— Ils ont retrouvé Gustave, mais il est très mal en point.
— Oh ? C'est mauvais comment ?
— Il a été attaqué par une louve Alpha qui l'a quasiment éventré...
Isaac fronça les sourcils. Une fois n'était pas coutume, ils étaient dans le salon de la maison familiale, à regarder un film avec Chris et Melissa.
— Il risque de mourir ? demanda celle-ci.
— Non, on parle de Dracula, hein, il lui en faut plus, répondit Scott. Anise dit qu'elle peut le rafistoler, mais elle doit demander l'autorisation à sa mère pour puiser dans leur magie collective car elle n'est pas assez puissante toute seule.
— Les Salem peuvent faire ça ? demanda Isaac.
— Plus rien ne m'étonne, maintenant, soupira Chris.
Scott esquissa un sourire puis posa son téléphone après avoir répondu à sa compagne. Il reporta son attention sur la télévision mais, alors qu'une scène d'action commençait, les deux loups se mirent à renifler de concert et Chris serra ses doigts sur la télécommande.
— Qu'est-ce c'est ? demanda-t-il à voix basse.
Scott indiqua des dents pointues avec ses index et Chris croisa le regard de Melissa. Isaac se leva alors et s'approcha de la baie vitrée en se transformant. Soudain, il l'ouvrit et un couinement de douleur se fit entendre, comme un louveteau. Aussitôt Scott se leva et alluma la lampe extérieure.
— Bah merde alors... Un gamin... dit-il. Relève-le, Zac. T'es qui et qu'est-ce que tu fais chez moi ?
Le gamin demeura muet. Isaac le remit sur ses pieds et Melissa apparut alors. Le gamin, qui devait avoir six ou sept ans, la regarda et son expression changea. Il eut alors un moment d'hésitation et soudain, se jeta contre la femme qui accusa le coup et posa ses mains dans son dos, surprise, comme il l'entourait de ses petits bras.
— Mais enfin...? s'étonna-t-elle.
— Ma maman m'a dit d'aller trouver la maman loup docteur si j'étais perdu ! dit alors le gamin.
— La maman loup docteur ? répondit Melissa en baissant devant lui. Je ne suis pas un loup et je ne suis pas docteur non plus, je suis infirmière...
— T'es sa maman alors tu es une maman loup, répondit le gamin en montrant Scott de l'index.
Melissa lui baissa aussitôt le bras.
— On ne pointe pas son doigt sur les gens comme ça, dit-elle. Ce n'est pas poli.
— Pardon... Tu dois m'aider, maman loup, je suis perdu...
— Qui est ta mère, petit ? demanda alors Scott. Tu ne fais pas partie de ma meute, n'est-ce pas ?
— Non, on... Maman, Papa et moi, on voyageait jusqu'à Los Angeles quand la voiture es tombée en panne... Papa est parti à pieds, Maman l'a suivi plusieurs heures après comme il ne revenait pas... Je ne l'ai pas revue.
Scott plissa le nez.
— Je vais l'amener au commissariat, dit alors Melissa en se relevant. Il sera mieux que chez nous et on pourra entrer sa description dans le fichier de personnes trouvées, si jamais quelqu'un le cherche.
— Non ! Non, je veux pas, je vais pas !
Le gamin s'agrippa à la taille de Melissa qui regarda son mari. Chris hésita.
— Très bien, il peut rester, dit-il alors. Mais uniquement jusqu'à qu'on se retrouve ses parents. J'ai assez de trois fils, je voudrais bien une fille, moi...
La stupeur s'abattit sur le groupe puis Melissa pouffa de rire. Scott leva les yeux au ciel et Isaac secoua tête. Content de son petit effet, Chris poussa tout le monde à l'intérieur et Melissa conduisit le jeune loup jusqu'à la cuisine pour lui donner quelque chose à manger.
.
Que Stilinski soit surpris en découvrant Melissa Argent dans la salle d'attente du commissariat, c'était une chose, qu'il la découvre accompagnée d'un enfant qui n'était pas l'un des siens, en fut une autre.
— Comment ça, trouvé ? C'est une mode en ce moment ? D'abord le bébé, puis celui-ci...
— Celui-ci, il s'appelle Paul ! répliqua le gamin, les sourcils froncés. Tu parles pas comme ça de moi alors que je suis là, monsieur !
Instinctivement, Noah fixa le gamin et ses yeux jaunirent. Celui-ci laissa échapper un hoquet et se réfugia derrière Melissa.
— Noah... soupira-a-t-elle. Je suis là pour te démander d'inscrire ce petit sur la liste des personnes trouvées, pas pour l'effrayer !
— Désolé... Bon, tu t'appelles comment, gamin ?
— Paul Ruthers. Ma maman c'est Nataly Ruthers et mon papa... Euh... Mon papa c'est Xavier Ruthers, je crois.
— Tu crois ? s'étonna Melissa.
— Maman l'appelle toujours Xav alors...
— Je vois, oui c'est le diminutif pour Xavier, en effet... Noah, tu m'appelles dès que tu as une info sur ces personnes. Le petit dit qu'ils sont partis dans les bois après que leur voiture soit tombée en panne. Ce sont tous les deux des loups, Paul ?
— Nan, Maman est humaine, mais Papa est un loup, oui. Pas un Alpha hein, juste un loup, comme toi, Shérif, avec les yeux jaunes.
— Vous n'avez pas de meute ? demanda celui-ci.
— Non, on n'en a jamais eu... Papa disait tout le temps que ça sert à rien d'avoir une meute, qu'on peut vivre tranquillement tous seuls.
— C'est un fait, répondit Stilinski. Mais si vous aviez eu une meute, quelqu'un se serait présenté au commissariat pour rapporter votre disparition à tous trois. Est-ce que tu sais si tu as de la famille ailleurs ? Des grands-parents, des oncles ou des tantes ?
— Je... Je ne sais pas. Maman ne parle jamais de sa famille, elle a dit une fois qu'ils l'avaient... reniée ?
— Hm, je vois. Bon je vais faire avec. Il faut appeller les services sociaux ?
— Non, Chris est d'accord pour qu'il reste à la maison, et Timothy est tout content d'avoir un copain pour jouer. Ça change de ses frères.
Paul observa Melissa.
— Les deux grands loups sont tes enfants ? demanda-t-il.
— Scott, oui, tu le sais déjà, tu l'as vu hier. Et Isaac, je l'ai adopté.
— Ah bon ? Qui est Scott ?
Melissa fronça les sourcils. Elle croisa le regard du Shérif et se baissa devant Paul.
— Scott est mon fils, Paul, tu l'as rencontré hier soir... Tu t'en souviens ?
— Je... Non, je m'en souviendrai. Non ?
— Eh bien, je ne sais pas... Bon, je dois aller travailler, tu vas m'accompagner à l'hôpital ce matin, je te laisserai à la garderie avec les autres enfants.
Le petit garçon fronça les sourcils et regarda autour de lui.
— Mais ? Je suis où ? Qui êtes-vous, Monsieur ? Et vous, Madame ?
— Mais qu'est-ce que...? s'étonna le Shérif. Petit, c'est moi, le Shérif Stilinski, tu es venu avec Melissa pour qu'on retrouve tes parents...
— Mes parents ? Mais... Ils sont morts depuis un an !
Stilinski posa ses mains sur ses hanches.
— C'est pas normal, dit Melissa. Bon, je l'emmène à l'hôpital avec moi, je vais tâcher de le faire surveiller étroitement.
— D'accord. Préviens-moi s'il se passe quoi que ce soit, je vais tâcher de retrouver ses parents.
— Entendu.
Hissant l'enfant dans ses bras, Melissa quitta le commissariat et se rendit à pieds à l'hôpital, à quelques pâtés de maison de là. Une fois dans le bâtiment, elle conduisit l'enfant en pédiatrie et le déposa dans une petite pièce remplie de jouets et d'autres enfants soigneusement surveillés par quatre infirmières. Elle se rendit ensuite au comptoir et montra son badge.
— Que puis-je faire pour vous, Infirmière McCall ? demanda la femme de l'autre côté du comptoir.
— Je viens de vous déposer un petit garçon d'environ sept ans. Il s'appelle Paul Ruthers et je l'ai trouvé dans mon jardin hier soir. C'est un petit loup-garou qui nous a dit que ses parents avaient disparu alors qu'ils se rendaient quelque part en voiture. Je l'ai conduit au commissariat ce matin pour que la police puisse faire une enquête, mais le petit à soudainement agit de manière étrange, il ne me reconnaissait plus, il n'a pas non plus reconnu le commissariat ni même le Shérif alors que vous discutions tous les trois à ce moment là.
La femme de l'accueil fronça les sourcils.
— J'ai peur qu'il ait une maladie quelconque qui lui ferait perdre la mémoire, reprit Melissa. Quand nous lui avons dit que nous allions trouver ses parents, il nous a balancé qu'ils étaient morts depuis un an...
— C'est assez étrange, en effet. Je vais le mettre sur la liste des consultations du docteur Kleber, je vous tiendrai au courant de l'avancée des choses. Je dois appeler les services sociaux ?
— Non, pas pour le moment, mon mari est d'accord pour que nous le gardions à la maison le temps de retrouver sa famille, à défaut de ses parents s'il a dit vrai.
La secrétaire hocha la tête puis Melissa quitta l'étage pédiatrie pour retourner à son étage ; toute la matinée, elle ne lâcha pas son bipeur et à chaque fois qu'il sonnait, elle bondissait et espérait que ce soit le service pédiatrie, mais il ne fut rien et à midi, elle se rendit à la cafétéria et y retrouva Jared.
— Vous avez l'air exténué, dit-elle en s'asseyant en face de lui.
— Je suis de garde depuis trois jours... J'ai hâte de rentrer à la maison.
— Je vous comprends. En parlant de maison, vous compte demménager de chez Derek, prochainement ?
— J'aimerais bien, j'ai l'impression d'être retourné vivre chez mes parents avec ces deux-là, mais en même temps je sais qu'ils vont me manquer et que j'aurais du mal à vivre seul. Je pourrais aussi m'installer à la savonnerie, Gustave y vit en permanence maintenant, je ne serais pas tout seul, mais bon ça ne sera pas pareil.
Melissa hocha la tête.
— Au moins, j'ai ma chambre, je ne dors pas sur le canapé comme un invité, sourit Jared. Et si Anise m'aide à ne plus être incommodé par l'odeur des loups, alors la savonnerie fera un excellent petit coin douillet.
— Elle compte vous aider de quelle manière, vous savez ?
— Je n'en ai aucune idée. Peut-être en me privant magiquement de mon odarat ? Je suis un félin, je m'en sers beaucoup moins que les loups, mais cela m'handicaperait en tant qu'humain, de ne plus sentir le parfum ou la nourriture.
— C'est sûr, je...
Un bipeur sonna et toute la cafétéria se figea. Melissa attrapa son appareil à sa taille et fronça les sourcils.
— Je dois vous laisser, dit-elle en se levant. Bonne journée, Jared.
— À vous aussi, Madame McCall.
La femme quitta ensuite la cafétéria et se rendit à l'accueil où elle repéra rapidement celui qu'elle cherchait.
— Docteur Kleber !
L'homme pivota et la laissa s'approcher.
— Vous m'avez fait demander ? C'est à propos de Paul ?
— Oui, Infirmière McCall. Quand mon assistante m'a raconté ce que vous aviez dit, j'ai demandé un scanner cérébral et vous aviez raison le petit à bel et bien une masse sombre au niveau du cerveau...
— Oh non... C'est opérable ?
— Je dois faire quelques examens supplémentaires pour le déterminer, je ne peux donc pas trop m'avancer. Pouvez-vous contacter ses parents, ou sa famille ?
— Je l'ai trouvé dans mon jardin, hier soir... C'est un petit loup-garou et, il y a deux versions de l'histoire, soit ses parents se sont perdus après avoir quitté la voiture en panne pour trouver de l'aide, soir ils sont morts depuis un an.
— Vous avez vu la police ?
— Oui, je vais aussi demander à mon fils d'envoyer ses loups dans les environs, histoire de voir s'ils ne peuvent pas repérer la piste des parents.
— Je peux toujours demander aux services sociaux de rechercher un éventuel enfant loup disparu, répondit Kleber. Cependant, ils risqueraient de vous le prendre...
— En tant que loup-garou, il dépend de la meute de Scott, pour le moment. Temporairement, mais mon fils fera office de tuteur légal désormais.
— Ce n'est pas très légal, justement...
— La loi des humains n'est pas faite pour les créatures surnaturelles, docteur, et encore moins le contraire. Une meute de loups prendre soin d'un petit abandonné ou blessé, qu'il ait des parents ou non.
— Comme le bébé qu'ils ont confié à la femme du Shérif.
— Exactement. Et entre nous, docteur, il n'y a pas plus sûr que la tanière d'un loup pour se cacher.
Kleber haussa les sourcils puis Melissa l'autorisa à faire tous les tests qu'il jugera nécessaire pour essayer de rendre la santé à ce petit garçon et pour, surtout, comprendre son histoire.
.
Au Nevada, pendant ce temps, Liam veillait son compagnon. Grâce à un apport de sang frais de la part de Hubert, la plaie de Gustave semblait s'arranger, mais Anise craignait que cela ne prenne trop de temps.
— Où est... la petite ?
Liam serra la main de Gustave contre sa joue.
— Elle négocie avec ses parents pour qu'ils l'autorisent à puiser dans leur collectif familial pour vous soigner...
— Je n'ai pas besoin... de cela, souffla le vampire. Avec du sang humain et du repos, je guérirai...
— Oh, mon amour... pleurnicha alors Liam. Vous avez été mordu par une louve Alpha... Sans la magie des Salem, vous allez mourir...
Les larmes glissèrent sur le visage de celui-ci et il renifla. Gustave leva sa main libre et caressa la joue du jeune homme.
— Je suis immortel, ne l'oublie pas, souffla-t-il. Il en faut plus pour me tuer.
Liam baissa le nez et renifla.
— Je ne veux pas vous perdre... Je vous aime Gustave et je veux que vous viviez. Je ne saurais plus vivre sans vous...
— Allons, tu es jeune, tu as encore toute la vie devant toi pour te trouver quelqu'un, une femme ou un homme, l'épouser et lui donner des enfants.
— Mais c'est vous que je veux...
Liam baissa la tête. La fatigue et l'inquiétude eurent alors raison de lui et il s'endormit au bord du matelas. Levant les yeux vers la porte de la chambre, Gustave avisa la louve Alpha.
— Je te tuerai, lui dit-il. Dès que je serais tiré d'affaire, je te tuerai, la louve, tu entends ?
Il ne criait pas, il parlait même pas fort, mais Katherine l'entendit parfaitement. Lentement, elle recula dans le couloir puis disparut. Gustave soupira. Du bout des doigts, il souleva le large pansement sur son ventre et plissa le nez ; la plaie s'infectait, il pouvait presque sentir les bactéries la ronger... Il avait extremement mal, mais il ne le montrait pas. Avec un soupir, il baissa le pansement et observa le plafond un moment. La main de Liam se serra alors sur la sienne et il baissa les yeux sur lui.
— Ne t'en fais pas, je vais m'en sortir, souffla-t-il. J'ai connu pire...
Il ferma alors les yeux et décida de se reposer quelques heures.
