SHINIGAMIS' ENDING — FALLEN ERA

La ville de Karakura ne ressemblait vraiment plus à grand-chose.

L'immense vague d'obscurité qui s'était abattue avait causé un nombre incalculable de morts.

Un horizon funeste au bout duquel aucun espoir ne semblait permis.

Sans doute n'existait-il pas beaucoup d'autres personnes qui vivaient encore au sein de cette immense nécropole. Sans doute que de nombreux corps juchaient les ruelles dévastées, contribuant toujours plus à rendre l'atmosphère plus lugubre.

Bleach OST — Requiem for the Lost Ones

« — … Je savais que tu étais encore là. »

Une cigarette à la bouche, un homme était assis, adossé à un mur encore fragilisé. Son regard se releva lentement, pour croiser celui d'une vieille connaissance.

« — … Pareil pour toi, souffla-t-il.

— Attaquer ces monstres avec tes flèches était un pari bien risqué.

— Ça a fonctionné. Plus ou moins.

— Ils ne sont pas partis à ta recherche ?

— Dans ce bazar, ça ne leur a sûrement pas donné envie.

— En tout cas, tu as encore un cœur, Ryûken. Ça me surprend presque. »

Ishida Ryûken ne répondit pas.

Cet homme, qu'il ne connaissait malheureusement que trop bien, venait de lui adresser de nouvelles paroles en offrant un sourire espiègle.

« — Je ne suis pas un idiot, lâcha le Quincy. Ces types, dont j'ignore tout, sont des menaces. J'ai juste agi par intérêt.

— C'est aussi par intérêt que tu restes en ville, alors que n'importe qui devrait être parti ?

— Je suis un docteur, souffla Ryûken. Dans une situation de crise, s'il y a des survivants, ils se dirigeront des hôpitaux.

— … C'est bien ce que je disais, reprit Isshin. Tu as un cœur donc.

— Tss. C'est juste mon boulot.

— Par contre, ça ne te rapporte pas de fric. Je pensais que tu ne voulais pas faire de métier qui ne te rapportait rien ?

— Ce sera juste pour plus tard. Et toi, plutôt ? Comment peux-tu abandonner tes filles dans un moment pareil ?

— Alors elles ne sont pas abandonnées, puisqu'elles sont dans le couloir.

— C'est même pire. Tu leur as fait traverser toute la ville jusqu'ici ?

— J'ai traversé toute la ville assez rapidement. Y'a un tas de choses bizarres qui flottent dans l'air.

— J'ai remarqué.

— … T'as une idée de ce dont il s'agit ?

— Pas du tout.

— Et t'as pas de nouvelles de ton fils non plus ?

— Ça doit vouloir dire qu'il va bien. »

Évidemment, Isshin savait pertinemment que Ryûken devait se poser des questions.

Cela dit, l'étrange relation qui unissait la famille Ishida restait un mystère aux yeux de l'ancien capitaine de la Dixième Division.

« — Y'a des chambres disponibles dans le coin, non ?

— Sûrement. Mais les provisions vont se faire rare, tout le personnel s'est fait la malle.

— Y'a même pas une seule infirmière ?

— J'ai fait partir tous ceux qui voulaient encore rester.

— En révélant tes pouvoirs ?

— Qu'est-ce que ça change ?

— Rien, juste qu'à une époque, les règlementations sur les pouvoirs des Quincys étaient plus strictes, non ?

— Tss. Comme si ça avait une quelconque importance aujourd'hui. »

Jamais au cours de son existence, Ryûken n'avait entraperçu un avenir aussi sombre. Et rien ne semblait le laisser présager non plus. Comment, en si peu de temps, la ville de Karakura avait-elle pu pratiquement disparaître de la sorte ?

« — J'suis surpris qu'il n'y ait aucun soldat de l'armée qui montre le bout de son nez, affirma Isshin.

— Il vaut mieux que ça dure. Ces monstres ne semblent pas spécialement intéressés par partir beaucoup plus loin, pour l'instant. »

Le Quincy finit par se diriger d'un pas lent vers la porte de sortie.

« — Va donc chercher une chambre pour ta famille.

— Et toi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?

— Peu importe. »

Ishida Ryûken n'avait jamais montré une facette très enjouée, aussi loin qu'Isshin puisse s'en souvenir.

Il laissa échapper un léger soupir, face à l'entêtement du médecin, qui disparut ensuite tranquillement au milieu de cet hôpital devenu bien lugubre.

Chapitre 50 : Between Us

Soul Society — Seireitei.

Rien.

Rien ne semblait clair.

Tout s'était entremêlé.

Son esprit ne ressemblait plus qu'à un amas confus de pensées contradictoires, tantôt égoïstes et d'autres fois portées sur les autres.

Assis dans sa chambre, Ichigo Kurosaki avait été sérieusement mis à mal par cette femme, Tenshi Hitochigai. Une défaite cinglante, difficile à avaler pour un homme qui pensait détenir le pouvoir de protéger autrui. Un fait d'autant plus dramatique, que sa précieuse ville natale de Karakura ne ressemblait aujourd'hui plus à rien non plus.

Mais si les pertes matérielles pouvaient représenter un coup dur, cela ne pesait encore que bien maigrement, par rapport à la dernière disparition en date : celle de son ami, Abarai Renji.

« — Je te confie Rukia. »

Il baissa la tête, serra les poings.

Ces paroles revenaient.

Ces paroles revenaient sans cesse dans son esprit.

Son ami avec lequel il avait tant bataillé au cours de sa jeune existence ne reviendrait plus. Pire encore, il avait offert sa vie en sacrifice, pour que lui puisse continuer la sienne.

Ça n'allait pas.

Ce n'était pas juste.

« — … Ichigo. Tu … es réveillé … »

Une voix fluette et inquiète venait de retentir dans la pièce. Les yeux ambre du rouquin suivirent alors cet écho, croisant les pupilles améthyste de Kuchiki Rukia.

« — … Rukia. »

Il y décelait facilement un malaise.

Derrière la vice-capitaine, se trouvait d'ailleurs sa collègue : Matsumoto Rangiku.

Elle ne voulait pas interférer dans leurs retrouvailles, mais Rangiku devina facilement que quelque chose clochait. Il faudrait être sourd pour ne pas entendre les mots qui refusaient de sortir, ou aveugle pour ne pas distinguer les regards qui refusaient de se croiser trop longtemps.

Ce malaise palpable, même si elle ne voulait pas l'alimenter, la belle femme ne savait pas exactement comment le démêler.

« — … Comment tu te sens ? »

Le silence —devenu trop important— fut alors brisé par la jeune Kuchiki.

La question heurta directement le rouquin. Il ne saurait dire pour quelle raison, immédiatement.

Peut-être que voir Rukia s'inquiéter pour lui, alors que ses joues étaient encore humidifiées par les larmes versées pour Renji, jouait un rôle presque trop cruel. D'autant plus que sa colère envers tout ce qui pouvait être accusé ne s'était pas estompée.

« — J'en sais rien, souffla le jeune homme.

— … Comment ça ? »

Il ne répondit pas.

Rukia se retrouvait quelque peu désarçonnée. Désarçonnée par une réplique qu'elle n'attendait pas, suivi par un silence qui ne se voulait que trop restrictif. Comme si Ichigo Kurosaki cherchait à dresser des barrières autour de lui.

« — … Désolé. C'est à cause de moi. »

Évidemment.

Évidemment qu'il se sentait coupable pour beaucoup de choses.

« — Renji est mort. Et c'est à cause de moi.

— Mais qu'est-ce que …

— C'est la vérité ! s'esclaffa le rouquin. J'aurais dû en finir avec Grimmjow ! J'aurais jamais dû lui laisser une chance de balancer son attaque ! Et j'aurais jamais dû laisser Renji derrière ! »

Médusée, Rukia Kuchiki ne savait visiblement pas par quel bout prendre cette affaire.

Cela semblait d'ailleurs également être le cas pour Rangiku Matsumoto. La vice-capitaine de Toshirô Hitsugaya ne semblait pas avoir été mise au courant de grand-chose par rapport aux détails de la mort de Renji. Et entendre cela de la bouche d'Ichigo faisait forcément mal.

Le rouquin semblait s'être emporté quelque peu.

Mais cela paraissait bel et bien clairement comme le fond de sa pensée.

« — … Donc tu peux m'en vouloir, souffla le jeune homme, en serrant les dents. Si j'avais pas foncé comme un idiot pour me faire capturer par Aryen … alors il n'y aurait rien eu du tout !

— … Parce que tu pensais que je t'en voulais pour … la mort de Renji … ?

— Et c'est pas le cas peut-être ?! C'est ma faute putain, tu veux que j'te fasse un dessin ?!

— T'as besoin de l'entendre ?! Ça te ferait du bien ?!

— Tu peux le faire !

— Je ne vais même pas t'offrir ce réconfort, imbécile ! »

Soudainement, Rangiku Matsumoto se sentit assez petite au milieu de cette joute verbale. Elle connaissait bien le tempérament des deux Shinigamis et leurs fréquentes disputes. Cela dit, cette fois, les choses semblaient réellement être sur le point de dégénérer.

Le regard furieux de Rukia finit par se fermer, tandis que la jeune femme finit par tourner les talons.

« — Je pensais que tu me connaissais mieux que ça, souffla-t-elle lourdement. »

En un rien de temps, Rukia quitta les lieux. En ouvrant la porte, elle tomba nez-à-nez avec Inoue Orihime, qui cligna vivement des yeux, en voyant le regard courroucé de son amie. Elle passa à côté d'elle, sans rien ajouter.

De son côté, Ichigo Kurosaki s'était déjà retourné en direction de la fenêtre, le visage aussi fermé.

« — Kurosaki-kun … ?

— Laisse tomber, Inoue. Merci pour les soins.

— Ça va, Orihime-chan. Laisse-moi deux minutes, ok ?

— E… Euh d'accord … »

Cette fois, la vice-capitaine se devait d'assumer son statut une bonne fois pour toutes.

Heureusement, Orihime ne chercha pas à creuser davantage la question. Lorsque Rangiku se retrouva seule en compagnie du tumultueux Shinigami Remplaçant, elle décida de ne pas opter pour la demi-mesure.

« — Tu es vraiment très malin Ichigo, tu ne pouvais vraiment pas faire mieux.

— … Fous-moi la paix.

— Je veux bien comprendre que tu puisses te sentir coupable, mais elle ne t'accusait de rien du tout.

— … Elle aurait dû, marmonna Ichigo.

— Parce que c'est sa faute en plus ?

— Ses réactions sont excessives, marmonna le Shinigami Remplaçant, en secouant négativement la tête. »

De toute évidence, il cherchait tout de même à mettre de l'ordre dans sa tête. Sans doute avait-il lui-même compris que ses paroles avaient pu être offensantes.

« — … Tu sais, avant même la mort de Renji, il s'est également passé quelque chose. »

Ne comprenant pas le sens des paroles de son interlocutrice, Ichigo lui jeta un coup d'œil relativement discret. Rangiku affichait un air sérieux, que peu de monde pourrait imaginer.

« — Cet Aryen Kaseren avait créé un « faux » toi, avec son Bankai. D'une façon ou d'une autre, Rukia-chan a réussi à le sortir de son état de contrôle … et il a fini par se sacrifier, pour la sauver dans son Monde Intérieur.

— Q… Que quoi ?

— Je ne plaisante pas, lâcha lentement la Shinigami. Je sais que tu souffres, mais tu n'es pas le seul à avoir souffert. La disparition de l'autre toi avait été très difficile à supporter pour elle. »

Elle ne comptait pas s'éterniser.

Jouer à la médiatrice n'était pas non plus le rôle qu'elle s'imaginer endosser. Haussant doucement les épaules, après avoir offert un dernier regard lourd de sous-entendus à Ichigo, la belle femme s'éloigna, en direction de la porte de la chambre.

« — Tu devrais vraiment aller lui parler, tout à l'heure. »


Seireitei — Quartiers de la Huitième Division.

« — Un troisième Kaijû … génial. »

Les révélations lourdes de conséquences venaient ébranler les faibles certitudes possédées par les Treize Divisions. Déjà démunies après plusieurs pertes majeures parmi ses rangs, comment pouvaient-elles encore appréhender une bataille de grande ampleur, contre un ennemi qui devait être encore plus puissant que Tenshi et Zanshi ?

« — … C'est une blague, siffla Soi Fon.

— Malheureusement ce n'est pas le cas, déplora Urahara. Pire encore, je me demande s'ils ne vont pas être capables de sortir leur armée. Ils ne sont jamais seuls sur les stèles anciennes, mais toujours à la tête de nombreux fidèles.

— Peut-être sont-ils déjà tous morts ? demanda Sajin Komamura.

— Difficile de répondre avec certitude à cette question, mais mieux vaut se préparer au pire.

— De toute façon, trancha Shinji. On ne peut pas laisser ces types agir comme bon leur semble. Mais foncer tête baissée dans la bataille, on a vu ce que ça a donné …

— On pourrait peut-être essayer de les disperser ? proposa Rose Ôtoribashi.

— Je te rappelle qu'ils n'étaient pas ensemble, lorsqu'ils ont été affrontés, déclara platement Byakuya Kuchiki. C'est une situation déshonorante.

— Vous voulez dire qu'il n'y a vraiment rien qu'on puisse faire ? tremblota Ukitake Jushirô, en serrant les dents. »

Une situation de désespoir particulièrement intense, en effet.

Une situation de désespoir comme personne —ou presque— ne l'avait connu.

« — On doit attaquer pendant qu'il est encore temps, suggéra Soi Fon.

— Il vaut mieux renforcer les défenses, argumenta Komamura. »

Très rapidement, les différents capitaines commencèrent à discuter entre eux, de façon incompréhensible.

« — … Allons. »

Kyôraku Shunsui finit par reprendre la parole, d'un air étrangement serein.

« — Les Treize Divisions existent justement pour les situations de crise, n'est-ce pas ? Inutile de céder à la panique. »

Cet homme donnait toujours l'impression de ne jamais céder —ou presque— face à ses émotions. Mieux, il semblait disposer encore d'atouts ou d'idées, susceptibles de renverser les choses.

« — Je ne peux pas du tout garantir une victoire contre les Kaijûs, encore moins avec ce ''Roi'' qui menace de réapparaître … mais je tiens à vous dire que les Treize Divisions vont se battre. Et pas n'importe comment.

— Tu ne peux pas être plus clair ? lâcha un Shinji plutôt dubitatif.

— … Chaque chose en son temps. Mais sachez que l'on risque de transgresser quelques règles du Seireitei … et de ne pas faire plaisir à tout le monde non plus.

— Épargne-nous ce numéro de mystère, siffla Soi Fon.

— Eh bien, puisque c'est demandé si gentiment … »

Kyôraku Shunsui lâcha un léger soupir.

« — Je vais certainement bientôt officiellement récupérer le titre de ''Capitaine-commandant'', déclara-t-il. Et en tant que tel, je vais pouvoir accéder à de nouvelles requêtes … la première d'entre elle concernera un courrier adressé à la Division Zéro. »


Hueco Mundo — Palais de Las Noches.

« — Arrête de foutre le boucan ici, bordel !

— Quand tu dis « foutre le boucan », qu'est-ce que tu sous-entends exactement ?

— C'est vrai ça, on ne fait rien de mal, pour sûr ! »

Si Mila-Rose n'était pas une femme particulièrement patiente d'ordinaire —bien qu'elle aime se dire supérieure à Apache dans ce domaine— ses nerfs se retrouvaient mis à sérieuse épreuve actuellement.

Et pour cause : faire face à ces deux truands, Dondochakka et Pesche, les Fraccionnes de Nelliel Tu Oderschvank, même le plus grand des sages finirait par rapidement s'avouer vaincu.

Les deux Arrancars courraient bruyamment dans le palais, riant aux éclats et jouant tout simplement au « Hollow. »

C'est-à-dire « chat » dans un langage enfantin humain.

« — Hé, Mila-Rose. Tu savais que les humains appelaient notre jeu « chat » ? Mais pourquoi « chat » ? Les chats ne se coursent pas après, pour ensuite se retoucher, non ? »

Une main sur la hanche, Pesche venait de se positionner juste devant la robuste femme à la peau halée, avant d'adresser cette question dénuée d'intérêt.

Mieux valait l'ignorer.

Mieux valait l'ignorer.

« — Ils sont encore là ?! »

… De retour, Apache ne dissimulait pas son irritation face à la présence de ces deux individus.

« — Ils sont juste heureux de retrouver leur maîtresse, rien de plus. Mais je vous laisse vous en charger. »

… Contrairement à Sun-Sun, qui préférait clairement opter pour la fuite, derrière ses faux airs compréhensifs.

« — Haha ! Nell-sama est revenue !

— Ah pour sûr, oui elle est revenue ! »

Dans la grande salle d'entrée du palais de Las Noches, autrefois demeure du mégalomane Sôsuke Aizen, il ne restait désormais plus grand-monde.

L'ordre de « L'Espada » n'avait d'ailleurs certainement plus aucune raison d'être. Ce terme, inventé de toute pièce par Aizen en personne, ne traduisait désormais plus aucune réalité.

« — … Tu tires toujours une mauvaise tête, Nelliel. »

Tandis qu'elle observait l'horizon d'un œil silencieux, Nelliel Tu Oderschvank lifta très légèrement son regard. Bras croisés en-dessous de sa voluptueuse poitrine, Tia Harribel lui offrait toujours un œil dédaigneux.

Parce qu'elle savait pertinemment ce qui animait le cœur de sa belle compagne.

« — … Tu comptes vraiment ne rien faire ?

— Je te l'ai déjà dit et répété, argua la blonde. Le combat mené par les Shinigamis ne concerne que les Shinigamis.

— … Tu sais bien que c'est faux. Je ne sais pas exactement ce qu'ils affrontent, mais tous les détecteurs du labo de Szayel ont volé en éclats. »

Harribel plissa son regard.

« — Penses-tu que les Shinigamis viendraient à notre secours, si notre Hueco Mundo se faisait attaquer par un ennemi dont ils ignorent tout ?

— Ichigo viendrait m'aider.

— … J'ai l'impression d'avoir déjà eu cette conversation avec toi, soupira Harribel. Tu es incorrigible.

— Ce n'est pas une question de race, reprit Nell. Je me fiche de savoir à quelle espèce appartiennent mes amis !

— Et que comptes-tu faire, alors ? Aller t'installer gentiment au Seireitei ?

— … Hmpf. Je trouverai bien quelque chose.

— Il n'y a qu'un seul humain pour qui tu comptes, ne l'oublie pas.

— C'est bien pour ça que je ne peux pas le laisser tomber. J'irai, avec ou sans toi, Harribel. Je ne te demande pas de venir m'épauler. Tu m'as déjà sauvée une fois, merci. Mais … ce combat, je vais le mener moi-même. »


Soul Society — Près de la Treizième Division.

Un peu bête.

Rukia Kuchiki se sentait un petit peu idiote d'avoir réagi de façon trop virulente.

Bien sûr, elle se savait marquée émotionnellement par les récents événements. Mais cela ne l'empêchait d'éprouver une once de remords. Pourquoi n'avait-elle pas été capable de montrer un petit peu plus d'empathie, tout à l'heure ?

Secouant négativement la tête, la petite Kuchiki secoua négativement la tête.

Tout du moins, jusqu'à ce que son téléphone ne sonne. Jetant un vif coup d'œil, elle aperçut le numéro de son capitaine.

« — Capitaine Ukitake ?

Ah, Kuchiki. Comment tu vas ?

— … Ça pourrait être pire.

Hm. Tu n'as pas l'air d'aller bien du tout.

— Non ça ira, ne vous inquiétez pas. Que se passe-t-il ?

Eh bien je voulais juste t'appeler pour prendre des nouvelles et te dire qu'une réunion d'urgence se tiendra pour notre division, aux alentours de dix-huit heures.

— … Je vois. J'ai compris, j'y serai.

… Comment va Ichigo-kun ? »

Un léger vent passa.

« — Il est réveillé. C'est à peu près tout ce que je peux dire.

… Je vois. Eh bien … je ne vais pas te déranger davantage. Nous reparlerons tout à l'heure.

— C'est noté. »

Les Shinigamis n'utilisaient pas toujours les appareils technologiques pour communiquer, mais il fallait bien admettre que cela avait un côté plus direct et pratique que les papillons de l'Enfer.

Rukia finit par lâcher un faible soupir, en braquant son regard sur un horizon qui ne s'annonçait en plus pas bien clément : les nuages entassés au-dessus du Seireitei annonçaient une pluie imminente.

Accoudée sur la rambarde, offrant une petite vue agréable aux étangs dans lesquels pataugeaient les carpes du capitaine Ukitake, la jeune femme laissa vaquer son esprit sur autre chose.

Oui, elle devait penser à autre chose, se concentrer sur les missions importantes à accomplir et …

Bleach OST — Here to Stay

« — … Rukia. »

… Et pas sur lui.

Cette fois-ci, le regard améthyste de Rukia se teinta d'une once d'hostilité, alors que la silhouette de ce jeune homme venait de refaire surface. D'abord dans son esprit et maintenant en réalité.

Toujours couvert de bandages, le Shinigami Remplaçant avançait d'un pas lent, dans sa direction.

« — Est-ce que je peux venir, sans que tu ne tentes de prendre la fuite ?

— Réfléchis un peu, grommela la brunette. Si je décide de partir, ce n'est pas pour que tu reviennes me voir sur-le-champ.

— Y'a au moins dix minutes qui se sont écoulées. Plus le temps que je te retrouve.

— Tss … même là-dessus, tu ne veux pas lâcher le morceau. »

Ichigo Kurosaki n'employait cette fois pas de ton accusateur, ou quoi que ce soit.

Rukia le reconnaissait bien. Il s'agissait du jeune homme qu'elle avait appris à connaître, au fur et à mesure de leurs multiples aventures.

« — Tes blessures sont bien guéries, au moins ? »

Rukia refusait toujours de croiser son regard.

Mais un semblant de conversation venait au moins de s'engager, ce qui pouvait s'apparenter à un début de victoire pour Ichigo.

« — Assez pour que je puisse venir ici.

— Hmpf. »

De nouveau, la brunette resongeait à ces souvenirs douloureux et récents.

Retrouver et sauver Ichigo avait été un objectif si important, après l'avoir perdu une fois.

« — Ces poissons appartiennent à ton capitaine ?

— Ce sont des carpes.

— C'est pareil. »

Elle se souvenait encore de cet homme, qui avait osé braver les eaux glacées de son monde intérieur, tout en perdant la vie, afin de la sauver. Même s'il ne s'agissait techniquement pas de la même personne, il possédait indéniablement le même cœur.

« — … Désolé.

— Quoi ?

— … J'ai dit « désolé. »

— … Ne me dis pas que tu imagines encore que … ?

— … Nan, pas dans ce sens-là. Désolé d'avoir douté de toi. J'ai été idiot. »

… Cette fois, Rukia venait de tourner sa tête vers lui. Pas bien difficile, lorsque le Shinigami Remplaçant venait de poser arbitrairement à côté d'elle, en posant à son tour ses yeux ambrés dans cette eau claire.

« — … C'est rare que tu admettes avoir été idiot.

— Parce que je le suis rarement.

— Pff ! »

Malgré elle, la petite brunette perdit son air renfrogné, face à l'absurdité prononcée de façon si naturelle par le rouquin.

« — … Tu connaissais bien mieux Renji que moi … mais je crois bien qu'il n'aimerait pas nous voir brouillés.

— … Certainement. »

Elle baissa de nouveau son regard, à l'évocation de ce nom.

Comment ne pourrait-elle pas le faire ?

La perte était encore toute récente. À chaque fois qu'il revenait dans son esprit, cela ne lui évoquait maintenant plus que tous les souvenirs qui n'évolueront plus. Ils ne partageront plus aucun moment d'intimité, plus de railleries qui faisaient partie de leur quotidien.

Tout cela faisait partie d'un passé sur lequel ils ne pouvaient même pas prendre le temps de se recueillir.

En la voyant ainsi, Ichigo baissa également la tête. Il pouvait aisément ressentir tout son désarroi, juste en restant à côté d'elle. Cela l'attristait, lui aussi. Cela lui pesait sur ses épaules. Parce que Renji représentait aussi une figure amicale d'une importance clé pour lui ici, à la Soul Society. Il faisait partie de son paysage quotidien.

Mettant doucement à mal le silence, la pluie s'invita sans demander son tour. Les gouttes affluèrent depuis les nuages capricieux, dans un rythme lent mais croissant.

Elles pouvaient servir, elles aussi. Dissimuler faiblement les larmes qui coulaient depuis les yeux de Rukia, par exemple.

« — … Au fait … merci d'être venu … pour moi.

— … Tu n'as pas arrêté de le faire, sanglota faiblement la noble, en s'essuyant précipitamment les yeux.

— … Je vais te ramener dans ta division. On va être intégralement trempés sinon. »

La jeune femme hocha faiblement la tête, avant de tourner les talons.

Elle paraissait si fragile. Comme une poupée de porcelaine, capable de se briser d'un instant à l'autre. En l'observant ainsi, Ichigo Kurosaki ressentit une pointe dans son cœur.

… Il devait la protéger.

Il devait empêcher qu'il lui arrive malheur.

Cette femme avait déjà trop souffert.

Rie Fu — Life is Like A Boat (Music Box)

« — Rukia. »

Cette fois, elle ne lui rendit qu'un faible regard interrogateur, quelque peu honteuse d'être prise en flagrant délit de faiblesse. Très clairement, elle aurait préféré que son ami aux cheveux orange n'assiste pas à pareille scène.

Elle aperçut alors une vive souffrance sur le visage de cet homme. Une souffrance, une détresse qu'elle ne saurait immédiatement expliquer. Sans doute l'accumulation de tous ces événements, également.

Le rouquin posa ses mains sur ses épaules.

« — Je te le promets, souffla-t-il. Je te promets qu'on remportera cette guerre … et que Renji ne sera pas mort en vain. Personne ne mourra inutilement.

— … Ichigo, tu … »

Elle resta un moment bouche-bée.

Cette promesse formulée à voix haute, Ichigo Kurosaki savait également si bien les formuler à ses proches, au point qu'eux-mêmes ne pouvaient pas envisager qu'il s'agisse d'autre chose.

Les larmes toujours aux yeux, la jeune femme finit par hocher faiblement la tête, en esquissant un faible sourire.

« — … Oui. »

Elle le percevait également.

Malgré ses profonds efforts pour venir la voir et essayer d'être le plus naturel possible, Ichigo Kurosaki avait été un homme plongé dans le désarroi. Il l'était encore. Il avait perdu sa ville, peut-être ses amis, sa famille.

Quelle idiote d'avoir été autant égoïste …

Seule sa volonté de ne pas laisser tomber la brunette l'avait poussé —momentanément— à mettre de côté tout ce qui pesait sur ses épaules.

Rukia se rapprocha davantage de lui.

« — … Tu n'es pas tout seul, murmura-t-elle. Alors … ne laisse pas ces sentiments te ronger. »

Comme deux âmes en peine à la recherche d'un réconfort, les Shinigamis restèrent figés l'un face à l'autre, dans un temps qui semblait suspendu.

Cette fois-ci, ils étaient finalement placés sur un pied d'égalité. Faire remonter l'autre ? Non.

Tous deux devaient s'accrocher pour le faire ensemble. Ne pas plonger dans ce désespoir était une tâche difficile à accomplir seul.

Plus proches que jamais, leurs visages continuaient de se rapprocher.

Ils ne réfléchissaient plus, portés par des émotions qu'ils ne contrôlaient pas.

Finalement, leurs lèvres se scellèrent, sous cette pluie qui ne cessait pas.

Preview du Prochain Chapitre

Hitsugaya Toshirô : Hey, vous deux. Au lieu de vous faire des bisous dites-moi où je suis.

Ichigo Kurosaki : Quoi ?! Y'a rien du tout je te dis !

Rukia Kuchiki (sursaute) : Hm !

Rangiku Matsumoto : Oooooh mon dieu comme ils sont mignons ! Capitaine, capitaine ! À nous maintenant !

Toshirô Hitsugaya : N'importe quoi. Faudrait déjà que je sois encore au Seireitei mais visiblement, Urahara Kisuke a oublié de me ramener.

Renji Abarai (attrape Ichigo par le col) : Enfoiré ! Je viens de mourir et tu vas direct vers Rukia ?!

Ichigo Kurosaki : En fait si tu regardes bien, c'est elle qui s'est ramenée en première vers moi, et par amitié envers toi je l'ai fait partie …

Renji Abarai : Enfoiré ! T'as fait partir Rukia !

Ichigo Kurosaki : … Bon laisse tomber.

Zangetsu : Ichigo. Le prochain chapitre s'appelle The Blade and Me.

Ichigo Kurosaki (sourire) : Fallait me dire que y'avait un prochain chapitre …

Rukia Kuchiki : Oh je vois ! Tu essaies d'imiter la double page de Bleach où le capitaine Kurotsuchi et Urahara disaient plus ou moins la même chose !

Ichigo Kurosaki : … Rukia, la prochaine fois ferme-la.

Rangiku Matsumoto : En plus Ichigo sait comment s'y prendre maintenant ! Wou-hou !