— Ça ira toute seule ?
— Scott, tu m'as posé la question au moins dix fois entre l'hôpital et ici, sourit Anise en fermant la porte la porte de l'appartement. Tu te sens coupable, je sais, mais tu n'as pas besoin.

Le jeune loup esquissa un sourire et déposa la valise de son amie sur son lit. Elle vivait dans un petit studio d'une pièce avec une salle d'eau dans un coin fermée par une porte coulissante. Sans travail, c'était tout ce qu'elle pouvait se permettre avec ses économies faites en tant que laborantine pour l'armée durant ces dernières années.

— J'aurais préféré que tu t'installes chez mes parents, dit alors Scott en observant la pièce.
— Arrête, s'il te plaît. Je suis une grande fille, j'ai trois côtes cassées d'accord, mais j'ai des voisins formidables et une infirmière qui va passer deux fois par jour chaque jour pendant plusieurs semaines. Je ne suis pas toute seule.

Scott pinça la bouche et baissa le nez, les mains sur les hanches. Anise s'approcha de lui et posa ses mains de chaque côté de son torse. Elle releva la tête et il posa son front contre le sien avant de la prendre dans ses bras en soupirant, posant son menton sur sa tête.

— Comment est-ce que tu as fait pour rester célibataire pendant cinq ans, je me demande, dit-elle alors en reculant. C'est juste pour moi que tu es aussi gentil ?
— Je t'avoue que je ne sais pas trop quoi faire de mes émotions depuis ton arrivée, sourit le jeune Alpha. Le retour de Malia m'a fait comprendre que je tenais à toi beaucoup plus que je le croyais et je ne sais pas quoi en penser.
— J'ai bien compris les explications de Christopher Argent, sur le fait que même si moi je t'aime, ça ne pourrait pas être ton cas avant des années, mais déjà, que tu ne m'aies pas rejetée me donne quelques espoirs, quand bien même nous pourrions ne jamais être plus que des amis.

Scott sourit. Son téléphone sonna alors et il le tira de sa poche, non sans voler un baiser à la jeune femme qui pouffa et se détourna pour aller ouvrir sa valise.

— Scott, j'écoute ? Quoi ? Non, il n'est pas avec moi, il était de patrouille cette nuit, il aurait dû rentrer à la maison vers sept heures, il n'est pas là ? Bon, appelle Liam, dis-lui d'aller faire un tour sur ses traces, j'arrive. Je suis avec Anise, je viens de la ramener chez elle. Ouais, ça va, elle est toute cabossée, mais ça devrait aller. Non, elle n'a pas voulu. Pour Isaac, envoie Liam, il va traquer son odeur, et si les jumeaux sont dispo, qu'ils y aillent. Okay, tiens-moi au courant, j'arrive dans une dizaine de minutes.
— Un problème ? demanda Anise alors qu'il raccrochait.
— Isaac n'est pas à la tanière ni à la maison, il devait rentrer ce matin, il était de patrouille en ville toute la nuit.
— Tout seul ?
— Non, avec deux louves et elles sont rentrées chez elles au petit matin. Chris dit qu'il les a appelées, mais elles lui assurent qu'il les a quittées à l'aube alors qu'ils rentraient chacun chez eux.

Anise pinça les lèvres.

— Ça lui arrive ?
— Non, il ne traîne pas dehors, ce n'est pas son style, quand il a fini sa journée, il rentre se reposer à la tanière ou chez mes parents.
— D'accord, bon alors vas-y, je vais m'en sortir toute seule et si j'ai besoin d'aide, je demanderai à Marina, elle habite en face.
— Je vais lui dire que tu es rentrée.

Anise opina puis Scott la laissa en lui disant de l'appeler s'il se passait quoi que ce soit. Sur le palier, il repéra le nom donné par la jeune femme sur la porte d'en face et appuya sur la sonnette.

— C'est pourquoi ? demanda une femme en entrouvrant la porte de quelques centimètres.
— Je suis Scott McCall, un ami de votre voisine, Anise Lambert. Elle vient de rentrer de l'hôpital et je dois la laisser, vous pouvez veiller sur elle ?
— Elle est rentrée ? Oh, je vais aller la voir, merci d'avoir prévenu, j'étais inquiète en apprenant qu'elle était à l'hôpital. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Vous savez qui je suis, n'est-ce pas ? C'est plutôt risqué pour les humains de demeurer à proximité de nous autres. Anise s'est retrouvée au mauvais endroit au moment et a été prise pour cible par mon ex petite amie que je n'avais pas revue depuis longtemps.
— Oh... Je vois. Bon, elle me racontera tout ça en détail. Merci d'avoir prévenu, ne vous en faites pas, je vais m'occuper d'elle.
— Merci. Mon numéro est dans son téléphone, si jamais.

Marina sourit puis referma la porte et Scott dévala les escaliers pour retourner rapidement à la tanière et essayer de savoir pourquoi Isaac n'était pas rentré de patrouille.

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— J'espère qu'il n'y a pas un autre démon en liberté !

Scott renifla à l'intention de Stiles qui lui coula un regard en biais sans répondre. Il se détourna ensuite et huma l'air. Ils étaient tous les deux sur un chemin dans les bois entourant Beacon Hills. Il était bientôt onze heures du matin et aucun loup n'avait mis la main sur Isaac.

— Il ne doit pas être bien loin, dit alors Liam en s'approchant après avoir inspecté un énorme terrier. Il était en ville quand il a été vu pour la dernière fois et je sais que ce n'est pas son genre de partir sans rien dire.
— Tu es le seul à avoir un véritable lien avec lui, répondit Scott. Vous êtes quasiment des frères et tu le connais bien mieux que moi. Est-ce qu'il aurait pu décider de quitter la meute ?
— Non, jamais. Depuis son retour de Paris, après la mort d'Alison, il n'a plus jamais évoqué de voyage où que ce soit. Il a probablement été enlevé, par qui et pourquoi je n'en sais rien...

Scott serra les mâchoires. Il huma l'air quand un coup de vent balaya les environs puis soupira.

— On va se séparer, décida-t-il alors. On reste à portée de voix et de vision et on marche en ligne droite en fouillant partout. S'il lui est arrivé quelque chose, il a pu se réfugier dans les bois en attendant de l'aide.

Liam et Stiles hochèrent la tête puis le trio se scinda et Scott continua sur le chemin tandis que ses amis partaient sur la droite et sur la gauche sans un mot.

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En ville, au même moment, tous les loups de la meute qui étaient disponibles fouillaient les jardins privés et publics, reniflaient près des garages et des caves, et leur manège ne manqua d'interpeller un policier en patrouille dans une des petites rues de Beacon Hills.

— Central, ici l'agent Fornell, les loups de McCall ont un comportement suspect depuis ce matin, on dirait qu'ils cherchent quelqu'un, vous pouvez vous renseigner ? demanda-t-il en saisissant sa radio à son épaule.
Je m'en occupe, Fornell, un instant.

L'agent de police fronça les sourcils. Trois hommes et une femme venaient dans son dos, regardant partout et reniflant l'air de temps à autre.

— Excusez-moi, dit alors le policier. Qu'est-ce qui se passe ? Vous cherchez quelqu'un ?
— Précisément, répondit la femme en sortant son téléphone portable. L'un des nôtres, Isaac Lahey, est introuvable depuis ce matin, vous l'auriez vu par hasard ?

Le policier observa la photo sur l'écran et secoua la tête.

Agent Fornell, ici le Central, j'ai des rapports qui proviennent de partout, ils sont à la recherche de l'un des leurs.
— C'est ce que j'ai cru comprendre, je viens de poser la question à l'un d'eux. Central, qu'en pense Parrish ?
Vous ne pouvez rien faire, répondit la femme dans la radio. Laissez-les chercher et n'intervenez qu'en cas de besoin.
— Entendu, Fornell terminé. Bon, continuez, mais ne faites pas peur aux gens et ne semez pas le bazar, d'accord ?

La femme inclina la tête puis le trio reprit sa marche et l'agent de police les observa tourner au coin d'une rue. Il soupira. Il était à Beacon Hills depuis deux ans et il avait encore bien du mal à se faire à l'idée qu'une meute de loup-garous d'une quarantaine de membres, grandissant chaque semaine un peu plus, soit en totale autonomie dans la ville sans réel contrôle de la part des autorités, même si l'Adjoint Parrish semblait garder un œil sur eux puisqu'il était lui-même une de ces créatures, ou peu s'en fallait.

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Le soleil se déplaçait inexorablement vers son lieu de sommeil et les loups de Scott n'avaient toujours pas remis la main sur Isaac, ni même sur son odeur. À quinze heures, Scott décida de ramener la meute à la tanière et y retrouva Derek et Jarvis. Il tiqua, mais ne dit rien, ils avaient plus important à faire pour le moment. Il ne s'empêcha cependant pas de faire une réflexion au compagnon de Stiles une fois que les autres loups furent partis se reposer un peu chez eux.

— Tu n'avais pas à l'amener ici, Derek, pas sans me le demander. Il est sorti quand ?
— À midi, ta mère m'a appelé, ils l'ont laissé sortir. Il ne marche pas encore, mais il va beaucoup mieux et il a besoin de sortir.
— Qu'est-ce que Stiles en dit ? Jared ?
— Ils n'ont rien à dire, ils ont déjà donné leur accord pour que je transforme Jarvis, il y a un mois.

Celui-ci était assis dans un fauteuil roulant, près d'une fenêtre et observait dehors. Jared était à côté de lui et discutait en lui montrant des endroits du paysage.

— Dès qu'il remarche, il part, annonça Scott. Tu as de la chance que j'aie plus important à faire.
— Je n'ai pas d'autorisation à te demander, de toute façon, rétorqua Derek, agacé.

Il se détourna ensuite et rejoignit les deux autres. Scott les observa un moment puis renifla et quitta le hangar. Il tomba sur Stiles sur le parking et les deux garçons se firent face un moment avant que Stiles ne fasse un pas de côté et que Scott disparaisse dans sa voiture qui partit en rugissant.

— Bon retour à la maison, Stiles... marmonna le jeune homme pour lui-même.

Il était revenu de Washington le matin même après y avoir passé presque trois jours pour recruter un nouveau bureau du DPCS à Beacon Hills. Avec un soupir, il rentra dans le hangar et déposa les deux sacs de nourriture chinoise sur la table basse.

— Scott va nous en vouloir pendant un moment...
— Je ne veux pas que vous ayez de problèmes à cause de moi, rétorqua Jarvis. Dès que je peux marcher et que je maitrise mon loup, je vous laisse et vous ne me reverrez plus.
— Ne dis pas de bêtises, soupira Jared. Tu fais partie de notre meute maintenant, tu seras toujours le bienvenu. Scott est juste... un peu trop prétentieux.
— Non, il a raison d'être contrarié, répondit Derek en secouant la tête. Je ne suis pas censé avoir de meute, il est le seul à régner sur Beacon Hills, mais j'avais une chose à faire. S'il y a quelqu'un à qui il peut en vouloir, c'est moi, et aucun de vous autres. Laissons ça de côté, maintenant, mangeons.

Stiles hocha la tête et ils prirent place autour de la petite table. La discussion s'engagea alors sur les loups et leurs différentes capacités, la pleine lune, les douleurs liées aux transformations et autres joyeusetés. À la nuit, le groupe quitta le hangar et si Jared demanda à être déposé à l'appartement, Derek et Stiles ramenèrent Jarvis à son hôtel où il s'était installé avant son accident pour passer deux ou trois jours à Beacon Hills et visiter les environs...

.

Après avoir passé trois jours à retourner la ville sans succès pour retrouver Isaac, Scott accepta l'aide des policiers qui se déployèrent rapidement en envoyant des avis de recherche partout.

— Tu ne crois quand même pas que l'armée a recommencé, si ?
— Pas James en tous cas. Il ne touchera plus jamais personne.

Scott tourna la tête vers un policier qui s'approcha. Il reconnut alors un des trois anciens fidèles soldats du Colonel James.

— Tu en es sûr ?
— Oui, il est en prison fédérale pour les trois prochaines années, pour avoir violé un ordre donné par ses supérieurs, à savoir ne plus s'approcher de créatures surnaturelles quelles qu'elles soient.

Scott releva le menton puis opina. Parrish s'approcha alors.

— L'avis de recherches n'a encore rien donné, dit-il. Tous mes hommes sont sur le coup, tes loups les aident avec leur instinct, je crois qu'on ne peut pas faire plus pour le moment. Tu as sûr qu'il ne t'a rien dit, qu'il partait rejoindre de la famille... Rien ?
— La seule famille qu'Isaac à c'est moi, répondit Scott. Je suis son frère et s'il avait dû partir, il en aurait parlé à ma mère, au moins.

Parrish hocha la tête.

— Bon, je te tiens au courant alors, peut-être que...
— Shérif !

Parrish se retourna et une femme accourut, un carnet à la main. Elle s'arrêta devant Scott, à bout de souffle, et il l'aida à s'asseoir sur les marches du commissariat.

— Qu'est-ce qui se passe, Madame ? demanda alors Parrish. Andrews, va lui chercher de l'eau...
— Non, non ça ira, je dois juste... Fiou ! Bon sang, j'avais pas couru comme ça depuis des décennies !
— Vous êtes sûre que ça va ? Qu'est-ce qui vous arrive, on vous pourchasse ?
— Hein ? Non, pas du tout ! C'est le gamin... Le gamin que tout le monde cherche depuis bientôt une semaine... Le... Le loup sur les photos...
— Isaac ? demanda Scott. Vous savez où il est ?
— Isaac, voilà ! Oui, je sais où il est, enfin je l'ai vu et... Il m'a dit que vous comprendriez...

Elle tendit le carnet à Scott qui le prit et fronça les sourcils en regardant les pages.

— C'est... Une carte ? s'étonna Parrish.
— On dirait, mais...
— Venez à l'intérieur, on sera mieux.
— Je dois vous laisser, dit alors la femme. Mon mari m'attend dans la voiture, on est juste de passage, on était sur l'aire de l'autoroute, juste à la sortie de la ville, vers le nord... On faisait une pause pipi quand j'ai vu ce garçon qui attendait pour aller aux toilettes des hommes... Il avait l'air épuisé et surtout, il avait ce drôle de collier autour du cou...
— Un collier ? s'étonna Scott. Quel genre, métallique ?
— Oui ! Un gros collier métallique, épais, avec un lumière rouge sur le côté... J'ai rien dit et le garçon est entré dans les toilettes. Je suis allée dans celles des femmes quelques secondes plus tard et quand je suis ressortie, il n'était plus là, mais quand je suis retournée à la voiture, mon mari m'a montré le carnet en disant qu'un garçon l'avait jeté dans la voiture...

Scott serra les mâchoires.

— Des Chasseurs ? demanda Parrish.
— Non... Pire. Des vendeurs d'esclaves.

La femme, muette, pâlit.

— Esclaves ? Mais...
— Merci, Madame, pour tout, dit alors Scott. Vous nous avez grandement aidés, mais maintenant, ce n'est plus du ressort des humains. Rentrez chez vous, c'est plus prudent, d'accord ?
— On avait prévu de passer quelques jours ici, répondit alors la femme. Vous pourrez me tenir au courant ? Je suis inquiète maintenant...
— Et vous avez toutes les raisons de l'être... gronda Scott. Si je mets la main sur ceux qui s'en son pris à mon frère...

Il se détourna soudain et la femme observa Parrish qui soupira.

— Ça voulait dire quoi ? couina-t-elle.
— Que si Scott McCall met la main sur le vendeur d'esclaves surnaturels, alors il a intérêt à numéroter ses abattis... gronda Parrish en retour.

Ses jeux flamboyèrent et il montra les dents avant de se détourner en reniflant. Il disparut dans le commissariat et la femme resta muette, choquée, avant de tourner les talons, un peu chancelante.