Musique écoutée : Bloody Mary - Lady Gaga (Orchestral Version)
Chapitre 18 : Repentir
Un petit tour dans la tête de Scorpius.
Le soleil se levait doucement à l'horizon et la lumière se reflétait dans les anneaux du stade qui semblaient presque d'argent.
Ma tête reposait sur les genoux de Dorian. Je sentais l'herbe, la terre humide et sa sueur alors que je ne pouvais pas discerner ma propre odeur. Ses doigts étaient dans mes cheveux et sa respiration était aussi haletante que la mienne. Nous avions terminé notre entrainement de l'aube et mes mains me faisaient terriblement souffrir. Elles étaient rougies, écorchées par endroit, et je redoutais de les bouger. Elles reposaient inertes à mes côtés sur le sol encore froid. Dorian regardait la lumière qui envahissait les plaines au loin comme une vague. La tristesse dans ses yeux me fut insupportable et je détournais les miens. Je n'avais pas les mots comme toujours. Son grand-père était mourant, alité dans sa cellule à Azkaban, et son père perdait la raison, et se sentant décliner il réclamait son fils.
Je savais que Dorian ne voulait pas retourner chez son père. Je ne voulais pas non plus. Rien de bon chez cet homme taciturne. Seuls ses yeux paraissaient vivants sur son visage cireux, affolés, presque fous. Ils étaient noirs quand il me regardait, comme si c'était moi qui lui avais volé son enfant. Un lâche ne voit jamais sa lâcheté. Il aurait pu garder son fils s'il nous avait accompagnés quand mon père le lui avait proposé.
Une douleur à nouveau, entre le pouce et l'index de ma main gauche, là où ma peau se fendait. À ce rythme je ne tiendrais pas longtemps. Ma peau était à vif et j'avais beau les enduire d'onguent, elles restaient sensibles, crevassées. Les plus petits gants de quidditch de Poudlard n'étaient pas adaptés à mes mains. À mes poignets. Je les perdais en vol.
J'avais failli faire une sacrée chute dès le premier entrainement de nuit. J'avais cessé d'en porter. Et même le professeur de vol et d'éducation physique n'avait pas été d'un grand secours.
«Vous ne pouvez pas réduire leur taille pour qu'ils s'adaptent à mes mains? avais-je demandé deux jours plus tôt.
- Non, c'est impossible. C'est pour le marché, vous comprenez. Un sort est jeté sur le cuir pour qu'on ne puisse pas en altérer la taille. Alors on achète plusieurs lots de différentes tailles. Pour des questions de budgets, nous prenons les tailles standards.
- Vous devriez surtout changer de fournisseur ! Tous les élèves n'ont pas des mains de bucherons!
- Vous n'avez pas de petites mains, monsieur Malfoy, vous êtes en maigreur. Prenez donc quelques kilos, les gants vous iront très bien !»
Ce n'était pas la première fois que mon poids était ainsi discuté, mais jamais de manière aussi directe. Des regards compatissants et inquiets de professeurs ou des remarques timides de Nicolas et d'autres. J'avais essayé de prendre quelques kilos, remplissant mon assiette à ras bord, mais toutes les calories passaient dans les entrainements et le manque de sommeil.
«Je vais passer Noël chez mon père», dit Dorian, la voix si basse que j'eus du mal à saisir ses mots.
«Et Nouvel An aussi. Peut-être... je n'ai pas encore donné ma réponse.»
Je me redressais doucement, attendant qu'il parle, mais il n'en fit rien. Je n'aimais pas sa décision. Cela faisait six ans que Dorian passait les fêtes de fin d'année avec nous, avec moi. Je me retins de le lui dire, lui dire qu'il allait me manquer et que son père ne le méritait pas. Il n'avait pas besoin de cela. Un petit coup de poing dans mon épaule me ramena de mes pensées. Il me regardait, un sourire au coin des lèvres.
«Ouais, moi aussi ça me gonfle.» Et il ne dit plus rien.
Le soleil s'était presque formé à l'horizon. Il était temps de rentrer.
Je pénétrais dans le dortoir. Aucune lumière et des ronflements se faisaient entendre. Je cachais la lumière de la baguette avec ma main avant d'arriver à la salle de bain, prit une douche, m'habillai et prit mon sac avant de repartir comme j'étais venu. Sans bruit, invisible.
Cela faisait quatre jours que je faisais cela. Quatre jours que je quittais le dortoir à l'aube pour m'entrainer. Je n'avais pas le niveau pour le match de samedi, je n'avais jamais fait d'entrainement depuis les essais et mon séjour à l'infirmerie n'avait pas arrangé les choses. C'est Dorian qui avait eu l'idée de cet entrainement, intensif et secret, pour que personne ne puisse nous accuser l'un et l'autre de tricherie. Nous étions adversaires après tout. Mais j'en avais besoin, et je ne pouvais pas m'entrainer avec les autres, je ne pouvais pas voir Albus.
Je l'évitais assez bien. À part pour les cours et les repas où je sentais son regard méprisant et déçu se poser sur moi, je parvenais même à ne pas le croiser de la journée, et nous n'avions pas échangé un seul mot depuis... depuis.
Quand je ratais le premier entrainement, je m'attendis à ce qu'Albus me réprimande, m'interpelle, comme tout capitaine. Mais il garda le silence. Je ratais les suivants. Et jamais il ne vint me voir. J'avais attendu cette rencontre, j'aurais sans doute pu lui expliquer, lui dire... Non, je n'aurais jamais pu lui dire quoique ce soit. Au fond, c'était mieux qu'il ne soit pas venu.
Il avait cru en moi pour tant de choses. Ma capacité à le décevoir était remarquable. Mais tout cela était fini, il l'avait dit lui-même.
Gagner ce match était mon obsession de l'instant. Pour Albus. Cela me prenait tant de temps et d'énergie que la douleur dans ma poitrine devenait supportable. Après avoir raté tant d'entrainements, je serais surement viré de l'équipe. Potter ne voulait plus rien de moi. Je l'aiderai à gagner ce match auquel il tenait tant, puis je m'éclipserai. C'est ce qu'il voulait, alors soit.
Et cette journée, comme toutes les autres, s'écoula comme dans un rêve à moitié réveillé, embué par ma propre fatigue et ma tristesse. Le soir vint trop tôt.
Je me cachais chez les Gryffondors ce soir-là. Ou plutôt je profitais d'une invitation de Dorian. Je savais qu'Albus n'était pas dans la maison des Lions. Je l'avais vu près du dortoir des Serdaigles, avec elle. Toujours aussi bien assortis, un couple envié, ils faisaient l'unanimité. Les voir me donner envie de vomir. Il me semblait qu'ils n'étaient jamais l'un sans l'autre. Je l'avais dit à Dorian, sans réfléchir, agacé. Sa façon de me regarder avait été étrange, mais il n'avait rien dit et avait repris une gorgée dans la flasque qu'il portait dans sa veste.
Il l'avait encore près de lui ce soir, alors que nous étions assis côte à côte sur le canapé rouge.
« Je pense que tu bois trop Dorian.»
Il se mit à rire.
« Tu sais qu'il m'en faut plus pour être soûl.
- Je n'ai pas dit que tu étais ivre mort, j'ai dit que tu buvais trop. Tu portes cette chose sur toi sans arrêt, dis-je en lui prenant la flasque des mains.
- Je n'en ai pas besoin si c'est cela qui t'inquiète, dit-il, sombre.
- Alors, arrête de la porter.»
Il fit rouler sa langue dans sa joue, énervé, et me l'a pris des mains avant de la vider d'un trait.
« Voilà, dit-il en jetant la bouteille derrière lui, maintenant, je peux la poser.» Il se reposa dans le canapé, regardant le feu. La colère monta.
- Si tu veux pas aller voir ton père, dis-le-lui! ça t'évitera de finir comme ta mère.» Je regrettais. Ces yeux me foudroyèrent et un court instant je ne le reconnus pas.
"J'interromps quelque chose?"
Je levais les yeux et aperçus James au dessus de nous, derrière le canapé.
Instinctivement, je m'éloignais de Dorian. Accoudé au rebord du canapé, il parlait à Nott. Je crus l'entendre dire que l'haleine de Dorian sentait l'alcool et qu'il avait intérêt à assurer pour le match de demain. Dorian le rassurait, mais je n'écoutais plus.
Un autre garçon l'accompagnait. Un Weasley aussi, Hugo. Il me fixait, comme s'il essayait de résoudre une énigme intérieure. Je me détournais d'eux. Je m'efforçais d'ignorer James. Il faisait tout autant, constamment. Je me demandais presque si notre acharnement à nous ignorer ne finirait pas par nous trahir. Mais nous trahir de quoi au fond? Maintenant, ça n'avait plus vraiment d'importance que toute l'école sache que James s'était glissé entre mes jambes, à maintes reprises.
Plus grand-chose ne m'importait, je m'en rendais compte.
Finnigan arriva derrière Potter, le visage plus rouge que d'habitude. Je pouvais sentir l'alcool dans son haleine et sa transpiration.
« On fait des pronostics, grogna-t-il en passant son bras autour de James, se maintenant presque, les jambes chancelantes. Entre Kate et Albus. On pense que ton petit frère va bientôt marquer son premier but.»
Mon cœur perdit un battement. Je vis James grimacer, puis sourire le moment d'après.
«Tu paries avec nous? insistait le gardien de Gryffondor.
- Non, j'ai mes limites. Je ne m'occupe pas du dépucelage de mon frère.
- Ah.» Il chancela à nouveau, crispant son poing dans la chemise de Potter pour appui. Il m'aperçut et me lança un sourire mauvais.
«On a cru que c'est toi qui y passerais, mais apparemment il te manque une paire de...»
Il porta ses mains à son torse et mima une poitrine généreuse qu'il caressait.
La nausée me montait, mais je me contentai de soupirer un «crétin» entre mes dents serrées.
« J'y vais, chuchotais-je à Nott. On se retrouve cette nuit?»
Dorian acquiesça, mais il ne me regardait pas, les yeux sur les flammes.
J'arrivais près de l'entrée et je fus tiré en arrière avant que j'eusse demandé à la grosse dame du portrait de me laisser sortir.
Une poigne sur mon bras et une odeur familière me parvinrent.
"James", grinçais-je avant même de le regarder.
Il regarda autour de nous, puis me jaugeait, droit et souriant. Je remarquais qu'il portait l'uniforme et la cape de Quidditch. Ses cheveux étaient ébouriffés, il sentait la terre et la sueur. Mes yeux s'attardèrent sur le jersey rouge orné d'un lion d'or, et je me mis à me demander si les elfs avaient raccourci mon propre uniforme comme je leur avais demandé.
Il leva une main vers moi, me sortant de mes pensées et je levais les yeux vers lui.
"Après le match? chuchota-t-il, son doigt glissait sur mon ventre.
Je repoussais sa main.
- Va te faire foutre.
- C'est pas une réponse, ça," souffla-t-il, impatient, passant d'une jambe sur l'autre, le menton levé. J'avais noté qu'il faisait cela quand je l'irritais.
- Si, c'en est une.
Il ne m'écoutait plus et fronçait les yeux.
"Tes mains sont dans un état…", dit-il en saisissant mes poignets.
Je les retirais vivement.
"Je n'ai pas du tout les mains calleuses," expliquais-je en les dissimulant dans les plis de ma robe, le bois du balai les abime. "C'est juste le temps que la corne se forme."
James grimaça, dégouté.
"Si tu veux des mains douces, va voir une fille !
- Ou mets des gants !
Je n'avais aucune envie de lui expliquer que les fermetures des gants ne tenaient pas à mes poignets.
Il passa la main dans ses cheveux et soupira, hésitant, puis il fit un pas vers moi. Je ne bougeais pas.
" Donc, après le match, conclut-il. Donne."
Il prit une de mes mains et sortit sa baguette. Je reculais, mais il serrait mon poignet.
"Qu'est-ce que tu fais avec ça?
- Reste tranquille! "
Il appliqua la pointe sur la peau fendue. Une chaleur diffuse anima ma chair et la blessure se referma. Surpris, je croisais son regard et levais un sourcil. Ce n'était pas la première attention qu'il avait pour moi, mais j'en demeurais toujours perplexe.
«Toujours ce don pour passer du sale con au chevalier...Aïe!»
Il enfonça son ongle dans une entaille. À nouveau, je voulais retirer ma main, mais sa poigne était de fer. Je soutins son regard furieux, et m'amusais de le voir contrôler sa colère, ses narines enflaient à chaque respiration. Il se mordit la lèvre et reporta son regard sur ma main.
«Si mon frère perd, ce sera parce qu'on est les meilleurs, murmura-t-il en portant la baguette sur une autre entaille. Pas parce que son attrapeur a mal aux doigts.
- Tu as appris ça où?
- Dans un bouquin. Je veux être guérisseur."
Je relevais un sourcil. Je l'imaginais plus exceller comme vendeur de pastilles à gerbe pour ses oncles, mais je me gardais de le lui dire, sa baguette pointée sur mes doigts.
"La ferme," souffla-t-il en croisant mon regard.
Il prit mon autre main et je me laissais faire. J'ouvrais et fermais le poing de ma main guérie, soulagé. La main de James glissait sur la mienne, cherchant la prochaine meurtrissure. Il appliquait sa baguette sur chaque blessure et ma peau s'échauffait.
"Je t'avais dit que quand il comprendrait qui tu étais vraiment il te dégagerait de sa vie", murmura-t- il.
Un instant je crus l'avoir mal entendu. Je déglutis.
Il leva ses yeux et je reconnus la lueur que j'y détestais tant, cette lueur qu'il avait quand il voulait faire mal.
"Tu ne peux pas dire que je ne t'avais pas prévenu."
Je retirais ma main de la sienne, et le poussais contre le mur. Il me regarda, surpris, presque en colère. Il s'approcha pour me saisir, mais à nouveau je le projetais contre la roche, mais il me saisit au col, et je heurtais le mur avec lui, la pierre cognant ma tempe. Je gémis sous le choc, pas lui, les protections de quidditch lui protégeaient l'épaule. Il s'écarta soudain de moi, surpris et embarrassé. Il ne me regardait plus.
Du coin de l'œil, j'aperçus des cheveux roux.
"Hugo" dit James, sa voix calme, mais agacée. "Tu es là depuis longtemps?"
Le jeune Weasley se tenait à la porte de la salle commune, l'œil perçant, son regard passait de James à moi. Je cessais de respirer, me demandant ce qu'il avait vu. Il finit par hausser les épaules.
"Non."
Il me regarda et sourit. Je serrais les dents. Les Malfoy reconnaissent l'odeur du mensonge et ce type empestait.
Ma tête me lançait, elle me lançait souvent depuis qu'Albus m'avait poussé. Mais cette fois, la douleur était plus diffuse, une migraine insidieuse qu'entretenait la fatigue. James et Hugo parlaient, mais je n'entendais pas. Je demandais au portrait de me laisser sortir. Elle me fit répéter, elle ne parvenait pas à m'entendre et moi à parler. James m'appela, mais je m'éclipsais pour rejoindre le dortoir des Serpentard, m'accrochant au mur.
Je connaissais ce genre de malaise, des migraines avec aura comme on les appelait. Ma mère les feignait pour ne pas aller aux dîners de famille. Les vivre réellement, c'était une autre histoire.
Je retins la nausée jusqu'au dortoir. Elle me monta encore et je titubais jusqu'à la cuvette des toilettes, levant de justesse la lunette avant que mon estomac ne se vide, n'épargnant pas mes cheveux qui glissaient de mes épaules dans les toilettes, ce qui me rendit encore plus malade. Je me relevais, haletant, et essuyais ma bouche du dos de ma main. Mes cheveux me dégoutaient, l'odeur qui s'attardait sur les mèches était écœurante.
J'ouvris ma sacoche sur l'étagère de la salle de bain et en sortit un ciseau. Je coupais dans la masse, rageur, évitant de peu mon oreille à deux reprises, mais je m'en fichais. Les mèches tombaient sur mes épaules, sur le lavabo, et je les écartais en des gestes désordonnés. Je levais les yeux et le miroir me renvoya un reflet morne, des yeux vides et humides, cerclés de rouge.
Je crispais mes doigts sur l'acrylique, et inspirai à fond. Un instant, je rêvais d'un bonheur. Aussi petit qu'il soit. Une sensation paisible, réconfortante au creux de mon ventre et non cette contraction douloureuse en écho avec les sanglots de mon cœur.
De quelle chance avais-je manqué pour me sentir si mal aujourd'hui? Ou bien payais-je le prix de ma maladresse et de mon orgueil ?
La porte s'ouvrit soudain. Je levais les yeux et croisais ceux d'Albus.
S'il fut un moment où j'aurais espéré ne pas le voir, ce fut celui-ci, alors que mes mains tremblaient sur l'acrylique blanc et que mon estomac menaçait de se déverser à nouveau. Je le vis hésiter et je m'attendis à ce qu'il parte en me voyant. Mais il n'en fit rien, lâchant mon regard, il avança.
Je m'écartais légèrement quand Potter prit place à côté de moi. Je posais doucement les ciseaux sur le rebord en céramique, résolu à ne pas parler le premier. Il semblait fatigué, soucieux. Sa fieffée salope ne semblait pas le réconforter si bien que cela, mais je ne parvenais même pas à trouver cela agréable.
"Il faudrait qu'on se voie pour le devoir de Charme", dit-il soudain, indolent, brosse à dents en main.
"Il est terminé", grinçais-je honteux de ma voix mal-assurée. "Je l'ai amené au bureau de Lupin hier soir."
"Bien."
Il ne dit pas plus. Il se brossait les dents, m'ignorant. Il bâcla le travail pourtant, ma présence lui déplaisait et ça faisait mal. Je le regardais du coin de l'œil, le cœur serré.
" Tu ne veux pas savoir quel objet j'ai pris?" demandai-je enfin. Le silence m'étouffait.
"Peu importe." Il essuya sa bouche, et il ne me regardait pas. "Je n'ai pas besoin d'avoir la moyenne en charme."
"Je n'ai pas bâclé le devoir!"
"Je m'en fiche. Je voulais le rendre pour ne pas avoir de retenue."
Sa voix était froide, légèrement timbrée d'impatience. Je regardais les cercles noirs autour de ses yeux, et la fatigue qui rendait ses traits plus pâles. Il craignait pour le match de demain, malgré ses apparences.
"Le match, ça va aller, tu sais?"
"Si t'en avais quelque chose à foutre, tu serais venu aux entraînements !"
Il avait crié et sa voix se répercutait sur les murs, ricochait sur le carrelage pour atteindre ma poitrine. J'ouvris la bouche, mais me ravisa.
Je voulais me mettre en fureur moi aussi, mais j'avais perdu le droit de le faire. Il n'était plus à moi si tant était qu'il le fut un jour. J'essayai de me souvenir d'un temps qui n'était pas si loin où, épaule contre épaule, adossés à un arbre robuste, je l'écoutais me parler doucement de choses qu'il ne disait qu'à moi. Devant son regard sinistre sur moi, je me demandais si je n'avais pas rêvé cette proximité, sa chaleur ou ses doigts dans mes cheveux.
Non. Je n'avais plus rien à lui dire et de toute façon sa colère l'empêcherait de m'entendre. Il me haïssait trop maintenant. Alors je le dépassais et sortais.
Je trouvais mon uniforme sur le lit. Je le passais, satisfait du travail des elfs. Je le porterais cette nuit. La nuit serait courte de toute façon. Un dernier entrainement avant le match, et le match gagné, Albus et moi serons quittes. Sans regret. Je démissionnerai de mon poste d'attrapeur. J'en aurais fini avec lui. Vraiment fini.
Je pliais la cape et la posais au pied du lit, et me recroquevillais sous les couvertures, les genoux à la poitrine, en murmurant un sort qui fit glisser les rideaux, les fixant entre eux pour que personne ne puisse les ouvrir.
Je prononçais un sort de silence et m'endormis.
Fin du Chapitre 18
Prochain chapitre : enfin le match! Et un Harry Potter bien perspicace...
