau si facilement capitaine? nota Cornwell.
- Je sais, répondit-il. Ils ne le laisseront jamais volontairement et nous n'avons pas le temps de jouer à ce jeu très longtemps. Il reste moins d'un mois avant d'atteindre le point de non retour pour le Réseau et si nous pouvions éviter de nous approcher de cette échéance, cela serait plus sûr.
- Alors que comptez vous faire capitaine? demanda Burnam.
- Exactement ce que j'ai dit. Je vais retourner sur ce vaisseau, en prendre le contrôle, les téléporter sur une planète, ou d'autres vaisseaux, et détruire le Charon en m'assurant que pas une information ne sorte sur ce réacteur, dit-il comme si cela était une chose facile à faire.
- Que s'est-il passé à l'instant? questionna à nouveau Michael.
- Ma voix peut produire une très large gamme de sons dont certains sont destructeurs pour la matière, répondit-il. Cela est particulièrement efficace sur un vaisseau puisqu'y faire un trou au bon endroit peut le détruire. C'est aussi pour cela que je n'utilise jamais ma propre langue. Premièrement, personne d'autre que moi ne peut l'entendre complètement et la comprendre et deuxièmement, ça pourrait faire du dégât avec certains des sons qu'elle implique. Bref.
- Si vous avez décidé de faire cela, pourquoi leur accorder un délai de plus? demanda Cornwell.
- Parce qu'avec un peu de chance, ils vont rassembler quelques vaisseaux pour tenter de se défendre ou pour évacuer si cela devait être nécessaire. Il sera ainsi plus simple pour moi de téléporter l'équipage en dehors du Charon.
- Et comment comptez vous faire ça? Les téléporter? demanda Stamets.
- Je vais prendre le contrôle du vaisseau en m'y infiltrant comme je l'ai fait pour voler les informations sur eux.
- Vous pouvez prendre le contrôle du vaisseau à ce point? demanda Tilly ébahie.
- Oui même si ça demande beaucoup d'énergie et de concentration lorsque les systèmes ne sont pas fait pour ça. Mais ça ira pour ce que nous avons à faire. En revanche, je dois savoir comment mettre le réacteur hors course sans faire de dégât.
- À ce sujet, nous pensons qu'une frappe directe de nos torpilles à photons sur l'orbe d'énergie mycélienne créerait une explosion suffisamment importante pour couper la connexion du réacteur et permettre au Réseau de se rétablir, fit Saru.
- Le seul problème c'est le champs de confinement qui entoure l'orbe, posa Tilly. Nos armes ne peuvent pas le traverser.
- Je pourrais remédier à ça en le coupant lorsque je prendrai le contrôle des systèmes, remarqua-t-il.
- Aurez vous le temps de quitter le vaisseau rapidement? questionna Stamets. L'arrêt du réacteur pourrait le faire sauter. Nous sommes encore en train de calculer l'onde d'énergie que cela produira.
- Ce ne sera pas un problème pour moi. Mon seul soucis est de savoir si faire cela ne causera pas plus de dégâts au Réseau, posa le capitaine.
- Cela ne devrait pas faire de mal au Réseau mais impossible de savoir s'il pourra vraiment se régénérer comme on l'espère, soupira Stamets.
- Dans ce cas, mettez les prochaines heures à vous assurer que nous n'avons pas de meilleure solution, ordonna-t-il.
- Oui, capitaine, répondit-on.
Harias approuva et quitta un moment la passerelle pour aller se changer et manger quelque chose, Christopher et Khan l'accompagnant. Ils terminaient à peine que Stamets les contactait pour demander au capitaine de venir en salle des machines sporiques, annonçant qu'il avait du nouveau. Khan prit le chemin de la passerelle, n'ayant pas accès à cette salle et Harias s'y rendit avec Christopher, y retrouvant l'équipe du moteur sporique autour d'une modélisation 3D du Charon. Tous saluèrent le capitaine et l'amiral à leur entrée et ils rejoignirent la vice amirale déjà présente.
- Comment se porte notre serre monsieur Stamets? demanda Harias en jetant un regard sombre à la porte donnant sur elle.
Il le savait déjà, il le sentait mais il voulait être sûr.
- Tout est mort, déplora-t-il sombrement. Mais nous avons pu récolter une bonne quantité de spores.
- La mezoria? questionna-t-il alors.
- Si je ne saurais comment l'expliquer, elle résiste encore parfaitement, sourit-il. Je crois que vous aviez raison en disant qu'elle était aussi coriace que vous, dit-il en amusant tout le monde. Mais à elle seule, elle ne peut pas produire assez de spores pour le Discovery.
- Je vois. Qu'avez vous découvert? interrogea-t-il alors en se tournant vers la projection.
- Et bien nous avons un problème, posa Stamets. Nous savons que l'orbe exploite l'énergie en bloquant la circulation de celle du réseau mycélien. Mais nous ne savions pas que toutes ces spores mycéliennes combinées ensemble créées des champs hyper-gravitationnels et magnétiques.
- Même une frappe de nos torpilles ne pourrait pas s'en approcher, annonça Tilly.
- Alors il nous faut trouver une autre solution, posa Harias. Je pourrais peut-être le désactiver de l'intérieur.
- Et si ce n'est pas possible? demanda Christopher. Nous ne savons pas ce qu'il se passera lorsque ce réacteur s'arrêtera et j'aimerai autant que vous ne soyez plus à bord au cas où cela ferait sauter le vaisseau. Et vous devrez rester à bord pour ça n'est-ce pas?
- Oui ou au moins tout proche du vaisseau, assez pour le toucher, répondit son compagnon.
- Et nous sommes déjà presque certains que l'arrêt du réacteur provoquera une explosion massive par la libération d'énergie qui naîtra de la rupture de l'orbe, posa Stamets. Autant qu'on y aille à la torpille pour anéantir ce vaisseau et vous éviter une tâche en plus capitaine.
- Nous pourrions faire subir une sorte de surcharge au réacteur par une réaction en chaîne, proposa Saru.
- Qu'avons nous à bord qui exploite ce genre de puissance? demanda Airiam.
- Notre récolte de spores, répondit Stamets. Elle renferme suffisamment d'énergie pour nous propulser à travers les galaxies. Donc nous devrions modifier nos têtes d'ogives avec nos spores.
- Et quelle quantité de notre réserve aurions nous besoin d'utiliser? demanda Owosekun.
- La totalité, lâcha Paul en faisant tomber un froid. Nous ne pourrons plus rentrer chez nous.
- Même avec les spores de la mezoria? demanda Saru. Nous sautons avec elles habituellement.
- En fait, il s'agit plus d'un mélange entre les spores de la mezoria et les autres, expliqua l'ingénieur. Il n'y a en réalité qu'une petite quantité de spore de la mezoria qui dirige la manœuvre avec le capitaine et le reste qui fournit l'énergie nécessaire. La mezoria ne produit pas assez de spores pour faire voyager le Discovery tout entier.
- Combien de temps faudrait-il pour ré-accumuler assez de spore de la mezoria pour repartir? demanda Detmer.
- Des mois, répondit Stamets, à condition que le Réseau se remette parce que si ce n'est pas le cas, même la mezoria finira par mourir.
- Sans parler que dans la manœuvre, les terriens verront le Discovery et nous aurons toute leur flotte à nos trousses, posa Cornwell.
- En faîte, nos boucliers ne résisteront pas à l'onde de choc, intervint Tilly. Nous devrons nous approcher au plus près de l'orbe pour tirer et nous ne pourrons pas nous éloigner assez sans être réduits en miettes.
Un silence lourd tomba, Harias réfléchissant avant de parler:
- Notre but principal est de stopper et de détruire ce réacteur, remarqua-t-il. Nous savions tous qu'il y avait un risque pour qu'on ne rentre pas. Seulement, tout ça n'aura servi à rien si, au final, le Réseau ne se régénère pas. Nos connaissances en la matière sont encore trop pauvres pour que l'on sache si cela se fera et si nous n'arrivons pas trop tard. Notre second objectif est donc de nous assurer que le Réseau se régénère, c'est impératif. Peu importe la manière de regarder cela, lorsque nous détruirons ou désactiverons le réacteur, il y a de très grandes chances que cela libère une quantité d'énergie mycélienne phénoménale. Une vague d'énergie qui, en l'état, nous détruira. Mais si on pouvait rediriger cette énergie pour la réintroduire dans le Réseau cela pourrait lui donner un coup de fouet pour se régénérer.
- C'est fort probable, approuva Stamets. Mais ça ne changera pas le fait que nous ne pourrons pas rentrer et nous ignorons comment rediriger cette énergie vers le Réseau.
- Pas tout à fait, sourit le capitaine. En faîte, cette explosion pourrait être notre porte de sortie pour rentrer chez nous dans la foulée, dit-il en attirant l'attention générale. Cette énergie, je pourrais la rediriger vers le Réseau en ouvrant la communication avec lui via le moteur sporique du Discovery et en naviguant juste à l'extrémité de l'onde de choc pour que le vaisseau tienne le coup. Et dans le même temps, je pourrais me servir de cette énergie pour nous faire sauter et rentrer dans la foulée.
- Oui, fit Stamets s'éclairant un peu. Mais nos boucliers ne résisteront pas à ça.
- Sauf si on modifie le moteur sporique pour qu'il fonctionne avec le moteur à distorsion, proposa Tilly.
- Ce qui devrait créer une bulle de distorsion qui formerait une deuxième couche de protection, continua Stamets. Un bouclier contre la déflagration. Ensuite ce sera à vous capitaine de nous diriger sur le bon chemin pour rentrer.
- Est-ce que vous pourrez faire tout ça capitaine? demanda Cornwell.
- Oui. Donc, pour résumer le plan: j'irai sur le Charon pour la dernière tentative de négociation. S'ils refusent de céder le vaisseau, j'en prendrai le contrôle pour le faire évacuer dans un premier temps, vers une planète ou d'autres vaisseaux. J'infiltrerai ses systèmes pour m'assurer qu'il n'y a pas eu de fuite d'information sur ce réacteur. Ils ne doivent pas le reconstruire. Pour le moment, tout est concentré sur ce vaisseau et sans leur Stamets, je doute qu'ils puissent reconstruire mais je vais vérifier une dernière fois. Quand ce sera fait, je désactiverai le champs de confinement de l'orbe. Ce sera alors à vous d'entrer en scène et de venir assez près pour tirer sur l'orbe et la détruire avec le réacteur et le vaisseau. Je profiterai de ce passage du Discovery pour me transporter à bord à ma manière, directement sur la passerelle de laquelle je pourrais entamer la manœuvre pour activer le moteur, rediriger l'énergie de l'onde de choc et nous renvoyer à la maison dans le même temps.
- Cela fait beaucoup à gérer uniquement pour vous capitaine, remarqua Saru inquiet.
- Ce n'est pas un problème pour moi, assura-t-il. Mais tout devra être réglé à la seconde. Le Charon et le réacteur ne résisteront pas et notre mission sera accomplie. Que l'on termine de régler le timing de ce plan puis tout le monde prend une pause avant que l'on ne commence la manœuvre. Est-ce clair?
- Oui capitaine, approuva-t-on.
Il leur donna un signe de tête avant que tout le monde ne bouge pour aller se mettre au travail allant préparer cette opération. Lorsque ce fut fait, un briefing sur la passerelle détailla à nouveau les étapes du plan et leur timing, Harias demandant à Khan de vérifier les timing d'arrivée du Discovery, de tirs et la trajectoire à prendre. Ils firent un dernier point pour s'assurer que tout était prêt puis Harias donna un moment de repos à son équipage, leur demandant de prendre une pause, d'aller boire et manger pour être prêt pour la suite. Une équipe de relève vint donc prendre la passerelle pour veiller et chacun partit de son côté pour souffler un peu. Khan rejoignit ses quartiers et si Christopher voulut ramener son compagnon dans sa cabine pour se reposer, Harias prit un autre chemin. S'il assura à l'amiral qu'il pouvait aller prendre une pause sans lui, celui-ci insista pour venir avec lui. Ce fut dans la serre du vaisseau qu'ils allèrent, se désolant de voir leur forêt fongique noire, morte et desséchée. Ils ne s'y attardèrent pas, rejoignant la petite serre où la mezoria se trouvait, trônant sur son piédestal, entourée d'un petit nuage de spore dorée. Harias la rejoignit alors que la porte se refermait derrière eux et elle s'illumina lorsqu'il l'effleura du bout des doigts.
- Elle résiste encore très bien, sourit Christopher.
- Oui. D'après ce que nous avons découvert dans le Réseau, chaque espèce fongique est reliée à une espèce vivante et correspond à ses capacités. Elle a la même résistance que moi, sourit-il. Elle survivra.
- Pourquoi voulais tu venir la voir si tu en es si sûr? demanda l'amiral.
- Il faut que j'aille faire un petit tour dans le Réseau. C'est important.
L'amiral approuva et quelques instants plus tard, Harias disparaissait pour entrer dans le Réseau. Désormais, il faisait cela facilement et il gardait toujours une connexion minime avec le Réseau. La chose s'était instaurée d'elle même depuis leur passage d'une réalité à une autre. À chaque fois qu'il faisait une nouvelle chose avec le Réseau, qu'il sautait, qu'il y passait du temps… À chaque fois il en découvrait plus, comprenait mieux. Il était désormais certain qu'il y avait des créatures vivantes dans le Réseau. Il le sentait, il n' y avait pas que les champignons, il y avait bien plus. Mais ce qu'il commençait à réaliser allait bien plus loin. Le Réseau était source de vie, peut-être son origine, sa source primordiale. C'était comme si le Réseau était son opposé complémentaire, l'opposé complémentaire de la mort qu'il incarnait. Au plus il avançait, au plus il se disait que le Réseau était le plan d'existence de la Vie et que l'espace conventionnel était celui de la Mort, comme deux faces d'une même pièce. L'une ne pouvait exister sans l'autre et leurs existences devaient s'équilibrer.
Jamais il n'avait entendu la plus petite chose qui pouvait faire penser qu'un Maître de la Vie pouvait exister. Pourtant, c'était probable et cela serait même logique. Si la Mort avait une incarnation, la Vie en avait sûrement une aussi. Et si elle en avait une, il était prêt à parier qu'elle était dans le Réseau. C'était d'ailleurs peut-être pour cela qu'il arrivait à communiquer si puissamment avec cet espace, qu'il avait pu avoir des réponses à ses questions. Il était convaincu qu'il n'était pas loin de la vérité, voir en plein dedans. Personne ici ne s'était encore présenté à lui mais il patienterait jusqu'à ce qu'on s'y décide. Ce n'était pourtant pas une raison pour ne pas communiquer aux yeux de Harias. Aussi, il s'assit en tailleur, se concentrant pour dire au Réseau ce qu'il allait faire, envoyant des pensées, des images, des sensations, des émotions et de la magie pour s'expliquer et prévenir.
Lorsqu'il eut terminé, il rouvrit les yeux, soupirant avec douleur face au spectacle de destruction et de mort qui s'étendait autour de lui dans ce secteur du Réseau. Il espérait vraiment que réinjecter l'énergie de l'orbe l'aiderait à se régénérer. Mais il pouvait faire en sorte d'y veiller. En tant que maître de la mort, il avait une magie qui avait une très puissante influence sur la vie et la mort. Il pouvait certainement aider le Réseau en y insufflant sa magie avec une intention de guérison, de revitalisation. Il prévint donc qu'il le ferait lorsqu'il enverrait l'onde d'énergie dans le Réseau jurant de faire son maximum pour aider. Il réintégra ensuite le Discovery, partant prendre une pause avec son compagnon. Puis lorsque l'heure arriva, ils retournèrent sur la passerelle, toute l'équipe présente à son poste. Une nouvelle fois, Stamets, Tilly, Culber et Burnam étaient présents avec l'équipe de la passerelle qui incluait sa personne, Khan, Detmer, Owosekun, Airiam, Landry, Saru, Rhys et Bryce. à tout ce petit monde s'ajoutait l'amiral et la vice amirale. Cette fois, seul Harias avait passé son costume ostentatoire, décidé à y aller seul. Khan avait davantage sa place sur la passerelle pour s'assurer que tout se passe bien.
- Votre attention s'il vous plaît, appela Harias en faisant face à sa passerelle. La mission d'aujourd'hui est capitale. Nous n'avons plus beaucoup de temps pour sauver le Réseau et ce à condition que nos estimations soient justes. Rien n'est plus incertain alors au plus vite nous arriverons au but au mieux cela sera. Notre mission est donc très importante et nous n'aurons qu'une chance. Si nous échouons, il est fort probable que le Réseau meurt et nous tous avec lui à travers toutes les réalités. Je ne veux surtout pas vous mettre la pression, s'amusa-t-il en les détendant un peu. Ce plan fonctionnera, assura-t-il ensuite plus calmement. Faîtes les choses calmement en respectant les timings que nous avons fixés. Je vais d'abord faire sauter le Discovery relativement proche de notre cible. De là, nous pourrons voir si d'autres vaisseaux de l'Empire traînent dans les parages et terminer d'ajuster les choses. Je sauterai à nouveau, seul, pour me rendre sur le Charon et vous entrerez en distorsion en allant vers lui. À priori, vous ne craignez rien en distorsion. Nous n'avons pas trouvé trace d'une technologie qui pourrait vous obliger à sortir de distorsion ou vous attaquer tant que vous y êtes. Alors on reste vigilent mais le danger restera minime. Vous voyagerez en distorsion facteur un, doucement, pour commencer. Cela vous gardera en sécurité tout en étant lancé pour me rejoindre. Pour ma part, je m'arrangerai pour prendre le contrôle du Charon et le vider de son équipage avant de lever le champ de confinement de l'orbe. Vous pourrez me suivre en direct comme lors de nos précédentes sorties. La suite, vous la connaissez. Restez calmes, faîtes les choses dans l'ordre, pas de précipitation, respectez le plan et communiquez. Surtout, communiquez et encore plus si vous avez un doute sur la moindre petite chose.
- Oui capitaine, répondit-on.
- Alors allons-y. Si tout se passe bien, nous serons de retour chez nous avec notre mission accomplie dans quelques heures.
Tous approuvèrent et Harias prit place dans son fauteuil. On commença par remettre en route le Discovery resté en veille jusque là, retirant leur camouflage de roche magnétique. Cela fait, Harias ordonna le passage en alerte noire, le moteur sporique enclenché. Il fit sauter son vaisseau à une distance respectable du Charon qu'il avait localisé grâce au Réseau, le palais ayant une nouvelle fois été déplacé. Dès qu'ils furent sur place, on lança les analyses prévues pour rapidement trouver plusieurs autres vaisseaux de l'Empire autour du Charon, dont le Discovery de cette réalité ironiquement. Harias se leva de son siège avant d'annoncer son propre saut, adressant un sourire confiant à son équipage. Un instant plus tard, il sautait dans une nuée de spores dorées et son numéros un, Saru, ordonna à Detmer de passer en distorsion facteur un direction le Charon.
Ce fut bien en vue du Charon que Harias réapparut, le vaisseau palais entouré d'une dizaine d'autres vaisseaux terriens, leur Discovery inclut. Et c'était une bonne chose puisque Harias put ainsi constater d'un coup d'œil que ce Discovery n'était pas doté du moteur sporique, s'assurant un peu plus que tout ce qui concernait le Réseau était concentré dans le Charon. Il ne fallut que quelques secondes pour que les armes ne soient activées et qu'on commence à tirer sur lui. Souriant, il fusa de ses ailes puissantes, esquivant facilement les tirs, laissant une traînée d'or derrière lui. Il alla vers la baie vitrée donnant sur la salle du trône faisant office de passerelle du Charon. Il se tint là une seconde, ouvrant grand ses ailes, souriant à l'empereur qui était là avec de nombreux officiers. Même s'il était dehors, les phaseurs se levèrent contre lui. Il sourit un peu plus et transplana pour entrer. Immédiatement, on lui tira dessus et il se protégea d'une barrière de sa propre énergie, attendant que l'on cesse. Et cela finit pas arriver lorsque l'on s'aperçut que ça ne servait à rien. L'immobilité revint, un silence pesant s'installant.
- J'en conclus que vous refusez de céder ce vaisseau? s'amusa-t-il en regardant l'empereur. Vous n'avez aucun moyen de me résister alors je vous laisse une dernière chance d'abdiquer de vous même, proposa-t-il.
Dans le même temps, il utilisait son communicateur neural pour se connecter au Charon. Si se connecter était facile, si lire des données ou voir ce qu'il se passait sur un vaisseau ainsi était facile, en prendre le contrôle était beaucoup plus complexe et fatiguant, mais largement à sa portée et il s'apprêtait à le faire.
- Vous vous évertuez tellement à nous laisser du temps et des chances d'obtempérer que je doute que vous puissiez agir vous même, nargua-t-elle.
- Vous savez, je pense que les humains pourraient faire une espèce formidable si elle le voulait, remarqua-t-il. Mais de toute évidence, vous n'êtes pas les meilleurs représentant de votre espèce.
Harias activa alors l'intercom général et sa voix résonna bientôt partout dans le vaisseau sans qu'il n'ouvre la bouche.
- Je m'adresse à l'équipage du Charon. Je prend le contrôle de ce vaisseau et je vais le détruire. Si vous ne quittez pas ce vaisseau de vous même, je vous y forcerai.
Il reporta son attention sur l'empereur aussi surprise que les autres même si elle ne le montrait pas. Soudain, une alerte annonça que les boucliers du Charon avaient été désactivé, les surprenant un peu plus.
- Quittez ce vaisseau avant qu'il ne soit trop tard, ordonna-t-il durement.
L'instant suivant, il usa de sa voix pour faire vibrer l'air, la pièce commençant rapidement à craquer dangereusement, la baie vitrée se fissurant à toute vitesse. Voyant cela, tout les présents déguerpirent sur le champs, l'empereur dansant un peu sur ses jambes, en rage, réticente à l'idée de céder. Mais elle le fit lorsque la baie vitrée commença à se briser réellement. Elle sortit, la porte se refermant derrière elle et une seconde plus tard, la baie vitrée cédait, l'atmosphère disparaissant en un instant. Harias usa de sa magie pour ne pas être emporté jusqu'à ce que le vide emplisse tout. Cela fait, il se dirigea vers les consoles de contrôle du vaisseau qui se trouvaient là, les piratant sans trop de mal avec sa connexion neurale. La première chose qu'il fit fut de consulter les relevés de transmission d'information, remontant aussi loin que possible pour s'assurer que les données du réacteur sporique n'étaient pas sorties du vaisseau, soulagé de constater que ce n'était pas le cas. Comme prévu, on s'était assuré que le secret d'un tel avantage tactique ne sorte pas. Et il s'assura que cela n'arrive pas en bloquant toute sortie de données du vaisseau, en empêchant qu'une quelconque information ne soit transmise sur un dispositif de stockage externe pour être emporté. Il ne fallait pas non plus que les terriens emmènent cela pour recommencer plus tard. Cela fait, il projeta un nouveau message sur le vaisseau pour ordonner l'évacuation, souriant en sentant qu'on fuyait de tout côté. Il y avait pourtant des réticents visiblement et il s'attela à repérer toutes les présences à bord. Les passages de téléportations déjà ouvert et permis vers les autres vaisseaux, il fut aisé pour lui de se mettre à téléporter tout les autres réticents vers ces mêmes vaisseaux de l'Empire Terriens.
- Harias au Discovery, appela-t-il alors.
- Nous vous recevons capitaine, acquiesça immédiatement Saru.
- J'aurais terminé de faire évacuer le Charon d'ici trois minutes. Je désactive le champs de confinement de l'orbe. Tenez vous prêt et prenez garde aux vaisseaux terriens présents.
- Oui capitaine.
- Je m'adresse à tout les vaisseaux terriens présent dans cette zone, dit-il ensuite en ouvrant la communication avec eux. Je vais détruire le Charon d'ici quelques instants. Je ne saurais que trop vous conseiller de quitter la zone si vous ne voulez pas être prit dans l'onde de choc, prévint-il froidement.
Pour s'assurer que ceux qui étaient encore à bord ne feraient pas de bêtise et évacuent, il vida progressivement les sections désertes de leur atmosphère, poussant tout le monde vers les téléporteurs. Cela fonctionnait plutôt bien alors que les alarmes résonnaient partout sur les différents ponts pour signaler la perte d'air progressive, puis la désactivation des systèmes de survie qui encouragèrent plus encore l'évacuation. Si certains tentèrent de reprendre le contrôle à partir de salles de contrôles secondaires, il s'y opposa lui même, la présence de son esprit et de sa conscience dans les systèmes ne les rendant que plus difficile à reprendre. Aussi, il s'arrangea pour téléporter les perturbateurs et vider l'atmosphère de ces salles pour les empêcher d'essayer. Rapidement, il ne resta plus grand monde à bord et si certains portaient des dispositifs pour cacher leur présence aux détecteurs, l'empereur la première, ils ne pouvaient se cacher de sa perception à lui. Aussi, rien ne leur permit de s'opposer à lui et rapidement, le vaisseau fut vide.
Ce fut alors que Saru prévint son capitaine qu'ils allaient sortir de distorsion et attaquer. Il approuva, vérifiant une dernière fois de ses sens qu'il n'y avait plus personne à bord, que le champs de confinement de l'orbe était bien désactivé. Une seconde encore et le Discovery sortait de distorsion juste devant le vaisseau géant, fonçant droit dessus. Dans le même temps, les vaisseaux terriens s'éloignaient. Le Discovery fusa vers l'orbe pour passer juste entre elle et la structure du vaisseau, tirant sur la boule d'énergie. Harias tranplana sur le champs en sentant que tout allait exploser. Il réapparut sur sa passerelle, allant immédiatement reprendre son fauteuil alors que tout explosait juste derrière eux, une immense onde de choc d'énergie mycélienne commençant à se propager.
- Les vaisseaux terriens entrent en distorsion pour quitter la zone, informa Owosekun.
- Très bien, alerte noire, ordonna-t-il. Activez le moteur à distorsion.
On lui obéit sur le champs alors qu'ils s'éloignaient déjà de la gigantesque explosion qui prenait la place du Charon, venant les percuter durement. Harias se concentra, les anneaux de ses cornes le reliant au moteur sporique s'illuminant fortement. Il activa le moteur, ouvrant la porte à l'énergie pour se propager au Réseau, la dirigeant vers lui en y ajoutant sa magie pour l'aider à se régénérer. Tout en même temps, l'énergie mycélienne activa le moteur et comme prévus, ils purent sauter, l'esprit d'Harias projeté sur les routes du Réseau. Il les dirigea vers leur réalité et leur temps, luttant pour se concentrer sur la navigation alors qu'une grosse partie de sa propre énergie, de sa magie, partait dans le Réseau pour l'aider, le soigner. Il trouva pourtant la route facilement, habitué, ayant un esprit en mesure de gérer tout cela. Pourtant, pour une raison qui lui échappa totalement, une gigantesque présence inconnue prit soudain l'ascendant sur lui sans qu'il ne puisse s'y opposer. S'il aurait dû s'en méfier, ce ne fut pas le cas. Instinctivement, il comprit de quoi il s'agissait et il savait qu'il n'avait rien à craindre. Cela ne l'empêcha pas d'être durement secoué et perturbé alors qu'il perdait le contrôle de leur voyage. Et il n'eut pas le temps de s'en inquiéter qu'ils arrivaient, le capitaine vidé de ses forces et l'esprit embrouillé.
Ce fut les voix lointaines de Christopher et Khan qui le poussèrent à reprendre ses esprits. Percevant leur anxiété, il se secoua, clignant des yeux pour remettre sa vue en marche, comme le reste de ses sens. Une migraine atroce lui fendait le crâne mais il n'en tint pas compte. Sa vision s'éclaircissant, il vit Chris et Khan penchés sur lui, Culbert juste à côté. Puis il retrouva sa passerelle autour d'eux, entendant ses officiers s'activer pour réinitialiser le Discovery après ce voyage entre les réalités. Mais il y avait une chose remarquable: toute la salle était pleine de spores dorées lumineuses dansant dans l'air et il percevait toujours cette présence qui avait pris le contrôle du voyage. Il se redressa lourdement dans son siège, cherchant à se débarrasser du manteau ostentatoire qu'il avait porté en déguisement. Les trois hommes l'aidèrent à retirer tout ça, le laissant dans une simple tenue noire beaucoup plus sobre.
- Capitaine? appela Culbert. Comment vous vous sentez? questionna-t-il alors qu'il l'examinait tout en même temps.
- Laissez moi une minute pour reprendre mes esprits et ça ira, répondit-il plus faiblement qu'il ne l'avait voulu.
- Mes analyses indiquent votre épuisement et votre souffrance alors inutile de mentir, réprimanda-t-il doucement.
- Oui je sais mais ça va, assura-t-il.
- Jamais un saut ne vous avez affecté de cette façon, remarqua Stamets juste à côté.
- Parce que ce n'était pas un saut ordinaire, posa-t-il.
- La mission? demanda Cornwell.
- Accomplie, assura-t-il sur le champs. Le Charon et son réacteur sont assurément de l'histoire ancienne. J'ai senti sa connexion permanente au Réseau se briser. Avant sa destruction, j'ai scruté son système en remontant jusqu'à la création du réacteur pour m'assurer que pas une information à son sujet n'avait quitté le Charon. Ce n'était pas le cas. Ils ne pourront le reconstruire. Ensuite, j'ai réussis à rediriger l'onde de choc mycélienne dans notre moteur et dans le Réseau. Puis je nous ai mis sur le chemin pour rentrer, dit-il en se levant avec l'aide de Christopher. Mais il y a eu un imprévu.
- Lequel? demanda son amiral.
Harias ne répondit pas, stupéfié par ce qu'il venait de voir et surtout, de sentir. Il quitta l'appuie de son compagnon pour s'approcher de la baie vitrée qu'il fixait avec une surprise. Tous le remarquèrent, le regardant faire quelques pas hésitant. Il ferma les yeux comme pour se concentrer et ce fut l'air encore plus troublé qu'il les rouvrit. Harias venait de confirmer ce qu'il avait senti et il était perdu comme il ne l'était que rarement. Comment aurait-il pu imaginer cela et pourquoi c'était arrivé? Autour de lui, il entendit ses officiers de passerelle annoncer que tout avait été remis en fonction normalement, qu'ils analysaient les alentours et la planète devant laquelle ils étaient.
- Intercom général, demanda le capitaine. À tout l'équipage, ici le capitaine Harias, le saut sporique a été altéré sans toutefois nous mettre en danger. J'ordonne le déclenchement de la directive omicron delta zéro zéro relative au secret personnel légitime de tout peuple membre de la Fédération, annonça-t-il en stupéfiant tout le monde autour de lui. À partir de cet instant jusqu'à la levé de la directive, tout ce qu'il se passera, tout ce que vous entendrez, verrez, ressentirez… tout sera mit sous scellé et vous devrez garder le secret même devant l'amiral de la flotte ou les plus hautes autorités de la Fédération selon les règles en vigueur. Cela à la demande d'un peuple de la Fédération désirant préserver les secrets de sa culture et de son monde. Peuple concerné: Mezoriem. Planète concernée: Gaïa. Date terrienne: 2 mai 1998, annonça-t-il en terminant de tous les choquer.
C'était pourtant l'exact endroit où ils avaient été amené. Devant lui, sa Terre était là, à cette exacte date si importante dans sa vie.
- C'est Gaïa? demanda son compagnon.
- Oui, approuva-t-il gravement.
