— Il est tard, chéri... Tu es toujours après Derek ?
— Oui, soupira Stiles. Scott et la meute s'occupent de papa, et moi, de Derek. Si je pouvais le retrouver...
— Tu crois qu'il aiderait ?
— Sans aucun doute. C'est un loup complet, maman, il est capable de se transformer totalement, comme sa mère, il serait d'une grande aide pour flairer d'éventuelles pistes.
Beth serra les lèvres et croisa les bras.
— Si... Si ton père a été mordu... commença-t-elle. Co-comment... Je veux dire...
— Comment ça va se passer ? Déjà, il doit survivre à la morsure, et a presque cinquante ans, c'est risqué, ensuite, il devra s'habituer aux sautes d'humeur et... à la pleine lune. Et surtout à obéir à un gamin.
— Ça risque d'être le plus dur ça, répondit Beth, inquiète. Mais sinon, il ne va pas changer, je veux dire... physiquement ?
Stiles esquissa un sourire.
— Il perdra probablement son gras, gagnera du muscle et toutes les douleurs qu'un homme de son âge pourrait avoir disparu.
Beth esquissa un sourire en retour puis annonça qu'elle allait se coucher et Stiles opina. Cela fait trois jours qu'il est revenu à Beacon Hills et il avait passé ces trois jours dans les bases de données du FBI et de la CIA, à la recherche de la moindre information sur Derek Hale, même une photo de vidéo surveillance égueulasse dans un coin de station-service. Mais jusqu'à maintenant, il avait fait chou blanc, l'avis de recherche ne donnait rien, et Stiles songea alors que Derek était peut-être parti au Mexique ou au Canada.
— Peut-être plus au Canada où il peut se fondre dans le décor en tant que gros loup noir, d'ailleurs, songea le jeune homme en se redressant.
Il pianota rapidement sur son clavier pour accéder aux informations canadiennes concernant les avis de recherche d'Interpol, mais il ne put pas accéder à grand-chose en tant qu'américain. Son téléphone vibra soudain et il s'en empara.
— Léna, des nouvelles ? demanda-t-il sans préambule.
— Bonsoir Stiles, je vais bien, merci et toi ? répondit une voix un peu amère.
— Pardon... Je suis un peu sur les dents en ce moment. Désolé. Comment ça va ?
— Bien, ne t'en fais pas et ouais je comprends, t'inquiète.
— Tu as des infos sur le gars que je cherche ?
Il y eut un silence pendant lequel Léna fouilla dans ses papiers puis elle reprit le téléphone.
— Derek Hale, un mètre quatre-vingt-dix, les yeux bleu-vert, cheveux noirs et un immense tatouage dans le dos.
— C'est ça. Tu sais s'il a été vu ?
— Je te dis ça...
Léna se mit à pianoter. Agent de la CIA, elle devait un service à Stiles qui l'avait aidée sur une autre enquête, et entre membres d'agence fédérales, c'était courant ce genre de petites choses.
— Alors... Oh bah ça alors, il a été arrêté ton gars...
— Quoi ?! Où ? s'exclama Stiles.
— Dans le Colorado... Oh.
Stiles sentit le sang se retirer de son visage.
— Léna ? Léna ! Allô ?
— Stiles... Ton mec est retenu dans la Zone 51...
Stiles ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Il plaqua soudain ses mains contre et fondit en larmes. Il renifla bruyamment et donna un coup de poing sur la table. Son téléphone et son ordinateur bondirent et il se renversa sur son dossier.
— Stiles ?
Le jeune homme se redressa et renifla.
— Pitié Léna, dis-moi que tu peux m'y faire entrer... dit-il en passant ses mains sur son visage. Léna, je t'en supplie...
— Je ne sais pas, c'est une base militaire plus que bien surveillée, on n'y entre pas...
— Je sais, mais... Léna, tu auras tout ce que tu voudras si tu me fais entrer dans la Zone 51 pour récupérer Derek. C'est...
Stiles inspira et Léna, inquiète, demanda :
— C'est qui ton bonhomme, Stiles ?
Stiles ferma les yeux.
— C'est un loup-garou... lâcha-t-il.
Léna eut un hoquet au bout du fil.
— Un... Un loup-garou comme... Comme dans les films ?
— Léna, par pitié, localise-le et essaie de me faire entrer sur la base de Nellis... Il ne faut pas qu'ils le touchent, il va tous les tuer...
— Quoi ? Comment ça...
— C'est un Alpha Supérieur... Il...
Incapable de continuer à parler, Stiles s'écroula sur la table, vaincu par une détresse qu'il ne pensait pas éprouver un jour. Il entendit vaguement que Léna lui ordonnait de ne pas bouger, qu'elle serait à Beacon Hills le lendemain, puis elle raccrocha. Stiles laissa alors échapper un sanglot et se redressa en plaquant ses mains sur son visage...
.
Stiles demeura amorphe une grande partie de la nuit. Vers trois heures du matin, cependant, il s'ébroua et se rendit dans la salle de bains pour se rafraîchir. Son regard rencontra alors celui de son reflet et il ferma les yeux.
— Si jamais ils le touchent...
Stiles soupira. Il retourna dans la salle à manger et observa son ordinateur, puis la pendule. Soudain, son téléphone s'alluma et il observa l'écran.
— Stiles, tu as de la chance qu'un gars du Département des Protection des Créatures me devait un service, lut-il. J'arrive à neuf heures demain matin, je te récupère et on part immédiatement pour le NORAD.
Le soulagement coupa les jambes du jeune homme qui s'assit lentement. Il sentit à nouveau les larmes glisser sur ses joues, mais plus de terreur, cette fois-ci, de vraies larmes de soulagement.
.
Le lendemain matin, Stiles annonça à Beth qu'il avait retrouvé Derek, mais quand la femme apprit où il était, elle éprouva presque autant de chagrin que son fils adoptif, mais aussi une immense colère. La réaction de Scott, fut largement plus violente...
— La Zone 51 ! hurla-t-il. Après tout ce qu'on a fait pour ces connards de fédéraux, ils ont capturé Derek et vont le découper en morceaux !
Furieux, les yeux rouges, il tournait dans le salon. Isaac était prostré dans un coin, incapable de s'approcher de son Alpha pour tenter de le calmer. Liam, lui, tenta tout de même. Le lien qu'il avait avec Scott était différent, il l'avait mordu, il était son tout premier Bêta et il le considérait quasiment comme son père.
Se plantant dans le chemin de l'Alpha, Liam posa ses mains sur ses bras et Scott abattit son front contre sur le sien dans un choc sourd qui fit gémir de douleur les autres personnes présentes dans la pièce.
— Calme-toi... dit alors Liam en serrant les doigts sur les bras musculeux. Répète après moi... La lune, le soleil, la vérité...
Scott inspira, mâchoires crispées.
— La lune... marmonna-t-il.
— La lune, le soleil, la vérité...
— La lune, le... soleil...
Scott souffla par le nez et ses griffes s'enfoncèrent dans les avant-bras de Liam qui grimaça.
— La lune, le soleil, la vérité... répéta-t-il malgré la douleur.
Scott répéta une nouvelle fois la phrase avec un peu de mal puis une seconde fois et tout le monde sentit alors la tension dans la pièce baisser radicalement. Scott entoura alors Liam de ses bras et l'étreignit une longue seconde avant de reculer.
— Ça va aller ? demanda ce dernier.
— Oui... Je suis calmé... Merci.
Liam inclina la tête puis recula d'un pas et Mélissa lui fit signe de la rejoindre pour qu'elle soigne les dix trous ensanglantés dans ses avant-bras.
— Dans une heure, Léna arrive, dit alors Stiles. Je repars avec elle pour aller le chercher.
— Si jamais ils le touchent... dit Liam en secouant la tête.
— Ça sera une boucherie.
Tout le monde regarda Chris Argent, adossé au mur, les bras croisés.
— Je viens avec toi, dit soudain Scott.
— Hors de question, s'ils découvrent que tu es...
— C'est le but. Je viens chercher mon loup et ce n'est pas négociable. Et s'ils veulent me prendre du sang, qu'ils le fassent, mais qu'ils ne touchent pas à Derek Hale. On ne touche pas à un Alpha Supérieur !
Scott montra les dents puis se détourna et disparut par la porte arrière de la maison. Tout le monde soupira dans le salon et Stiles jeta un coup d'œil sur sa montre.
— Vous y allez en avion, je suppose ? demanda alors Chris.
— Oui. Connaissant Léna, elle va venir en hélico me chercher depuis la base militaire de Fort Irwin. On prendra un C-130 pour nous rendre dans le Colorado.
— Essaie de contrôler Scott, dit alors l'ancien chasseur.
— Je ferais de mon mieux, mais ma priorité, c'est de sortir Derek de là. J'aurais grandement préféré qu'il se terre au Canada, pour le coup...
— Pourquoi le Canada ? demanda Isaac.
— Les loups noirs sont bien plus communs là-haut, répondit Chris en se redressant. Il serait passé totalement inaperçu...
Stiles soupira puis rentra chez lui pour se changer. Il opta pour le costume formel d'agent du fédéral et alors qu'il armait son pistolet, on toqua contre la porte et il regarda Scott.
— Prêt ? demanda-t-il.
— On va le sortir de là, répondit le loup. On a beau l'air d'être des animaux, on a une hiérarchie et des choses à ne pas faire. Et Derek fait partie de ces choses à ne pas faire. À ne pas toucher.
Stiles se mordit la lèvre et jeta un bref coup d'œil vers son lit. Scott l'imita et se redressa en remarquant le t-shirt rayé roulé en boule au milieu des couvertures. Il ne dit cependant rien et Stiles coupa court au silence en plongeant son pistolet dans son étui d'un geste vif.
.
— Il ne peut pas venir !
— Je n'ai pas le choix !
En voyant Scott avec Stiles, Léna avait vu rouge.
— J'ai que deux autorisations !
— Je n'en ai pas besoin, intervint alors Scott.
Léna tourna la tête vers lui et poussa un cri étouffé par ses mains dans les yeux du jeune homme luisirent de rouge. Près de lui, Liam et Isaac la gratifièrent de leurs magnifiques yeux jaunes et la jeune femme recula d'un pas.
— Ce sont... Ce sont des...
— Des loups-garous, en effet, répondit Scott. Je suis l'Alpha de la meute de Beacon Hills, Isaac et Liam sont mes Bêtas.
— Et... et ce Derek alors ? C'est... C'est qui pour... pour vous ? Oh, bordel, faut que je m'asseye...
Léna se laissa tomber sur le bord du trottoir et soupira bruyamment. Stiles lui tendit la bouteille d'eau qu'il avait à la main, justement en prévision.
— Derek est un Alpha Supérieur, Miss Kennan, répondit alors Scott en se baissant devant elle. C'est une... légende en quelque sorte.
— De... De quoi est-il capable ? Je veux dire...
Scott jeta un coup d'œil à Isaac qui baissa le nez.
— Si quelqu'un de la Zone 51 touche Derek, il le déchirera en deux comme on déchire une feuille de papier, répondit-il. Il tuera ensuite toutes les personnes qui se mettront sur son passage, jusqu'à ce qu'il sorte de là et puisse s'enfuir.
— Il se fera tuer avant, ils... Ils sont des milliers sur cette base...
— Derek est immortel, annonça alors Scott.
Léna devint toute pâle. Ce n'était pas la vérité, mais il savait que plus la chose allait paraître incroyable, moins cette jeune femme serait encline à le laisser sur place.
— Très bien, je... Je dois prévenir Irwin, je...
— Non, dit Scott. Ne prévenez personne, ils ne doivent pas savoir que je suis à bord.
— Mais je...
Léna observa le jeune homme devant elle puis baissa les yeux sur sa main qui reposait son genou. Scott la retourna alors en déployant ses griffes et Léna sursauta. Elle effleura la paume du bout des doigts puis regarda Stiles.
— T'es un putain de cachottier, dit-elle.
— Si tu savais...
Stiles lui sourit puis tendit la main et l'aida à se remettre sur ses pieds. Elle se dirigea ensuite vers l'hélicoptère posé plus loin et discuta avec le pilote qui hocha la tête. Scott se tourna vers Liam et Isaac.
— Je ne sais pas combien de temps on sera partis, dit-il. Prenez vos ordres de Chris d'ici-là et continuez à chercher le Shérif. S'il a bel et bien été mordu, alors il est en grand danger.
— Entendu, Alpha. Tu nous tiens au courant ? demanda Liam.
— Bien sûr.
Les trois hommes se donnèrent une franche poignée de main puis Scott se tourna vers Stiles qui opina.
— Allons-y ! dit alors Léna.
Les deux garçons la rejoignirent et grimpèrent dans le petit hélicoptère. Léna monta près du pilote et Scott et Stiles derrière.
— Casques et ceintures, ordonna le pilote en enclenchant toute une série de commutateurs autour de lui. On y va.
Le petit hélicoptère se mit alors en route et les pales du rotor poussèrent Liam et Isaac à se protéger d'un bras. Ils observèrent ensuite l'engin décoller, puis en quelques secondes, il ne fut plus qu'un point noir dans le ciel.
— Rentrons, dit alors Liam.
Isaac opina et ils regagnèrent la maison des McCall.
