Scott observait les créatures agenouillées autour de lui. Une vingtaine de minutes plus tôt, il était entré sur la parcelle de champ investie illégalement par cette famille de vampires, accompagné de Derek, Peter et Stiles. Ils étaient au nombre de quinze, personne n'avait fait de difficultés en voyant débarquer les trois loups et ils semblaient plus effrayés qu'effrrayants...
— Nous ne savons pas qui tu cherches, Alpha ! s'exclama soudain une femme.
— Oh si, vous le savez ! Un humain d'une cinquantaine d'années, les cheveux gris, grand, fin... Vous le connaissez, je le sais, je sens son odeur dans ce camp, gronda Scott. Si vous avez touché à un seul de ses cheveux, je vous assure que cet endroit ne sera plus qu'un bain de sang avant l'aube !
La vampiresse grimaça. Elle montra les dents et souffla. Scott gronda et elle grimaça. Soudain, le loup saisit une femme par la nuque et la mit debout, dos à lui. Lui penchant la tête sur la gauche, il ouvrit la bouche et approcha ses crocs de son cou.
— Si je la mords, dit-il. Elle mourra dans une poignée de minutes en souffrant le martyre. Dites-moi où vous retenez mon père, maintenant !
Il ouvrit la bouche au-dessus de l'épaule de la femme qui laissa échapper un gémissement apeuré. Soudain un bras se leva, tremblant, et Scott tourna la tête.
— Je t'écoute ? dit-il.
— Je ne sais pas où se trouve le Chasseur, mais je peux vous dire que nous ne sommes en rien coupable de son enlèvement...
— Mais encore ?
Scott repoussa la femme qui pleurnicha en allant se cacher derrière un homme.
— La fille, la louve... dit l'autre homme. C'est une vraie furie, elle... Elle a tué deux de mes sœurs, elle leur a arraché la tête et... C'est elle qui a le Chasseur, elle s'est servie de nous pour t'atteindre, Alpha, et ça a marché...
Derek baissa les yeux et serra les mâchoires.
— Malia... gronda-t-il. Où est-elle ?
— Enfuie... répondit le vampire. Elle... Nous ne lui voulions aucun mal, juste savoir où nous étions et comme nous voulons rejoindre le Mexique...
— C'est assez loin de la Californie... répondit Scott.
Un coup de vent balaya soudain la prairie et Scott renifla. Ses yeux devinrent alors rouges et il shifta instantanément avant de rugir au ciel. Stiles rentra la tête dans les épaules quand Derek rugit en retour et ses yeux devinrent rouges à leur tour. Les vampires, eux, se roulèrent en boule, tout comme Peter, terrorisés, comme des rugissements de différents octaves résonnaient dans les rues de Beacon Hills, en réponse à l'Alpha...
— Stiles, tu restes avec eux, gronda alors Scott. Derek et moi on va s'occuper de cette chienne...
Le compagnon de Stiles hocha la tête puis se changea aussitôt en un énorme loup noir avant de détaler aux côtés de Scott qui se jeta en avant et se mit à courir à quatre pattes. Ils disparurent dans les ombres de la forêt et Stiles soupira.
— Allez, dit-il. Levez-vous.
Il rangea son arme dans son holster et l'un des vampires esquissa un sourire.
— Vous n'êtes pas prudent, Agent, dit-il en se relevant.
— Et vous croyez vraiment que je baisserai ma garde aussi facilement. Je ne suis pas seul.
Le vampire perdit son sourire et regarda autour de lui, mais il n'y avait personne dans la clairière, Peter avait fichu le camp, apparement... Soudain, il y eut un craquement de branche et le vampire blêmit en voyant l'immense ombre s'étirer sur son groupe.
— Qu'est-ce c'est que ça ?!
Stiles esquissa un sourire en levant la tête vers le monstre qui s'arrêta près de lui.
— Voici le Voltron, un loup-garou surpuissant qui vous traquera dans le monde entier s'il le faut afin de régler son compte avec vous. Si j'étais vous, je ne m'amuserai pas à me trahir...
Le vampire déglutit puis recula d'un pas. Les jumeaux grondèrent sourdement et le groupe de créatures s'éloigna alors en direction des trois caravanes en aluminium posées en triangle au milieu du champ...
— Surveillez-les pendant que je fais un tour, dit alors Stiles aux jumeaux.
La créature hocha la tête puis s'accroupit à quelques pas des caravanes. Il grogna quand une vampiresse sortir la tête par la porte avant de rentrer aussitôt...
.
— C'est trop facile. C'est sûrement un piège.
— Connaissant Malia, très certainement.
Devant Scott et Derek, à environ trente mètres de là, un feu de camp avait été bâti et un homme était assis devant, les genoux relevés contre son torse. Scott s'était immédiatement assuré qu'il était vivant et avait reconnu l'odeur de Christopher Argent, mais point de trace de Malia alors qu'il l'avait sentie quelques minutes plus tôt.
— Allons le chercher, dit-il soudain.
— Tu es sûr ?
— J'ai déjà soumis Malia une fois, si elle m'attaque, elle en paiera les conséquences.
Derek préféra ne rien répondre. Même s'il était un Alpha naturel, de naissance, Scott demeurait beaucoup plus puissant que lui étant donné qu'il n'avait pas passé les cinq dernière années à se cacher dans un loft au Canada...
— Si Malia attaque, ne la tue pas tout de suite, dit-il alors. C'est ma nièce et je veux d'abord lui parler.
— Parole.
Sans un mot de plus, Scott sortit des bois et s'approcha du feu de camp. Quand Chris sentit sa présence, il se retourna et tomba sur le dos en paniquant, les yeux écarquillés. Il racla des talons sur le sol pour s'éloigner, mais Scott leva les mains en repoussant sa capuche.
—C'est moi, Papa, dit-il en se baissant. Tu me reconnais ?
Chris cessa aussitôt de se débattre. Il avait un morceau de ruban adhésif noir sur la bouche et les mains attachées dans le dos. D'un geste sec, Scott lui rendit la parole puis le remit debout et brisa le cerflex en plastique qui lui retenait les poignets. Ils s'enlacèrent aussitôt et Chris soupira de soulagement.
— C'est fini, dit Scott. Derek va te ramener à la maison pendant que je traque Malia et...
— Non, je... Je dois rester avec toi, elle...
Blême, Chris recula alors d'un pas et tendit son bras droit. Une belle trace de dents humaines se dessinait...
— Elle t'a mordu ?! s'exclama Scott en lui prenant le bras. De quel droit...! MALIA !
Le rugissement surpuissant secoua les arbres et un hibou s'envola, dérangé dans son sommeil.
— Scott, regarde-moi, dit alors Chris en lui prenant le visage. Regarde-moi, mon fils... Ce n'est pas grave, d'accord ? Ce n'est qu'une morsure de coyote femelle, je ne suis pas en train de me transformer...
— Tu es sûr ?
— Oui, sûr et certain, elle m'a mordu il y a près de deux heures, si son venin était actif, je serais déjà en train de me tordre de douleur sur le sol... Par contre, je me sens très faible, je pense que j'ai chopé une infection...
— Il a raison.
Chris observa Derek approcher. Il prit le poignet blessé et souffla.
— La plaie est chaude et rouge, elle est infectée, dit-il. Qu'est-ce qui lui arrive ? demanda-t-il ensuite. Est-ce qu'elle fait tout ça pour attirer ton attention, Scott ?
— Ça fonctionne, mais dans quel but ?
— Elle n'a rien dit, répondit Argent en haussant les épaules.
Scott observa les environs, renifla une ou deux fois, puis soupira.
— Elle est jalouse, dit-il. Elle n'accepte pas qu'Anise et moi soyons ensemble, elle est bloquée dans le passé et persuadée que...
Scott et Derek pivotèrent soudain d'un même mouvement et Chris fit un bon instinctif en arrière. Une seconde plus tard, une petite ombre fondit sur Scott, le saisit par le cou et l'envoya valdinguer. Quand elle pivora vers Derek, il eut bien du mal à reconnaître la jeune femme.
— Malia ? C'est toi ?
— Tu crois quoi ? gronda la jeune femme. J'ai été bannie de la meute, de ma propre famille à cause d'une putain d'humaine !
— Ne parle pas d'Anise comme ça !
— Oh, parce que tu la défends aussi... J'avais oublié que tu aimais aussi les putains... Ou les gigolos ? Comme ton petit chaton apeuré ?
Malia eut un rire rauque. Les cheveux coupés courts au couteau, hérissés dans un désordre de branchettes et de feuilles, elle ressemblait à une sauvageonne.
— Malia, ton père a cru que tu avais été enlevée par des vampires... tenta alors Derek.
— Ces moins que rien, là-bas ? Pft, des raclures ! Même pas capable de mordre quelqu'un !
Derek regarda Chris qui baissa le nez. Outre la morsure de Malia, il semblait avoir servi de petit-déjeuner à la famille de suceurs de sang du campement... Un grognement résonna alors et Scott se releva, sonné. Malia l'avait envoyé valdinguer à une dizaine de mètres de là, le prenant par surprise, et il se remit sur ses pieds avec un peu de peine.
— La vache... T'as bouffé du lion ou quoi ? marmonna-t-il.
— Tu n'es qu'un abruti, siffla alors Malia. Tu t'es ramolli avec cette putain ! Regarde toi ! Tu es mou, McCall !
Scott se redressa et gronda. Il fut sur Malia la seconde suivante, sa main autour de son cou. Ses griffes plantées dans sa peau, il lui gronda au visage et la jeune femme rigola.
— Grogner... C'est tout ce que tu sais faire !
— Pourquoi ? demanda alors Scott en la repoussant brutalement. Pourquoi tu t'en es prise à Chris ?
— Mais parce que c'est un Chasseur, voilà pourquoi ! Ce monstre a tué des dizaines de loup-garous depuis qu'il est venu au monde, il est temps pour lui de payer ! Dans quelques heures, il ne sera même plus humain et...
— Tu te trompes, tu ne peux pas transformer un humain, répondit Derek en croisant les bras. C'est un privilège réservé aux Alphas et pas à une petite fille comme toi qui se prend pour une louve !
Scott haussa un sourcil, surpris ; Malia sembla offusquée mais elle ne répondit pas.
— Qu'est-ce que je vais faire de toi ? demanda alors Scott. Si je te tues, ton père ne me le pardonnera jamais, mais si je te laisse partir, tu risques de revenir pour semer le trouble et t'en prendre à ma femme.
La mention d'Anise fit comme un détonateur ; Malia serra les poings, se mit à gronder, et ses yeux bleus luisirent d'un halo presque enchanté. La seconde suivante, elle se jetait sur Scott qui la saisit par le cou et le voyage valser dans les feuilles mortes.
— Tu vas gâcher ta vie avec cette chose ! siffla-t-elle en se relevant. Cette humaine n'est pas digne de toi !
— Parce que toi, si ?
— Oui ! Oui, je suis ta moitié, Scott, nous sommes faits pour être ensemble ! Laisse tomber la putain et rejoins moi !
— Ne parle pas d'Anise comme ça ! répliqua Scott.
— Mais c'est ce qu'elle est ! C'est ce qu'ils sont tous !
Malia eut un rire presque démoniaque ; soudain, la terre explosa juste devant ses pieds. Surpris, Scott fit un bon arrière et Malia fut projetée sur le dos. Elle grogna en constatant qu'elle avait sans douce quelque-chose de cassé et se redressa sur le flanc en haletant.
— Anise ? souffla alors Derek.
La jeune laborantine se redressa, bras tendu, et releva le menton.
—Je savais bien que je devais revenir rapidement, dit-elle. Tu n'as donc pas encore compris, Malia ? demanda-t-elle ensuite en regardant la jeune coyote. Tu n'es plus là bienvenue dans la meute, c'est terminé.
— C'est ce qu'on va voir !
Bondissant sur ses pieds, Malia se jeta sur Anise ; quelque chose explosa brusquement entre elles, projetant la jeune femme coyote en arrière. Elle poussa un cri de surprise et roula plus loin. Sonnée, elle resta sur le carreau quelque secondes, pas assez pour laisser à Scott le temps de rejoindre sa compagne.
— Tu t'amuses avec tes pétards ? gronda alors Malia en se relevant.
Son bras droit pendait, elle avait l'épaule disloquée. D'un mouvement, elle l'a remit en place puis ses yeux luisirent. Anise haussa un sourcil.
— Il faut vraiment que tu sois au fond du trou pour t'en prendre à moi, dit-elle alors. Je ne suis plus la petite laborantine que tu as pu passer à tabac il y a quelques mois, c'est fini tout ça.
— Quoi, parce que tu es la putain de l'Apha, tu te prends pour une louve ? cracha Malia en retour.
— Je ne suis ni une putain, ni une louve, répondit Anise. Je suis une sorcière de Salem, Malia, et j'ai de quoi te neutraliser pour de bon dans ma sacoche. Ces deux explosions n'étaient que des semonces, continue comme ça, et la prochaine, tu ne te relèveras pas !
Scott referma la bouche, abasourdi par le changement de sa compagne. Près de lui Derek affichait une toute autre expression ; il semblait fasciné, admiratif, presque en pâmoison, ce qui était loin de lui ressembler !
— À genoux Malia Hale, dit alors Anise en sortant une fiole de sa besace. Je ne le redirai pas.
— Dans tes rêves ! aboya la jeune femme en retour. Tu crois vraiment que moi, coyote sauvage, je vais plier devant toi ?
— Tu as donc choisi. Ad-...
— Non ! Attends ! s'exclama soudain un homme.
Anise se figea dans le geste de lancer ce qu'elle avait dans la main. Elle tourna la tête et Peter apparut, essoufflé.
— Je croyais que tu avais fichu le camp, toi... dit Scott.
— J'ai voulu, Alpha, mais c'est ma fille, mon unique enfant et je ne veux pas qu'elle soit tuée et encore moins par une Salem...
Anise baissa le bras et haussa un sourcil.
— Continue ? dit-elle, intriguée.
— Quand une Salem tue un loup-garou, c'est encore pire que la mort ! répondit Peter en se baissant près de sa fille.
Vaincue par ses blessures, Malia s'était accroupie, le souffle court. Elle avait besoin de reprendre ses forces, mais son regard lançait des éclairs et était rivé sur Anise.
— Anise, tu n'es qu'une jeune sorcière, tu as tout à apprendre, reprit Peter après quelques secondes de silence. Si tu "tues" ma fille, elle va survivre, son humanité sera restaurée à son origine et son coyote sera tué... C'est ça, la guerre entre nos races qui a décimé les loups ; ils sont redevenus humains ! Malia sera de nouveau une jeune telle normale, et ce n'est pas ce que je veux pour elle...
— Papa...
Malia tourna alors de l'œil et s'écroula dans les feuilles mortes. Peter serra les mâchoires. Scott rejoignit alors Anise et ils s'étreignirent.
— Il faut la neutraliser, dit alors la jeune femme en s'écartant de Scott.
— Comment ? demanda Peter en se relevant, Malia dans ses bras. Être un coyote est tout ce qu'il lui reste, elle a perdu tout le reste, y compris sa confiance en elle après cet avortement complètement raté...
Scott serra les mâchoires.
— Si elle avait gardé ce bébé, je m'en serais occupé, quand bien même je ne voulais plus d'elle, répondit-il.
— Tu dis ça pour être gentil, répondit Peter.
— Non, c'est vrai. J'y pense depuis des mois... Rentrons maintenant, nous en reparlerons demain.
Peter ne répondit rien et quitta alors la clairière pour ramener Malia en ville. Quand il déboula à l'hôpital, Melissa McCall, de garde pour la nuit, la prit immédiatement en charge et, comme convenue avec la meute, ne posa aucune question sur les blessures qu'elle constata sur la jeune femme...
