— Vous allez devoir être le plus silencieux possible. Personne ne doit savoir que vous êtes à bord.
— Nous sommes des loups, répondit Scott. Nous savons être silencieux.
— Oui, mais je connais ta réputation, Alpha, la tienne aussi, Hale. Mais ici vous êtes sur mon territoire, c'est moi qui donne les ordres. D'ailleurs, les deux humains restent à l'abri.
— On avait pas l'intention d'y aller, répondit Stiles en croisant le regard d'Anise. On vous rejoindra demain matin pour l'arrestation.
Sabine opina. Elle donna ensuite quelques consignes supplémentaires puis tout le monde quitta les environs du local où Scott et sa bande avaient passé la nuit.
Se tournant vers Anise, le jeune homme tendit le bras et elle se serra contre lui avec un sourire. Elle leva ensuite la tête et il l'embrassa sur le front.
— Ne sortez pas d'ici avant qu'on vienne vous chercher, dit-il. On ne sait jamais ce qui peut se passer.
— J'ai mon arme, répondit Stiles. Si jamais on doit partir, Derek nous retrouvera.
Le loup hocha la tête puis, après un baiser pour son compagnon, Scott et lui quittèrent le local et rejoignirent Sabine un peu plus loin.
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— C'est compris pour tout le monde ? Pas un seul bruit. Vous montez à bord en utilisant les échelles ou les élingues puis vous vous rendez dans les cabines et vous effrayez l'équipage.
— On est seuls ? demanda une louve.
— Non, le FBI est sur le quai, ils savent ce que nous allons faire, ils nous laissent proceder et ceuilleront les matelots sur le quai dès qu'ils auront fui.
— Et les prisonniers ?
— Si vous pouvez, vous les libérez et vous leur dites d'aller au soixante-dix rue de Saint Sauveur, ils sauront où c'est.
Scott plissa les yeux mais ne répondit rien. Un coup d'œil à Derek lui confirma que le loup n'avait pas plus compris, mais ils ne releva pas non plus et Sabine ordonna ensuite que tout le monde se disperse.
S'ensuivit alors le cauchemar de toute personne craignant les ombres. Sur le pont du navire, assis sur le sol humide avec une couverture sur le dos, les futurs esclaves somnolaient. Ce fut les loups qui sentirent en premier la présence de la meure de Sabine et quand Isaac leva la tête vers le bord du bateau, ne comprenant pas pourquoi il sentait l'odeur de Scott, une main griffue saisit le rebord. La seconde suivante, un loup atterrissait sur le pont dans un bruit sourd et se baissait. Lorsque ses yeux rougirent, Isaac éprouva un étrange frisson dans ses entrailles, comme si elles se liquéfiaient et les larmes dévalèrent ses joues.
— Scott... haleta-t-il.
Autour de lui, des murmures se firent alors entendre et d'autres loups montèrent à bord de la même manière que Scott. Celui-ci s'approcha ensuite de son Lieutenant et se baissa devant lui.
— Tu vas bien ? demanda-t-il à voix basse.
— J'ai froid, j'ai faim et j'ai mal partout... Je suis tellement content de voir... Qui est avec toi, Liam ?
— Non, Derek, et Stiles et Anise. Nous avons rejoint la meute du coin pour vous sortir de là et faire coffrer ces salopards.
Il regarda le groupe de prisonniers.
— Il y a des loups de Sabine, parmi vous ? demanda-t-il.
— Moi... répondit un homme.
— Soixante-dix rue de Saint Sauveur, tu connais ?
— Oui. Oui, je connais, je conduirai tout le monde là-bas !
Scott opina. Il regarda ensuite Isaac, posa une main sur son épaule puis se glissa dans son dos pour briser ses chaînes. Il en fit autant avec les autres autour de lui et, une fois qu'ils furent tous libres, le loup de Sabine les fit descendre sur le quai.
— Alpha...
— Va avec eux, répondit Scott. Tu n'es pas en état. Je vous retrouve demain matin et on rentrera.
Isaac hésita une seconde puis tourna les talons et quitta le navire.
— Maintenant, on s'occupe de ces pourritures ! gronda-t-il. Allez-y, sortez-les de leurs lits et ramenez les ici.
Aucun des loups de Sabine ne protesta et quand Scott croisa le regard de Derek, celui inclina le menton et suivit les autres loups.
— Impressionnant... roucoula alors une voix derrière Scott.
Il pivota aussitôt en armant ses mains et découvrit un homme avec une chaîne dans les mains.
— Un Alpha... Tu dois valoir un sacré paquet de fric ! Tu ferais un beau trophée dans un zoo !
— Vous croyez vraiment que vous êtes de taille à m'affronter ? demanda Scott. Je ne suis pas exactement comme les Alphas que vous avez pu croiser...
— Vous êtes tous les mêmes ! siffla l'homme. Des monstres juste bons à être exposés dans des foires !
Scott esquissa un sourire. Ses yeux luisirent et l'homme eut un bref mouvement de recul avant de se reprendre et de tendre la chaîne entre ses mains d'un geste brusque. Ce fut alors le signal et Scott bondit en avant. Il arracha la chaîne des mains de l'homme et le saisit à la gorge en plantant ses griffes dans sa carotide.
— C'est tout ? gronda Scott.
— Tu croyais vraiment que j'allais m'attaquer à un Alpha avec juste une chaîne ? répondit l'homme. Allez-y !
Une canette roula soudain au sol et quand une fumée jaune s'en échappa, Scott éternua et recula d'un pas.
— Aconite jaune ! dit-il.
Il toussa en plaquant son coude sur son nez et lâcha soudain l'homme qui tomba lourdement sur le pont en se cognant la tête au bastingage.
— Neutralisez-le, maintenant ! aboya-t-il en se frottant le crâne. Allez-y, le patron sera content !
Quatre hommes s'approchèrent avec des cordes et Scott tomba sur un genou en toussant. Il avait les yeux qui brûlaient, il sentait l'aconit lui irriter les voies respiratoires, mais il jouait la comédie, car il s'était entraîné à résister à ce poison. Il avait souffert pensant des heures, des jours, exposé à cette chose, avant que son corps n'y soit quasiment résistant.
Laissant les hommes approcher, Scott les observait. Quand ils ne furent plus qu'à un mètre de lui, il se releva brusquement, saisit l'un des hommes par la nuque et l'envoya voler en balayant les trois autres au passage.
— Mais qu'est-ce que... Non ! C'est impossible ! s'exclama l'homme.
— Je t'ai dit que je n'étais pas comme les autres Alphas ! Maintenant, je vais m'occuper de toi, être humain minable qui pense que les miens sont des animaux de zoos !
Il le saisit à la gorge et tendit le bras au-dessus du rebord du pont. L'homme saisit le poignet de Scott et tenta de libérer la poigne, mais il tenait bon.
— Scott, ça suffit, entendit-il alors. Scott ?
Le loup grogna et ses ongles se serrèrent sur le cou de l'homme.
— Scott ?
Tournant les yeux, Scott regarda Anise. Elle se tenait à deux mètres de lui, Sabine étaient derrière elle ainsi que deux hommes en costume d'agent fédéral.
— Pose cet homme, le tuer ne t'avancera à rien. Laisse la justice des hommes faire son travail.
— Il ne vaut même pas la peine d'être jugé !
— Scott, réfléchi, les nôtres ont investi les plus hautes instances de ce pays, partout où cet homme ira, il croisera des yeux jaunes, bleus ou rouges, il deviendra fou avant que tu n'aies pu dire ouf...
Sabine fit alors un pas en avant, mais Anise lui prit le poignet. Elle secoua la tête et s'approcha de Scott. Elle passa sous son bras tendu et lui fit baisser la tête. Il lui gronda au visage et Anise ferma les yeux un instant. Elle posa ensuite ses mains sur le torse du loup et le sentit s'apaiser. Soudain, il lâcha l'homme qui poussa un hurlement avant qu'un "plouf !" ne se fasse entendre.
— Merci ! s'exclama alors quelqu'un en bas du navire.
Anise sourit et croisa le regard de Sabine qui tourna les talons avec un signe de tête. La jeune femme reporta son attention sur son compagnon qui la prit soudain dans ses bras et soupira dans son cou.
— C'est fini, ils sont tous saufs, dit-elle en lui frottant le dos.
— Ou sont-ils ?
— Là où Sabine leur a dit d'aller.
— Et Stiles ? Qui t'a amenée ici ?
— Sabine est venue me chercher quand elle a vu que tu étais aux prises avec les méchants.
— Mais ça n'a duré qu'une minute...
Anise pencha la tête. Une lueur apparut alors à l'horizon.
— Non, cela fait des heures que l'opération a commencé.
— C'est impossible, enfin, je suis monté à bord, j'ai libéré les gens, puis je suis tombé nez à nez avec le capitaine, il a balancé une bombe de gaz d'aconit jaune et... Et tu es apparue.
— Tu ne t'en es sans doute pas rendu compte tellement tu étais dans ton rôle, répondit la jeune femme avec un sourire. Mais je rassure que trois heures, c'est vraiment très long quand on attend des nouvelles.
Scott secoua la tête, perdu, avant de repérer Derek qui semblait les attendre.
— Ça va ? demanda-t-il comme le couple s'approchait.
— Oui, j'ai juste perdu la notion du temps... Anise vient de me dire que trois heures s'étaient écoulées, mais je ne ai pas le souvenir.
— J'ai la même impression.
— Comment ça ? demanda Anise, les sourcils froncés. Je vous assure que vous êtes partis avec Sabine il y a plus de trois heures...
— Je n'en ai vraiment pas l'impression. Est-ce que l'un des prisonniers manipule le temps ? demanda Scott.
— C'est possible ?
— Rien n'est impossible dans ce monde, répondit Derek. Tu l'apprendras bien vite.
Anise haussa les sourcils puis ils redescendirent sur le quai et y trouvèrent Sabine accompagnée par le FBI.
— Voilà le héros du jour, lâcha un homme en voyant Scott.
— C'est du sarcasme ? demanda Scott.
— Je n'aime pas quand on me marche sur les pieds, Monsieur McCall.
— Navré d'avoir eu à sauver un de mes loups, Monsieur. Sachez toutefois que j'ai fait en une nuit ce que vous avez été incapable de faire en plusieurs semaines.
— Scott !
Anise lui frappa le torse et le jeune homme grogna. L'agent du FBI observa le couple puis tourna les talons sans un mot de plus.
— L'agent Russel est le genre d'humain qui n'aime pas les créatures surnaturelles, mais qui ne rechigne pas quand on vient lui filer un coup de main gratis, indiqua Sabine.
— Je vois. Où est Isaac ? Nous allons rentrer à présent.
— Je vais vous conduire à la planque dès que les marins auront été mis dans les fourgons. Prenez deux minutes pour vous remettre de vos émotions.
Anise hocha la tête et poussa les deux loups vers un bloc de béton pour qu'ils s'asseyent. Elle tira ensuite de sa poche un paquet de bonbons et les deux garçons se le partagèrent, pensif.
— Comment trois heures ont pu s'écouler sans qu'on s'en rende compte ? demanda soudain Derek. Quel serait l'intérêt d'une créature d'accélérer le temps ?
— Pour laisser aux autorités le temps d'arriver, peut-être ? Sabine a dit que nous devions faire en sorte que les marins puissent êtres cueillis par le FBI le lendemain. Peut-être que quelqu'un la entendu et la créature temporelle à modifié le temps sur le navire pour nous aider.
Derek opina. Son téléphone sonna alors et il s'éloigna en décrochant. Anise se tourna vers Scott.
— Tu iras voir Deaton pour l'aconit jaune, dit-elle.
— Je suis immunisé. Je m'entraîne à la supporter depuis plusieurs années. Je ne devrais pas trop mal m'en sortir, il n'y avait qu'une bombe. Ces abrutis ont dû penser que ça suffirait à me neutraliser...
— Tu iras quand même.
— D'accord.
Scott sourit et Anise pinça alors la bouche.
— La question que je vais te poser va te paraître bizarre, mais en admettant que tu aies été blessé ou pire, tué, qu'est-ce qui se serait passé pour moi ?
Scott se redressa étonné.
— Pourquoi est-ce que tu penses à ça, tout d'un coup ?
— Tu es un Alpha, Scott, il arrivera forcément un moment ou tu te battras contre d'autres loups, des Chasseurs ou d'autres bestioles surnaturelles. Si jamais tu disparais, je deviendrais quoi ?
Scott grimaça et se redressa.
— En l'état actuel des choses, rien, répondit-il. Mais si nous fondons une famille, et si je disparais, alors tu prendras la tête de la meute jusqu'à ce que notre aîné soit majeur, qu'il soit un loup ou pas.
— Et... Physiologiquement ?
— Tu souffriras bien plus que si tu n'avais jamais été liée à moi.
Anise se mordit la lèvre inférieure. Elle s'approcha ensuite et Scott l'entoura de ses bras en posant sa tête contre son ventre. Elle lui caressa les cheveux un instant et quand Derek revint en annonçant que Stiles venait les chercher, le quatuor quitta les quais pour rejoindre le parking alors que le soleil se levait pour éclairer Los Angeles.
