— Avance !

Isaac trébucha sur la lourde chaîne qui lui reliait les poignets aux chevilles. Il sentit soudain un coup de bâton électrique dans le creux des reins et grogna de douleur.

— Vous ne savez pas à qui vous vous êtes attaqués, dit-il entre ses dents. Mon Alpha va vous arracher la tête !
— On l'attend de pied ferme ! rigola grassement l'homme. Monte, monstre !

Isaac leva les yeux vers le bateau à quai et sentir le sang se retirer de son visage. Son regard se posa ensuite sur des caisses qu'une grue chargeait à bord et quand il reconnut le drapeau de l'Allemagne, il comprit : il avait été vendu comme animal de compagnie...
Coulant un regard vers l'homme qui le suivait, il hésita. S'il parvenait à briser ses chaînes, il pourrait tenter de s'enfuir et se réfugier dans la meute du coin, mais il n'avait aucune idée de comment la trouver, il n'avait capté aucune odeur familière, elles étaient toutes masquées par la puanteur des docks... De plus, il n'avait pas mangé depuis des jours, il voyait trouble quand il se levait et avait mal partout.
Fermant les yeux, Isaac fit un pas en avant quand il entendit un claquement de langue. Il tourna la tête, prêt à invectiver celui qui le désignait de cette manière, mais il découvrit une femme, cachée derrière des caisses. Quand ses yeux jaunes luisirent, Isaac haussa les sourcils. La jeune femme esquissa ensuite un sourire et se retourna pour montrer le dos de son blouson. Isaac comprit que la louve faisait partie des douanes maritimes et il esquissa un sourire. La femme regarda ensuite autour d'elle et ses lèvres remuèrent sans prononcer un mot. Isaac mit quelques secondes à comprendre qu'elle chuchotait et il rendit l'oreille.

— Je m'appelle Diana, je fais partie de la meute de Sabine. Nous savons qui tu es, Scott McCall est en route, il sera là dans deux jours, tiens le coup. J'ai déjà posé un flag sur le navire, sa cargaison va être entièrement fouillée, cela prendra de nombreuses heures et mes hommes prendront leur temps. Tiens le coup, on va tous vous sortir de là.

Isaac opina. La femme lui sourit ensuite puis tourna les talons et disparut dans la foule. Isaac sentit alors son cœur se regonfler et quand l'homme le bouscula, il posa le pied sur la passerelle et grimpa jusqu'au navire sans prononcer un mot.

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— On sera à Los Angeles dans une heure, souffla Derek. Ça va, Anise ?
— Oui, si je ne bouge pas, ça va.

Ils étaient installés dans un coucou appartenant à Chris Argent. Il ne pilotait pas, il avait embauché quelqu'un pour cela, et seuls Anise, Stiles, Derek et Scott se trouvaient à bord. Il avaient quitté Beacon Hills depuis deux heures, directement depuis l'aéroport privé qu'un ami de Chris Argent s'était fait construire sur sa propriété, pour son propre usage.

— Je viens de recevoir un message de Sabine, dit soudain Scott. Une de ses filles a ordonné un passage en revue de toute la cargaison d'un navire suspecté de faire du traffic d'animaux. Elle a vu Isaac sur le quai.
— C'était quand ?
— Il y a deux jours. Le navire est toujours à quai, son personnel commence à menacer le chef du port de partir sans autorisation.
— Ils ne partiront pas, Alpha, annonça alors le pilote. Regardez devant ce qui s'amene...

Scott leva les yeux et découvrit une gigantesque cellule orageuse par le hublot. Un sourire étira sa bouche et Anise plissa le nez. Elle lui prit soudain la main et il tourna les yeux vers elle.

— Promis, je ne leur ferai pas de mal...
— Non, ce n'est pas ça, je veux juste que tu évites de te faire tuer. Ces gens sont des pros, ils ont sûrement tout un tas de joujous qui peuvent mettre un loup à terre et...
— Un loup normal, sans doute, répondit Derek. Mais pas comme Scott et encore moins comme moi. On sera prudents, ne t'en fais pas. Et il y aura la meute de Sabine, plus les douanes maritimes et le FBI. Il y a peu de chances que les kidnappeurs tentent quelque chose. Ce serait stupide.

Anise opina lentement. Scott serra ses doigts sur les siens puis le pilote annonça qu'ils allaient atterrir à l'aéroport international de Los Angeles dans vingt minutes.

— Sabine nous attend là-bas, prévint Scott. On en a pour une heure à rejoindre le port où est amarré le navire.
— D'accord, répondit Derek. C'est possible de jouer un peu avec les méchants, sinon ?
— C'est à dire ?
— Eh bien... Histoire de leur faire un peu peur ?

Stiles esquissa un sourire et Anise haussa un sourcil.

— Comme sur le toit de mon laboratoire, quand tu as sauté de cet hélico, les yeux rouges ? Je t'avoue que j'ai eu quelques sueurs froides...

Scott sourit et opina. Le pilote amorça alors la descente et le quatuor commença à ranger ses affaires.

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— Elle est là.

Derek plissa le nez en avisant un groupe de personnes massées près d'un grand minibus. Ils étaient une douzaine et ils se retournèrent d'un bloc pour faire face aux deux Alphas qui venaient de sortir de l'aéroport.

— Tiens donc, dit alors une femme en fendant le groupe. Cette odeur ne m'est pas inconnue... Derek Hale.
— Sabine... C'est un plaisir d'être chez toi.
— Tu m'en diras tant, la dernière fois, tu n'as fait que passer en semant la zizanie chez mes enfants...

Scott haussa un sourcil et Derek serra les mâchoires. Sabine se tourna soudain vers lui et son attitude changea du tout au tout.

— Alpha... le salua-t-elle en baissant la tête.
— Alpha, l'imita Scott. Tu dois être Sabine Lanford ?
— En personne, et toi, le célèbre Scott McCall...

Scott esquissa un sourire et des bruissements se firent entendre dans le groupe derrière Sabine.

— C'est un honneur de vous avoir tous les deux sur mon territoire, dit-elle. Vous me présentez les humains ?
— Bien sûr, répondit Scott. Voici Anise Lambert, ma copine ; et lui, c'est Stiles Stilinski, le compagnon de Derek et un Agent du DPCS.

Sabine plissa les yeux. Son regard s'attarda un moment sur Stiles puis revint sur Anise qui baissa les yeux.

— Ne baisse pas les yeux, petite, lâcha la louve. Malgré ton humanité, tu ne m'est pas inférieure, sache le. Je vous souhaite la bienvenue à Los Angeles et dans d'autres circonstances, j'aurais été ravie de vous faire visiter.
— Nous reviendrons un autre jour de façon moins officielle, assura Scott. Avez-vous des nouvelles fraîches à nous partager ?
— Oui. Nous avons une bonne heure de route jusqu'au port, il y a pas mal de circulation à ce moment de la journée, je vais avoir tout le temps que vous briefer.
— Dans ce cas, nous vous suivons.

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L'arrivée au port de Los Angeles fut un choc pour les nouveaux venus. Ils passèrent d'une ville bruyante et peuplée à des rangées d'entrepôts glauques où des milliers de conteneurs rouillaient paisiblement.

— Le navire est juste là, indiqua Sabine quand ils descendirent de voiture. Comment voulez-vous procéder ?
— Les captifs sont à bord ?
— Oui. Ils sont sur le pont, enchaînés.
— Et personne ne trouve ça suspect ? demanda Stiles.
— Vous savez, ici, quand on veut avoir la paix, quelques billets verts font souvent l'affaire, répondit Sabine en plissant le nez. D'ailleurs, le capitaine n'a pas cessé de proposer de l'argent aux douanes pour qu'ils finissent plus vite, mais c'est le seul organisme qui n'est pas corruptible. Du moins, pas cette branche là.
— Ce sont les vôtres, je me trompe ? sourit Anise.
— En effet. Sur vingt-neuf personnes qui travaillent aux douanes maritimes de cette partie du port, vingt sont de ma meute. Les neuf qui restent sont des agents du FBI plus ou moins fiables qui ne s'amusent pas à récolter des dessous de table sous les yeux d'une énorme bande de loups-garous...
— Ce serait en effet très stupide de leur part, grogna Derek.

Il leva alors les yeux et observa les environs. Une grue de chargement enjambait l'endroit où ils se trouvaient, ils pourraient y grimper et sauter le pont du bateau pour coincer les kidnappeurs et protéger les prisonniers.

— Je suis en train d'étudier les lieux, répondit le loup à la question silencieuse de Sabine. On pourrait passer par la grue pour atteindre le navire...
— J'avais plutôt imaginé une entrée digne d'un film d'horreur, répondit la louve.
— C'est à dire ?
— Tout le monde monte à bord via les élingues d'amarres et se disperse sur le bateau. Une fois que les douanes ont terminé, on laisse le personnel remonter à bord et on les coince une fois la nuit tombée en les piochant un à un par surprise dans leurs lits. Le FBI peut alors intervenir et démanteler un énorme trafic d'humains qui dure depuis plusieurs mois...
— Vous savez combien de navires de ce genre sont déjà partis ?
— Avec des esclaves ? Aucun. Nous avons à chaque fois réussi à les faire sortir, mais celui-ci est plus gros, c'est un énorme paquet qui va partir et on soupçonne un zoo en Allemagne...
— Un... Zoo ? répéta Anise. Mais enfin, ce sont des humains !
— Physiquement oui, répondit Sabine. Nous ne sommes pas si différent de toi, ma fille, mais contrairement à toi, quand nous nous énervons, nous pouvons déchirer une personne en deux...

Anise haussa les sourcils avec une grimace.

— Je me contente de casser des crayons à papier, moi... marmonna Stiles en se grattant l'oreille. Chacun son délire...

Le groupe émit quelques sourires amusés puis Sabine proposa qu'ils s'installent non loin pour attendre la nuit.

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— Viens t'asseoir, tu dois te reposer.

Anise regarda Scott puis soupira et le rejoignit sur le canapé défoncé. Il l'entoura de son bras et elle s'appuya contre lui en soupirant.

— On va rester longtemps ? demanda-t-elle alors.
— Tout dépendra de l'état d'Isaac et de la manière dont se sera passée l'opération. Je n'ai jamais fait ça, délivrer des prisonniers comme ça, et encore moins sur un gigantesque navire de fret... Je sais ce que j'ai à faire, mais j'ai un peu peur quand même. Il peut se passer n'importe quoi et Isaac pourrait être tué, lui ou un autre d'ailleurs.

Anise opina. Ils se trouvaient dans un local appartenant à Sabine. Elle y avait installé des dockers de sa meute pendant un temps, puis l'emploi sur les docks avait fini par disparaître et les dockers avaient trouvé un autre travail. Elle avait conservé le local en guise de bien immobilier pour les impôts locaux et y installait ses nouveaux loups en quête d'un logement.

— J'ai hâte de rentrer, dit soudain Stiles.
— Pourquoi ?
— Pour mettre en place la branche du DPCS et accueillir les agents qui y seront mutés. D'ailleurs, avec Anise, on a discuté de ça pendant la pleine lune...

Anise haussa les sourcils.

— Oh, tu veux parler de l'immersion dans une meute ?
— Une immersion ? répéta Derek. Pourquoi faire ?
— Les agents sont des humains, ils ne connaissent rien au fonctionnement d'une meute, répondit Stiles. Ils savent qui est le chef, ce que sont les Bêtas, les Omegas, mais ils ne savent pas qu'un Alpha a des lieutenants, ils ignorent qu'elle est la place de la femme de l'Apha dans la meute, de ses éventuels enfants... J'ai envie qu'ils apprennent, qu'ils puissent engranger le plus d'informations possible pour éviter tout problème.
— Ils passeraient aussi du temps avec les policiers, précisa alors Anise devant le regard perplexe de son compagnon. Un mois avec toi, un mois avec le Shérif et ensuite seulement ils prendraient leurs fonctions.
— C'est une idée... étrange, mais ma foi, pourquoi pas ? Je ne suis pas contre, répondit Scott. Je dois voir avec ton père, Stiles, mais je trouve que c'est une bonne idée. Sans aller jusqu'à leur révéler tous nos secrets, on peut tout à fait leur montrer ce que nous sommes et comment la hiérarchie d'une meute se met en place autour de l'Alpha.
— Et pas de n'importe quel Alpha, tint à préciser Derek. Je ne peux pas donner des ordres à tes hommes, par exemple, si tu n'es pas au courant.
— Bien évidemment, même si dans notre cas, ils te font suffisamment confiance pour obéir sans avoir ma version des faits.

Derek opina. Il croisa ensuite les bras et Stiles quitta le canapé. Il annonça aller se reposer un moment et quand Anise décida d'aller avec lui, les deux Alphas se retrouvèrent seuls.

— Tu es très attaché à elle, hein ?
— De plus en plus, ouais. S'il lui arrivait quelque chose maintenant, à mon avis, je le prendrais très mal.
— Raison de plus pour écouter Sabine et laisser les humains ici, répondit Derek. Je n'ai pas envie que Stiles se fasse encore blesser par ma faute.
— Ce n'était pas ta faute, la dernière fois...
— Quasiment. J'ai refusé de neutraliser son père quand il me l'a demandé et il a été blessé. J'en suis responsable, dans un sens. Quant à Anise, je pense que nous accompagner sur le bateau n'était pas une option, n'est-ce pas ?
— Ouais. Elle ne l'a pas demandé, du reste, elle sait où est sa place et surtout où sont ses limites. J'aimerai bien qu'elle discute un peu avec Sabine, qu'elle puisse répondre à ses questions. Chris veut lui faire une petite formation sur son rôle dans la meute, mais je préférerai que ce soit une femme qui lui parle.
— Dis plutôt que tu ne veux pas que ce soit ton père qui le fasse... sourit Derek, amusé.

Scott roula des yeux puis sourit à son tour. Il proposa ensuite qu'ils se reposent à leur tour un moment, que Sabine allait venir les chercher quand il sera l'heure de prendre le navire d'assaut.