Faisant bon cœur contre mauvaise fortune, bien obligé d'accepter que la relation entre Liam et Gustave semblait être une bonne chose, Scott décida de ne pas se préoccuper d'eux. Il avait fait promettre au vampire de ne jamais faire de mal à Liam, peu importe la nature dudit mal, sinon il aurait affaire à lui. Gustave avait promis.
En ce matin de février, Derek et Stiles étaient enfin de retour, après avoir passé trois semaines au Canada. S'ils étaient contents d'être rentrés, ils eurent tôt fait de se poser des questions en découvrant que le vampire élégant et un peu paumé qu'ils avaient laissé en partant, semblait avoir pris ses aises dans leur meute et, avec ça, à la savonnerie.
— Arrêtez... Je le laisse vivre au hangar parce qu'il n'a pas les moyens de louer un appartement...
— C'est un vampire depuis sept siècles, Scott, il a largement les moyens ! grinça Stiles.
Scott grimaça. Il était allé chercher ses amis à Fresno et ils étaient en train de déjeuner avec Anise qui les avait rejoints.
— Tu rentres quand, sinon ? lui demanda-t-il alors.
— Je ne sais pas encore. Je suis passée dans une phase d'apprentissage intense, je sais maintenant confectionner des potions plu ou moins efficaces, et j'apprends actuellement à écrire des formules magiques et incantations. C'est beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît, d'ailleurs...
Sriles esquissa un sourire.
— Tu vas avoir un grimoire, comme les sorcières dans les films et les séries ? demanda-t-il.
— Je ai un, en effet. Ce sera celui de ma future famille, ma mère m'en a fait un avec les formules essentielles pour mon niveau qu'elle a copiées de son propre grimoire, j'en ajouterai d'autres au fur et à mesure que ma vie avance. D'ailleurs, j'ai quelque chose pour Jared.
— Ah ? Tu peux le transformer en loup ? demanda Derek.
— Non, malheureusement, ce n'est pas possible, répondit Anise en secouant la tête. Par contre, j'ai confectionné une potion qui fera en sorte de bloquer les odeurs des loups. Comme vous supportez son odeur de chat, je n'ai pas voulu obliger quarante loups-garous à prendre une potion pour bloquer son odeur.
— C'est permanent ?
— Oui. Une fois qu'il l'aura inhalée, les récepteurs qui lui permettent de sentir votre odeur seront irrémédiablement détruits. Il aura toujours son odorat surpuissant de panthère, mais il ne vous sentira plus.
— C'est un peu risqué, non ? demanda Scott. Je veux dire, il est plus fort et plus leste qu'un loup, d'accord, mais s'il ne peut pas nous sentir...
— Les chats sont dotés d'un sixième sens qui leur permet de ressentir les présences, hostiles ou non. Pas besoin d'odorat pour cela. Une fois qu'il aura identifié la présence avec ses yeux, il saura immédiatement s'il doit attaquer ou pas.
Scott hocha la tête.
— Si tu le dis. Il faut lui laisser le choix, de toute manière.
— Bien évidemment, voyons, il n'est pas question de...
Anise se tut soudain et porta une main à sa poitrine.
— Chérie ? demanda Scott en croisant les regards surpris des autres. Anise, qu'est-ce qu'il y a ?
— C'est... Quelque chose est arrivé à l'un des membres de ma famille...
Scott haussa les sourcils. Le téléphone de la jeune femme sonna soudain et elle devint blême. Stiles s'en empara et répondit à sa place.
— Portable d'Anise Lambert, j'écoute ? Bonjour, Madame Lambert. Si elle est là, elle... Oui, elle l'a senti. Quand ? Je vois... Je vais le lui dire dans ce cas. Faut-il qu'elle rentre ? Non ? Ah d'accord. Très bien. Merci. Oui, à vous aussi.
Stiles baissa le téléphone et observa l'écran un moment. Il croisa ensuite le regard d'Anise qui porta une main à sa bouche et fondit en larmes. Scott la prit dans ses bras et elle se mit à sangloter bruyamment contre son épaule.
— Oh, grand-mère ! gémit-elle.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda alors Derek.
— Crise cardiaque. Elle était à la maison, ils buvaient le thé et tout d'un coup, elle s'est effondrée. Aucune chance de la sauver.
Anise hoqueta. Elle se redressa alors en passant ses mains sur ses joues.
— Je vais retourner à Portland pour l'enterrement...
— Ta mère a dit que non, répondit Stiles. Elle m'a dit qu'en tant que sorcière déchue, elle n'aura pas droit aux rites ancestraux. Elle sera simplement incinérée, comme elle l'avait demandé, et déposée dans un crematorium.
Anise soupira.
— Rentre avec moi, dit alors Scott. Tu reviendras finir ta formation après ton deuil.
— Je ne sais pas si je peux...
— Allons demander, alors.
— On va chercher la voiture, répondit Derek.
Scott opina puis les deux couples se séparèrent.
.
À Beacon Hills au même moment, la journée se déroulait normalement, chacun allant à son travail, y compris Liam. Gustave était donc seul à la savonnerie et ce fut ce moment que Melissa choisit pour venir s'enquérir de son patient.
— Vous n'avez peur de rien, commenta le vampire en la faisant entrer.
— Que voudriez-vous me faire ? demanda la femme. Mon fils vous mettra en pièces si jamais vous levez une main sur moi. Et je ne parle pas de la réaction
de Liam...
— Ce ne serait pas la première fois que je fais fuir un amant, vous savez ? Mais rassurez-vous, je n'ai aucune envie de m'en prendre à vous.
— Ah ? Et à quoi est-ce dû ?
— Liam ?
Melissa fronça les sourcils. Gustave trouva idéal de s'expliquer.
— Notre liaison me permet de ne pas mourir de faim, dit-il. Je ne me nourris pas sur lui, mais il m'apporte régulièrement des animaux morts et je me nourris sur eux, même si cela n'aura jamais la même puissance nutritive d'une jeune victime en plein délire psychédélique à cause du venin...
— Je suis désolée que mes supérieurs refusent de vous nourrir, répondit Melissa.
— C'est surtout votre fils qui m'en empêche.
— Ah ? Soulevez votre chemise, vous voulez ?
Le vampire opina.
— Pour pouvoir rester auprès de Liam, j'ai du promettre de ne jamais chasser sur le territoire de Scott, expliqua-a-t-il. Je n'ai donc pas le choix.
Melissa retira le pansement sur l'abdomen du vampire et entreprit de nettoyer les cinq plaies causées par les griffes de Liam.
— Partez dans la ville voisine, dans ce cas... Liam m'a expliqué qu'il n'était pas nécessaire que vous soyez ensemble pour que votre lien fonctionne.
— En effet, mais avec cette blessure, je suis amoindri et je risque de ne pas pouvoir assommer correctement mes victimes et de ce fait, leur faire passer un moment très difficile.
Prenant une large gaze et du sparadrap, Melissa soupira.
— Vous êtes le premier vampire que je rencontre, mais j'ai lu beaucoup de choses sur votre race et vous êtes bien le seul à être aussi concerné par le sort de vos victimes...
Gustave esquissa un sourire. Melissa se redressa ensuite et il l'observa.
— Votre sang est sucré, dit-il en reniflant. Vous devriez faire attention à ce que vous grignotez pendant vos gardes...
— Je n'ai pas de diabète...
— Pas encore. Merci, Infirmière, pour vos soins.
Comprenant qu'elle devait partir, Melissa hocha la tête et ramassa son matériel. Gustave la regarda ensuite partir et souffla par le nez quand la voiture s'en alla. Il aimerait bien révéler au monde qui il était, mais il avait peur que sachant cela, les gens ne le fuient. Il décidait donc de taire sa véritable identité jusqu'au jour où il partirait ou bien serait tué... Une odeur étrange attira soudain ses narines et il s'approcha d'une des baies vitrées. Il regarda dehors mais ne vit rien de particulier ; il se détourna ensuite et, comme il retournait sur le canapé, son ouïe fine capta quelque chose qui le fit aussitôt se retourner. Il prit sur le vif une jeune femme en train de déposer quelque chose sur le quai de chargement.
— Hé ! C'est une propriété privée, vous n'avez rien à faire là ! dit-il en ouvrant la baie.
La femme poussa un cri en sursautant puis détala à toute vitesse avant de disparaître dans les bois. Gustave sauta le quai pour la poursuivre mais il s'arrêta à quelques mètres de là et soupira. Son oreille s'agita soudain et il se retourna. Il avisa le panier que la femme avait abandonné et il s'approcha, prudent. Du bout de l'index, il repoussa la couverture bleue qui le recouvrait et fit aussitôt un pas en arrière.
— Palsambleu... Un bébé !
Deux minuscules bras jaillirent du panier pour tenter d'attraper l'air et Gustave revint vers lui.
— Bonjour, toi... souffla-t-il en touchant la joue rebondie du bébé. Qui es-tu ?
Le bébé grinça et Gustave sourit. Il le sorti de son panier et le déposa contre lui. Regardant vers le bois, il soupira.
— Qui est ta maman, mon chaton ? Et pourquoi t'as-a-t-elle abandonné, surtout...
— Gustave ? Vous êtes là ? Gust-... Mais qu'est-ce que... ?
Liam apparut à la baie vitrée et se baissa devant le panier.
— Je viens de surprendre une femme abandonner ce nourrisson... dit le vampire en s'approchant de son compagnon. Son odeur te dit-elle quelque chose ?
Liam prit la couverture et la renifla un instant avant de secouer la tête.
— Pas du tout... C'est un bébé humain...
Gustave serra les lèvres et regarda vers le bois. Il remonta ensuite sur le quai aussi facilement que s'il ne faisait pas deux mètres de haut, et Liam prit le panier. Ils retournèrent dans la savonnerie au moment où plusieurs loups entraient.
— Ouh, ça sent le bébé ici ! s'exclama une femme en s'approchant. Mais il vient d'où ?
— Il vient d'être abandonné par sa mère, répondit Liam en posant le panier sur une table. Est-ce que quelqu'un reconnaît son odeur ?
Les deux loups et les trois louves se passèrent la couverture, sans résultat.
— Elle ne vit pas sur le territoire de Scott, dit l'une des louves. Je parcoure cette ville depuis des années, je reconnais toutes le odeurs des gens, même si je ne les ai pas croisés récemment.
Liam grimaça.
— On va l'amener à l'hôpital. Il ne peut pas rester ici, dit-il. Et si ça se trouve, c'est un bébé volé.
— Quelle femme irait voler un bébé à l'hôpital pour l'abandonner ici après ? demanda l'un des deux loups en croisant les bras. En plus, ce n'est pas un nourrisson, il a environ deux mois, donc il n'était pas à l'hôpital.
Gustave observa le bébé dans ses bras. Il était effectivement petit, mais pas autant que s'il venait de naître. Il décida de le reposer dans son panier et l'observa un moment.
— Allez patrouiller, dit Liam aux cinq loups. Gustave et moi on va amener ce bébé à Melissa et savoir si elle le connaît. Rapportez-moi tout ce que vous pourrez apprendre sur la disparition d'un bébé ou de sa mère.
Les loups hochèrent la tête puis quittèrent la savonnerie ; Liam se tourna vers son compagnon.
— Pas question de le garder, dit-il. Compris ?
— Mon amour, j'ai élevé environ cent cinquante enfants durant ma longue vie, ce n'est pas comme si je savais faire...
— Très drôle. J'oublie toujours que vous n'avez pas l'âge que vous affichez.
Gustave esquissa un sourire, releva le menton du jeune loup et l'embrassa. Liam esquissa un sourire. Le bébé se mit ensuite à geindre et Liam le prit pendant que Gustave entreprenait de vider le panier et inspectait chaque objet dans l'espoir du trouver un indice.
— Rien, dit-il au bout d'un moment. Aucune affaire personnelle, aucune odeur connue...
— Bon, la seule solution c'est l'hôpital. Il n'a pas l'air en mauvaise santé, mais on ne peut pas le garder...
Gustave serra les lèvres ; Liam hésita.
— Scott va être furieux si je vous laisse vous en occuper, dit-il. Il ne voudra jamais qu'un bébé humain reste avec vous. C'est trop dangereux.
— Liam...
— Gustave, je sais que vous vous ennuyez, d'accord ? Mais ce bébé est humain, il a une mère et sans doute un père catastrophé qui le cherche partout, répondit le jeune loup. De plus, sachant qui vous êtes, je ne peux pas vous autoriser à le garde plus longtemps que ce qu'il me faudra pour aller chercher Melissa et la ramener ici.
Le vampire fit la moue puis hocha la tête de manière désordonnée avant de prendre le bébé des bras de son compagnon et de s'installer dans le canapé.
— Je suis désolé... tenta Liam.
— Va, lâcha simplement Gustave, contrarié.
Liam se mordit la lèvres puis tourna les talons. Il comprenait que son compagnon avait besoin de s'occuper, il passait ses journées devant la télévision et la nuit, il partait patrouiller seul ou avec Jared. Cependant, sans savoir d'où venait ce bébé, il n'était pas question de l'autoriser à le garder ; c'était de toute manière à Scott de prendre une telle décision et il ne serait pas rentré avant le lendemain, sinon le surlendemain...
