— Soyez prudents.
— Oui, ne vous en faites pas, tout ira bien. Merci encore pour l'accueil, je dirais à Scott de vous remercier convenablement.
— C'est inutile, mon petit, je n'ai pas cautionné l'attitude de ma fille, répondit Gloria. On ne s'attaque pas à un vampire, et encore moins à Dracula !
Anise sourit doucement puis Derek annonça le départ et la jeune femme agita le bras par la fenêtre le temps que le SUV quitte la propriété. Elle rentra ensuite en soupirant et ferma la glace.
— Ça va, derrière ? demanda-t-elle ensuite.
— Ça ira bien, répondit Gustave.
— J'aurais aimé que la voiture puisse s'agrandir, mais c'était trop cher, même pour moi, sourit Derek.
Anise rigola doucement. Sur la banquette arrière, Gustave était étendu sur le dos, les genoux repliés et la tête posée sur ceux de Liam. La position était loin d'être confortable, mais bon, il avait connu pire...
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À Beacon Hills, la vie avait continué normalement et Scott n'avait pas fait face à de grosses difficultés, sinon cet enfant loup-garou qui avait trouvé refuge chez lui. Cela faisait une semaine maintenant qu'il vivait avec eux, Thimothy étant ravi d'avoir un petit copain pour jouer, las de ses frères qui n'avaient pas le temps de jouer avec lui, mais tous savaient qu'il ne pourrait pas rester.
— Je sais à quoi vous pensez, tous. Et non, on ne le gardera pas.
— Ce n'est pas un chat, Papa, répondit Isaac en fronçant les sourcils.
— Je sais, mais nous ne sommes pas un orphelinat. Si vraiment, Scott peut le récupérer dans la meute, mais...
— Papa, il est trop jeune... soupira celui-ci. Mes louves ont des familles à s'occuper, elles ne vont pas prendre soin de lui et je refuse qu'il vivre à la savonnerie seul.
— Il y a Gustave...
— Pour le moment. Mais il ne restera pas là-bas longtemps, il finira bien par aller vivre chez Liam.
Chris soupira par le nez.
— Pourquoi est-ce que je ne peux pas avoir une vie normale ? demanda-t-il.
— Parce que tes fils sont des loups, répondit Melissa en déposant un plat au centre de la table. Tim, Paul, à table !
Il y eut du bruit à l'étage et Melissa observa ses hommes.
— Avoir un bébé de plus ne me dérange pas, sourit-elle doucement. Mais je voudrais quand même retrouver ses parents avant, peu importe dans quel état.
Scott grimaça. Avec la tempête de neige qui avait fait rage ces derniers jours, si le couple serait égaré dans les bois, ils étaient probablement morts de froid. À moins qu'ils n'aient trouvé refuge quelque part et se soient perdus...
— Anise rentre demain, dit alors le jeune Alpha. Cette maison n'aura jamais été aussi remplie...
Sa mère sourit et lui caressa les cheveux.
— Nous avons vécu seuls tous les deux pendant si longtemps, dit-elle. Quand j'ai quitté ton père, je n'ai pas voulu quitter la maison, pour toi, alors il est parti. Maintenant, il est mort et j'ai encore moins envie de partir d'ici.
— Je partirais un jour, répondit Scott. Anise et moi, on ne vivra pas chez vous encore dix ans surtout pas si nous voulons fonder une famille.
— Moi, ça me gênerai pas, répondit Chris avec un sourire en coin.
— Moi non plus, mais c'est l'objectif des parents, que leurs enfants finissent par prendre leur envol.
Elle glissa un doux regard à Isaac qui lui sourit. Il avait si mal commencé dans la vie, avec la mort de sa mère, puis les maltraitances de son père alcoolique... Avoir une véritable famille, pour lui, avec un père et un mère et des frères et sœurs, c'était un rêve qui se réalisait.
— Tu sais, Scott, moi j'aime quand il y a du monde dans cette maison, dit-il alors. Avec ça, quand Anise est là, la maison semble plus grande avec son laboratoire...
— C'est vrai, comme les tentes magiques dans Harry Potter, sourit Chris. Ou le TARDIS.
Scott haussa un sourcil.
— Et voilà qu'il nous sort des films de science-fiction ! Tu t'ennuies tant que ça a la mairie ?
Chris rigola.
— J'admets que mon activité de chasseur me manque, parfois, mais non, je te rassure, j'adore mon travail. Et il n'y a pas de mal de regarder des films et des séries imaginaires.
— Je ne dis pas ça comme ça, c'est juste que la comparaison m'a étonné. D'autant plus que ce n'est pas si fantaisiste que cela quand on considère que les sorcières de Salem existent et que Dracula aussi...
Chris opina, convaincu.
— C'est quoi, la prochaine créature surnaturelle qui va débouler à Beacon Hills ? Un dragon ? demanda-t-il avec un sourire en coin.
— Ah non ! répliqua Melissa. Je n'ai pas envie que tout soit détruit !
Les trois autres rigolèrent puis Paul et Timothy apparurent en courant et en riant. Ils se jetèrent sur leurs chaises munies de rehausseurs et attaquèrent aussitôt le dîner en babillant à propos d'une quelconque construction de ville en Legos©...
.
Après deux jours de voyage et une nuit dans un motel où Anise procura des soins magiques à Gustave, le quatuor fut enfin de retour à la maison, pas fâchés d'être enfin rentrés.
— Doucement. Asseyez-vous. C'est bon ?
Gustave s'écroula dans le canapé en grognant. Il soupira ensuite et hocha la tête. Derek se redressa ensuite et regarda autour de lui. Il n'y avait personne, la savonnerie était vide. Il sentit alors une odeur et sourit en voyant entrer Scott.
— Salut, mec ! Content de vous revoir enfin. Comment ça va, Gustave ?
— J'ai connu pire, soupira le vampire en serrant la main du jeune Alpha. Je suis désolé, je n'avais pas l'intention de me frotter à une louve Alpha...
— Ce n'est rien. Où sont les autres ?
— Ils arrivent, répondit Derek.
— Scott ! s'exclama soudain une femme.
Le jeune homme se retourna et reçut Anise dans ses bras. Il l'enleva du sol et la fit tournoyer un moment avant de la reposer et l'embrasser vivement.
— Dis-moi que c'est terminé les aller-retour ! dit-il.
— Oui. Oui, c'était la dernière fois, promis ! rigola la jeune femme. Comment ça va ?
— Bien, je vais bien, tout le monde se porte comme un charme.
— Tant mieux.
— Mon homme n'est pas avec toi ? demanda alors Derek.
— Il travaille, il m'a dit qu'il te verrait à la maison, ce soir.
— D'accord. Merci. Bon, je vous laisse, j'ai besoin d'une douche et j'ai une faim de loup !
Scott plissa le nez sous le jeu de mots et Derek lui donna une solide accolade. Scott se tourna alors vers Liam qui venait d'entrer avec les valises. Le jeune loup lui décocha un large sourire et traversa la pièce pour l'enlacer. Cette étreinte fut différente de celle pour Derek ou Anise ; elle avait une aura beaucoup plus tendre et cela rappela à Anise ce que Liam avait dit, la veille. Elle se promit de parler avec Scott dès que possible afin de savoir quoi faire pour éviter que la situation ne se reproduise à l'avenir...
— Je suis content de te revoir, dit alors Scott en posant une main sur la tête de Liam. De vous revoir tous les quatre en bon état. Je vous laisse vous reposer, Derek et Liam, dès demain, je vous veux ici avec moi.
— Aucun souci, Alpha, répondit Liam.
— Compte sur moi, comme toujours, dit Derek. Bonne journée, à demain, ajouta-t-il.
Il quitta ensuite la bâtiment et Anise entoura le torse de Scott de ses bras. Il l'embrassa dans les cheveux et elle observa ensuite Liam qui s'assit en face de Gustave sur un pouf.
— Viens, dit-elle alors en se détournant. Je dois te parler de quelque chose qui s'est passé quand on était là-haut.
— Ah ? Grave ?
— Non, mais cela mérite de se pencher dessus.
Scott opina et ils sortirent sur le quai de chargement et s'installèrent au soleil sur une portion dégagée de sa neige.
— Tu as l'air soucieuse, qu'est-ce qui se passe ? demanda alors Scott.
Anise serra les lèvres.
— Pendant que nous étions au Nevada, Liam est resté tout le temps avec Gustave, dit-elle. La louve Alpha, Katherine, semblait terrorisée par ce qu'elle avait fait et restait à bonne distance. Jusqu'au jour où elle revenue et qu'elle a commencé à s'en prendre à toi. Quand elle m'a insultée, Liam lui est rentré dedans et la plaquée au mur en lui plantant ses giffres dans la gorge.
— Rien d'anormal à mes yeux quand on sait que cette femme a manqué tuer Gustave... répondit Scott.
— Certes, reprit Anise. Cependant, cela ne concernait pas Gustave, mais moi. Pour me protéger, Liam a grondé après Katherine en la menaçant de lui faire passer l'envie d'insulter sa mère...
Scott haussa un sourcil, puis l'autre.
— Tu veux dire que...
— Oui. Il m'a considérée comme sa mère, pendant une fraction de seconde et j'ignore si c'était conscient ou pas...
— Ça l'était.
Le couple se retourna et Liam sauta du quai et vint leur faire face. Il les obseva une seconde puis baissa les yeux.
— Scott, je te considère comme un père parce que sans ta morsure, je serais en prison, voire mort, dit-il.
— Mais moi, je ne suis pas ta mère, Liam, et je n'aspire pas à le devenir... dit alors Anise. D'accord, j'ai quatre ans de plus que toi, mais tu as déjà une mère, des parents et...
— Des parents qui m'ont abandonné ! siffla le jeune loup. Dès qu'ils ont appris que j'étais devenu un monstre, ils ont tourné les talons, vendu la maison et sont partis ! Même pas ils ne m'ont laissé ma propre maison ! Ce sont des lâches ! Des incapables !
Anise serra les lèvres. Fermant les yeux, elle tendit soudain les bras et Liam se serra contre sa poitrine en grognant. Elle lui caressa les cheveux un moment.
— J'imagine que je vais devoir composer avec... dit-elle doucement.
Scott posa une main dans son dos et l'embrassa sur la joue. Il tourna soudain la tête et se leva.
— Je te laisse gérer ça, dit-il. On m'attend.
— Qui ?
— Ma mère.
Anise hocha la tête puis Scott retourna dans le hangar. Liam recula alors d'un pas et elle chercha à capter son regard, mais il garda les yeux baissés.
— Liam, regarde-moi.
— Non. Je ne peux pas.
— Pourquoi ? J'ai compris que malgré tes vingt-six ans, tu souffres de l'abandon de tes parents, mais il fallait m'en parler... Je suis flattée que tu puises me considérer comme une mère, mais je ne le suis pas et je ne veux pas remplacer la tienne...
— Ils ne pensent plus à moi depuis des années... soupira le jeune homme en s'asseyant près d'Anise.
— C'est à dire ?
— C'est à dire qu'ils se contentent d'envoyer un mandat postal chaque mois pour payer le loyer de l'appartement et me permettre de faire quelques courses... Je n'ai jamais de message avec le virement, comme s'il était automatique et qu'ils ne s'en rendaient même pas compte...
— C'est possible.
— Bien sur que oui, mais ça ne leur ressemble pas !
— As-tu essayé de les retrouver ?
Liam serra les mâchoires et secoua la tête.
— Pourquoi ? demanda Anise. Sais-tu où ils ont déménagé ?
— Oui, enfin je le savais à l'époque, mais Beth m'a dit que l'adresse d'envoi des mandats avait changé il y a six mois...
— Beth ? La femme du Shérif ?
— Oui. Ma mère lui a demandé de s'occuper de moi en leur absence... Elle m'a proposé d'aller vivre chez eux, mais j'ai refusé. Je ne suis pas son fils et j'avais le pressentiment que Stiles allait revenir un jour ou l'autre. J'ai eu du nez...
Anise esquissa un sourire. Prenant la main du jeune loup, elle passa son autre bras autour de ses épaules et il s'appuya contre elle.
— Tu as besoin d'amour, dit-elle doucement.
— J'en ai plus que nécessaire avec Gustave.
— Ce n'est pas le même amour.
Liam se redressa et la regarda. Elle lui sourit doucement et lui caressa la joue. Il sourit en comprenant et se laissa étreindre une seconde de plus. Il se redressa ensuite et tourna la tête vers la savonnerie.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda la jeune sorcière.
— Scott est tendu... Je dirais même contrarié.
— Allons voir.
Anise se releva et rentra dans le hangar avec Liam sur les talons. Quand ils passèrent les portes vitrées, la voix de Scott résonna.
— Fais-en ce que tu veux, je ne suis pas un orphelinat !
— Scott, c'est un enfant et...
— Je m'en fiche, d'accord ? Pourquoi tu ne le gardes pas à la maison, d'abord ?
— Il a besoin d'être avec les siens. Vivre avec des humains le rendra malheureux, même si cela rend ton frère heureux.
— On parle de moi ?
Melissa regarda Isaac.
— Non, chéri, de Paul. Essaie de convaincre ton frère que...
— Maman, arrête, d'accord ? C'est moi le patron ici et si je dis non, c'est non, c'est compris ? Tu n'as qu'à appeller les services sociaux, ils lui trouveront bien une nouvelle famille !
Scott tourna alors les talons et Melissa resta immobile, surprise. Se tournant vers Anise, elle grimaça.
— Non, répondit la sorcière. Non, Madame McCall, je suis désolée, mais je ne lui parlerai pas. D'une parce que je ne connais pas l'histoire, et de deux parce que je suis sa femme et que je fois être de son côté, que ça me plaise ou non.
— Anise, s'il te plaît, c'est un enfant...
— Enfant ou pas, que ferait-il tout seul, ici, dans ce hangar où il doit faire douze degrés l'hiver et soixante l'été ?
— Gustave pourrait...
— Gustave a déjà lui-même à s'occuper, répondit Liam en rejoignant le vampire. Il est mal en point, d'accord, il doit se reposer et se refaire des forces.
— Écoutez, dit alors Anise. Je vous aiderai volontiers, vous le savez, mais je ne veux pas devoir m'occuper d'un enfant alors que je n'en ai moi-même jamais eu. Ce serait l'hôpital qui se fout de la charité... Gardez le petit aussi longtemps que vous pouvez. Il a besoin d'être avec des gens qui l'aiment, pas avec des loups qui vont s'occuper de lui quand ils en auront le temps.
— Mais, je... Bon, très bien, j'aurais essayé...
— Je ne sais pas d'où vous est venue cette idée, mais elle était mauvaise. Paul a six ans, il a besoin d'enfants autour de lui, pas d'adultes. De plus, Scott et Isaac vivent chez vous, donc il aura deux loups pour lui rappeler qui il est ; inutile de l'abandonner ici à un vieux vampire qui n'a pas le temps de s'en occuper.
Gustave souffla.
— Je m'en serais occupé, vous le savez tous, dit-il. Si je n'avais pas été blessé je l'aurais gardé avec plaisir. Être père me manque, mes enfants sont tous morts depuis longtemps, mais présentement, je ne peux pas.
Melissa hocha la tête puis s'excusa et quitta le hangar. Un silence s'installa et Isaac fronça soudain les sourcils.
— Et si...
— À quoi viens-tu de penser ? demanda Liam.
— Derek et Stiles... J'ai entendu dire qu'ils envisageaient d'avoir des enfants dans quelques années, peut-être que, si jamais les parents du gamin sont introuvables, ils pourraient s'occuper de lui le temps que les services sociaux trouvent sa famille ?
Anise serra les lèvres.
— Ce serait une solution temporaire, encore, répondit-elle. De plus, je ne suis pas sûre que Derek accepte un bébé loup qui ne soit pas issu de lui... Après tout, c'est un Alpha et le gêne ne passe qu'entre parent et enfant naturel...
— Je n'avais pas pensé à ça, répondit Isaac. Mais on peut quand même essayer, non ? Même temporairement. Si Maman ne veut plus de lui, alors...
— On peut toujours leur poser la question, j'imagine, admit Anise. Mais pour le moment je dois m'occuper de Gustave. Vous nous laissez ?
— Bien sûr. Viens Liam, allons patrouiller un peu dans les environs.
Liam hocha la tête, non sans regarder son compagnon qui opina en souriant doucement.