Notes d'Autrice : J'ai longtemps, longtemps, longtemps, hésité à écrire ce chapitre qui se formait dans la tête. Pourquoi? Vous le comprendrez en le lisant, il est sombre et j'ai été assez loin. Mais au fond c'est ce que j'avais en tête pour Scorpius dès le début même si, au fur et à mesure, je ne voulais plus écrire ce qui s'était passé. Ecrire les choses plutôt que simplement les imaginer c'est quand même un exercice périlleux et glauque… glauque glauque glauque,… et sordide et -moi savoir ce que vous en pensez !
Pour la musique… il existe une très jolie chanson française qui a été modifié pour devenir une version horrifique pour un film d'horreur avec des requins tueurs. Et j'avoue avoir écouté cette version plusieurs fois pour écrire cette histoire.
Musique d'écriture: Les Petits Poissons dans l'Eau - Sous la Seine OST
Il n'était pas à Poudlard. Albus ne connaissait pas ce lieu.
C'était un grand bureau, le genre que l'on peut trouver dans un manoir ou dans un château. Des bibliothèques occupaient la plupart des murs, un bureau massif en bois de rose trônait au centre de la pièce sur un tapis persan mêlé de fils d'or. Le reste du mobilier consistait en deux fauteuils de velours rouges et une commode en châtaignier où étaient placés des figurines de bois et un coupe- papier turque.
Un garçon était assis au bureau. Albus le reconnut. C'était Scorpius.
Assis devant le bureau, le siège légèrement tourné vers la lumière, le garçon regardait par la fenêtre, une plume enduite d'encre à la main.
C'était Scorpius, mais plus jeune, le visage plus rond, les joues pleines et rosées. Il observait le jardin à travers la porte fenêtre, rêveur.
Un homme au costume gris était debout non loin, un livre dans les mains. Il lisait mais Scorpius n'écrivait rien.
L'homme aux cheveux bruns gominés retira ses lunettes et épongea nerveusement son front, puis déglutit péniblement, le regard fiévreux porté sur Scorpius. Conscient que Malfoy s'intéressait plus à l'appel de la nature qu'à son cours, il tapa de sa baguette sur le bureau et demanda au garçon de se concentrer. Scorpius sursauta, avant de sourire, de ce sourire espiègle qui prépare un mauvais coup. L'homme, sans doute son professeur, lui demanda ce qui l'amusait. Scorpius rit de sa nervosité et lui dit qu'il devrait rentrer chez lui et profiter de cette belle journée pour qu'il puisse faire de même.
« En plus, vous semblez un peu souffrant. Vous êtes tout rouge. »
« Ma matière vous amuse donc ? Ce n'est pas parce que vous avez un talent certain pour le sujet que vous ne devez pas travailler. »
Scorpius haussa les épaules.
« C'est vraiment une belle journée, il fait trop beau pour étudier. En plus, vous dites que nous sommes très avancés dans notre programme, faire une pause serait une bonne chose pour vous. Cela vous rendrait service. »
« Et comment cela ? »
« Eh bien, si ma famille se rend compte que j'en apprends plus dans les livres qu'avec vous, vous ne pourrez plus justifier votre salaire. »
« Vous êtes un petit démon à la langue bien acérée. »
Il était visiblement tourmenté par quelque chose, il tremblait. Il s'approcha de Malfoy, se posta derrière sa chaise de bureau et se pencha au-dessus de lui.
« Savez-vous que votre père veut me congédier ? » Scorpius se raidit, visiblement importuné par la proximité du professeur. « Oui, vous le savez… Encore un mois et mon contrat se termine. Je lui ai dit qu'il vous restait encore beaucoup à apprendre. Il pense que vous êtes prêt pour Poudlard. »
« Je pense aussi que j'ai tout appris de vous. C'est ce que j'ai confirmé à mon père. » Sa voix était dure. Il ne semblait pas apprécier le jeune professeur.
« Vraiment ? » siffla l'homme. « Peut-être puis-je vous prouver le contraire ? Qu'en pensez-vous ? »
Scorpius lui lança un regard de mépris, mêlé de défi sans doute, et le professeur continua en marchant nonchalamment derrière le siège du garçon :
« La Transfiguration n'est en fait qu'une partie infime de la Métamorphose. Elle permet de transformer un objet en autre chose, cela, vous le savez bien. Il est facile de transformer un objet en un autre objet ou un être vivant en un objet. Nous l'avons d'ailleurs fait dans cette même pièce. Mais transformer un objet en un être vivant est un procédé délicat qui nécessite de vraies connaissances en biologie élémentaire. Ainsi, cette lampe de bureau, par exemple, peut prendre un aspect des plus surprenants. »
Un coup de baguette et, en un instant, la lampe se transforma en une bête-insecte brune aux multiples pattes et au corps cerclé d'anneaux jaunâtres, une carapace luisante.
« Mon Dieu », souffla Scorpius. Et Albus, spectateur, cria au même moment que lui.
« Ceci est un scrutigère véloce », informa le professeur, la voix teintée d'un lugubre enthousiasme, « aussi appelé mille-pattes-araignée. Très agressif. »
La bête ondula un instant et tourna ses deux grands yeux noirs et luisants mais sans vie vers le garçon. D'un coup, il anima ses nombreuses pattes qui cliquetaient sur le bois vernis du bureau. L'insecte se précipita vers Scorpius qui poussa un cri et sauta de son siège. Il se jeta sur le professeur, la bête sur ses pas et agrippant les épaules de l'homme, s'accrochant à ses bras pour se soulever de terre, nouant ses bras autour de son cou.
Le professeur se mit à rire sans joie, soutenant à peine le garçon alors que la bête s'arrêtait près de ses chaussures noires, levant la moitié de son corps vers l'enfant.
« Et "veloce" veut dire "rapide", » dit le professeur en tenant le garçon par les hanches. Il le pencha pour lui faire admirer la bestiole de près un mètre de longueur qui essayait d'attraper les chevilles que Scorpius tentait d'enrouler autour des jambes du professeur.
Le garçon cria encore :
« Arrêtez ça ! »
« Je croyais que mon cours était ennuyeux, c'est ce que vous n'avez cessé de répéter à votre père, non ? » souffla-t-il en serrant le garçon contre lui, le visage dans sa gorge, respirant sa peau.
« Arrêtez ! » cria Scorpius alors qu'il sentit une des pattes de la bête attraper son pied.
Le bruit des pattes qui cliquetaient sur le parquet cessa.
Haletant, Scorpius tourna doucement le regard vers le sol. L'insecte était redevenu une lampe de bureau à l'abat-jour jaune pâle.
L'homme le serrait toujours contre lui, son cœur battait contre le sien, puissant contre sa poitrine. Scorpius savait que son cœur tambourinait à lui faire mal parce qu'il avait eu peur. Le professeur n'avait pas eu peur et pourtant, son rythme était empressé.
Quelque chose grossissait contre le ventre du garçon et Scorpius leva les yeux vers le visage aux yeux bruns. Ceux-ci étaient sombres, dilatés. Le visage était rougi, la respiration irrégulière. Scorpius apprendrait ce regard et saurait ensuite le reconnaître. Le visage du désir, le visage des pulsions malsaines.
Au moment où Scorpius fit un mouvement pour descendre de ses bras, le professeur l'embrassa, douloureusement, claquant les lèvres contre ses dents. Le garçon le repoussa, tirant sur ses cheveux, arrachant ses lunettes qui se brisèrent sur le sol. Il se dégagea du baiser, enfonça ses ongles dans ses épaules.
« Vous êtes malade ! Posez-moi tout de suite ! »
« Tu étais moins fier juste avant quand tu t'es précipité dans mes bras. »
Méprisant, Scorpius rétorqua :
« Ne vous méprenez pas, c'est l'erreur la plus commune, pour se protéger d'un monstre, on saute dans les bras d'un autre. »
L'homme sembla perdre son calme, la colère embrasait ses traits, enlaidissait sa bouche qui prit un pli cruel.
« Bien, alors je pense que la leçon n'est pas terminée. »
Il lâcha Scorpius. Ses pieds heurtèrent la lampe en touchant le sol et il trébucha. L'homme ne lui laissa pas le temps de se relever.
« Une autre fraction de la Métamorphose est la Disparition! Vous savez que l'on peut faire disparaitre un objet, comme ceci! »
La baguette de Scorpius posée sur le bureau disparut. Le garçon se leva d'un bon, la colère rosait ses joues.
« Faites-la réapparaitre, William » gronda-t-il. « Je veux ma baguette tout de suite ! »
L'homme le scrutait mais ne semblait pas l'entendre ou plutôt était décidé à l'ignorer et poursuit la leçon :
« Mais faire disparaitre des objets est assez simple en somme. Ce qui l'est moins en revanche, c'est faire disparaitre une partie d'un objet ou d'un corps car il faut avoir une connaissance très précise de la partie que l'on veut faire disparaitre. Surtout si celle-ci est invisible. Par exemple, il peut s'agir des ouvertures d'une maison. »
Le professeur pointa sa baguette sur la porte d'entrée qui se mura et disparut, les piégeant dans le bureau. Scorpius pâlit et l'homme se tourna vers lui, un sourire sinistre sur les lèvres.
Il fixa sa baguette sur Scorpius et murmura : « Ou de vos cordes vocales. »
Scorpius sentit un souffle glacée dans sa gorge, y porta ses mains et hoqueta de peur mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Il serra ses doigts autour de son cou, essayant de produire des sons et des mots mais rien, le silence.
Il eut envie de se griffer la peau, les larmes emplissaient ses yeux et de rage, il courut jusqu'au professeur et cogna, mais ses poings étaient trop faibles et le jeune homme l'immobilisa, serrant ses avant-bras dans une poigne de fer.
Il obligea le garçon à le regarder et continua:
« Dans ce cas précis, il est indispensable d'avoir une connaissance approfondie de l'anatomie humaine tu vois, car si j'avais fait disparaitre ta trachée, tu serais en train de suffoquer. »
Saisi par la peur, Scorpius se figea, tremblant.
L'homme continua de sa voix douce. « C'est pour cela que la Métamorphose est un sujet passionnant. Il est multiple et complexe. Tu vas bientôt le découvrir. » La voix reprit le ton professoral. « Autre fraction, la Conjuration! »
Quelque chose cogna légèrement dans les talons de Scorpius et il se retourna. Un matelas blanc et fin trônait au milieu de la pièce devant le bureau. Avant qu'il ne puisse réagir, des bras puissants le saisir et le forcèrent à s'agenouiller sur le matelas. Il se débattit mais l'homme s'allongeait avec lui, l'entrainant de son poids pour le clouer sur le sol. Il battait des pieds et des bras mais il ne faisait que s'épuisait.
Il s'époumonait à crier, des hurlements qui n'avaient aucun son. Il appelait son père, Dorian, quelqu'un ! Mais seul un souffle silencieux passait sa bouche grande ouverte alors qu'il hurlait à pleins poumons.
Fatigué et essoufflé, les poignets fixés au matelas par des mains puissantes, il finit par pleurer en silence, désespéré. Le professeur le regardait, les yeux fiévreux, mais nullement ému par son impuissance, impitoyable, presque clinique. Il observait Scorpius comme un enfant regarde un papillon dont on arrache les ailes, ou un poisson qui agonise hors de l'eau avant que la mort ne le calme. Quand les larmes eurent cessés, l'homme effaça les traces humides sur le visage du garçon.
« Tu dois penser que j'ai perdu la tête. » Sa voix était douce et ses yeux fous étaient empreints de tristesse. « C'est ce que je crois aussi. Ce n'est pas d'aujourd'hui. Tout s'effondre autour de moi et ça me rend fou. Je pensais que je pourrais encore attendre. Ton père m'avait demandé de rester encore un an, je croyais que j'aurais plus de temps et que je pourrais empêcher cela d'arriver mais… maintenant que je sais que je dois partir, je ne peux pas le supporter. Je ne peux pas résister mais je ne peux pas démissionner sans… j'ai rêvé de ce moment depuis le premier jour où je t'ai rencontré. Je… je n'aime pas les jeunes garçons, non c'est autre chose. J'ai… j'ai essayé de me soigner. Je savais qu'ici la tentation serait trop forte et je ne voulais pas accepter ce poste. Mais j'en avais besoin. Qui paiera les soins de ma mère si je ne le fais pas! Il faut me comprendre. »
Une supplique dans sa voix. Il demandait à Scorpius de lui pardonner pour ce qu'il allait faire et le garçon sentit la peur s'insinuer dans chaque cellule de son corps, et le glaçait d'effroi.
« Ensuite, il y a la Détransfiguration » murmura le professeur. Ce sort permet d'annuler tous les sorts précédents. Normalement, le cours académique classique s'achèverait ici car je t'ai montré tous les sorts que tu devras maîtriser à Poudlard. » Il approcha son visage de celui du garçon, il humait sa peau et Scorpius se contracta sous le souffle chaud qui caressait ses joues.
Les yeux de l'homme s'assombrirent. « Mais il y a un autre sort de métamorphose. » Sa voix était creuse, sinistre. « Un sort de Magie Noire, qu'ils ne t'apprendront pas. C'est celui que j'ai toujours voulu te montrer. Il s'agit … du Sort de Pétrification . »
Horrifié, Scorpius sursauta, essayant de se dégager. Les mains de l'homme semblaient d'acier.
Il se débattit, conscient de la voix doucereuse de l'homme qui lui murmurait de se calmer. Vaincu, il se remit à pleurer en silence.
« Tu as peur » chuchota le professeur qui essuyait ses larmes. « Moi aussi, un peu. Je ne l'ai jamais fait. Mais j'ai étudié le cas. Il parait que les effets s'apparentent à la Rigor Mortis, la rigidité cadavérique. Enfin ça, c'est théorie. Moi je crois que c'est différent. Contrairement à un cadavre, le sujet pétrifié ne perd pas l'élasticité des tissus et des muscles. Non, la peau reste douce et souple j'en suis sûr. »
Plaçant les deux poignets fins de Scorpius dans une seule main, les serrant dans une poigne de fer, il appliqua la pointe de sa baguette sur les côtes du garçon et murmura.
Les mouvements cessèrent.
Le corps de Scorpius se raidit, la respiration s'arrêta, tous ses membres se glacèrent, ses yeux se figèrent.
Un cadavre, mais aux joues roses et aux lèvres pleines. Le corps ne semblait pas mort. Juste… sans vie.
L'homme toucha le visage du bout des doigts, la main tremblante. Il sursauta au contact de la joue de Scorpius. Puis un gloussement de plaisir échappa de sa bouche alors qu'il caressait les lèvres du garçon.
« Oui la peau douce j'avais raison, mais elle est froide aussi! Comme de la porcelaine! »
Fou, les gestes nerveux et saccadé, il déboutonna le pantalon de Scorpius et le fit glisser le long de ses jambes raides. Il fit ensuite descendre le sous-vêtement. Il palpa les cuisses, jaugeant de la souplesse de la peau et déglutit péniblement. Il plaça une main dans le dos du garçon une sur sa hanche et il le redressa, tordant les membres comme il le ferait avec une poupée au visage de porcelaine et aux membres de bois, prenant garde aux articulations.
Il assit Scorpius, bougea doucement sa tête. Tremblant, il embrassa les lèvres glacées et gloussa de plaisir, passant son pouce sur la bouche, plongeant son regard dans les pupilles figées, et il eut un petit rire fou avant de l'embrasser à nouveau.
Il interrompit le baiser et manipula doucement la tête, l'inclina délicatement et défit ses cheveux qui tombèrent en cascade dans son dos. Il les ramena vers l'avant, encadrant son visage de mèches blondes. Il ajusta les bras, un vers le bas, la main près de la cuisse sans la toucher, l'autre légèrement tendu la main sur le côté, un mannequin de vitrine. Il entre-ouvrit la chemise et puis fit légèrement glisser le tissu sur une épaule. Il grimaça devant l'entrejambe de Scorpius et cacha son sexe avec le pan de sa chemise blanche.
Il se recula soudain, admirant le tableau du garçon statufié assis sur le matelas blanc, la tête inclinée, le regard bleu vide, le visage aux joues roses, le corps figé et la peau blanche, translucide.
Le professeur porta les mains à sa bouche en étouffant un « oh » de stupéfaction.
« C'est parfait ! C'est parfait … »
Il reculait puis avançait, tournait autour du garçon, encore et encore, pour le contempler sous tous les angles. Il passa les mains sur son propre visage puis dans ses cheveux, visiblement à bout de nerfs, il transpirait, et à nouveau il s'approcha, murmurant encore et encore sa folle litanie.
Il hésita puis s'approcha pour embrasser les lèvres immobiles du garçon, caressant doucement les membres raides et paralysés.
« C'est bientôt fini, glissa-t-il à l'oreille de Scorpius comme s'il s'apprêtait à réaliser la touche finale à son œuvre d'art.
Doucement, il inclina les bras et rabaissa le haut du corps du garçon. Avec une délicatesse extrême, il tourna sa tête vers la gauche et puis retourna le corps et le mit sur le ventre.
Tremblant, la sueur perlant sur son front, il ouvrit son pantalon et le baissa, libérant son membre tendu. Il releva la chemise qui couvrait les fesses du garçon pour la remonter jusqu'aux épaules et il le chevaucha, le recouvrant de son corps. Collant son bas-ventre contre la peau de Scorpius, se soutenant à peine de ses bras, il frotta son sexe contre le corps transi et glacé. Un bruit de friction moite envahit la pièce, accompagné par les râles de l'homme. Il embrassait le dos et les épaules de Malfoy, agrippant ses cheveux dans son poing. Rapidement, les râles devinrent plus gutturaux et plaintifs, les mouvements de ses hanches plus brusques. Un dernier grognement et son corps se raidit.
Haletant, il se redressa et se laissa tomber à côté du garçon.
Après avoir repris son souffle, il attrapa sa baguette et pointant l'épaule de Scorpius, il murmura « invanesca ».
Le garçon inspira soudain, son dos se souleva sous la respiration profonde, ses lèvres s'entrouvrirent, ses doigts et ses pieds s'animaient légèrement. Il pouvait enfin cligner des yeux et les larmes lui venaient déjà.
Alors qu'il reprenait doucement possession de son corps, il aperçut la porte du bureau qui réapparaissait doucement dans le mur.
« Ton corps se réveille. Cela devrait être rapide. Tu n'auras aucune séquelle. »
Scorpius posa les mains sur le matelas, et avec le peu de force qu'il put rassembler, il se souleva légèrement pour tourner la tête vers l'homme.
Il était assis sur le sol, adossé contre le pied du bureau. Il était débraillé, son pantalon était remonté mais encore ouvert. Ses yeux rougis de larmes continuait pourtant à le regarder avec désir.
« Ça a un nom. Pygmalionisme. Mais au fond peu importe, tu ne peux pas comprendre. Personne ne le peut. »
Il essuya ses yeux avec sa manche et se releva.
Scorpius eut un sursaut et voulut se reculer mais ses jambes ne pouvaient le porter et il tomba sur les genoux à côté du matelas. Un liquide glissait dans son dos.
Le professeur lui jeta ses vêtements et fit disparaitre le matelas. Un mouvement de baguette et la matière froide dans son dos disparue. Scorpius attrapa ses vêtements et fit passer ses membres engourdis dans son pantalon. Il essaya de se mettre debout, les jambes tremblotantes, le dos fébrile et il trébucha après deux pas vers la porte. Mais ses genoux ne touchèrent pas le sol, des bras le soulevaient et le remettaient debout. Scorpius serra les dents et essaya de se dégager, mais le professeur accompagna ses pas vers la porte. Tremblant, le garçon posa rapidement la main sur la clenche de la porte, repoussant l'homme de son autre bras, mais celui-ci immobilisa la main qui tenait la poignée. Il sentait le souffle de l'homme sur sa nuque.
« Ta voix mettra un peu plus de temps, » murmura-t-il . « Peut-être une dizaine de minute. Peut-être plus. Racontes ce que tu veux, ça m'ait égal. » Il lâcha le poignet du garçon. « Peut-être qu'on te croira. Moi je serais déjà loin. » Il s'éloigna et retourna vers le bureau.
Sans jeter un regard en arrière, Scorpius ouvrit la porte et sortit.
Albus sortit la tête de la pensine si vite qu'il tomba à la renverse, la respiration haletante. La nausée au bord des lèvres, il ne parvint pas à se mettre debout. Il avait réellement envie de vomir, son corps était secoué de tremblements irrépressibles.
Mon Dieu qu'avait-il vu ? Putain mais c'était quoi ça!
Un instant il resta inerte, choqué.
Il aurait voulu revenir en arrière, il aurait voulu ne pas savoir. Il finit par se lever, et s'approcha de la pensine, serrant et desserrant les poings, incapable de savoir quoi faire et quoi ressentir. Il porta les mains à son visage, couvrit ses yeux et se sentit l'envie de pleurer.
Tant de questions se bousculaient sa tête. Quand cela s'était-il produit? Qu-est ce qui s'était passé ensuite? Qui savait? Et où était cet homme aujourd'hui?
Albus n'avait jamais compris la peur qui tenaillait Scorpius à chaque cours de Métamorphoses et son incapacité à effectuer un sort de transfiguration.
Il ne connaissait que trop bien cette matière, théorie et pratique.
Lorsqu'Albus avait été enlevé, il n'avait jamais été en danger. L'homme le chérissait ou plutôt, il vouait un culte à son père qu'il prenait pour lui. Il ne voulait pas lui faire de mal. Et surtout, il savait que son père, le Grand Harry Potter, viendrait à son secours, jamais il n'en avait douté. Son père avait tué le Voldemort le Seigneur des Ténèbres bon-sang! Bien sûr qu'il allait le sauver. Après cela,il avait fait plusieurs thérapies, et avait guéri de ce qu'il y avait à guérir. Et il savait très bien où était son kidnappeur : au Bethlem Royal Hospital, asile dont il ne sortirait jamais.
C'était une affaire réglée pour lui, plus traumatisante pour ses parents que pour lui-même. Il n'avait pas réalisé le danger.
Mais si Scorpius avait montré ce souvenir à Dorian ces derniers jours, c'est qu'il avait gardé le silence pendant tout ce temps.
Albus expira doucement, attrapa la fiole et se remit debout. Avec sa baguette, il replaça le souvenir dans le petit tube de verre et le reboucha. Il la plaça dans sa poche et sortit de la salle. Il lui restait un peu de temps avant de rejoindre Scorpius et alors qu'il parcourait les couloirs, il eut envie de trouver Dorian et de lui parler, de le confronter à ce qu'il avait vu, de lui demander ce qu'il savait.
Mais il ne savait pas où était le garçon et le temps lui manquait.
Sur un coup de tête, il se dirigea vers la bibliothèque et passa les portes d'un pas pressé. La bibliothécaire lui demanda de se calmer mais il l'ignora et s'enfonça dans les rayonnages de livres. Frustré, il passa en revenu plusieurs colonnes.
« Albus, tu vas bien?
Il se tourna vers Sally Macnair, une Gryffondor. Il devait avoir l'air d'un dément pour qu'elle lui demande cela.
« Ouais… ouais, ça va. »
Il se remit à sa recherche parmi les volumes.
« T'as besoin d'aide ? »
« Je cherche juste un dictionnaire. »
« Un dictionnaire ? »
« Oui, un dictionnaire, » répliqua-t-il, conscient de son impolitesse. « Un bouquin qui va de A à Z, comme le Oxford Dictionary, ou l'Encyclopedia Britannica, juste un con de dictionnaire. »
« Ils sont dans l'allée 2-B. »
Il souffla un « merci » et traversa la grand salle. Arrivé dans les rayonnages, il prit un des volumes, s'assit à une table entre les étagères et il ouvrit à la lettre p.
pycnomètre – pyélonéphrite - pygargue –pygmalion - pygmalionisme
Le pygmalionisme (du grec agalma 'statue', et -philia φιλία = amour) est une paraphilie relatant une attirance sexuelle envers les statues, les poupées, les mannequins ou autres objets similaires figuratifs.
Albus porta la main à sa bouche, la nausée lui revenait à nouveau alors que son esprit se vidait.
« C'est glauque », dit une voix dans son dos.
Potter sursauta et se retourna pour trouver Hugo qui lisait par-dessus son épaule.
« Putain, Hugo, tu m'as foutu une de ces trouilles ! Qu'est-ce que tu fais derrière moi ? »
« Je voulais savoir ce qui pouvait te faire chercher un dictionnaire avec tant de ferveur. On aurait dit un junkie qui voulait sa dose de poudre de fée. »
Albus ferma le livre, poussant son cousin en se levant de sa chaise, puis remit le livre en place.
« Je suis juste pressé, Scorpius m'attend, si tu veux tout savoir, même si ça ne te regarde pas. »
Hugo ne parut pas offensé par sa remarque.
« Hum… justement, on peut faire le chemin ensemble ? »
Albus leva un sourcil.
« Si tu veux. »
Ils sortirent ensemble et descendirent les escaliers jusqu'au 3ᵉ étage, parlant de tout et de rien.
« Ton père t'a proposé d'inviter Scorpius pour les vacances ? » demanda Hugo d'une voix détachée.
Albus se retint de soupirer d'agacement.
« Je ne sais pas comment tu sais ça, mais oui, c'est le cas. »
« Ma sœur était avec vous à table ce matin, je te rappelle. Elle pense que c'est une bonne idée. »
« Et pas toi, » répliqua Albus sèchement.
Hugo haussa les épaules.
« On en avait parlé. Tu connais mon avis là-dessus. »
« Mais tu n'en voudras pas à mon père de faire comme bon lui semble dans sa propre maison ? »
« Non. Mais puisqu'on fait toujours le 25 décembre au Terrier, tu n'en voudras pas au reste de la famille de penser que c'est une mauvaise idée. »
« Qu'est-ce que tu en sais ? » s'énerva Albus.
Ils étaient presque arrivés à la salle de classe et Potter ne voulait pas que Scorpius entende cette conversation. Il s'arrêta devant Hugo, le stoppant dans sa marche.
« Je n'en sais rien », dit lentement Hugo, les mains dans les poches, le visage impassible, diplomate. « Je m'inquiète, c'est tout. Imposer Scorpius Malfoy chez les Weasley n'est pas ce que j'appelle une bonne idée. »
« Je n'impose rien, mes parents l'ont invité. »
« Ton père l'a invité. »
« Il ne l'aurait jamais fait sans le demander à ma mère. »
« Ton père pense que ta mère est plus forte qu'elle n'est, et elle aime lui faire croire que c'est vrai. »
« Tu racontes n'importe quoi », siffla Albus.
« Ils y pensent tout le temps, tu sais ? À la guerre. » La voix d'Hugo demeurait étrangement neutre, comme s'il énonçait des évidences qui ne le concernaient pas. « C'est pour ça qu'ils n'en parlent jamais. Scorpius a les yeux des Malfoy, il a les cheveux des Malfoy, il a les attitudes des Malfoy. Que tu le veuilles ou non, à la table du festin de Noël, Grand-Père aura l'impression d'avoir Lucius Malfoy pour le réveillon. »
« Il ne viendra pas au Terrier, ça te va ? » grinça Albus, désireux d'en finir. Il n'avait même pas réfléchi aux vacances de Noël et, à ce moment précis, il s'en fichait, il voulait juste voir Scorpius. « Il viendra chez mes parents et pas au Terrier. »
« Bien. » Hugo lança à nouveau son étrange sourire, celui qu'on peint sur un masque, et tapota Albus sur l'épaule avant de faire demi-tour. « Au fait ! Passe le bonjour à Scorpius de ma part, » dit-il avec un clin d'œil avant de disparaître au tournant du couloir.
Albus secoua la tête, puis repartit vers la salle de cours. Il jeta un coup d'œil à l'intérieur et vit Scorpius, qui s'était levé pour rendre les parchemins de son devoir au professeur dubitatif.
Apparemment, Malfoy avait réussi à finir le devoir dans l'heure, et Mr Baxter semblait étonné. Albus rentra dans la classe et la traversa. Arrivé au niveau du bureau de Scorpius, il sortit la fiole de sa poche et la glissa discrètement dans son sac.
En quittant le bureau du professeur, Scorpius l'aperçut et lui sourit. Un sourire radieux qui lui souleva le cœur.
« Tu as fini ? » demanda-t-il. Sa voix était mal assurée et sa gorge était serrée.
« Oui, » répondit Malfoy avec enthousiasme. « J'ai mis moins de temps que je le pensais. Je n'avais vraiment pas envie de bosser encore dessus. J'ai gratté du papier comme un fou, mon poignet est en bouillie. »
Albus acquiesça mécaniquement et attendit que le professeur Baxter traverse la salle de cours. Scorpius prit son sac et se mit à ranger ses livres quand Albus l'arrêta et le tira à lui.
Il le prit dans ses bras et se décida de ne plus le lâcher. Jamais, jamais.
Scorpius parut surpris mais se laissa faire, faisant glisser la main dans son dos.
« Tu m'as manqué aussi,» sourit-il. Et cela fit rire Albus.
Il le lâcha avec réticence et Scorpius reprit son rangement. Potter observait ses gestes assurés et son calme, ses yeux bleus vifs qui ne révélaient rien et recelaient tant.
Il avait grandi, il faisait plus « garçon » maintenant, mais son corps semblait encore trop petit pour contenir autant de secrets. Quel maitrise cet être blanc pouvait avoir pour garder le silence sur tant de choses?
« Tu devrais être Langue-de-plomb. »
« Quoi ? »
« Après Poudlard, tu devrais travailler au Département des Mystères. »
« Et qu'est-ce que j'y ferais ? »
« Tu étudierais des mystères et tu en garderais les secrets. »
Scorpius mit son sac sur son épaule et, inconsciemment, prit la main d'Albus pour traverser la classe.
« Dorian serait très déçu, lui qui me dit que je dois apprendre à parler… »
Albus baissa la tête et se mordit la lèvre, plus fort que d'habitude, se concentrant sur ce qu'il devait dire et non sur ce qu'il désirait dire.
« Il a peut-être raison », dit-il doucement. Il releva la tête et se racla la gorge. « À la fin de la semaine, on part en vacances de Noël, il faudrait que tu me dises ce que tu comptes faire. »
« Je vais écrire à mon père pour lui demander de venir chez vous. »
« C'est vrai ? »
« Oui », Scorpius sourit devant l'enthousiasme du garçon. « Pour une partie de la soirée du réveillon, je pense. Et puis je pourrais venir pour quelques jours. Enfin, on verra. »
« Ouais, on verra », dit-il, absent, en passant un bras autour des épaules de Scorpius.
Malfoy souriait toujours, apaisé. Albus souriait, mais ce sourire, il ne parvenait pas à le garder. Il souriait parce qu'il le devait.
Fin du Chapitre 26
Notes d'Autrice : Je vous avoue que j'ai eu du mal à écrire ce chapitre. Mais quand j'avais écrit les souvenirs de Dorian sur l'événement (chapitre 10) c'était vraiment ainsi que ça s'était passé (enfin que je voyais les choses). C'est pourquoi le soir Scorpius s'était mis à sursauter au moindre bruit et pourquoi il avait dormi dans une immobilité totale toute la nuit, ne bougeant que ses yeux. C'est aussi à ce moment qu'il a cessé de parler, qu'il a cessé d'appeler à l'aide. Inconsciemment, il croit que personne ne viendra, car il n'a plus de voix. C'est la fabrique du silence. Comme si Scorpius revivait cette paralysie et cette prison qu'avait été son corps. Bref glauque glauque glauque!
Pour plus de chapitres rapidement (gratuit!): 🔗 My P.A.T.R.E.O.N : TiffanyBrd
